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Dossier – Les frontières en Amérique latine : constructions, déconstructions, mises à l’épreuve

Les frontières latino-américaines, trajectoires historiques et construits politiques en mutation

Lucile Médina et Emmanuelle Perez-Tisserant
p. 11-28

Résumés

À la fois lignes de fractures géopolitiques, cicatrices de l’histoire et interfaces économiques et culturelles, les frontières latino-américaines ont en commun d’avoir connu les mêmes grandes phases historiques depuis la colonisation, avec d’abord, l’ébauche d’un maillage et ensuite la formation des États indépendants. Elles sont toujours aujourd’hui traversées par des dynamiques politiques, économiques et sociales qui les mettent à l’épreuve et participent d’une déconstruction/reconstruction de l’objet frontière dont l’analyse est stimulante pour les chercheurs dans la diversité de leurs disciplines.

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Texte intégral

1En guise d’ouverture au dossier, cette contribution des coordinatrices propose de rappeler les jalons historiques de la construction des frontières latino-américaines (Partie 1), ainsi que les dynamiques politiques, économiques et sociales qui les mettent aujourd’hui à l’épreuve et participent d’une déconstruction/reconstruction de l’objet frontière dont l’analyse est stimulante pour les chercheurs (Partie 2). Nous souhaitons aussi souligner la vitalité de la recherche sur les frontières (Partie 3), dans le sous-continent en particulier, à laquelle ce dossier entend participer en croisant le regard de chercheurs français et latino-américains.

Historicité des frontières et paradigmes historiographiques

2Le découpage actuel de l’aire latino-américaine continentale en une vingtaine d’États (sans compter la Caraïbe insulaire) est certes désormais consolidé, les tracés des frontières globalement stabilisés, même si des litiges persistent. Le dernier conflit frontalier armé a opposé l’Équateur et le Pérou en 1995. La compréhension des enjeux qui traversent les frontières nécessite cependant de comprendre l’origine et la trajectoire de ces tracés. À la fois lignes de fractures géopolitiques, cicatrices de l’histoire et interfaces économiques et culturelles, les frontières latino-américaines ont déjà en commun d’avoir connu les mêmes grandes phases historiques depuis la colonisation, avec, tout d’abord, l’ébauche d’un maillage colonial (initié par le Traité de Tordesillas) et ensuite, la formation des États indépendants, deux étapes sur lesquelles nous revenons respectivement dans une première et une deuxième sous partie.

Les confins barbares dans le processus de colonisation

  • 1 Bertrand, Michel, et Planas, Natividad, Les sociétés de frontière : de la Méditerranée à l’Atlantiq (...)
  • 2 Herzog, Tamar, Frontiers of possession: Spain and Portugal in Europe and the Americas, Cambridge, H (...)

3Dans les Amériques précolombiennes, il existait des formes de territorialité et de discontinuité spatiale, mais le processus de colonisation a joué un rôle crucial pour importer, sur le continent, les pratiques, imaginaires et discours de la frontière à l’européenne. Ces pratiques de territorialisation peuvent se comprendre dans le prolongement de la Reconquête de la péninsule ibérique (achevée en 1492) et des disputes territoriales entre l’Espagne et le Portugal1. Un laboratoire majeur de la discontinuité territoriale a été ainsi en Amérique du Sud la zone de contact entre les Empires portugais et espagnol en application du Traité de Tordesillas. Les missionnaires ont aussi joué un rôle important dans la définition de ces frontières coloniales, par leur dynamique d’intégration et de revendication des terres comme des vassaux (membres des sociétés autochtones qu’ils convertissaient et mettaient au travail, qu’ils « réduisaient », selon leurs termes)2.

  • 3 Giudicelli, Christophe, « La raya de los pulares : institution d’une frontière indienne coloniale a (...)
  • 4 Candela, Guillaume, « Repenser les fêlures du Paraguay au travers des frontières amérindiennes (xvi(...)

4Les conquistadores, missionnaires et autorités coloniales ont aussi lu les sociétés autochtones par la lunette de cette notion de frontière et par la territorialisation, ou son absence. Ils ont introduit des distinctions, souvent spatialisées, entre sociétés autochtones soumises et celles qui leur paraissaient encore « barbares », telle la « raya de los Pulares » étudiée par C. Giudicelli3. Comme le rappelle aussi G. Candela, « les peuples amérindiens alliés aux monarchies espagnole, portugaise et française ont eu un impact majeur sur la définition des frontières dans le bassin de la Plata »4. Ils ont joué et jouent toujours un rôle important dans la négociation et la contestation de ces frontières.

  • 5 Turner, Frederick Jackson, « The Significance of the Frontier in American History », in Proceedings (...)
  • 6 Giudicelli, Christophe, « Géographie de la barbarie : la tierra adentro. Confins américains (xvie-x (...)
  • 7 Weber, David J., Rausch, Jane M., Where Cultures Meet : Frontiers in Latin American History, Wilmin (...)

5Dans ce cadre colonial, la notion de frontière y a, en quelque sorte, pris un sens nouveau, celui de front de colonisation, autrement dit de ligne mouvante de la conquête et de l’intégration, sous un statut d’exception. Ces espaces, parfois difficiles à appréhender, devinrent un lieu de définition mutuelle entre « civilisation et barbarie », et un lieu où, selon l’historien F. Jackson Turner, aux États-Unis, les personnes d’origine européenne se forgeaient un caractère distinctement américain, par l’expérience de cette confrontation avec le « sauvage »5. Les acteurs de la colonisation, comme certains historiens ultérieurs, ont d’ailleurs eu tendance à uniformiser cette expérience et cet espace de la frontière et des confins comme un lieu d’étrangeté, voire de barbarie autochtone, « un espace indifférencié, hostile, menaçant, dont les caractéristiques extrêmes définissent par contamination métonymique les qualités naturelles de ses habitants »6. Il y avait pourtant autant de frontières que de cultures qui s’y rencontraient7. Ce vocabulaire de la rencontre ne doit du reste pas minorer le caractère souvent violent de ces rencontres et, plus largement, du processus de domination à l’œuvre dans la colonisation.

