Skip to navigation – Site map

HomeNuméros261Les Bénédictins et leur architect...

Les Bénédictins et leur architecture en Pologne du xe au milieu du xiiisiècle

The Benedictines and their Architecture in Poland from the 10th to the Mid-13th Century
Adam Soćko
p. 53-90

Abstracts

This paper presents the results of studies concerning history and architecture of the Benedictine order in Poland from the beginning of the Polish state in the 60’s of the tenth until the mid-thirteenth century (end of Romanesque art period in Poland). The first part is about the beginnings of Benedictine activity at the court of the first Piast rulers and their hypothetical role in establishing the first cathedral chapters. Then, just at the end of the first half of the 11th century, the first abbey was founded in Tyniec (near Cracow), which is known for its architectural relics. Two more abbeys were founded in Mogilno and Lubiń both in the 11th century. Another four date back to the 12th century – Płock, Ołbin, Święty Krzyż (Saint Cross) and Sieciechów. The second part of the text consits of short studies on architecture and stone sculpture of the relics of all seven abbeys that used to exist in Poland in the middle ages.

Top of page

Full text

  • 1 Josef Žemlička, Peter Sommer, « The Beginnings of the Bohemian State from the Perspective of Christ (...)

1Les débuts de l’État polonais sont indissociablement liés à l’adoption de la foi chrétienne par le prince Mieszko I en l’an 966. Le lien entre la christianisation et la stabilisation politique du pouvoir est la règle dans de nombreux pays d’Europe centrale et orientale apparus autour de l’an 1000 (Bohême, Hongrie, Rus’ de Kiev, Danemark, Norvège, Suède)1. Le développement du monachisme bénédictin a dès le début accompagné le processus de christianisation des monarchies latines d’Europe. Les débuts de ce processus sont dans le cas de la Pologne très difficiles à saisir, en raison de la pauvreté des sources écrites concernant les xe et xie siècles. L’activité des moines bénédictins pendant le premier siècle de la monarchie est en général reconstituée sur la base de modestes indices dans les sources, et de l’analyse de processus analogues mieux documentés dans les pays voisins. La connaissance de l’organisation des monastères bénédictins est significativement meilleure pour la seconde moitié du xie siècle et pour le xiie siècle. Un tableau cohérent de l’activité des moines noirs en Pologne à l’époque du développement de l’art roman a pu être dressé par le fastidieux processus d’analyse des sources écrites et des vestiges architecturaux, principalement dans des études menées pendant la seconde moitié du xxe siècle.

  • 2 Les pays tchèques, la Hongrie et la Rus’ ont souffert de crises du même type – J. Žemlička, P. Somm (...)

2On peut distinguer trois périodes dans le développement du monachisme bénédictin en Pologne du xe siècle au milieu du xiiie siècle. La première commence par le mariage de Mieszko I (mort en 992) avec la princesse de Bohême Dobrava (965) et l’introduction du christianisme en Pologne (966). Elle se termine avec la période de crise de la monarchie des Piast des années 1034-1039, liée à la déstabilisation politique suivant la mort du roi Mieszko II (1025-1034), troisième souverain de Pologne, à un retour du paganisme, et l’incursion du prince de Bohême Bretislav sur la Grande-Pologne, centre administratif et politique du jeune État (1039)2.

3La deuxième période est marquée par les règnes du duc Casimir I le Restaurateur (1040-1058) et de ses deux fils – Boleslas II le Téméraire (1058-1079, roi à partir de 1076) et Ladislas I Herman (1079-1102). Pendant cette longue période de reconstruction et de stabilisation des structures de l’État et de l’Église, les monarques ont fondé trois abbayes bénédictines d’importance, ont réintroduit l’administration diocésaine de l’Église et ont consolidé l’autorité de l’archevêché de Gniezno.

4La troisième période du développement du mouvement bénédictin correspond au xiie siècle, pendant lequel trois abbayes de moines noirs furent fondées et une plus ancienne fut réactivée avec succès. Cette époque a aussi vu une série de transformations et de réorganisations des monastères et prévôtés bénédictins. Le partage de la Pologne en duchés régionaux, connu sous le terme de démembrement territorial (1138-1320), la guerre civile des années quarante du xiie siècle et la signification croissante de la noblesse face au pouvoir princier ont eu une influence considérable sur la dynamique des transformations de l’organisation monastique de ce temps. Si, au xie siècle, toutes les fondations de monastères étaient de l’initiative exclusive du pouvoir princier, au xiie siècle en revanche les fondations de monastères bénédictins sont le fait d’initiatives conjointes des ducs et des familles nobles, ou des ducs et des évêques, voire sont le fait d’initiatives exclusives des familles nobles.

5Au cours de la période étudiée, qui s’étend sur presque trois siècles, le territoire de l’État des Piast (appelé à partir de 1025 le Royaume de Pologne) a plusieurs fois changé de taille, et ses frontières n’étaient pas définies avec précision. En général cependant, pendant toute cette période, le territoire gouverné par les souverains de Pologne s’étendait depuis les rivières Oder et Neisse de Lusace à l’ouest jusqu’à la Wieprz à l’est. Au sud, ce sont les chaînes montagneuses des Sudètes et des Carpathes qui marquaient la frontière naturelle de l’influence politique. Au nord, les Piast sont parvenus à quelques reprises à contrôler les territoires jusqu’à la mer Baltique. Cependant seule la Poméranie orientale avec Gdańsk est demeurée sans interruption dans le domaine des Piast. À l’ouest, la Pologne était bordée par les marches orientales des territoires soumis à l’autorité des empereurs romains ou des rois allemands. À l’est, le domaine des Piast était en concurrence avec les principautés de la Rus’ orthodoxe, dont le principal centre politique se trouvait à Kiev – et d’autres moins importants notamment à Włodzimierz et à Halicz. Les voisins méridionaux de la Pologne étaient le Royaume de Bohême et le Royaume de Hongrie. Au nord de la Mazovie et à l’est du cours inférieur de la Vistule s’étendaient les territoires des tribus païennes prussiennes ; quant aux terres de Poméranie occidentale entre la Baltique et la Grande-Pologne, elles ne furent effectivement christianisées qu’au milieu du xiie siècle, et restaient sous la domination d’autorités locales indépendantes.

  • 3 Jerzy wyrozumski, Dzieje Polski piastowskiej (VIII wiek – 1370), Kraków, Fogra Oficyna Wydawnicza ( (...)

6Indépendamment de l’évolution des frontières politiques, les sept abbayes bénédictines ont toutes été construites sur des territoires constituant le noyau géographique de l’État polonais à partir du milieu du xie siècle. C’est le duc Casimir le Restaurateur qui l’a défini avec succès par sa politique de reconstruction du pays après la réaction païenne du milieu du xie siècle. À partir de ce moment-là, le cœur du domaine des Piast sera constitué de la Petite-Pologne avec Cracovie et Sandomierz, de la Grande-Pologne avec Poznań et Gniezno, de la Silésie avec Wrocław, ainsi que la Mazovie et la Coujavie avec Płock et Włocławek. Après la mort de Boleslas Bouche-Torse (1138), la Pologne s’est trouvée divisée en plusieurs principautés héréditaires aux mains de ses fils, puis de leurs descendants. Cette période de morcellement du territoire a abouti à l’affaiblissement du pouvoir central. Boleslas Bouche-Torse avait institué un principe de transmission du pouvoir suprême dans l’État morcelé qui supposait la prééminence de l’aîné des princes de la dynastie des Piast, qui devait régner non seulement sur sa principauté héréditaire, mais aussi sur le district senioral avec le centre du pouvoir suprême situé à Cracovie. Dans les faits, ce principe a abouti à des luttes incessantes entre les représentants de la dynastie pour le pouvoir sur la capitale3. Ce processus de fragmentation politique de la Pologne a duré jusqu’au début du xive siècle. Aux débuts du xiiie siècle, est apparue en Poméranie de Gdańsk une dynastie locale qui a commencé à exercer son pouvoir au nom des Piast, mais qui a dès le milieu du xiiie siècle acquis sa pleine émancipation politique, ce qui a abouti à priver la Pologne d’un accès à la mer Baltique pendant plus de deux siècles.

Première période : 965/966-1039

  • 4 Marek Derwich, Monastycyzm benedyktyński w średniowiecznej Europie i Polsce. Wybrane problemy, Wroc (...)
  • 5 Aleksander Gieysztor, « Społeczeństwo i państwo pierwszych Piastów wobec chrystianizacji », Nasza P (...)
  • 6 Ibidem.

7Ce qui semble caractériser l’introduction du christianisme en Pologne par rapport aux territoires voisins de Bohême, de Hongrie, des Slaves Polabes, de Poméranie et de Prusse est l’absence d’activité missionnaire coordonnée entreprise auparavant dans le pays des Piast. Tout porte à croire que la décision de christianiser la Pologne n’a été précédée d’aucuns préparatifs, mais a simplement découlé des calculs politiques du prince Mieszko I. Il est très probable que les premiers bénédictins soient apparus en Pologne dans le cortège nuptial de la princesse Dobrava en 9654. L’adoption du christianisme l’année suivante par le prince et les élites de l’État a mis en place des conditions stables favorables à l’afflux du clergé en Pologne, entre autres des moines bénédictins5. Les premiers bénédictins polonais étaient certainement originaires des terrains de l’archevêché de Salzbourg et du diocèse de Ratisbonne, depuis longtemps engagés dans l’activité missionnaire en Bohême. Puis la part des moines bénédictins issus d’autres régions de l’Empire augmenta peu à peu. La preuve en est la présence du premier évêque polonais, Unger, devenu évêque de Poznań après l’an 1000, qu’on identifie comme l’abbé du monastère impérial de Memleben ainsi que celle de Bruno de Querfurt, dont la mission de christianisation aux marges de la Pologne et de la Prusse s’est terminée en 1009 par sa mort et celle de ses compagnons. Par son mariage avec Richezza, fille du prince palatin de Lorraine Erenfried Ezzon et petite fille d’Othon II, le troisième souverain de Pologne, Mieszko II, a ouvert la voie au clergé de Rhénanie. C’est ainsi que juste après la crise des années trente du xie siècle, des bénédictins sont arrivés à Cracovie avec le moine Aaron, membre de la communauté monacale de Brauweiler6.

  • 7 Jerzy Kłoczowski, « Zakony na ziemiach polskich w wiekach średnich », dans Kościół w Polsce, J. Kło (...)
  • 8 Andrzej Radzimiński, Duchowieństwo kapituł katedralnych w Polsce xiv i xv wieku na tle porównawczym (...)
  • 9 M. Derwich (art. cit. n.°7), p. 78 ; idem (op. cit. n.°4), p. 190-191.
  • 10 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 179.

8On a depuis longtemps observé que les bénédictins ont joué un rôle important dans la constitution des chapitres des premières cathédrales polonaises dans l’archidiocèse fondé en 1000 avec Gniezno pour siège7. Les évêchés de Wrocław et de Cracovie apparus à ce moment, celui – plus éphémère – de Kołobrzeg, tout comme l’évêché plus ancien de Poznań ont certainement recruté les collèges capitulaires au sein des plus anciennes communautés bénédictines. Il est possible que les chapitres de ce temps aient été à la fois bénédictins et canoniques8. Les historiens sont d’avis que ce n’est qu’à la fin du xie siècle que les chapitres des cathédrales sont devenus exclusivement canoniques. Dans le cas d’évêchés plus tardifs comme celui de Płock (vers 1075) ou de Włocławek (1124), on suppose que les bénédictins ont également pris une part importante dans les premières étapes de leur érection9. Indépendamment du groupe de moines constituant aux commencements l’entourage des évêques, Marek Derwich a établi qu’un autre groupe de bénédictins était en activité à Cracovie, probablement au début du xie siècle, dans l’entourage de la cour et pour le service de la chapelle princière10 ; il pourrait en avoir été de même dans les autres centres de pouvoir (Poznań Gniezno, Wrocław)

  • 11 M. Derwich (art. cit. n.°7), p. 97-99.
  • 12 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 180 ; Idem (art. cit. n.°7), p. 96 – l’auteur rappelle la fondation (...)

9Il ne fait aucun doute aujourd’hui que pour des raisons de sécurité, les premiers sièges des communautés bénédictines ont été établis dans les centres importants du pouvoir administratif et militaire de l’état d’alors, qui étaient également les sièges des évêchés. De telles communautés étaient presque certainement en activité à Poznań, Cracovie et Wrocław, peut-être aussi à Gniezno11. Il est très vraisemblable que les couvents de moniales établis dans les villes ont précédé les communautés d’hommes et se sont développés dès la seconde moitié du xsiècle, comme cela a été le cas en Bohême12.

  • 13 Ibidem, p. 178 ; idem (art. cit. n.°7), p. 79-89.

10Bruno de Querfurt (saint Bruno) a décrit dans La Vie des Cinq Frères (Vita Quinque Fratrum) l’un des premiers monastères issus de la transformation d’un ermitage situé en dehors des centres administratifs, dont la localisation exacte n’est pas connue. Peut-être que cet ermitage, qui s’agrandit peu à peu jusqu’à prendre la forme d’un monastère régulier pourvu d’une église de pierre, se trouvait-il à Międzyrzec. On n’a cependant jusqu’à aujourd’hui retrouvé aucune trace matérielle de cette fondation qui aurait eu lieu entre 1002 et 1003. Il est clair dans la description de saint Bruno que cette fondation a été motivée par la recherche de candidats à l’état monacal parmi la population locale, la possibilité de mener une vie d’anachorète et aussi l’activité missionnaire parmi les païens. Marek Derwich a reconnu cette fondation comme un monastère bénédictin à part entière13.

  • 14 G. Labuda, op. cit., p. 27-33 i 57-60.
  • 15 Z. Świechowski, Katalog architektury romańskiej w Polsce, Varsovie, Wydawnictwo DiG, 2009, p. 555.
  • 16 Ibidem, p. 556.

11Gerard Labuda a émis la thèse de l’existence d’un autre monastère bénédictin fondé au tout début du xie siècle (1006-1022) à Tum près de Łęczyca et peuplé par des moines de Brevnov en Bohême14. C’est dans cette localité non loin d’un ancien fort qu’a été élevée dans les années 1140-1160 à l’initiative des archevêques de Gniezno une collégiale – monumentale basilique à double chœur et tribunes. On a découvert sous ses murs des vestiges d’une construction plus ancienne, qui a été associée à la mention faite en 1136 d’une abbatia sancte Marie in castello Lancicie15 qui aurait été la propriété de l’archevêque. Ces vestiges sont sans aucun doute ceux d’une construction sacrale, fermée à l’est par une abside, mais réalisée en pierres de taille, ce qui exclut sa datation précoce proposée par les historiens. Elle a pu être construite au plus tôt autour de 105016 (fig. 1). Son lien avec les bénédictins n’a cependant pas été établi de façon incontestable.

Fig. 1 – Tum près de Łęczyca, plan de la collégiale Sainte-Marie-et-Saint-Alexius, avec les vestiges d’un bâtiment antérieur.

Fig. 1 – Tum près de Łęczyca, plan de la collégiale Sainte-Marie-et-Saint-Alexius, avec les vestiges d’un bâtiment antérieur.

D’après : Z. Świechowski (op. cit. n°15), élaborée par A. Soćko

  • 17 J. Žemlička, P. Sommer (op. cit. n.°1), p. 21.
  • 18 M. Derwich (art. cit. n.°7), p. 79-88 ; idem (op. cit. n.°4), p. 177-178.
  • 19 M. Derwich (art. cit. n.°7), p. 99.

12Le lien solide des institutions monacales avec le pouvoir et les archevêchés était une caractéristique fondamentale de l’étape de formation du monachisme dans la Pologne des premiers Piast. Il en était de même dans la Bohême voisine17. La dépendance totale des premiers monastères du pouvoir de l’État pendant les deux premières périodes de leur formation est illustrée par la pratique de tirer les revenus nécessaires à leur existence directement du trésor princier, sans dotation en terres18. Ce n’est qu’au tournant des xie et xiie siècles que les plus anciens monastères de Tyniec et de Mogilno, dont la fondation datait des années quarante du xie siècle, ont acquis leur stabilisation juridique et financière et leur autonomie organisationnelle. C’est seulement après plusieurs décennies d’activité qu’ils se sont considérablement enrichis, en obtenant l’attribution de terres et des revenus de la dîme. En ce qui concerne le sort des monastères en activité jusqu’aux années trente du xie siècle, nous n’avons aujourd’hui aucune certitude. Le meilleur spécialiste de la question, Marek Derwich, estime néanmoins qu’il a pu se fonder entre 7 et 11 abbayes jusqu’en 1030 environ, sur l’ensemble du territoire de la monarchie des Piast : 1 ou 2 abbayes de femmes (Poznań, Cracovie) et 6-9 abbayes d’hommes (Poznań, Wrocław, Gniezno, Cracovie-Wawel, Tum, Międzyrzec, et peut-être 2 autres abbayes à Cracovie en plus de celle du Wawel19).

Deuxième période : 1040-1102

  • 20 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 178-179.
  • 21 Janusz Firlet, Zbigniew Pianowski, « Przemiany architektury rezydencji monarszej oraz katedry na Wa (...)
  • 22 Z. Świechowski avec la participation d’Ewa Świechowska (op. cit. n.°2), p. 56-57.
  • 23 Klementyna Żurowska, « Zagadnienie transeptu pierwszej katedry wawelskiej », Zeszyty Naukowe Uniwer (...)
  • 24 Z. Świechowski, « Udział małżonek Piastów w procesie powstawania budowli w xi i xii wieku », dans A (...)

