Élucider l’écocide : le pétropolar gabonais à l’heure de l’extractivisme
Résumé
Cet article s’intéresse au roman Petroleum de la romancière helvéto-gabonaise Bessora publié en 2004. En envisageant ce texte à travers le prisme de la catégorie générique du pétropolar, l’étude cherche à appréhender l’écopolar pétrolier dans toutes ses spécificités narratologiques et poétiques, afin de cerner la forme particulière de justice environnementale que ce type de fiction prétend formuler.
Plan
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1Petroleum est un roman d’enquête dont l’objectif est de mettre en scène et en cause l’extractivisme pétrolier au Gabon, en l’occurrence les multiples opérations de forage effectuées par l’entreprise ELF depuis l’indépendance du pays – et la pétrolisation généralisée de l’existence que ces activités induisent. Écrit par la romancière helvéto-gabonaise Bessora en 2004, cet écopolar procède d’une thèse en anthropologie portant sur la dimension mémorielle des procédures d’extraction à l’œuvre sur le territoire gabonais. Pour toucher un plus large public et formuler une critique socio-environnementale moins confidentielle ou moins académique, l’auteure décide de reprendre le substrat scientifique de sa thèse et de le refondre en vue de confectionner une fiction policière dans laquelle histoire géologique et histoire humaine tantôt s’entremêlent intimement, tantôt s’affrontent violemment et se contredisent. Le crime qu’il s’agit d’élucider est à la fois historique – colonial ; néocolonial –, économique, social, ethnique, spirituel, culturel, écologique, épistémique, ontologique et cosmique : la fable d’élucidation que déroule Bessora est profondément intersectionnelle ou holistique, dans la mesure où les différentes dimensions du ravage sont, dispositif énonciatif aidant, fondamentalement compénétrées et indissociables.
- 1 Voir à cet égard Liss Kihindou, Négritude et fleuvitude. Et autres observations littéraires, Paris, (...)
- 2 Bessora, Petroleum, Paris, Denoël, 2004.
- 3 Ondjaki, Os Transparentes, Caminho, Alfragide, 2012. Pour la version française : Les Transparents, (...)
- 4 Helon Habila, Oil on Water, Londres, Penguin Group, 2010. Pour la version française : Du pétrole su (...)
- 5 Chinelo Okparanta, « America », Granta [En ligne], 118, 2012, mis en ligne en février 2012, consult (...)
2Au sein de la catégorie émergente de l’écopolar, on trouve le genre de l’enquête pétrographique : les hydrocarbures, en premier lieu le pétrole, dont le statut enfoui, d’énergie fossile, le place à la croisée de l’élément minéral et de l’isotopie liquide, se voient conférer une place thématique et une agentivité inédite dans les fictions environnementales récentes. Petroleum se fonde précisément sur une poétique de la rencontre douloureuse entre les instances naturelles et surnaturelles que sont le fleuve Ogooué, l’océan et les génies qui les peuplent, et le pétrole personnifié et mythifié, ici appelé « Bitume », graal d’une quête prométhéenne moderne, « elfique », anthropocénique et infernale. Le roman du fleuve, forme littéraire si profuse dans certains pays africains qu’elle a pu donner lieu à un mouvement littéraire caractérisé1, se trouve aujourd’hui concurrencé par une autre forme, que l’on nommera ici, pour des raisons d’ordre heuristique et pratique, la pétrolittérature – dont on n’abordera ici que le versant fictionnel. Extractivisme et fleuvitude semblent ainsi se rencontrer, à tel point qu’on peut dire que la pétrofiction est un genre émergent dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. On constate qu’il s’agit d’une forme que l’on trouve en priorité dans des pays pétroliers comme le Gabon (Petroleum2), l’Angola (Os Transparentes3) ou le Nigéria (Du pétrole sur l’eau4, « America5 ») : l’or noir, plutôt qu’un motif, y est tout ensemble un trope et un agent. Au même titre que l’eau, la forêt ou la terre, il se fait protagoniste, épicentre, voire instance d’énonciation, et cette prise en charge induit un certain nombre de particularités formelles. À travers l’étude de Petroleum, que l’on envisagera au prisme de la catégorie générique du pétropolar, on cherchera à appréhender l’écopolar pétrolier dans toutes ses spécificités narratologiques et poétiques, afin de cerner la forme particulière de justice environnementale que ce type de fiction prétend formuler.
