Les conflits environnementaux autour de l’exploitation des métaux précieux dans la péninsule de Chalcidique (Grèce du Nord)
Résumés
L’article se propose d’explorer les enjeux environnementaux apparus lors des tentatives d’exploitation des métaux précieux contenus dans les minerais sulfurés de plomb, de zinc, de fer et de cuivre extraits dans la péninsule de Chalcidique (Grèce du Nord). Les efforts de mise en place d’une métallurgie des métaux purs durent depuis quarante ans mais suscitent des oppositions locales très fortes qui ont contrarié le projet. Cet article vise à décrypter les stratégies et argumentaires des groupes d’acteurs concernés : opposants, investisseurs, gouvernements, administration, Conseil d’État, et à identifier les facteurs déterminant ces stratégies dans la durée.
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1La péninsule de Chalcidique (Nord-Est de la Grèce) dispose de ressources minérales très importantes à l’échelle nationale. Elle est également devenue un pôle d’attraction pour les touristes étrangers et nationaux, grâce notamment à la proximité du second centre urbain du pays, Thessalonique. L’expansion du tourisme, et la possibilité de son développement sur presque tout le territoire de la péninsule en raison de la qualité de l’environnement naturel et humain, a conduit à l’émergence de conflits avec l’industrie minière. Les tentatives de développement de cette dernière, par l’ouverture de nouvelles mines mais surtout par la mise en place d’une métallurgie de métaux purs, parmi lesquels des métaux précieux, ont provoqué des oppositions très fortes. Initialement locales, ces oppositions se sont progressivement étendues aux niveaux national et international, empêchant l’achèvement du projet métallurgique dans la péninsule de Chalcidique pendant plus de quarante ans.
2L’article se propose d’étudier les situations conflictuelles telles qu’elles ont existé pendant quarante ans (de 1980 jusqu’aujourd’hui) au nord-est de la péninsule. La recherche a consisté à faire le bilan des modes d’opposition, et à identifier les parties prenantes et les formes de protestations. Son objectif est d’en révéler les stratégies, ainsi que l’argumentation des parties concernées pour en dégager les motifs. L’étude du déroulement des conflits permet de constater qu’au fil du temps les stratégies des acteurs évoluent, non seulement en fonction des conditions locales ou nationales (modifications des projets miniers et métallurgiques, changements gouvernementaux, avis successifs du Conseil d’État, élargissement du groupe des opposés et recours à des organisations environnementales internationales), mais également en fonction d’enjeux planétaires liés au marché des métaux.
- 1 Torre André et al., « Conflits et tensions autour des usages de l’espace dans les territoires rurau (...)
- 2 Ibid., p. 420.
- 3 Ibid., p. 421.
3L’hypothèse de départ est que les motifs écologiques cachent aussi des intérêts économiques, en apparence associés au développement du tourisme et au rejet de l’industrie minière. Dans ce cas précis, l’analyse consiste à étudier si les conflits sont une forme de concertation1 pouvant mener à une nouvelle organisation de l’espace et à un développement soutenable de la région ou s’ils constituent « la dernière étape de dégradation d’une relation2 » conduisant à l’avortement d’un effort de mise en valeur de ressources nationales. De par ses fins, notre recherche se différencie dès lors de la pratique souvent rencontrée en sciences sociales consistant à traiter « des conflits d’usages et de voisinage en abordant leurs modalités de résolution sans se préoccuper de manière très précise de leurs modalités d’expression propres3 ».
4La méthode de travail est empirico-déductive et son programme repose sur des recherches dans des sources variées : documents écrits, informations obtenues lors de colloques et de conférences sur le sujet, observations personnelles et travail sur le terrain, entretiens avec des représentants de différentes parties prenantes, suivi des publications des quotidiens nationaux et des sites internet ainsi que des décisions du Conseil d’État. Ces documents ont été collectés sur une longue période et à différentes occasions : dans le contexte de différentes recherches, études d’aménagement, avis administratifs pour la localisation des infrastructures et, dernièrement, dans le cadre de l’élaboration de l’étude du schéma spatial national pour les ressources minérales.
5Le sujet a initialement été abordé en tant que question de gestion des côtes dans le cadre d’un mémoire de maîtrise pour l’obtention du diplôme d’architecte ingénieur dans le domaine de l’urbanisme/aménagement du territoire. Cette étude avait révélé l’intérêt du problème de l’occupation conflictuelle des sols et des enjeux environnementaux dans les zones côtières et débouché sur une thèse de doctorat en géographie. L’émergence du concept de durabilité et la recherche académique sur le sujet nous a conduit à examiner les grands aménagements à la lumière des principes de durabilité. L’évaluation de la capacité des grands travaux à répondre aux principes et aux objectifs du développement durable a finalement fait l’objet d’un post-doctorat. Cette approche présupposait l’examen de paramètres sociaux dans la mise en œuvre des grands projets, suivant les principes fondamentaux de la soutenabilité. L’aspect social s’est alors révélé non seulement comme un aspect négligé des conflits d’usage et des enjeux environnementaux dans de pareils cas, mais également comme un facteur crucial pour l’évolution et le dénouement des situations de ce genre. L’article est le fruit de cette constatation. Ainsi, notre approche du sujet est celle d’une architecte-géographe particulièrement intéressée par la dimension pratique de la recherche, notamment du fait de sa responsabilité en tant que coordinatrice scientifique de l’étude du schéma spatial national pour les ressources minérales. Cette démarche montre également la façon dont les disciplines orientées vers l’organisation de l’espace s’imbriquent aux sciences sociales.
6Le texte se proposant d’examiner, d’une part, l’évolution des modes d’opposition et, d’autre part, les changements de l’argumentation des acteurs dans le temps, il est organisé selon la logique suivante : la première partie analyse le déroulement des conflits en se centrant sur les modes et les causes explicites ou implicites ; la deuxième partie est centrée sur l’argumentation adoptée par les différentes parties prenantes. La démarche implique, pour des raisons évidentes, un suivi chronologique. D’ailleurs, bien que la période étudiée débute dans les années 1980, certains faits rendent nécessaires des références à un passé antérieur – plus ou moins proche ou lointain. À l’origine de ce choix se trouvent deux constatations : a) les infrastructures planifiées suivent le modèle de localisation du passé, tout en procédant à une expansion significative (à Skouriès) ; b) les initiatives adoptées dans un passé récent par les investisseurs et l’État avaient comme principal objectif de faire face et de remédier à des conditions déjà établies, sans toutefois parvenir à surmonter les problèmes environnementaux ni les oppositions qui leur sont liées.
Une exploitation millénaire des ressources minérales
- 4 Zaglis Dimitrios, Χαλκιδική Ιστορία-Γεωγραφία (Από την αρχαιότητα μέχρι το 1912), [Chalcidique-Hist (...)
- 5 Association des sociétés minières, Ο Ελληνικός Ορυκτός Πλούτος, [Les ressources minières grecques], (...)
7La péninsule de la Chalcidique possède une très longue tradition d’exploitation des matières minérales. Ses minerais sulfurés ont très tôt fait l’objet d’une exploitation intensive en raison de l’or et de l’argent qui y sont contenus. L’activité était déjà florissante à l’époque classique (ve et ive siècles av. J.-C.)4, mais a surtout connu un développement exceptionnel sous l’Empire ottoman. Du fait de l’exploitation de matières minérales précieuses, la Chalcidique orientale a assuré son émancipation du gouvernement turc bien avant le reste du territoire grec et a connu une période de prospérité grâce aux faveurs qui lui avaient été accordées5. De plus, les firmans turcs promulgués en 1893 au profit de la compagnie franco-ottomane « Mines de Cassandra » représentèrent un héritage de grande importance pour l’avenir de l’exploitation : la compagnie privée qui lui succéda, sous le nom de Société anonyme de produits chimiques et d’engrais, a ainsi pu s’assurer des concessions sur une étendue de 336 km2.
- 6 Ibid., p. 325.
- 7 Il figure sur la liste des matières premières essentielles de l’Union européenne. Commission europé (...)
- 8 Kαtsiavalos Konstantinos, Isaakidis Konstantinos, « Ο ορυκτός πλούτος της Κεντρικής Μακεδονίας. Βαθ (...)
- 9 Renseignements fournis par l’entreprise à Stratoni en septembre 1991 ; également en décembre 2020 p (...)
8Les ressources minérales exploitées sont des minerais sulfurés6 de plomb, de zinc, de cuivre et de fer. D’autres métaux y sont souvent contenus : l’argent est le plus commun, suivi de l’antimoine7, l’arsenic, l’or, etc. La présence de métaux précieux renforce l’utilité économique de l’exploitation, mais la présence d’arsenic entrave encore aujourd’hui l’exploitation en raison de ses impacts environnementaux et sanitaires. Les gîtes de minerais se localisent dans un champ métallifère8 qui s’étend entre Olympias, Ierissos et Arnaia sur une superficie d’environ 600 km2. Les principaux centres d’exploitation développés sont au nombre de trois9 : le premier se trouve à l’ouest d’Olympias ; le deuxième s’étend de Stratoniki à l’ouest jusqu’à Stratoni à l’est ; et le troisième, celui de Piavista, se situe à l’est de Stagira (cf. carte ci-dessous). Le gîte cuprifère de Skouriès se trouve actuellement au centre des manifestations locales contre l’activité extractive. Il est à noter que la majorité des travaux extractifs sont souterrains, ce qui implique un travail plus dur et plus sophistiqué que dans la plupart des autres mines grecques, qui sont à ciel ouvert.
- 10 Karka Ηélène, Exploitation minière et développement touristique sur le littoral de la Grèce (Chalci (...)
9Jusqu’au début des années 199010, les Mines de Cassandra appartenaient à un groupe financier très puissant déjà cité : la Société anonyme de produits chimiques et d’engrais. La compagnie possédait deux centres d’activité : le plus ancien, et le plus important, se trouvait à Stratoni et comprenait deux usines d’enrichissement, le port minéralier et le village où habitaient la majorité des cadres de la compagnie ainsi qu’une partie des ouvriers ; le deuxième se trouvait près du village d’Olympias, où était localisée la troisième usine d’enrichissement et les infrastructures connexes.
