Vers la fin du prologue de la règle de Benoît (RB), l’abbé du vie siècle rappelle à ses lecteurs qu’ils vivent en sursis. « Les jours de cette vie nous sont concédés comme un délai pour corriger ce qui est mauvais », écrit Benoît de Nursie, expliquant que si Dieu permet aux hommes de vivre, c’est avant tout pour leur donner l’opportunité d’être ses disciples. En effet, « à mesure qu’on progresse dans une sainte vie et dans la foi, le cœur se dilate, et c’est avec une indicible douceur d’amour que l’on court dans la voie des commandements de Dieu ».
Situées au début de la RB, ces deux phrases encadrent un passage clé de la règle. Benoît y explique que si les moines peuvent se repentir, c’est uniquement parce que Dieu fait preuve de patience et leur permet d’expier leurs péchés, à charge pour eux d’entretenir le juste état d’esprit. Il progresse ainsi vers l’exhortation générale qui conclue le prologue avant que ne débute la Règle à proprement parler : les moines ne doivent jamais s’éc...