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I. Le Moyen Âge fait-il vendre?

Quand Hildegarde rime avec Mastercard

Myriam White-Le Goff

Résumé

L’article s’intéresse aux produits étiquetés « Hildegarde de Bingen », en particulier, sur les sites marchands Les Jardins de saint Hildegarde, l’Institut Hildegardien et Hildegard Cosm dont la communication extérieure affirme que le Moyen Âge fait vendre. La réflexion interroge la façon dont la référence à Hildegarde et, par-delà, à une figure médiévale, peut être mise au service d’une quête de résilience, y compris et singulièrement, dans le domaine commercial. Elle met en avant les traits médiévaux favorisant la vente : la figure d’Hildegarde apparaît en phase avec certaines angoisses de notre époque, loin de l’ascétisme de la moniale, l’image commerciale d’Hildegarde est associée à des valeurs qui peuvent paraître superflues. De manière générale, l’intérêt pour le Moyen Âge permet une logique marketing inattendue.

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Texte intégral

1Quand on est en proie à une inquiétude concernant la santé ou l’environnement, regarder le présent devient parfois angoissant ou inconfortable. C’est sans doute pourquoi certains préfèrent chercher dans le passé des éléments plus rassurants, dont le passage du temps aurait confirmé la valeur durable. Il en va ainsi pour certains savoirs et savoir-faire attribués à Hildegarde de Bingen. Cette religieuse visionnaire du XIIe siècle est également connue pour ses écrits dans le domaine de la médecine, notamment sa Physica1 où elle évoque les propriétés de plantes, d’animaux ou de minéraux. Face à l’anxiété contemporaine, on pourrait chercher chez Hildegarde des recettes survivalistes, qui permettraient de se passer parfois de la médecine ou d’identifier ce que notre temps appelle des superaliments, par exemple. Pourtant c’est le plus souvent d’abord par la voie commerciale qu’on veut devenir avec elle « éco responsable de sa santé2 ». Selon ce que le site spécialisé dans les produits bio Greenweez3 présente comme un « thème d’actualité », Hildegarde de Bingen est « une personnalité de notre tradition européenne, dont le nom et l’œuvre sont de plus en plus connus en France ».

  • 4 Postface à Médiévalismes et Orientalismes, deux exoticismes ?, dans Patricia Victorin (dir.), Renne (...)
  • 5 Le site des Jardins de Sainte Hildegarde par exemple raconte : « En 2014 notre installation devenai (...)

2À bien des égards, son engagement et certains de ses enseignements offrent un éclairage inspirant sur les questions contemporaines dans les domaines de la santé et de la diététique ». Cet « éclairage inspirant » s’apparente à ce « besoin de comparant » mis en lumière par Michèle Gally, quand il s’agit du « désir d’échapper à un présent pesant »4. Nous tenterons de comprendre en quoi le recours à Hildegarde et, par-delà, à une figure médiévale, peut être mis au service d’une quête de résilience qui s’exprime, à la fois paradoxalement et intensément, dans le domaine commercial. Pour ce faire, nous nous intéresserons aux produits associés à la religieuse médiévale (herbes, épices, tisanes, confitures…) par différents sites marchands : Les Jardins de Sainte Hildegarde, l’Institut Hildegardien et Hildegarde Cosm. De fait, ce choix nous paraît représentatif pour savoir si le Moyen Âge fait vendre, tant les sites évoquent fréquemment déménagements et agrandissements5 et semblent par-là attester d’une dynamique de croissance. Nous tenterons de comprendre, ce qui, dans cette référence au Moyen Âge, fait vendre. Dans un premier temps, nous observerons en quoi la référence à Hildegarde répond à des angoisses aigües de notre temps. Puis nous remarquerons qu’une forme de plus-value surprenante semble venir de valeurs non-essentielles, non seulement liées aux besoins fondamentaux qu’une moniale aurait en commun avec ses contemporains, comme la santé ou l’alimentation, mais encore à des aspirations qu’on pourrait juger superficielles, comme ce qui relève de la pure apparence physique, par exemple. Enfin, nous observerons que l’intérêt pour le Moyen Âge ouvre la voie à une logique marketing inhabituelle.

Un Moyen Âge représenté comme bio et sain

  • 6 Réjane Bernier, Aux sources de la biologie, Montréal/Paris, Masson, 1975, p. 57-58.
  • 7 Le terme se trouve par exemple dans Hildegard of Bingen, Symphonia armonie celestium revelationum, (...)