- 11 Renseignements fournis par l’entreprise à Stratoni en août 1988.
- 12 Down Christopher-Gordon, Stocks John, Environmetal Impact of Mining, London, Applied Science Publis (...)
10Cette longue histoire minière et industrielle n’était pas sans incidences sur l’environnement, mais ces problèmes n’ont véritablement pris de l’ampleur qu’à partir des années 1980. Les conflits étaient plutôt latents, comme nous le verrons dans le cas d’Olympias, présenté ci-dessous. Notamment, une dégradation importante des sols et des eaux était provoquée par la pyrite de fer non traitée et stockée en plein air en vue d’une future mise en valeur11. Ce stockage était à l’origine d’une pollution grave, suivant un processus chimique connu sous le nom de « drainage acide » : il s’agit de la production d’acide sulfurique sous l’effet de l’humidité et, surtout, de l’eau, conduisant à une acidité très élevée des eaux et des sols12.
- 13 Ministère de la Coordination, Ρυθμιστικόν Σχέδιον Τουριστικής Αναπτύξεως Χαλκιδικής [Schéma directe (...)
- 14 Karka, op. cit., tabl. 25.
- 15 Décision ministérielle no 507255 du 23 février 1976.
11La décision d’installer une usine de traitement des minerais sulfurés à Olympias en 1976 a été reçue avec réserve par les habitants du village qui, semble-t-il, était déjà le principal foyer d’attraction touristique en Chalcidique en 1969. Selon les données du ministère de la Coordination13, le village dénombrait 399 lits touristiques à cette date, sur les 1 886 lits que comptait le département. L’implantation de l’unité industrielle a été suivie d’une baisse remarquable du nombre de permis de construire, dont la majeure partie concernait des hébergements touristiques14. Au début de cette même année 1976, l’organisation nationale du tourisme avait décidé d’attribuer des crédits pour la rénovation et l’équipement de chambres à louer15, ce qui aurait probablement encouragé l’activité du bâtiment si les habitants de la commune n’avaient pas craint que la proximité de l’usine n’eût des incidences sur la fréquentation touristique de leur territoire.
- 16 Kontopoulos Antonis, Marinos-Kouris Dimitrios, « Μεταλλουργία χρυσού Ολυμπιάδας » [La métallurgie d (...)
- 17 Quand le parti socialiste PASOK a pris le pouvoir.
- 18 Μεταλλουργικές Βιομηχανίες Αιγαίου.
- 19 Ta Néa, mardi 28 mars 1989, p. 34.
12Les conflits ouverts entre les communautés locales et l’industrie minière ont débuté dans les années 1980 au sujet du déploiement d’une métallurgie produisant de l’or brut et d’autres métaux – conflits qui n’ont cessé depuis. Le projet d’usine métallurgique d’or d’Olympias aurait produit, entre autres, 175 kg d’argent et 2 535 kg d’or par an16, en utilisant comme matière première la pyrite de fer de la région de Stratoni-Olympias. L’unité aurait été localisée à proximité de ce dernier village. Une compagnie étatique17 a été fondée dans le but de déployer et de mettre en œuvre ce projet métallurgique : les « Ιndustries métallurgiques d’Égée » (METVA18 en grec). Mais la réaction énergique des habitants d’Olympias a empêché le projet, en raison de son impact environnemental potentiel sur les activités agricoles et touristiques. Progressivement, des habitants des communes voisines ont également été sensibilisés, de sorte que des manifestations et des réunions avaient lieu chaque semaine dans la partie nord-est du département au cours de l’hiver 198919. Ainsi, la compagnie METVA n’a jamais atteint ses objectifs et a finalement été dissoute.
- 20 Kanellopoulos Georges, « Η μεταλλευτική και μεταλλουργική δραστηριότητα στην Ελλάδα το 1990 » [L’ac (...)
- 21 Le président de la section de Macédoine centrale exprimait son inquiétude pour l’avenir de l’entrep (...)
13Outre ces problèmes, la Société anonyme de produits chimiques et d’engrais a rencontré des difficultés de commercialisation de ses produits dans les années 199020, dans une période de baisse des prix des métaux sur le marché mondial. Ces évolutions négatives ont substantiellement agi sur l’état financier de l’entreprise. En décembre 1992, elle était en régime spécial de liquidation, mais continuait à fonctionner21.
Les perspectives de développement touristique comme entrave à l’activité minière
14La Société anonyme de produits chimiques et d’engrais étatisée a finalement été mise en vente, sans que des investisseurs nationaux ou étrangers ne se portent acquéreurs. La Banque nationale de Grèce a alors financé la poursuite des travaux miniers non seulement dans le but d’éviter l’effondrement de l’économie locale, mais également afin d’éviter la destruction des galeries, dont l’entretien nécessite le pompage de 2 000 m3 d’eau par heure. En l’absence de pompage, les kilomètres de galeries déjà ouverts seraient inondés et définitivement perdus.
- 22 Ενημερωτικό Δελτίο [Bulletin informatif], Athènes, Chambre technique de la Grèce n° 1757, 26 avril (...)
15Même dans ces conditions, les habitants d’Olympias ont continué de s’opposer à la localisation de l’unité industrielle planifiée sur leur territoire. Dans une télécopie adressée à la Chambre technique de Grèce22 qui avait organisé une conférence sur le sujet, la commune d’Olympias faisait connaître ses intentions pour le territoire : créer, dans la région, un centre d’études aristotéliques qui regrouperait des experts de diverses nationalités désirant étudier la philosophie du temps d’Aristote (une hypothèse est que la tombe du philosophe se situe dans le site archéologique situé au sud du village côtier). Différents projets d’infrastructure touristique étaient à l’étude afin d’assurer le fonctionnement du centre. En parallèle, les représentants municipaux de Stagira et d’Arnaia, lieux de domiciliation de mineurs, déclaraient que leurs concitoyens étaient favorables à l’implantation de l’usine sur leur territoire.
- 23 Renseignements fournis par le chef de la commune à Stratoni, été 1987.
- 24 Ministère de l’Économie nationale, Πενταετές Σχέδιο Οικονομικής Ανάπτυξης 1983-87 [Plan quinquennal (...)
- 25 Voir à ce sujet Cazès Georges, « Les constantes spatiales du fait touristique littoral : thématique (...)
16La cohabitation des activités récréatives et de l’industrie minière faillit avoir lieu dans le village industriel de Stratoni vers le milieu de la décennie 1980. La commune avait pris la décision de stimuler le développement touristique de son territoire par la mise en valeur de la seule plage dont elle disposait, d’une longueur de 700 mètres environ. L’inconvénient que représentait la localisation de l’usine d’élaboration à l’extrémité septentrionale de la plage n’empêcha pas les représentants locaux de planifier la mise en place d’un camping et de certains équipements récréatifs23. Le projet n’a finalement pas vu le jour, pour des raisons non explicites, sans doute liées à la situation financière de la commune. Pourtant, si cette dernière avait véritablement souhaité la réalisation du projet, il semble très improbable que l’administration nationale y eût renoncé, surtout en l’absence d’instruments de maîtrise de l’affectation des sols. De plus, la politique gouvernementale de l’époque24, qui cherchait à cultiver un certain équilibre entre les communes « pauvres » du nord-est et les communes « riches » du sud-ouest, risquait de faire repartir le conflit entre l’industrie minière et le tourisme, avec l’introduction d’une activité peu compatible avec les occupations traditionnelles de ce milieu rural et minier, tout à fait étranger aux exigences du tourisme25.
L’attitude des populations locales
- 26 Karka Ηélène, « Προβλήματα και ανταγωνισμοί κατά την άσκηση της μεταλλευτικής δραστηριότητας – Η κο (...)
- 27 Une grève importante a eu lieu dans les années 1979-1980. Voir à ce sujet Κarka, « Exploitation min (...)
17Tout au long de la période étudiée, les attitudes des populations locales vis-à-vis de l’industrie minière ont évolué en fonction de leurs relations avec la compagnie et des opportunités d’emploi alternatives. Ces dernières dépendaient de manière décisive du milieu naturel, du voisinage avec la mer et du potentiel touristique. Le relatif isolement de cette partie nord-est du département, associé aux opportunités d’emploi limitées et à la présence d’une puissante société minière, dont les opérations ont été continues dans le temps, ont permis une certaine domination de la compagnie sur les populations de l’arrière-pays rural26. L’industrie minière constituait alors une monoactivité dans ces communes montagnardes. Toutefois, malgré l’absence d’emplois alternatifs, l’entreprise se trouvait confrontée à l’aversion des ruraux pour les travaux souterrains ainsi qu’à des mouvements sociaux importants sur la durée sinon en fréquence27. D’où la préférence de l’entreprise à embaucher des travailleurs venant de certaines communes, comme l’illustre bien la différence entre Stratoni et Olympias, tous deux des centres d’activité de la même entreprise. Stratoni (bien qu’une localité du littoral) peut être assimilé à un village montagnard et Olympias est un cas représentatif des villages littoraux.
18Stratoni est le village des Mines de Cassandra : 85 % des actifs de la commune travaillent dans l’entreprise. Le village en lui-même est le résultat de l’effort urbanistique de l’entreprise et la commune est financée et équipée de diverses manières, directes ou indirectes, par celle-ci. L’ambiance est marquée par l’activité minière : les installations industrielles et portuaires sont localisées juste à côté du village et le contrôle de l’entreprise sur la population est facilement perceptible. À Olympias, le cadre de vie est bien différent, pour des raisons liées aussi bien à la situation géographique qu’à la démographie du village : il a profité d’une fréquentation touristique relativement importante depuis les années 1960 déjà et dispose aussi d’opportunités d’emplois agricoles (dans la petite plaine d’Olympias). De surcroît, l’activité minière et industrielle y a débuté beaucoup plus tard, seulement dans la décennie 1970.
- 28 Κarka, « Προβλήματα... », art. cit.
- 29 Renseignements fournis par le directeur de la compagnie à Stratoni à l’été 1987.
