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Compte-rendus

Galvan, Jean-Pierre. Eugène Sue et ses « Mystères ». Un manuscrit inédit des premiers chapitres des « Mystères de Paris »

Vittorio Frigerio
Référence(s) :

Galvan, Jean-Pierre. Eugène Sue et ses « Mystères ». Un manuscrit inédit des premiers chapitres des « Mystères de Paris ». Amiens : AARP – Centre Rocambole, Encrage Édition, 2018. 141 p. ISBN : 9782360580880.

Texte intégral

1La place d’Eugène Sue dans l’histoire de la littérature française est encore loin d’être assurée, malgré ce que pouvait en penser un Dostoïevski, dont on sait que – lecteur assidu de Balzac, Hugo, Voltaire et Goethe – il se donnait comme but d’arriver à écrire aussi bien que l’auteur des Mystères de Paris. Mais Sue écrivait-il bien ? La critique s’est longtemps même refusée de se poser cette question, persuadée sans qu’il y ait besoin d’apporter le moindre élément de preuve que le feuilletoniste le plus apprécié du peuple nouvellement alphabétisé, qu’il abreuvait de ses romans à rebondissements, ne pouvait plaire qu’en dépit d’un style forcément pauvre. Or, ce livre aide à lui apporter une réponse. On le doit au grand spécialiste de l’œuvre du romancier, dont il a notamment édité la correspondance complète et entière, arrivée maintenant au quatrième volume. C’est en partie en s’appuyant sur cette correspondance que Jean-Pierre Galvan reconstruit ici l’histoire de la conception et des débuts des Mystères de Paris, surtout en ce qui concerne les rapports que son auteur entretenait avec Charles Gosselin, éditeur auquel le liait un contrat dont les exigences devaient se révéler progressivement de plus en plus intenables pour un romancier qui avait de son œuvre une conception s’accommodant mal de limites artificielles. On y découvre donc comment et dans quelle mesure les contrats passés par Sue, l’obligeant tout d’abord à s’en tenir à deux volumes, indépassables, ont pu influer sur une première conception des Mystères, et aussi comment l’élargissement progressif du milieu de l’action romanesque – qui devait être originellement restreint aux quartiers populaires – affecte de manière décisive l’intrigue, provoquant en quelque sorte la création du héros, le prince Rodolphe de Gérolstein, qu’on découvre avoir été absent du premier jet du premier chapitre.

2L’essentiel du volume est donc réservé à la présentation du texte du début de ce célèbre roman-fleuve. On a droit à la reproduction en fac-similé du texte du copiste, portant les premières corrections de Sue, de sa main, suivie de la transcription de ce texte, et ensuite du texte tel qu’il a été publié dans Le Journal des Débats. On imagine facilement l’intérêt d’une telle façon de procéder, qui permet de se faire une idée très précise de la conception que l’auteur avait de son travail.

3Jean-Pierre Galvan tire notamment de ses observations des conclusions qu’on ne peut s’empêcher de citer in extenso et de partager :

Lors de l’étape initiale, le premier jet, sitôt rédigé, est retravaillé. Les ratures et corrections s’y multiplient de telle sorte qu’il doit être mis au propre par un copiste. Cette copie est relue par Sue qui y porte de nouvelles corrections, c’est la seconde étape. Le texte est recopié de nouveau et, sauf nouvelles révisions ultérieures, envoyé à l’imprimeur. *
Comme en atteste sa correspondance, Eugène Sue ne donne son bon à
tirer qu’après avoir révisé une dernière fois son texte sur épreuves. L’œuvre imprimée est donc l’aboutissement d’au minimum trois étapes de rédaction-corrections de la part d’Eugène Sue.
Sans nous étendre sur le sujet, nous nous contenterons de noter que ce travail d’écriture bat en brèche les légendes tenaces voulant qu’Eugène Sue ait été un improvisateur. […] Ces quelques feuillets montrent que s’il ne fut pas un écrivain remarquable sous l’angle stylistique, il fut du moins un romancier respectueux de son œuvre. (14)

4Ce volume, bien réalisé et bien présenté – même si on aurait pu souhaiter avoir les reproductions en fac-similé en un format légèrement plus grand – intéressera non seulement les inconditionnels d’Eugène Sue, mais aussi tous les passionnés de l’histoire du roman au XIXe siècle.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Vittorio Frigerio, « Galvan, Jean-Pierre. Eugène Sue et ses « Mystères ». Un manuscrit inédit des premiers chapitres des « Mystères de Paris » »Belphégor [En ligne], 17 | 2019, mis en ligne le 25 mars 2019, consulté le 20 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/belphegor/1527 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/belphegor.1527

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