13On connaît beaucoup mieux aujourd’hui le développement du monachisme bénédictin pendant la période de reconstruction de l’État après la crise politique et la réaction païenne des années trente du xie siècle. Le rétablissement de l’autorité de la dynastie des Piast en Pologne et la reconstruction des structures de l’Église étaient fonction de la réussite de la politique du duc Casimir I (1039-1058), fils de Mieszko II et de Richezza. Grâce à ses succès, il est à juste titre passé à la postérité sous le surnom de « Restaurateur ». Casimir s’était emparé du trône princier en Pologne grâce à la protection de l’empereur et à l’intercession de personnalités influentes issues de l’entourage familial de sa mère, la reine Richezza. Puisque Gniezno et Poznań étaient détruits, c’est de Cracovie qu’est partie la reconstruction de l’État polonais. De nombreux clercs sont apparus en Pologne à l’époque de Casimir, et parmi eux, d’après les suppositions de Marek Derwich, un groupe important de bénédictins, sous la direction d’un moine du monastère de Brauweiler, Aaron20. Peut-être se sont-ils liés au groupe de moines en activité autour de la cour royale depuis l’époque de Mieszko II. On a mis en rapport l’église Saint-Géréon, située quelque part à l’est de la cathédrale de Cracovie avec le groupe de bénédictins connu sous le nom de « groupe d’Aaron » (fig. 2). Tous les chercheurs s’accordent à dire qu’elle a été érigée au temps de Casimir le Restaurateur, probablement autour de 105021. L’édifice est considéré comme une église bénédictine, ou alors comme une chapelle royale, peut-être animée par un groupe de moines22. C’est le vestige d’une tribune dans le bras nord du transept qui constitue l’argument essentiel en faveur d’une parenté de l’édifice avec les bénédictins. D’après Klementyna Żurowska, la tribune est proche de celle de l’église Saint-Michel de Hildesheim et est liée à la pratique bénédictine du culte des anges. La tribune aurait également servi aux chantres. Klementyna Żurowska a également souligné des similitudes techniques déchiffrables dans les éléments de maçonnerie des vestiges de l’église Saint-Géréon du Wawel et de la plus ancienne basilique bénédictine de Tyniec, indiquant une date de construction voisine23. Zygmunt Świechowski partage cette opinion en mettant l’accent sur les liens stylistiques de l’église Saint-Géréon et de l’église abbatiale de Tyniec avec l’architecture du xie siècle de Cologne et de Basse-Rhénanie. Ce chercheur souligne par là même le rôle clé de la reine Richezza dans ce transfert des formes de l’architecture24.

Fig. 2 – Cracovie, plan de l’église Saint-Géréon.

Fig. 2 – Cracovie, plan de l’église Saint-Géréon.

D’après : Z. Świechowski (op. cit. n°15), p. 216, élaborée par A. Soćko

  • 25 G. Labuda, « Szkice historyczne xi wieku. Początki klasztoru benedyktynów w Tyńcu », Studia Źródłoz (...)
  • 26 Tadeusz Wojciechowski, Szkice historyczne xi wieku (1904), rédaction et introduction de A. Gieyszto (...)
  • 27 Władyslaw Abraham (rec. :) T. Wojciechowski, « Szkice historyczne xi wieku », Kwartalnik Historyczn (...)
  • 28 G. Labuda, « Szkice historyczne xi wieku. Początki klasztoru benedyktynów w Tyńcu », Studia Źródłoz (...)

14Située un peu à l’écart de Cracovie, l’abbaye de Tyniec a une signification particulière dans l’histoire des bénédictins en Pologne. C’est le plus ancien des monastères conservés jusqu’ici dans le pays. Il a été fondé à l’initiative du duc Casimir le Restaurateur (1039-1058), le plus probablement en 1044. Les conclusions de Gerard Labuda ont été d’une importance capitale pour les recherches récentes sur les débuts du monastère25. Il a remis en cause les anciennes théories de Tadeusz Wojciechowski du tournant des xixe et xxe siècles, qui a d’abord attribué la fondation du monastère de Tyniec à Ladislas Ier Herman à la fin du xie siècle, et a ensuite reporté cette date au temps de son prédécesseur, Boleslas le Téméraire, après 107526. Gerard Labuda s’est appuyé sur la position de Władysław Abraham, qui a fixé les débuts de l’abbaye aux temps de Casimir le Restaurateur27. Il a développé une argumentation détaillée, se fondant sur l’analyse d’un document crucial, la bulle papale de 1229, ainsi que de nombreuses annales et chroniques. L’identification correcte des donateurs en faveur du monastère désignés dans la bulle comme « le roi Boleslas » et « la reine Judith », ainsi que l’analyse du caractère de leurs donations ont permis des conclusions novatrices. Gerard Labuda a identifié la donation des biens comme une donation du roi Boleslas II le Généreux et de la princesse Judith-Marie, deuxième épouse de Ladislas Ier Herman, fille de l’empereur Henri III, qui avait hérité du titre royal de son premier mari, Salomon, roi de Hongrie (mort en 1086 ou 1087) – raison pour laquelle elle porte le titre de « reine » dans la bulle. Gerard Labuda a aussi établi quels éléments de la masse patrimoniale mentionnés dans la bulle de 1229 pouvaient provenir de la donation de Boleslas le Généreux et lesquels avaient été donnés au monastère par la veuve de Ladislas Herman. D’après lui, le généreux legs de Judith d’une part importante de ses biens, très probablement en 1105, était lié à sa décision de quitter définitivement la Pologne après la mort de son mari. C’est ainsi que les deux donateurs clairement identifiés par leurs noms ont été considérés par Gerard Labuda comme des bienfaiteurs du monastère, mais pas comme ses fondateurs. La partie la plus ancienne des biens du monastère avait en effet un caractère très archaïque et avait dû précéder les donations des bienfaiteurs, dont les noms sont connus par le document de 1229. Gerard Labuda a ainsi prouvé que c’était le duc Casimir le Restaurateur qui fut le fondateur du monastère, et a considéré que la mention par un chroniqueur du xve siècle de la date de 1044 comme date de fondation du monastère était vraisemblable, même si elle n’était pas confirmée28.

  • 29 Idem (art. cit. n.°28), p. 47 ; idem (op. cit. n.°25), p. 277-278.
  • 30 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 181-182.

15Nous savons aussi que c’est Aaron qui fut le premier abbé du monastère de Tyniec (1044-1059) ; c’était un moine venu du monastère rhénan de Brauweiler – lui-même fondé par la puissante famille des Ezzonides, dont étaient issus aussi bien la reine Richezza (morte en 1063), mère du fondateur du monastère de Tyniec, que l’archevêque de Cologne de cette époque, Herman (1036-1055). Ces informations sont conformes à la tradition qui fait de Liège le lieu d’origine de la plus ancienne communauté de moines de Tyniec, ce que confirme la tradition digne de foi de la Chronique polono-silésienne écrite aux environs de 1285 à Lubiąż29. Le premier abbé de Tyniec, Aaron (mort en 1059) a été ordonné en 1046 évêque de Cracovie. Cet événement indiscutable éclaire d’un jour nouveau le caractère des plus anciennes fondations bénédictines en Pologne. Les monastères établis à l’initiative de Casimir Ier le Restaurateur devaient servir à renforcer les structures de l’Église polonaise mises à mal pendant la crise de l’État des années trente, entre autres le chapitre de la cathédrale de Cracovie. Aaron a également obtenu le titre d’archevêque, de toute évidence en raison de la réelle perte d’importance de l’archicathédrale de Gniezno ; il a donc joué au milieu du xie siècle le rôle de l’ecclésiastique le plus important de Pologne30.

  • 31 G. Labuda, « Początki klasztoru w świetle źródeł pisanych », dans Materiały sprawozdawcze z badań z (...)
  • 32 G. Labuda (art. cit. n.°31) ; Idem (op. cit. n.°25), p. 305-361.

16À l’heure actuelle, on considère que les débuts du monastère de Mogilno, dans l’archidiocèse de Gniezno, sont aussi dus à l’initiative fondatrice de Casimir Ier le Restaurateur. De nouveau, ce sont les études détaillées de Gerard Labuda qui ont abouti à cette conclusion. Gerard Labuda a remis en question la tradition transmise d’une part par Jan Długosz, historien polonais du xve siècle, qui place Boleslas II le Généreux à l’origine de l’abbaye, et d’autre part par les nombreux historiens des xixe et xxe siècles qui suivent Długosz sur ce point31. C’est un document prétendument établi par le roi Boleslas II le Généreux en 1065 qui s’est avéré crucial pour l’analyse de Gerard Labuda. Le document original ne s’est pas conservé jusqu’à nous ; nous en connaissons le contenu par une copie ultérieure, confirmée par un certain duc Mieszko, prétendument en 1103. Gerard Labuda a établi que ce document était un faux, et a démontré qu’aussi bien sa prétendue date de rédaction que la date qu’il stipule comme celle de la fondation de l’abbaye et de la donation du duc Boleslas (1065) ont été totalement inventées au moment de la falsification du récit sur les donations de biens et les revenus de l’abbaye. Cette falsification a été commise peu avant 1282. En réalité, le véritable auteur des donations du milieu du xiie siècle dont il est question dans le document falsifié était un autre duc du même prénom, Boleslas IV le Frisé (1146-1173)32.

  • 33 Ibidem.
  • 34 M. Derwich (op.cit. n.°4), p. 183.
  • 35 J. Płocha (op. cit. n.°31), p. 58-65.
  • 36 M. Derwich, « Mogilno i Gniezno. Z dziejów Kościoła w Polsce w drugiej połowie xi wieku », dans Scr (...)

17Selon Gerard Labuda, la tradition qui considère Casimir le Rénovateur comme le fondateur de l’abbaye de Mogilno tire ses origines de deux prémisses : les mérites du duc dans le domaine de l’établissement de monastères, tels que les décrit le chroniqueur connu sous le nom de Gallus Anonymus (auteur de la plus ancienne chronique de l’histoire de la Pologne, des débuts du xiie siècle), et l’identification du caractère archaïque de la dotation originelle du monastère, en revenus financiers tirés directement des châteaux de Mazovie. En conclusion, Gerard Labuda a établi que c’est bien Casimir Ier le Restaurateur qui, après avoir rattaché par la force la Mazovie à son domaine, avait le plus de raisons de vouloir consolider cet attachement et renforcer sa dépendance par rapport à l’archidiocèse de Gniezno en fondant un monastère bénédictin. C’est lui qui a eu l’idée de faire venir les premiers moines de Liège, comme dans le cas de Tyniec33. Marek Derwich pensait que c’étaient des moines du groupe d’Aaron qui constituaient la souche du monastère34. D’autres voient dans les groupes qui ont renforcé le monastère à ses origines des moines de Bavière, peut-être de Niederaltaich35. Les recherches sur le monastère de Mogilno ont également souligné ses liens évidents avec l’archevêché de Gniezno, et son engagement avec lui dans la mission de christianisation de la Mazovie et de la Poméranie. Il se peut que l’établissement du monastère vers le milieu du xisiècle ait eu un rapport direct avec le processus de restitution épisopale de Gniezno après les saccages de l’époque de l’incursion de Brestislav (1039). Les bénédictins de Mogilno ont aussi pris leur part dans le processus d’établissement de nouveaux évêchés, à Płock et à Włocławek36.

  • 37 Zbigniew Perzanowski, Opactwo benedyktyńskie w Lubiniu. Studia nad fundacją i rozwojem uposażenia w (...)
  • 38 M. Derwich (art. cit. n.°37), p. 15, idem (op. cit. n.°4), p. 185.
  • 39 Idem (art. cit. n.°37), p. 15. Voir aussi : Jean-Louis Kupper, « Opactwa Św. Jakuba i Św. Wawrzyńca (...)
  • 40 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 185.
  • 41 Ibidem, p. 186.

18Le monastère de Lubiń, situé dans la partie méridionale du diocèse de Poznań, est la troisième abbaye bénédictine fondée au xie siècle en Pologne. Son instauration dans les années soixante-dix du xie siècle est à mettre en rapport avec l’activité du roi Boleslas II le Téméraire37. Cette fondation est en général considérée comme une action de grâce pour son couronnement (1076)38. Selon toute vraisemblance, les premiers moines sont venus de l’abbaye Saint-Jacques de Liège39. Les liens étroits, qui sont bien documentés ultérieurement, du monastère avec l’évêché de Poznań et également avec la chapelle princière de Poznań permettent de croire que l’abbaye de Lubiń, comme celles de Tyniec et de Mogilno, a été établie pour porter assistance au chapitre épiscopal de Poznań et à la reconstruction de l’évêché après les conséquences catastrophiques des années trente40. Le monastère de Lubiń est rapidement tombé en ruines. La construction de la grande église de pierre n’a jamais été achevée. On ignore aujourd’hui la raison de la cessation d’activité du monastère. Ce peut être la déchéance politique du fondateur, le roi Boleslas le Téméraire, qui a perdu le pouvoir après l’assassinat de Stanislas, évêque de Cracovie, et a dû se réfugier en Hongrie (1079). Ce peut être aussi l’incursion des Poméraniens41. Quoi qu’il en soit, les moines ont quitté Lubiń pour très longtemps. L’abbaye a été réactivée avec succès au même endroit seulement dans les années trente du siècle suivant.

  • 42 Idem (art. cit. n.°7), p. 77-78 ; idem (op. cit. n.°4), p. 181-182.
  • 43 Z. Świechowski, Architektura romańska w Polsce, Varsovie, Wydawnictwo DiG, 2000, p. 291-292.
  • 44 Voir : Adam Żurek, Wrocławska kaplica św. Marcina w średniowieczu, Wrocław, Wydawnictwo Uniwersytet (...)
  • 45 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 185.

19Les historiens ont remarqué le lien évident de la fondation de ces trois abbayes bénédictines au xisiècle avec le besoin de renforcer les centres du pouvoir épiscopal en Pologne. Les monastères bénédictins pouvaient constituer une réserve de cadres, des centres d’assistance dans la mission d’évangélisation et des centres de production des ustensiles et objets de toutes sortes nécessaires au nouveau culte, dont la propagation était la tâche des évêques diocésains42. Cette situation permet de penser que ce modèle a aussi été tenté en Silésie, reconquise vers 1050 par Casimir Ier le Restaurateur. Cependant nous n’y avons aucune trace indiscutable de création de monastères bénédictins dans la deuxième moitié du xie siècle. Il se peut que la situation de l’organisation épisopale y ait été meilleure que dans les autres territoires, puisque l’on sait qu’une cathédrale y avait été construite, et que des reliques y avaient été apportées déjà du temps de l’évêque de Wrocław Jérôme (1051-1062)43. On ignore ce qu’il est advenu du groupe de bénédictins en activité autour de la chapelle Saint-Martin dans la cité de Wrocław après 1050, si tant est que la datation de cette chapelle ne soit pas ultérieure44. Le statut d’une hypothétique prévôté bénédictine à Legnica, absorbée au xiie siècle par le monastère des bénédictins d’Ołbin reste également obscur, ainsi que les conjectures sur une possible datation du xie siècle du monastère de Lubiąż45. On ne dispose d’aucune source crédible sur l’activité des moines noirs en Silésie au xie siècle.

Troisième période : 1102-1250

  • 46 Idem (art. cit. n.°44), p. 39.
  • 47 Idem (op. cit. n.°4), p. 194
  • 48 Ibidem.

20Le premier témoignage attesté de la présence des moines noirs en Silésie est la fondation de la grande abbaye bénédictine d’Ołbin près de Wrocław, commencée dans les années 1122-1126 et certainement antérieurement à 1139, à l’initiative du comte palatin Piotr Włostowic46. C’est en même temps la première fondation bénédictine polonaise entreprise à l’initiative d’un magnat, même si elle a certainement été réalisée avec l’approbation de Boleslas III Bouche-Torse (1102-1138). Il est possible que la communauté se soit installée à Ołbin depuis Tyniec47. L’église a très certainement été achevée en 1144, puique c’est à cette date qu’y ont été apportées les reliques de saint Vincent en provenance du Magdebourg48. L’abbaye comptait parmi les plus grandes et les mieux dotées de Pologne au xiie siècle.

  • 49 J. Płocha, op. cit., p. 24-35 ; M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 187-188.
  • 50 M. Derwich (op. cit. n°4), p. 188-189.

21Des changements importants avaient eu lieu dans les années vingt ou trente du xiie siècle dans le monastère bénédictin de Mogilno. La congrégation avait alors pris le parti de la réforme de Guillaume de Hirsau. On suppose que des moines issus de l’abbaye de Mallersdorf dans le sud de l’Allemagne (diocèse de Ratisbonne) sont venus alors renforcer le monastère ; la persistance des relations des moines de Mogilno avec les abbayes réformées de Souabe (Zwiefalten) et de Bavière (Michelsberg, Prüfening) indique l’intermédiation de la duchesse Salomée de Berg, épouse de Boleslas Bouche-Torse49. La réforme du couvent était certainement liée à la décision du prince d’engager le monastère dans une mission en Poméranie. La création d’un nouvel évêché à Włocławek était aussi liée à ces projets50.

  • 51 M. Derwich, Benedyktyński klasztor św. Krzyża na Łysej Górze w średniowieczu, Varsovie-Wrocław, Wyd (...)
  • 52 Idem (art. cit. n.°44), p. 40.

22À la fin de son règne, Boleslas III Bouche-Torse avait entrepris de fonder avec la noblesse deux nouvelles abbayes bénédictines. L’une d’entre elles, consacrée à la Sainte-Trinité (connue aujourd’hui sous le nom d’abbaye de la Sainte-Croix) a été établie en Petite-Pologne sur la Montagne Chauve (Łysiec). Même si la tradition du monastère, fixée au xve siècle, situait son origine aux temps de Boleslas Ier le Vaillant (992-1025), les recherches de Marek Derwich ont prouvé sans équivoque qu’en réalité l’abbaye avait été fondée plus de cent ans plus tard. Le couvent a été établi à l’initiative du duc Boleslas III Bouche-Torse, en collaboration avec le magnat Wojslaw de la lignée des Powała, certainement dans les années 1135-113751. Des moines de Tyniec sont venus le renforcer, et l’une des missions de l’abbaye était de consolider l’habitat et de christianiser les régions nord-est de la Petite-Pologne situées sur la rive droite de la Vistule52.