19La démographie d’Olympias28 est une autre caractéristique importante qui la différencie de Stratoni. La commune est habitée par des familles de réfugiés ayant quitté l’Asie Mineure en 1922, c’est-à-dire des personnes possédant des aptitudes et une culture très différentes de celles des autochtones. Les réfugiés ont joué un rôle catalyseur dans la vie du village en raison de leur mentalité progressiste qui s’opposait au contrôle de l’entreprise. Les conflits avec cette dernière n’étaient d’ailleurs pas rares, soit en raison de l’expropriation de terrains métallifères, soit pour d’autres motifs. Les réactions dynamiques des habitants ont été l’une des principales causes de la non-installation de l’unité métallurgique sur le territoire de la commune. Cette attitude a eu pour résultat d’engendrer une certaine hésitation de la société à embaucher des travailleurs29 issus du village, au prétexte d’un manque d’expérience.
La reprise de l’activité par la société TVX Gold SA et la multiplication des opposants
- 30 Journal officiel 192 A de 1996.
- 31 IOS, « Ο εκβιασμός για το χρυσό », [Le chantage pour l’or], Elefterotypia, 26 juillet 2003, p. 60. (...)
20Les installations minières et métallurgiques du Nord-Est de la Chalcidique sont restées propriété de l’État jusqu’en 1996. Suite à un appel d’offres international émis par le gouvernement, la société canadienne TVX Gold SA en a acquis les droits de propriété. L’accord signé entre le gouvernement grec et l’entreprise a été ratifié par la loi 2436/199630 et comportait des clauses très favorables pour l’entreprise. Le contrat de concession prévoyait, entre autres, le droit d’extraction (et de transformation) dans n’importe quelle partie de la zone de concession31.
- 32 Informations fournies par la décision 613/2002 du Conseil d’État, paragraphe 9.
- 33 Document 2227/14.5.1999, « Εισαγωγικό Σημείωμα της με αρ. πρωτ. 11369/2228 Απόφασης Γεν. Γραμματέα (...)
21Le projet de TVX comprenait, d’une part, le renouvellement des autorisations des anciennes installations de Stratoni et, d’autre part, le développement et la mise à niveau des installations existantes de la mine d’Olympias ainsi que l’installation de la nouvelle unité de production d’or et de ses unités auxiliaires. L’examen du dossier de l’entreprise a été mené non seulement par un groupe de cadres du ministère de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et des Travaux publics, mais également par un comité consultatif composé d’universitaires issus de sept institutions universitaires différentes32. La principale question à considérer était les méthodes alternatives de traitement, afin de mettre en œuvre la solution la plus sûre pour l’environnement33. La méthode choisie par la société pour le traitement des arsénopyrites (bioxydation) n’a été acceptée par aucun des deux groupes d’experts, principalement en raison de l’utilisation de cyanure dans le traitement. Pendant que la compagnie recherchait une autre solution pour l’élaboration des minerais, les habitants préparaient leurs démarches contre le projet métallurgique.
- 34 Instituée sous le Programme Kapodistrias (1999-2010). Actuellement, elle fait partie de la municipa (...)
- 35 La description des événements provient de l’article de Kadoglou Marie, « The struggle Against Gold (...)
22Des réactions ont commencé à avoir lieu dans la région dès le lancement du projet, essentiellement à l’initiative des 600 habitants d’Olympias qui considéraient le projet comme un risque majeur pour l’environnement et leur qualité de vie. Par la suite, se sont également joints à eux les habitants d’autres communes localisées autour du golfe de Strymonikos et, en particulier, de la municipalité de Stagira-Akanthos34 sur le territoire de laquelle étaient localisées les installations de l’industrie minière. Au départ, l’opposition s’est manifestée par des actions fortes : manifestations publiques, fermeture de routes, destruction de matériel, affrontements avec la police locale. Le résultat en a été l’application de la loi martiale à Olympias à la fin de l’année 199735.
- 36 Kadoglou, « The Struggle.... », art. cit.
- 37 D’après la législation grecque, adoptée sur la base des directives européennes, l’évaluation enviro (...)
23À partir de fin 1997, lorsque des non-locaux se sont associés aux opposants, un changement de méthode a été décidé. D’après mon enquête de terrain, il s’agissait d’habitants de Thessalonique qui possédaient des résidences secondaires dans la région. La voie légale a alors été retenue, ce qui impliquait l’envoi d’objections auprès des autorités et services délivrant les permis et les autorisations. Les communautés d’Olympias et de Stratoniki ont fait appel à plusieurs reprises auprès du Conseil d’État, demandant l’annulation du projet au titre de divers arguments, qui seront exposés par la suite. À partir de 1998, toute approbation accordée par l’Administration a été contestée devant les tribunaux administratifs36. Au total, le Conseil d’État a rendu neuf décisions en faveur des résidents. Le document cristallisant le mieux le raisonnement du Conseil d’État est sa décision de 2002, qui sera analysée plus loin. Cette décision annulait l’autorisation administrative déterminant les conditions environnementales dans lesquelles ce projet satisfaisait aux préoccupations environnementales37.
- 38 Kadoglou, « The Struggle.... », art. cit.
- 39 Ibid.
- 40 IOS, « Ο εκβιασμός... », art. cit.
24La mobilisation s’est également étendue à l’international afin d’empêcher l’entreprise d’emprunter. Les personnes mobilisées ont contacté des journalistes, des analystes financiers et des actionnaires de TVX et sont intervenues en 2000 lors de l’assemblée générale de la Deutsche Bank qui s’apprêtait à financer le projet. Un an plus tard, la banque annonçait avoir mis un terme aux négociations avec TVX. Les démarches des opposants auprès de la Commission européenne ont également empêché l’attribution d’un financement à un projet jugé « incompatible avec l’esprit de développement durable promu par l’Union européenne »38. Ces difficultés ont provoqué une importante baisse de l’action de l’entreprise39. La compagnie TVX Gold, confrontée à de graves problèmes non seulement du fait des réactions au projet grec mais également en raison d’une situation économique internationale défavorable, a été amenée à abandonner ses plans et à déposer son bilan le 4 juin 200340.
- 41 Germidis Dimitrios, Μια ανθοδέσμη για το Μίδα [Un bouquet pour Midas], Athènes, Livanis, 2003, p. 1 (...)
- 42 Voir : Fotopoulos Nikos, « Ανθρωποι από σίδερο στα πρόθυρα της κατάρρευσης » [Des hommes de fer au (...)
- 43 « ...la question qui reste dramatique est si la protection de l’environnement, le développement sou (...)
25Ce projet semblait pourtant être la seule solution possible pour la survie de l’activité41 et pour l’élimination des sources de pollution existantes. D’importantes protestations et mobilisations des travailleurs des mines eurent lieu : marches de protestation à Athènes, grève de la faim en juin 2003 dans les galeries souterraines42, intervention contre les décisions du Conseil d’État, etc. Le résultat de ces actions a fait évoluer l’opinion publique43 à travers le pays et la question de la réouverture de l’entreprise a été abordée sous un jour différent. Les promesses du gouvernement aux travailleurs de l’entreprise ont été tenues : une nouvelle société, formée par des entrepreneurs étrangers et nationaux, Hellas Gold SA, a obtenu les actifs de TVX sans appel d’offres et a été autorisée à faire fonctionner la mine.
L’activité de la société Hellas Gold (2004-2020) dans une conjoncture internationale favorable
- 44 Commission européenne, Initiative matières premières : répondre à nos besoins fondamentaux pour ass (...)
26Cette période coïncide avec le réveil de l’intérêt pour les matières premières minérales au niveau européen. La forte augmentation de la demande de matières premières entre 2003 et 2008, en particulier dans les pays émergents, et les distorsions au niveau des chaînes d’approvisionnement et de distribution menaçaient la compétitivité des industries européennes. L’initiative « Matières premières », adoptée par la Commission européenne en 2008 et renforcée en 201144, avait pour but de garantir l’approvisionnement des industries européennes en matières premières provenant aussi bien de pays tiers que des pays de l’Union européenne. La perspective de remise en exploitation des ressources minérales européennes faisait resurgir la question de l’accès durable aux gisements et, par conséquent, la nécessité de concilier les activités extractives avec la protection de l’environnement et des utilisations conflictuelles des sols. Le développement des Mines de Cassandra est un cas représentatif de cette nécessité, et des difficultés qu’elle engendre.
- 45 Journal officiel 15A du 28 janvier 2004.
- 46 L’Observatoire des activités minières est composé d’un groupe d’opposants à l’industrie minière, co (...)
- 47 « Ψηφίστηκε η τροπολογία για τα Μεταλλεία Κασσάνδρας » [L’amendement pour les mines de Cassandra a (...)
- 48 « Πλιάτσικο και Περιβαλλοντικά εγκλήματα στα Μεταλλεία Κασσάνδρας » [Pillage et crimes contre l’env (...)
27Malgré cette situation favorable, la nouvelle société, à laquelle les Mines de Cassandra ont été transférées par la loi 3220/200445, a fait face aux mêmes difficultés que son prédécesseur. Les manifestations se sont poursuivies. Le site internet de l’Observatoire des activités minières46 a exprimé des préoccupations relatives à la loi 3220/2004, s’agissant à la fois de la résiliation du contrat avec TVX et de la partie du contrat concernant le transfert des actifs des Mines de Cassandra à Hellas Gold47 : le transfert se serait fait, entre autres, en raison de « la nécessité d’une réponse urgente de l’État grec aux risques environnementaux liés à la cessation de l’exploitation et de l’entretien des Mines de Cassandra » et l’acheteur ne serait pas responsable des dommages environnementaux ou des dommages causés ou dus à une activité passée. La nouvelle société était entre autres accusée de « pillage et crimes contre l’environnement »48 pour avoir transporté et vendu une partie de pyrites de fer aurifères en Chine. La pollution par ces minerais représentant l’un des principaux arguments contre l’activité minière, la question qui en découlait logiquement était : « que devrait-on faire exactement de ces matériaux s’ils ne doivent être ni traités ni retirés ? ». La société était également accusée de diverses tentatives de vente des actifs des Mines de Cassandra, comme les 320 maisons de Stratoni qui leur appartenaient. Leurs résidents, dont beaucoup étaient d’anciens employés de l’entreprise, avaient été appelés soit à les vider, soit à les acheter, mais il n’y a pas eu d’évolution en la matière.