En guise de synopsis. Le récit grinçant d’une double prospection
3Petroleum déploie de manière originale l’histoire pétrolière du Gabon, sollicitant et refabulant pour ce faire la mémoire des différents acteurs et actrices qui composent le portrait d’un territoire aussi riche et foisonnant qu’intensément prédaté. L’enquête policière est en effet indissociable d’une investigation politique, économique, géologique et écologique – la première semble n’être d’ailleurs que la traduction formelle de la seconde dans l’ordre de la fiction – qui explore en même temps les dessous de la terre exploitée et ceux de l’entreprise Elf-Gabon. Tout commence lorsqu’une explosion secoue l’Ocean Liberator, un bateau de prospection naviguant au large de Port-Gentil – capitale économique du pays –, au moment précis où des experts néocoloniaux, géologues et autres foreurs accèdent enfin au bitume liquide tant convoité. Les causes de l’accident sont méconnues, et c’est leur élucidation qui constitue le cœur et le moteur de l’intrigue. S’agit-il d’un attentat politique, d’une erreur de manutention, d’un acte de sabotage de la part d’Étienne Girardet, un géologue syndicaliste et militant antiraciste qui périt dans l’explosion ? Pour tenter de démêler l’affaire, le siège parisien d’Elf envoie sur place un profiler aléatoire, Georges Montandon. Parmi les coupables potentiels, en plus de Girardet, on compte d’abord Jason, le cuisinier et boulanger de la plateforme, connu pour ses prises de position politiques contre la mainmise d’Elf sur le pétrole national. On compte aussi Alidor Minko, le directeur des relations publiques de la compagnie, profondément amer envers l’entreprise malgré la brillante carrière qu’il y a menée. Il y a enfin Médée, géologue sentimentale et protagoniste du roman, amoureuse de Jason et dont l’attitude morale et les sentiments envers la compagnie sont profondément ambigus. Cherchant à retrouver Jason qui, en tant que principal suspect du crime, se tient caché à Ntchengué, un village de pêcheurs au sud de Port-Gentil devenu une véritable décharge, Médée se retrouve en prison, accusée de complicité avec le saboteur présumé. Cette enquête aussi satirique que palpitante se clôt sur une chute passablement déceptive, tous et toutes étant en effet et à divers degrés plus ou moins impliqués. Jason et Médée retrouvent finalement leur liberté et avec elle la possibilité de s’aimer. Ils manquent d’être engloutis par la terre courroucée, échappant ainsi de peu à la vengeance de Mami Wata, divinité aquatique africaine qui décide de les épargner : il semble que la vie et l’amour ne soient possibles qu’une fois l’extraction du pétrole stoppée, et avec elle le risque bien réel d’écocide.
4Bien que le récit comporte une importante dimension surnaturelle, celle-ci n’a rien de véritablement fantastique puisqu’elle se fonde sur des légendes et des représentations de la nature locales et continentales. L’historique de l’extraction pétrolière s’établit en effet selon deux niveaux : d’une part, le récit d’enquête portant sur les agissements des géologues, des cadres et autres employés de l’entreprise Elf-Gabon est jalonné de références précises à l’histoire de l’exploration du pétrole dans la région – dates du forage des premiers puits et des accords signés, chiffres de la production pétrolière, manœuvres internes à la compagnie – ; d’autre part, les récits mémoriels des populations locales révèlent leurs cosmovisions particulières, mais aussi les modalités complexes de leurs relations souvent conflictuelles avec les premiers.
Dire la pétrolisation d’un monde. Un double substrat scientifique et cosmogonique
5Petroleum est un roman extrêmement documenté qui, malgré une dimension de prime abord facétieuse, exhibe sans détour un régime de référentialité critique et hyperréaliste. Cette parenté affichée avec le récit d’enquête scientifique est capitale : l’écopolar de Bessora procède en effet de la réécriture d’une thèse d’anthropologie soutenue en 2002 à l’Université Paris VII et intitulée Mémoires pétrolières au Gabon. Dans ce travail académique, l’auteure explorait les grammaires et les pratiques résistentielles des populations face à « l’idéologie pétrolière » qui façonne l’histoire du pays depuis l’indépendance.
- 6 Sandrine Nan-Nguema, Mémoires pétrolières au Gabon, thèse de doctorat, 2002. Résumé en ligne : http (...)
6Les mémoires pétrolières s’initient au Gabon au début du xxe siècle. Elles s’enracinent dans des mémoires plus anciennes dont elles se nourrissent. Ainsi, les savoirs spatial et généalogique des peuples nomades du futur Gabon constituent l’essentiel de la mémoire collective en période précoloniale. Cette mémoire est transmise par l’oralité dans un contexte influencé par la traite négrière ; celle-ci est à l’origine d’une hiérarchisation sociale à l’intérieur des peuples, et entre les peuples établis le long du fleuve Ogooué. Elle est le premier cycle « économique » liant l’Europe au futur Gabon. Avec la colonisation, de nouveaux contenus mémoriels basés sur des cycles économiques spécialisés remodèlent les sociétés gabonaises. Ces cycles sont essentiellement concentrés sur de petits espaces, dans un petit pays faiblement peuplé. L’exploitation de l’Okoumé est le dernier de ces cycles ; elle débute au xixe siècle, trente ans avant que la prospection pétrolière ne succède aux cycles économiques coloniaux et précoloniaux, héritant de leurs mémoires respectives et les réaménageant. La première découverte pétrolière au Gabon, sur l’île Mandji en 1956, précède de peu l’indépendance, en 1960. À son tour, le cycle pétrolier s’accapare les énergies vives du pays ; il « pétrolise » et urbanise le territoire côtier. Il renforce les hiérarchies sociales préexistantes tout en leur superposant de nouvelles : des catégories natio-professionnelles distinguant des « Expatriés » et des « Africains » ainsi que des « Cadres » et des « Non-Cadres ». Une idéologie pétrolière se construit. Écrite, elle sert l’État gabonais autant que la compagnie pétrolière. Une oralité de la mémoire blessée, populaire, lui répond à travers des légendes pétrolières circulant sur les sites explorés et exploités. Ces mémoires s’interpénètrent, et s’enrichissent d’apports politiques et religieux au travers de stratégies collectives ou individuelles de défense identitaire6.
