Rosas Claudia Lauro (ed.), Los rostros de la Independencia, el nacimiento del Perú desde las vidas de sus protagonistas
Rosas Claudia Lauro (ed.), Los rostros de la Independencia, el nacimiento del Perú desde las vidas de sus protagonistas, Madrid, Sílex Ultramar, 2021, 280 p.
Texte intégral
1L’année 1821 a vu de façon très compréhensible (commémoration du bicentenaire de l’Indépendance oblige) une floraison de colloques et de livres de toute sorte sur la rupture du Pérou avec l’Espagne. Le présent ouvrage a cherché et trouvé un angle d’analyse original et sans aucun doute utile : la biographie de personnages qui vécurent à cette époque et dont le parcours vital fut fondamentalement impacté par le contexte alors dominant de guerres et de révolution. La richesse et la diversité de leur vécu, en comparaison ou en contraste avec les mouvements collectifs, permettent de montrer les réactions des individus face à des situations à la fois extrêmes et inattendues, de déceler des stratégies, selon les cas, pour tout au plus survivre dans ces temps troublés et dangereux ou prendre en route le char de l’Histoire avec des succès et des bénéfices au final très variables.
2Le livre s’ouvre d’ailleurs sur une longue introduction très documentée de Claudia Rosas Lauro où elle montre avec finesse les apports possibles, et parfois croisés, dans une telle perspective, de la micro-histoire (notamment avec ses jeux d’échelles), de la biographie revivifiée depuis la fin du siècle dernier en particulier en ce qui concerne l’intérêt porté aux gens jusque-là sans histoire, enfin des rénovations, sur certains points importantes, qu’ont connues les normes du récit historique.
3Ce livre offre ainsi un ensemble d’une douzaine de biographies, la plupart individuelles, mais certaines aussi collectives, par exemple les pages consacrées par Hugo Contreras Cruces aux femmes esclaves, les sirvientas de la patria, et à leur frágil libertad) ou, à un autre niveau de la hiérarchie sociale, le travail de Dionisio de Haro Romero sur les origines, la formation et le parcours des personnages clés dans la création d’un des organes les plus sensibles du nouvel État, le ministère des finances entre 1821 et 1826.
4Le choix des personnages a tenu compte de positions très variables, mais toujours significatives par les milieux impactés ou les réactions suscitées. Il est ainsi question dans des registres différents de figures de tout premier plan (Mateo Pumacahua, Micaela Bastidas, José de la Riva Agüero, Carlos Pedemonte), d’autres moins connues, mais ayant néanmoins joué en leur temps parfois un rôle décisif à des moments précis (Francisco Javier Mariátegui, secrétaire du premier congrès constituant) ou plus modestes encore comme Francisco Calero, avocat de l’insurrection de Huánuco en 1812, mais dont le rôle est envisagé ensuite sur près de vingt ans et Francisco Calero libraire et imprimeur de l’époque révolutionnaire, sans oublier les femmes esclaves dont il a été question plus haut.
5Ce livre, à l’évidence, a été voulu nuancé, s’est attaché à montrer la complexité, au besoin les contradictions, de certains positionnements ou d’évolutions particulières. Plusieurs contributions insistent aussi sur l’évolution de l’image publique des personnalités dont elles traitent. C’est notamment le cas des pages consacrées à Mateo Pumacahua et Diego Cusiguaman (fidelismo e insurgencia), José de la Riva Agüero (étant donné les sinuosités de son parcours) ou Carlos Pedemonte dont le rôle fut, selon les moments, exalté ou vilipendé.
6Un article est même consacré à une figure des armées royalistes, Pedro Marieluz, issu d’une riche famille créole de Tarma, mais aumônier des forces royalistes qu’il accompagna jusqu’au retranchement final dans la forteresse du Real Felipe au Callao et après la reddition fusillé sur ordre de Rodil pour avoir refusé de divulguer des informations qu’il jugeait relevant du secret de la confession.
7Toutes les contributions sont suffisamment longues pour aller dans le détail et sont toutes très richement et finement documentées. Du fait de leur diversité, elles éclairent de nombreux aspects d’un processus qui se déroula sur plusieurs décennies et connut bien des facettes et des retournements. Il s’agit à l’évidence d’un ensemble de travaux qui va bien au-delà du livre de circonstance, dont les nuances sont très bien venues et qui complète bien des points en général rapidement traités dans des ouvrages aux visées plus amples.
Pour citer cet article
Référence papier
Bernard Lavallé, « Rosas Claudia Lauro (ed.), Los rostros de la Independencia, el nacimiento del Perú desde las vidas de sus protagonistas », Caravelle, 118 | -1, 178-179.
Référence électronique
Bernard Lavallé, « Rosas Claudia Lauro (ed.), Los rostros de la Independencia, el nacimiento del Perú desde las vidas de sus protagonistas », Caravelle [En ligne], 118 | 2022, mis en ligne le 01 juin 2022, consulté le 15 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/caravelle/12645 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/caravelle.12645
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