28Dans ce contexte international et local, Hellas Gold s’est mise à renouveler les autorisations des installations existantes qui arrivaient à expiration tout en planifiant un développement substantiel du projet initial de TVX. Le nouveau projet consistait en la mise en valeur du gisement cuprifère-aurifère de Skouriès et prévoyait des travaux miniers et industriels supplémentaires d’envergure. En mars 2012, la mise en œuvre du plan d’investissement d’Hellas Gold débuta, avec l’embauche immédiate de 800 salariés et le démarrage des activités minières à Skouriès et à Olympias. Toutefois, toute autorisation accordée par l’administration était contestée auprès du Conseil d’État par les habitants.
- 49 Voir : https://www.hellas-gold.com/ellinikos-xrysos/meletes-eksoruksis (consulté en décembre 2020).
- 50 Voir : « Η Ελντοράντο ανακοίνωσε ότι αναστέλλει εργασίες της στη Βόρειο Ελλάδα » [El Dorado a annon (...)
- 51 La devise de SYRIZA pendant la campagne électorale de 2015 était : « Nous prenons le pouvoir le 25, (...)
29Sur le site internet de la compagnie Hellas Gold figurent seize décisions49 du Conseil d’État publiées entre 2012 et 2016 consolidant les actes administratifs et confirmant la légalité des paramètres économiques, sociaux et environnementaux de l’investissement. La plus intéressante est la décision 1492 de 2013 qui rejette la pétition d’un groupe de la population locale demandant d’invalider la décision ministérielle relatives aux conditions environnementales du projet et de le faire stopper. Les difficultés pour obtenir les autorisations nécessaires se sont multipliées après 2015, quand SYRIZA a pris le pouvoir50. Ce parti de gauche se positionnait déjà depuis plusieurs années contre l’extraction à Skouriès et la cessation des travaux miniers était devenue un slogan de sa campagne électorale51.
- 52 Voir : https://antigoldgr.org/wp-content/uploads/2013/01/flashsmelting41.pdf ((consulté en décembre (...)
30Ce nouveau projet a suscité des réactions dès que le public en a eu connaissance. Elles ont débuté par le dépôt d’un dossier auprès du ministère, dans lequel les opposants exprimaient leurs réserves52. Les causes d’inquiétude des habitants concernaient surtout la méthode utilisée pour transformer le minerai (fusion éclair). Mais l’opposition ne s’est pas exprimée uniquement dans le cadre de procédures formelles. Ce qui caractérise cette période, c’est l’ampleur prise par le mouvement antiminier : l’élargissement de sa base de participants, ainsi que la nature et l’intensité des réactions. En fait, la mise en valeur du gisement de Skouriès a considérablement élargi la zone touchée par l’activité minière et métallurgique, surtout vers le sud.
- 53 Voir : https://soshalkidiki.wordpress.com/ (consulté en décembre 2021).
31Les habitants des nouvelles localités concernées par les impacts de l’exploitation sont ainsi venus s’ajouter aux protestataires d’Olympias : Megali Panagia et, surtout, Ierissos devinrent les nouveaux centres de la résistance. Ierissos est le siège du mouvement SOS Halkidiki53, qui coordonne une multitude d’associations et d’instances collectives et qui a pris le relais de l’Observatoire, sans que ce dernier ne cesse pour autant son activité. Progressivement, le mouvement antimines s’est étendu à Thessalonique, dont les habitants ont été sensibilisés aux enjeux de l’exploitation minière notamment après la publication d’avis scientifiques soulignant le risque de transfert de pollution toxique vers la ville. La question de Skouriès est ainsi devenue emblématique dans tout le pays, puis à l’international. De nombreux journaux nationaux et sites internet consacrèrent des articles à la situation en Chalcidique et les militants antimines trouvèrent des relais dans les publications étrangères.
- 54 Fotopoulos Nikos, « Παλιά μου τέχνη... δακρυγόνο » [Un art ancien...lacrymogène], Η Εφημερίδα των Σ (...)
32Les opposants locaux ont été encadrés par des scientifiques provenant de différentes disciplines et des experts de l’Université d’Aristote de Thessalonique, de la section de Macédoine et Thrace de la Chambre technique de la Grèce. Les réactions prennent désormais deux formes différentes : d’une part, le recours à des arguments scientifiques présentés dans des rapports soumis au ministère et dans les appels auprès du Conseil d’État et, d’autre part, une résistance dynamique organisée par des habitants d’Ierissos. La première manifestation contre le projet a eu lieu en mars 2011 et, depuis, des manifestations ont été organisées chaque année. Ces manifestations se sont accompagnées d’affrontements avec la police, d’arrestations et de détentions préventives54. Des actions de représailles ont également eu lieu, comme l’attaque du site de la mine de Skouriès puis, plus tard, l’incendie du poste de police et de la mairie d’Ierissos. Cette « guerre » s’est poursuivie tout au long de la période suivante, selon les publications du site SOS Halkidiki qui fournit des informations systématiques sur les événements.
- 55 Palaiologos Yiannis, « Αλλα μας λένε και άλλα κάνουν » [On nous raconte une chose et on en fait une (...)
33Cette situation, associée aux difficultés d’obtention des autorisations nécessaires, a conduit en septembre 2017 la société à menacer de renoncer à son projet, de fermer les mines et de licencier ses ouvriers si les autorisations en attente n’étaient pas délivrées dans un délai de dix jours55. La compagnie a alors obtenu des permis pour des installations de moindre importance, mais pas ceux concernant la métallurgie de l’or. En fait, l’étude technique préliminaire de l’unité en question avait été renvoyée à la firme en 2016, les spécialistes du ministère responsable n’étant pas persuadés du caractère adapté de la méthode métallurgique adoptée pour les arsénopyrites d’Olympias. En février 2020, le Conseil d’État a invalidé la décision ministérielle et renvoyé l’étude à la compagnie pour correction et achèvement.
Les positions des différentes parties prenantes
Les arguments des opposants
34Les positions des opposants à l’exploitation des mines de Cassandra peuvent être synthétisées à partir des trois sources suivantes : les appels auprès du Conseil d’État ; les textes de l’Observatoire des activités minières et le site du mouvement SOS Halkidiki pour la période après 2011 ; et, finalement, les articles de journaux.
35Les arguments contre la métallurgie de l’or ont évolué au fil du temps, en fonction de la progression du projet, des acteurs mobilisés et de leurs conseillers juridiques, de l’attitude de l’opinion publique et des conseillers d’État. Initialement, les objections portaient sur les effets de la métallurgie sur l’environnement et la qualité de vie des habitants, ainsi que sur le développement touristique. Les effets négatifs du projet sur les sites archéologiques et les monuments de la région étaient le premier argument avancé, jugé d’une importance singulière du fait de la proximité des travaux avec le lieu de naissance d’Aristote. Puis, lorsque les communautés locales et leurs conseillers juridiques ont décidé de se tourner vers les tribunaux, le choix des arguments a évolué et il a alors été fait référence à la jurisprudence du Conseil d’État, qui avait déjà rendu de nombreuses décisions fondées sur les principes du développement durable. Dans la dernière phase, marquée par le basculement de l’opinion publique suite aux appels dramatiques des travailleurs des mines, de nouveaux arguments ont vu le jour sous la forme de reproches concernant l’absence de fiabilité des investisseurs et le rejet général de l’activité minière.
- 56 Kadoglou, « The Struggle.... », art. cit.
36Les préoccupations pour l’avenir de l’activité dans son ensemble sont exprimées dans l’article de Marie Kadoglou56, l’une des figures les plus actives de l’opposition. Dans cet article, il est admis qu’il n’y a jamais véritablement eu de dialogue direct avec les entreprises car, de l’avis des manifestants, « le problème n’est pas de savoir où et comment l’exploitation minière aura lieu. Le problème est “d’extraire ou non” et c’est une question purement politique, strictement limitée aux communautés locales et au gouvernement ». En outre, d’après cet article, l’importance de la décision du Conseil d’État qui annulait la décision ministérielle précisant les conditions environnementales du projet résidait dans le fait qu’elle ne concernait pas uniquement ce projet spécifique mais qu’en réalité « elle interdisait essentiellement tous les projets miniers à grande échelle ».
37L’alternative en termes de développement de la zone n’était pas clairement formulée par les opposants à l’exploitation minière. Ainsi, la section du site de l’Observatoire intitulée « Et après les mines, quoi ? » restait vide en février 2005, lorsque nous avons consulté le site dans le cadre d’une autre recherche sur le sujet. Une réponse était cependant fournie par M. Kadoglou dans l’article précité : « La première chose à faire est le changement du code minier qui étrangle les zones minières. Une fois cela fait, la zone pourra croître selon ses caractéristiques naturelles. La zone minière avec ses avantages uniques pourrait soutenir une industrie touristique florissante. La pêche, la sylviculture et d’autres activités traditionnelles pourraient également bénéficier du changement du statut juridique de la zone ».
- 57 Haddad Emmanuel, « L’or mine l’avenir du Nord de la Grèce », Le Courrier, 26 août 2013, en ligne : (...)
- 58 Kadoglou Marie, « Colonialisme extractiviste en Europe : le cas de la Grèce », GRESEA échos, no 92, (...)
- 59 « Η δίκη στο ΣτΕ που αποσιωπήθηκε από την Ελληνικός Χρυσός : η μεταλλουργία #skouries » [Le procès (...)