3Où trouver des produits associés à Hildegarde de Bingen mieux qu’en magasin bio ? De fait, la religieuse est parfois présentée comme la première naturaliste d’Allemagne6 et comme une naturopathe ou une phytothérapeute. Par elle s’exprime le fantasme d’un Moyen Âge essentiellement écologiste, où s’épanouirait un rapport quasi spontané à la nature et une connaissance profonde de ses propriétés. D’ailleurs, Les Jardins de Sainte Hildegarde mettent en avant le logo de la marque « Viriditas7 », d’après un terme latin effectivement employé par la religieuse (et par d’autres), ici associé au dessin végétal d’une feuille, en lien avec la couleur verte.

Logo des Jardins d'Hildegarde, qui figure dès leur page d'accueil : https://www.lesjardinsdesaintehildegarde.com/​ (consultée ce jour)

  • 8 Hildegarde de Bingen, Physica, op. cit., chap. V.
  • 9 Voir Pauline Pilote, Wizards of the West. Walter Scott et le roman historique américain, Rennes, PU (...)
  • 10 Voir Michèle Gally, À la croisée des temps. Les avatars littéraires du Moyen Âge, Paris, CNRS éditi (...)
  • 11 Ibid., p. 174.
  • 12 Tommaso di Carpegna Falconieri, Médiéval et militant. Penser le contemporain à travers le Moyen Âge(...)

4Le même site rappelle qu’Hildegarde vante les vertus de l’épeautre8, « meilleure céréale que le blé », « bio, non-hybridée et sans gluten de blé ». Par Hildegarde, le Moyen Âge apparaît comme un état de nature9, avant l’altération du monde primitif par l’industrie et les technologies de l’anthropocène10, en lien avec « les forces vives de l’univers11 ». Selon Tommaso di Carpegna Falconieri, ce recours au Moyen Âge instaure des liens avec la politique et notamment avec la question écologique12. En ce sens, le Moyen Âge d’Hildegarde a non seulement la beauté des ruines, mais encore, celle des ruines végétalisées. Mais, comme pour les ruines de pierres, la végétalisation du médiéval se fait au risque d’une invisibilisation de ce qu’elle recouvre. Que reste-t-il donc du Moyen Âge derrière la verdure ?

5De fait, différents points mettent la lecture écologiste en tension. Les Jardins de Sainte Hildegarde proposent par exemple différents accessoires en fourrure de blaireau, alors même qu’aujourd’hui la chasse au blaireau est l’une des plus décriées pour sa violence et sa cruauté (pensons par exemple aux pratiques de déterrage) et qu’on récrie le commerce des fourrures de manière générale. C’est bien d’un bio « médiéval » dont il est question et on comprend qu’il n’est pas toujours compatible avec nos valeurs contemporaines. D’autre part, l’Institut Hildegardien vend non seulement des produits, mais également des formations. Il affirme « promouvoir un enseignement de qualité […] basé sur des réalités scientifiques, à travers des formations théoriques et pratiques qui favorisent l’accès à un emploi ou qui complètent une formation initiale ». Il s’agit de formations de « naturopathes » mais aussi… de commerciaux, représentants de la marque. Ainsi, on passe d’une quête de connaissances sur les plantes et la nature, à une quête plus directement et explicitement commerciale et financière. Par « l’accès à un emploi » et la recherche d’un salaire, on réunit les deux formations, en gommant l’importance du glissement.

6En outre, en matière de marketing de la santé, le recours à la figure d’Hildegarde, lestée d’autorité à la fois par le temps et par sa canonisation en 2012 par Benoît XVI, permet d’user d’un vocabulaire quasi médical.

7Ainsi, Les Jardins de Sainte Hildegarde s’appuient sur les « bienfaits » de l’épeautre, sur des « effets sur le corps », sur les « recommandations », sur les « plantes préconisées » par la sainte. L’Institut Hildegardien vend des « comprimés » ou des « préparations spécifiques » dans son espace bien-être. La société « Les Encens du monde » « s'inspire librement des enseignements de Hildegarde de Bingen » pour commercialiser « des mélanges de plantes, fleurs, épices et fruits savoureux et bénéfiques pour la santé », en argumentant que la religieuse « a développé une médecine douce, équivalente à L’Ayurvéda Indien, qui s'attache à établir la santé de l’homme dans ces différentes dimensions, que sont le corps, l’esprit et l’âme ».

  • 13 Médiévalismes et Orientalismes, deux exoticismes, op. cit.
  • 14 Voir, par exemple, Francis Dubost, Aspects fantastiques de la littérature narrative médiévale (XIIe(...)

8La démarche apparait comme holistique, liant le corps et ce qu’on pourrait appeler la psychologie, mais qu’on nomme plutôt ici « l’esprit et l’âme » dans un intertexte plus mystico-religieux que médical. En outre, la mention de l’Ayurveda, médecine ancestrale indienne, auquel Greenweez ajoute la médecine traditionnelle chinoise, s’il peut effectivement répondre à une volonté explicative adressée à un large public, permet aussi un détour vers l’Inde et l’Orient, dont Patricia Victorin13 a montré le caractère significatif. Par là, on assiste à la fois à une « exotisation » du Moyen Âge, mais aussi, paradoxalement, à une forme de rationalisation relative des croyances médiévales par la référence à des théories médicales mal connues par une grande partie des consommateurs. On le sait, le Moyen Âge est l’équivalent d’un Ailleurs14.

