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Études
Miscellanées

Les intellectuels français au service de la propagande franquiste pendant la guerre civile : le cas de la revue Occident (1937-1939)

Los intelectuales franceses al servicio de la propaganda franquista durante la guerra civil : el caso de la revista Occident (1937-1939)
French intellectuals in the service of Franco's propaganda during the civil war: the case of the journal Occident (1937-1939)
Darío Varela Fernández

Résumés

La Guerre Civile espagnole a soulevé de vives passions en France entre partisans et détracteurs de la République. La propagande internationale des soulevés contre le régime républicain a été étudiée mais, jusqu’à présent, les travaux se sont cantonnés à analyser prioritairement le rôle joué par les Espagnols. Ce travail a pour objectif d’analyser les idées des intellectuels français qui par leurs engagements et leurs plumes ont contribué à glorifier la cause franquiste. Les motivations des différents acteurs français prouvent que la Guerre d’Espagne n’est pas seulement un conflit armé en territoire ibérique mais un terrain de guerre culturelle internationale pour les forces réactionnaires des années 1930.

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Texte intégral

Introduction

  • 1 À titre d’exemple : Javier Domínguez Arribas, « L’organisation de la presse et de la propagande dan (...)
  • 2 Antonio César Moreno Cantano, « La propaganda franquista en Francia durante la Guerra Civil (1936-1 (...)

1Les études portant sur la propagande franquiste pendant la Guerre Civile espagnole dans la Péninsule Ibérique sont nombreux1 mais, a contrario, il se font plus rares en ce qui concerne la répercussion de celle-ci en territoire français2. Des universitaires comme Eliseu Trenc et Josep Maria Figueres Artigues ont ouvert la voie avec leurs études consacrées à la revue Occident. Ils se sont intéressés à la structure, la genèse et la portée de cet organe de propagande.

2L’objectif de ce travail est d’aller au-delà en s’intéressant plus particulièrement au rôle majeur joué par les intellectuels français dans la construction du récit franquiste au sein de cette revue. Mettre en lumière les thématiques et les enjeux propres à la publication et qui font écho de manière directe et indirecte à la pensée et aux événements en France.

3Pour ce faire, après une brève présentation de la revue, nous ferons une analyse des parcours et des motivations des intellectuels français à collaborer à cette entreprise, nous mettrons en avant les choix discursifs mobilisés par ces derniers afin d’attirer l’attention du public français pour le convaincre de soutenir les militaires soulevés contre la République et, enfin, nous essayerons de trouver une possible continuité entre la défense de ces discours réactionnaires repérés dans le cadre de la Guerre d’Espagne et les choix des intellectuels face à l’occupation allemande et face au régime de Vichy.

  • 3 Archivo General Militar (Ávila) : Ministerio de la Gobernación. Subsecretaría de Prensa y Propagand (...)
  • 4 Archivo General de la Administración (Alcalá de Henares) : Movimiento Nacional. Órganos centrales. (...)

4De même, nous pourrons observer les points en commun, majoritaires, et les différences, subtiles, entre les faits présentés par les auteurs français dans cette publication par rapport à la propagande franquiste en territoire espagnol comme La Nueva España ou Diario de Burgos. Le choix d’étudier uniquement Occident permettra également de compléter des analyses déjà effectuées sur la propagande et d’ouvrir la voie à des futures recherches comparatistes de plus grande ampleur entre cet organe en France et ceux, en Espagne, qui sont consultables pour la plupart dans l’Archivo General Militar d’Ávila3 et l’Archivo General de la Administración d’Alcalá de Henares4.

5Cette étude basée sur la consultation et l’analyse de l’intégralité des articles publiés au sein d’Occident permettra ainsi de mieux connaître le rôle joué par les intellectuels français à l’heure de légitimer les actions de Franco et ses acolytes, préparant le terrain pour la reconnaissance officielle du futur régime franquiste comme le seul légitime, et en même temps, elle vise à montrer comment les événements de la guerre sur le territoire ibérique ont préparé, voir radicalisé les positionnements d’une partie de la société française avant la deuxième guerre mondiale.

Une publication bimensuelle destinée à convaincre

  • 5 Eliseu Trenc, « Joan Estelrich a París, de la Lliga a la UNESCO tot passant per Occident », Revue d (...)
  • 6 Borja de Riquer Permanyer, Francesc Cambó. El último retrato, Barcelona, Crítica, 2022.
  • 7 Josep Massot i Montaner, « Joan Estelrich , entre la col·laboració i el desencís » in Josep Massot (...)
  • 8 Josep Massot i Montaner, « Joan Estelrich i la propaganda franquista a Paris (1939-1942) » in Ferra (...)

6La création par les autorités franquistes de l’Oficina de Propaganda y Prensa de Paris en janvier 1937 permet de concevoir pour ceux qui font partie de celle-ci, de la nécessité d’un outil de propagande afin de convaincre les élites françaises de soutenir le général Franco5. Ainsi, sur proposition de Francesc Cambó (1876-1947)6 et sous l’impulsion de l’écrivain Joan Estelrich (1896-1956), figure du catalanisme conservateur et député aux Cortès tout au long de la période républicaine (1931-1939) sous l’étiquette de la Lliga Regionalista7, le projet de la revue Occident voit le jour8.

7Il s’agit d’un bimensuel qui paraît les 10 et 25 de chaque mois dès octobre 1937 (offensive des Asturies) et jusqu’en mai 1939 (défilé de la victoire à Madrid), rédigé en français, imprimé en papier de qualité, sans publicité et en moyenne avec huit pages de cinq colonnes. Il est vendu à 0,75 centimes de franc l’exemplaire, imprimé chez Georges Lang et avec une rédaction installée au numéro 20 de la rue de la Paix, dans le deuxième arrondissement parisien.

  • 9 Josep Maria Figueres Artigues, « Guerra de propaganda. Occident la revista dels catalans franquiste (...)
  • 10 Ibidem, p. 66
  • 11 Eliseu Trenc, « Joan Estelrich a París… », op. cit., p. 136.

8La revue Occident avec un tirage moyen de 25.000 exemplaires en 1937, 40.000 en 1938, et distribué dans plus d’une vingtaine de pays9, devient la revue franquiste la plus importante en Europe10. Autour de 7.000-8.000 de ces exemplaires sont livrés gratuitement auprès des élites politiques, intellectuelles et diplomatiques afin d’élargir la propagande au plus grand nombre11.

9En ce qui concerne les collaborateurs, nous retrouvons les noms d’intellectuels espagnols traditionnalistes comme José María Pemán (1897-1981) et des proches du libéralisme conservateur comme Gregorio Marañón (1887-1960) ou Ramón Menéndez Pidal (1869-1968), mais aussi des intellectuels français réactionnaires tels Bernard Faÿ (1893-1978) et proches de cette mouvance comme le vice-amiral Henri Joubert (1875-1947) et le général Dufieux (1873-1959), des fascistes comme Robert Brasillach (1909-1945), des libéraux conservateurs tel le général Duval (1894-1955) ou des catholiques conservateurs comme Maurice Legendre (1878-1955). Les uns comme les autres, sous différents tons et dans différentes rubriques, soutiennent la cause franquiste et participent à l’effort de propagande. Dans cette étude, nous nous intéresserons uniquement au rôle joué par les intellectuels français.

Des intellectuels de premier plan au service du franquisme

  • 12 Voir annexe n°1 : Liste des 64 collaborateurs français d’Occident

10Nous avons repéré un total de soixante-quatre collaborateurs de nationalité française12 mais dans un souci de clarté, nous évoquerons ici brièvement uniquement ceux qui ont publié au moins quatre articles ou plus, soit une quinzaine de collaborateurs. Parmi ceux-ci, nous pouvons distinguer deux grands groupes. D’un côté, les plus modérés, des hommes catholiques et parfois monarchistes qui voient dans la Guerre d’Espagne une lutte entre catholicisme et agnosticisme, une défense des traditions face au communisme ; d’un autre côté, les plus belligérants, proches de Maurras et des idées du fascisme qui souhaitent une victoire franquiste en raison de leur idéologie et avec l’espoir de voir un jour l’instauration d’un nouveau régime en France qui abolirait la République.