- 7 Bessora, citée par Nicolas Michel, « Bessora au pays de l’or noir », Jeune Afrique, mis en ligne le (...)
7L’auteure a ainsi d’abord exploré le recours au registre légendaire ou aux voix mythologiques comme autant de pratiques visant à conjurer le silence imposé aux populations et autant de manières d’articuler la contestation. Malgré la légèreté de ton qu’il semble arborer parfois, Petroleum est en réalité la satire grinçante d’un État qui a uni son destin à celui d’une grande entreprise française au détriment de la plupart de ses habitants. C’est pour faire connaître cette histoire informée des résistances locales et populaires au néocolonialisme pétrolier que Bessora dit avoir eu recours à la forme de l’enquête policière, l’objectif revendiqué étant de transcender le cercle de diffusion strictement académique et de toucher dès lors un public plus large et pas nécessairement expert7. L’écopolar au ton apparemment badin prend donc le pas sur la publication scientifique et son énonciation sérieuse caractéristique afin de conjurer un regrettable destin de confidentialité programmée. Mais cette réécriture répond aussi à des motivations critiques et politiques :
- 8 Conversation avec Bessora, Journée d’études « Réparations et mobilisations. Justice environnemental (...)
L’aventure pétrolière au Gabon, c’est un thème éminemment romanesque ! Au départ, il y a beaucoup de recherches géologiques, c’est de la poésie… Et puis on constate que cela conduit au cynisme financier. C’est ce côtoiement qui m’a paru intéressant. Port-Gentil à 8 heures du matin, c’est d’une beauté indicible, mais la recherche pétrolière a débouché sur quelque chose qui est tout le contraire de la poésie et de la magie8.
- 9 Pour des raisons pratiques, on confond ici à dessein les deux catégories, dont on n’ignore pas par (...)
- 10 On reprend ici le constat de Camille Biros, ainsi que certaines conclusions de la chercheuse. Camil (...)
- 11 Voir à ce propos James Lovelock, The Revenge of Gaïa, New York, Perseus Groups, 2006. Pour la versi (...)
- 12 Voir par exemple, pour la littérature nigériane, Helon Habila, Du pétrole sur l’eau, op. cit.
- 13 Pour une étude de la modernité comme tradition herméneutique qui par définition « traditionnalise » (...)
8À y regarder de plus près, Petroleum apparaîtrait même comme une fiction d’énonciation non-sérieuse, voire comme une parodie d’écopolar : enquête désopilante mais volontiers technique et ultra-documentée, investigation légère mais ultra-critique, le texte ressortit en partie à la FASP ou fiction à substrat professionnel, une catégorie centrale pour la caractérisation poétique du genre de l’écothriller – ou écopolar9. Dans l’écopolar en effet, le réel fictionnel se confond ouvertement avec le réel prédit par le discours scientifique, à tel point que ce genre émergent peut être défini comme une forme particulière, encore marginale, de FASP10. Fiction et non-fiction se mêlent intimement, et ces phénomènes d’hybridité générique et discursive font l’objet de procédures d’affichage ou d’exhibition : le genre de l’écothriller, relativement récent, se revendique comme un genre sérieux, imitant ou prolongeant le discours scientifique, et se veut en prise sur l’actualité écologique la plus épineuse – qui d’ailleurs favorise sa bonne fortune éditoriale. Comme c’est le cas de Petroleum, l’écopolar possède ainsi généralement une forte dimension militante ou engagée et son esthétique hyperréaliste cherche à renforcer l’impact escompté sur le public en établissant un solide régime de véridicité. Les auteurs sont bien souvent, comme Bessora, des spécialistes, parfois des experts en matière environnementale, et certains chercheurs11 soulignent le rôle essentiel que ce type de fictions pourrait avoir dans la prise de conscience de la catastrophe planétaire en cours – et, partant, dans la résolution ou le ralentissement de l’écocide global. En ce qui concerne l’Afrique francophone, Petroleum est un modèle du genre, voire un spécimen. Si d’autres pétropolars existent12, il est le seul à notre connaissance à afficher un double substrat scientifique et cosmogonique, une dimension à la fois pétrographique et ethnographique – voire cosmographique. Outre la mise en fiction d’un savoir expert, l’oralité résistentielle et ses mythes se trouvent partout consignés : plutôt qu’un conflit entre modernité et tradition, il en va d’une mise en tension de deux traditions herméneutiques du monde13 – l’une est moderne, l’autre ne l’est pas.
