La source qui est au cœur de cet article est tout à la fois l’exposé d’un parcours d’homme, un récit de vie étonnant – puisque c’est un prince qui tient la plume –, et l’expression d’un genre littéraire original qui s’apparente à la fois à la biographie, à l’autobiographie, à la littérature politique, au récit historique et à l’adab. Cette œuvre, dont l’écriture est aussi quelconque que son propos est exceptionnel, rédigée à l’extrême fin du xie siècle, s’intitule le Tibyān ʿan al-ḥādiṯa al-kāʾina bi-dawlat Banī Zīrī fī Ġarnāṭa (L’Exposé clair des événements survenus sous la dynastie des Zirides de Grenade), et constitue ce qu’Évariste Lévi-Provençal a nommé les « Mémoires » du dernier souverain ziride de Grenade ʿAbd Allāh b. Zīrī. Un seul exemplaire de cet ouvrage nous est parvenu, et les hypothèses formulées par Évariste Lévi-Provençal autour de sa transmission, indéfectiblement liée à l’histoire d’al-Andalus elle-même, est tout aussi romanesque. Le grand « découvreur » de textes...
Quand un prince prend lui-même la plume : les « Mémoires » de ʿAbd Allāh b. Zīrī de Grenade (xie siècle)
Résumés
Les « Mémoires » du dernier souverain ziride de Grenade ʿAbd Allāh b. Zīrī, le Tibyān ʿan al-ḥādiṯa al-kāʾina bi-dawlat Banī Zīrī fī Ġarnāṭa, constituent l’une des plus exceptionnelles sources de l’histoire d’al-Andalus. Rédigé à l’extrême fin du xie siècle, ce document hors du commun est tout à la fois une histoire de sa famille depuis son arrivée en al-Andalus, l’explication de l’échec de son propre règne, et le moyen d’une rédemption par l’écriture. Loin des poncifs/clichés de l’hagiographie, ce récit d’une rare lucidité présente la grande originalité d’être écrit à la première personne, en un Moyen Âge qui ne cultive guère l’autobiographie. Ce texte montre la situation difficile dans laquelle se trouve ʿAbd Allāh b. Zīrī, menacé et par ses voisins musulmans et par le souverain castillan Alphonse VI. Déposé en 1090/1091, notre auteur rédigera en exil ses « Mémoires », loin des fastes de Grenade. Le sort de ʿAbd Allāh, qui n’était ni brave, ni arabe, ni pote, n’émut personne ; contrairement à celui d’al-Muʿtamid de Séville, son alter ego et compagnon d’exil, resté dans la mémoire collective le prince andalou par excellence. L’œuvre qu’il laisse toutefois est par sa perspicacité, son originalité, et sa justesse, l’un des plus beaux récits de vie de l’histoire andalouse.
Entrées d’index
Haut de pageExtrait du texte

Texte intégral disponible via abonnement/accès payant sur le portail Cairn. Le texte intégral en libre accès sera disponible à cette adresse en janvier 2027.
Consulter cet article
Plan
Aperçu du texte
Pour citer cet article
Référence papier
Emmanuelle Tixier du Mesnil, « Quand un prince prend lui-même la plume : les « Mémoires » de ʿAbd Allāh b. Zīrī de Grenade (xie siècle) », Bulletin d’études orientales, LXIX | 2024, 107-124.
Référence électronique
Emmanuelle Tixier du Mesnil, « Quand un prince prend lui-même la plume : les « Mémoires » de ʿAbd Allāh b. Zīrī de Grenade (xie siècle) », Bulletin d’études orientales [En ligne], LXIX | 2024, mis en ligne le 01 janvier 2027, consulté le 14 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/beo/10692 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/138rp
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page