  • 13 Gilles Lahousse, « De la Solidarité française au parti faisceau français : un exemple de radicalisa (...)

11Le journaliste Jean-Pierre Maxence (1906-1956), Pierre Godmé de son vrai nom, ayant publié dix-sept articles dans Occident apparaît comme le principal contributeur et fait partie du groupe des réactionnaires convaincus. Candidat aux législatives de 1936 pour le parti d’extrême droite Solidarité Française13 et proche de l’Action Française, il exprime ouvertement son antiparlementarisme dans le livre Demain la France (1934) dédié aux insurgés du 6 février 1934.

  • 14 Pierre-Marie Dioudonnat, Les 700 rédacteurs de Je Suis Partout. 1930-1944, Paris, Sedopols, 1993, p (...)
  • 15 Ibid., p. 23-24.
  • 16 Ibid., p. 68.
  • 17 François Broche, Léon Daudet. Le dernier imprécateur, Paris, Robert Laffont, 1992.
  • 18 Antoine Compagnon, Le cas Bernard Faÿ : du Collège de France à l’indignité nationale, Paris, Gallim (...)
  • 19 Camille Cleret, « S’aimer en politique. Les couples d’intellectuels dans la mouvance d’Action franç (...)

12Il est suivi dans ce groupe par Henri Poulain (1912-1987), secrétaire de rédaction de Je suis partout (1937) et collaborateur au Cri du Peuple et à La Gerbe14 ; Robert Brasillach (1909-1945), écrivain, rédacteur en chef de Je suis partout et collaborateur dans Candide et l’Action française15 ; André Nicolas (1904-1975), journaliste, directeur de Frontières, actionnaire majoritaire et administrateur de Je suis partout16 ; Léon Daudet (1867-1942), écrivain et homme politique d’extrême-droite, collaborateur de l’Action française, Le Figaro et La Libre Parole17 ; Bernard Faÿ (1893-1978), professeur d’histoire au Collège de France, proche de l’Action Française et des mouvances nationalistes18 ; René Johannet (1884-1972), romancier, proche des idées de Maurras et des théories fascistes19.

13Du côté des modérés, nous pouvons citer les noms suivants : Adolphe Falgairolle (1892-1975), écrivain et journaliste, collaborateur également de Je suis partout, Gringoire et Combats20 ; René Richard (1894-1951), juriste et député des Deux-Sèvres (1924-1928-1932-1936) du Parti Radical21 ; Maurice Legendre (1878-1955), hispaniste directeur de la Casa de Velázquez22 ; Camille Pitollet (1874-1964), hispaniste, enseignant d’espagnol au Lycée Louis Le Grand (1919-1939) et collaborateur du Mercure de France et d’Hispania23 ; Henri Joubert (1875-1947), vice-amiral et écrivain, auteur de La guerre d’Espagne et le catholicisme (1937)24 ; Mario Meunier (1880-1960), helléniste et traducteur, membre fondateur de la revue Le Feu25 ; Charles de Beaupoil (1866-1954), diplomate et historien, ambassadeur de France en Espagne (1920) et auteur de La Renaissance de l’Espagne (1938)26.

Au nom de l’amitié franco-espagnole

  • 27 « L’amitié franco-espagnole », Occident, n°4, 1937, p. 4.

14La première grande initiative menée par les intellectuels français en connivence avec les autorités franquistes dirigeant la revue Occident fut la publication, en décembre 1937, d’un manifeste de soutien aux intellectuels espagnols27. L’objectif est clair, dresser un portrait flatteur des bienfaits de l’Espagne et de ses apports, par le passé, sur le plan culturel, intellectuel et spirituel à la « civilisation ». Ce faisant, les signataires de ce manifeste essaient de convaincre leurs pairs de soutenir la cause franquiste non par conviction dans le projet nationaliste des insurgés mais uniquement dans le but de se défendre d’un ennemi qui souhaiterai annihiler l’Espagne admirée et connue par tous les Français :

  • 28 Ibidem

Nous ne pouvons faire autrement que de souhaiter le triomphe, en Espagne, de ce qui représente actuellement la civilisation contre la barbarie, l’ordre et la justice contre la violence, la tradition contre la destruction, les garanties de la personne contre l’arbitraire28.

15Un raisonnement binaire que les intellectuels n’hésitent pas à justifier et à délier de tout rapprochement avec une quelconque idéologie proche du fascisme. Il s’agirait uniquement de lutter pour soutenir une Espagne amie menacée par le communisme :

  • 29 Jacques Bardoux, « L’amitié franco-espagnole », Occident, n°4, 1937, p. 5.

En mars et avril 1936, alors que le Front Populaire est au pouvoir – trois ou quatre mois avant que le général Franco ait tiré l’épée – le gouvernement russe et son internationale communiste fournissaient des instructions, des cadres, des armes et des munitions aux troupes révolutionnaires, qui doivent par la force, à une date prévue, instaurer, sur les ruines de la République, le régime des Soviets … Si la République espagnole meurt, elle n’aura pas été tuée par Hitler, encore moins par Mussolini, mais par Staline. L’Homme d’acier est le fossoyeur d’Occident29.

  • 30 Charles Maurras, « L’amitié franco-espagnole », Occident, n°4, 1937, p. 4.
  • 31 Charles de Beaupoil, « France – Espagne », Occident, n°39, 1939, p. 4.
  • 32 Ibidem

16Pour cette raison, par le fait que les franquistes sont les seuls garants de « l’ascension morale et la résurrection politique »30 de l’Espagne, la France doit les soutenir. Somme toute, les Espagnols « nationaux » seraient en train de sauver « l’Europe par son martyre »31. Les franquistes sont présentés donc par certains intellectuels comme le comte de Saint-Aulaire comme les dignes successeurs des vainqueurs de Lépante et des troupes de Philippe II ; l’Espagne sauverait le monde du bolchevisme de même qu’elle aurait sauvé le monde de l’Islam et de la Réforme par le passé32.

  • 33 Robert Brasillach, « L’Espagne et nous », Occident, n°39, 1939, p. 4.

17Forts de ce type d’argumentaires, les intellectuels qui participent à l’hebdomadaire considèrent alors comme une évidence la nécessité, et l’intérêt, au nom de la France du renforcement des liens avec l’Espagne franquiste. Le tout, justifié au nom de la « paix »33.

  • 34 Claude Popelin, « Jacques Doriot en Espagne », Occident, n°20, 1938, p. 5.

18Qui plus est, ceci permettrait de jeter les bases d’une future collaboration étroite sur le plan politique et économique entre les deux pays. Les initiatives menées à bien par les franquistes en ce qui concerne les questions sociales (Auxilio Social), l’organisation syndicale ou l’économie dirigée pour les produits de première nécessité sont vues avec intérêt par les collaborateurs de l’hebdomadaire, mais aussi par des hommes politiques français tels Jacques Doriot qui se sont rendus sur place pour s’inspirer34.

Le monde littéraire et l’Espagne

19Les lecteurs de la revue Occident perçoivent rapidement la grande place accordée aux questions littéraires et aux littérateurs au sein de cette publication. Ceci étant, les approches divergent en fonction du collaborateur et de ses intentions.

  • 35 Henry Bordeaux, « L’Espagne dans notre littérature », Occident, n°6, 1938, p. 4.
  • 36 Jean-Pierre Maxence, « Misère du Cid », Occident, n°29, 1938, p. 8.
  • 37 Francis de Miomandre, « L’Espagne et le mystère de « Don Juan » », Occident, n°35, 1939, p. 8.
  • 38 Francis de Miomandre, « A la gloire de Cervantes », Occident, n°37, 1939, p. 8.

20L’un des angles à l’heure d’aborder la question est celui de présenter l’influence espagnole dans la littérature française. En ce sens, nous retrouvons un article d’Henry Bordeaux qui analyse l’Espagne comme source d’inspiration de Théophile Gautier, Mérimée et Barrès35 ; un autre de Jean-Pierre Maxence sur la parution de Misère du Cid de Marie-Madeleine Chantal36 ; et deux articles de Francis de Miomandre, l’un sur le décès d’un auteur qui avait consacré ses recherches aux origines ibériques du peuple juif37, l’autre sur la parution d’un livre sur Cervantes par le « grand traducteur de Don Quichotte » Jean Babelon38.