  • 8 Zuñiga, Jean-Paul, Constellations d’Empire. Territorialisation et construction impériale dans les A (...)
  • 9 Harambour, Alberto, et Bello, Álvaro, « La Era del Imperio y el colonialismo poscolonial: conceptos (...)

6Ainsi, dès cette époque existe une divergence entre l’idéalisation d’un territoire délimité par les frontières coloniales et la réalité d’une occupation et d’une maîtrise toute relative8. De plus, le foisonnement et la superposition de juridictions entre les différents échelons administratifs, politiques, judiciaires ou encore ecclésiastiques, allaient constituer un héritage complexe à gérer au moment de la construction nationale et de l’affirmation d’une souveraineté sinon unifiée du moins simplifiée9.

Frontières, constructions nationales et affirmation de souveraineté

  • 10 Espinosa Fernández de Córdova, Carlos, « Entre la ciudad y el continente », Procesos. Revista Ecuat (...)
  • 11 Perez, Emmanuelle, « Entre Mexique et États-Unis, la Californie dans une perspective hémisphérique (...)
  • 12 St. John, Rachel, Line in the Sand: A History of the Western U.S.-Mexico Border, Princeton; Oxford (...)

7Les frontières ont joué un rôle important dans la construction et l’affirmation des États-nations et ont occupé une grande place dans la production de discours géopolitiques. Au moment de l’indépendance, la définition de ces frontières issues de l’uti possedetis a été un grand enjeu. À l’inverse de l’Empire du Brésil qui n’a pas connu d’éclatement, les nouvelles nations issues de l’Empire espagnol ont émergé d’un ensemble qui présentait certes des discontinuités et des formes de séparations juridictionnelles, mais qui relevait d’une même couronne. Dans les premiers temps de l’indépendance, on assista ainsi à la décomposition de la Grande Colombie ; les pays centraméricains qui avaient été sous l’autorité de la capitainerie du Guatemala ne firent partie de l’empire mexicain que pendant deux ans ; le Mexique dut accepter une redéfinition de sa frontière à l’issue de la guerre contre les États-Unis en 1848, qui lui fit perdre la moitié de son territoire officiel. Quant à l’Argentine, au Paraguay et à la Bolivie, ils ne connurent leur configuration actuelle que plusieurs décennies après l’indépendance, après des années de conflits et de débats entre provinces. Dans toute l’Amérique latine, l’échelle de la nation n’avait rien d’évident, puisqu’il s’agissait de la construire à la fois à partir des juridictions coloniales et de leur contestation par des échelons rivaux pendant la crise de la monarchie espagnole, les réformes du gouvernement des provinces pendant la période des Cortes de Cadix (députations provinciales) et finalement, les campagnes des indépendances10. Ainsi, si l’échelle de la nation semble pertinente pour étudier les frontières précisément nationales, elle ne peut être l’unique prisme au risque de créer des angles morts de l’analyse, par exemple dans le cas des régions qui auraient changé de souveraineté11. L’importance symbolique des frontières dans l’affirmation de ces États n’a pas été toujours accompagnée d’un effort précoce d’arpentage et de marquage matériel de la frontière, surtout lorsqu’il s’agissait d’espaces difficilement accessibles et encore peu développés économiquement et démographiquement. Le recours à des experts, ingénieurs, explorateurs, servira aussi à marquer un virage modernisateur12.

  • 13 Guichonnet, Paul, et Raffestin, Claude, Géographie des frontières, Paris, PUF, 1974, p. 124.
  • 14 Foucher, Michel, Fronts et frontières. Un tour du monde géopolitique, Paris, Fayard, 1988.
  • 15 Amilhat-Szary, Anne-Laure, « Géopolitique et frontières en Amérique latine », dans Hardy, Sébastien (...)

8Malgré l’image d’un continent latino-américain principalement soumis à des conflits et prédations extérieures, des disputes ont opposé un certain nombre de ces pays, à la « souveraineté d’autant plus ombrageuse qu’elle était récente », notamment au sujet de leurs frontières13. Les nationalismes et les populismes se sont nourris de l’affirmation territoriale et des discours de la geopolitica, notamment brésilienne. Malgré tout, M. Foucher14 a souligné un paradoxe propre aux frontières latino-américaines, relevé à leur tour par d’autres auteurs15, qui est celui de tensions fréquentes et pourtant de guerres rares.

  • 16 Harambour Ross, Alberto, « Fronteras nacionales, Estados coloniales. ¿Para una historia plurinacion (...)

9En dernier ressort, il est à souligner que la période nationale ne met pas fin à la dimension impériale et coloniale : en effet, au xixe siècle, l’affirmation des frontières nationales s’accompagne de campagnes de conquête et de pacification en Patagonie, dans le Chaco, dans le Nord mexicain, prolongeant le temps des frontières intérieures. Elle est aussi l’occasion de politiques d’unification et de nationalisation, parfois à dimension ethnocidaire, comme au Panama16. Les stratégies d’intégration des périphéries, connues sous le nom de Fronteras vivas et poursuivies notamment par les régimes militaires du xxe siècle, pour consolider leur ancrage dans le giron national, ont suscité des dynamiques territoriales en direction des marges frontalières.

La déconstruction et la contestation des frontières

  • 17 Quijano, Aníbal, « La revanche des Indiens ? Le contexte général en Amérique latine. Réponse aux qu (...)
  • 18 Rouvière, Laetitia, « Territorialités aymaras et gouvernementalités transnationales néolibérales – (...)
  • 19 Medina, Lucile, Diallo, Mohamadou Mountaga, « Les coopérations transfrontalières comme outils d’int (...)
  • 20 Agudelo, Carlos, « Les Garifuna. Transnationalité territoriale, construction d’identités et action (...)