38Les principaux arguments des opposants exprimés après le lancement du projet d’Hellas Gold57 concernaient la destruction de la nature, jugée d’une grande beauté, et surtout de la forêt ancestrale de Skouriès qui est inscrite en partie au réseau Natura 2000. Dans cette forêt, sur le mont Kakkavos, sont localisés les cours d’eau qui procurent la seule eau potable de la région. Les arguments des opposants portaient aussi sur la dégradation de l’environnement culturel de la région et sur la non-conformité des développements envisagés avec le cadre institutionnel régissant la zone. La totalité des arguments contre l’investissement sont repris dans la décision 1492/2013 du Conseil d’État, analysée plus loin. Cette décision réfute les arguments des opposants, qui concentrèrent alors leur argumentation sur l’insuffisance de la méthode de traitement58 ainsi que sur les manquements contractuels de la compagnie. Le choix de cette approche peut s’expliquer par le fait que le Conseil d’État indiquait clairement dans l’introduction de sa décision qu’il ne pouvait pas se prononcer sur l’opportunité de la méthode de traitement car il s’agissait d’une question purement technique. De ce fait, l’ensemble des actions et des appels ultérieurs des manifestants se sont concentrés sur cet aspect fondamental du projet, provoquant l’embarras des juges, comme il ressort du commentaire59 du site SOS Halkidiki sur la discussion qui a précédé la délivrance de la décision 223/2020 concernant le renvoi de l’étude technique de la métallurgie de l’or aux services compétents.
39Un autre argument de poids mobilisé par les opposants porte sur l’obligation faite à la société de développer une intégration verticale des ressources minérales et de produire des métaux purs d’or, d’argent et de cuivre. Or, tant que les autorisations pour ces opérations ne sont pas délivrées, l’élaboration s’arrête à l’extraction et à l’enrichissement des minerais qui sont ensuite vendus à l’étranger pour traitement final. Par conséquent, d’une part, la société ne se conforme pas à ses obligations contractuelles et, d’autre part, elle prive l’État d’importants revenus fiscaux.
Les arguments des investisseurs
40Les arguments de TVX ont reçu beaucoup moins de publicité que ceux des opposants. Ils proviennent de lettres ouvertes publiées dans les journaux ; d’interventions et d’appels auprès du Conseil d’État ; mais aussi, indirectement, d’annonces gouvernementales, de textes des opposants et des sites internet les concernant.
- 60 Publiée le 30 novembre 1997 dans le journal Eleftherotypia.
41Dans une lettre ouverte de la direction de TVX60, publiée à la suite des graves incidents survenus pendant cette période, l’entreprise présentait ses arguments : « La société a été déclarée la plus offrante lors du troisième appel d’offres international pour l’achat des Mines de Cassandra, elle s’est engagée à employer au moins 550 salariés pendant trois ans et à décharger la zone du fardeau créé par l’activité minière passée... Ses travaux favoriseront le développement de l’économie de la Chalcidique et l’État grec sera exonéré des coûts de maintien du fonctionnement des installations ». L’entreprise concluait par la promesse ultime de « permettre de valoriser le développement touristique de la zone, actuellement extrêmement limité », sans préciser de quelle manière elle s’y prendrait. La lettre, enfin, faisait référence au passé minier de la région et exprimait le souhait que le pays redevienne producteur d’or après 2 500 ans.
- 61 Drapaniotis Yiannis, « Ο αντίλογος για το χρυσό » [La contradiction pour l’or], Elefterotypia, 8 ju (...)
42Il est évident que dans la première phase de développement du projet de production d’or, les arguments de l’entreprise concernaient principalement, d’une part, la contribution financière du projet à la région et, d’autre part, les effets positifs sur l’environnement du fait de la décontamination. Ensuite, en raison de la polémique autour des effets sur l’environnement, l’argumentation s’est centrée sur les enjeux de prise en charge des risques environnementaux liés au traitement métallurgique et à la mise en œuvre des nouveaux projets. Cette évolution des positions de la société est manifeste dans un article du président de TVX61, qui comptait comme signataires des partisans de l’industrie minière : un certain nombre d’universitaires et de scientifiques ayant participé à la conception du projet, les services publics ayant accordé les permis et autorisations ainsi que la préfecture, la municipalité de Megali Panagia et les membres des conseils municipaux locaux favorables à la mise en œuvre du projet, le Centre du travail de Chalcidique, les syndicats et la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE en grec) – autant d’acteurs qui sont intervenus au Conseil d’État en faveur du projet. Dans cet article, le président en vient à questionner les motivations des opposants et s’interroge : la perspective de voir la Grèce devenir le plus grand producteur d’or primaire de l’UE n’était-elle pas souhaitée par certains cercles ?
- 62 « Το ΣτΕ, το show και το μυστήριο με τις διαθεσιμότητες της Ελληνικός Χρυσός » [Le Conseil d’État, (...)
- 63 Voir : « Eldorado Gold : Με όρους εντυπώσεων η κυβέρνηση αντιμετωπίζει έναν θεσμικό επενδυτή », [El (...)
- 64 Palaiologos, « Αλλα μας λένε... », art. cit.
43La société Hellas Gold avait bien conscience des problèmes déjà rencontrés par TVX, de sorte que le dépôt de son dossier pour le projet d’investissement était accompagné d’une étude d’impact sur l’environnement qui s’efforçait de répondre à tous les arguments des opposants. Les décisions positives du Conseil d’État avaient scellé la faisabilité du projet. Les difficultés rencontrées par la suite au cours des procédures administratives ont amené la société à accuser le gouvernement dirigé par le parti SYRIZA des retards indus et de menaces. Ces dernières concernaient la volonté du ministre responsable de recourir à un tribunal arbitral pour les manquements à des obligations de la société en 2017. Ces accusations contre le gouvernement prenaient du poids dans une période de tentative de sortie de la crise financière pendant laquelle le gouvernement essayait d’attirer des investisseurs étrangers. L’argument principal de l’entreprise était le risque d’abandon du projet et le licenciement des salariés. Cette menace a été utilisée à plusieurs reprises : en 201562, en 201663 et surtout en 2017 quand le désaccord a pris une dimension internationale avec l’implication des actionnaires de la compagnie au Canada64.
- 65 Daskalopoulou Dina, « Η αντιπολίτευση χρυσώνει τον εκβιασμό » [L’opposition couvre avec de l’or le (...)
- 66 Voir : https://www.naftemporiki.gr/finance/story/1558292/k-xatzidakis-na-tirithoun-apo-tin-elliniko (...)
- 67 Liaggou Chryssa, « Ζητεί αλλαγές στη σύμβαση η Ελληνικός Χρυσός » [Hellas Gold demande des changeme (...)
- 68 Ibid.
44À l’époque, tous les partis autres que SYRIZA étaient favorables à cet investissement65. Cependant, au début de l’année 2020, le gouvernement du parti de droite Nea Dimokratia, par l’intermédiaire de son ministre responsable, a exprimé son mécontentement face aux exigences de la compagnie66. De nouvelles négociations étaient en effet en cours depuis 2019 entre la société et le gouvernement : Hellas Gold demandait la modification du contrat de concession de 200467. La compagnie évoquait l’impossibilité de mettre en place l’unité de production d’or et la nécessité d’établir un nouveau plan d’affaires. En même temps, elle était à la recherche d’un investisseur stratégique du fait du coût élevé du projet. Les négociations ont été caractérisées par le ministre de l’Environnement et de l’Énergie lui-même comme étant « difficiles » car les actionnaires canadiens de la compagnie fixaient des conditions qui limitaient la valeur ajoutée du projet pour l’État grec. Celui-ci exigeait de son côté des mesures compensatoires. Le gouvernement s’est de fait trouvé dans une position extrêmement difficile car il devait faire en sorte de faciliter l’investissement pour éviter, entre autres, un impact négatif sur son profil pro-investissement sans pour autant céder aux pressions et aux demandes de la multinationale, qui auraient abouti à un contrat de type colonial68.
L’attitude du Conseil d’État
- 69 Pavlaki Sofia, « Mεταλλεία χρυσού Χαλκιδικής-Επισκόπηση Νομολογίας » [Mines d’or de Chalciqique. Ex (...)
45Comme nous l’avons vu précédemment, le Conseil d’État a eu l’occasion d’examiner en profondeur la question des Mines de Cassandra en raison de nombreux recours69, mais les décisions qui illustrent le mieux son attitude à l’égard du projet sont : a) la décision 613/2002 en faveur de la municipalité requérante de Stagira-Akanthos, qui annula la décision de l’autorité compétente déterminant les conditions environnementales dans lesquelles le projet satisfaisait aux préoccupations en termes d’environnement ; et b) la décision 1492/2013 rejetant les arguments des requérants et admettant la réalisation du projet qu’Hellas Gold planifiait (présenté dans la partie du texte relative à Hellas Gold).
46Le raisonnement de la décision 613/2002 reposait sur la nécessité de protéger l’environnement, telle que prévue par le droit national et les conventions internationales, avec une référence particulière à la Constitution grecque. Dans cette dernière, il est déclaré que « les organes de l’État doivent prendre des mesures positives pour sauvegarder l’environnement et les mesures préventives et répressives requises, en intervenant dans la mesure nécessaire dans l’activité économique ou tout autre activité individuelle ou collective ». Mais d’après les conseillers d’État, pour adopter ces mesures, les différentes institutions doivent prendre en compte d’autres facteurs d’intérêt national et public (les objectifs de développement économique, la mise en valeur des ressources du pays, le renforcement du développement régional et l’emploi des citoyens). La poursuite de ces objectifs et la mise en balance des intérêts légitimes respectifs doivent aller de pair avec l’obligation de l’État de protéger l’environnement. En particulier, les risques du projet ne doivent pas être nettement supérieurs aux bénéfices attendus de son fonctionnement.
- 70 Ces deux aspects étant des arguments de la compagnie.
47La pondération des avantages et des inconvénients du projet dépend du type et de l’étendue des dommages potentiels, ainsi que de la nature du besoin servi par l’exécution du projet. Certes, le juge administratif ne peut entrer dans l’évaluation des conséquences du projet, ni juger si sa réalisation est contraire au principe du développement durable sur la base d’informations techniques. Il ne peut le faire que sur la base des leçons tirées de son expérience, c’est-à-dire sur la base du bon sens. Toutefois, comme il ressort du texte de la décision, les enjeux techniques du projet ont finalement été examinés. À la suite de ces raisonnements et après avoir estimé que le bénéfice attendu de l’introduction dans le pays de nouvelles technologies pour l’exploitation des ressources minérales et l’augmentation attendue de l’emploi dans la région70 apparaissaient disproportionnés par rapport au capital physique consommé et aux risques liés au fonctionnement des installations, la majorité de la session plénière du Conseil a considéré l’acte évalué comme un « produit de pondération défectueux » et a décidé de l’annuler.
