Notes
« Quand je serai grande, je serai interprète à l’O.N.U. Quand un délégué dira à un autre délégué : “Votre pays est immonde”, je traduirai : “Votre pays est merveilleux”. Comme ça, plus de conflits… ». Strip n° 491, in Quino, Mafalda l’intégrale, Grenoble, Glénat, 1999, p. 181.
Voir le travail remarquable réalisé par des maisons comme 2024 (Gustave Doré, Frank King, G. Ri), Çà et Là (Eddie Campbell, Harvey Pekar), Cornélius (Gus Bofa, Luciano Bottaro, Nicole Claveloux, Shigeru Mizuki, Osamu Tezuka, Yoshiharu Tsuge), Les rêveurs (Georges Herriman, Jacovitti, Carlos Nine), Rackham (Alberto Breccia, Tony Millionaire), Tanibis (Eric Drooker, Paul Kirchner, Chris Reynolds), pour n’en citer que quelques-unes.
En consultant Mafalda l’intégrale, j’ai pu constater une hétérogénéité dans le lettrage des strips, dont aucun ne reproduit la finesse du tracé de Quino au Rotring. Cela pourrait être corrigé aujourd’hui grâce à la numérisation du lettrage d’origine. En comparant l’édition de 1999 avec celle de 2018, il semble, d’ailleurs, que les outils numériques aient au moins permis de nettoyer un certain nombre de scories dues à des défauts de reproduction (taches, bavures, pliures, traces de corrections inachevées). Toutefois, un grand nombre d’interventions sur la plasticité des bulles sont encore insatisfaisantes du point de vue du respect du style de Quino et de l’équilibre de la composition des cases.
Quino, op. cit.
Latxague, Claire, Lire Quino. Politique et poétique dans le dessin de presse argentin (1954-1976), Tours, PUFR, 2016 (coll. Iconotextes), p. 205.
Ibid., p. 119.
Juan Domingo Perón effectue trois mandats présidentiels. Il est d’abord élu en 1946 et réélu en 1952 après la réforme constitutionnelle de 1949 qui instaure le suffrage universel. Il est renversé par le coup d’État de la dénommée « Revolución Libertadora » en 1955 et contraint à l’exil. Il revient en Argentine en 1973, après l’élection d’Héctor José Cámpora, qui démissionne en sa faveur peu de temps après. Perón est alors élu pour la troisième fois cette même année. Sa femme Isabel, désignée comme Vice-présidente, lui succède lorsqu’il meurt un an plus tard.
Pour plus de détails sur cette période, Ibid., p. 48-49, 90-91, 105-106, 122-123 et Cosse, Isabella, Mafalda : historia social y política, Buenos Aires, Fondo de Culture Económica, 2014, p. 33-81.
Ulanovsky, Carlos, Paren las rotativas, Buenos Aires, Espasa, 1997, p. 40-47 et Cosse, Isabella, op. cit., p. 61-62.
Latxague, Claire, op. cit., p. 121-131.
Une partie de ces illustrations a été publiée dans Mafalda l’intégrale, op. cit.
Cosse, Isabella, op. cit., p. 92.
Les archives d’Hortensia et Satiricón sont en accès libre sur le site de l’Archivo Histórico de Revistas Argentinas (AHIRA) [https://ahira.com.ar. (consulté le 11 décembre 2020)].
Latxague, Claire, op. cit., p. 99-113.
Harry Morgan rappelle l’importance de ne pas gâcher l’effet comique de la lecture des strips, notamment par un appareil critique trop envahissant, dans « Traduire les classiques ? », in Neuvième art 2.0, dossier « Traduire la bande dessinée », juillet 2015 [http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?article961 (consulté le 10 décembre 2020)].
Laude, André, « Les bulles de Mafalda », Le Monde, 3 novembre 1972. Disponible dans les collections numérisées de la Cité internationale de la bande dessinée d’Angoulême [http://collections.citebd.org/in/faces/imageReader.xhtml?id=69c90caf-458e-4ecc-a5a5-98160bcd533b&pageIndex=1&mode=simple&selectedTab=otherdocs (consulté le 30 novembre 2020)].
Cosse, Isabella, op. cit., p. 141 et 157. La même année, quelques strips sont également publiés dans Charlie Mensuel (n° 33, octobre 1971) et, à partir de 1973 Quino publie régulièrement ses strips et autres dessins d’humour dans des revues de bande dessinée françaises (Pilote, Circus, Gomme…). Voir le site BD oubliées, [https://bdoubliees.com/auteurs/qu/quino.htm (consulté le 30 novembre 2020)].