  • 53 Idem (art. cit. n.°37), p. 16-18, Idem (op. cit. n.°4), p. 193 ;)
  • 54 Ibidem. Marek Cetwiński était d’un autre avis – il considérait que le monastère dans sa totalité ét (...)
  • 55 Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 283.
  • 56 Magdalena Żurek, « Patronat rodziny Mieszka III Starego nad klasztorem benedyktyńskim w Lubiniu », (...)
  • 57 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 196-197.

23Dans les années 1137-1138, Boleslas III Bouche-Torse et les puissants membres de la famille Awdaniec ont restitué le monastère de bénédictins de Lubiń, en place de la fondation royale des temps de Boleslas II le Téméraire53. Ce monastère avait certainement au xiie siècle un caractère mixte : il avait été créé conjointement par des moines d’abbayes polonaises et de l’abbaye-mère de Saint-Jacques de Liège54. Cette fois, le processus fut rapide et couronné de succès, puisque le grand autel a pu être consacré dès 1145 dans la petite église de pierre en partie conservée jusqu’à nos jours55. Après la mort de Boleslas III Bouche-Torse et le démembrement territorial de la Pologne (1138), l’abbaye de Lubiń se trouva sous la protection spéciale de l’un de ses fils, le duc de Grande-Pologne Mieszko III le Vieux (mort en 1202) et de sa famille. Il se peut qu’aient été enterrés ici les deux fils de Mieszko, Boleslas (1195) et Ladislas Jambes-Grêles (1231)56. L’abbaye se développa si bien qu’elle put établir une prévôté à Jeżów en Mazovie dans les années quatre-vingt du xiie siècle57.

  • 58 Katalog zabytków sztuki w Polsce, t. 3, Województwo kieleckie, z. 6 Powiat kozienicki, Varsovie 195 (...)
  • 59 Teresa Wąsowiczówna, « Topografia wczesnośredniowiecznego Sieciechowa », Przegląd Historyczny, 50, (...)
  • 60 M. Derwich (op. cit. n.°51), p. 158, 270, 409, comparer avec : Pierre David, Les sources de l’histo (...)
  • 61 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 187,

24Les circonstances de la naissance du monastère de Sieciechów, situé sur la Vistule et aujourd’hui entièrement de style baroque tardif ne sont pas bien documentées. On attribuait autrefois sa fondation au magnat Sieciech le Jeune, considéré comme l’échanson de Boleslas III Bouche-Torse, et qui aurait fait en 1122 un pèlerinage à Saint-Gilles-du-Gard58. On supposait même que c’est de ce bourg languedocien que le fondateur avait fait venir les premiers moines du monastère polonais. À ses débuts, le monastère aurait existé dans le bourg fortifié de Sieciechow. Il aurait par la suite obtenu de meilleures conditions de développement grâce à une donation de Boleslas Bouche-Torse qui lui aurait légué dans les années trente du xiie siècle (après la mort de Sieciech) ses propriétés familiales préalablement confisquées59. Marek Derwich était sceptique envers cette conception et il a montré qu’il convient de situer les débuts du monastère au plus tôt au milieu du xiie siècle, mais certainement antérieurement à 1166/1167. Il a démontré la participation à l’établissement de l’abbaye du duc Henri de Sandomierz (mort en 1166/1167) et du magnat Jaksa de Miechow et a établi sans ambivalence que l’abbaye de Tyniec et celle de la Sainte-Croix à Łysiec étaient les abbayes-mères du monastère60. Ce chercheur a aussi souligné le rôle joué par l’abbaye de Tyniec envers les fondations plus récentes de Petite-Pologne : elles constituaient une sorte de « fédération » avec l’abbé de Tyniec en position dominante61.

  • 62 Kazimierz Pacuski, « Początki benedyktyńskiego opactwa św. Wojciecha na grodzie płockim », dans Spo (...)
  • 63 Ibidem, p. 150-152.
  • 64 M. Derwich, « Rola Tyńca w rozwoju monastycyzmu benedyktyńskiego w Polsce », dans (Benedyktyni tyni (...)
  • 65 Antoni Gąsiorowski, « Werner », dans Słownik starożytności słowiańskich, Wrocław, Zakład Narodowy i (...)
  • 66 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 196.

25Les débuts de l’abbaye bénédictine de Płock sont particulièrement obscurs. Selon certains chercheurs, il y aurait déjà eu au xie siècle une prévôté des bénédictins de Mogilno auprès de l’église Saint-Laurent, qui aurait été à l’origine de l’évêché de Płock (1075)62. Kazimierz Pacuski a supposé la création du monastère bénédictin de Płock en 1102-1107 à l’initiative du duc Zbigniew, demi-frère de Boleslas III Bouche-Torse63. Cependant on s’accorde aujourd’hui à placer la fondation du monastère seulement pendant la seconde moitié du xiie siècle. Un groupe de bénédictins aurait récupéré l’usage de l’église de la Vierge Marie et se serait mis à fonctionner auprès de l’église Saint-Adalbert dans les environs de la cathédrale antérieurement à 118564. Antoni Gąsiorowski a observé que c’est justement là que sont arrivés à Płock des moines venant de Mogilno pour donner naissance à un nouveau monastère auprès de l’église Saint-Adalbert65. Werner, évêque de Płock, mort en 1170 ou 1172, était lié au milieu des bénédictins de Bamberg ; ce peut être un indice pour déterminer la provenance de ce groupe de moines, qui sont cependant sûrement passés par Mogilno avant de s’installer à Płock. Marek Derwich penche en faveur de cette reconstitution de l’origine des bénédictins de Płock ; il considère la fondation du monastère comme une entreprise commune de Boleslas IV le Frisé (1138-1173) et de l’évêque Werner aux environs de 116066.

  • 67 Idem (art. cit. n.°44), p. 41.
  • 68 Ibidem ; Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 651.
  • 69 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 200.

26Des événements importants se sont produits dans les monastères bénédictins de Silésie au milieu du xiie siècle. Quel que soit le mystère qui entoure les débuts du monastère bénédictin de Lubiąż (Marek Derwich estimait qu’il pouvait aussi bien avoir été créé autour de l’an 1150 que pendant le xie siècle), l’expulsion de la congrégation et son remplacement par une nouvelle communauté de moines cisterciens originaires de Pforta est un événement sans précédent67. Le couvent de bénédictins d’Ołbin a subi rapidement le même sort autour de l’an 119068. Les moines ont été expulsés de cette abbaye magnifiquement dotée et transférés dans une modeste installation à Kościelna Wieś près de Kalisz. Ce sont les chanoines réguliers de Prémontré de Kościelna Wieś qui ont pris leur place, engrangeant au passage un bénéfice financier considérable69.

  • 70 Ibidem.
  • 71 Au sujet de Piotr Włostowic, voir : Jarosław Wenta, « Tradycja o Piotrze. Na marginesie jednej z wi (...)
  • 72 Stanisław Trawkowski, « Piotr (arcybiskup gnieźnieński) », dans Polski Słownik Biograficzny, Wrocła (...)
  • 73 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 200.

27Marek Derwich a souligné la détermination particulière avec laquelle les fils de Ladislas le Banni ont exécuté les mesures répressives prises après 1163 contre les bénédictins de Silésie, une répression qui avait la politique pour toile de fond70. En 1163, quatre ans après la mort de leur père en exil, les frères Boleslas et Mieszko sont rentrés en Silésie pour récupérer leur principauté héréditaire. Leur retour était le résultat de concessions politiques, un événement qui devait mettre fin aux effets de la dramatique guerre civile des années quarante du xiie siècle, lorsque Ladislas II le Banni (1105-1159) s’était heurté à ses deux demi-frères cadets coalisés. Il avait été défait de manière inattendue et avait dû partir en exil (1146) ; deux interventions de l’empereur en sa faveur ne lui avaient pas apporté de résultats satisfaisants. Ce sont seulement ses fils qui ont pu rentrer en Silésie. On sait qu’un des aspects importants de la guerre civile avait été le conflit entre le duc Ladislas et le comte palatin Piotr Włostowic, à la suite duquel ce dernier avait eu les yeux crevés et avait été envoyé en exil. Après sa mort, il avait été enterré dans l’abbaye d’Ołbin qu’il avait lui-même fondée71. Tout porte à croire que les bénédictins de Silésie s’étaient engagés à l’époque de la guerre civile dans le camp des ducs cadets ; les répressions qu’ils ont subies reflétaient la réticence non déguisée que les fils de Ladislas II le Banni éprouvaient envers les moines noirs. Autant l’expulsion des bénédictins de Lubiąż était une opération relativement facile, puisqu’elle concernait une fondation du duc, l’opération d’échange des couvents pour la riche abbaye d’Ołbin, fondation d’un magnat, était plus compliquée et exigeait la coopération des ducs de Silésie avec Mieszko III le Vieux, duc de Grande-Pologne et avec l’archevêque de Gniezno72. On sait que les bénédictins de Tyniec ont tenté plusieurs fois au cours du xiiie siècle, quoique sans succès, de s’opposer par des arguments juridiques au transfert du couvent d’Ołbin et à la perte de ses revenus. Finalement il ne resta à Kościelna Wieś qu’une modeste prévôté bénédictine soumise à l’autorité de l’abbaye de Tyniec73.

28En conclusion, il y avait six grandes abbayes en Pologne au xiiie siècle. Trois d’entre elles se trouvaient en Petite-Pologne (Tyniec, l’abbaye de Sainte-Croix à Łysiec, Sieciechów), deux en Grande-Pologne (Mogilno, Lubiń) et une en Mazovie (Płock). Les abbés de ces monastères appartenaient à l’élite de l’État d’alors, démembré en de nombreux duchés de plus en plus petits.

Architecture bénédictine en Pologne – catalogue

Lubiń

  • 74 Zofia i Stanisław Kurnatowscy, « Badania archeologiczne w Lubiniu w latach 1978 – 1979 », dans Pami (...)
  • 75 Opactwo Benedyktynów w Lubiniu. Pierwsze wieki istnienia, Z. Kurnatowska (red.), Poznań, Poznańskie (...)
  • 76 M. Żurek (art. cit. n.°75), p. 37.

29L’abbaye bénédictine de Lubiń n’a fait l’objet de fouilles archéologiques qu’à partir de 1978. En plus de dix ans, elles ont eu pour résultats de nombreuses publications à caractère documentaire74 et un ouvrage collectif sur l’abbaye romane, synthétisant des années de travail sur le terrain75. Elles sont parvenues à reconstituer la forme originelle de l’église romane, dont la date de construction pendant la première moitié du xiie siècle est bornée par la date de consécration du maître-autel en 114576.

  • 77 Z. Kurnatowska (art. cit. n. 75).

30Les hypothèses concernant les vestiges d’une construction plus ancienne découverte à Lubiń se sont avérées sujettes à discussion ; cette construction aurait été réalisée à l’initiative du roi Boleslas II le Téméraire vers 1075. Les vestiges considérés comme les plus anciens sont les fondations d’une petite abside et d’un long mur relié à elle par le sud. Ces restes ont été interprétés par Zofia Kurnatowska comme le mur gouttereau de l’église initiale, qui n’a pas été achevée. Cette chercheuse a reconstitué le plan de l’église projetée en se servant d’indices recueillis au cours des fouilles archéologiques. Elle est d’avis que la construction d’une vaste basilique de plus de 40 mètres de long, à trois nefs et à deux chœurs, terminée par trois absides du côté est avait été commencée à Lubiń ; l’abside centrale devait être précédée d’une courte travée de chevet77. Elle explique l’arrêt de la construction par la chute du roi Boleslas le Téméraire et son exil en 1079.

  • 78 Z. Świechowski, « Architektura wczesnego średniowiecza w Polsce między rzeczywistością a fantazją » (...)
  • 79 Idem (op. cit. n.°43), p. 154.
  • 80 Z. Kurnatowska, « Opactwo romańskie w Lubiniu. Wyniki szczegółowej analizy informacji z badań wykop (...)

31Zygmunt Świechowski a remis en question cette reconstitution d’un bâtiment du xisiècle ; il a montré le caractère invraisemblable, compte tenu des réalités polonaises, des dimensions du bâtiment, dépassant tous les édifices religieux connus de l’époque78. Ce chercheur a mis à mal l'interprétation des fragments du mur et de l’abside comme vestiges d’un projet de construction du xie siècle, les définissant comme des vestiges du Moyen Âge tardif79. Il a mené des recherches de vérification dans le cadre de cette controverse, et a été conduit à formuler une hypothèse alternative rendant compte de la prétendue origine aux temps de Boleslas II Le Téméraire de la partie orientale de la basilique. L’église de cette époque aurait été une construction à trois nefs, dont la nef centrale aurait été sensiblement plus large ; les extrémités en absides des bas-côtés auraient été en forme de quarts de cercles en partie encastrés dans le mur de la travée du chevet80 (fig. 3). Cette construction n’a jamais été achevée.

Fig. 3 – Lubiń, vestiges de l’église bénédictine du xie siècle.

Fig. 3 – Lubiń, vestiges de l’église bénédictine du xie siècle.

D’après Z. Kurnatowska, art. cit. n 80, dessin 5, élaborée par A. Soćko

  • 81 M. Żurek (art. cit. n.°75), p. 40-45.
  • 82 Z. Kurnatowska (art. cit. n.°80), p. 232.
  • 83 M. Żurek (art. cit. n.°75), p. 40-45 ; Z. Kurnatowska (art. cit. n.°80), p. 235-238.
  • 84 Aneta Bukowska, « Masyw zachodni benedyktyńskiego kościoła klasztornego w Lubiniu – zagadnienie for (...)

32En revanche, la reconstitution de l’église romane en partie conservée, dont Boleslas III Bouche-Torse aurait commencé la construction avec des représentants de la famille Awdaniec dans les années trente du xiie siècle n’a pas suscité grande controverse. Magdalena Żurek a établi qu’une église à nef unique a été alors construite à Lubiń, d’une longueur de 26 mètres, avec un transept bas. Le transept s’ouvrait à l’est sur trois absides. L’abside centrale, correspondant à la nef de l’église, était un peu plus large et un peu plus allongée vers l’est81. L’étape suivante, assez rapide, a consisté à entourer l’édifice d’un mur de pierres en forme de trapèze rectangle, définissant par là même l’étendue du monastère roman. Une tour de plan carré a alors été érigée à l’angle nord-est de l’édifice. L’église, dont la nef était sûrement voûtée dès l’origine82, a été alors agrandie à l’ouest par la construction d’une tour (fig. 4). Une crypte quadrangulaire avec un pilier carré en son centre constituait le niveau le plus bas de cette tour, légèrement sous le niveau du sol de la nef. Cet espace aurait été couvert par quatre voûtes croisées séparées par des arcs doubleaux et s’appuyant sur un pilier central. Magdalena Żurek a estimé que l’étage de la tour constituait une tribune ouverte sur l’intérieur de la nef, peut-être par une baie géminée. La communication verticale dans cette partie de l’édifice devait être assurée par un escalier en vis construit sur une fondation en demi-cercle adossée au mur occidental de la tour. On a découvert dans la crypte sous la tour la sépulture d’une personnalité importante. La chercheuse a attribué le mérite de la construction de cette partie occidentale à l’initiative de Mieszko III le Vieux, duc de Grande-Pologne, pendant le dernier quart du xiie siècle, sur le modèle de la tour occidentale de l’église bénédictine de Mogilno83. En outre, Aneta Bukowska a insisté en particulier sur l’origine architecturale de la tour avec son pilier central, indiquant de nombreux précédents dans l’architecture des diocèses de Liège et de Cologne. Elle a remarqué une ressemblance particulière avec la crypte de l’église abbatiale de Thorn (Limburg) datant de la fin du xie siècle, qui souligne l’importance de l’usage liturgique des parties occidentales des églises, aussi bien en ce qui concerne leurs cryptes que leurs tribunes84.

Fig. 4 – Lubiń, plan et reconstitution du bâtiment de l’église bénédictine de la fin du xiie siècle.

Fig. 4 – Lubiń, plan et reconstitution du bâtiment de l’église bénédictine de la fin du xiie siècle.

D’après M. Żurek, (art. cit. n.°75), p. 44, dessin 6, élaborée par A. Soćko

  • 85 Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 282-287.

33Les deux murs latéraux de la nef de l’église du xiie siècle ont subsisté jusqu’à nos jours sur toute leur hauteur, ainsi que des fragments du bas de la tour occidentale. Des vestiges de la partie orientale sont observables sous le pavement de l’église actuelle. Des jambages de fenêtres et un portail dans le mur sud de la nef ont également subsisté (fig. 5), ainsi que quelques modestes détails architecturaux : une plaque de tympan sans décor, des pierres épannelées venant probablement de la base du pilier de la crypte de la tour, un chapiteau en marteau de l’ancienne baie géminée de la tour85.

Fig. 5 – Lubiń, portail sud de l’église romane

Fig. 5 – Lubiń, portail sud de l’église romane

Photo : A. Soćko

  • 86 Michał Kara, « Domniemany grób księcia Władysława Laskonogiego w opactwie oo. benedyktynów w Lubini (...)
  • 87 M. Żurek (art. cit. n.°75), p. 46.

34Pendant le premier tiers du xiiie siècle, le bras nord du transept a été détruit et un cloître a été bâti à sa place. Une petite chapelle fermée à l’est par une abside a été élevée dans le prolongement de sa galerie sud. Une tombe découverte dans la chapelle a été identifiée non sans hésitations comme la sépulture du duc Ladislas Jambes-Grêles86. Peu de temps après, l’abside principale de l’église a été détruite pour laisser place à la construction, dans le prolongement de la nef, d’un nouveau chœur d’environ 13,5 mètres de long, consolidé par des contreforts. Dans la seconde moitié du xiie siècle, une tour occidentale plus étroite accolée à la tour romane a été construite, ainsi qu’une chapelle orientale à deux niveaux, contenant la supposée sépulture princière. L’abside de la chapelle a été détruite, remplacée par un mur de fermeture rectiligne87 (fig. 6).