  • 39 Adolphe Falgairolle, « Courrier littéraire », Occident, n°1, 1937, p. 8.
  • 40 Camille Pitollet, « Traqué dans Madrid », Occident, n°25, 1938, p. 8.

21Précisément, évoquer de manière élogieuse les traductions de l’espagnol au français est une autre manière de donner goût aux lecteurs de la revue de s’intéresser à la culture du pays voisin. Tel est le but des articles d’Adolphe Falgairolle sur la traduction par Armand Godoy des poème de Saint Jean de la Croix39, et celui de Camillo Pitollet sur la traduction par Marcel Carayon du roman de Jacinto Miquelarena, El otro mundo40.

  • 41 Francis de Miomandre, « Paul Claudel et l’Espagne », Occident, n°2, 1937, p. 4.
  • 42 Francis de Miomandre, « Nostalgie d’Espagne », Occident, n°25, 1938, p. 2.
  • 43 Henri Poulain, « Avec Henri Massis », Occident, n°35, 1939, p. 8.
  • 44 Ibidem

22La section littérature d’Occident n’est pourtant pas neutre politiquement et devient aussi un espace qui permet d’encenser les auteurs français et étrangers qui soutiennent le camp franquiste. De cette manière, nous retrouvons des articles qui louent les figures de Paul Claudel41, Carlos Reyes42 ou Henri Massis43. Ce dernier auteur étant même qualifié par Henri Poulain de « Défenseur de l’Occident »44.

23Une section qui sert également à critiquer tous les auteurs français qui parlent des événements espagnols tout en affichant leur soutien à la République Espagnole. Le collaborateur d’Occident chargé de détruire la réputation des intellectuels français qui critiquent Franco est Jean-Pierre Maxence. Celui-ci déploie des nombreux arguments afin de parvenir à ses fins, comme par exemple, accuser les auteurs d’être peu courageux :

  • 45 Jean-Pierre Maxence, « Le voyage inutile », Occident, n°1, 1937, p. 2.

M. [André] Chamson … si l’Espagne dite gouvernementale est, à ses yeux, un tel éden, qu’il s’engage et qu’il prenne les armes pour elle. J’ai toujours eu horreur de ces gens qui incitaient les autres à se battre pour des idées qu’ils ne faisaient que défendre du haut des chaires de professeurs45.

  • 46 Jean-Pierre Maxence, « Espoir ?... non, désespoir », Occident, n°7, 1938, p. 2.

24Quelques mois plus tard, ce sera au tour d’André Malraux et de son livre, L’Espoir, d’être les cibles de la plume de Maxence. Il considère que c’est un mauvais livre car il occulterait l’ensemble des enjeux de la guerre et décrit Malraux comme un auteur asservi « à l’orthodoxie marxiste » et « responsable de morts, de martyrs »46.

  • 47 Jean-Pierre Maxence, « Le pays de l’incarnation », Occident, n°22, 1938, p. 8.

25Ces auteurs font ainsi partie pour le collaborateur d’Occident de la liste des « mauvais auteurs », au côté d’autres tel Georges Bernanos, en opposition à sa liste de « bons auteurs », où l’on trouve Claudel, Falgairolle ou Lucien Maulvault47.

26La liste noire d’auteurs condamnables aux yeux de Maxence s’agrandit à la fin de l’année 1938, début 1939. D’abord, François Mauriac et l’ensemble de son œuvre font l’objet d’une attaque profonde :

  • 48 Jean-Pierre Maxence, « Communion nationale et culture espagnole », Occident, n°25, 1938, p. 8.

Les médiocres s’y perdent. Une œuvre comme celle de François Mauriac, par exemple, manifeste la pourriture d’un monde tout ensemble clos et brisé. On y étouffe … Le marxisme travestit la culture par ce qu’il travestit l’homme, et, littéralement, le dégrade48.

  • 49 Jean-Pierre Maxence, « Intellectuels en chômage », Occident, n°35, 1939, p. 8.

27Ensuite, et en dernier lieu, le dernier auteur pointé du doigt par la revue franquiste c’est l’hispaniste Jean Cassou. Ce dernier est vivement critiqué en raison de son soutien, présenté par Maxence comme un « panégyrique », aux intellectuels antifascistes ayant combattu les troupes franquistes49.

Un regard sur la guerre

28Les articles de la revue consacrés au récit victorieux franquiste au fur et à mesure que les succès sur le front se cumulaient furent nombreux, comme l’on peut s’y attendre dans cet organe de propagande. Il est donc bien plus intéressant de mettre en lumière comment ce récit est construit, grâce à quels éléments et par quels moyens, les membres de la revue tâchent de convaincre leur public français.

29Afin de parvenir à leurs fins, les dirigeants d’Occident font appel à une figure incontournable de la pensée réactionnaire en France : Charles Maurras. L’article de ce dernier, publié en mai 1938, est une grande victoire pour la revue. Sa présence légitime totalement le discours franquiste auprès des réactionnaires mais aussi des conservateurs qui, malgré tout, respectent la figure de l’académicien en qualité d’homme de culture. Dorénavant ce ne sont plus seulement les envoyés de l’Espagne franquiste à Paris, mais le leader idéologique incontournable des droites françaises qui affirme que la guerre d’Espagne est une lutte entre « Civilisation » et « Barbarie » :

  • 50 Charles Maurras, « La force au service du bien », Occident, n°15, 1938, p. 1.

Le caractère de la force armée nationaliste dans l’Espagne de Franco est l’organisation, la méthode, la discipline, la science … Ainsi, l’Asie multitudinaire devant la phalange macédonienne. Ainsi les tribus d’Orient et d’Occident devant la légion romaine … l’Espagne fait assister le monde à la lutte de la Civilisation contre la Barbarie. Ajoutons : de la Hiérarchie contre l’Anarchie50.

30Le conflit espagnol doit alors concerner l’ensemble des Français soucieux de leur patrie. Voici comment les dirigeants d’Occident essaient de mobiliser la société française pour qu’elle rallie leur cause. Le message est clair : pour que la France soit sauvée, il faut d’abord souhaiter et soutenir la victoire de Franco. Un message qui sera répété sans cesse tout au long de l’existence de la revue et qui sert de prétexte à Robert Brasillach pour remercier Franco dans le dernier numéro d’Occident :

  • 51 Robert Brasillach, « L’Espagne et nous », Occident, n°39, 1939, p. 4.

Nous devrions nous souvenir qu’en 1936, au moment où la révolution marxiste menaçait la France sous une forme exactement semblable à la forme qu’elle avait prise au-delà les Pyrénées, le coup d’arrêt qui lui fut porté par le général Franco a empêché, du même coup, son triomphe chez nous51.

  • 52 Francisco Espinosa Maestre (ed.), Violencia roja y azul. España, 1936-1950, Barcelona, Crítica, 201 (...)
  • 53 René Johannet, « Conclusions dernières d’un voyage en Espagne », Occident, n°5, 1937, p. 2.
  • 54 Jean Dourec, « Le satanisme des rouges », Occident, n°13, p. 6.
  • 55 Camille Pitollet, « Poblet », Occident, n°31, 1939, p. 5.
  • 56 Camille Pitollet, « Salvete, Flores Martyrum ! », Occident, n°35, 1939, p. 7.
  • 57 Camille Pitollet, « Le 1er avril 1939 », Occident, n°36, 1939, p. 7.
  • 58 Claude Farrère, « L’Espagne nationale », Occident, n°2, 1937, p. 1.

31Comment ont-ils fait les collaborateurs de cette revue pour entretenir ce message auprès des Français ? Numéro après numéro, année après année, les articles sur les violences commises par les « rouges » en Espagne fusent, exagérant aussi bien le nombre de cas que de victimes52. Les républicains sont dépeints comme des hommes sans foi ni loi à l’origine d’une multitude d’incendies criminels53, profanations de tombes54, pillages55, assassinats de prisonniers de guerre56 et même des fusillements de masse sans jugement57. Une cascade d’accusations qui vise à créer la peur et l’émoi chez les lecteurs de la revue. L’accusation la plus surprenante parmi toutes est sans doute, par sa portée symbolique, le cas de Guernica. L’article de Claude Farrère affirme que contrairement à ce qu’affirme la propagande républicaine, ce ne sont pas les franquistes et ses alliés qui ont bombardé la ville. Au contraire, celle-ci aurait été détruite par les « rouges » à base de dynamite58.