Avec le temps, la circulation de Mafalda s’étant intensifiée au cours des années 1970, il est fort probable qu’une partie du lectorat français ait même pu penser que la série était contemporaine de la dictature instaurée en 1976 par le coup d’État du Général Videla.
Lemogodeuc, Jean-Marie (coord.), L’Amérique hispanique au xxe siècle. Identités, cultures et sociétés, Paris, PUF, p. 415-420 et Cosse, Isabella, op. cit., p. 142-143.
Latxague, Claire, op. cit., p. 99-104 et Cosse, Isabella, op. cit., p. 125-126.
Chevalier, Jean-Claude et Delport, Marie-France, L’Horlogerie de Saint-Jérôme. Problèmes linguistiques de la traduction, Paris, L’Harmattan, 1995, p. 46.
L’ensemble des références aux strips de Mafalda feront mention de leur numérotation et, dans la mesure du possible, de leur date de publication d’origine. Ces numéros ont été attribués lors des premières éditions en recueil en Argentine et débutent donc avec les strips parus dans El Mundo. Je ne reproduirai pas de pagination puisque celle-ci varie d’une édition à l’autre.
On peut également relever d’autres formes de compensation dans les strips n° 342, 464 et 649 ou encore 1495, dont les traductions visent à mettre en évidence une charge politique ou une « argentinité » absentes à l’origine.
Pour une lecture bakhtinienne de Mafalda, Latxague, Claire, op. cit., p. 98-99, 113-121.
Lemaire, Nathalie, « La révision à l’épreuve de l’erreur culturelle », in Schwerter, Stéphanie, Gravet, Catherine et Barège, Thomas (dir.), L’erreur culturelle en traduction. Lectures littéraires, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2019, p. 28.
Ce strip, ainsi que tous ceux qui sont parus dans Primera Plana n’ont pas été numérotés.
Latxague, Claire, op. cit., p. 123-128 et 234-242.
Depuis ses débuts en tant que dessinateur d’humour il a l’habitude de signifier à travers des accessoires le rôle social de ses personnages. Ici, l’attaché-case de l’officier semble indiquer qu’il est plus souvent chargé de s’occuper des affaires de l’État depuis des bureaux ministériels que de superviser des troupes dans une caserne.
On trouve d’autres exemples d’entorses à la perspicacité de Mafalda, comme dans le strip n° 658 du 1er mars 1967, dans lequel l’interdiction de faire du feu dans une forêt inspire à la petite fille un trait d’esprit sur le cessez-le-feu élaboré par U-Thant, alors Secrétaire général de l’ONU. La traduction remplace l’évocation de la Guerre du Viêt Nam par une référence à la prohibition des armes dans les saloons, conservant, certes, la polysémie du mot « feu » mais détournant totalement le sens du strip d’origine.
Le strip est probablement publié le 15 décembre 1968 mais je n’ai pas eu accès aux sources pour le confirmer.
Strips n° 273, 392 et 458 parus dans El Mundo les 20 janvier, 27 mai et 7 août 1966 respectivement.
Pour une histoire de l’album de bande dessinée dans le marché franco-belge, voir Lesage, Sylvain, L’effet livre. Métamorphoses de la bande dessinée, Tours, PUFR, 2019, et Publier la bande dessinée : les éditeurs franco-belges et l'album, 1950-1990, Lyon, Presses de l’Enssib, 2018, 424 p., ainsi que son article « album » du « Dictionnaire esthétique et thématique de la bande dessinée », in Neuvième art 2.0, [http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?article536 (consulté le 11 décembre 2005)]. Voir également Menu, Jean-Christophe, Plates-bandes, Paris, L’Association, 2005, 80 p. (coll. Éprouvette, n° 2).
Ce n’est qu’en 1999, avec l’édition de Mafalda l’intégrale, que le public français redécouvre les strips en noir et blanc. Ce volume est la version française du Toda Mafalda publié par De la Flor en Argentine depuis 1993. Il intègre le travail réalisé par la journaliste Sylvina Walger en 1988 pour Mafalda inédita, consistant à rééditer les strips de Primera Plana, ainsi que d’autres inédits, accompagnés d’un appareil critique qui retrace l’histoire éditoriale de la série, en parallèle avec le contexte argentin et international des années 1960-1970. L’album Il était une fois Mafalda, 12e et dernier volume de la série en couleurs paru en 2012, est aussi une reprise de Mafalda inédita à la façon d’un album de souvenirs et de documents d’archives. Dans l’édition intégrale de 2018, à la couverture dorée, la couleur a malheureusement été réintroduite, en rehaussant de rouge les illustrations intercalaires. Le travail typographique sur la numérotation des pages ainsi que les images choisies pour faire marquer le découpage en chapitres vont également dans le sens d’une « réinfantilisation » de la série.