Fig. 6 – Lubiń, les étapes de développement du monastère bénédictin aux xiiexiiie siècles.

Fig. 6 – Lubiń, les étapes de développement du monastère bénédictin aux xiie – xiiie siècles.

D’après : Z. Kurnatowska, Benedyktyni tynieccy w średniowieczu... (op. cit. n. 23), p. 213, il. 3, dessin de J. Sawicka, élaborée par A. Soćko

Mogilno

  • 88 Voir. : Jadwiga Chudziakowa, « Wyniki badań archeologicznych w latach 1970-1976 », dans Materiały s (...)
  • 89 Kazimierz Żurowski a récapitulé les commentaires des reconstitutions anciennes et déjà périmées de (...)

35L’église bénédictine de Mogilno (fig. 7) a fait l’objet d’études scientifiques bien avant le commencement des fouilles archéologiques systématiques, essentiellement parce qu’on y a découvert en 1913 sous l’église baroque une crypte occidentale de style roman, vestige de la basilique originelle. Les recherches systématiques ont débuté en 1970 et se sont poursuivies intensément pendant une dizaine d’années, tant sur l’église que sur le terrain du monastère88. Les reconstitutions de Zygmunt Świechowski, Aleksander Holas, Jan Zachwatowicz, Zbigniew Nawrocki et Krystyna Józewiczówna, basées sur une connaissance incomplète du bâtiment faisaient autorité dans la littérature spécialisée avant la reconstitution du plan originel de l’église romane89.

Fig. 7 – Mogilno, vue de l’abbaye bénédictine

Fig. 7 – Mogilno, vue de l’abbaye bénédictine

Photo : A. Soćko

  • 90 G. Labuda (art. cit. n.°31), p. 21-59. Comparer avec : J. Chudziakowa, The Romanesque Churches of M (...)

36Ce sont les fouilles archéologiques de Jadwiga Chudziakowa qui ont permis de reconstituer définitivement la forme originelle de l’église romane. Les fondations des bras du transept avec leurs absides orientales ont été découvertes, ainsi que les lieux de placement des supports et le tracé des murs latéraux dans la partie occidentale de l’église (fig. 8). Il s’est avéré que le monastère roman avait été édifié au milieu du xie siècle à l’intérieur d’une enceinte fortifiée située à la pointe du Lac de Mogilno. Même si les fouilles archéologiques n’ont pas fourni d’arguments décisifs pour situer la date du commencement de la construction de l’église à l’époque de Casimir Ier le Restaurateur plutôt qu’à celle de Boleslas II le Téméraire, c’est la conception de Gerard Labuda qui a été acceptée comme faisant autorité, selon laquelle il convient de voir plutôt l’initiative du duc Casimir dans le commencement de la construction. Le roi Boleslas aurait simplement achevé l’œuvre de son père, aux alentours de 106590.

Fig. 8 – Mogilno, plan de l’église du xie siècle

Fig. 8 – Mogilno, plan de l’église du xie siècle

D’après : J. Chudziakowa, (op. cit. n.°90), p. 16, fig 7, élaborée par A. Soćko

  • 91 J. Chudziakowa (op. cit. n.°90), p. 29-39.

37L’église romane était une petite basilique à piliers à trois nefs, d’une longueur d’environ 37 mètres avec un transept bas, une travée de chevet carrée fermée par une abside, et une tour occidentale, enchâssée dans des annexes prolongeant les bas-côtés. De profondes absides touchant les murs du chevet se greffaient sur les bras du transept à l’est. Sous le presbytère et sous la tour occidentale édifiée dans le prolongement de la nef centrale se trouvaient des cryptes en partie enterrées. La crypte orientale s’est conservée jusqu’à nos jours, mais avec une voûte en berceau, plus tardive et plus basse que la voûte originelle. On accédait à la crypte par deux volées de marches construites dans l’épaisseur des murs au point de contact entre les absides du transept et la travée de chevet. Les corridors de circulation se brisaient à angle droit et débouchaient à l’intérieur de la crypte le long de son mur ouest. La crypte occidentale sous la tour a subsisté, intacte (fig. 9). Construite sur un plan carré avec une voûte appuyée sur un pilier central, elle constitue le plus ancien exemple conservé de salle voûtée en Pologne. L’espace situé au-dessus de la crypte était accessible depuis les salles latérales et ne s’ouvrait pas sur la nef centrale. On n’a pas retrouvé non plus de traces d’entrées dans l’église sur la façade ouest ; les entrées étaient sans doute situées sur les murs sud et nord de l’édifice. Il est possible qu’une tribune ait existé à un moment dans la nef principale à la hauteur de l’étage de la tour ; c’est ce que suggère la présence de deux piliers situés non loin du mur est de la tour91.

Fig. 9 – Mogilno, crypte occidentale de l’église du xie siècle

Fig. 9 – Mogilno, crypte occidentale de l’église du xie siècle

Photo : A. Soćko

  • 92 Z. Świechowski, « Uwagi na temat architektury benedyktynów w Polsce xi w » dans Materiały sprawozda (...)
  • 93 J. Chudziakowa (op. cit. n.°88), p. 38-47.
  • 94 K. Żurowska, « Kościół opactwa benedyktynów w Mogilnie po badaniach z lat siedemdziesiątych », dans (...)
  • 95 Ibidem, p. 38.
  • 96 J. Chudziakowa (op. cit. n.°90), p. 33, fig. 27.
  • 97 Z. Świechowski, « Romańskie bazyliki Wielkopolski północno-wschodniej w świetle najnowszych badań » (...)

38La mise au jour du tracé des murs gouttereaux de l’église romane a donné lieu à deux reconstitutions de l’aspect originel de l’édifice. Zygmunt Świechowski a représenté une église à deux cryptes, une tour occidentale, une partie orientale avec un transept bas, et un chœur de la même hauteur, avec une nef centrale légèrement plus élevée. Il a justifié sa reconstitution par des analogies avec les églises mosanes de Hastière et de Celles et a trouvé dans l’abbaye de Kornelimünster le modèle de la tour occidentale. Le chercheur a fait l’hypothèse d’une surélévation des parties de l’édifice situées dans le prolongement des bas-côtés de part et d’autre de la tour92. Jadwiga Chudziakowa a proposé une reconstitution un peu différente de cette église, pour laquelle elle a également cherché des analogies en Rhénanie et dans la région de la Meuse93. D’après elle, le chœur, le transept et la nef centrale avaient la même hauteur, et les annexes de part et d’autre de la tour occidentale avaient la même échelle que les bas-côtés. Klementyna Żurowska a ensuite analysé ces deux hypothèses de reconstitution ; elle signale que les parentés avec la région de la Meuse sont une évidence dans le cas de l’église de Mogilno, et que l’église de Celles en est la plus proche94. En ce qui concerne la reconstitution de la partie ouest de l’édifice, cette chercheuse a adopté l’hypothèse de Jadwiga Chudziakowa ; pour appuyer cette version de la reconstitution, elle fait appel à un groupe d’églises apparentées à la collégiale de Sclayn95. Jadwiga Chudziakowa a accepté la rectification de Klementyna Żurowska concernant la reconstitution de la partie ouest96 (fig. 10). Zygmunt Świechowski, quant à lui, est resté fidèle à sa première interprétation97.

Fig. 10 – Mogilno, reconstitution du bâtiment de l’église du xie siècle

Fig. 10 – Mogilno, reconstitution du bâtiment de l’église du xie siècle

D’après : J. Chudziakowa, (op. cit. n.°90), p. 33, fig. 27, élaborée par A. Soćko

39À part les deux cryptes, seuls le chevet et des fragments de piliers au point de contact entre le transept et la nef centrale ont subsisté de la structure de l’église originelle. En outre, les murs du transept et les murs gouttereaux de l’édifice sont décelables dans les fondations, ainsi qu’un portail de briques de style roman tardif, situé dans la partie occidentale du bas-côté sud, là où se situait l’entrée principale de l’église. Le chœur maçonné du xie siècle a été reconstruit en briques dans la première moitié du xiiie siècle. L’abside surélevée a été partagée par quatre épaisses lésènes qui définissent l’emplacement de trois fenêtres et d’une bande lombarde. Le rehaussement du chevet au xiiie siècle impliquait la liquidation de sa voûte originelle (dont seuls les supports ont été conservés). C’est certainement à ce moment-là qu’a été abaissé le niveau du chevet, qui se trouvait à l’origine nettement au-dessus du pavement de l’église. C’est aussi là qu’on a construit des voûtes en berceau dans la crypte orientale.

  • 98 Małgorzata Radtke, « Z badań nad najwcześniejszą zabudową klasztoru benedyktynów w Mogilnie », dans (...)
  • 99 J. Chudziakowa (op. cit. n.°90), p. 22-25.

40C’est un incendie de l’enceinte fortifiée et d’une partie de l’église qui a été la cause de ces transformations. Les destructions ont certainement été causées par les luttes des ducs Piast pendant la première moitié du xiiie siècle. Les fortifications de bois de l’ancien château fort ont alors été détruites. L’édification d’un mur défensif avec portail, douve et pont-levis a commencé à la fin du xiie siècle ou dans la première moitié du xiiie siècle98. Cependant c’est le xive siècle qui est la période principale de construction d’une nouvelle enceinte fortifiée. Au xve siècle, le monastère est considéré comme ayant une valeur défensive99.

  • 100 Jan Zachwatowicz, « Architektura », dans Sztuka polska przedromańska i romańska do schyłku xiii wie (...)
  • 101 J. Chudziakowa (op. cit. n.°88), p. 35.
  • 102 Z. Świechowski (op. cit. n.°43), p. 166 – il la définit comme une salle à espace unique ; idem (op. (...)
  • 103 Marta Graczyńska, « Wschodnia krypta w kościele p.w. św. Jana Ewangelisty w Mogilnie – próba rekons (...)

41Les chercheurs se sont particulièrement intéressés aux deux cryptes de Mogilno. Les controverses concernant la crypte orientale portent sur la reconstitution de sa structure originelle et sur le type de voûtes utilisées. Puisqu’il y avait une niche originelle qui s’est conservée, creusée dans l’axe du mur occidental de la crypte, on a formulé l’hypothèse d’une voûte assise sur deux rangées de colonnes formant une sorte de petite église-halle100. Jadwiga Chudziakowa s’est opposée à cette interprétation, affirmant que c’était une voûte en berceau qui se trouvait à l’origine dans cette crypte101. Zygmunt Świechowski a accepté cette thèse102. Marta Graczyńska, en revenant à la conception d’une crypte voûtée sur piliers, a proposé récemment deux variantes possibles de reconstitution. C’est la découverte dans la partie centrale de la crypte d’une tranchée profonde de 5 mètres et remblayée au tournant des xiiie et xive siècles qui rend possible, selon cette chercheuse, de telles hypothèses. Les sépultures de deux abbés locaux ont subsisté depuis cette époque dans la crypte. Les éventuels piliers de la voûte de la crypte devaient se trouver dans le jour de la tranchée, ce qui explique la disparition complète de leurs traces103. Les deux versions proposées par Marta Graczyńska sont les suivantes :

42– une voûte en berceau devenant voûte croisée, appuyée sur quatre piliers dans la partie quadrangulaire et sur les pilastres adossés aux murs dans les coins de la crypte, avec une conque à l’est et des lunettes alignées aux fenêtres latérales.

43– une voûte croisée a dix champs étirés sur six piliers (deux dans l’alignement de l’abside) et sur les pilastres adossés aux murs (fig. 11).

Fig. 11 – Mogilno, deux variantes de reconstitution du plan de la crypte orientale de l’église du xie siècle

Fig. 11 – Mogilno, deux variantes de reconstitution du plan de la crypte orientale de l’église du xie siècle

D’après : M. Graczyńska, (art. cit. n.°103), p. 217, dessins 5 et 6, élaborée par A. Soćko

  • 104 J. Chudziakowa (op. cit. n.°90), p. 41.

44En ce qui concerne la première reconstitution, elle a montré l’analogie avec une solution de ce type dans la crypte de l’église du Saint-Sauveur à Montecchia di Crosara (près de Vérone), datant des ixe-xe siècles ; dans le cas de la seconde variante, elle cite la parenté avec les cryptes des églises de Deventer, Celles-les-Dinant et Hastière. Ces deux variantes ne sont cependant que des conceptions théoriques de la forme de la voûte originelle qui n’a pas subsisté. En revanche, la crypte occidentale parfaitement conservée était accessible par un corridor depuis le bas-côté sud. L’éloignement de cette crypte occidentale et l’absence de traces de sépultures justifient l’hypothèse de Jadwiga Chudziakowa selon laquelle, du moins au commencement, elle aurait servi de salle capitulaire104.

  • 105 J. Pietrzykowska (op.cit. n°88) ; M. Radtke, (op. cit. n.°98).
  • 106 M. Radtke (op. cit. n.°98), p. 126.

45Les bâtiments du monastère, qui étaient à l’origine certainement en bois, ont été entourés de murs dans la première moitié du xiiie siècle105. La plus ancienne aile de pierre, au sud, pouvait exister dès le xiiie ou xive siècle. Un puits charpenté du xie siècle a subsisté dans la cour du monastère depuis les temps de la construction de l’abbaye106.

Ołbin (Wrocław)

46Ce monastère bénédictin des environs de Wrocław a été fondé par Piotr Włostowic avant 1139. Pour l’époque, c’était un projet extraordinaire du fait de son envergure. Le complexe du monastère n’a pas subsisté jusqu’à nos jours. Le conseil de la ville de Wrocław, qui était protestant, a décidé en 1529 de sa destruction. Toutes les analyses de l’architecture des églises et de leurs sculptures sont donc fondées sur des sources iconographiques des temps modernes, d’anciennes descriptions des bâtiments, ainsi que sur des vestiges partiellement conservés d’éléments d’architecture ou de sculpture. On en a encore retrouvé à Wrocław dans la seconde moitié du xxe siècle. L’exclusion des moines bénédictins avant 1193 et le transfert aux prémontrés du bâtiment du couvent avec tous ses biens a rendu encore plus difficile l’identification avec l’activité bénédictine des vestiges de maçonnerie de l’abbaye de Wrocław. Les recherches sur le plus riche des portails romans de Pologne, qui est daté aussi bien de la période des bénédictins que de la période des prémontrés donnent une bonne illustration de la complication de l’histoire de ce monastère.

  • 107 Marian Morelowski, « Studia nad architekturą i rzeźbą na wrocławskim Ołbinie xii wieku », Sprawozda (...)
  • 108 Ibidem, p. 11-21.
  • 109 Ibidem, p. 21-32 ; ces conclusions ont été déactualisées par la découverte du tympan originel en 19 (...)

47C’est Marian Morelowski qui a entamé les recherches sur cette abbaye après la seconde guerre mondiale, en s’efforçant de reconstituer l’architecture du monastère sur la base de sept dessins et des graphiques de l’époque moderne107. Ce chercheur a établi les liens des illustrations entre elles, et sur cette base a distingué les deux plus anciennes illustrations : l’une vue du sud (Barthel Weihner, 1562) (fig. 12), et l’autre de l’ouest (Gomolcky). Il les a estimées relativement fidèles. Marian Morelowski a reconstitué l’église de la Sainte-Vierge et de Saint-Vincent comme une longue basilique sans transept, précédée d’un atrium et d’une tour monumentale à l’ouest. D’après lui, l’inspiration de la tour se trouve dans les églises du xie siècle du diocèse de Liège et de la région de la Meuse. Il a aussi insisté sur l’importance de l’église Saint-Matthias de Trèves et a souligné les liens du clergé polonais avec ce milieu ecclésiastique108. Marian Morelowski a également soumis à analyse la vue de la deuxième église fondée au xiie siècle dans le complexe du monastère par le magnat Jaksa. On ne connaissait alors de l’église que la reproduction datant du xviiie siècle du tympan. Marian Morelowski a établi qu’il s’agissait d’une construction en rotonde, qu’il a identifiée avec le bâtiment visible sur le dessin de Weihner dans la partie nord-est du complexe. L’interprétation qu’il en a donnée est que c’était une chapelle de la cour, inspirée du modèle de l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Il a aussi estimé que le tympan, connu uniquement par une estampe, provenait de cette rotonde et datait de 1162 ; il a remis en question son lien avec l’église Saint-Michel109.

Fig. 12 – Ołbin, vue de l’abbaye bénédictine sur le plan de Wrocław de 1562

Fig. 12 – Ołbin, vue de l’abbaye bénédictine sur le plan de Wrocław de 1562

D’après : M. Morelowski, (art. cit n. 107), p. 41, dessin 1

  • 110 Z. Świechowski, Architektura na Śląsku do połowy xiii wieku, Varsovie, Ministerstwo Kultury i Sztuk (...)
  • 111 Ibidem, p. 15 ; Idem, « Fundacje Piotra Włostowica », dans Architektura Wrocławia, t. 3, Świątynia, (...)

48Zygmunt Świechowski a inventorié toutes les sources citant l’abbaye, a commenté tous les vestiges de maçonnerie connus trouvés à Wrocław ou au-delà connus et mis en rapport avec Ołbin, et enfin a abondamment commenté l’état des recherches110. Il a reconstitué l’église principale comme une structure basilicale dont la charpente était masquée par un plafond. Il ne s’est pas pour autant prononcé sur l’aspect primitif de la partie orientale de l’édifice. Dans son effort de reconstitution, il a mis l’accent sur l’importance de la description faite par Bartholomée Stenus en 1511-1512. Même si la représentation ainsi obtenue de la basilique reste incomplète, elle a permis à ce chercheur de tirer des conclusions sur les origines de certains éléments de la structure. Des chapiteaux cubiques décorés de demi-cercles ornaient l’alignement des colonnes à fût unique, ce qui a poussé le chercheur à situer leur modèle dans l’architecture des églises monastiques de Thuringe et de Saxe, en particulier dans le milieu de la réforme de Hirsau. En ce qui concerne la genèse de la tour occidentale, il s’est aligné sur la position de Marian Morelowski111.