9En ce sens, le Moyen Âge fait vendre autant que l’exotisme. Ainsi, outre l’annexion traditionnelle de l’alimentation aux bonnes pratiques holistiques de santé, l’Institut Hildegardien mobilise le goût pour des saveurs lointaines dans son espace culinaire (épices, confitures ou habermus, nom latin emprunté à Hildegarde pour désigner le plat central du petit déjeuner, à base d’épeautre, dans certaines régions allemandes – l’exotisme passe aussi par le langage…). Les Jardins de Sainte Hildegarde ont un « tendre curry bio aux fleurs d’épices », vendu chez Monbiodiscount15. Nature et Découvertes commercialise un mélange d’herbes bio des garrigues des « Jardins de sainte Hildegarde » qui ne pourra qu’idéalement accompagner la lecture de ses ouvrages Secrets et remèdes d’Hildegarde de Bingen16 ou La reliance sacrée à la nature selon Hildegarde de Bingen17

10De manière générale, les mélanges aromatiques et culinaires d’épices et de plantes des Jardins de Sainte Hildegarde « aideront au quotidien par leurs qualités aromatiques et médicinales » : « plusieurs sont des créations originales des Jardins de Sainte Hildegarde, comme le curry des Jardins ».

11D’autres sont directement inspirés de l’œuvre de sainte Hildegarde comme les mélanges FEU, AIR et TERRE basés sur les caractéristiques élémentaires des plantes données dans le livre Physica ». Les marques liées à la figure d’Hildegarde vantent une forme d’authenticité, à la fois des matières premières et des compositions élaborées.

12On l’aura compris, le Moyen Âge sait vivre et surtout nous permet de revenir à l’essentiel, aux plaisirs simples et sains. Pourtant, Hildegarde n’est pas non plus en reste sur des plaisirs plus futiles ou non-essentiels, tels que ceux véhiculés par les cosmétiques et les bijoux. Cela pourrait surprendre quand on considère qu’elle était religieuse et même garante des mœurs de sa communauté, mais est en réalité cohérent avec son engagement pour le droit des moniales à exprimer cette viriditas déjà évoquée précédemment. En effet, ce qu’Hildegarde nomme viriditas est l’une des valeurs sur lesquelles elle s’appuie dans ce miroir des vierges que comporte sa lettre à la congrégation des moniales d’Andernach (1148-1150) :

Écoute cela : La terre exsude la verdeur des plantes jusqu’à ce que la saison hivernale ait raison d’elle. Et l’hiver enlève sa beauté à la fleur, et celle-ci cache la verdeur de sa floraison, de sorte que ne pouvant se révéler pour ainsi dire jamais, elle se dessèche, puisque l’hiver l’a emportée. Ainsi la femme ne doit pas se mettre en valeur et s’arranger en apprêtant ses cheveux, ni chercher à se rehausser en portant des diadèmes ou des bijoux en or, à moins que ce ne soit la volonté de son homme, et elle doit alors s’y plier pour lui plaire dans une juste mesure.

  • 18 Hildegarde de Bingen, Lettres, op. cit., Lettre LIIr, p. 119.

Cela n’est toutefois pas valable pour les vierges : elles se tiennent dans la simplicité et l’intégrité de la beauté du paradis, qui jamais n’apparaîtra comme aride, mais demeure toujours dans la plénitude de la verdeur de la fleur de la branche. La vierge ne couvre pas ses cheveux, symbole de sa verdeur, en vertu d’un commandement, mais elle se couvre de son propre chef, en vertu de sa suprême humilité, de même que tout un chacun cachera la beauté de son âme, de peur que l’oiseau de proie ne s’en empare par orgueil.18

13Même si cette référence n’est peut-être pas connue des producteurs et consommateurs, cosmétiques et bijoux peuvent refléter un idéal spirituel et paradisiaque et exprimer la beauté accordée par Dieu aux femmes. L’Institut Hildegardien s’inscrit dans cette logique dans son espace « bijoux et pierres naturelles », où l’on retrouve également certaines idées proches de celles des lapidaires médiévaux concernant les vertus des minéraux. Ces conceptions spécifiquement médiévales peuvent ainsi permettre à un même site marchand de vendre à la fois de l’alimentation, des produits de médecine douce et des bijoux… d’une façon assez proche de ce qui se passe pour le commerce autour de l’Inde ou de la Chine anciennes, d’ailleurs.

