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Comptes rendus

Heidi et Wolfgang Beutin. — Historiographie zwischen Mythologie und Ideologie. Zur Geschichtsschreibung des Mittelalters und zu einigen Formen der Geschichtsdichtung der Neuzeit

Sverre Bagge
Traduction de Blaise Royer
p. 177-178
Référence(s) :

Heidi Beutin,Wolfgang Beutin,Historiographie zwischen Mythologie und Ideologie. Zur Geschichtsschreibung des Mittelalters und zu einigen Formen der Geschichtsdichtung der Neuzeit. Francfort-sur-le-Main/Berlin/Berne, Peter Lang, 2007, 248 pp., 1 tabl. (Bremer Beiträge zur Literatur- und Ideengeschichte, 50).

Texte intégral

1Comme l’indique le titre, les AA. embrassent dans le présent ouvrage une grande diversité de sujets. La préface s’efforce d’en donner l’explication. Les deux points centraux de l’étude sont les textes à caractère historiographique rédigés dans le Nord de l’Allemagne au Moyen Âge central et le développement du roman historique au xixe s. Les AA. ont par ailleurs inséré un chapitre sur la littérature anti-cléricale du bas Moyen Âge, en particulier Dante et les mystiques, conçu comme une transition (« Zones des Übergangs ») entre ces deux parties. Sans mettre en évidence de continuité directe entre chacune des parties, ils relèvent toutefois quelques éléments communs. Ainsi, expliquent-ils (p. 7-8), dès le xiie s. et malgré le poids de la superstition et de la mythologie, Helmold de Bosau énonçait-il les principes modernes de l’objectivité historique, tandis que les éléments mythologiques et idéologiques ont demeuré au xxe s. L’unité de l’ouvrage résiderait donc dans la nature des objets étudiés, à savoir le récit historique d’une part, et la méthode critique – ou plutôt la variété de méthodes critiques – d’autre part.

2Ces remarques laisseront certainement perplexe la majorité des lecteurs quant à la cohérence thématique du livre. Les termes d’Helmold selon qui l’historien ne devrait pas se laisser influencer par l’amour ou la peur sont des lieux communs remontant à l’Antiquité classique et repris par de nombreux auteurs du Moyen Âge, bien que dans la pratique son importance demeure sujette à discussion. De même les observations plus ou moins critiques concernant les différents textes traités dans l’ouvrage ne lui donnent d’unité. De plus, à aucun moment les AA. n’accompagnent le lecteur dans la diversité des thèmes abordés, au moyen d’introductions ou de conclusions qui auraient permis d’appuyer le lien entre chacun des chapitres.

3La première moitié du livre, consacrée au Moyen Âge, est clairement la plus intéressante pour le lecteur des Cahiers de civilisation médiévale. Les AA. y exposent les grands traits de l’historiographie et de l’histoire politique de l’Allemagne du Nord depuis le xixe s. Après avoir discuté de la définition de cette région, ils envisagent les interprétations idéologiques et nationalistes de son histoire, en particulier de l’empire saxon et, après son déclin, de la Hanse et de l’expansion vers l’Est. Cette discussion sur l’idéologie est entrecoupée de passages s’efforçant de retracer les grandes lignes de l’histoire « effective » de la région. Le chapitre suivant est dédié aux historiens du Moyen Âge : Widukind, Thietmar, Adam de Brême et Helmold de Bosau. Les AA. y mêlent observations sur les modalités du récit historique et discussions sur les faits relatés dans les ouvrages de ces historiens, agrémentées de commentaires généraux sur la mentalité médiévale.

4Ainsi la partie consacrée à Widukind s’ouvre avec la préface et la dédicace du moine de Corvey, la date de son œuvre et les relations entre histoire sacrée et histoire profane. Suit le récit de la translation des reliques de saint Vitus qui, selon Widukind, eut une importance cruciale dans l’émergence des Saxons. Les AA. se penchent alors sur le commentaire de Thietmar à propos de la prééminence des Saxons dans le regnum theutonicum, posant la question du moment où un royaume à proprement parler allemand apparut. Ayant mentionné Thietmar, ils interrogent alors sa conception de la religion, remarquant de manière inattendue et surprenante qu’on ne trouve pas ou presque de trace de la doctrine du Christ au Moyen Âge : le christianisme authentique ne serait apparu qu’avec les Lumières (p. 56).

5Revenant à Widukind, les AA. le citent comme preuve que le christianisme n’avait en aucun cas mis un terme aux comportements cruels à l’égard des ennemis. Par la suite, ils reviennent sur son récit des premiers temps de l’histoire et de la société saxonnes et offrent un bref résumé des règnes des deux premiers souverains saxons, Henri Ier et Otton Ier, consacrant un passage à l’importance des femmes dans la société saxonne justifié par l’éloge que fait Widukind de la reine Édith, première épouse d’Otton. Cette organisation évoque immédiatement pour le lecteur celle d’une chronique médiévale, même si le récit de Widukind s’avère in fine plus cohérent que celui des AA.

6Le chapitre suivant sur Thietmar traite avant tout de religion et contient quelques bonnes observations, bien que peu innovantes. Les AA. relèvent que la conscience qu’a Thietmar d’être un auteur anticipe la Renaissance (p. 62), et que ses lieux communs sur le fait que tout découle de la grâce de Dieu préfiguraient la découverte par Luther du salut par la grâce seule (p. 63), ce qui – à défaut d’être totalement convaincant – a le mérite de l’originalité. Les AA. ne semblent pas non plus être des habitués de la littérature sur la question : ils omettent de mentionner l’ouvrage classique que H. Beumann avait consacré à Widukind en 1950.

7La première partie de l’ouvrage est donc de peu d’intérêt pour le médiéviste. L’utilisation que font les AA. des chroniques du Moyen Âge central pour comprendre les mentalités de l’époque aurait pu séduire un public moins averti, si l’organisation du livre avait été moins désordonnée et le texte moins alourdi de détails. En considérant l’ouvrage dans son ensemble, il est facile de s’attacher au point de vue défendu par les AA., qui auraient pu obtenir un résultat plus satisfaisant, se fussent-ils appliqués avec davantage d’énergie à suivre les thèmes et les problèmes communs à travers l’espace et le temps. Dans la préface, les AA. remercient l’éditeur à Hambourg d’avoir accepté d’accueillir leur livre dans sa collection. Il leur aurait rendu plus fier service s’il avait imposé une lecture plus minutieuse du manuscrit et exigé l’élimination d’un certain nombre d’incongruités.

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Pour citer cet article

Référence papier

Sverre Bagge, « Heidi et Wolfgang Beutin. — Historiographie zwischen Mythologie und Ideologie. Zur Geschichtsschreibung des Mittelalters und zu einigen Formen der Geschichtsdichtung der Neuzeit »Cahiers de civilisation médiévale, 218 | 2012, 177-178.

Référence électronique

Sverre Bagge, « Heidi et Wolfgang Beutin. — Historiographie zwischen Mythologie und Ideologie. Zur Geschichtsschreibung des Mittelalters und zu einigen Formen der Geschichtsdichtung der Neuzeit »Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 218 | 2012, mis en ligne le 01 janvier 2023, consulté le 17 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccm/12320 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ccm.12320

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Sverre Bagge

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