  • 112 Jerzy Piekalski, Wrocław średniowieczny. Studium kompleksu osadniczego na Ołbinie w vii-xiii wieku, (...)
  • 113 Ibidem, p. 37 : c’est la pierre de la région de Strzeblów dans la montagne Ślęża qui a été utilisée (...)

49Les fouilles archéologiques n’ont guère apporté à la connaissance des restes matériels de l’abbaye112. Les travaux des années soixante-dix du xxe siècle ont simplement permis d’établir le tracé extérieur du mur sud de la basilique et ont confirmé l’absence de transept. Un fragment de la base de l’abside fermant le bas-côté sud a été mis au jour. On a retrouvé les restes d’une aile orientale des bâtiments du monastère, rectangulaire (44 x 11 mètres), construite en briques et adjacente au bas-côté sud. Une modeste abside décorée à l’extérieur de trois pilastres ou trois petites demi-colonnes (fig. 13) fermait à l’est l’espace du monastère directement adjacent à l’église. Les archéologues ont situé la date de construction de l’aile orientale dans une fourchette large allant du dernier quart du xiie siècle au milieu du xiiie113.

Fig. 13 – Ołbin, plan du monastère et du mur sud de l’église du xiie siècle

Fig. 13 – Ołbin, plan du monastère et du mur sud de l’église du xiie siècle

D’après : Z. Świechowski (op. cit. n°43), p. 307, élaborée par A. Soćko

  • 114 Tous les vestiges ont été inventoriés par Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 655-663; voir aussi : (...)
  • 115 B. Guldan-Klamecka, A. Ziomecka, (op. cit., n.°114), p. 66-67.

50Les considérations sur le décor sculpté des deux églises et du monastère constituent un domaine à part des études sur l’abbaye d’Ołbin. Quinze éléments de ce décor ont subsisté jusqu’à nos jours (des chapiteaux de colonnes, deux tympans, le portail) et des fragments de statues de différentes époques. Ils sont conservés au Musée National et au Musée d’Architecture de Wrocław114. Ces vestiges sont de styles différents et proviennent de différentes époques. Parmi les pièces les plus importantes de l’époque de la construction de l’église du monastère figure un bas-relief du buste du prophète (?) datant du second quart du xiie siècle, dont le style est à mettre en rapport avec le décor sculpté de l’abbaye bénédictine de Souillac115 (fig. 14).

Fig. 14 – Ołbin, statue d’un buste de prophète, actuellement au musée national de Wrocław

Fig. 14 – Ołbin, statue d’un buste de prophète, actuellement au musée national de Wrocław

Photo : Musée National de Wrocław

  • 116 Krystyna Mączewska-Pilch, Tympanon fundacyjny z Ołbina na tle przedstawień o charakterze donacyjnym(...)
  • 117 Paulina Ratkowska, « Tympanon księcia Jaksy - kompozycja środkowa i jej hipotetyczny pierwowzór », (...)
  • 118 T. Płóciennik, « L’épigraphie du tympan de Iaxa à Wrocław », Cahiers de Civilisation Médiévale, 40, (...)

51On a retrouvé par chance en 1962 un tympan représentant un Christ en majesté et une double scène de donation, le tympan de Jaksa, qui reste le seul vestige connu de l’église romane Saint-Michel bâtie à l’ouest de l’église principale du monastère (fig. 15). Ce tympan est également d’un style inspiré de la statuaire de la France méridionale. Krystyna Mączewska-Pilch a attiré l’attention sur la sculpture figurée du monastère de la Daurade et du monastère Saint-Etienne à Toulouse, de la première moitié du xiie siècle, comme étant la plus proche du point de vue stylistyque. En prenant en compte les inscriptions qui identifient les personnages représentés et le contexte historique, la chercheuse a établi la date de réalisation du tympan à 1161-1163116. À l’heure actuelle, on estime que le tympan a été réalisé un peu plus tard, plutôt dans les années soixante-dix du xiie siècle117. La plupart des chercheurs penchent pour l’origine languedocienne de son auteur. Tomasz Płociennik a pourtant montré après une analyse épigraphique détaillée des inscriptions du tympan que son auteur venait le plus probablement d’un vaste espace à la frontière franco-ibérique. Ce chercheur a situé la date de réalisation du tympan aux environ de 1173/1176 ou peu après118.

Fig. 15 – Ołbin, tympan « de Jaksa » de l’église Saint-Michel, actuellement au Musée d’Architecture de Wrocław

Fig. 15 – Ołbin, tympan « de Jaksa » de l’église Saint-Michel, actuellement au Musée d’Architecture de Wrocław

Photo : A. Soćko

  • 119 Z. Świechowski avec la participation d’Ewa Świechowska (op. cit. n.°2), p. 239.
  • 120 Rafał Quirini-Popławski, Rzeźba przedromańska i romańska w Polsce wobec sztuki włoskiej, Cracovie, (...)

52Le portail connu sous le nom de « portail d’Ołbin », démonté en 1529 et réinstallé en 1546 à l’entrée sud de l’église de la Madeleine à Wrocław (fig. 16) n’a pas moins excité la curiosité des chercheurs. Ce portail à la riche décoration ornementale et figurative a sûrement été réalisé à l’extrême fin du xiie siècle, peut-être déjà à l’inspiration des prémontrés119. Un tympan sculpté des deux côtés avec des scènes de Descente de Croix et de Dormition de la Vierge (conservé au Musée National de Wrocław) et une voussure extérieure (aujourd’hui dans les collections du Musée d’Architecture de Wrocław) faisaient partie intégrale de la structure originelle du portail. La narration iconographique du portail se concentrait sur les figures de Marie et du Christ, ainsi que sur les idées de l’incarnation et du salut de l’humanité. Les deux scènes principales représentées sur le tympan complètent celles des voussures. Ce portail n’est pas de style homogène, et on a pu retrouver dans son décor des emprunts aux traditions artistiques de plusieurs régions d’Europe occidentale. Deux conceptions principales s’affrontent. Zygmunt Świechowski met l’accent sur les inspirations du sud de la France et de Lombardie, ainsi que sur l’influence de l’art de Benedetto Antelami, notamment l’inspiration de la sculpture de Parme sur la scène de Descente de Croix de Wrocław. Marian Morelowski met en avant l’influence de l’art mosan. Il a aussi considéré que la formule iconographique de la Crucifixion était empruntée à la tradition byzantine, indépendamment de l’influence de Benedetto Antelami. Rafał Quirini-Popławski s’est récemment rangé à la thèse de Marian Morelowski120.

Fig. 16 – Ołbin, fragment du portail de l’église bénédictine disparue, réinstallé en l’église de la Madeleine à Wrocław

Fig. 16 – Ołbin, fragment du portail de l’église bénédictine disparue, réinstallé en l’église de la Madeleine à Wrocław

Photo : A. Soćko

Płock

  • 121 Włodzimierz Szafrański, Płock we wczesnym średniowieczu, Wrocław, Zakład Narodowy i. Ossolińskich, (...)
  • 122 K. Pacuski (op. cit. n. 62), p. 138 ; Andrzej Gołembnik, « Początki Płocka w świetle ostatnich prac (...)
  • 123 Aneta Bukowska, Maciej Trzeciecki, « Relikty architektury kamiennej na Wzgórzu Tumskim w Płocku – w (...)
  • 124 Ibidem, p. 307-311.

53Des vestiges de fondations d’un édifice roman découverts en 1957-1966 constituent une trace de la présence bénédictine à Płock. Il est difficile de les interpréter du fait de leur mauvaise conservation et de leur structure transformée à plusieurs reprises. Włodzimierz Szafrański, qui a découvert ces vestiges, les a considérés d’abord comme des fragments d’une église de bénédictins, ensuite comme la première cathédrale de Płock ; cependant son interprétation finale est qu’il s’agit des restes d’un modeste palais carré du temps de Boleslas le Généreux, continué à l’est par une rotonde. Ce n’est que plus tard que ce complexe allait se transformer en une église121. Cette thèse a été critiquée par les historiens de l’architecture122. Les travaux récemment entrepris visaient à vérifier les anciennes thèses archéologiques et de fait ont abouti à montrer le lien de l’édifice avec les bénédictins. D’après Aneta Bukowska et Maciej Trzeciecki, les vestiges de constructions découverts dans l’enceinte fortifiée de Płock sont très probablement les restes d’une église qui fut élevée à la place d’un plus ancien petit édifice fortifié de la seconde moitié du xie siècle. Cette église fut l’objet d’une reconstruction difficile à préciser au xiie siècle123. Le mérite essentiel de ces chercheurs est d’avoir proposé une reconstitution convaincante du plan de la petite église de la troisième phase : une église à trois nefs, avec trois absides à l’est et deux tours à l’ouest (fig. 17). Ce bâtiment a été édifié au plus tôt à l’extrême fin du xiie siècle124. L’église à trois nefs était donc la troisième église sur ce site ; mais comme nous l’ont montré les historiens, c’est la première à avoir un lien avec les bénédictins.

Fig. 17 – Płock, les trois étapes de la construction de l’église bénédictine, xie-xiiie siècles

Fig. 17 – Płock, les trois étapes de la construction de l’église bénédictine, xie-xiiie siècles

D’après : A. Bukowska, M. Trzeciecki, (art. cit. n.°123), p. 309, dessin 11, élaborée par A. Soćko

Sieciechów

  • 125 Sur les vestiges romans, voir : Stanisław Wiliński, « Sieciechów-Opactwo », dans Zespół Badań nad P (...)
  • 126 Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 427. Le chercheur n’excluait pas auparavant de dater le mur de (...)
  • 127 Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 427

54Le monastère qui s’est conservé jusqu’à nos jours n’a été édifié qu’à l’époque du baroque tardif (fig. 18, 19). Le seul vestige qui témoigne de la date médiévale de sa fondation est le mur oriental du chœur de l’église actuelle. Il a subsisté jusqu’à une hauteur d’environ 10 mètres. Le mur était construit selon la technique du blocage, avec des parements de pierre de taille disposés en assises régulières. L’analyse attentive a permis de découvrir les jambages d’un oculus et les vestiges d’une fenêtre fermée en demi-cercle située plus bas plus ainsi que des fragments de pilastres125. Ce vestige a été considéré comme le mur oriental du chœur de l’église romane, qui mesurait environ 8 mètres de largeur. La technique de construction des murs et le plan carré du chevet sont les seuls indices en notre possession pour dater ce vestige. Zygmunt Świechowski a finalement reconnu que ces restes romans proviennent du premier tiers du xiiie siècle126. Les reliquats sont trop modestes pour permettre une reconstitution sans équivoque de l’église romane ; néanmoins Świechowski a sur leur base fait l’hypothèse que le bâtiment avait une longueur d’environ 33 mètres. Ce pouvait être une église à nef unique. Ce chercheur a admis qu’entre la nef et le chœur pouvait se trouver un transept dont les murs auraient été utilisés pour la construction de l’église baroque127.

Fig. 18 – Sieciechów, ancienne abbaye bénédictine

Fig. 18 – Sieciechów, ancienne abbaye bénédictine

Photo : A. Soćko

Fig. 19 – Sieciechów, ancienne abbaye bénédictine, plan des fondations du monastère. Les flèches indiquent la localisation des vestiges romans

Fig. 19 – Sieciechów, ancienne abbaye bénédictine, plan des fondations du monastère. Les flèches indiquent la localisation des vestiges romans

D’après : Maria Brykowska, Sprawozdanie z praktyki inwentaryzacyjnej studentów Wydziału Architektury Politechniki Warszawskiej kierowanej przez Zakład Architektury Polskiej w 1968 roku, Kwartalnik Architektury i Urbanistyki, 15, 1970, p. 199-202, dessin 3, Zakład Architektury Polskiej Politechniki Warszawskiej, dessin de Z. Dolatowski, élaborée par A. Soćko

Sainte Croix, Łysiec / Montagne Chauve (fig. 20)

Fig. 20 – Sainte-Croix (Montagne Chauve), ancienne abbaye bénédictine

Fig. 20 – Sainte-Croix (Montagne Chauve), ancienne abbaye bénédictine

Photo : A. Soćko

  • 128 M. Derwich (op. cit. n.°51), p. 181-186 ; M. Żurek, « Czy istniał modelowy kościół benedyktyński ? (...)
  • 129 Z. Świechowski (op. cit. n°43), p. 249 ;
  • 130 Maria Sulimierska-Laube, « Benedyktyński klasztor Świętego Krzyża na Łyścu w okresie gotyckim (pow. (...)

55Il est impossible aujourd’hui de reconstituer la forme originelle de l’église et des bâtiments monastiques romans. Les seuls vestiges de la construction originelle sont un mur d’environ 9 mètres de hauteur et long de 15 mètres et le mur nord de l’ancienne église, probablement à nef unique, dans lequel a subsisté une fenêtre romane largement ébrasée. Il est construit en appareil de grès. Certains chercheurs acceptent l’hypothèse de l’existence d’un transept bas ; on suppose aussi qu’une abside fermait la partie orientale128. On a tenté de dater ces restes incomplets de l’ancienne église sur la base des techniques de maçonnerie. C’est pourquoi Zygmunt Świechowski pensait que le bâtiment datait au plus tôt des débuts du xiie siècle129. Cependant les conclusions de Marek Derwich nous poussent à situer plutôt la date de cette structure romane au milieu du xiie siècle. Le monastère a été reconstruit et agrandi à l’époque gothique dans le troisième quart du xve siècle130 (fig. 21, 22).

Fig. 21 – Sainte-Croix (Montagne Chauve), fragment du mur nord de l’église bénédictine

Fig. 21 – Sainte-Croix (Montagne Chauve), fragment du mur nord de l’église bénédictine

Photo : A. Soćko

Fig. 22 – Sainte-Croix (Montagne Chauve), plan du monastère bénédictin ; en noir, les vestiges de la construction gothique du xve siècle ; la flèche indique la localisation des vestiges romans

Fig. 22 – Sainte-Croix (Montagne Chauve), plan du monastère bénédictin ; en noir, les vestiges de la construction gothique du xve siècle ; la flèche indique la localisation des vestiges romans

D’après : M. Sulimierska-Laube (art. cit. n.°130), p. 184, élaborée par A. Soćko

Tyniec (fig. 23)

Fig. 23 – Tyniec, abbaye bénédictine, vue du sud-ouest

Fig. 23 – Tyniec, abbaye bénédictine, vue du sud-ouest

D’après : https://pl.wikipedia.org/​wiki/​Opactwo_Benedyktyn%C3%B3w_w_Ty%C5%84cu, consulté le 30.06.2022, (photo Zygmunt Put)

  • 131 Gabriel Leńczyk, « Wyniki dotychczasowych badań na Tyńcu, pow. Kraków », Materiały Starożytne, t. 1 (...)
  • 132 Lech Kalinowski, « Badania architektoniczno-wykopaliskowe w Tyńcu, 1961-1965 », Folia Historiae Art (...)
  • 133 K. Żurowska, « Romański kościół opactwa benedyktynów w Tyńcu », Folia Historiae Artium, t. 6/7, 197 (...)

56Les fouilles et l’exploration archéologique systématique de l’abbaye ont été motivées par la découverte d’un chapiteau roman au début du xxe siècle, et par la mise au jour pendant la deuxième guerre mondiale d’une partie importante du mur sud de l’église romane131. Un programme ambitieux a été réalisé dans les années 1961-1965 sous la direction de Lech Kalinowski132. Il a eu pour résultat l’établissement des bases de ce que nous savons sur l’origine romane de l’église et des bâtiments du monastère. On a découvert alors des parties considérables des fondations de calcaire et des fragments du mur d’enceinte de l’église (à l’exception de sa partie occidentale), construits selon la technique du blocage avec des parements de petit appareil en calcaire. On a aussi découvert trois absides de la partie orientale, la localisation des piliers entre les nefs, les plus anciennes sépultures d’abbés de Tyniec, et aussi des fragments de murs des bâtiments monastiques133.

  • 134 K. Żurowska (« Romański kościół... art. cit. n.° 133), p. 79-84, 99-102.

57Klementyna Żurowska a examiné soigneusement les vestiges architecturaux conservés, et a proposé une reconstitution de l’église romane sous la forme d’une modeste basilique à trois nefs sans transept. La partie orientale était fermée par trois absides dont la centrale, également la plus profonde, était précédée d’une petite travée de chœur en forme de rectangle allongé. On a pu reconstituer les travées de la basilique romane grâce aux bases des demi-colonnes intégrées dans les murs de l’église, conservées in situ dans le mur sud et auprès de certains piliers. L’auteure a analysé l’organisation spatiale de l’église et les restes des murs de la nef centrale et des bas-côtés pour arriver à la conclusion que la façade occidentale avait pu être édifiée selon deux variantes. Elle pouvait être une façade à deux tours, avec les deux tours sur un tracé carré dans l’alignement des bas-côtés ; ou bien une façade à une tour dans l’alignement de la nef centrale. Dans les deux cas le segment correspondant à la nef centrale était souligné par une petite avancée dans laquelle se trouvait l’entrée principale de l’église. Ces deux conceptions ne sont pourtant que des hypothèses, puisque la substance des murs romans dans cette partie de l’édifice a été détruite. L’hypothèse des deux tours semblait plus vraisemblable à cette chercheuse (fig. 24). Klementyna Żurowska a reconstitué l’intérieur de la partie ouest comme trois segments du massif occidental connectés par des arcades. L’existence des tours a été confirmée indirectement par la découverte d’un chapiteau en marteau, forme de support en général utilisée dans le cas de baies géminées pratiquées dans les tours134.