9Dans l’écopolar, une menace écologique est invariablement mise en scène, celle-ci pouvant être de nature très variée : riposte de la nature se défendant des agressions répétées de l’humanité, conflits intrahumains à forte coloration politique, opposant militants écologistes ou scientifiques engagés et dirigeants peu scrupuleux – politiciens, industriels, conspirations, lobbies, écoterrorisme, etc. Le genre se fonde ainsi sur une poétique de l’élucidation et de l’envisagement : il s’agit de montrer que les coupables d’un écocrime, et par ricochet, ceux de l’écocide ou du crime écologique à grande échelle, ont un visage, du moins une idéologie et une praxis caractéristiques, d’insister sur le caractère fondamentalement anthropogénique des violences écologiques, tout en cherchant à provoquer un débat sur la manière dont il serait possible d’affronter ou d’infléchir, par exemple, le réchauffement climatique, les dévorations de l’agir anthropocénique ou les ravages de l’exploitation extractiviste. Plus largement, il en va d’une mise en cause du capitalisme globalisé, mais aussi des agentivités et des représentations rationalistes et anthropocentrées sur lesquels il repose et des dynamiques de dépossession qui le caractérisent.
10Dans ces fables d’élucidation de l’écocide, outre la mise en scène de coupables globaux via l’affichage dans la fiction de données et de documents scientifiquement établis, on trouve un type d’enquêteurs et d’enquêtrices bien particulier. L’enquête environnementale est généralement conduite par des experts détenant un savoir précis et solide : avocats, médecins, inspecteurs acquis à la cause écologiste, militants, mais surtout chercheurs en sciences, comme c’est ici le cas de Médée, géologue. Éthique scientifique et engagement politique se recouvrent, se rejoignent, se contredisent parfois : ces personnages positifs d’experts sont bien souvent engagés, malgré des contradictions et des tiraillements, en faveur d’une cause environnementale, et se heurtent tantôt à la frilosité, tantôt à la détermination sans scrupules ou au cynisme des politiques. Sur le plan personnel, ces personnages sont présentés comme étant en dialogue ou en connexion profonde avec les éléments autres qu’humains. L’enquête professionnelle est ainsi indissociable d’une quête philosophique, ontologique, voire spirituelle, dont les tiraillements de la géologue Médée et les conflits de loyauté dans lesquels elle se trouve prise sont absolument symptomatiques.
- 14 On reprend l’expression de Joan Martínez-Alier, El ecologismo de los pobres. Conflictos ambientales (...)
11L’engagement de l’écopolar se situe donc à l’exacte croisée du roman noir et du roman vert : les codes classiques du roman noir, les savoirs de l’écologie scientifique et le discours militant de l’engagement écologiste sont les trois ingrédients essentiels d’un genre où la fable d’enquête permet d’abord de vulgariser des arguments, des débats ou des résultats scientifiques. Les paradigmes de l’enquête scientifique et de l’enquête policière se superposent, voire se trouvent à dessein fusionnés : on a là une forme émergente, potentiellement globale et volontiers politisée, de roman d’énigme, l’idée étant de solidariser justice poétique et justice environnementale et d’appeler à la résorption des inégalités écologiques en formalisant des attitudes, des formes d’organisation ou d’« écologies populaires14 » qui permettraient d’y parvenir.
L’épopée pétrolière comme robinsonnade écologique et décoloniale
- 15 On reprend le terme forgé par le sociologue Boaventura de Sousa Santos, Pela Mão de Alice. O Social (...)
12Toute l’enquête peut être lue comme une histoire de l’exploitation décomplexée des richesses naturelles du Gabon, en particulier du pétrole. La thématique de la profanation de la nature, évoquée notamment au travers de longues métaphores filées – viol répété de la terre – ou de récits mythiques et surnaturels, est profondément structurante. D’autres thèmes socio-environnementaux fondamentaux, comme la déforestation, la non-gestion des déchets, la pollution, le racisme institutionnel et environnemental, le paternalisme, la marchandisation à outrance du territoire et des ressources, la brutalité du (néo)colonialisme et l’épistémicide15 qui lui est attaché sont traités ensemble, le texte abordant d’une manière intersectionnelle les différentes catégories et dimensions de la spoliation.