48Le Conseil d’État a semblé changer d’attitude vis-à-vis du plan d’investissement d’Hellas Gold après 2012, comme en témoigne la série de décisions favorables à la société. Le Conseil s’appuie sur l’étude d’impact qui soulignait la bonne performance environnementale du projet et réfutait les arguments des opposants. La décision 1492/2013 qui a validé l’acte ministériel déterminant les conditions environnementales du projet est à la base de toutes les décisions qui ont suivi. Le document commence par une référence à la décision 613/2002 afin de clarifier que l’invalidation de la décision ministérielle était alors due à la méthode métallurgique adoptée à l’époque et notamment aux gaz cyanogènes qui auraient été produits au cours de l’élaboration métallurgique et du transport de grandes quantités de solution d’arsenic. Le texte souligne que le projet contribuera à la remise en état de l’environnement et à l’augmentation de l’emploi dans la région. Parmi les mesures positives figurent également la préparation d’un futur plan d’utilisation des sols et la mise en place d’un programme de suivi des impacts sur l’environnement.
49Si le Conseil d’État souligne à nouveau que les juges ne peuvent entrer dans l’évaluation technique des impacts potentiels d’un projet, il n’en finit pas moins par se positionner sur les effets du projet sur d’autres utilisations du sol (p. 19). Les retombées sur le secteur primaire sont jugées insignifiantes, étant donné que seuls sept hectares seront occupés par les installations. Les profits pour le secteur secondaire seront notables en raison de la multiplication des activités liées à l’industrie minière. Les impacts éventuels sur le tourisme ne sont pas considérés comme significatifs car les activités touristiques se concentrent à Ierissos et à Olympias, et sont limitées par rapport au reste du département. Le texte en vient même à soutenir que c’est grâce à l’industrie minière que la contrée a pu préserver son paysage naturel alors que l’urbanisation a altéré ceux du reste de la péninsule – ce qui constitue un assez joli paradoxe puisqu’il est ainsi reconnu implicitement que l’industrie minière a entravé le développement du tourisme...
- 71 La décision fait référence à : a) Commission européenne, Directive 2006/21/CE du Parlement européen (...)
50Les juges s’appuient également sur des textes de la Commission européenne qui reconnaissent la contribution de l’activité minière à l’emploi et au développement régional, ainsi que la possibilité de combiner le développement de l’industrie minière avec une protection élevée de l’environnement grâce aux progrès technologiques71. Dans ce contexte, le Conseil justifie l’effort de l’État en faveur de la poursuite de l’activité et son développement de transformation, tout en soulignant que l’exploitation des trois gisements est nécessaire pour la viabilité du projet. Il se positionne pour la méthode de fusion éclair qui est appliquée au niveau mondial (p. 26 de la décision) tout en jugeant que les réserves exprimées par l’administration dans son avis positif, ainsi que par la section de Macédoine centrale de la Chambre technique de Grèce, le bureau de recherches géologiques et minières grec (IGME) et des professeurs de l’Université d’Aristote durant la procédure de consultation publique ont été traitées dans des documents additionnels de la société.
51L’analyse de cette décision du Conseil d’État semble indiquer que les juges ont accepté l’ensemble du contenu de l’étude d’impact. Cependant, ce même Conseil s’est montré plus sceptique sur la méthode métallurgique envisagée (décision 223 de février 2020). Les juges semblent ainsi conserver une position neutre entre les deux parties.
Les positions de l’administration
52Les points de vue de l’administration ont déjà été présentés plus haut. Sa tâche était de concilier le souci de l’État en faveur du maintien de l’activité et la remise en état de l’environnement et les exigences de la loi. La capacité des services à atteindre ces objectifs dépend de la législation en vigueur et des pressions exercées par les gouvernements et les investisseurs. La législation grecque régissant le développement des activités, l’octroi des autorisations nécessaires et la protection de l’environnement est souvent très détaillée et parfois plus stricte qu’au niveau européen. Le Code minier est inspiré du Code minier français. La législation sur la protection de l’environnement a été mise en place suite aux différentes directives de la Commission européenne et les dispositions relatives aux conditions environnementales nécessaires à la mise en œuvre des projets et activités économiques sont beaucoup plus strictes que celles d’autres pays européens.
53Le problème de la non-efficacité de la législation grecque réside dans sa mise en œuvre. Des lois exemplaires dans leur conception sont affaiblies par des amendements destinés à servir des intérêts spécifiques. Les investisseurs poussent les gouvernements et, par conséquent, l’administration à apporter des changements en fonction de leurs intérêts. Les pressions s’exercent de deux manières :
-
Par la promotion de dispositions législatives favorables aux investissements d’importance stratégique, notamment ceux des compagnies internationales. Ces instruments législatifs ont tendance à éliminer les derniers obstacles dressés par la planification spatiale et la protection de l’environnement. S’ils ne réussissent pas autant que les investisseurs le souhaitent, c’est grâce aux mobilisations des communautés locales et à l’attitude du Conseil d’État.
-
Par un mode d’intervention, plus grave que le précédent, à savoir le recours à des interprétations marginales de la loi, voire à sa mauvaise application, afin de favoriser des investissements individuels, avec des retombées multiples non seulement sur l’environnement mais également sur la saine concurrence entre entreprises.
Conclusion
- 72 Dans sa décision 1492/2013.
- 73 Suivant des renseignements fournis par la société en 1988 pendant le travail sur le terrain, en 197 (...)
54Les conflits qui se déroulent en Chalcidique Nord-Est depuis quarante ans entre l’industrie minière et des groupes d’acteurs sociaux sont généralement perçus comme liés à un enjeu environnemental et à la volonté des communautés locales de déterminer leur avenir. Cet avenir désiré semble dissocié de l’activité minière et lié à un développement touristique identique ou similaire à celui du reste de la Chalcidique. Le besoin de protéger l’environnement est considéré non seulement comme une fin en soi et une condition de la qualité de vie, mais également comme une nécessité pour le développement touristique, dont la poursuite est un argument qui revient constamment dans les documents préparés par les parties prenantes et dans les discours. C’est un argument accepté par le public mais aussi par le Conseil d’État, qui a approuvé72 le recours juridique de personnes en raison de leur statut de résidents, de propriétaires fonciers et d’employés d’entreprises agricoles et touristiques dans la zone affectée par le projet. Le type de tourisme que les résidents poursuivent est évidemment de petite dimension (petits hôtels, locations meublées, résidences secondaires, etc. créés et gérés par eux). Le développement du tourisme permet également l’augmentation des prix fonciers, ce qui explique la position de certains acteurs locaux. Mais si cet argument était valable au début de la période étudiée73, actuellement, les aires d’exploitation des trois gisements sont localisées très loin de la côte et, de fait, la valeur des terres littorales n’est pas directement influencée. L’incidence de l’industrie minière sur les perspectives touristiques de la région peut néanmoins se faire ressentir de deux manières : par son influence sur l’image touristique de la région et par une dégradation de l’environnement de l’arrière-pays et du bassin hydraulique.
- 74 Karka Ηélène, Μεγάλα έργα και χωρικές παρεμβάσεις στο πλαίσιο των επιδιώξεων της βιώσιμης ανάπτυξης (...)
55La question qui se pose à l’issue de l’étude des arguments des différentes parties prenantes est de savoir si les habitants pourraient accepter cette industrie minière sous certaines conditions de contrôle des nuisances. Il est à noter que, dans le cas étudié comme en général dans les projets à grande échelle, la protection de l’environnement se traduit par une tentative de limiter les conséquences négatives du projet, qui sont considérées comme inévitables74. L’argumentation déjà présentée prescrit une réponse négative ; en Chalcidique Nord-Est l’enjeu consiste, semble-t-il, à choisir entre deux alternatives : soit l’industrie minière, soit le tourisme et la villégiature. La décision sur le type de développement de la région implique de mettre en balance les éléments suivants : d’une part, des ressources de grand intérêt au niveau national, voire international, l’augmentation de l’emploi et l’élimination des sources de pollution créées par l’activité minière passée, dégradant considérablement la qualité de vie dans les zones voisines et, finalement, la survie d’une activité traditionnelle en danger d’extinction ; et, d’autre part, les aspirations des populations locales, qui se divisent en deux groupes avec des intérêts complètement divergents, le premier constitué par des communes en principe de l’arrière-pays montagnard qui fournissent l’essentiel des ouvriers de l’entreprise et lient leur avenir à cette dernière et le second formé par les communes plutôt littorales et regroupant les personnes jugeant l’activité touristique plus « durable » que l’exploitation minière.
- 75 Un exemple qui illustre bien cette réticence des politiciens à résoudre le problème est le tout nou (...)
56Le dénouement du conflit semble dépendre de l’évolution du rapport de forces entre les partisans du projet métallurgique et ses opposants. Ce rapport varie dans le temps mais, surtout, en fonction de l’échelle à laquelle on examine la situation conflictuelle. L’échelon local semble revêtir une importance bien plus grande qu’attendue. C’est à ce niveau que les situations conflictuelles peuvent être repérées, que les interactions entre les deux activités (industrielle/touristique) sont perceptibles et que des solutions plus ou moins efficaces sont trouvées. Toutefois, en raison de la nature même des activités étudiées, les structures locales dépendent de décisions prises au niveau national et, plus encore, au niveau supranational. Dans le cas du tourisme et, plus encore, de l’industrie minière, le niveau international interfère avec le niveau local. Le manque d’intervention décisive à un échelon intermédiaire – c’est-à-dire national – est manifeste. L’impuissance des politiques économiques et territoriales à faire face à des problèmes comme celui de la Chalcidique est constamment soulignée dans des publications scientifiques et, pire encore, notée dans des plans officiels75. En réalité, il s’agit de phénomènes qui sont l’effet de la concurrence entre deux activités incompatibles et, finalement, de l’absence d’orientation bien définie de l’économie et de modèle de développement pour la région.