De l’irrationalité du marketing

  • 19 Termes relevés sur le site des Jardins de Sainte Hildegarde.

14Au XXIe siècle, la rationalité n’est pas la valeur primordiale du marketing. Il va de soi que l’imagination est un ressort puissant de vente dans de nombreux domaines. Néanmoins, dans le champ de la médecine, même douce, on peut s’étonner du recours à un vocabulaire plus suggestif que démonstratif ou scientifique. Ainsi, parmi les termes les plus représentatifs du marketing autour des produits en lien avec Hildegarde, on relève par exemple leurs « vertus » ou leur caractère « authentique »19.

  • 20 Anne Ouallet, « Émergence patrimoniale et conflits en Afrique subsaharienne. L’exemple du Mali », N (...)
  • 21 Iain J. M. Robertson, Heritage from below, Londres, Routledge, 2012, et After Heritage, Critical Pe (...)
  • 22 Voir Graham Fairclough, Rodney Harrison, John H. Jameson Jr., John Schofield, The Heritage Reader, (...)

15Ainsi, selon le site des Jardins de Sainte Hildegarde, « il peut paraître étrange de proposer des ceintures et semelles faites de fourrure de blaireau à coté de plantes en poudre, mais les vertus de cette fourrure sont capitales pour sainte Hildegarde, et la satisfaction de nombreux clients à son égard […] a conduit à mettre puis conserver ces articles dans le catalogue ». En sus des valeurs scientifiquement énigmatiques, le second argument qui se dessine ici est celui de la validation par le marché lui-même, par la voix des « nombreux clients ». Ainsi pourrait-on parler de la constitution d’un certain Moyen Âge comme « patrimoine d’en bas » (Anne Ouallet20) ou « heritage from below » (Muzaini et Minca/Robertson21). C’est ainsi par la voie d’une patrimonialisation « populaire », que le Moyen Âge fait vendre. Il s’agit d’un héritage que l’on doit transmettre et que l’on se doit de préserver22. Dans le même ordre d’idée, nous avons mentionné l’Institut Hildegardien : le terme même d’ « institut » laisse à penser. Il peut s’employer à la fois pour un institut de beauté, un institut d’études religieuses ou de recherches médicales, voire (c’est également le cas en l’occurrence) un institut de formation… Précisément, il s’agit de tout cela à la fois, peu ou prou. Quoi qu’il en soit, le mot recouvre également celui de boutique qui n'apparaît qu’à l’arrière-plan.

16En outre, sur ces sites marchands, Hildegarde est communément qualifiée de « féministe ». De fait, historiquement, Hildegarde a eu l’audace de partager ses visions et révélations dans un monde d’hommes, elle s’est vu confier une communauté et, comme nous avons pu nous en rendre compte, elle ne s’est pas privée de discuter les droits et devoirs de femmes. Elle est connue également pour s’être intéressée, aux plans de la médecine et du bien-être, à certaines difficultés spécifiquement féminines. Néanmoins, il ne faut pas négliger que ce féminisme argué est motivé par des conceptions souvent très sombres à propos du statut des femmes pendant la période médiévale. Faire d’Hildegarde une féministe, surtout au Moyen Âge, revient à accroître sa valeur commerciale. Un certain nombre des produits vendus en son nom sont destinés à un public féminin qui ne pourra que sentir une forme de cohérence à retrouver non pas la représentante d’un passé oppressif et misogyne mais une figure émancipée et avant-gardiste. Il ne s’agit pas de remèdes de grand-mères mais plutôt de tisanes de femmes puissantes. Une image de marque post-moderne plus que nostalgique est ainsi revendiquée.

17Plus étonnant encore, on mêle le lexique médical à celui de la révélation. La valeur des produits repose souvent sur les évocations des visions de la sainte. Les Jardins de Sainte Hildegarde expliquent : « sainte Hildegarde a reçu lors de visions de grandes connaissances sur la création. Elle met par écrit tout ce qu’elle apprend, et c’est ainsi que ses œuvres nous sont parvenues aujourd’hui », « une réponse est donnée par les visions magnifiques et étonnamment actuelles dont a bénéficié sainte Hildegarde de Bingen ». Ce mélange des registres fait écho à ce à quoi la clientèle est supposée aspirer par l’achat de ces produits : « un bien être profond à la fois spirituel et physique ». De même, sur le site Aromandise qui vend des produits de la marque Hildegarde de Bingen, l’« enseignement [de la religieuse] favorise la santé de l’Homme dans ses dimensions physiques, psychologiques et spirituelles. Cette médecine douce conçue au Moyen-Âge est restée vivante. Elle garde une pertinence exceptionnelle à notre époque, y compris compte tenu des avancées de la science23 ». Nulle explication ou justification ici, alors qu’on relève des développements tout à fait cohérents sur le site Hildegarde Cosm :

Peut-on utiliser les écrits originaux de Hildegarde de Bingen, comme des recettes à appliquer à la lettre ?