  • 59 Henri Joubert, « Marins d’Espagne », Occident, n°4, 1937, p. 1.
  • 60 Camille Pitollet, « Sur le front, face aux rouges », Occident, n°29, 1938, p. 5.

32Des accusations qui permettent en même temps d’ériger peu à peu chez les franquistes de longs articles pour mettre en avant le sacrifice, le courage et l’héroïsme des « martyrs » tombés pour la patrie. Des éloges collectifs, comme celui dédié aux officiers de marine59, ou bien individuels, pour mieux incarner le sacrifice : « à peine perceptibles, ses dernières paroles furent : Adiós… madre mía…Franco »60.

33Les collaborateurs d’Occident opposent la violence exercée par les républicains à l’ordre et la paix qui régnerait dans l’Espagne sous contrôle franquiste. Ce faisant, ils envoient un message clair aux Français, au nom de vos propres intérêts, soutenez-nous.

  • 61 Henri Joubert, « Impressions d’un voyage en Espagne », Occident, n°5, 1937, p. 6-7.
  • 62 Ibidem
  • 63 Henri Joubert, « Après une visite », Occident, n°10, 1938, p. 2.
  • 64 Ibidem
  • 65 Henri Poulain, « Avec Xavier Vallat, retour d’Espagne », Occident, n°33, 1939, p. 3.

34Tout ceci explique les nombreux articles qui peignent le portrait de l’Espagne dite « nationale » comme celui d’un pays idyllique. L’Espagne de Franco à en croire les collaborateurs de la revue est un pays où les Espagnols ne manquent de rien61, où règne l’ordre et la justice62, où la paix est tangible63, où la liberté et la dignité humaine sont respectés64 et surtout où la répression est inexistante65

  • 66 Charles de Beaupoil, « Le plus grand scandale du Siècle », Occident, n°4, 1937, p. 1.
  • 67 Robert Brasillach, « La grandeur de cette guerre », Occident, n°19, 1938, p. 5.

35Au-delà de ce paradis sur terre ainsi présenté, les collaborateurs tiennent à cœur de présenter les exploits franquistes en matière d’aide sociale. Dans cette « nouvelle Espagne » tout le monde se mobilise pour secourir la population libérée66 et l’Auxilio Social construit partout des hôpitaux et des écoles pour les plus démunis67. Le tout sans oublier de mentionner les succès économiques du régime franquiste pour lutter contre l’inflation ou les différentes mesures prises pour assurer des meilleures conditions de vie pour les travailleurs :

Un statut du travail, comportant […] les congés payés, quinze jours par an, le salaire familial et l’interdiction du travail en usine pour la mère de famille […] la protection du travail des enfants et l’institution d’un salaire minimum montrent aussi l’œuvre accomplie dans ce domaine […] Dans l’arsenal des lois sociales adoptées, nous avons remarqué encore le décret dispensant les ouvriers en chômage – il n’y en a guère – de payer leur loyer .

  • 68 André Nicolas, « La seconde délivrance de Lérida », Occident, n°32, 1939, p. 4.

36Cette vision de la guerre et de ses conséquences sur la population civile justifie ainsi la présentation des conquêtes militaires des franquistes comme des « délivrances » des différentes parties du territoire national. Un terme, celui de « délivrance », qui est particulièrement utilisé dans les premiers mois de l’année 1939 pour décrire l’avancée militaire des troupes de Franco en territoire catalan, Lérida étant considérée alors par les collaborateurs de la revue comme la « première capitale catalane délivrée »68.

  • 69 René Richard, « Le point diplomatique », Occident, n°30, 1939, p. 2.
  • 70 René Richard, « La marche sur Barcelone. Tarragone », Occident, n°31, 1939, p. 4.
  • 71 René Richard, « La délivrance de la Catalogne. De Barcelone à Gérone. Victoire », Occident, n°32, 1 (...)

37L’emploi récurrent de ce terme va de pair avec le discours triomphaliste de la revue dans ces derniers mois de guerre. Dès le début de l’année les articles mettent l’accent sur la rapidité des offensives69, la vulnérabilité du front républicain et la pauvreté de moyens de ses troupes70 pour enfin parler ouvertement dès le mois de février de la « débandade »71.

  • 72 Mario Meunier, « La délivrance de la Catalogne. De Barcelone à Gérone. Vers l’avenir », Occident, n (...)

38Il est intéressant toutefois de signaler l’apparition de certaines considérations de la part des collaborateurs inexistantes jusqu’alors. La plus importante, est celle qui concerne la définition de ce qu’est un Espagnol. Entre 1937 et 1938, l’opposition est toujours faite entre républicains et « nationaux », entre communistes et partisans de l’ordre, mais jamais comme à partir de janvier-février 1939, entre Espagnols et non Espagnols72. L’idée d’appartenance à la communauté nationale est dissociée du territoire pour l’associer à une idée plus politique, idéologique. Une vision qui est mise au grand jour alors que la revue n’a plus besoin de convaincre pleinement la France d’un soutien à Franco puisque la victoire de celui-ci est proche dans leurs esprits.

  • 73 Jean Dourec, « L’opinion des madrilènes », Occident, n°36, 1939, p. 5.

39Enfin, le 10 avril 1939, soit neuf jours après le communiqué de guerre franquiste annonçant la fin du conflit, les articles d’Occident mettent en avant la liesse populaire dans les rues de la capitale73 et présentent, en manière de synthèse, la gloire qui revient de droit aux soulevés :

  • 74 René Richard, « La guerre est terminée », Occident, n°36, 1939, p. 4.

Ainsi s’achève, après deux ans, huit mois et douze jours de luttes héroïques, la libération de l’Espagne, empoisonnée pendant huit ans par des idéologies étrangères, assassinée par les bourreaux de Moscou et envahie par les hordes au service de la Troisième internationale. La République est morte. L’Espagne continue !74.

La défense de la chrétienté

40Sujet central et épine dorsale de la majorité des discours réactionnaires aussi bien espagnols que français, la religion, et plus concrètement la défense des valeurs catholiques, est présente dans presque tous les articles publiés. La religion devient une arme dans les mains des collaborateurs français qui l’invoquent pour attaquer leur ennemi idéologique, mais aussi pour essayer de convaincre ses lecteurs de la nécessité de soutenir Franco, le seul garant de la protection de la foi en territoire ibérique.

  • 75 P. L. Guinchard, « Arriba España ! » , Occident, n°36, 1939, p. 3.

41C’est précisément le discours portant sur la mise en danger des valeurs chrétiennes qui fut le premier à être diffusé dans les pages de la revue. L’Espagne catholique est présentée comme un collectif agressé depuis longue date ; les soulevés n’auraient donc fait que lutter pour la défendre, manière subtile de se présenter comme de simples victimes qui ont décidé de riposter. À en croire des auteurs tels l’Abbé P. L. Guinchard, la guerre civile espagnole se résumerait à une simple guerre antireligieuse commencée par les gauches dès la victoire du Front Populaire le 16 février 193675 ; s’il est vrai qu’il y eût des persécutions de cette nature, l’essentialisation de la question pose problème.

  • 76 Robert Havard de la Montagne, « La guerre d’Espagne et l’Église », Occident, n°5, 1937, p. 2.
  • 77 Robert Havard de la Montagne, « Les catholiques français et l’Espagne », Occident, n°1, 1937, p. 2.

42Cette vision des choses justifie aux yeux des collaborateurs l’impossibilité d’une certaine neutralité de l’Église76 et le soutien de celle-ci aux troupes franquistes présentées au public français comme des soldats de la chrétienté. Reprenant les arguments des cardinaux, archevêques et évêques espagnols, les intellectuels français justifient le positionnement de l’Église, une institution qui ne peut pas rester impassible dans une « lutte entre la civilisation chrétienne et la prétendue civilisation de l’athéisme soviétique »77.