57On en arrive alors à s’interroger sur les résultats du conflit alors que le projet avance sans être achevé, ce qui a des répercussions sur tous les intéressés. Les effets négatifs les plus graves sont relatifs aux souffrances subies sur une base personnelle et collective par les sociétés locales qui sont privées des conditions de paix et de sécurité nécessaires à leur vie et à la planification de leur avenir. L’État pâtit d’un manque de recettes important en raison de la non-réalisation de la métallurgie de métaux précieux et les gouvernements subissent les coûts politiques liés aux conflits et au risque de cessation de l’activité. La compagnie quant à elle ne parvient pas à achever son projet, si tant est qu’elle le souhaite vraiment.
58Ce qui peut être affirmé après l’examen qui a précédé, c’est qu’une véritable poursuite des objectifs du développement durable, au sens d’un effort multiforme pour obtenir les meilleurs résultats possibles, ne se produit pas. Le parcours extrêmement inégal vers la réalisation de l’investissement est loin de l’idée d’un « dialogue fructueux » entre les parties prenantes. Après tout, il est évident que chacun travaille strictement pour le même intérêt. Objectivement, il n’y a pas de véritable quête de développement durable de part et d’autre. Les différents aspects de l’investissement (environnement, économie, emploi, etc.) sont utilisés comme arguments par les différentes parties pour soutenir leurs aspirations et aucun de ces aspects n’est plus sincère que les autres au regard de ces aspirations. Seul le Conseil d’État a exprimé et fondé explicitement l’ensemble de son raisonnement sur le concept de développement durable dans sa décision 613/2002, mais ne l’a pas répété dans la décision 1492/2013, se référant au développement durable de l’entreprise.
Notes
1 Torre André et al., « Conflits et tensions autour des usages de l’espace dans les territoires ruraux et périurbains. Le cas de six zones géographiques françaises », Revue d’économie régionale & urbaine, vol. 3, 2006, p. 415-453.
2 Ibid., p. 420.
3 Ibid., p. 421.
4 Zaglis Dimitrios, Χαλκιδική Ιστορία-Γεωγραφία (Από την αρχαιότητα μέχρι το 1912), [Chalcidique-Histoire-Géographie (De l’antiquité jusqu’en 1912)], Thessalonique, édition privée, 1956, p. 125.
5 Association des sociétés minières, Ο Ελληνικός Ορυκτός Πλούτος, [Les ressources minières grecques], Athènes, 1979, p. 163.
6 Ibid., p. 325.
7 Il figure sur la liste des matières premières essentielles de l’Union européenne. Commission européenne, Résilience des matières premières critiques : la voie à suivre pour un renforcement de la sécurité et de la durabilité, Com (2020) 474 final, Bruxelles, 3 septembre 2020.
8 Kαtsiavalos Konstantinos, Isaakidis Konstantinos, « Ο ορυκτός πλούτος της Κεντρικής Μακεδονίας. Βαθμός και προοπτικές αξιοποίησής του », [Les richesses minières de Macédoine centrale. Degré et perspectives de mise en valeur], tome A, Actes du 2e Congrès des ressources minières, Athènes, Chambre technique de Grèce, 1987, p. 478-498 (481-482).
9 Renseignements fournis par l’entreprise à Stratoni en septembre 1991 ; également en décembre 2020 par Gazea Emmy, présentation, EIT-5th Greek Raw Materials Community Dialogue, 8-9 décembre 2020, évènement virtuel, Athènes, Université technique d’Athènes.
10 Karka Ηélène, Exploitation minière et développement touristique sur le littoral de la Grèce (Chalcidique-Milos), thèse de doctorat, Université Paris I-Panthéon-Sorbonne, Paris, 1995, p. 59.
11 Renseignements fournis par l’entreprise à Stratoni en août 1988.
12 Down Christopher-Gordon, Stocks John, Environmetal Impact of Mining, London, Applied Science Publishers, 1977, p. 110-113.
13 Ministère de la Coordination, Ρυθμιστικόν Σχέδιον Τουριστικής Αναπτύξεως Χαλκιδικής [Schéma directeur de développement touristique de la Chalcidique], Athènes, 1969, carte 20. N.B. : ce ministère avait un rôle de coordination entre les ministères des Finances, des Transports, du Travail, de l’Agriculture, des Affaires maritimes et autres. Il était aussi chargé de l’aménagement du territoire.
14 Karka, op. cit., tabl. 25.
15 Décision ministérielle no 507255 du 23 février 1976.
16 Kontopoulos Antonis, Marinos-Kouris Dimitrios, « Μεταλλουργία χρυσού Ολυμπιάδας » [La métallurgie d’or d’Olympias], Colloque « Le développement de la Chalcidique », Arnaia, 18-20 décembre 1987, document polycopié.
17 Quand le parti socialiste PASOK a pris le pouvoir.
18 Μεταλλουργικές Βιομηχανίες Αιγαίου.
19 Ta Néa, mardi 28 mars 1989, p. 34.
20 Kanellopoulos Georges, « Η μεταλλευτική και μεταλλουργική δραστηριότητα στην Ελλάδα το 1990 » [L’activité minière et métallurgique en Grèce durant la décennie 1990], Richesses minières, no 71, mars-avril 1991, p. 49-61 (59-60).
21 Le président de la section de Macédoine centrale exprimait son inquiétude pour l’avenir de l’entreprise dans le Ενημερωτικό Δελτίο [Bulletin informatif], Athènes, Chambre technique de la Grèce, no 1740, 14 décembre 1992.
22 Ενημερωτικό Δελτίο [Bulletin informatif], Athènes, Chambre technique de la Grèce n° 1757, 26 avril 1993.
23 Renseignements fournis par le chef de la commune à Stratoni, été 1987.
24 Ministère de l’Économie nationale, Πενταετές Σχέδιο Οικονομικής Ανάπτυξης 1983-87 [Plan quinquennal 1983-87], fascicule déposé à la Chambre des députés le 17 mai 1984, p. 2.
25 Voir à ce sujet Cazès Georges, « Les constantes spatiales du fait touristique littoral : thématique et systématique », Travaux de l’Institut de géographie de Reims, no 23-24, 1975, p. 13-21 (19).
26 Karka Ηélène, « Προβλήματα και ανταγωνισμοί κατά την άσκηση της μεταλλευτικής δραστηριότητας – Η κοινωνικο-χωρική διάσταση » [Problèmes et concurrences dans la pratique de l’activité minière. La dimension socio-spatiale], Actes du 3e Colloque pour les ressources minérales, Athènes, Chambre technique de la Grèce, 2000, tome B, p. 21-30 (24).
27 Une grève importante a eu lieu dans les années 1979-1980. Voir à ce sujet Κarka, « Exploitation minière... », art. cit. p. 65.
28 Κarka, « Προβλήματα... », art. cit.
29 Renseignements fournis par le directeur de la compagnie à Stratoni à l’été 1987.
30 Journal officiel 192 A de 1996.
31 IOS, « Ο εκβιασμός για το χρυσό », [Le chantage pour l’or], Elefterotypia, 26 juillet 2003, p. 60. Il est à noter que la localisation des industries minières ne peut être autorisée partout dans le pays, ni en Chalcidique du Nord-Est. Ce droit est limité par différentes législations, notamment celles en faveur de la protection de l’environnement culturel et naturel et des localités contre l’installation d’industries nuisibles. Pour la Chalcidique, le Décret Présidentiel du 1er juillet 1977 prévoit des restrictions additionnelles. En fait, le DP interdit l’installation de toute unité industrielle dans la zone littorale de Chalcidique à une distance de 5 km de la côte, et ce sur trois péninsules. Des exceptions ont été faites concernant quelques zones destinées à l’installation d’industries. La plus importante pour les industries minières apparaît dans le J.O. 249D du 25 mai 1978.
32 Informations fournies par la décision 613/2002 du Conseil d’État, paragraphe 9.
33 Document 2227/14.5.1999, « Εισαγωγικό Σημείωμα της με αρ. πρωτ. 11369/2228 Απόφασης Γεν. Γραμματέα ΥΠΕΧΩΔΕ » [Νote introductive à la décision no 11369/2228 du Secrétaire général du ministère de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et des Travaux publics], document polycopié.
34 Instituée sous le Programme Kapodistrias (1999-2010). Actuellement, elle fait partie de la municipalité d’Aristote.
35 La description des événements provient de l’article de Kadoglou Marie, « The struggle Against Gold Mining in Greece », 3e Conférence internationale sur les femmes et les mines, Indes, 1-9 octobre 2004, publié à l’époque sur le site internet de l’Observatoire : https://antigoldgreece.wordpress.com/ (consulté en décembre 2021) ; voir également Fotopoulou Dina, « Δυσαρέστησε όλους η σολομώντεια καταδίκη » [Tout le monde était mécontent de la sentence de Salomon], Elefterotypia, 16 décembre 1997.
36 Kadoglou, « The Struggle.... », art. cit.
37 D’après la législation grecque, adoptée sur la base des directives européennes, l’évaluation environnementale des projets et des documents de planification commence par le dépôt d’une étude d’impact auprès de l’autorité compétente et se termine par l’émission de la décision de cette autorité déterminant les conditions environnementales dans lesquelles le projet satisfait aux préoccupations environnementales.
38 Kadoglou, « The Struggle.... », art. cit.
39 Ibid.
40 IOS, « Ο εκβιασμός... », art. cit.
41 Germidis Dimitrios, Μια ανθοδέσμη για το Μίδα [Un bouquet pour Midas], Athènes, Livanis, 2003, p. 165. N.B. : D. Germidis était le gouverneur de la Banque nationale de Grèce de 1989 à 1991. Voir : https://www.tanea.gr/2003/07/03/lifearts/culture/dhmhtphs-gepmidhs-paixnidia-xrysoy-kai-oikonomias/ (consulté en décembre 2021).
42 Voir : Fotopoulos Nikos, « Ανθρωποι από σίδερο στα πρόθυρα της κατάρρευσης » [Des hommes de fer au bout de l’effondrement], Elefterotypia – Économique, 7 juin 2003, p. 28 ; Fotopoulos Nikos, « Κάτι λαμπυρίζει στις στοές της TVX » [Quelque chose étincelle dans les galeries de TVX], Elefterotypia – Économique, 11 juin 2003.