Nous considérons que des progrès significatifs ont été faits dans la connaissance des plantes, leurs vertus, leurs modes d’action, et le fonctionnement du corps humain depuis 9 siècles. Nous préférons ne pas les ignorer car ils complètent et enrichissent utilement la connaissance pratique et visionnaire impressionnante de Sainte Hildegarde.

Nous avons pris le parti de ne pas nous en remettre uniquement à la lettre (ou à ce que l’on peut en comprendre) de ses écrits. En effet, son encyclopédie naturelle Physica est un ouvrage immense et visionnaire mais qui doit être abordé en prenant en compte son contexte historique.

Les écrits de Hildegarde sont parfois sujets à interprétation. La description des phénomènes physiologiques et psychiques dans son œuvre doivent être compris (sic) dans une langue et avec une interprétation des mécanismes de la vie d’une autre époque.

18Un tel degré d’explicitation de la posture commerciale et commerçante est assez rare pour qu’on la mette en avant. Ainsi les noms des tisanes de la marque Hildegarde de Bingen illustrent bien le double discours, à la fois explicite et suggestif, qui entoure les produits : on trouve à la fois des tisanes relaxantes, équilibrantes et réconfortantes, dans le registre pratique, et des tisanes « ange gardien » ou « bonne » étoile, dans un registre plus allusif ou poétique…

  • 24 Nous n’avons pas été en mesure de retrouver la référence exacte de cette citation attribuée à Hilde (...)

19Le site Hildegarde Cosm s’appuie explicitement sur une citation attribuée à Hildegarde pour décloisonner le spirituel et le temporel, le sacré et le matériel : « Quand l’âme et le corps fonctionnent en parfaite harmonie, ils reçoivent la récompense suprême de la santé et de la joie24 ». Ainsi, sur le site, la vendeuse Béatrice revient à cette idée de « joie » pour vendre des produits culinaires : elle « invite à découvrir les concepts fondamentaux d’Hildegarde de Bingen sur l’art de bien vivre avec joie, grâce à une alimentation spécifique, saine et curative ». Tout cela s’écarte un peu d’une démonstration de la valeur des produits. Pour autant, cela fonctionne au plan d’un savoir-vivre accessible et partagé par le plus grand nombre. C’est le Moyen Âge du bon sens, de nos origines, voire de notre enfance qui est mobilisé ici.

20Sur le site des Jardins de Sainte Hildegarde, ce qui dans une entreprise correspondrait au département recherche et développement mentionne la façon de trouver les matériaux et la réalisation des produits mais jamais leur efficacité : « La recherche, la perspicacité, la créativité et la ténacité des fondateurs ont permis d’établir un savoir-faire pour réaliser et rendre disponibles les matières premières et les préparations de base indiquées par sainte Hildegarde ». Dans la même logique ou la même confusion, le site des Jardins de Sainte Hildegarde mêle les références religieuses et les références commerciales ou matérielles : « Le culte de sainte Hildegarde de Bingen a été étendu à toute la chrétienté en mai 2012. Le 7 octobre 2012 sainte Hildegarde de Bingen a été proclamée Docteur de l’Eglise. Pour lui rendre hommage en février 2015 la SARL “Les Jardins d’Hildegarde” est devenue la SAS “Les Jardins de Sainte Hildegarde” ».

  • 25 Michèle Gally, À la croisée des temps, op. cit., p. 151.

21Bien qu’on comprenne spontanément le propos, il peut paraître surprenant d’estimer que le changement du statut juridique d’une société commerciale puisse être considéré comme l’hommage rendu à une religieuse élevée à la sainteté. C’est que nous sommes au XXIe siècle et que le sacré s’est glissé dans des lieux parfois inattendus. C’est aussi, comme le rappelle Michèle Gally, que « le Moyen Âge est ce moment où l’on peut trouver cette interface quand on est un […] athée, en cela moderne, à la recherche d’une saisie du sacré en deçà de toute croyance normée par une religion25 ».

  • 26 Sandra Mottner, « Marketing and religion, introduction », in The Routledge Companion to Nonprofit M (...)
  • 27 « Religions have long marketed (or “cross-marketed”) a variety of religious merchandise to the fait (...)
  • 28 « The monastic product’s biography, a sacralization wave », Journal of Management, Spirituality and (...)

