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Comptes rendus

Gyula Klima, Fritz Allhoff et Anand Jaypra-Kash Vaidya, éd. — Medieval Philosophy. Essential Readings with Commentary

David Luscombe
p. 195-196
Référence(s) :

Gyula Klima, Fritz Allhoff et Anand Jayprakash Vaidya, Medieval Philosophy. Essential Readings with Commentary. Oxford, Blackwell, 2007, xii-393 pp. (Blackwell Readings in the History of Philosophy, 2).

Texte intégral

1Ce volume contient pour la plupart une sélection de textes issus des œuvres de philosophie médiévale et choisis à destination des étudiants, du moins les étudiants anglophones, car toutes les lectures sont présentées en anglais. De nouvelles histoires de la philosophie médiévale (on dirait mieux : histoires des philosophies médiévales) plus ou moins succinctes sont écrites et publiées assez fréquemment ; des anthologies qui présentent un choix de lectures prises directement dans les écrits des philosophes médiévaux eux-mêmes sont plus rares. Le présent volume contient des extraits commentés, les commentaires constituant comme une nouvelle histoire, bien que brève, de la philosophie médiévale écrite par le responsable de l’ouvrage, G. Klima, professeur de philosophie à Fordham University (États-Unis). Il y a quarante-six extraits, ce qui constitue un bon nombre. La plupart sont des reproductions de traductions anglaises qui ont été publiées auparavant et qui remplissent en général quatre ou cinq pages. G. Klima a lui-même passé en revue les traductions et en a révisé quelques-unes, et a aussi fourni quelques nouvelles traductions. Les extraits et les commentaires sont organisés autour de trois thèmes principaux : 1/ logique et épistémologie (p. 27-150) ; 2/ philosophie de la nature, l’âme et métaphysique (p.151-302) ; 3/ philosophie pratique ou éthique (p. 303-381). À l’intérieur de chaque thème, les textes sont présentés dans l’ordre chronologique. En somme dix-huit auteurs se retrouvent ; quelques-uns sont anonymes, tel que l’auteur de la Dialectica monacensis au xiie s. et les rédacteurs des articles condamnés à Paris en 1277.

2Les commentaires reflètent l’ambiance d’une salle de conférences universitaires où il y a beaucoup d’étudiants néophytes en philosophie médiévale mais prêts à écouter avec intérêt un professeur enthousiaste et animé sachant présenter les principales particularités de la philosophie médiévale, les principales doctrines et les principaux personnages, rendant le tout intelligible et captivant. G. Klima fait tout cela en situant les textes choisis dans leur contexte historique et philosophique, en aidant ses étudiants à les aborder avec assurance sans se perdre. L’ouvrage est complété d’une brève, mais bonne bibliographie qui suggère la lecture d’autres publications écrites en anglais ; la Stanford Encyclopedia of Philosophy « online », qui est excellente, est largement citée.

3Dans ce volume, la philosophie médiévale commence tôt avec saint Augustin et se termine – aussi tôt – avec Jean Buridan, mort vers 1360. Ainsi d’autres grands penseurs des xive et xve s. – tels que Jean Wyclif et Nicolas de Kues – n’apparaissent pas. G. Klima reconnaît, naturellement, que la tradition philosophique médiévale (« the medieval philosophical tradition ») se poursuit jusqu’au xviie, même si le livre ne l’illustre que jusqu’à la mi-xive s. En définissant cette « tradition », G. Klima insiste surtout – mais pas seulement – sur la réflexion autour des rapports entre la raison et la foi, sur saint Augustin, puis sur la redécouverte d’Aristote aux xiie et xiiie s. Il signale aussi les genres littéraires – tels que les commentaires, les disputations et les summae – qui ont donné forme à la tradition. Il présente en outre quelques-uns des problèmes discutés au Moyen Âge, en particulier les formes des choses, l’illumination divine et la création.

4Les auteurs de textes sélectionnés reflètent sans doute la valeur des traductions disponibles (et, vice versa, la disponibilité de traductions convenables). Mais le choix opéré reflète aussi les priorités et les intérêts des éditeurs. L’accent est très nettement (et très justement) mis sur saint Augustin et sur les grands penseurs des xiiie et xive s : huit extraits d’Augustin, dix de Thomas d’Aquin et cinq de Jean Buridan – environ la moitié du corpus. Étonnamment, en vue de l’insistance (tout à fait raisonnable) sur la période de la « haute scholastique », il y a seulement deux extraits des écrits de Jean Duns Scot, un de Guillaume d’Ockham, et aucun texte de saint Bonaventure. Pour la période antérieure, aucune œuvre de Jean Scot Érigène, Pierre Abélard, Gilbert de la Porrée ou Maïmonide. D’ailleurs, Gilbert, Maïmonide et Bonaventure ne paraissent pas même dans la bibliographie.

5Les éditeurs s’attachent particulièrement à la pensée de saint Thomas d’Aquin et aux nouvelles tendances représentées par Guillaume d’Ockham et Jean Buridan. G. Klima, dans son commentaire, montre bien comment Jean Buridan a dirigé le nominalisme d’Ockham vers une manière plus saine et plus simple de « faire » la philosophie (« a sound and simple, alternative way of doing [philosophy] », p. 23), une manière « moderne » (via moderna) par opposition à une manière « antique » (via antiqua). On aurait pu faire plus pour examiner cette via moderna à propos de laquelle G. Klima insiste beaucoup sur le scepticisme qu’il illustre avec deux lettres peu connues et écrites par Nicolas d’Autrecourt (mort en 1369) à un certain Bernard ; ces lettres auraient mérité un commentaire un peu moins bref, tout comme le « Demon skepticism » de René Descartes qui est mentionné deux fois (p. 24, 30) et qui, selon l’A., a été facilité par Autrecourt. D’une façon assez conventionnelle, la philosophie scolastique de la fin du Moyen Âge est présentée comme ayant subi une fracture conceptuelle accélérée (« an accelerated “breakdown of its conceptual unity” ») menant à sa quasi-extinction (« near-extinction ») au xviie s., tout en restant encore « dans l’air » (« in the air », p. 24).

6Ce volume propose, en quelque quatre cents pages, une bonne introduction à la philosophie médiévale. Comme chaque anthologie, elle est inévitablement sélective. Mais les textes choisis permettent du moins aux étudiants d’aujourd’hui d’établir un contact avec une palette de questions et de solutions, tout comme leurs prédécesseurs au Moyen Âge.

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Pour citer cet article

Référence papier

David Luscombe, « Gyula Klima, Fritz Allhoff et Anand Jaypra-Kash Vaidya, éd. — Medieval Philosophy. Essential Readings with Commentary »Cahiers de civilisation médiévale, 218 | 2012, 195-196.

Référence électronique

David Luscombe, « Gyula Klima, Fritz Allhoff et Anand Jaypra-Kash Vaidya, éd. — Medieval Philosophy. Essential Readings with Commentary »Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 218 | 2012, mis en ligne le 01 janvier 2023, consulté le 13 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/12444 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ccm.12444

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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