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Notes de lecture

Draganova (Slavka), Kjustendilski region 1864-1919 (La région de Kjustendil, 1864-1919)

Sofia : Akademično izdatelstvo P. M. Drinov, 1996, 265 p.
Bernard Lory
Référence(s) :

Draganova (Slavka), Kjustendilski region 1864-1919 (La région de Kjustendil, 1864-1919) , Sofia : Akademično izdatelstvo P. M. Drinov, 1996, 265 p.

Texte intégral

1Ce petit livre met à la disposition des chercheurs une information statistique précieuse concernant essentiellement les années 1864-1919, tirée de différents registres fiscaux ottomans, que l’auteur a croisée avec des données concernant les années 1866-1919, tirées de Enciklopedičen rečnik Kjustendil, Sofia, 1986 (mais dont les sources ne sont malheureusement pas citées). Elle réussit de la sorte à étoffer quelque peu la sécheresse de l’information chiffrée, en fournissant des petits dossiers statistiques sur un ensemble de 177 villages du kaza de Kjustendil, à l’époque où il relève du Vilayet du Danube.

2Le territoire concerné est intéressant, car il se répartit de nos jours sur trois États différents : Bulgarie, Macédoine et Yougoslavie. En effet, lors de la délimitation de la frontière bulgare en 1878-1879, 26 villages de ce kaza restent dans le cadre ottoman. Les statistiques montrent que ces villages étaient en moyenne plus gros et surtout que, dans ce kaza très majoritairement chrétien, ils étaient les seuls à avoir une population musulmane significative (un tiers environ). Ceci laisse entrevoir que, si le tracé de la frontière suit essentiellement les lignes du relief et tient compte d’impératifs stratégiques, il a peut-être également eu pour motivation de laisser autant que possible, les populations musulmanes sous l’autorité du Sultan.

  • 1  Kănčov (Vasil), Izbrani proizvedenija, t. 2, Sofia, 1970, pp. 528-529.
  • 2  Limanoski (Nijazi), Islamizacijata i etničkite promeni vo Makedonija, Skopje, 1993, pp. 271-274.

3S. Dragova prétend (p. 23) ne disposer d’aucune information démographique sur ces villages après 1878. Il ne lui était pourtant pas bien difficile de les rechercher dans la statistique de Kânčov (1900), où ils figurent dans le kaza de Pehčevo1. Que parmi ces villages figure celui de Razlovci, centre insurrectionnel en 1876, ne mérite pas d’être signalé pour cette historienne éprise de chiffres uniquement ! Ceux qu’intéresse le déclin de la population pomaque de cette zone frontalière trouveront des informations intéressantes dans l’ouvrage de Nijazi Limanoski, décédé récemment2.

  • 3  Petrov (Metodi), Nacionalno-osvoboditelnoto dviženie v Zapadnite pokrajnini 1919-1934, Sofia, 1995 (...)

4Un autre groupe de 35 villages a été rattaché en 1919 au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Il s’agit du territoire de Bosilegrad (Bosiljgrad), relevant de ce que les Bulgares appellent les Confins Occidentaux (Zapadni Pokrajnini). Cette question, à la différence de la question macédonienne, n’a pas été abordée par l’historiographie communiste. Il est vrai que le régime titiste préservait les droits culturels de cette minorité bulgare. Après 1989, les vieux thèmes du nationalisme bulgare ont eu un regain de faveur et, parmi eux, la question des Confins occidentaux3. S. Draganova relève un fait troublant (p. 24) : dès 1900, les statistiques bulgares séparent la région de Bosilegrad de celle de Kjustendil...

5Un des apports du livre de S. Draganova est de signaler la présence de villages au régime foncier particulier, dit gospodarlâk ou agalâk. L’aga qui possède ces villages et en utilise les paysans comme métayers (kesimdži) n’est pas libre de vendre son domaine, comme c’est le cas pour un čiflik ordinaire. Ce statut de la terre particulier est présenté dans le résumé français en fin d’ouvrage. Dans le kaza de Kjustendil, un peu plus d’un tiers des villages relevaient encore de ce statut archaïque en 1874. Cette situation est exceptionnelle pour la Bulgarie et rappelle celle de la Bosnie. Elle doit nous rendre plus attentif à la grande diversité que présente le tableau économique de l’Empire ottoman au XIXème siècle.

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Notes

1  Kănčov (Vasil), Izbrani proizvedenija, t. 2, Sofia, 1970, pp. 528-529.

2  Limanoski (Nijazi), Islamizacijata i etničkite promeni vo Makedonija, Skopje, 1993, pp. 271-274.

3  Petrov (Metodi), Nacionalno-osvoboditelnoto dviženie v Zapadnite pokrajnini 1919-1934, Sofia, 1995. Dans son zèle patriotique, l’auteur affirme que les prénoms portés dans les Confins occidentaux attestent indubitablement la “bulgarité” de sa population. Et de citer : Aleksandăr, Vasil, Georgi, Ilija, etc. ! (pp. 20-21).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Bernard Lory, « Draganova (Slavka), Kjustendilski region 1864-1919 (La région de Kjustendil, 1864-1919) »Balkanologie [En ligne], Vol. I, n° 2 | 1997, mis en ligne le 02 juin 2008, consulté le 20 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/balkanologie/233 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/balkanologie.233

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Auteur

Bernard Lory

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