13Sur le plan thématique comme sur le plan formel, Petroleum a ainsi partie liée avec une poétique de la perte – du dépouillement, de la dépossession, de l’émiettement ou de la déliquescence des mondes habitables –, au sein de laquelle sont abondamment convoqués les motifs de l’île, de l’isolat ou de l’archipel, du naufrage et de l’appropriation post-accidentelle d’un nouvel espace. On passe du navire pétrolier isolé en mer à l’île Mandji, où se trouvent Port-Gentil et la concession Elf où évoluent les différents employés. Au moyen de diverses procédures de généralisation, Petroleum propose une fable où sont abordées les conséquences de l’utopie pétrocapitaliste françafricaine : le texte configure ce faisant les rapports que celle-ci entretient avec son dehors, le monde local, le monde non-elfique. Il est frappant de constater que ces motifs constitutifs sont aussi ceux d’un genre littéraire moderne dont on peut même considérer que le texte est une manière de réécriture espiègle : la robinsonnade. Ce partage de séquences et de motifs dessine une communauté de structure et d’imaginaire : dans le texte se déploie un régime spatiotemporel spécifique qui le rend profondément solidaire du récit robinsonnien.
14L’isolement des personnages – sur l’Ocean Liberator puis dans la concession Elf – n’est pas tant signifié comme la condition préalable de refonte ou d’exportation d’une civilisation, que comme le symptôme de son naufrage récent ou imminent. Il se voit remotivé au sein d’une perspective résolument décoloniale, dans la mesure où le texte évoque de concert une forme de faillite du système politique et économique françafricain, saisi sous des traits proprement monstrueux, mais aussi de la modernité envisagée comme le grand mythe fondateur, techno-utopiste et expansionniste, de la civilisation occidentale. Par ailleurs, la solitude des personnages est elle-même vécue sur le mode de l’insularité : elle est à la fois signifiée comme la croyance en une culture violemment dualiste et individualiste, et comme une chimère absolue – du moins comme un métarécit périlleux et intenable. Face à elle, on trouve des communautés jadis soudées, mais désormais profondément déstructurées, et cette atomisation est reliée, par le biais de la structure d’enquête, à la culture et au culte de l’accumulation prédatrice.
15L’improvisation des moyens de survie dans un milieu hostile après un accident, élément thématique nodal de la robinsonnade, est centrale, et fait apparaître une multitude de personnages définis par la précarité de leurs conditions de vie. Le contact avec l’extractivisme, envisagé comme choix économique et civilisationnel de l’Occident et des élites locales, laisse aux populations une terre ravagée, hérissée de dispositifs pétroliers à l’abandon et de montagnes de déchets accumulés. Si la robinsonnade exprime classiquement une vision valorisante du travail, mais aussi une vision ethnocentriste, voire coloniale et impérialiste du monde, il s’agit ici au contraire, en en retournant la disposition axiologique initiale, de faire subir au thème du triomphalisme civilisateur, au néocolonialisme dont Elf-Gabon est l’emblème, une forme de déconfiture radicale. Cette critique se trouve bien souvent signifiée dans les termes du viol et du saccage au nom d’une utopie développementiste portée, non pas par des scientifiques crédibles, mais par des géologues aux allures de magiciens très aléatoires :
D’abord, des muscles indigènes ont téléguidé un énorme tube creux du plancher de forage à la croûte continentale.
Il y a eu pénétration. Elle était vierge.
Le navire et la croûte désormais unis par les liens du tube prolongateur, le forage a commencé dans le tube, long puits aux parois d’acier dans lequel on peut descendre ce qu’on veut : câbles, tiges, sondes, mie de pain, argile en poudre.
- 16 Bessora, Petroleum, op. cit., p. 11.
Le derrick s’y est collé en premier. Tour métallique plantée sur une plate-forme, elle enfonce des tiges de forage vissées bout à bout sous l’océan, à travers le puits fiévreux d’où giclera un jour le pétrole invoqué par les devins. En tournoyant, les tiges entraînent le trépan incrusté de diamant, un diamant ni très pur ni très brillant, mais très dur. Le diamant est le meilleur ami du trépan qui creuse au fond, broie des roches enfouies à des profondeurs inconcevables. Il pète des étincelles et de la boue16.
Littérature pétrolière, littérature cosmocidaire
- 17 On reprend le vocable désormais courant à l’écrivain congolais Sony Labou Tansi qui l’a le premier (...)
