Introduction
La pratique du voyage était une composante essentielle dans l’identité partagée par les savants de l’Islam médiéval : Houari Touati les décrit par exemple comme des « forcenés du voyage », en leur reconnaissant une importante propension à la mobilité. C’était particulièrement vrai dans l’Occident musulman des premiers siècles, car cette région, située à la marge de l’Empire, était en effet très éloignée des grands centres du monde islamique où s’élaboraient doctrines et idées nouvelles (Fusṭāṭ-Le Caire, Médine, Damas, Bagdad, etc.).
Le développement d’une véritable « culture du voyage » y est donc attesté relativement tôt, dès le milieu du iie/viiie siècle. Construite autour de l’attrait de l’Orient (Mašriq), elle s’articulait autour de deux éléments. Le premier était le pèlerinage à La Mecque (ḥaǧǧ), où devait théoriquement se rendre tous les croyants qui en possédaient les moyens. Toutefois, le pèlerinage depuis la péninsule Ibérique était un voyage long et coûteux, sou...