Partir d’un cas « normand » pour étudier l’impact de la réforme monastique du ixe siècle et suivre son application sur la durée peut sembler sinon un anachronisme, du moins un paradoxe, tant l’historiographie de cette région a été marquée par l’image de la « table rase » monastique et de la rupture induite par la recomposition politique autour du comte, désormais scandinave, de Rouen. La Neustrie du Nord-Ouest voit un hiatus entre les sanctuaires du haut Moyen Âge et les nombreuses fondations de l’âge normand à l’instigation du duc ou de sa nouvelle noblesse, marqué par la vague de raids vikings et l’exode des communautés autour de leurs reliques. Mais celui-ci est aussi, et peut-être avant tout, documentaire, car la destruction des centres monastiques se serait accompagnée de la perte de leurs bibliothèques et de leurs archives.
À y regarder de près, les récits de destruction de monastères et de fuites de reliques se retrouvent en nombre dans d’autres régions, et la rareté des sourc...