10Ces frontières héritières de la période coloniale sont aujourd’hui contestées à la fois par un certain nombre de représentants de différents collectifs autochtones et par la littérature décoloniale. Au-delà des frontières, c’est plus globalement la manière dont la colonisation a reconfiguré un rapport à la terre et aux territoires qui est critiquée. Ainsi, en 1992, à la faveur de la commémoration de l’arrivée sur le continent de Christophe Colomb et des débuts de la colonisation, certains collectifs autochtones invitaient, par le terme « Abya Yala » (un terme Kuna pour désigner la terre des ancêtres), à prendre ses distances par rapport à une colonialité toujours présente dans les constructions nationales17. Certaines pratiques et formes d’organisation permettent de contourner, ignorer ou transgresser la frontière. Par exemple, l’Alliance stratégique Aymara sans frontières associe des communes de trois pays (Chili, Pérou, Bolivie) et son discours tend « à nier les conflits diplomatiques, d’abord au nom de difficultés économiques communes et de l’exclusion historiquement vécue dans leur société respective, et ensuite au nom d’une fraternité ancestrale », ce qui n’empêche pas des formes de domination, en particulier de la part des édiles côté chilien18. D’autres formes de coopération transfrontalière se sont développées sur les frontières internes des groupements d’intégration régionale, point de départ d’une intégration régionale possible autour des questions de développement19. Quant aux Garifunas, peuple à la fois transfrontalier et diasporique, leur territorialité s’inspire du marronage, forme de fuite et de contre-modèle de la colonisation esclavagiste : issus de métissage entre des populations autochtones américaines et les populations d’origine africaine issues de la traite et de l’esclavage dans les Caraïbes, après leur fuite des îles, ils se sont installés sur la côte atlantique de l’Amérique centrale, du Belize au Nicaragua. Aujourd’hui, ils sont nombreux à vivre aux États-Unis, ajoutant une dimension diasporique au caractère transfrontalier20.

11Le processus de globalisation a aussi des effets sur les dynamiques frontalières : le libre-échange promeut la circulation des marchandises et des capitaux ; l’homogénéisation apparente des modes de vie dissimule des inégalités croissantes, nourrissant des migrations humaines généralement moins libres que la circulation des biens et capitaux, ainsi que des trafics et des contrebandes ; des entreprises transnationales semblent tenir tête aux États. Les rapports de force en sont ainsi reconfigurés et maintiennent l’importance des frontières dans leur dimension économique et politique.

12L’ensemble de ces dynamiques impactent à la fois le regard porté sur les frontières, la manière dont elles sont pensées et que le sens qui leur est donné, mais aussi les fonctions frontalières. Tout cela contribue à mettre en tension ces lignes de contact dans l’ensemble du sous-continent.

Des frontières latino-américaines mises à l’épreuve

Des lignes qui restent chatouilleuses

  • 21 Douzet, Frédérick, « Du cyberespace à la datasphère. Enjeux stratégiques de la révolution numérique (...)

13En ce début de xxie siècle, peu de conflits frontaliers ouverts subsistent sur le continent. Des mécanismes de résolution de conflits ont été mis en place, à l’initiative d’États de la région : le Groupe de Rio, les Accords d’Esquipulas en Amérique centrale (1986), des accords internes comme les accords de paix en Colombie (2016) ont permis un apaisement tangible. Cependant, les frontières restent des lignes sensibles et parfois disputées, comme le rappelle l’étincelle de 2010 quand l’application Google Maps s’était retrouvée de manière inattendue au cœur d’un incident diplomatique entre le Nicaragua et le Costa Rica en 2010, faisant titrer au Courrier International « Quand Google Maps déclenche l’invasion du Costa Rica » (17/11/2010). L’installation d’une troupe militaire nicaraguayenne sur une île du delta du San Juan appartenant au Costa Rica, lors d’une opération de dragage du fleuve frontalier entre les deux pays, avait déclenché l’émotion. L’officier nicaraguayen en charge des travaux s’en était expliqué en déclarant avoir utilisé la carte en ligne de Google sur laquelle le tracé de la frontière était en effet erroné. Dans la pratique, le désir de souveraineté des États ne s’accompagne pas toujours d’outils aussi « souverains », notamment numériques21.

14Les disputes plus sérieuses qui subsistent au sujet des frontières du sous-continent sont pour certaines encore liées à des différends, mais la plupart sont plutôt liées à quatre facteurs : des contentieux historiques non réglés, l’instabilité politique interne qui concerne encore un certain nombre d’États, les circulations et trafics, et l’exploitation des ressources.

15En ce qui concerne le premier cas de figure, des revendications qui remontent au xixe siècle continuent d’envenimer le climat régional, comme celle du Guatemala sur la moitié du territoire du Belize (en cours d’examen par la Cour de justice internationale de La Haye), ou la réclamation par la Bolivie de son littoral annexé par le Chili. Mais les frontières ont également été mises en tension par les guérillas qui les ont beaucoup affectées et débordées ; ce fut le cas aux périphéries de la Colombie et au nord de l’Amérique centrale, et aujourd’hui autour du Venezuela. Certains de ces conflits ont trouvé au moins légalement une issue avec des signatures d’accords de paix (au Guatemala, au Salvador, en Colombie plus récemment) mais on se souvient de la crise régionale survenue en mars 2008, impliquant la Colombie, le Venezuela et l’Équateur, comme conséquence d’une incursion des militaires colombiens en territoire équatorien pour aller détruire de l’autre côté de la frontière un camp des FARC où se trouvait le leader Raúl Reyes. Depuis quelques années, ce sont les maras (gangs) salvadoriennes qui s’exportent au Honduras et mettent la frontière sous tension, avec une acuité redoublée depuis l’état d’urgence décrété en 2022 par Nayib Bukele et les arrestations massives de membres des gangs.