Fig. 24 – Tyniec, bâtiment de l’église romane du monastère avec deux variantes de reconstitutions de la tour

Fig. 24 – Tyniec, bâtiment de l’église romane du monastère avec deux variantes de reconstitutions de la tour

D’après : K. Żurowska, (art. cit. n.°133), p. 83, dessin 52, dessin de J. Smólski, K. Żurowska, élaborée par A. Soćko

  • 135 Ibidem, p. 84-87 ; voir aussi. : K. Żurowska (art. cit. n.°131), p. 188 ; K. Żurowska, « Romańska a (...)
  • 136 J. Zachwatowicz (art. cit. n. 100), p. 120-121 ; Z. Świechowski (op. cit. n.°43), p. 269 ; Z. Świec (...)
  • 137 K. Żurowska (art. cit. n. 23), p. 229.

58En ce qui concerne la reconstitution du corps principal, deux variantes ont été proposées : une construction à nef centrale charpentée et à bas-côtés voûtés ou bien une église entièrement charpentée et dont la charpente pouvait rester visible ou être masquée par des plafonds. Selon Klementyn Żurowska, les structures de bois dans les bas-côtés se seraient appuyées sur les murs transversaux édifiés sur les arcs reliant les demi-colonnes intégrées avec les murs extérieurs et les piliers. Cela est dû, à son avis, à une modification de la situation des supports, liée à l’intention de mettre en relief cette partie de l’église par une voûte, et observable archéologiquement au niveau de la troisième travée du bas-côté nord. La chercheuse voit un rapport entre ce projet et la volonté de conserver le souvenir des plus anciennes sépultures d’abbés, mais elle en a fixé la date à des moments très différents : une ou quelques dizaines d’années après l’édification de l’église, ou même au xiiie siècle135. En revanche Zygmunt Świechowski et Jan Zachwatowicz ont supposé que les bas-côtés étaient voûtés dès le début de l’existence de l’édifice136. Klementyna Żurowska s’est rangée à ce point de vue137.

  • 138 Z. Woźniak, H. Zoll-Adamikowa (op. cit. n.°133), p. 31-35.
  • 139 K. Żurowska (art. cit. n.° 135), p. XX.
  • 140 Z. Świechowski (op. cit. n.°43), p. 270.
  • 141 Z. Świechowski avec la participation d’Ewa Świechowska (op. cit. n.°2), p. 47 – les formelles analo (...)

59Le début de la construction de l’église en pierre n’a pas été daté de manière incontestable. La découverte d’une sépulture d’abbé (tombe no 15) à l’intérieur du bas-côté nord a donné une chance de situer précisément ce moment. Le contexte archéologique a démontré que la tombe datait d’avant la mise à niveau du sol, lorsque le plan de l’église était déjà défini, mais que les travaux de maçonnerie n’avaient pas encore commencé dans cette partie. On en a donc conclu qu’il s’agissait de la tombe du premier abbé, qui avait fait commencer la construction138. On peut définir la date du commencement de la construction en fonction de l’identité qu’on attribue à l’abbé qui repose dans cette tombe connue comme la tombe no 15. S’il s’agit d’Aaron (qui était également évêque de Cracovie), les débuts de la construction dateraient d’environ 1059. S’il s’agit d’Anchoras, alors il faut décaler le début de la construction aux années 1080-1085139. Du fait de ces difficultés, on a pris l’habitude de dater l’église de Tyniec généralement de la seconde moitié du xie siècle140; Klementyna Żurowska tout comme Zygmunt Świechowski ont récemment penché pour l’idée qu’elle aurait été bâtie pendant le troisième quart du xie siècle, dans les années soixante-soixante-dix141.

  • 142 K. Żurowska (Romański kościół... art. cit. n.°133), p. 88-96.
  • 143 L. Kalinowski, « Zabytki rzeźby romańskiej w opactwie tynieckim », Folia Historiae Artium 6/7, 1971 (...)
  • 144 Rafał Quirini-Popławski, (op. cit. n.°120), p. 73-90.

60Klementyna Żurowska a défini la forme originelle de l’église de Tyniec comme celle d’une basilique à trois nefs et sans transept, fermée à l’est par trois absides ; elle y voit un rapport avec le courant dit du premier art roman, englobant de nombreuses régions du sud de l’Europe, depuis l’Espagne jusqu’à la Lombardie et les Alpes, en passant par la Suisse, le sud de l’Allemagne, les pays tchèques et hongrois. Elle a signalé dans ces territoires une série d’édifices analogues à celui de Tyniec du point de vue de la structure de l’espace. En ce qui concerne le transfert de ce schéma de basilique courant dans les terres d’Italie du nord, Klementyna Żurowska a attribué une importance fondamentale aux réalisations bénédictines du nord de la Hongrie au milieu du xie siècle et aux débuts du xiie siècle, comme l’abbaye de Saint-Benoît-de-Hron, les églises de Diakovce, Somogyvar, Karponak, ainsi que les églises tchèques d’Ostrow près de Davle et de Litomysl142. Lech Kalinowski a aussi signalé la région d’Italie du nord dans ses commentaires sur la genèse artistique des groupes de doubles chapiteaux (fig. 25) présents dans le cloître du monastère143. Enfin Rafał Quirini-Popławski a démontré comme Klementyna Żurowska que les ateliers hongrois avaient servi d’intermédiation entre les modèles de sculpture italiens et Tyniec144.

Fig. 25 – Tyniec, doubles chapiteaux des colonnes de la fin xie-début xiie siècle, découverts dans le monastère

Fig. 25 – Tyniec, doubles chapiteaux des colonnes de la fin xie-début xiie siècle, découverts dans le monastère

Photographie reproduite avec l’aimable autorisation de la photothèque de l’Institut d’histoire de l’art de l’Université Jagellonne de Cracovie ainsi que de l’abbé du monastère bénédictin de Tyniec, le Dr Szymon Hiżycki. Auteur : Rafał Quirini-Popławski

  • 145 Emil Zaitz, « Badania archeologiczne w Opactwie oo. Benedyktynów w Tyńcu », dans Osadnictwo i Archi (...)
  • 146 Ibidem, p. 318-321.
  • 147 Ibidem, p. 321-325 ; ce chercheur n’a pourtant pas pris position sur le fait qu’existent quelques c (...)

61À la suite de ses fouilles archéologiques dans les années 90 du xxe siècle, Emil Zaitz a proposé un point de vue différent sur la chronologie de construction de la colline du monastère145. Il a renouvelé l’analyse stratigraphique du bas-côté nord de la basilique et de la situation de la tombe abbatiale no 15 par rapport aux repères architecturaux, et est arrivé à la conclusion que la sépulture la plus ancienne avait été installée dans un bâtiment provisoire de bois, appartenant certainement à la première chapelle bénédictine édifiée entre 1044 et le dernier quart du xie siècle, au moment où on construisait déjà l’église en pierre146. Emil Zaitz a également soumis à vérification de nombreuses conclusions antérieures concernant l’interprétation des bâtiments monastiques. D’après lui, le premier monastère en pierre a été édifié en même temps que l’église ou peu après, au tournant des xie et xiie siècles. Au début, dans le cadre du périmètre défini par le quadrilatère du mur d’enceinte de la clôture, seuls le bâtiment du réfectoire dans l’aile sud et deux autres bâtiments à la destination inconnue situés sur les côtés du réfectoire auraient été bâtis en pierre, un sur chacun des angles sud (fig. 26). Les ailes est et ouest auraient été de simples constructions de bois appuyées sur le mur d’enceinte. Les vestiges d’une structure plus ancienne, considérés comme les restes du premier bâtiment provisoire du monastère, ont subsisté sous l’actuelle aile orientale près de l’église. Ce bâtiment aurait été construit en bois sur des fondations en pierre et n’aurait été remplacé qu’au xiiie siècle par une structure plus durable. Les différents niveaux de la colline auraient aussi été mis à niveau dans les premiers temps, ce qui aurait créé un système artificiel de plusieurs terrasses. Le monastère était situé au sud de l’église, sur un terrain difficile en pente vers le sud, avec pour résultat que les surfaces utiles de la partie ouest se trouvent nettement en dessous (plus de 2 mètres) du niveau du sol de l’église. D’autre part, Emil Zaitz était enclin à reconstituer un cloître de bois qui se serait trouvé à l’intérieur du terrain du monastère147.

Fig. 26 – Tyniec, plan des fondations du monastère et de l’église romane, sur fond des bâtiments ultérieurs

Fig. 26 – Tyniec, plan des fondations du monastère et de l’église romane, sur fond des bâtiments ultérieurs

D’après : E. Zaitz, (op. cit. n.°145), p. 312, dessin 4, élaborée par A. Soćko

Fig. 27 – La Pologne aux environs de 1138 (début du démembrement territorial de la Pologne). On a indiqué les localisations des capitales épiscopales et des monastères bénédictins

Fig. 27 – La Pologne aux environs de 1138 (début du démembrement territorial de la Pologne). On a indiqué les localisations des capitales épiscopales et des monastères bénédictins

Carte élaborée par A. Soćko

Top of page

Notes

1 Josef Žemlička, Peter Sommer, « The Beginnings of the Bohemian State from the Perspective of Christianization », dans Open the Gates of Paradise. The Benedictines in the Heart of Europe 800-1300, Dušan Foltýn, Jan Klípa, Pavlína Mašková, Peter Sommer, Vít Vlnas (éd.), Prague, Národní galerie v Praze, 2015, p. 17-18.

2 Les pays tchèques, la Hongrie et la Rus’ ont souffert de crises du même type – J. Žemlička, P. Sommer, ibid., p. 20-21. La crise des années trente de l’État des Piast est généralement considérée comme une césure du point de vue des historiens comme de celui des historiens de l’art. Dans ce second cas, elle marque également la frontière entre l’art pré-roman et l’art roman en Pologne. (Zygmunt Świechowski avec la participation d’Ewa Świechowska, Sztuka polska. Romanizm, Varsovie, Arkady, 2004, p. 21).

3 Jerzy wyrozumski, Dzieje Polski piastowskiej (VIII wiek – 1370), Kraków, Fogra Oficyna Wydawnicza (Wielka historia Polski, 2), 1999, p. 136-141.

4 Marek Derwich, Monastycyzm benedyktyński w średniowiecznej Europie i Polsce. Wybrane problemy, Wrocław, Wydawnictwo Uniwersytetu Wrocławskiego (Acta Universitatis Wratislaviensis. Historia, 135), 1998, p. 176.

5 Aleksander Gieysztor, « Społeczeństwo i państwo pierwszych Piastów wobec chrystianizacji », Nasza Przeszłość, 69, 1988, p. 19

6 Ibidem.

7 Jerzy Kłoczowski, « Zakony na ziemiach polskich w wiekach średnich », dans Kościół w Polsce, J. Kłoczowski (red.), Cracovie, Znak, 1966, t. 1, p. 389, voir aussi : Gerard Labuda, « Szkice historyczne jedenastego wieku. I. Najstarsze klasztory w Polsce », dans Z badań nad dziejami klasztorów w Polsce, Jerzy Olczak, Wojciech Chudziak (red.), Toruń, Wydawnictwo UMK (Archaeologia Historica Polona), 1995, t 2, p. 9 ; M. Derwich, « Studia nad początkami monastycyzmu na ziemiach polskich. Pierwsze opactwa i ich funkcje », Kwartalnik Historyczny, R 107, 2000, 2, p. 77-78.

8 Andrzej Radzimiński, Duchowieństwo kapituł katedralnych w Polsce xiv i xv wieku na tle porównawczym. Studium nad rekrutacją i drogami awansu, Toruń, Wydawnictwo UMK, 1995, p. 46. On estimait auparavant que les premiers chapitres cathédraux en Pologne n’avaient été créés que comme des assemblées canoniques – voir : Stanisław Zachorowski, Rozwój i ustrój kapituł polskich w wiekach średnich, Cracovie, Akademia Umiejętności, 1912, p. 27-37 ainsi que Józef Szymański, Kanonikat świecki w Małopolsce od końca xi do połowy xiii wieku, Lublin, Agencja Wydawniczo-Handlowa AD, 1995, p. 15.

9 M. Derwich (art. cit. n.°7), p. 78 ; idem (op. cit. n.°4), p. 190-191.

10 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 179.

11 M. Derwich (art. cit. n.°7), p. 97-99.

12 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 180 ; Idem (art. cit. n.°7), p. 96 – l’auteur rappelle la fondation du couvent de moniales Saint-Georges à Hradczany (Prague) par Mlada, soeur de Dabravka. Cette fondation est antérieure à celle des monastères d’hommes.

13 Ibidem, p. 178 ; idem (art. cit. n.°7), p. 79-89.

14 G. Labuda, op. cit., p. 27-33 i 57-60.

15 Z. Świechowski, Katalog architektury romańskiej w Polsce, Varsovie, Wydawnictwo DiG, 2009, p. 555.

16 Ibidem, p. 556.

17 J. Žemlička, P. Sommer (op. cit. n.°1), p. 21.

18 M. Derwich (art. cit. n.°7), p. 79-88 ; idem (op. cit. n.°4), p. 177-178.

19 M. Derwich (art. cit. n.°7), p. 99.

20 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 178-179.

21 Janusz Firlet, Zbigniew Pianowski, « Przemiany architektury rezydencji monarszej oraz katedry na Wawelu w świetle nowych badań », Kwartalnik Architektury i Urbanistyki, Warszawa, Państwowe Wydawnictwo Naukowe, 2000, t. 44, z. 4, p. 212-213.

22 Z. Świechowski avec la participation d’Ewa Świechowska (op. cit. n.°2), p. 56-57.

23 Klementyna Żurowska, « Zagadnienie transeptu pierwszej katedry wawelskiej », Zeszyty Naukowe Uniwersytetu Jagiellońskiego, 86 (Prace z Historii Sztuki, 2), 1965, p. 19-94 ; eadem, « Romański kościół i klasztor Benedyktynów w Tyńcu na tle architektury piastowskiej xi wieku », dans Benedyktyni tynieccy w średniowieczu. Materiały z sesji naukowej, Wawel-Tyniec, 13-15. Października 1994, Cracovie, Wydawnictwo Benedyktynów, 1995, p. 185-197. K. Żurowska, « Kraków, Tyniec i benedyktyni », dans Artifex doctus. Studia ofiarowane profesorowi Jerzemu Gadomskiemu w siedemdziesiątą rocznicę urodzin, Wojciech Bałus, Wojciech Walanus, Marek Walczak (red.), Cracovie, Wydawnictwo Uniwersytetu Jagiellońskiego, 2007, t. 1, p. 227-234.

24 Z. Świechowski, « Udział małżonek Piastów w procesie powstawania budowli w xi i xii wieku », dans Architektura sakralna w początkach państwa polskiego (x-xiii wiek), Tomasz Janiak, Dariusz Stryniak (red.), Gniezno, Muzeum Poczatków Państwa Polskiego w Gnieźnie, 2016, p. 147-170.

25 G. Labuda, « Szkice historyczne xi wieku. Początki klasztoru benedyktynów w Tyńcu », Studia Źródłoznawcze, 35, 1994, p. 23-64 ; idem, « Kto i kiedy ufundował klasztor w Tyńcu ? », dans Benedyktyni tynieccy w średniowieczu... op. cit. n.°23, p. 23-39. Idem, Szkice historyczne x-xi wieku. Z dziejów organizacji Kościoła w Polsce we wczesnym średniowieczu, Poznań, Wydawnictwo Poznańskie, 2004, p. 241-303.

26 Tadeusz Wojciechowski, Szkice historyczne xi wieku (1904), rédaction et introduction de A. Gieysztor, Varsovie, Państwowy Instytut Wydawniczy, 1970, wyd. 4, p. 143.

27 Władyslaw Abraham (rec. :) T. Wojciechowski, « Szkice historyczne xi wieku », Kwartalnik Historyczny, 18, 1904, p. 562-577.

28 G. Labuda, « Szkice historyczne xi wieku. Początki klasztoru benedyktynów w Tyńcu », Studia Źródłoznawcze, 35, 1994, p. 63; idem (op. cit. n.°25), p. 241-303.

29 Idem (art. cit. n.°28), p. 47 ; idem (op. cit. n.°25), p. 277-278.

30 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 181-182.

31 G. Labuda, « Początki klasztoru w świetle źródeł pisanych », dans Materiały sprawozdawcze z badań zespołu pobenedyktyńskiego w Mogilnie, Krzysztof Nowiński (red.), Warszawa, Min. Kultury i Sztuki. Generalny Konserwator Zabytków (Biblioteka Muzealnictwa i Ochrony Zabytków, seria B), 1978, z. 1, p. 1-59 ; Idem, (op. cit. n.°25), p. 305-361. Labuda s’est appuyé sur les importantes études de Brygida Kürbis et de Józef Płocha, dans lesquels ils ont réunis près de cent années de recherches sur l’abbaye – voir : Brygidy Kürbis, « Najstarsze dokumenty opactw benedyktynów w Mogilnie (xi-xii w.) », Studia Źródłoznawcze, 13, 1968, p. 27-59 ; Józef Płocha, Najdawniejsze dzieje opactwa benedyktynów w Mogilnie, Wrocław-Varsovie-Cracovie, Zakład Narodowy im. Ossolińskich, 1969.

32 G. Labuda (art. cit. n.°31) ; Idem (op. cit. n.°25), p. 305-361.

33 Ibidem.

34 M. Derwich (op.cit. n.°4), p. 183.

35 J. Płocha (op. cit. n.°31), p. 58-65.

36 M. Derwich, « Mogilno i Gniezno. Z dziejów Kościoła w Polsce w drugiej połowie xi wieku », dans Scriptura custos memoriae. Prace historyczne, Danuta Zydorek (red.), Poznań, Instytut Historii UAM, 2001, p. 39-47.

