En 1996, Abdallah Cheikh-Moussa déplorait le manque d’intérêt pour la littérature arabe médiévale qui marquait encore les travaux des historiens de l’Islam. Vaste domaine mélangeant des éléments hétéroclites et apportant, aux yeux de l’historien, davantage des représentations que des informations, l’adab était de fait peu présent dans les principales références historiques du xxe siècle, dont les travaux de Claude Cahen, objet initial de l’article de Cheikh-Moussa. Ce dernier remarquait en citant l’Introduction à l’histoire du monde musulman médiéval que, tout en s’en méfiant, la discipline historique peinait encore à saisir la nature même de l’adab. Ainsi, au contraire de l’orientalisme traditionnel des débuts du siècle, qui pouvaient prendre pour argent comptant les récits légendaires conservés dans les grandes anthologies, la discipline historique prenait quant à elle ses distances avec ces sources, a priori dépourvues de toute ambition de scientificité.
Là où l’adab pouvait crois...