Nouveaux enjeux politiques et intérêts économiques

16Le début du xxie siècle a été marqué en Amérique latine par une augmentation des migrations et des trafics illégaux de produits variés (stupéfiants et drogues, armes, bois précieux, animaux braconnés, etc.), qui mettent d’une autre manière au défi l’ensemble des frontières de la région. Ces circulations sont la conséquence de la pauvreté, des inégalités croissantes et d’une violence d’une ampleur qui semble inédite.

17En réaction à ces circulations que les États souhaitent mieux contrôler, on assiste au renforcement généralisé de la surveillance des frontières dans l’agenda régional, dans l’idéal de « smart borders » venu du nord du continent. La multiplication par les États de plans visant à sécuriser leurs frontières traduit un retour à la conception de la frontière comme barrière de sécurité militarisée et suscite d’inévitables frictions aux frontières. L’exemple du Mexique est sans doute le plus illustratif des processus de sécurisation depuis le Plan Sud lancé en 2001 sous la pression des États-Unis, et des tensions provoquées avec les pays centraméricains. Mais la vague de migrants vénézuéliens vers les pays voisins depuis 2015 provoque également une crise aux frontières, notamment avec la Colombie qui a accueilli près de trois millions de Vénézuéliens. C’est seulement en 2023, après quatre ans de rupture, que les deux pays ont repris leurs relations diplomatiques et commerciales et réouvert tous les postes-frontière fermés.

18Un autre élément de mise en tension, qui s’est invité plus récemment dans les débats scientifiques et les dynamiques territoriales des espaces frontaliers, a à voir avec l’exploitation des ressources et les questions environnementales. Les convoitises sur les ressources naturelles dont regorge le sous-continent ont fait resurgir dans la période récente des revendications séculaires un peu en sommeil, comme celle du Venezuela sur la région guyanaise de l’Essequibo, mais aussi déplacé les conflits en mer. Les petites îles de San Andrés et Providencia disputées entre le Nicaragua et la Colombie, celles des Zapotillos entre le Belize, le Honduras et le Guatemala en constituent quelques exemples.

  • 22 Medina, Lucile, « Pouvoir, préservation, prédation. Les frontières d’Amérique latine témoins d’un c (...)

19Dans la continuité, la reprimarisation des économies latino-américaines met certaines régions frontalières sous tension, où s’avancent les fronts des activités extractives. On a vu ainsi des questions environnementales et économiques s’inviter dans les causes de tensions, comme entre l’Uruguay et l’Argentine au milieu des années 2000 à propos de la construction d’une usine de cellulose sur la rive uruguayenne du fleuve frontalier Uruguay, conduisant au blocage du pont international et au dépôt par l’Argentine d’une requête devant la Cour de La Haye pour non-respect du statut du fleuve. Partout dans le sous-continent, les frontières se sont également retrouvées au cœur de vastes initiatives régionales très débattues de connexion des infrastructures, comme cela a été le cas dans le cadre du Projet Mésoamérique (ancien Plan Puebla-Panama lancé en 2001), ou de l’Initiative d’Intégration des Infrastructures de la région sud-américaine (IIRSA) proposée par la BID à la même époque puis incorporée aux actions de l’Union des Nations Sud-Américaines22.

  • 23 Cairon Heriberto, Lois, Maria, « Geografía política de las disputas de fronteras : cambios y contin (...)

20Plus généralement, la persistance de tensions aux frontières manifeste en partie une certaine continuité dans le nationalisme territorial, contredisant l’idée que les tensions frontalières relèveraient du temps des régimes politiques dictatoriaux23. Elle joue négativement sur les efforts d’intégration régionale dans un continent qui reste agité politiquement, économiquement et socialement : retour des droites et de populismes résurgents, crise vénézuélienne qui déborde sur les pays voisins, crises migratoires exacerbées par les violences et les inégalités, instabilité macro-économique. Les Zones d’intégration frontalière promues par la Communauté Andine des Nations, ou leur équivalent ailleurs, ne semblent plus susciter la même préoccupation aujourd’hui.

  • 24 Machado de Oliveira, Tito, « Frontières en Amérique latine : réflexions méthodologiques », Espaces (...)
  • 25 Manero, Edgardo, « A Retrospective Look at the Nature of National Borders in Latin America », in Wa (...)
  • 26 Sabine Dullin, La frontière épaisse : aux origines des politiques soviétiques, 1920-1940, Paris, Fr (...)

21Toutefois et paradoxalement, les frontières continuent d’être au quotidien des espaces d’échanges et d’interrelations intenses entre populations proches culturellement et souvent même familialement. L’environnement particulier que T. M. de Oliveira appelle la « condition » de frontière est souvent celui de la permissivité, de la marginalité, d’échanges jouant sur les complémentarités et donnant naissance à quelques zones dynamiques là où le commerce est le plus actif, comme dans l’espace de la Triple frontière entre Argentine, Brésil et Paraguay souvent étudié24. Les frontières latino-américaines se présentent donc à la fois comme des frontières poreuses et amicales et comme des espaces hostiles25. Elles facilitent le contact et les échanges autour de régions transfrontalières fonctionnelles aux confins des États-nations. À différentes échelles, les frontières y révèlent ainsi toute leur épaisseur et leurs effets à plus ou moins longue distance26. Les multiples liens culturels sont facilités par le partage d’une même histoire et d’une même langue, ou de la pratique d’une langue adaptée au lieu (pratique du portugnol par les populations des frontières du Brésil). Ils n’empêchent pas les tensions diplomatiques au niveau étatique. Les frontières latino-américaines offrent ainsi un contraste saisissant entre la banalité quotidienne des allées et venues qui les traversent et l’objet de discordes qu’elles peuvent encore représenter aux niveaux étatiques.

