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Comptes rendus

C. Edson Armi, Studies in Romanesque Architecture and Sculpture. Cluny, Jumièges, Montceaux-l’Étoile and Paray-le-Monial

Éric Palazzo
p. 313-314
Référence(s) :

C. Edson Armi, Studies in Romanesque Architecture and Sculpture. Cluny, Jumièges, Montceaux-l’Étoile and Paray-le-Monial, Rome/Bristol, « L'Erma » di Bretschneider (Bibliotheca Archaeologica, 72), 2022, 119 p.

Texte intégral

1L’ouvrage, fort bien illustré, de ce spécialiste de l’architecture et de la sculpture romane en Bourgogne est à plusieurs égards étrange. Nous avons affaire à un recueil très hétéroclite de chapitres, dont certains ont été présentés par l’auteur dans le cadre de colloques remontant parfois à de nombreuses années. De telle sorte que l’on s’interroge dès le premier chapitre sur la cohérence de l’ensemble, qui n’a manifestement pas été la préoccupation première d’Edson Armi qui semble avoir privilégié le besoin de publier des textes – souvent anciens donc –, pour les mettre à la disposition des spécialistes.

2Le premier chapitre, je dois le dire, est quelque peu déroutant. Sous le titre programmatique de « Morality and Taste, Christians and Jews. Romanesque Sculpture in America », E. Armi oscille entre la présentation d’un panorama historiographique des recherches sur la sculpture romane aux États-Unis dans le courant du xxe siècle, et la proposition d'une vision teintée d’idéologie sur les motivations ayant animé les grands spécialistes nord-américains de la sculpture et de l’architecture romanes. Cet essai, écrit en 1990, hésite entre l’exposé historiographique et les enjeux relatifs aux confessions religieuses de tel ou tel historien de l’art américain ou ayant fait sa carrière aux USA et leur appartenance à un christianisme « conservateur » ou bien au judaïsme. Le lecteur redécouvre ainsi l’arrière-plan religieux de l’œuvre d’Arthur Kingsley Porter, ou bien encore le parcours intellectuel et institutionnel de Meyer Schapiro et l’influence qu’il a pu exercer sur son œuvre. Après la lecture de ce chapitre, on reste quelque peu sur notre faim, car on ne découvre rien de nouveau au sujet de l’impact de l’arrière-plan religieux sur l’œuvre de ces historiens de l’art, d’une part, et, d’autre part, tous les spécialistes sont conscients de la nécessité de séparer les convictions de chacun et chacune, de nature religieuse ou politique, des recherches menées et publiées. Il était donc, semble-t-il, inutile d’insister sur ce point dans la conclusion du chapitre.

3Le deuxième chapitre propose une approche qui se voudrait nouvelle de l’œuvre sculptée au portail de l’église de Montceaux-l’Étoile dont on sait la proximité avec la grande œuvre du chantier de l’abbaye de Cluny. Dans ce texte, E. Armi défend l’idée selon laquelle « la main de l’artiste », selon l’expression de l’auteur, a directement impacté la signification iconographique du thème représenté sur le tympan – l’Ascension du Christ – ainsi que son aspect formel. L’auteur en déduit une forte implication « émotionnelle » de la part du sculpteur, qui serait visible dans le résultat final de l’œuvre. J’avoue rester dubitatif sur la démonstration d’E. Armi qui, de mon point de vue, n’emporte nullement l’adhésion. À part cela, on retrouve dans ce chapitre l’un des axes directeurs des travaux de l’auteur : la cohérence de la conception formelle de l’architecture et de la sculpture dans les grands monuments romans de Bourgogne.

4C’est précisément de cela qu'il s’agit également dans les trois derniers chapitres du livre consacrés à l’architecture de l’abbaye de Jumières, à la tour du transept de l’église de Cluny III encore en place et, enfin, à la priorale « clunisienne » de Paray-le-Monial. Dans ces trois chapitres, E. Armi fait preuve d’une maîtrise certaine de son sujet et s’appuie sur d’autres auteurs ayant écrit sur ces monuments majeurs de l’architecture romane. Je pense en particulier, pour l’abbaye de Jumièges, aux recherches et aux publications essentielles de Jim Morganstern. Pour les trois monuments étudiés, l’auteur procède à de fines analyses du « design » de l’architecture et tente de démontrer la rigueur des architectes dans leurs choix architecturaux. De façon générale, les démonstrations sont plutôt convaincantes, même s’il se dégage parfois l’impression qu’E. Armi élabore un « système » dont on voit les limites dans la mesure où, même si les architectes romans ont vraisemblablement œuvré avec une grande précision, j’émettrai des doutes au sujet de l’existence d’une trop grande systématisation des programmes architecturaux.

5Au final, « l’étrange » livre d’E. Armi rendra des services aux spécialistes de l’architecture et de la sculpture romanes, principalement en Bourgogne, mais laisse quand même le sentiment d’un ouvrage de compilation dont on a du mal à voir la cohérence.

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Pour citer cet article

Référence papier

Éric Palazzo, « C. Edson Armi, Studies in Romanesque Architecture and Sculpture. Cluny, Jumièges, Montceaux-l’Étoile and Paray-le-Monial »Cahiers de civilisation médiévale, 263-264 | 2023, 313-314.

Référence électronique

Éric Palazzo, « C. Edson Armi, Studies in Romanesque Architecture and Sculpture. Cluny, Jumièges, Montceaux-l’Étoile and Paray-le-Monial »Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 263-264 | 2023, mis en ligne le 01 janvier 2024, consulté le 11 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/14241 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ccm.14241

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Auteur

Éric Palazzo

Université de Poitiers, CESCM

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