Le contexte d’épidémie dans lequel j’ai travaillé pour cet article ne m’a pas permis de consulter les archives de France-Soir ni les différentes éditions françaises de Mafalda. Une étude comparative de la chronologie des strips édités, de leur éventuelle sélection dans les premières parutions (les albums de Lattès n’ayant publié que 500 strips environ) et de possibles variantes dans la traduction selon les supports m’aurait sans doute permis de trouver quelques réponses à mes hypothèses.
Harry Morgan déclare à ce sujet que « la confusion des aires culturelles est pour ainsi dire immanente à toute traduction » et évoque également « la convention fictionnelle d’une sorte de no man’s land franco-américain » qui serait de mise pour certaines traductions de classiques du comic strip. Voir Morgan, Harry, op. cit. Pour un rappel des enjeux de la naturalisation, voir Schwerter, Stéphanie, « Tout est dans la taille des carreaux. Les erreurs culturelles : un défi en traduction littéraire », in Schwerter, Stéphanie, Gravet, Catherine et Barège, Thomas (dir.), L’erreur culturelle en traduction. Lectures littéraires, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2019, p. 35-50 (coll. Traductologie).
Voir l’énumération des fabulistes « Esopo, Samaniego, Iriarte » traduite par « Ésope, La Fontaine, et tous les autres » (n° 291, 8 février 1966), la mention du héros de l’Indépendance argentine San Martín remplacée par celle, plus parlante, de Bolívar (n° 295, 11 février 1966), ou encore la référence de Susanita à Giuseppe Garibaldi, qui témoigne de son ascendance italienne, et qui est remplacée par Napoléon (n° 359, 22 avril 1966).
On peut mentionner, parmi d’autres, une contradiction entre certaines naturalisations qui tendent à donner l’impression que Mafalda serait une petite fille française – « Dites-moi une gauloiserie quelconque » (n° 738), « Tiercé à Longchamp » (n° 1514), « André Claveau » (n° 1554) – et l’affirmation de son argentinité par ailleurs (n° 779). Ces incohérences deviennent d’ailleurs intenables à partir du moment où apparaît la mère de Libertad, traductrice de français.
D’autres anachronismes ou anatopismes peuvent être relevés et semblent aussi chercher, soit à actualiser le strip à la date de sa traduction – le président Johnson devenant Nixon dans le strip du 28 mars 1966 (n° 336) – soit à le rendre plus immédiatement compréhensible par le lectorat français – « smicarde » servant à traduire l’expression « cara de poco sueldo » [air de sous-payée] (n° 1271).
J’ai pu constater qu’en Espagne ce strip n’était toujours pas publié dans l’édition de 1992 de l’intégrale Todo Mafalda chez Lumen. Elle est de nouveau présente dans celle de Mafalda. Todas las tiras de 2011. Je n’ai pas pu vérifier les éditions intermédiaires.
Ce strip a connu le même sort que le précédent, d’abord censuré puis réintégré, dans les éditions espagnoles consultées.
Lemaire, Nathalie, op. cit., p. 32.
À propos d’intertextualité dans la traduction voir Lafon, Michel « Les griffures de l’Autre (Ébauche d’une poétique de l’intraduisible) », in Ramond, Michèle, Les Figures de l’autre, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 1991, p. 191-196 (coll. Hespérides) et Chaudey, Asma Mejri, « Traduire les marqueurs de la littérarité. De la déformation à l’erreur culturelle », in Schwerter, Stephanie, Gravet, Catherine et Barège, Thomas (dir.), L’erreur culturelle en traduction. Lectures littéraires, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2019, p. 51-63 (coll. Traductologie).
Pour ce qui est de la bande dessinée, la révision de la traduction une fois inscrite dans les vignettes est également essentielle. Dans le cas de Mafalda elle aurait sans doute permis de repérer des absurdités ou des oublis qui ont l’air d’être le fait d’une mauvaise transcription du manuscrit au moment du lettrage et non d’erreurs de traduction. Voir les strips n° 358, 663, 1124 ou 1527.
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