22En synthèse, les frontières latino-américaines cristallisent des dialectiques fortes : surinvestissement politique vs abandon des marges, intégration transfrontalière vs sécurisation, préservation vs prédation. Fortement liées aux constructions nationales après les indépendances, elles restent des lieux d’exercice du pouvoir, des lignes sensibles en même temps que des marges le plus souvent mal intégrées, des espaces de confrontation en lien avec les enjeux actuels d’intégration et de sécurisation, et avec les défis de la préservation des écosystèmes et de la prédation des ressources. L’ensemble de ces tensions, ces transformations, interroge forcément le chercheur. L’Amérique latine se pose comme une région riche en recherches et rencontres académiques qui manifestent l’intérêt porté aux dynamiques frontalières dans le sous-continent.

Vitalité de la recherche sur les frontières latino-américaines

  • 27 Jeremy Adelman et Stephen Aron, « From Borderlands to Borders: Empires, Nation-States, and the Peop (...)

23Les processus d’horogénèse et les disputes qui viennent d’être rappelés ont suscité une vaste littérature scientifique en Amérique latine, constituant des éléments de réflexion majeurs pour les chercheurs. Il reste cependant encore beaucoup à investiguer sur la manière dont les frontières se sont construites, notamment quand il s’agissait de zones peu peuplées et difficiles d’accès, par exemple en forêt tropicale ou en montagne. Elles ont été tracées là où le peuplement indigène était souvent important, soit là où la présence effective et le contrôle des États étaient faibles : les « Borderlands » sont ainsi devenues des « bordered lands »27. Les mutations contemporaines ne manquent pas de nourrir également des analyses sur le devenir de ces lignes et de ces espaces.

  • 28 Sur la frontière nord du Mexique, existe également la revue électronique Cuadernos Fronterizos de l (...)
  • 29 Braticevic, Sergio et al., Bordes, Límites, Fronteras e Interfaces : algunos aportes sobre la cuest (...)
  • 30 [http://unbral.nuvem.ufrgs.br (consulté le 25 mars 2024)].

24Si l’on s’en tient à la littérature internationale, on peut faire le constat que les frontières latino-américaines sont assez invisibilisées, ce qui amène à souligner le contraste avec l’intérêt que les questions frontalières suscitent à l’intérieur même du continent américain. Les nombreux travaux présents dans les bases Redalyc, Latindex, Biblat et Web of Science, principalement, et l’existence de plusieurs revues spécialisées, spécificité du sous-continent latino-américain, en sont la preuve. Les deux premières revues sont nées sur la frontière nord du Mexique : d’une part, la plus ancienne Estudios fronterizos, publiée par l’Université Autonome de Basse-Californie (1983) et, d’autre part, Frontera Norte, publiée par le Colegio de la Frontera Norte, Basse-Californie (1989) qui publie essentiellement sur la frontière étasunienne28. En Amérique du Sud s’est imposée Si Somos Americanos : revista de estudios transfronterizos, éditée par l’Université Arturo Prat au Chili (1996). D’autres revues ont également consacré des numéros thématiques aux questions frontalières comme la Revista Colombiana de Geografía en 2014, les revues mexicaines Liminar en 2013 et Trace en 2021. Cette vitalité de la recherche est attestée par l’existence de centres de recherches spécialisés sur ces questions : le Grupo de Investigación sobre Fronteras y Migraciones de l’Université Autonome de Mexico, le Centro de Estudios de Fronteras e Integración (CEFI) de l’Université des Andes (Venezuela), le Grupo de Estudios Transfronterizos de l’Université Nationale de Colombie, le Grupo de Estudios sobre Fronteras y Regiones de l’Université de Buenos Aires qui a publié deux ouvrages interdisciplinaires de synthèse ces dernières années29, le Laboratorio de Estudos de Pesquisas Internacionais e de Fronteira de l’Université de Rio Grande do Sul, le Grupo de Pesquisa Tríplice Fronteira e Relações Internacionais de l’Université Fédérale d’Intégration Latino-Américaine (Brésil), le Grupo RETIS de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro, et même le portail d’accès ouvert des universités brésiliennes sur les questions de frontières30.

  • 31 Benedetti, Alejandro, «Algunas marcas de la nación y el nacionalismo en los estudios latinoamerican (...)
  • 32 Rodríguez, Laura Graciela, « La noción de frontera en el pensamiento geográfico de 1970 y 1980 en A (...)
  • 33 Zepeda, Beatriz, et al., El sistema fronterizo global en América Latina: un estado del arte, Quito, (...)

25On perçoit aussi que le regard académique porté sur les frontières latino-américaines a sensiblement évolué. Ces évolutions tiennent bien entendu aux transformations que connaissent les frontières de la région, qui, mais elles illustrent aussi le tournant effectué par les border studies. Les approches récentes se sont inscrites dans le renouveau mondial de l’étude des frontières observable depuis la fin des années 1980. La perspective est résolument pluridisciplinaire, l’anthropologie, la géographie, l’histoire, la science politique et l’économie, pour ne citer que les disciplines principales, apportant leur regard complémentaire pour sonder l’objet frontière. Les travaux que la littérature donne à voir privilégient de plus en plus des approches par le bas et des démarches constructivistes, comparatives et empiriques, qui visent à déconstruire les discours jusque-là dominants. D’autres échelles, d’autres acteurs sont scrutés, plus seulement les acteurs « classiques » de la géopolitique et des relations internationales. Les pratiques et les expériences des migrants et des populations frontalières qui vivent toutes un peu hors-la-loi sont envisagées à l’échelle locale et jusqu’à l’échelle des corps, les frontières étant envisagées comme des lieux d’exacerbation des vulnérabilités, sous des formes renouvelées, mobiles et déterritorialisées par rapport au tracé linéaire frontalier. Les vieux démons ne sont cependant jamais loin. Dans un article récent (2018), A. Benedetti fait le point sur l’approche académique des frontières en sciences sociales en Amérique latine. Il s’interroge sur la naturalisation de l’association entre frontière et État-nation et y voit la persistance d’une pensée nationaliste classique et mono-centrée dans les travaux des chercheurs latino-américains sur les frontières31. En effet, il ne fait pas de doute que les perspectives historiques sur les frontières dans le processus de construction de l’État (brésilien, argentin notamment) ont été traditionnellement prédominantes et sont encore nombreuses. On peut citer l’article de L. G. Rodriguez32 qui examine la notion de frontière dans la pensée géographique en Argentine et qui revient sur le courant académique des années 1970 et 1980 pour lequel l’objectif était de contribuer à la défense des intérêts territoriaux nationaux, envisagés comme menacés par les pays limitrophes, et qui a pour cela appuyé la dictature et une vision belliqueuse de la frontière. Un ouvrage collectif comme celui de B. Zepeda et al. (2017)33 entend justement se dégager du nationalisme méthodologique aujourd’hui dénoncé.

