Cet article présente les résultats préliminaires des travaux de recherche du programme LiPoL, sur la présence de l’héritage poétique arabe en fuṣḥā dans la Sīra du roi al-Ẓāhir Baybarṣ. Dans ce cadre, nous avons réalisé un inventaire exhaustif des poésies dans les dix premiers volumes et identifié les genres poétiques, les thèmes et les situations types. Notre étude nous a également amenés à examiner les formules introductives utilisées dans la présentation des poèmes inclus dans la Sīra. Ces derniers sont de deux types : des poèmes empruntés au patrimoine poétique arabe de différentes époques, de l’Antéislam au xx^e siècle, et dont les auteurs sont rarement mentionnés, et d’autres composés par les auteurs-narrateurs et qui ne sont pas non plus dénués d’emprunts. Ce phénomène, qui donne à la Sīra une dimension intertextuelle et dialogique, nous a conduits à identifier les poètes dont les poèmes sont cités dans le corpus. Ensuite, nous avons adopté le quatrième volume du roman (édition de Bohas & Zakharia 2003) comme modèle, pour montrer l’importance de la présence de l’héritage poétique arabe dans ce texte, et pour démontrer que, contrairement à la croyance dominante dans les sphères élitistes, la Sīra de Baybarṣ, comme d’autres sīra-s populaires, apporte une contribution efficace à la diffusion et à la perpétuation du patrimoine poétique arabe.