  • 78 Henri Joubert, « Retour du Christ », Occident, n°36, 1939, p. 3.
  • 79 Bernard Faÿ, « Les Églises en Espagne », Occident, n°16, 1938, p. 1.
  • 80 Léon Daudet, « Violation de sépulture », Occident, n°26, 1938, p. 8.
  • 81 Alfred Baudrillart, « La lettre collective des évêques espagnols », Occident, n°5, 1937, p. 4.

43Pour renforcer ce positionnement, les articles sur la persécution religieuse des catholiques espagnols seront mis en évidence. Nous retrouvons des moultes exemples tout au long des numéros de la revue : la plupart des églises de Barcelone ravagées78, des sanctuaires détruits pas milliers dans l’ensemble du territoire sous contrôle républicain79, les violations de sépultures et les destructions des statues de saints80… Un panorama qui permet à des intellectuels comme le cardinal Alfred Baudrillart de comparer la situation aux persécutions des chrétiens sous Néron et Dioclétien81.

  • 82 Charles de Beaupoil, « Ce que l’Église de France doit à l’Église d’Espagne », Occident, n°6, 1938, (...)
  • 83 Dominique Avon, « À la confluence de l’histoire religieuse et de l’histoire politique », in Dominiq (...)
  • 84 Raoul Follereau, « L’hommage de la France chrétienne à l’Espagne », Occident, n°24, 1938, p. 8.

44Face à cette situation, les Français doivent réagir, tel est le sens des articles de la revue. La France ne doit pas rester neutre et doit soutenir l’Église d’Espagne car celle-ci a « été presque sans répit le bouclier et l’épée de l’Église universelle et surtout de sa sœur la plus proche, l’Église de France »82. De même, Occident va mettre en avant les initiatives collectives menées à bien pour soutenir les catholiques espagnols, telle celle promue par la Ligue d’Union Latine, présidée par Raoul Follereau83, « pour faire reconstruire les églises d’Espagne »84.

  • 85 Henri Poulain, « Son éminence le cardinal Baudrillart déclare à Occident : En tant que Français, en (...)
  • 86 Ibidem

45Sur le territoire espagnol, un homme est présenté comme le seul capable de défendre cette Église d’Espagne « du bolchevisme »85 : le général Franco. Un homme qui, grâce à son sacrifice, aurait également « sauvé la France et son Église d’un désastre semblable »86.

Gloire à Franco

46La revue Occident, en qualité d’outil de propagande, ne se contente pas de vanter les qualités générales des militaires soulevés contre la République ou d’attaquer les ignominies qui auraient été commises par les républicains, elle est aussi au service de la propagande personnelle de son leader, le général Franco.

47Cet homme, inconnu du public français avant le début de la guerre civile en 1936, est donc présenté dans tous ses aspects aux lecteurs de la revue. Toutes les facettes de sa vie sont abordées dans les moindres détails. L’objectif de la revue est ainsi double, rallier les Français à la cause des auto-proclamés « nationaux », et en même temps, assoir la légitimité de Franco en qualité de leader indiscutable de ceux-ci.

  • 87 Léon Daudet, « Franco, vainqueur de la Révolution », Occident, n°15, 1938, p. 5.
  • 88 Henri Joubert, « Le général Franco », Occident, n°15, 1938, p. 4.

48Pour cette raison, la grande majorité des articles de propagande destinés à louer les qualités de Franco se concentre dans les derniers mois de l’année 1937 et surtout en mai 1938, profitant du succès de l’offensive du Levant avec le découpage en deux de la zone républicaine pour le présenter comme un grand stratège militaire. Ce fait d’armes, consistant à couper Valence de Barcelone lui vaut l’admiration de Léon Daudet qui n’hésite pas à le comparer, eu égard à une manœuvre stratégique pareille, au maréchal Foch et au général Weygand87. Un événement qui ne surprend pas non plus l’amiral Joubert qui loue les qualités extraordinaires du général espagnol dès sa sortie de l’École militaire, énumère ses victoires africaines et souligne le fait qu’il ait avancé dans sa carrière par « mérite de guerre »88.

  • 89 Henri Lemery, « L’Espagne régénérée », Occident, n°4, 1937, p. 3.
  • 90 Maxime Real del Sarte, « Visite à franco, avec Maurras », Occident, n°15, 1938, p. 5.
  • 91 Ibidem

49Extraordinaire sur le champ de bataille à en croire les articles des collaborateurs français d’Occident, Franco ne serait pas moins habile dans le domaine de la politique. Le général trouverait dans le fascisme mussolinien et dans le national-socialisme des sources d’inspiration pour son projet politique mais « il médite de le retremper dans ses traditions propres »89 pour une meilleure adaptation à la culture et à la coutume de l’Espagne. Il aurait même affirmé à Maurras « son grand souci d’assurer le bonheur du peuple, de tous les humbles qui lui ont fait confiance »90, ce qui permet de le présenter comme un homme « profondément « social » »91 dans la revue.

  • 92 Bernard Faÿ, « Qu’est-ce que Franco ? », Occident, n°4, 1937, p 3.
  • 93 Claude Carrère, « D. Francisco Franco y Bahamonde », Occident, n°15, 1938, p. 4.
  • 94 Ibidem
  • 95 Bernard Faÿ, « Qui est Franco ? », Occident, n°15, 1938 p. 5.
  • 96 Ibidem
  • 97 Pierre Bonardi, « El Caudillo », Occident, n°15, 1938, p. 5.

50Le culte du chef s’affirme aussi dans Occident par le biais de la mise en avant du caractère même et des habitudes de Franco ; il est presque présenté comme une source d’inspiration, un modèle à suivre. La liste de ses qualités est longue : un homme pieux et humble92, d’une grande simplicité et bonté93, austère94, avec une capacité de commandement naturelle95, discret96, fiable97

51Franco fort de toutes ces qualités aux yeux de ses troupes et des collaborateurs français étudiés va ainsi pouvoir être érigé à la fin de la guerre comme le grand « pacificateur », reprenant l’expression du cardinal Baudrillart dans la prière qu’il fait dans le dernier numéro de la revue :

  • 98 Alfred Baudrillart, « Le pacificateur d’Espagne », Occident, n°39, 1939, p. 1.

Je prie Dieu que le pacificateur d’Espagne conserve toujours les mêmes pensées, les mêmes sentiments et que ce Dieu, notre Dieu, permette que, sous l’égide du grand chef qu’il a suscité, aux Gesta Dei per Francos de notre vieille France s’ajoutent les Gesta Dei per Francum et per Hispanos, tant de fois les soldats de Dieu sur la terre !98.

Affinité franquiste, affinité pétainiste ?

52Il est complexe d’établir un lien direct entre le soutien des intellectuels français à la cause de Franco avec un positionnement pro Vichy ou pro Collaboration quelques mois plus tard car les bouleversements politiques et les événements majeurs connus en France ont pu être vécus d’une manière différente entre les différents acteurs. Toutefois, il est tout de même intéressant de se pencher sur la question afin d’observer une éventuelle continuité dans les positionnements politiques.

  • 99 Voir annexe n°2 : Liste des 41 collaborateurs français d’Occident ayant soutenu Vichy et/ou la Coll (...)

53Parmi les 64 collaborateurs d’Occident, nous avons repéré un total de 41 qui se sont accommodés du pouvoir du Maréchal Pétain et/ou de la Collaboration pure et simple avec l’occupant99. Pour les 23 collaborateurs restants, 2 sont décédés avant 1940, 18 n’ont pas laissé suffisamment de sources pour les classer, et 3 d’entre eux se sont clairement opposés à la nouvelle réalité politique : Pierre Gaxotte, Henri de Kerillis et René Richard.

  • 100 Frédéric Monier, « Le 6 février 1934 » in Frédéric Monier, Le complot dans la République. Stratégie (...)