37 Zbigniew Perzanowski, Opactwo benedyktyńskie w Lubiniu. Studia nad fundacją i rozwojem uposażenia w średniowieczu, Wrocław-Cracovie, Zakład Narodowy im. Ossolińskich, 1978 – l’auteur a récapitulé cent ans de recherches sur l’abbaye ; Marek Cetwiński, « Jeszcze o fundacji opactwa benedyktynów w Lubiniu (W związku z pracą Zbigniewa Perzanowskiego, Opactwo benedyktyńskie…) », Sobótka, 36, 1981, p. 455-463 ; M. Derwich, « Fundacja lubińska na tle rozwoju monastycyzmu benedyktyńskiego w Polsce (xi-xii wieku) », dans Opactwo Benedyktynów w Lubiniu. Pierwsze wieki istnienia, Zofia Kurnatowska (red.), Poznań, Wydawnictwo Poznańskiego Towarzystwa Przyjaciół Nauk, 1996, p. 12-23.

38 M. Derwich (art. cit. n.°37), p. 15, idem (op. cit. n.°4), p. 185.

39 Idem (art. cit. n.°37), p. 15. Voir aussi : Jean-Louis Kupper, « Opactwa Św. Jakuba i Św. Wawrzyńca. Implantacja mnichów benedyktyńskich w Liège (xi wiek). Streszczenie », dans (Opactwo Benedyktynów w Lubiniuop. cit. n. 37), p. 24-26. En marge de ses considérations sur le monastère de Mogilno, Gerard Labuda a émis des doutes sur le raisonnement de Zbigniew Perzanowski et sur la date du xie siècle. Il date la fondation de Lubiń aux environ 1113 et y voit l’initiative de Boleslas III Bouche-Torse – voir. : G. Labuda (op. cit. n.°25), p. 328-332.

40 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 185.

41 Ibidem, p. 186.

42 Idem (art. cit. n.°7), p. 77-78 ; idem (op. cit. n.°4), p. 181-182.

43 Z. Świechowski, Architektura romańska w Polsce, Varsovie, Wydawnictwo DiG, 2000, p. 291-292.

44 Voir : Adam Żurek, Wrocławska kaplica św. Marcina w średniowieczu, Wrocław, Wydawnictwo Uniwersytetu Wrocławskiego, 1996 ; M. Derwich, « Piastowie śląscy a Benedyktyni (xii-xiii w.) », dans Krzeszów uświęcony łaską, Henryk Dziurla, Kazimierz Bobowski (red.), Wrocław, Wydawnictwo Uniwersytetu Wrocławskiego, 1997, p. 39 ; idem (op. cit. n.°4), p. 184-185.

45 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 185.

46 Idem (art. cit. n.°44), p. 39.

47 Idem (op. cit. n.°4), p. 194

48 Ibidem.

49 J. Płocha, op. cit., p. 24-35 ; M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 187-188.

50 M. Derwich (op. cit. n°4), p. 188-189.

51 M. Derwich, Benedyktyński klasztor św. Krzyża na Łysej Górze w średniowieczu, Varsovie-Wrocław, Wydawnictwo Naukowe PWN, 1992, p. 157-275, en particulier p. 269-275.

52 Idem (art. cit. n.°44), p. 40.

53 Idem (art. cit. n.°37), p. 16-18, Idem (op. cit. n.°4), p. 193 ;)

54 Ibidem. Marek Cetwiński était d’un autre avis – il considérait que le monastère dans sa totalité était originaire de Tyniec (M. Cetwiński, op. cit., p. 462)

55 Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 283.

56 Magdalena Żurek, « Patronat rodziny Mieszka III Starego nad klasztorem benedyktyńskim w Lubiniu », dans Klasztor w społeczeństwie średniowiecznym i nowożytnym, Materiały z międzynarodowej konferencji naukowej zorganizowanej w dniach 8-11 maja 1996 nad Jeziorem Wielkim w Turawie przez Instytut Historii Uniwersytetu Opolskiego i Instytut Historyczny Uniwersytetu Wrocławskiego, Opole-Wrocław, Larhcor, 1996, p. 347-354. Les chercheurs sont d’avis différents en ce qui concerne la localisation de la sépulture du duc Władyslaw à Lubiń – voir plus bas.

57 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 196-197.

58 Katalog zabytków sztuki w Polsce, t. 3, Województwo kieleckie, z. 6 Powiat kozienicki, Varsovie 1958, p. 23-26 ; Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 425-427.

59 Teresa Wąsowiczówna, « Topografia wczesnośredniowiecznego Sieciechowa », Przegląd Historyczny, 50, 1959, p. 578, 581 (569-581), Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 426.

60 M. Derwich (op. cit. n.°51), p. 158, 270, 409, comparer avec : Pierre David, Les sources de l’histoire de Pologne à l’époque des Piast (963-1386), Paris, Les Belles Lettres, 1934, p. 67.

61 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 187,

62 Kazimierz Pacuski, « Początki benedyktyńskiego opactwa św. Wojciecha na grodzie płockim », dans Społeczeństwo Polski średniowiecznej. Zbiór studiów, Stefan. K. Kuczyński (red.), 1992, t. 5, p. 138-139.

63 Ibidem, p. 150-152.

64 M. Derwich, « Rola Tyńca w rozwoju monastycyzmu benedyktyńskiego w Polsce », dans (Benedyktyni tynieccy w średniowieczu... op. cit. n. 23), p. 110 ; A. Radzimiński, « Związki klasztoru czerwińskiego i kanoników regularnych z instytucjami kościelnymi Płocka w średniowieczu », Roczniki Historyczne, 62, 1996, p. 123.

65 Antoni Gąsiorowski, « Werner », dans Słownik starożytności słowiańskich, Wrocław, Zakład Narodowy im. Ossolińskich, 1977, t. 6, p. 382

66 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 196.

67 Idem (art. cit. n.°44), p. 41.

68 Ibidem ; Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 651.

69 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 200.

70 Ibidem.

71 Au sujet de Piotr Włostowic, voir : Jarosław Wenta, « Tradycja o Piotrze. Na marginesie jednej z wielkich dyskusji », dans Scriptura custos memoriae, Danuta Zydorek (red.), Instytut Historii UAM, 2001, p. 523-538 ; Mariusz Dworsatschek, Władysław II Wygnaniec, Cracovie, Universitas, 2009, p. 127-138.

72 Stanisław Trawkowski, « Piotr (arcybiskup gnieźnieński) », dans Polski Słownik Biograficzny, Wrocław, Zakł. Nar. im. Ossolińskich/Polska Akademia Nauk 1981, t. 26, p. 361-362.

73 M. Derwich (op. cit. n.°4), p. 200.

74 Zofia i Stanisław Kurnatowscy, « Badania archeologiczne w Lubiniu w latach 1978 – 1979 », dans Pamiętnik Towarzystwa Miłośników Ziemi Kościańskiej, 1975-1978, Kościan, Towarzystwo Miłośników Ziemi Kościańskiej, 1980, p. 3-8 ; Krystyna Józefowiczówna, Zofia i Stanisław Kurnatowscy, « L’abbaye bénédictine romane à Lubiń à la lumière des fouilles archéologiques des années 1978-1982 », Archaeologia Polona, 23, 1984, p. 167-202 ; Z. Kurnatowska, « Opactwo benedyktyńskie w Lubiniu w świetle badań wykopaliskowych w latach 1978-1983 », Studia i Materiały do Dziejów Wielkopolski i Pomorza, 32, 1987, p. 5-23 ; eadem, « Klasztor OO. Benedyktynów w Lubiniu w świetle badań archeologicznych », dans Benedyktyni tynieccy w średniowieczu... (op. cit. n. 23), p. 207-220.

75 Opactwo Benedyktynów w Lubiniu. Pierwsze wieki istnienia, Z. Kurnatowska (red.), Poznań, Poznańskie Towarzystwo Przyjaciół Nauk, 1996 (contient : Magdalena Żurek, « Rekonstrukcja romańskiego kościoła opackiego w Lubiniu w kolejnych fazach jego budowy i przebudowy », p. 35-57 ; Z. Kurnatowska, « Claustrum romańskie wraz z najbliższym zapleczem osadniczym w kolejnych fazach », p. 136-155).

76 M. Żurek (art. cit. n.°75), p. 37.

77 Z. Kurnatowska (art. cit. n. 75).

78 Z. Świechowski, « Architektura wczesnego średniowiecza w Polsce między rzeczywistością a fantazją », dans Polska na przełomie I i II tysiąclecia. Materiały Sesji Stowarzyszenia Historyków Sztuki, Poznań, listopad, 2000, Szczęsny Skibiński (red.), Poznań, Stowarzyszenie Historyków Sztuki, 2001, p. 249.

79 Idem (op. cit. n.°43), p. 154.

80 Z. Kurnatowska, « Opactwo romańskie w Lubiniu. Wyniki szczegółowej analizy informacji z badań wykopaliskowych i odkrywek architektonicznych », dans Architektura romańska w Polsce. Nowe odkrycia i interpretacje. Materiały sesji zorganizowanej przez Muzeum Początków Państwa Polskiego w Gnieźnie, 10-11.04.2008, Tomasz Janiak (red.), Gniezno, Muzeum Początków Państwa Polskiego, 2009, p. 223-249, en particulier p. 227-230 ; Z. Świechowski s’est récemment appuyé sur cette thèse (op. cit. n.°15), p. 283-284) admettant par là-même l’existence de vestiges de l’église du xie siècle.

81 M. Żurek (art. cit. n.°75), p. 40-45.

82 Z. Kurnatowska (art. cit. n.°80), p. 232.

83 M. Żurek (art. cit. n.°75), p. 40-45 ; Z. Kurnatowska (art. cit. n.°80), p. 235-238.

84 Aneta Bukowska, « Masyw zachodni benedyktyńskiego kościoła klasztornego w Lubiniu – zagadnienie formy i funkcji w świetle materiału porównawczego », dans Lapides Viventes. Zaginiony Kraków wieków średnich. Księga dedykowana Profesor Klementynie Żurowskiej, Cracovie, Wydawnictwo Uniwersytetu Jagiellońskiego 2005, p. 325-342.

85 Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 282-287.

86 Michał Kara, « Domniemany grób księcia Władysława Laskonogiego w opactwie oo. benedyktynów w Lubiniu k. Kościana – głos w dyskusji », dans Opactwo Benedyktynów w Lubiniu... (op. cit. n.°75), p. 93-107 ; comparer avec. : Maciej Przybył « Uwagi w sprawie domniemanego pochówku księcia wielkopolskiego Władysława Laskonogiego », dans Opactwo Benedyktynów w Lubiniu... (op. cit. n.°75), p. 121-135. Marcin Szyma a souligné que la chapelle tenait vraisemblablement fonction de lieu de sépulture pour les abbés ; il met cependant en doute l’identification de la sépulture la plus ancienne comme celle du duc - Marcin Szyma, « Trzynastowieczna kaplica grobowa w opactwie benedyktynów w Lubiniu », dans Architektura sakralna... (op. cit. n.°24), p. 339-357.

87 M. Żurek (art. cit. n.°75), p. 46.

88 Voir. : Jadwiga Chudziakowa, « Wyniki badań archeologicznych w latach 1970-1976 », dans Materiały sprawozdawcze z badań zespołu pobenedyktyńskiego w Mogilnie, Warszawa, Min. Kultury i Sztuki. Generalny Konserwator Zabytków (Biblioteka Muzealnictwa i Ochrony Zabytków, seria B), 1978, t. 52, z. 1, p. 74-93 ; Eadem, « Badania archeologiczno-architektoniczne w latach 1979-1980 », dans ibid., 1983, t. 72, z. 3 p. 5-9 ; Jolanta Pietrzykowska, « Próba rekonstrukcji etapów budowy klasztoru w oparciu o źródła archeologiczno-architektoniczne », dans ibid., z. 3, p. 10-29 ; J. Chudziakowa, Romański kościół benedyktynów w Mogilnie, (Biblioteka Muzealnictwa i Ochrony Zabytków, Studia i Materiały, 1), 1984.

89 Kazimierz Żurowski a récapitulé les commentaires des reconstitutions anciennes et déjà périmées de son temps – Kazimierz Żurowski, « Problematyka badań nad początkami i rozwojem pobenedyktyńskiego zespołu architektonicznego », dans Materiały sprawozdawcze… (op. cit. n. 88), z. 1, p. 7-20, voir aussi : Krystyna Józefowiczówna, « Trzy romańskie klasztory », dans Studia z dziejów ziemi mogileńskiej, Czesław Łuczak (red.), Poznań, Wydawnictwo UAM, 1978, p. 165-272 (en particulier p. 208-241).

90 G. Labuda (art. cit. n.°31), p. 21-59. Comparer avec : J. Chudziakowa, The Romanesque Churches of Mogilno, Trzemeszno and Strzelno, Toruń, Wydawnictwo UMK, 2001, p. 15-20 ; Z. Świechowski avec la participation d’Ewa Świechowska (op. cit. n.°2), p. 50-52.

91 J. Chudziakowa (op. cit. n.°90), p. 29-39.

92 Z. Świechowski, « Uwagi na temat architektury benedyktynów w Polsce xi w » dans Materiały sprawozdawcze… (op. cit. n. 88), z.2, (Biblioteka Muzealnictwa i Ochrony Zabytków, seria B), 60, Varsovie 1980, p. 5-13.

93 J. Chudziakowa (op. cit. n.°88), p. 38-47.

94 K. Żurowska, « Kościół opactwa benedyktynów w Mogilnie po badaniach z lat siedemdziesiątych », dans Studia z historii i historii sztuki (Zeszyty Naukowe Uniwersytetu Jagiellońskiego, Prace Historyczne, Stanisław Cynarski, Adam Małkiewicz (red.), Varsovie-Cracovie, Państwowe Wydawnictwo Naukowe, 1989, z.89, p. 31-32.

95 Ibidem, p. 38.

96 J. Chudziakowa (op. cit. n.°90), p. 33, fig. 27.

97 Z. Świechowski, « Romańskie bazyliki Wielkopolski północno-wschodniej w świetle najnowszych badań », dans Z badań nad dziejami klasztorów… (op. cit. n.°7), p. 82, dessin 7 ; Idem (op. cit. n.°43), p. 165 : « Une grande tour accollée au corps de la nef se trouvait sur le côté ouest, formant sur ses deux côtés des annexes latérales destinées aux escaliers » ; Z. Świechowski avec la participation d’Ewa Świechowska (op. cit. n.°2), p. 51.

98 Małgorzata Radtke, « Z badań nad najwcześniejszą zabudową klasztoru benedyktynów w Mogilnie », dans Architektura sakralna... (op. cit. n.°24), 2016, p. 117-146.

99 J. Chudziakowa (op. cit. n.°90), p. 22-25.

100 Jan Zachwatowicz, « Architektura », dans Sztuka polska przedromańska i romańska do schyłku xiii wieku, Michal Walicki (red.), Varsovie, Państwowe Wydawnictwo Naukowe, 1971, p. 122 – reconstitution avec six supports.

101 J. Chudziakowa (op. cit. n.°88), p. 35.

102 Z. Świechowski (op. cit. n.°43), p. 166 – il la définit comme une salle à espace unique ; idem (op. cit. n. 15), p. 303.

103 Marta Graczyńska, « Wschodnia krypta w kościele p.w. św. Jana Ewangelisty w Mogilnie – próba rekonstrukcji dyspozycji wnętrza », dans (op. cit. n. 80), p. 209-222.

104 J. Chudziakowa (op. cit. n.°90), p. 41.

105 J. Pietrzykowska (op.cit. n°88) ; M. Radtke, (op. cit. n.°98).

106 M. Radtke (op. cit. n.°98), p. 126.

107 Marian Morelowski, « Studia nad architekturą i rzeźbą na wrocławskim Ołbinie xii wieku », Sprawozdania Wrocławskiego Towarzystwa Naukowego, 7, 1952, suppl. 1, 1955.

108 Ibidem, p. 11-21.

109 Ibidem, p. 21-32 ; ces conclusions ont été déactualisées par la découverte du tympan originel en 1962 – voir : Krystyna Pilch, « Tympanon romański z Ołbina », Biuletyn Historii Sztuki, 25, 1963, nr 1, p. 53-56.

110 Z. Świechowski, Architektura na Śląsku do połowy xiii wieku, Varsovie, Ministerstwo Kultury i Sztuki. Centralny Zarząd Muzeów i Ochrony Zabytków, 1955, p. 80-87.

111 Ibidem, p. 15 ; Idem, « Fundacje Piotra Włostowica », dans Architektura Wrocławia, t. 3, Świątynia, Jerzy Rozpędowski (red.), Wrocław, Werk 1997, p. 9-21.

112 Jerzy Piekalski, Wrocław średniowieczny. Studium kompleksu osadniczego na Ołbinie w vii-xiii wieku, Wrocław, Wydawnictwo Politechniki Wrocławskiej, 1990, p. 8-9 – l’auteur a commenté l’histoire des fouilles archéologiques : l’année 1976 a marqué un tournant dans les fouilles de l’abbaye puisque c’est alors qu’on a retrouvé l’empreinte du mur sud et les vestiges du monastère.

113 Ibidem, p. 37 : c’est la pierre de la région de Strzeblów dans la montagne Ślęża qui a été utilisée pour la construction de l’église. À propos de l’aile orientale, voir p. 40-42 – le monastère a acquis au xiiie siècle une structure à trois ailes, mais l’aile orientale était nettement plus ancienne que les autres, provenant de la première moitié du xiiie siècle, cependant sûrement seulement de l’époque des prémontrés

114 Tous les vestiges ont été inventoriés par Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 655-663; voir aussi : Bożena Guldan-Klamecka, Anna Ziomecka, Sztuka na Śląsku xii-xvi w. Katalog zbiorów, B. Guldan-Klamecka (red.), Wrocław, Muzeum Narodowe we Wrocławiu, 2003, p. 65-74.

115 B. Guldan-Klamecka, A. Ziomecka, (op. cit., n.°114), p. 66-67.

116 Krystyna Mączewska-Pilch, Tympanon fundacyjny z Ołbina na tle przedstawień o charakterze donacyjnym, Wrocław, Zakład Narodowy i Ossolińskich, 1973, p. 18, 26, 29-31, 41-53.