43 « ...la question qui reste dramatique est si la protection de l’environnement, le développement soutenable sacrifie 500 personnes dans ce cas minime, combien sont les sacrifices qu’elle exige au niveau planétaire ? », Goussetis Dionyssis, Avgi, par « Εκ των έσω », Elefterotypia, 14 juin 2003.
44 Commission européenne, Initiative matières premières : répondre à nos besoins fondamentaux pour assurer la croissance et créer des emplois en Europe, COM(2008) 699 final/2, Bruxelles, 4 novembre 2008 et aussi Relever les défis posés par les marchés des produits de base et les matières premières, COM(2011) 25 final/2, Bruxelles, 9 février 2011.
45 Journal officiel 15A du 28 janvier 2004.
46 L’Observatoire des activités minières est composé d’un groupe d’opposants à l’industrie minière, comme en témoigne le sous-titre de son site : « Résistance à l’exploitation minière destructrice en Grèce ». Il coordonnait les manifestants locaux, assurait leur information et la diffusion de leurs positions à travers son site internet (https://antigoldgreece.wordpress.com/, consulté en décembre 2021).
47 « Ψηφίστηκε η τροπολογία για τα Μεταλλεία Κασσάνδρας » [L’amendement pour les mines de Cassandra a été voté], en ligne : http//www.antigold.gr/archive/19-1-2004 (consulté en août 2004).
48 « Πλιάτσικο και Περιβαλλοντικά εγκλήματα στα Μεταλλεία Κασσάνδρας » [Pillage et crimes contre l’environnement dans les Mines de Cassandra], en ligne : http//www.antigold.gr/archive/3.8.2004.htm (consulté en août 2004).
49 Voir : https://www.hellas-gold.com/ellinikos-xrysos/meletes-eksoruksis (consulté en décembre 2020).
50 Voir : « Η Ελντοράντο ανακοίνωσε ότι αναστέλλει εργασίες της στη Βόρειο Ελλάδα » [El Dorado a annoncé le suspens de ses travaux en Grèce du Nord], 12 janvier 2016 , en ligne : https://www.enikos.gr/economy/363796/i-eldorado-anakoinose-oti-anastellei-ergasies-tis-sti-v-ellada (consulté en décembre 2021) ; « Η απάντηση του ΣΥΡΙΖΑ στην El Dorado » [La réponse de SYRIZA à El Dorado], 12 janvier 2016, en ligne : https://www.enikos.gr/politics/363824/i-apantisi-tou-syriza-stin-el-dorado (consulté en décembre 2021).
51 La devise de SYRIZA pendant la campagne électorale de 2015 était : « Nous prenons le pouvoir le 25, les mines ferment le 26 ».
52 Voir : https://antigoldgr.org/wp-content/uploads/2013/01/flashsmelting41.pdf ((consulté en décembre 2021).
53 Voir : https://soshalkidiki.wordpress.com/ (consulté en décembre 2021).
54 Fotopoulos Nikos, « Παλιά μου τέχνη... δακρυγόνο » [Un art ancien...lacrymogène], Η Εφημερίδα των Συντακτών, 24 août 2015, p. 25.
55 Palaiologos Yiannis, « Αλλα μας λένε και άλλα κάνουν » [On nous raconte une chose et on en fait une autre], Kathimerini, 10 septembre 2017, p 6 ; Telloglou Tassos, « Δισεκατομμύρια ευρώ στον αέρα » [Des milliards dans l’air], Kathimerini, 17 septembre 2017, p. 6.
56 Kadoglou, « The Struggle.... », art. cit.
57 Haddad Emmanuel, « L’or mine l’avenir du Nord de la Grèce », Le Courrier, 26 août 2013, en ligne : https://soshalkidiki.wordpress.com/2013/09/01/lor-mine-lavenir-du-nord-de-la-grece/ (consulté en octobre 2020).
58 Kadoglou Marie, « Colonialisme extractiviste en Europe : le cas de la Grèce », GRESEA échos, no 92, octobre-décembre 2017, p. 14-20, en ligne : https://library.antigoldgr.org/2018/05/19/colonialisme-extractiviste-en-europe-le-cas-de-la-grece-skouries/ (consulté en octobre 2020).
59 « Η δίκη στο ΣτΕ που αποσιωπήθηκε από την Ελληνικός Χρυσός : η μεταλλουργία #skouries » [Le procès au Conseil d’État qui est passé sous le silence par Hellas Gold : la métallurgie #skouriès], en ligne : https://antigoldgr.org/blog/2019/08/27/i-diki-sto-ste-pou-aposiopithike-apo-tin-ellinikos-chrysos-i-metallourgia-skouries/ (consulté en octobre 2020).
60 Publiée le 30 novembre 1997 dans le journal Eleftherotypia.
61 Drapaniotis Yiannis, « Ο αντίλογος για το χρυσό » [La contradiction pour l’or], Elefterotypia, 8 juillet 2001, en ligne : http://www.enet.gr/online/online_hprint.jsp?q=%D7%E1%EB%EA%E9% (consulté en février 2005). Dans cet article, le président de TVX répond à l’article d’IOS du 24 juin 2001.
62 « Το ΣτΕ, το show και το μυστήριο με τις διαθεσιμότητες της Ελληνικός Χρυσός » [Le Conseil d’État, le spectacle et le mystère des suspensions d’Hellas Gold], en ligne : https://soshalkidiki.wordpress.com/2015/08/ (consulté en octobre 2020).
63 Voir : « Eldorado Gold : Με όρους εντυπώσεων η κυβέρνηση αντιμετωπίζει έναν θεσμικό επενδυτή », [Eldorado Gold : en termes d’impressions, le gouvernement a affaire à un investisseur institutionnel], 13 janvier 2016, en ligne : https://www.newsbeast.gr/financial/arthro/2095376/eldorado-gold-me-orous-entiposeon-i-kivernisi-antimetopizi-enan-thesmiko-ependiti (consulté en octobre 2020) ; Konstantopoulos Michel-Ange, « Χρησιμοποιεί ως ομήρους τους εργαζόμενους » [Elle utilise des ouvriers comme otages], Εφημερίδα των Συντακτών, 13 janvier 2016, p. 4.
64 Palaiologos, « Αλλα μας λένε... », art. cit.
65 Daskalopoulou Dina, « Η αντιπολίτευση χρυσώνει τον εκβιασμό » [L’opposition couvre avec de l’or le chantage », Eφημερίδα των Συντακτών, 14 janvier 2016, p. 10-11.
66 Voir : https://www.naftemporiki.gr/finance/story/1558292/k-xatzidakis-na-tirithoun-apo-tin-ellinikos-xrusos-treis-basikes-desmeuseis, 6 février 2020.
67 Liaggou Chryssa, « Ζητεί αλλαγές στη σύμβαση η Ελληνικός Χρυσός » [Hellas Gold demande des changements de contrat], Κathimerini, 4 février 2020, https://www.kathimerini.gr/economy/local/1063023/zitei-allages-sti-symvasi-i-ellinikos-chrysos/ (consulté en décembre 2021).
68 Ibid.
69 Pavlaki Sofia, « Mεταλλεία χρυσού Χαλκιδικής-Επισκόπηση Νομολογίας » [Mines d’or de Chalciqique. Examen de la jurisprudence], en ligne : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwjvtqHNxObtAhUPqaQKHeuFAQwQFjABegQIARAC&url=https%3A%2F%2Fdasarxeio.com%2Fwp- content%2Fuploads%2F2016%2F11%2Fmetalleia_xrusou_xalkidikis_episkopisi_nomologias1. pdf&usg=AOvVaw10qy0Z4RH77DI6dvy9FYbk (consulté en septembre 2020).
70 Ces deux aspects étant des arguments de la compagnie.
71 La décision fait référence à : a) Commission européenne, Directive 2006/21/CE du Parlement européen et du Conseil du 15 mars 2006 concernant la gestion des déchets de l’industrie extractive, mais en citant par erreur la COM (2000) 265 et b) Commission européenne, COM (2008) 699, Initiative matières premières : répondre à nos besoins fondamentaux pour assurer la croissance et créer des emplois en Europe, Bruxelles.
72 Dans sa décision 1492/2013.
73 Suivant des renseignements fournis par la société en 1988 pendant le travail sur le terrain, en 1972-73 la Société anonyme de produits chimiques et d’engrais procéda à l’expropriation d’environ 80 hectares dans la commune continentale de Varvara, à un prix fixé à 8 drachmes/m2. L’achat de terrains dans la commune d’Olympias en 1979 se fit à 50 drachmes/m2. Quand la compagnie a souhaité procéder à de nouvelles acquisitions, elle a dû recourir à son droit d’expropriation. Le prix fixé par le juge pour des terrains localisés à plus d’un kilomètre de la côte s’éleva à 130 drachmes/m2.
74 Karka Ηélène, Μεγάλα έργα και χωρικές παρεμβάσεις στο πλαίσιο των επιδιώξεων της βιώσιμης ανάπτυξης-Μια προσπάθεια αποτίμησης της δυνατότητας απόκρισης των μεγάλων έργων στις αρχές και τους στόχους της βιώσιμης ανάπτυξης [Les grands aménagements et les projets de travaux publics à la lumière des principes de durabilité : une évaluation de la capacité des grands travaux à répondre aux principes et aux objectifs du développement durable], thèse de post-doctorat, financée par la Fondation des bourses nationales, Université technique d’Athènes, 2005, p. 126.
75 Un exemple qui illustre bien cette réticence des politiciens à résoudre le problème est le tout nouveau Schéma régional de Macédoine centrale. Suivant les directions du Schéma, représentées sur la carte illustrant le modèle de développement de la région, la côte de Stratoni, où se situent les installations les plus importantes de la société minière, est affectée en tant que « zone en voie de développement touristique ».
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Titre | Carte 1. Conflits latents et ouverts autour de l’activité minière de 1980 à 1995 |
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URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/balkanologie/docannexe/image/3459/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 175k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Hélène Karka, « Les conflits environnementaux autour de l’exploitation des métaux précieux dans la péninsule de Chalcidique (Grèce du Nord) », Balkanologie [En ligne], Vol. 16 n° 2 | 2021, mis en ligne le 01 décembre 2021, consulté le 14 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/balkanologie/3459 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/balkanologie.3459
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