54Plus des deux tiers des collaborateurs de la revue étudiée ont fait le choix cité mais si l’on observe en détail leurs parcours avant même la Guerre Civile espagnole, nous nous apercevons que parmi ceux-ci, seulement la moitié, plus précisément 21 intellectuels, étaient déjà dans les années 1930 proches des positions fascistes : Henri Beraud participe au 6 février 1934100, Léon Bailby admire le fascisme italien, Jean-Pierre Maxence est membre du parti Solidarité Française… Tous ces noms sont proches ou font partie de l’extrême droite française et nous pouvons affirmer une continuité de leur engagement, avant, pendant et après la Guerre Civile. Les événements de la Péninsule Ibérique ne furent qu’un jalon de plus dans leur évolution idéologique qui les a conduits à soutenir l’instauration d’un régime similaire sur territoire français.

55Les 20 autres intellectuels, parmi lesquels nous pouvons citer en guise d’exemple René Benjamin, Adolphe Falgairolle ou Henry Bordeaux, sont pour la plupart des hommes conservateurs ou anti-communistes, mais ils sont encore loin au début de la décennie 1930 des idées auxquelles ils adhéreront en 1940. La Guerre Civile espagnole, de même que l’arrivée au pouvoir du Front Populaire en France, peut donc être interprété comme un événement catalyseur qui radicalise leurs positionnements politiques et les rapproche des thèses défendues par le régime de Vichy quelques années plus tard.

Conclusion

56L’étude de la revue Occident nous apprend beaucoup d’informations tant sur le plan thématique et les choix discursifs que sur le plan de l’importance des intellectuels français au sein de cette entreprise.

  • 101 James Davison Hunter, Culture Wars, New York, Basic Books, 1991; James Davison Hunter, Alan Wolfe, (...)

57En ce qui concerne les principales thématiques de la publication, nous avons observé une volonté de propagande qui va au-delà de propager la peur des « rouges », la défense de la chrétienté ou encenser les capacités militaires et morales du général Franco. Occident essaie de mener à bien une guerre culturelle101 profonde pour convaincre les Français de la présence d’ennemis sur leur propre territoire. Dès lors que sous prétexte d’analyse littéraire, par exemple, les articles s’enchaînent pour pointer du doigt le soutien d’auteurs comme Malraux à la cause républicaine espagnole, la revue envoie le message que la France, elle aussi, est en danger et pourrait se retrouver dans la même situation que l’Espagne dans un futur proche. De même, à l’heure d’aborder le conflit, la lutte entre franquistes et républicains nous est présentée comme une guerre entre « Civilisation » et « Barbarie » ; une guerre provoquée selon les intellectuels français par les éléments subversifs de l’Espagne, à savoir, les communistes. Ce faisant, ils jouent de la situation nationale française sous le Front Populaire afin d’attiser la peur et gagner des partisans. Une entreprise qui sert l’Espagne de Franco mais aussi les intérêts des intellectuels réactionnaires eux-mêmes, désireux d’un changement de régime radical sur l’Hexagone.

58Quant à la narrative déployée par les différents acteurs, d’un côté nous avons le choix d’un discours victimaire omniprésent (chrétiens persécutés, institutions bafouées, défense de la paix face aux coups de force des républicains) et d’un autre côté, un discours beaucoup plus offensif où les fausses nouvelles sont présentées avec allégresse afin de justifier leurs discours. L’exemple le plus parlant de cette dernière ligne est l’article de Claude Farrère en 1937 où il accuse les républicains d’avoir détruit Guernica à base de dynamite et avoir par la suite inventé le récit d’un bombardement des alliés de Franco.

59Enfin, les intellectuels français ayant participé à cet organe de propagande qui fut Occident ont été également mis en avant pendant cette étude, nous permettant de révéler l’engagement de certains qui n’étaient pas catalogués comme des proches des idées réactionnaires car ils n’étaient étudiés qu’en fonction de leurs positionnements à partir de 1939 sur le devenir de la France. Dans ce travail, nous avons vu comment certains de ces intellectuels étaient déjà radicalisés dès le début des années 1930 mais a contrario, l’autre moitié des acteurs étudiés se sont radicalisés en partie en raison de l’évolution de la guerre civile espagnole et de ses répercussions internationales. Qui plus est, l’instauration d’un régime autoritaire espagnol sous la conduite du général Franco s’avère une opportunité pour les réactionnaires français. La nouvelle Espagne souhaitée par les franquistes devient un modèle de plus à suivre comme inspiration, comme cela avait été le cas du fascisme mussolinien jusqu’à présent. Une opportunité de plus pour convaincre un public large de la nécessité de l’instauration d’un régime d’inspiration fasciste tout en évitant de se référer au national-socialisme allemand, haï par bon nombre d’intellectuels beaucoup plus par rancunes historiques que par un véritable rejet idéologique.

60La revue Occident fut alors une publication au service de l’Espagne de Franco qui lui permit d’assurer sa bonne image à l’International et préparer le terrain d’une reconnaissance officielle par la France, mais elle n’en fut pas moins l’occasion pour bon nombre d’intellectuels français contributeurs à celle-ci de convaincre leurs compatriotes de la nécessité de l’instauration d’un régime similaire dans leur propre patrie.

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Annexe

Annexe n° 1 : Liste des 64 collaborateurs français d’Occident

NOM

PRÉNOM

NOMBRE D’ARTICLES

BAILBY

Léon

1

BARDOUX

Jacques

1

BAUDRILLART

Alfred

3

BEAUPOIL

Charles de

4

BENJAMIN

René

1

BERAUD

Henri

1

BERTRAND

Louis

1

BLANCHE

Jacques-Émile

1

BONARDI

Pierre

1

BONNARD

Abel

1

BORDEAUX

Henry

2

BRASILLACH

Robert

4

CAMDESSUS

Alfred

1

CHEVALIER

Jacques

1

CHIAPPE

Jean

1

CLAUDE

Georges

1

CLAUDEL

Paul

2

COHEN

Robert

1

DAUDET

Léon

4

DORIOT

Jacques

1

DOUREC

Jean

2

FABRE-LUCE

Alfred

1

FALGAIROLLE

Adolphe

11

FARNAUX-REYNAUD

Lucien

1

FARRÈRE

Claude

2

FAŸ

Bernard

4

FOLLEREAU

Raoul

1

GAXOTTE

Pierre

2

GÉRIN-RICARD

Lazare de

1

GROSDIDIER DE MATONS

Marcel

1

GUINCHARD

Abbé P. L.

1

HAVARD DE LA MONTAGNE

Robert

2

HÉRICOURT

Pierre

1

JOHANNET

René

4

JOUBERT

Henri

7

KERILLIS

Henri de

1

DRIEU LA ROCHELLE

Pierre

1

LACOMME

Pierre-François

1

LAMBERTYE

S. M.

1

LE FUR

Louis

1

LEGENDRE

Maurice

10

LÉMERY

Henry

1

LESCA

Charles

2

LOUTIL

Edmond

1

MADELIN

Louis

1

MAGALLON

Xavier de

2

MARMONT

Paluel

1

MASSIS

Henri

2

MASSOT

Max

1

MAUCLAIR

Camille

3

MAURRAS

Charles

2

MAXENCE

Jean-Pierre

17

MESPLÉ

Paul

1

MEUNIER

Mario

5

MIOMANDRE

Francis de

16

NICOLAS

André

4

PESTOUR

Albert

1

PITOLLET

Camille

10

POPELIN

Claude

3

POULAIN

Henri

16

REAL DEL SARTE

Maxime

1

RECOULY

Raymond

1

RICHARD

René

11

WITT-GUIZOT

François de

1

Annexe n° 2 : Liste des 41 collaborateurs français d’Occident ayant soutenu Vichy et/ou la Collaboration

Élaboration propre à partir des informations contenues dans :

François Broche, Dictionnaire de la Collaboration. Collaborations, compromissions, contradictions, Paris, Belin, 2014.

Michèle Cointet, Le Conseil national de Vichy : vie politique et réforme de l’État en régime autoritaire (1940-1944), Paris, Klincksiek, 1990.

Pierre-Marie Dioudonat, Les 700 rédacteurs de « Je suis partout ». 1930-1944, Paris, Sedopols, 1993.

Jean-Paul Lefebvre-Filleau, Ces Français qui ont collaboré avec le IIIe Reich, Monaco, Éditions du Rocher, 2017.