  • 34 Altmann Borbón, Josette, et Beirute Brealey, Tatiana, América latina y el Caribe: cooperación trans (...)
  • 35 Tapia Ladino, Marcela et al., « Cruzar y vivir en la frontera de Arica y Tacna. Movilidades y práct (...)
  • 36 Medina, Lucile, Torras, Rosa, « Extractivismos y fronteras », numéro thématique, Trace (Travaux et (...)
  • 37 Arriagada Sickinger, Carolina Andrea, Contreras Gatica, Yasna, La migración en Antofagasta: el habi (...)

26Dans la littérature récente, on observe que le débat ne cesse de porter sur le rapport des États à leurs frontières mais aussi sur l’ensemble des processus qui concourent à transformer frontières et régions frontalières. Ainsi, le rôle et l’évolution des frontières au sein des processus d’intégration ont suscité une vaste littérature34, s’intéressant au rôle de laboratoires de l’intégration des territoires joué par les espaces frontaliers. La construction de l’habiter dans les territoires frontaliers souvent marginaux est également un thème de plus en plus présent. Mobilisant des approches par le bas, il est souvent lié au thème des circulations35. Les dynamiques productives et environnementales qui entraînent de nouvelles conflictualités ont également changé le regard sur des frontières longtemps considérées comme des marges inexploitées36. Nonobstant, et sans surprise, le thème le plus investi est celui des migrations et des circulations qui réinterroge la fonction de contrôle des frontières mais aussi le lien qu’entretiennent ces dernières avec les processus identitaires et leurs usages culturels et sociaux. Les frontières latino-américaines sont donc saisies aussi à travers leur caractère de territoires de l’attente37, mais également à travers l’augmentation et de la mutation des économies frontalières, légales et surtout illégales, et les routes empruntées par le crime organisé. Depuis 2020 et la pandémie de la Covid-19, le thème de la santé a réinterrogé les fonctions politiques, symboliques et prophylactiques des frontières partout dans le monde. L’Amérique latine a été une région très touchée, comme le montrent les numéros thématiques de Cuadernos fronterizos de juillet 2020 consacré aux frontières du confinement et le volume 22 de Estudios Fronterizos en 2021 consacré aux impacts de la pandémie sur les frontières latino-américaines.

  • 38 Anzaldúa, Gloria, Borderlands/la frontera : the new mestiza, Aunt Lute Books, San Francisco, 1987.
  • 39 Calderon Le Joliff, « Histoire et mémoire dans la littérature de frontière », América, 53, 2019, p. (...)
  • 40 Amilhat-Szary, Anne-Laure, « L’art aux frontières », in Amilhat-Szary, Anne-Laure, Hamez, Grégory, (...)

27Quant aux études culturelles, aux études portant sur la littérature et les arts au sens large et aux représentations, elles nous engagent toujours à interroger la diversité des pratiques, le décalage entre représentations théoriques et représentations vécues suivant les lieux, les époques, les artistes. Beaucoup des chercheurs qui étudient ces productions montrent que si l’expérience de la frontière traverse les œuvres qui y sont produites, cette expérience est souvent réexaminée et les paradigmes canoniques de l’hybridation, du croisement, de la complémentarité ne sauraient la résumer. L’œuvre devenue iconique de Gloria Anzaldúa, Borderlands/La frontera : the new mestiza38 a participé à montrer l’incroyable richesse de la notion de frontière et à mettre l’accent sur l’hybridité et la transgression et sur la manière dont les individus éprouvent les frontières qui les affectent. Pour Tatiana Calderon Le Joliff, de «  [telles] œuvres littéraires révèlent l’exacerbation des phénomènes postcoloniaux dans les espaces de frontière (hybridité, hétérogénéité, transculturalité) » : ainsi, elles peuvent remettre en lumière des espaces et une histoire qui restent souvent cachés dans le récit national. Elles affichent aussi « une poétique singulière liée au passage et à la clôture, à la liberté et à l’interdit » : elles empruntent dès lors au genre épique, mettant en scène des héros ou des anti-héros39. L’art occupe ainsi aujourd’hui une place à part entière parmi les représentations sociales de la frontière, notamment la singularité de l’expérience transfrontalière et souvent avec une perspective de genre40.

28Ces différentes directions de recherche actuelles témoignent de la diversité des manières dont les frontières latino-américaines sont approchées, dans leurs dimensions politiques, économiques et symboliques, dans leur matérialité et leur immatérialité. Elle constitue un matériau extrêmement riche pour saisir les frontières et les régions frontalières latino-américaines actuelles et passées, et les représentations et pratiques qui les sous-tendent : discontinuités certes, et souvent disputées, mais aussi interfaces voulues, subies, transgressées, et frontières poreuses en prise à la fluidité et à l’informalité des flux et des circulations.

29Le sujet n’est donc pas épuisé et les approches se renouvellent, tout comme les enjeux qui se posent aux frontières. Les contributions au dossier, dont les auteurs sont issus d’une jeune génération de chercheurs, viennent renouveler la réflexion sur les processus historiques d’horogenèse frontalière comme sur les enjeux sociaux, géopolitiques et géoéconomiques actuels.