16Le roman de Bessora est aussi le récit informé d’un cosmocide17, en ce qu’il entrelace et confronte deux visions, deux acceptions de l’Anthropocène, deux grands récits affrontés de l’histoire du territoire – en l’occurrence gabonais. Deux fables en lice qui, plutôt qu’en dialogue, sont en conflit ouvert, et cette mise en tension des cosmovisions confère au roman son originalité et sa structure. Sur le plan énonciatif, on a en effet affaire à une alternance polyphonique des points de vue et des points de vie, tantôt humains, tantôt divins, tantôt liquides, tantôt fossiles. Les esprits qui peuplent le fleuve, la mer ou la forêt, mais aussi les populations locales, humaines et non-humaines, rencontrent la soif de brut des géologues et les dispositifs gigantesques d’extraction pétrolière installés pour l’étancher. S’opère ainsi une mise en friction de deux fables communautaires, qui implique de convoquer deux temporalités disjointes, voire affrontées : le récit des communautés non-modernes se déroule selon un temps géologique, ancestral, le temps étiré de la Terre, puisant ses savoirs dans les archives oralisées de Gaïa. L’épopée d’Elf-Gabon partant à l’assaut du pays et de son sous-sol se conjugue quant à elle au temps elfique, le temps de l’anthropocentrisme dualiste occidental et de son hybris caractéristique, relaté sur le mode d’une épique de la prédation fière et décomplexée. Une culpabilité diffuse affecte pourtant toutes les instances du récit, même les géologues enquêteurs :
- 18 Bessora, Petroleum, op. cit., pp. 218-219.
La Terre fut la prison de Bitume. Sans doute, il vouait une haine secrète et tenace à son père. En Terre, il s’ennuyait, alors un jour, il remonta à la surface. Il se montra non pas sous la forme d’un Dieu, ni sous celle d’un homme, ni sous celle d’un animal… Non, il apparut métamorphosé en une huile noire, une huile de pierre. Médée se consume d’amour pour le bel inflammable qu’elle a libéré. Pourtant […] elle se prend à douter. Car au fond, Bitume ne lui avait rien demandé. Et si elle l’avait sorti de sa caverne contre son gré18 ?
17L’auteure déploie ainsi, en les refictionnalisant, des savoirs écologiques situés, attachés à des revendications environnementales et politiques : cette opération d’archivage des mythes et des légendes fait de l’écopolar de Bessora une manière de répertoire de poétiques, de représentations et de pratiques environnementales respectueuses qu’il s’agit de visibiliser. Il en va ici du retraitement ou de la resignification des catégories de la littérature policière la plus canonique – empreinte, mobile, culpabilité, réparation, dette – en catégories écologiques. Le lieu du crime, Port-Gentil, est d’ailleurs un bastion historique de la contestation politique, site d’émeutes répétées et de remise en question virulente de la Françafrique et de ses agents les plus emblématiques – en première instance les entreprises pétrolières et le régime de la famille Bongo.
- 19 Voir par exemple Bruno Latour, Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique, Pari (...)
- 20 Ibid., p. 15.
- 21 Voir à ce propos Nicolas Mba-Zué, « L’écriture du mythe comme stratégie de conservation de la mémoi (...)
18Au sein de ce duel acharné entre Modernes et Terriens, pour reprendre une terminologie latourienne19, entre coupables de démesure elfique et victimes écologiques modestes possédant la sagesse terrestre, l’enquêtrice Médée se positionne dans une sorte d’entre-deux ou de « terre du milieu », « expi[ant] ses fautes pendant les vacances d’été, en ramassant les galettes de pétrole qui souillent les côtes bretonnes après le passage des pétroliers20 ». Les mythes occidentaux saturent le texte – comme le montrent à suffisance les choix onomastiques : Médée, Jason, Petroleum, Bitume – et leur entrelacement construit une vision de l’Anthropocène en forme de grande épopée néocoloniale, d’utopie conquérante fondée sur la croyance en un « mauvais infini » pourtant intenable. Face à elle, la refabulation des mythes locaux21 à laquelle se livre Bessora – parole des ancêtres, mythes d’Ivu, de l’Adzap ou arbre d’Ingoguino, de Mami Wata – essaime en une pluralité de récits d’autodéfense identitaire, écologique et cosmogonique : l’alternance des points de vue et des métarécits se double d’une alternance entre deux conceptions de Gaïa, entre une post-nature elfique largement dystopique et une (sur)nature jadis harmonieuse mais désormais déréglée, vengeresse. L’écopolar devient ainsi le prétexte à l’élaboration de la cartographie d’un écocrime en cours depuis l’indépendance du pays. Le monde de Petroleum est fait de territoires, d’écosystèmes et d’êtres altérés, de paysages détritiques devenus inhabitables. Le cimetière d’hydrocarbures de Ntchengué a par exemple remplacé un village de pêcheurs :
- 22 Bessora, Petroleum, op. cit., pp. 277-278.
Ntchengué la poubelle. Il y a de la carcasse de voiture désossée, les restes de bus calcinés. Soudain, un charmant bateau rongé par la rouille apparaît sur le bord de la route. […] Le décor serait complet s’il ne manquait pas le cadavre d’un avion. Et le taximan de conclure : – C’est pas la voie publique ici : c’est la voie pétrolière. C’est pour ça que les gens ont décidé que c’était une poubelle. Oui, tout ça là… Tout ce que tu vois, c’est aux pétroliers. Comme le Cap Lopez, comme la pointe Clairette, comme toute l’île, Ntchengué c’est aux pétroliers. […] Le pétrole, c’est les excréments du diable. On voudrait lui donner tort qu’on ne pourrait pas. Car il n’aurait qu’à brandir l’acte de propriété délivré à Elf le 24 janvier 1963 pour une durée de soixante-quinze ans. C’est peut-être grâce à ce titre minier que d’aucuns s’autorisent à abandonner les déchets de matériel pétrolier au bord de la route : il y a de la cuve sénile, de la grue à la retraite, des vieux pneus fatigués. Du pipe-line enterré22.