22Pour comprendre ces confusions ou ces superpositions, il faut également observer les relations qui se tissent entre le marketing et la religion de façon bien plus large qu’au Moyen Âge26. De fait, dans de nombreux contextes et depuis que le Christ a chassé les marchands du temple, il semble presque sacrilège d’associer marketing et religion. Toutefois, Russell Belk rappelle dans Branding et Marketing que les religions ont depuis longtemps commercialisé des artefacts à destination des croyants mais il observe récemment une production plus massive et en expansion27. Marie-Catherine Paquier, qui a étudié le commerce de produits monastiques en France, a observé un double mouvement de désacralisation par la mise en vente puis de resacralisation du produit par le consommateur au moment de l’achat28. Elle évoque également l’entrée du produit dans une forme de biographie : le produit lui-même a un passé et aura un avenir. Ses observations nous semblent très intéressantes pour analyser les phénomènes à l’œuvre autour d’Hildegarde de Bingen.

  • 29 Voir Diego Rinallo et Mathieu Alemany Oliver, art. cit.

23De fait, Hildegarde est à la fois liée au sacré, et au passé médiéval, voire au hors-temps d’une écologie et d’un féminisme perçus comme primordiaux. Avec elle, la tisane ou la recette de cuisine sont profondément intriquées avec la biographie d’une femme. Dans ce cas de figure, le marketing se place au-delà des valeurs de vérité ou d’efficacité des produits29. C’est le marché, lui-même, qui réinvestit le produit d’une forme de sacralité, dans un déplacement des valeurs. Or, cette même dynamique semble être à l’œuvre également vis-à-vis du Moyen Âge. On pourrait modifier un peu notre enquête pour savoir si le Moyen Âge fait vendre dans le sens d’une interrogation visant à se demander si ce n’est pas précisément en raison de ce en quoi il fait vendre que le Moyen Âge suscite particulièrement l’attention aujourd’hui. Sans doute, une telle assertion serait-elle réductrice et, somme toute, assez pessimiste. Toutefois, il nous semble bien qu’on assiste à ce même double mouvement, souligné par Marie-Catherine Paquier, entre désacralisation et resacralisation, au plan non seulement commercial, mais encore historique et culturel, sous la forme d’une familiarisation puis défamiliarisation, appropriation et différenciation, proximité et distance…

  • 30 op. cit., p. 147.

24Michèle Gally rappelle, dans À la croisée des temps, les avatars littéraires du Moyen Âge, la puissante image d’origine associée au Moyen Âge30. Cette idée d’origine inclut, concernant notre étude autour d’Hildegarde, ce qui est essentiel, ce qui est nécessaire, ce qui est authentique et légitime, ce qui améliore le bien-être en douceur. Michèle Gally montre bien que le médiévalisme exprime certaines nuances de notre rapport au passé, en général : le Moyen Âge d’Hildegarde, comme les plantes qu’elle recommande, serait authentique, bio, bénéfique et sans effets secondaires.

  • 31 Russel Belk, art. cit., p. 222.
  • 32 Le terme « capitalocène » est employé notamment par Baptiste Morizot dans « Le vivant et l’accéléra (...)
  • 33 Andrea R. Jain, Selling Yoga: From Counterculture to Pop Culture, Oxford, Oxford University Press, (...)
  • 34 Sur ce point, lire par exemple Tommaso di Carpegna Falconieri, op. cit.

25C’est ce dernier point qui nous paraît discutable, pourtant. Comme nous avons pu nous en rendre compte, il semble bien y avoir des effets secondaires à cette forme de médiévalisme ou encore lui-même peut être considéré comme un effet secondaire d’une quête de sens au cœur du matérialisme, d’un appétit persistant vers une forme de transcendance dont jouent d’habiles commerciaux et pour laquelle le détour par le Moyen Âge peut être un moyen d’accès privilégié. Russel Belk31 mentionne des recherches concernant l’architecture des Apple stores, par exemple, qui s’inspire des cathédrales et sanctuaires médiévaux. Il montre encore combien la publicité s’apparente au fonctionnement des paraboles et, nous ajoutons, des exempla. Nous extrapolons en avançant qu’un certain rapport au Moyen Âge se rapproche de la possession d’un iphone, dans ce qu’il implique de sentiment d’appartenance à une communauté. C’est par la voie commerciale, qu’au « capitalocène32 », on crée du lien. C’est par l’échange de marchandises qu’on se relie au passé et à sa culture. Andrea R. Jain33 évoque même un phénomène de fétichisation de l’héritage culturel et identitaire, par l’importance du commerce. Enfin, avec la figure d’Hildegarde on parvient à dépasser l’opposition entre le médiévalisme réactionnaire et le médiévalisme révolutionnaire34.