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Bibliographie

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Notes

1 Bertrand, Michel, et Planas, Natividad, Les sociétés de frontière : de la Méditerranée à l’Atlantique, xvie-xviiie siècle, Madrid, Casa de Velázquez, 2011.

2 Herzog, Tamar, Frontiers of possession: Spain and Portugal in Europe and the Americas, Cambridge, Harvard University Press, 2015.

3 Giudicelli, Christophe, « La raya de los pulares : institution d’une frontière indienne coloniale au sein du Valle Calchaquí (1582-1630) », in Luc Capdevila, Jimena Paz Obregón Iturra et Nicolas Richard (dir.), Les Indiens des frontières coloniales : Amérique australe, xvie siècle-temps présent, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 27‑57.

4 Candela, Guillaume, « Repenser les fêlures du Paraguay au travers des frontières amérindiennes (xvie-xviie siècle) », Mélanges de la Casa de Velázquez. Nouvelle série, no 52‑2, Casa de Velázquez, octobre 2022 [https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/mcv.18222 (consulté le 20 mars 2024)].

5 Turner, Frederick Jackson, « The Significance of the Frontier in American History », in Proceedings of the State Historical Society of Wisconsin, Madison, 1893.

6 Giudicelli, Christophe, « Géographie de la barbarie : la tierra adentro. Confins américains (xvie-xviie s.) », e-Spania. Revue interdisciplinaire d’études hispaniques médiévales et modernes, no 14, septembre 2012, par. 11 [https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/e-spania.21869 (consulté le 9 février 2024)].

7 Weber, David J., Rausch, Jane M., Where Cultures Meet : Frontiers in Latin American History, Wilmington, Del, Rowman & Littlefield, 1997

8 Zuñiga, Jean-Paul, Constellations d’Empire. Territorialisation et construction impériale dans les Amériques hispaniques (17e-18e s.), Madrid, Bibliothèque de la Casa de Velazquez, 87, 2023.

9 Harambour, Alberto, et Bello, Álvaro, « La Era del Imperio y el colonialismo poscolonial: conceptos para una historia de las fronteras de la civilización en América Latina », Anuario Colombiano de Historia Social y de la Cultura, 2020, consulté le 9 février 2024.

10 Espinosa Fernández de Córdova, Carlos, « Entre la ciudad y el continente », Procesos. Revista Ecuatoriana de Historia, janvier 2002, p. 3‑9.

11 Perez, Emmanuelle, « Entre Mexique et États-Unis, la Californie dans une perspective hémisphérique (1815-1850). Le défi des frontières historiographiques au sein de la thèse », Nuevo Mundo Mundos Nuevos. Nouveaux mondes mondes nouveaux - Novo Mundo Mundos Novos - New world New worlds, juin 2013 [http://nuevomundo.revues.org/65622 (consulté le 13 juin 2013)].

12 St. John, Rachel, Line in the Sand: A History of the Western U.S.-Mexico Border, Princeton; Oxford [England], Princeton University Press, 2011 ; Ombelyne Dagicour, « Régénérer la Patrie, construire l’État. Savoirs géographiques et production du territoire, Pérou (1900-1930) », Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin, 49, n° 1, 2019, p. 173‑78.

13 Guichonnet, Paul, et Raffestin, Claude, Géographie des frontières, Paris, PUF, 1974, p. 124.

14 Foucher, Michel, Fronts et frontières. Un tour du monde géopolitique, Paris, Fayard, 1988.

15 Amilhat-Szary, Anne-Laure, « Géopolitique et frontières en Amérique latine », dans Hardy, Sébastien, et Medina, Lucile (dir.), L’Amérique latine, Paris, Éditions du Temps, 2005 ; Manero, Edgardo, « A Retrospective Look at the Nature of National Borders in Latin America », in Wastl-Walter, Doris (dir.), The Ashgate Research Companion to Border Studies, Farnham, RU, Burlington, EU, Ashgate Publishing, Ltd., 2011.

16 Harambour Ross, Alberto, « Fronteras nacionales, Estados coloniales. ¿Para una historia plurinacional de América Latina ? », Historia Crítica, no 82, Universidad de los Andes, octobre 2021, p. 3‑27. Irène Favier, Le Pérou et ses confins amazoniens : le cas du Haut Marañón (1946-2009), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020.

17 Quijano, Aníbal, « La revanche des Indiens ? Le contexte général en Amérique latine. Réponse aux questions de Yann Moulier Boutang », Multitudes, 35, no 4, Paris, Association Multitudes, 2008, p. 97‑102 ; Philippe Colin et Lissell Quiroz, Pensées décoloniales : Une introduction aux théories critiques d’Amérique latine, Paris, Zones, 2023.

18 Rouvière, Laetitia, « Territorialités aymaras et gouvernementalités transnationales néolibérales – Sécurité et “développement avec identité” en zone frontalière chilienne », Nuevo Mundo Mundos Nuevos. Nouveaux mondes mondes nouveaux - Novo Mundo Mundos Novos - New world New worlds, EHESS, septembre 2015.

19 Medina, Lucile, Diallo, Mohamadou Mountaga, « Les coopérations transfrontalières comme outils d’intégration régionale : analyse croisée dans les Suds (Amérique centrale, Afrique de l’Ouest) », Belgeo. Revue belge de géographie, no 4, 2020.

20 Agudelo, Carlos, « Les Garifuna. Transnationalité territoriale, construction d’identités et action politique », Revue européenne des migrations internationales, trad. Isabelle Combes, 27, no 1, Université de Poitiers, juin 2011, p. 47‑70 ; López Oro, Paul Joseph, « Black Caribs/Garifuna: Maroon Geographies of Indigenous Blackness », Small Axe : A Caribbean Journal of Criticism, 25, no 3 (66), novembre 2021, p. 134‑46.

