« Le premier destructeur de la vie monastique », « indigne d’être appelé abbé », « un tyran », « aveuglé par l’avarice », « agissant sur l’instigation du diable », « le destructeur de l’amour fraternel dans chacun des deux monastères ». C’est en ces termes, et d’autres équivalents, que le chroniqueur du xe siècle Folcuin de Saint-Bertin décrit l’abbatiat de Fridogise, qui gouverna les communautés religieuses de Sithiu de 820 jusqu’à sa mort en 833. Ce portrait acerbe marqua le début de la damnatio memoriae de l’abbé carolingien dans le cercle des moines de Saint-Bertin. Un siècle plus tard, en 1050, l’abbé Bovo le désigne encore comme « le fléau de notre monastère » dans un passage virulent du récit qu’il consacre à l’invention des reliques de saint Bertin ; et cette vision a été reprise sans recul critique jusque dans l’historiographie des xixe et xxe siècles. Ce n’est que récemment que les chercheurs ont sérieusement remis en question l’interprétation de Folcuin. Écrivant à la sui...
Ordonner le clergé sur le terrain. La réorganisation de la vie religieuse à Sithiu après les conciles de 816-817
Résumés
Durant son abbatiat, l'anglo-saxon Fridogise (r. 820-d. 833), chancelier de Louis le Pieux et également abbé de Saint-Martin de Tours, réorganisa radicalement la vie institutionnelle de l'abbaye de Sithiu, qui se composait de deux noyaux religieux. Désormais, l'église Notre-Dame, située dans la ville naissante de Saint-Omer, serait desservie par trente chanoines, tandis que le monastère de Saint-Bertin, situé dans les marais tous proches de l'Aa, accueillerait soixante moines. La seule source historique décrivant les actions de Fridogise sont les Gesta abbatum Sithiensium, écrites plus d'un siècle plus tard par Folcuin, et ce moine de Saint-Bertin a dépeint Fridogise dans les tons les plus sombres. L'objectif de cette contribution est d'analyser de manière critique la description proposée par Folcuin de ce moment charnière de l'histoire de son abbaye, et d'interpréter les efforts de réforme de Fridogise dans leur contexte historique particulier, à savoir la mise en œuvre sur le terrain des règlements des conciles d'Aix-la-Chapelle de 816-817.
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Mots-clés :
816, 817, Conciles d’Aix-la-Chapelle, réforme, Carolingiens, ordines, chanoines, moines, abbaye de Saint-Bertin, Saint-Omer, règle d’Aix-la-Chapelle, Institutio canonicorum aquisgranensis, Gesta abbatum SithiensiumKeywords:
816, 817, Councils of Aachen, reform, Carolingians, ordines, canons, monks, abbey of St. Bertin, Saint-Omer, Rule of Aachen, Institutio canonicorum aquisgranensis, Gesta abbatum SithiensiumNotes de l’auteur
Mes sincères remerciements vont aux organisateurs de la conférence : Émilie Kurdziel, Cécile Treffort, Rutger Kramer et Graeme Ward, ainsi qu’aux deux experts anonymes pour leurs commentaires. Je suis également très reconnaissante à Émilie Kurdziel d’avoir traduit ce texte en français.
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Brigitte Meijns, « Ordonner le clergé sur le terrain. La réorganisation de la vie religieuse à Sithiu après les conciles de 816-817 », Cahiers de civilisation médiévale, 265 | 2024, 21-35.
Référence électronique
Brigitte Meijns, « Ordonner le clergé sur le terrain. La réorganisation de la vie religieuse à Sithiu après les conciles de 816-817 », Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 265 | 2024, mis en ligne le 02 janvier 2026, consulté le 29 avril 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/15445 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ccm.15445
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