26Avec ses tisanes, on pourra tantôt renouer avec les remèdes de grand-mères, un peu réactionnaires, tout en cherchant à inventer une santé ou un bien-être alternatif et une autonomie du care, teintée de féminisme. En somme, avec Hildegarde et son Moyen Âge, on cherche à réinventer ou à retrouver le sens de la vie dans une logique de résilience qui semble trouver ses racines dans le passé, y compris par la voie commerciale.

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Notes

1 Hildegarde de Bingen, Physica : le livre des subtilités des créatures divines : les plantes, les éléments, les pierres, les métaux, les arbres, les poissons, les animaux et les oiseaux, trad. Pierre Monat, Paris, Jérôme Million, 2011.

2 Selon l’expression du site commerçant Hildegarde Cosm : https://hildegarde-cosm.fr/ (consulté le 07/10/2024, le site est aujourd’hui en pause).

3 Site Greenweez : https://www.greenweez.com/ (consulté le 07/10/2024).

4 Postface à Médiévalismes et Orientalismes, deux exoticismes ?, dans Patricia Victorin (dir.), Rennes, PUR, à paraître.

5 Le site des Jardins de Sainte Hildegarde par exemple raconte : « En 2014 notre installation devenait trop exigüe. Pour continuer à répondre à la demande toujours plus importante, nous étions dans l’obligation de nous agrandir. Cela ne fut pas possible dans les Yvelines. Manifestement sainte Hildegarde nous attendait dans le Périgord ! Dès que la décision a été prise au printemps 2014 le projet s’est déroulé “ tambour battant” de manière fluide et sans difficultés majeures », https://www.lesjardinsdesaintehildegarde.com/ (consulté le 07/10/2024).

6 Réjane Bernier, Aux sources de la biologie, Montréal/Paris, Masson, 1975, p. 57-58.

7 Le terme se trouve par exemple dans Hildegard of Bingen, Symphonia armonie celestium revelationum, 2d ed., traduit, édité et introduit par Barbara Newman, Ithaca, Cornell University Press, 1998, p. 150 ; sur la notion de viriditas, lire par exemple Peter Dronke, The Medieval Poet and his World, Rome, Edizioni di Storia e Letteratura, 1984, p. 82-87; Anne H. King-Lenzmeier, An Integrated Vision, Collegeville, Minn., The Liturgical Press, 2001, p. 6-7; Barbara Newman, Voice of the Living Light, Berkeley, Calif., University of California Press, 1998, p. 56-61. Le terme est fréquent dans l’œuvre d’Hildegarde, voir sur ce point les articles de Nathalie Tremblay, « La théologie de la Création d’Hildegarde de Bingen au coeur de l’écospiritualité des ‘green sisters’ », RELIER, 31(1), 2023 https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.7202/1109268ar, et de Jeannette Jones, « A Theological Interpretation of ‘Viriditas’ in Hildegard of Bingen and Gregory the Great », The Portfolio of the Department of Musicology and Ethnomusicology at Boston University, https://www.bu.edu/pdme/jeannette-jones/#_edn4

8 Hildegarde de Bingen, Physica, op. cit., chap. V.

9 Voir Pauline Pilote, Wizards of the West. Walter Scott et le roman historique américain, Rennes, PUR, 2022.

10 Voir Michèle Gally, À la croisée des temps. Les avatars littéraires du Moyen Âge, Paris, CNRS éditions, 2022, p. 135, p. 173

11 Ibid., p. 174.

12 Tommaso di Carpegna Falconieri, Médiéval et militant. Penser le contemporain à travers le Moyen Âge, Turin, Einaudi, 2011, « Introduction », p. 15-27.

13 Médiévalismes et Orientalismes, deux exoticismes, op. cit.

14 Voir, par exemple, Francis Dubost, Aspects fantastiques de la littérature narrative médiévale (XIIe-XIIe siècles) : l’Autre, l’Ailleurs, l’Autrefois, Paris, Champion, 1991, et Michèle Gally, op. cit., ou encore Renato Bordone, Lo specchio di Shalott. L’invenzione del medioevo nella cultura dell’Ottocento, Naples, Liguori, 1993, p. 12 : « À l’idée du Moyen Âge comme temps historique de l’“avant”, préambule et origine du monde actuel, s’ajoute une autre vision, anhistorique, mythique et symbolique, qui conçoit le Moyen Âge comme un ailleurs, un lieu qui n’a pas de relation avec le contemporain ».

15 Site Monbiodiscount : https://monbiodiscount.fr/598-hildegarde-de-bingen-fleurs-d-epices-tendre-curry-bio.html (consulté le 07/10/2024).