21 Douzet, Frédérick, « Du cyberespace à la datasphère. Enjeux stratégiques de la révolution numérique », Hérodote, 177‑178, no 2‑3, Paris, La Découverte, 2020, p. 3‑15 [https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.3917/her.177.0003] ; Olivier Sichel, « Gouverner le numérique pour continuer à gouverner à l’heure du numérique », L’ENA hors les murs, 499, no 3, Association des Anciens Élèves de l’École Nationale d’Administration, 2020, p. 15‑16 [https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.3917/ehlm.499.0015].

22 Medina, Lucile, « Pouvoir, préservation, prédation. Les frontières d’Amérique latine témoins d’un continent sous tension », L’Espace Politique, n° 42, 2020/3

23 Cairon Heriberto, Lois, Maria, « Geografía política de las disputas de fronteras : cambios y continuidades en los discursos geopolíticos en América Latina (1990-2013) », Cuadernos de Geografía : Revista Colombiana de Geografía, 2014.

24 Machado de Oliveira, Tito, « Frontières en Amérique latine : réflexions méthodologiques », Espaces et Sociétés, n° 13, 2009, p. 11

25 Manero, Edgardo, « A Retrospective Look at the Nature of National Borders in Latin America », in Wastl-Walter, Doris (dir.), The Ashgate Research Companion to Border Studies, Farnham, RU, Burlington, EU, Ashgate Publishing, Ltd., 2011.

26 Sabine Dullin, La frontière épaisse : aux origines des politiques soviétiques, 1920-1940, Paris, France, Éd. de l’École des hautes études en sciences sociales, 2014

27 Jeremy Adelman et Stephen Aron, « From Borderlands to Borders: Empires, Nation-States, and the Peoples in Between in North American History », The American Historical Review, 104, 1999, p. 814‑41

28 Sur la frontière nord du Mexique, existe également la revue électronique Cuadernos Fronterizos de l’Université de Ciudad Juárez, créée en 2005, d’abord publiée sous le nom de Revista de las fronteras. Malgré son nom, son contenu ne s’intéresse pas spécifiquement aux frontières mais aborde des thématiques variées en SHS, portant essentiellement sur le territoire mexicain.

29 Braticevic, Sergio et al., Bordes, Límites, Fronteras e Interfaces : algunos aportes sobre la cuestión de las fronteras, Buenos Aires, Facultad de Filosofía y Letras, Universidad de Buenos Aires, 2017 ; Ghilardi, Matías, et Matossian, Brenda, Fronteras interrogadas: enfoques aplicados para un concepto polisémico, Buenos Aires, Teseo, 2020.

30 [http://unbral.nuvem.ufrgs.br (consulté le 25 mars 2024)].

31 Benedetti, Alejandro, «Algunas marcas de la nación y el nacionalismo en los estudios latinoamericanos sobre fronteras», Estudios fronterizos, vol. 19, 2018, p. 1-26

32 Rodríguez, Laura Graciela, « La noción de frontera en el pensamiento geográfico de 1970 y 1980 en Argentina », Cuadernos de Geografía: Revista Colombiana de Geografía, vol. 23 n° 2, 2013, p. 107-119.

33 Zepeda, Beatriz, et al., El sistema fronterizo global en América Latina: un estado del arte, Quito, FLACSO, 2017.

34 Altmann Borbón, Josette, et Beirute Brealey, Tatiana, América latina y el Caribe: cooperación transfronteriza, Buenos Aires, Teseo, FLACSO, 2011 ; Anne-Laure Amilhat-Szary, « Frontières et intégration régionale en Amérique latine : sur la piste du chaînon manquant, in Flaesch-Mougin, Catherine, et Lebullenger, Joël (dir.), Regards croisés sur les intégrations régionales Europe/Amériques, Bruxelles, Éditions Bruylant, 2010.

35 Tapia Ladino, Marcela et al., « Cruzar y vivir en la frontera de Arica y Tacna. Movilidades y prácticas socioespaciales fronterizas », in Dilla Alfonso, Haroldo, et Alvarez Torres, Camila (dir.), La vuelta de todo eso. Economía y sociedad en la frontera chileno/peruana: el complejo urbano transfronterizo Tacna/Arica, Santiago de Chile, RIL Editores, Universidad Arturo Prat, 2018.

36 Medina, Lucile, Torras, Rosa, « Extractivismos y fronteras », numéro thématique, Trace (Travaux et Recherches dans les Amériques du Centre), n° 80, p. 5-20.

37 Arriagada Sickinger, Carolina Andrea, Contreras Gatica, Yasna, La migración en Antofagasta: el habitar en frontera porosa como estrategia de resistencia, Urbano, 26(47), 2023, p. 46-57.

38 Anzaldúa, Gloria, Borderlands/la frontera : the new mestiza, Aunt Lute Books, San Francisco, 1987.

39 Calderon Le Joliff, « Histoire et mémoire dans la littérature de frontière », América, 53, 2019, p. 16.

40 Amilhat-Szary, Anne-Laure, « L’art aux frontières », in Amilhat-Szary, Anne-Laure, Hamez, Grégory, Frontières, Paris, Armand Colin, 2020. Estrada, Carmina, Transfronterizas, Mexico, UNAM, 2020.

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Pour citer cet article

Référence papier

Lucile Médina et Emmanuelle Perez-Tisserant, « Les frontières latino-américaines, trajectoires historiques et construits politiques en mutation »Caravelle, 122 | -1, 11-28.

Référence électronique

Lucile Médina et Emmanuelle Perez-Tisserant, « Les frontières latino-américaines, trajectoires historiques et construits politiques en mutation »Caravelle [En ligne], 122 | 2024, mis en ligne le 05 août 2024, consulté le 17 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/caravelle/15388 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/127gx

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Auteurs

Lucile Médina

Université Paul Valéry Montpellier 3, UR LAGAM

lucile.medina@univ-montp3.fr

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Emmanuelle Perez-Tisserant

Université Toulouse 2 – Jean Jaurès, FRAMESPA

emmanuelle.perez-tisserant@univ-tlse2.fr

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