Cyril Olivier, « Fiches biographiques des principaux penseurs et soutiens de la révolution nationale », Cyril Olivier, Le vice ou la vertu. Vichy et les politiques de la sexualité, Toulouse, Presses Universitaires du Midi, 2005, p. 279-283.

Pascal Ory, Les collaborateurs, Paris, Seuil, 1976.

NOM

PRÉNOM

ENGAGEMENT (1940-1944)

BAILBY

Léon

Directeur du journal pro-Vichy L’Alerte : l’hebdomadaire de la rénovation française (1940-1943)

BARDOUX

Jacques

Membre du Conseil national de Vichy

BAUDRILLART

Alfred

Soutien publiquement Pétain et la Collaboration

BENJAMIN

René

Idéologue du régime de Vichy

BERAUD

Henri

Collaborateur antisémite et pro-Vichy de Gringoire

BONARDI

Pierre

Membre du PPF

BONNARD

Abel

Membre du Conseil national de Vichy et Ministre de l’Éducation nationale (1942-1944)

BORDEAUX

Henry

Idéologue du régime de Vichy et hagiographe du maréchal Pétain

BRASILLACH

Robert

Rédacteur chef de Je suis partout et pro Collaboration

CHEVALIER

Jacques

Secrétaire d’État à l’Instruction publique et à la Jeunesse sous Vichy

CHIAPPE

Jean

Haut-commissaire de France au Levant sous Vichy

CLAUDE

Georges

Membre du Conseil national consultatif de Vichy – Membre du comité d’honneur de la LVF

CLAUDEL

Paul

Soutien Vichy tout en dénonçant les persécutions antisémites

DAUDET

Léon

Soutien publiquement Pétain

DORIOT

Jacques

Leader du PPF

DRIEU LA ROCHELLE

Pierre

Auteur pro Collaboration – Membre du PPF

FABRE-LUCE

Alfred

Soutien publiquement Pétain et la Collaboration

FALGAIROLLE

Adolphe

Soutien publiquement le régime de Vichy

FARRÈRE

Claude

Soutien publiquement Pétain

FAY

Bernard

Administrateur général de la Bibliothèque nationale nommé par Vichy

FOLLEREAU

Raoul

Propagandiste au service de la Révolution nationale

HAVARD DE LA MONTAGNE

Robert

Collaborateur de Je suis partout – Soutien publiquement le régime de Vichy

HÉRICOURT

Pierre

Directeur général de la Légion français des combattants – Consul de Vichy à Barcelone

JOHANNET

René

Membre de la commission de censure de Vichy

LE FUR

Louis

Collaborateur de Je suis partout – Pro Collaboration

LÉMERY

Henri

Ministre-secrétaire d’État aux Colonies sous Vichy

LESCA

Charles

Directeur de Je suis partout – Pro Collaboration

LOUTIL

Edmond

Soutien le régime de Vichy

MADELIN

Louis

Soutien publiquement Pétain

MAGALLON

Xavier de

Collaborateur de l’Agence de presse Inter-France

MASSIS

Henri

Membre du Conseil national de Vichy

MAUCLAIR

Camille

Collaborateur dans des journaux pro Collaboration

MAURRAS

Charles

Soutien publiquement le régime de Vichy

MAXENCE

Jean-Pierre

Directeur des services sociaux du commissariat aux Prisonniers

MEUNIER

Mario

Collaborateur du Mémorial – Pro Vichy et pro Collaboration

NICOLAS

André

Collaborateur de Je suis partout – Pro Collaboration

PALUEL-MARMONT

Albert

Propagandiste du régime de Vichy

POPELIN

Claude

Membre du PPF

POULAIN

Henri

Gérant de Je suis partout – Rédacteur à radio Vichy

REAL DEL SARTE

Maxime

Soutien publiquement le régime de Vichy

RECOULY

Raymond

Soutien publiquement le régime de Vichy

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Notes

1 À titre d’exemple : Javier Domínguez Arribas, « L’organisation de la presse et de la propagande dans l’Espagne rebelle (1936-1939) », El Argonauta español, n°7, 2010 ; Francisco Sevillano Calero, « La propaganda y la construcción de la cultura de guerra en España durante la Guerra Civil », Studia Historica. Historia Contemporánea, n°32, 2014, p. 225-237.

2 Antonio César Moreno Cantano, « La propaganda franquista en Francia durante la Guerra Civil (1936-1939) », Alfonso Bullón de Mendoza, Luis Eugenio Togores Sánchez, La República y la Guerra Civil setenta años después, Madrid, Actas Editorial, 2008, p. 819-833 ; Laura Blasco de la Llave, « « L’Action Française » ante la Guerra Civil Española », Revista de estudios políticos, n°167, 2015, p. 193-230.

3 Archivo General Militar (Ávila) : Ministerio de la Gobernación. Subsecretaría de Prensa y Propaganda. 1937-1939.

4 Archivo General de la Administración (Alcalá de Henares) : Movimiento Nacional. Órganos centrales. Delegación Nacional de Prensa, Propaganda y Radio.

5 Eliseu Trenc, « Joan Estelrich a París, de la Lliga a la UNESCO tot passant per Occident », Revue d’études catalanes, n°2, 2016, p. 134.

6 Borja de Riquer Permanyer, Francesc Cambó. El último retrato, Barcelona, Crítica, 2022.

7 Josep Massot i Montaner, « Joan Estelrich , entre la col·laboració i el desencís » in Josep Massot i Montaner, Els intel·lectuals mallorquins davant el franquisme, Barcelona, Publicacions de l’Abadia de Montserrat, 1992.

8 Josep Massot i Montaner, « Joan Estelrich i la propaganda franquista a Paris (1939-1942) » in Ferran Carbó Aguilar, Les literatures catalana i francesa, postguerra i engagement, Barcelona, Publicacions de l’Abadia de Montserrat, 2000, p. 261-296.

9 Josep Maria Figueres Artigues, « Guerra de propaganda. Occident la revista dels catalans franquistes que s’editava a França », Capçalera. Revista del Col.legi de Periodistes de Catalunya, 2018, p. 65.

10 Ibidem, p. 66

11 Eliseu Trenc, « Joan Estelrich a París… », op. cit., p. 136.

12 Voir annexe n°1 : Liste des 64 collaborateurs français d’Occident

13 Gilles Lahousse, « De la Solidarité française au parti faisceau français : un exemple de radicalisation politique », Vingtième siècle, revue d’histoire, n°58, 1998, p. 48.

14 Pierre-Marie Dioudonnat, Les 700 rédacteurs de Je Suis Partout. 1930-1944, Paris, Sedopols, 1993, p. 73.

15 Ibid., p. 23-24.

16 Ibid., p. 68.

17 François Broche, Léon Daudet. Le dernier imprécateur, Paris, Robert Laffont, 1992.

18 Antoine Compagnon, Le cas Bernard Faÿ : du Collège de France à l’indignité nationale, Paris, Gallimard, 2009.

19 Camille Cleret, « S’aimer en politique. Les couples d’intellectuels dans la mouvance d’Action française (années 1900-1930) », Les Études Sociales, n°170, 2019, p. 157-178.

20 Pierre-Marie Dioudonnat, Les 700 rédacteurs de Je Suis Partout…, op. cit., p. 39.

21 Base de données de l’Assemblée Nationale : https://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/(num_dept)/6740

22 Robert Ricard, « Maurice Legendre », Bulletin hispanique, t. 57, n°1-2, p. 204-207.

23 Pierre Gras, « Camille Pitollet », Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, t. 117, 1963-1965, p. 21-22.

24 Archives Nationales – Base de données Léonore : https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr/ui/notice/197203

25 Data BNF: https://data.bnf.fr/fr/11915838/mario_meunier/

26 Data BNF: https://data.bnf.fr/fr/13008994/auguste-felix-charles_de_beaupoil_saint-aulaire/

27 « L’amitié franco-espagnole », Occident, n°4, 1937, p. 4.