16 Sophie Marcheteau, Secrets et remèdes d’Hildegarde de Bingen, Paris, Rustica, 2016.

17 Sarah Stulzaft, La reliance sacrée à la nature selon Hildegarde de Bingen, Paris, Rustica, 2022.

18 Hildegarde de Bingen, Lettres, op. cit., Lettre LIIr, p. 119.

19 Termes relevés sur le site des Jardins de Sainte Hildegarde.

20 Anne Ouallet, « Émergence patrimoniale et conflits en Afrique subsaharienne. L’exemple du Mali », Norois, n°185, 2000-1, Patrimoine et environnement. Les territoires du conflit, p. 23-39.

21 Iain J. M. Robertson, Heritage from below, Londres, Routledge, 2012, et After Heritage, Critical Perspectives on Heritage from Below, Hamza Muzaini et Claudio Minca ed., Cheltenham, Edward Elgar, 2018.

22 Voir Graham Fairclough, Rodney Harrison, John H. Jameson Jr., John Schofield, The Heritage Reader, Londres, Routledge, 2007.

23 Site Aromandise : https://www.aromandise.com/thes-et-tisanes-bio/227-tisane-petit-dejeuner-hildegarde-sachets-3560467790496.html (consulté le 07/10/2024).

24 Nous n’avons pas été en mesure de retrouver la référence exacte de cette citation attribuée à Hildegarde. Les nombreux sites de vente de biens ou de services qui la reprennent l’associent parfois à la Physica (op. cit.) ou Les causes et les remèdes (trad. Pierre Monat, Paris, Jérôme Millon, 2015). La citation figure notamment dans Sophie Macheteau, Secrets et remèdes d’Hildegarde de Bingen, Paris, Rustica, 2016, p. 22.

25 Michèle Gally, À la croisée des temps, op. cit., p. 151.

26 Sandra Mottner, « Marketing and religion, introduction », in The Routledge Companion to Nonprofit Marketing, Adrian Sargeant et Walter Wymer Jr (dir.), Londres, Routledge, 2007 : il y est essentiellement question de l’utilisation du marketing pour promouvoir la religion, mais j’ai trouvé fort peu de choses concernant l’utilisation de la religion comme argument marketing. Diego Rinallo et Mathieu Alemany Oliver observent cette lacune dans « The marketing and consumption of spirituality and religion », Journal of Management, Spirituality & Religion, 2019, 16 :1, p. 1-5.

27 « Religions have long marketed (or “cross-marketed”) a variety of religious merchandise to the faithful, but of late the variety of mass-produced religious “accessories” has greatly expanded (McDannell 1995; Moore 1994 ; Morgan 1998). », Russell Belk, « Branding and marketing » (chapitre 24), in The Routledge Handbook of Economic Theology, Stefan Schwarzkopf (dir.), Londres, Routledge, 2020, p. 223.

28 « The monastic product’s biography, a sacralization wave », Journal of Management, Spirituality and Management, 2019, Vol 16, n°1, p. 76-108.

29 Voir Diego Rinallo et Mathieu Alemany Oliver, art. cit.

30 op. cit., p. 147.

31 Russel Belk, art. cit., p. 222.

32 Le terme « capitalocène » est employé notamment par Baptiste Morizot dans « Le vivant et l’accélération du temps », La terre au carré, France Inter, https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-lundi-12-juin-2023-2462711 (consulté le 07/10/2024). Le terme était déjà mis en avant par l’historien Jason W. Moore dans Le capitalisme dans la toile de la vie, écologie et accumulation du capital, Toulouse, L’Asymétrie, trad. Robert Ferro, 2020).

33 Andrea R. Jain, Selling Yoga: From Counterculture to Pop Culture, Oxford, Oxford University Press, 2014.

34 Sur ce point, lire par exemple Tommaso di Carpegna Falconieri, op. cit.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Myriam White-Le Goff, « Quand Hildegarde rime avec Mastercard »Belphégor [En ligne], 22-2 | 2024, mis en ligne le 10 décembre 2024, consulté le 18 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/belphegor/6576 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/130vo

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Auteur

Myriam White-Le Goff

PR langue et littérature médiévales, Université d’Artois, UR 4028 « Textes et Cultures »

myriam.whitelegoff@univ-artois.fr

Myriam White-Le Goff est Professeure en langue et littérature médiévales à l’université d’Artois (Arras). Depuis sa thèse, elle s’intéresse à la fois au Moyen Âge et à sa réception aux XXe-XXIe siècles et participe au bureau de l’association Modernités Médiévales. Ses problématiques de prédilection sont le merveilleux, la spiritualité, le féminin, l’enfance, l’éco- et la zoopoétique. Elle a publié un grand nombre d’articles sur ces sujets. On peut lire ses travaux sur la légende du Purgatoire de saint Patrick publiés chez Champion (Changer le monde, réécritures d’une légendele Purgatoire de saint Patrick et l’édition de toutes les réécritures versifiées françaises), ainsi qu’Envoûtante Mélusine, consacré à la fée médiévale, sorti chez Klincksieck.       

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