117 Paulina Ratkowska, « Tympanon księcia Jaksy - kompozycja środkowa i jej hipotetyczny pierwowzór », dans Klasztor w kulturze średniowiecznej Polski, A. Pobóg-Lenartowicz, M. Derwich (red.), Opole, Wydawnictwo i Drukarnia Świętego Krzyża, 1995, p. 423-432 – l’auteure est d’avis que la pose du Christ du tympan est la copie fidèle d’une repésentation marginale qui a subsisté dans l’un des codex mosans, aujourd’hui conservés à Bruxelles ; le dessin serait la reproduction fidèle d’une composition byzantine. La chercheuse a simplement suggéré l’origine de l’ouest de la France du motif du Christ en majesté, sans apporter d’argument pour soutenir cette thèse. Voir aussi : Teresa Mroczko, Polska sztuka przedromańska i romańska, Varsovie, Wydawnictwa Artystyczne i Filmowe, 1988, p. 118-120, Tomasz Płóciennik, « Les inscriptions des tympans polonais relatives aux fondations d’église », dans Epigraphie et iconographie. Actes du colloque tenu à Poitiers le 5-8 octobre 1995, Robert Favreau (dir.), Poitiers, CÉSCM, 1996, p. 101-109 ; Z. Świechowski avec la participation d’Ewa Świechowska (op. cit. n.°2), p. 223-225.

118 T. Płóciennik, « L’épigraphie du tympan de Iaxa à Wrocław », Cahiers de Civilisation Médiévale, 40, 1997, p. 103-118.

119 Z. Świechowski avec la participation d’Ewa Świechowska (op. cit. n.°2), p. 239.

120 Rafał Quirini-Popławski, Rzeźba przedromańska i romańska w Polsce wobec sztuki włoskiej, Cracovie, Wydawnitwo Uniwersytetu Jagiellońskiego, 2006, p. 102-112.

121 Włodzimierz Szafrański, Płock we wczesnym średniowieczu, Wrocław, Zakład Narodowy i. Ossolińskich, 1983, p. 113-132.

122 K. Pacuski (op. cit. n. 62), p. 138 ; Andrzej Gołembnik, « Początki Płocka w świetle ostatnich prac weryfikacyjnych i nowych odkryć archeologicznych », dans Osadnictwo i architektura ziem polskich w dobie zjazdu gnieźnieńskiego, Andrzej Buko, Z. Świechowski (red.), Varsovie, Zakład Wydawniczy Letter Quality, 2000, p. 175-176 ; Z. Świechowski (op. cit. n.°43), p. 193.

123 Aneta Bukowska, Maciej Trzeciecki, « Relikty architektury kamiennej na Wzgórzu Tumskim w Płocku – wyniki badań weryfikacyjnych », dans (op. cit. n. 80), p. 300-310.

124 Ibidem, p. 307-311.

125 Sur les vestiges romans, voir : Stanisław Wiliński, « Sieciechów-Opactwo », dans Zespół Badań nad Polskim Średniowieczem Uniwersytetu Warszawskiego i Politechniki Warszawskiej, Sprawozdania 1961, III Konferencja naukowa w Warszawie 13 i 14 kwietnia 1962, Referaty i dyskusje, Varsovie, Państwowe Wydawnitwo Naukowe, 1964, p. 123-124 ; idem, « Badania architektoniczno-archeologiczne na stanowisku Sieciechów-Opactwo, pow. Kozienice, w 1962 i 1963 r. », dans Zespół Badań…, Sprawozdania 1962-1963, IV Konferencja naukowa w Kielcach 5 kwietnia 1963, Referaty i dyskusje, Varsovie, Państwowe Wydawnitwo Naukowe, 1965, p. 86-88 ; Idem, « Badania archeologiczno-architektoniczne w Sieciechowie – opactwie w latach 1961-1964 » dans Zespół Badań…, Sprawozdania 1964-1965. V konferencja naukowa w Busku-Zdroju i w Wiślicy 19-20 maja 1966. Referaty, dyskusje, sprawozdania, Varsovie, Państwowe Wydawnitwo Naukowe, 1968, p. 193-203 ; idem, « Sprawozdanie z badań archeologiczno-architektonicznych na stanowisku Sieciechów – Opactwo za 1966 rok », dans ibid., p. 269-272 ; Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 425.

126 Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 427. Le chercheur n’excluait pas auparavant de dater le mur de la période au tournant des xie et xie siècles – voir : idem, Budownictwo romańskie w Polsce. Katalog zabytków, Wrocław-Varsovie-Cracovie, Polska Akademia Nauk, 1963, p. 240-241.

127 Z. Świechowski (op. cit. n.°15), p. 427

128 M. Derwich (op. cit. n.°51), p. 181-186 ; M. Żurek, « Czy istniał modelowy kościół benedyktyński ? Benedyktyni a architektura Polski wczesnośredniowiecznej », dans Klasztor w kulturze… (op. cit. n. 117), p. 342.

129 Z. Świechowski (op. cit. n°43), p. 249 ;

130 Maria Sulimierska-Laube, « Benedyktyński klasztor Świętego Krzyża na Łyścu w okresie gotyckim (pow. i woj. kieleckie) », Biuletyn Historii Sztuki, 25, 1963, z. 3, p. 183-2001 ; Piotr Dymmel, « Piętnastowieczna dekoracja heraldyczna w krużgankach klasztoru łysogórskiego. Rekonstrukcja, geneza i program », dans (op. cit. n. 56), p. 265-290.

131 Gabriel Leńczyk, « Wyniki dotychczasowych badań na Tyńcu, pow. Kraków », Materiały Starożytne, t. 1, 1956, p. 7-50. Sur l’histoire des découvertes faites à Tyniec voir : K. Żurowska, « Romański kościół i klasztor benedyktynów w Tyńcu na tle architektury piastowskiej xi wieku », dans Benedyktyni tynieccy w średniowieczu… (op. cit. n. 23), p. 185-186.

132 Lech Kalinowski, « Badania architektoniczno-wykopaliskowe w Tyńcu, 1961-1965 », Folia Historiae Artium, t. 6/7, 1971, p. 5-14.

133 K. Żurowska, « Romański kościół opactwa benedyktynów w Tyńcu », Folia Historiae Artium, t. 6/7, 1971, p. 49-135 ; Zenon Woźniak, Helena Zoll-Adamikowa, « Uwagi o topografii i stratygrafii wzgórza klasztornego w Tyńcu », Folia Historiae Artium, t. 6/7, 1971, p. 31-42 ; Sur les découvertes plus tardives et moins spectaculaires de maçonnerie, voir : K. Żurowska, « Romańskie detale architektoniczne i fragmenty rzeźb odnalezione w Tyńcu w latach 1970-1980 », dans Symbolae historiae artium. Studia z historii sztuki Lechowi Kalinowskiemu dedykowane, J. Gadomski, A. Małkiewicz, Mieczysław Porębski, Anna Różycka-Bryzek, K. Żurowska (red.), Varsovie, Państwowe Wydawnictwo Naukowe, 1986, p. 111-119 – on a retrouvé entre autres un deuxième chapiteau en marteau, un corps de lion inclus dans la maçonnerie du portail principal de l’église et quelques vestiges de supports en relations avec le cloître du monastère.

134 K. Żurowska (« Romański kościół... art. cit. n.° 133), p. 79-84, 99-102.

135 Ibidem, p. 84-87 ; voir aussi. : K. Żurowska (art. cit. n.°131), p. 188 ; K. Żurowska, « Romańska architektura Opactwa Benedyktynów w Tyńcu », dans Tyniec. Sztuka i kultura benedyktynów od wieku xi do xviii, Cracovie, Wydawnitwo Benedyktynów Tyniec (katalog wystawy w Zamku Królewskim na Wawelu, x-xii 1994), 1994, p. XVIII.

136 J. Zachwatowicz (art. cit. n. 100), p. 120-121 ; Z. Świechowski (op. cit. n.°43), p. 269 ; Z. Świechowski avec la participation d’Ewa Świechowska (op. cit. n.°2), p. 49 – ce chercheur accepte aussi l’idée d’une voûte sur la travée de chœur.

137 K. Żurowska (art. cit. n. 23), p. 229.

138 Z. Woźniak, H. Zoll-Adamikowa (op. cit. n.°133), p. 31-35.

139 K. Żurowska (art. cit. n.° 135), p. XX.

140 Z. Świechowski (op. cit. n.°43), p. 270.

141 Z. Świechowski avec la participation d’Ewa Świechowska (op. cit. n.°2), p. 47 – les formelles analogies vérifiées entre le détail de Tyniec et les fragments de maçonnerie de l’église Saint-Géréron du Wawel de Cracovie sont l’indice essentiel qui permet une telle datation. – voir. : K. Żurowska (art. cit. n.°23), p. 227-234.

142 K. Żurowska (Romański kościół... art. cit. n.°133), p. 88-96.

143 L. Kalinowski, « Zabytki rzeźby romańskiej w opactwie tynieckim », Folia Historiae Artium 6/7, 1971, p. 158-167.

144 Rafał Quirini-Popławski, (op. cit. n.°120), p. 73-90.

145 Emil Zaitz, « Badania archeologiczne w Opactwie oo. Benedyktynów w Tyńcu », dans Osadnictwo i Architektura ziem polskich w dobie zjazdu gnieźnieńskiego, A. Buko, Z. Świechowski (red.), Varsovie, Generalny Konserwator Zabytków, Instytut Archeologii PAN, Stowarzyszenie Patria Polonorum, 2000, p. 305-330.

146 Ibidem, p. 318-321.

147 Ibidem, p. 321-325 ; ce chercheur n’a pourtant pas pris position sur le fait qu’existent quelques chapiteaux doubles découverts à Tyniec et datés des environs de 1100. C’est Lech Kalinowski qui a envisagé comme très vraisemblable leur rapport avec la mise en œuvre d’un cloître régulier de pierres – L. Kalinowski (art. cit. n.°143), 167-168 ; Zygmunt Świechowski a fait l’hypothèse que le cloître prévu n’a jamais été construit. - Z. Świechowski avec la participation d’Ewa Świechowska (op. cit. n.°2), p. 50.

Top of page

List of illustrations

Title Fig. 1 – Tum près de Łęczyca, plan de la collégiale Sainte-Marie-et-Saint-Alexius, avec les vestiges d’un bâtiment antérieur.
Credits D’après : Z. Świechowski (op. cit. n°15), élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-1.jpg
File image/jpeg, 93k
Title Fig. 2 – Cracovie, plan de l’église Saint-Géréon.
Credits D’après : Z. Świechowski (op. cit. n°15), p. 216, élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-2.jpg
File image/jpeg, 94k
Title Fig. 3 – Lubiń, vestiges de l’église bénédictine du xie siècle.
Credits D’après Z. Kurnatowska, art. cit. n 80, dessin 5, élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-3.jpg
File image/jpeg, 44k
Title Fig. 4 – Lubiń, plan et reconstitution du bâtiment de l’église bénédictine de la fin du xiie siècle.
Credits D’après M. Żurek, (art. cit. n.°75), p. 44, dessin 6, élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-4.jpg
File image/jpeg, 67k
Title Fig. 5 – Lubiń, portail sud de l’église romane
Credits Photo : A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-5.jpg
File image/jpeg, 514k
Title Fig. 6 – Lubiń, les étapes de développement du monastère bénédictin aux xiie – xiiie siècles.
Credits D’après : Z. Kurnatowska, Benedyktyni tynieccy w średniowieczu... (op. cit. n. 23), p. 213, il. 3, dessin de J. Sawicka, élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-6.jpg
File image/jpeg, 177k
Title Fig. 7 – Mogilno, vue de l’abbaye bénédictine
Credits Photo : A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-7.jpg
File image/jpeg, 399k
Title Fig. 8 – Mogilno, plan de l’église du xie siècle
Credits D’après : J. Chudziakowa, (op. cit. n.°90), p. 16, fig 7, élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-8.jpg
File image/jpeg, 66k
Title Fig. 9 – Mogilno, crypte occidentale de l’église du xie siècle
Credits Photo : A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-9.jpg
File image/jpeg, 837k
Title Fig. 10 – Mogilno, reconstitution du bâtiment de l’église du xie siècle
Credits D’après : J. Chudziakowa, (op. cit. n.°90), p. 33, fig. 27, élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-10.jpg
File image/jpeg, 77k
Title Fig. 11 – Mogilno, deux variantes de reconstitution du plan de la crypte orientale de l’église du xie siècle
Credits D’après : M. Graczyńska, (art. cit. n.°103), p. 217, dessins 5 et 6, élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-11.jpg
File image/jpeg, 101k
Title Fig. 12 – Ołbin, vue de l’abbaye bénédictine sur le plan de Wrocław de 1562
Credits D’après : M. Morelowski, (art. cit n. 107), p. 41, dessin 1
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-12.jpg
File image/jpeg, 318k
Title Fig. 13 – Ołbin, plan du monastère et du mur sud de l’église du xiie siècle
Credits D’après : Z. Świechowski (op. cit. n°43), p. 307, élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-13.jpg
File image/jpeg, 79k
Title Fig. 14 – Ołbin, statue d’un buste de prophète, actuellement au musée national de Wrocław
Credits Photo : Musée National de Wrocław
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-14.jpg
File image/jpeg, 667k
Title Fig. 15 – Ołbin, tympan « de Jaksa » de l’église Saint-Michel, actuellement au Musée d’Architecture de Wrocław
Credits Photo : A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-15.jpg
File image/jpeg, 665k
Title Fig. 16 – Ołbin, fragment du portail de l’église bénédictine disparue, réinstallé en l’église de la Madeleine à Wrocław
Credits Photo : A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-16.jpg
File image/jpeg, 616k
Title Fig. 17 – Płock, les trois étapes de la construction de l’église bénédictine, xie-xiiie siècles
Credits D’après : A. Bukowska, M. Trzeciecki, (art. cit. n.°123), p. 309, dessin 11, élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-17.jpg
File image/jpeg, 116k
Title Fig. 18 – Sieciechów, ancienne abbaye bénédictine
Credits Photo : A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-18.jpg
File image/jpeg, 433k
Title Fig. 19 – Sieciechów, ancienne abbaye bénédictine, plan des fondations du monastère. Les flèches indiquent la localisation des vestiges romans
Credits D’après : Maria Brykowska, Sprawozdanie z praktyki inwentaryzacyjnej studentów Wydziału Architektury Politechniki Warszawskiej kierowanej przez Zakład Architektury Polskiej w 1968 roku, Kwartalnik Architektury i Urbanistyki, 15, 1970, p. 199-202, dessin 3, Zakład Architektury Polskiej Politechniki Warszawskiej, dessin de Z. Dolatowski, élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-19.jpg
File image/jpeg, 363k
Title Fig. 20 – Sainte-Croix (Montagne Chauve), ancienne abbaye bénédictine
Credits Photo : A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-20.jpg
File image/jpeg, 423k
Title Fig. 21 – Sainte-Croix (Montagne Chauve), fragment du mur nord de l’église bénédictine
Credits Photo : A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-21.jpg
File image/jpeg, 319k
Title Fig. 22 – Sainte-Croix (Montagne Chauve), plan du monastère bénédictin ; en noir, les vestiges de la construction gothique du xve siècle ; la flèche indique la localisation des vestiges romans
Credits D’après : M. Sulimierska-Laube (art. cit. n.°130), p. 184, élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-22.jpg
File image/jpeg, 315k
Title Fig. 23 – Tyniec, abbaye bénédictine, vue du sud-ouest
Credits D’après : https://pl.wikipedia.org/​wiki/​Opactwo_Benedyktyn%C3%B3w_w_Ty%C5%84cu, consulté le 30.06.2022, (photo Zygmunt Put)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-23.jpg
File image/jpeg, 424k
Title Fig. 24 – Tyniec, bâtiment de l’église romane du monastère avec deux variantes de reconstitutions de la tour
Credits D’après : K. Żurowska, (art. cit. n.°133), p. 83, dessin 52, dessin de J. Smólski, K. Żurowska, élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-24.jpg
File image/jpeg, 149k
Title Fig. 25 – Tyniec, doubles chapiteaux des colonnes de la fin xie-début xiie siècle, découverts dans le monastère
Credits Photographie reproduite avec l’aimable autorisation de la photothèque de l’Institut d’histoire de l’art de l’Université Jagellonne de Cracovie ainsi que de l’abbé du monastère bénédictin de Tyniec, le Dr Szymon Hiżycki. Auteur : Rafał Quirini-Popławski
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-25.jpg
File image/jpeg, 788k
Title Fig. 26 – Tyniec, plan des fondations du monastère et de l’église romane, sur fond des bâtiments ultérieurs
Credits D’après : E. Zaitz, (op. cit. n.°145), p. 312, dessin 4, élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-26.jpg
File image/jpeg, 286k
Title Fig. 27 – La Pologne aux environs de 1138 (début du démembrement territorial de la Pologne). On a indiqué les localisations des capitales épiscopales et des monastères bénédictins
Credits Carte élaborée par A. Soćko
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/docannexe/image/13096/img-27.jpg
File image/jpeg, 316k
Top of page

References

Bibliographical reference

Adam Soćko, “Les Bénédictins et leur architecture en Pologne du xe au milieu du xiiisiècle”Cahiers de civilisation médiévale, 261 | 2023, 53-90.

Electronic reference

Adam Soćko, “Les Bénédictins et leur architecture en Pologne du xe au milieu du xiiisiècle”Cahiers de civilisation médiévale [Online], 261 | 2023, Online since 04 January 2025, connection on 15 January 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/13096; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ccm.13096

Top of page

About the author

Adam Soćko

Institut d'histoire de l'art, Université Adam Mickiewicz, Poznań, Pologne – https://orcid.org/0000-0002-2887-5904

Top of page

Copyright

CC-BY-NC-ND-4.0

The text only may be used under licence CC BY-NC-ND 4.0. All other elements (illustrations, imported files) are “All rights reserved”, unless otherwise stated.

Top of page
Search OpenEdition Search

You will be redirected to OpenEdition Search