28 Ibidem

29 Jacques Bardoux, « L’amitié franco-espagnole », Occident, n°4, 1937, p. 5.

30 Charles Maurras, « L’amitié franco-espagnole », Occident, n°4, 1937, p. 4.

31 Charles de Beaupoil, « France – Espagne », Occident, n°39, 1939, p. 4.

32 Ibidem

33 Robert Brasillach, « L’Espagne et nous », Occident, n°39, 1939, p. 4.

34 Claude Popelin, « Jacques Doriot en Espagne », Occident, n°20, 1938, p. 5.

35 Henry Bordeaux, « L’Espagne dans notre littérature », Occident, n°6, 1938, p. 4.

36 Jean-Pierre Maxence, « Misère du Cid », Occident, n°29, 1938, p. 8.

37 Francis de Miomandre, « L’Espagne et le mystère de « Don Juan » », Occident, n°35, 1939, p. 8.

38 Francis de Miomandre, « A la gloire de Cervantes », Occident, n°37, 1939, p. 8.

39 Adolphe Falgairolle, « Courrier littéraire », Occident, n°1, 1937, p. 8.

40 Camille Pitollet, « Traqué dans Madrid », Occident, n°25, 1938, p. 8.

41 Francis de Miomandre, « Paul Claudel et l’Espagne », Occident, n°2, 1937, p. 4.

42 Francis de Miomandre, « Nostalgie d’Espagne », Occident, n°25, 1938, p. 2.

43 Henri Poulain, « Avec Henri Massis », Occident, n°35, 1939, p. 8.

44 Ibidem

45 Jean-Pierre Maxence, « Le voyage inutile », Occident, n°1, 1937, p. 2.

46 Jean-Pierre Maxence, « Espoir ?... non, désespoir », Occident, n°7, 1938, p. 2.

47 Jean-Pierre Maxence, « Le pays de l’incarnation », Occident, n°22, 1938, p. 8.

48 Jean-Pierre Maxence, « Communion nationale et culture espagnole », Occident, n°25, 1938, p. 8.

49 Jean-Pierre Maxence, « Intellectuels en chômage », Occident, n°35, 1939, p. 8.

50 Charles Maurras, « La force au service du bien », Occident, n°15, 1938, p. 1.

51 Robert Brasillach, « L’Espagne et nous », Occident, n°39, 1939, p. 4.

52 Francisco Espinosa Maestre (ed.), Violencia roja y azul. España, 1936-1950, Barcelona, Crítica, 2010, p. 17-80.

53 René Johannet, « Conclusions dernières d’un voyage en Espagne », Occident, n°5, 1937, p. 2.

54 Jean Dourec, « Le satanisme des rouges », Occident, n°13, p. 6.

55 Camille Pitollet, « Poblet », Occident, n°31, 1939, p. 5.

56 Camille Pitollet, « Salvete, Flores Martyrum ! », Occident, n°35, 1939, p. 7.

57 Camille Pitollet, « Le 1er avril 1939 », Occident, n°36, 1939, p. 7.

58 Claude Farrère, « L’Espagne nationale », Occident, n°2, 1937, p. 1.

59 Henri Joubert, « Marins d’Espagne », Occident, n°4, 1937, p. 1.

60 Camille Pitollet, « Sur le front, face aux rouges », Occident, n°29, 1938, p. 5.

61 Henri Joubert, « Impressions d’un voyage en Espagne », Occident, n°5, 1937, p. 6-7.

62 Ibidem

63 Henri Joubert, « Après une visite », Occident, n°10, 1938, p. 2.

64 Ibidem

65 Henri Poulain, « Avec Xavier Vallat, retour d’Espagne », Occident, n°33, 1939, p. 3.

66 Charles de Beaupoil, « Le plus grand scandale du Siècle », Occident, n°4, 1937, p. 1.

67 Robert Brasillach, « La grandeur de cette guerre », Occident, n°19, 1938, p. 5.

68 André Nicolas, « La seconde délivrance de Lérida », Occident, n°32, 1939, p. 4.

69 René Richard, « Le point diplomatique », Occident, n°30, 1939, p. 2.

70 René Richard, « La marche sur Barcelone. Tarragone », Occident, n°31, 1939, p. 4.

71 René Richard, « La délivrance de la Catalogne. De Barcelone à Gérone. Victoire », Occident, n°32, 1939, p. 9.

72 Mario Meunier, « La délivrance de la Catalogne. De Barcelone à Gérone. Vers l’avenir », Occident, n°32, 1939, p. 8.

73 Jean Dourec, « L’opinion des madrilènes », Occident, n°36, 1939, p. 5.

74 René Richard, « La guerre est terminée », Occident, n°36, 1939, p. 4.

75 P. L. Guinchard, « Arriba España ! » , Occident, n°36, 1939, p. 3.

76 Robert Havard de la Montagne, « La guerre d’Espagne et l’Église », Occident, n°5, 1937, p. 2.

77 Robert Havard de la Montagne, « Les catholiques français et l’Espagne », Occident, n°1, 1937, p. 2.

78 Henri Joubert, « Retour du Christ », Occident, n°36, 1939, p. 3.

79 Bernard Faÿ, « Les Églises en Espagne », Occident, n°16, 1938, p. 1.

80 Léon Daudet, « Violation de sépulture », Occident, n°26, 1938, p. 8.

81 Alfred Baudrillart, « La lettre collective des évêques espagnols », Occident, n°5, 1937, p. 4.

82 Charles de Beaupoil, « Ce que l’Église de France doit à l’Église d’Espagne », Occident, n°6, 1938, p. 5.

83 Dominique Avon, « À la confluence de l’histoire religieuse et de l’histoire politique », in Dominique Avon (dir.), L’histoire religieuse contemporaine en France, Paris, La Découverte, 2022, p. 221-222.

84 Raoul Follereau, « L’hommage de la France chrétienne à l’Espagne », Occident, n°24, 1938, p. 8.

85 Henri Poulain, « Son éminence le cardinal Baudrillart déclare à Occident : En tant que Français, en tant que catholiques, nous devons soutenir l’Espagne nationale » », Occident, n°32, 1939, p. 1.

86 Ibidem

87 Léon Daudet, « Franco, vainqueur de la Révolution », Occident, n°15, 1938, p. 5.

88 Henri Joubert, « Le général Franco », Occident, n°15, 1938, p. 4.

89 Henri Lemery, « L’Espagne régénérée », Occident, n°4, 1937, p. 3.

90 Maxime Real del Sarte, « Visite à franco, avec Maurras », Occident, n°15, 1938, p. 5.

91 Ibidem

92 Bernard Faÿ, « Qu’est-ce que Franco ? », Occident, n°4, 1937, p 3.

93 Claude Carrère, « D. Francisco Franco y Bahamonde », Occident, n°15, 1938, p. 4.

94 Ibidem

95 Bernard Faÿ, « Qui est Franco ? », Occident, n°15, 1938 p. 5.

96 Ibidem

97 Pierre Bonardi, « El Caudillo », Occident, n°15, 1938, p. 5.

98 Alfred Baudrillart, « Le pacificateur d’Espagne », Occident, n°39, 1939, p. 1.

99 Voir annexe n°2 : Liste des 41 collaborateurs français d’Occident ayant soutenu Vichy et/ou la Collaboration

100 Frédéric Monier, « Le 6 février 1934 » in Frédéric Monier, Le complot dans la République. Stratégies du secret, de Boulanger à la Cagoule, Paris, La Découverte, 1998, p. 247-269.

101 James Davison Hunter, Culture Wars, New York, Basic Books, 1991; James Davison Hunter, Alan Wolfe, Is There a Culture War?, Washington, Brookings Institution, 2006; Todd H. Weir, « Introduction: comparing nineteenth and twentieth century culture wars », Journal of Contemporary History, vol. 53, n°3, p. 489-502.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Darío Varela Fernández, « Les intellectuels français au service de la propagande franquiste pendant la guerre civile : le cas de la revue Occident (1937-1939) »Cahiers de civilisation espagnole contemporaine [En ligne], 32 | 2024, mis en ligne le 13 juillet 2024, consulté le 19 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ccec/17259 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/121xb

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Auteur

Darío Varela Fernández

CRIMIC, Sorbonne Université

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Droits d’auteur

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