19On est là au cœur de l’ère post-naturelle décrite par Bruno Latour : l’instance décrite inclut des dispositifs d’extraction, des biocides et autres agents de modifications irréversibles qui sont l’objet d’un discours tératologique. Le paysage est signifié comme l’enfant monstrueux de la Françafrique, du désir colonial et de la terre violée pris dans un accouplement douloureux dont le fruit est un paysage décadent, souillé, mais plein de colère et de désir de revanche :
- 23 Ibid., p. 23.
Retiens-toi semence noire : pas d’éruption. Ignores-tu la chanson ? Relax. Don’t do it. When you wanna come. Il a raison Frankie, ne jouis point Nomade Noir. Il faut te retenir car les éruptions de pétrole, cette éjaculation soudaine causée par l’excès de pression, c’est dangereux pour la santé. C’est peu économique. Et c’est irrespectueux de Dame Nature.
Or, l’écologie est le premier souci d’Elf.
Comme les droits de l’homme.
Alors gare aux éruptions. Aux éruptions de pétrole. Aux éruptions de sang. Parfois, ils coulent en même temps.
Blood for Oil. Oil for Blood.
Les puits de pétrole ne sont pas que des vagins arides, ils sont comme le cœur des hommes : ça bout à l’intérieur ; bile noire chauffée à blanc, mélancolie inflammable. La pression monte et puis boum, un jour, c’est l’explosion23.
Conclusion. L’écopolar comme forme critique de la démesure anthropocénique
- 24 Pour une analyse de la dimension épistémique et existentielle de l’extractivisme, voir Ramón Grosfo (...)
20Plutôt qu’une simple « fiction du climat », Petroleum s’emploie ainsi à éprouver à l’envi et à redistribuer la partition ou la scission classique entre temps géologique et temps humain. Il en va tout à la fois d’une représentation en forme d’investigation sur les méfaits de l’actuel régime d’extraction globalisé, et d’un décentrement de la perspective de l’enquête par le recours conjoint aux agentivités non-humaines, invisibles, surnaturelles et post-naturelles, pour proposer un point de vue tout à la fois enraciné et pluralisé, critique du métarécit universaliste et de la colonialité propres à une certaine acception, utopique et foncièrement techno-optimiste, de l’Anthropocène. Dans cette optique, le pétropolar de Bessora propose une tectonique des mémoires : mémoires humaines ou non, mémoires élémentaires ou fossiles, mais toujours mémoires terriennes et terrestres, mémoires écologiques, épistémiques, ontologiques qu’il s’agit de faire trembler ensemble pour mieux les historiciser, l’auteure pratiquant en cela une forme de justice poétique qui a formellement et éthiquement partie liée avec une revendication radicale de justice environnementale. Mais l’enquête pétrographique et ethnographique prend également la forme d’une dénonciation de l’extractivisme épistémique et ontologique24 à l’œuvre dans le remplacement d’un monde par un autre, et des violences cosmocidaires qui en découlent. En mettant l’histoire coloniale et environnementale du Gabon à l’épreuve du temps géologique et cosmique, Bessora anticipe par la fiction l’intuition heuristique selon laquelle la prise en compte par les sciences humaines de la catégorie géologique de l’Anthropocène permettrait, paradoxalement peut-être, d’abandonner une acception rationaliste, occidentalocentrée et anthropocentrée de l’écologie au profit d’une prise en compte des savoirs environnementaux du plurivers dans un souci de justice épistémique.
- 25 Voir Maristella Svampa, « Consensus des matières premières, tournant éco-territorial et pensée crit (...)
21Alors qu’à travers le monde, le « consensus de Washington » fait place au « consensus des matières premières25 » qui signe la généralisation de la dynamique de dépossession extractiviste à l’ensemble du continent, les mouvements de résistance des « peuples-territoires » se multiplient. Leurs répertoires narratifs et pratiques se pluralisent et sortent de l’ornière d’invisibilité où ils se trouvaient confinés. L’orchestration du dépouillement productiviste crée de nouvelles formes de dépendance et de domination, et se fonde sur une criminalisation de plus en plus violente et systématique des mouvements de défense de la planète. L’extractivisme doit être compris comme un modèle d’accumulation impliquant la surexploitation de terres et de ressources en grande partie non renouvelables, ainsi que l’extension des frontières de la prédation à des lieux et à des territoires autrefois jugés « improductifs » ou intouchables. Mais il possède aussi une dimension épistémique et ontologique que mettent profusément en scène les récits (alter)cosmogoniques des populations affectées, dont l’écopolar, par et dans l’attention qu’il porte au cosmocide, peut constituer un intéressant relais à l’heure de l’Anthropocène.
Notes
1 Voir à cet égard Liss Kihindou, Négritude et fleuvitude. Et autres observations littéraires, Paris, L’Harmattan, 2016.
2 Bessora, Petroleum, Paris, Denoël, 2004.
3 Ondjaki, Os Transparentes, Caminho, Alfragide, 2012. Pour la version française : Les Transparents, Paris, Métailié, 2015.
4 Helon Habila, Oil on Water, Londres, Penguin Group, 2010. Pour la version française : Du pétrole sur l’eau, Arles, Actes Sud, 2014.
5 Chinelo Okparanta, « America », Granta [En ligne], 118, 2012, mis en ligne en février 2012, consulté le 14 décembre 2018, URL : https://granta.com/america/. Pour la version française : Snapshots – Nouvelles voix du Caine Prize, Paris, Zulma, 2014, p. 69-109.
6 Sandrine Nan-Nguema, Mémoires pétrolières au Gabon, thèse de doctorat, 2002. Résumé en ligne : http://www.theses.fr/078594162, consulté le 09 décembre 2018.
7 Bessora, citée par Nicolas Michel, « Bessora au pays de l’or noir », Jeune Afrique, mis en ligne le 5 octobre 2004, consulté le 04 décembre 2018, URL : https://www.jeuneafrique.com/130377/archives-thematique/bessora-au-pays-de-l-or-noir/.
8 Conversation avec Bessora, Journée d’études « Réparations et mobilisations. Justice environnementale et écoféminisme », Université d’Angers, Maison de la Recherche Germaine Tillion, 22 novembre 2016.
9 Pour des raisons pratiques, on confond ici à dessein les deux catégories, dont on n’ignore pas par ailleurs les différences constitutives.
10 On reprend ici le constat de Camille Biros, ainsi que certaines conclusions de la chercheuse. Camille Biros, « Premiers éléments de définition d’un type émergent de FASP : l’écothriller », ASp, 57, 2010, p. 67-85.
11 Voir à ce propos James Lovelock, The Revenge of Gaïa, New York, Perseus Groups, 2006. Pour la version française : La revanche de Gaïa. Pourquoi la terre riposte-t-elle ?, Paris, Flammarion, 2007.
12 Voir par exemple, pour la littérature nigériane, Helon Habila, Du pétrole sur l’eau, op. cit.
13 Pour une étude de la modernité comme tradition herméneutique qui par définition « traditionnalise » les autres cosmovisions, voir Arturo Escobar, Autonomía y diseño. La realización de lo comunal, Popayán, Université du Cauca, 2016.
14 On reprend l’expression de Joan Martínez-Alier, El ecologismo de los pobres. Conflictos ambientales y lenguajes de valores, Barcelone, Icaria, 2005.
15 On reprend le terme forgé par le sociologue Boaventura de Sousa Santos, Pela Mão de Alice. O Social e o Político na Pós-Modernidade, Porto, Afrontamento, 1994.
16 Bessora, Petroleum, op. cit., p. 11.
17 On reprend le vocable désormais courant à l’écrivain congolais Sony Labou Tansi qui l’a le premier forgé.
18 Bessora, Petroleum, op. cit., pp. 218-219.
19 Voir par exemple Bruno Latour, Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique, Paris, La Découverte, 2015.
20 Ibid., p. 15.
21 Voir à ce propos Nicolas Mba-Zué, « L’écriture du mythe comme stratégie de conservation de la mémoire collective ancestrale et de la construction identitaire dans Petroleum de Bessora », dans Gisèle Avome Mba, Élisabeth Oyane Megnier et Nicolas Mba-Zué (Éds.), Mémoire(s) et identité(s) et Afrique et en Amérique latine, Libreville, Oudjat, 2016, pp. 119-130.
22 Bessora, Petroleum, op. cit., pp. 277-278.
23 Ibid., p. 23.
24 Pour une analyse de la dimension épistémique et existentielle de l’extractivisme, voir Ramón Grosfoguel, « Del extractivismo económico al extractivismo epistémico y ontológico », Revista Internacional de Comunicación y Desarrollo, 4, p. 33-45.
25 Voir Maristella Svampa, « Consensus des matières premières, tournant éco-territorial et pensée critique en Amérique latine », Alternatives Sud, 20, 2, 2013, p. 33-47.
Haut de pagePour citer cet article
Référence électronique
Anne-Laure Bonvalot, « Élucider l’écocide : le pétropolar gabonais à l’heure de l’extractivisme », Belphégor [En ligne], 21-2 | 2023, mis en ligne le 21 décembre 2023, consulté le 19 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/belphegor/5516 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/belphegor.5516
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