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AccueilNuméros99-2In MemoriamFrançois Durand-Dastès (1931-2021)

In Memoriam

François Durand-Dastès (1931-2021)

Christian Grataloup
p. 334-336

Texte intégral

1Géographes. Génération 1930 : l’ouvrage de Claude Bataillon (Presses universitaires de Rennes, 2009) a mis en évidence que la profonde transformation de la géographie française entre la fin des années 1960 et le milieu des années 1980 avait été réalisée sous l’impulsion d’éminents acteurs formant une génération. François Durand-Dastès fut l’un des plus éminents. Il est l’une des six personnalités dont les œuvres et les parcours sont étudiés dans l’ouvrage de Bataillon, avec Roger Brunet, Paul Claval, Olivier Dollfus, Armand Frémont et Fernand Verger, tous nés à quelques mois d’écart. Situer d’entrée Durand-Dastès dans un collectif de géographes permet de brosser son portrait comme celui d’un soliste, mais aussi d’un choriste d’excellence.

2Il a, en effet, été un géographe dont l’influence ne peut résumer en quelques livres et articles marquants. Si certains de ses textes sont des points de repères toujours vifs, ce n’est pas seulement par l’œuvre transmise qu’il a profondément influencé la discipline. Le plus important de la marque que laisse Durand-Dastès est lié à sa présence au cœur de la géographie française durant plus de 60 ans en préférant toujours le collectif et le transversal. On se souvient d’ouvrages publiés il y a plus d’un demi-siècle : la Géographie de l’Inde, un Que-sais-je ? (PUF) dont la première édition date de 1965 et qui connut de nombreuses rééditions, la Géographie des airs en 1969 dans la prestigieuse collection Magellan des PUF, Le monde indien (Larousse, 1979), mais aussi de manuels (Systèmes d’utilisation de l’eau dans le monde, Sedes, 1977 ; Les eaux douces. Abondance, sécheresse et conflits, Rageot, 1992 …). Mais l’essentiel de ses nombreuses publications a été réalisé à plusieurs mains. Participer à un ouvrage collectif a été pour lui beaucoup plus stimulant que l’écriture solitaire : La zone chaude (Nathan, 1971), L’effet régional (Reclus, 1985), Asies nouvelles (Belin, 2002), entre autres. C’est surtout sa participation à l’aventure de la Géographie universelle publiée chez Belin de 1990 à 1996 sous la direction de Roger Brunet qui a représenté une importante contribution éditoriale : non seulement il en a dirigé la partie Monde indien, mais il a fortement contribué au volume d’ouverture Mondes nouveaux et beaucoup participé à la conception d’ensemble.

3Ce goût pour la réflexion et l’écriture collectives explique la constante et durable participation de Durand-Dastès aux comités de rédaction de plusieurs revues, à commencer par L’Espace géographique, mais aussi Mappemonde, Cybergéo… Également son rôle dans des comités de dictionnaires (Les mots de la géographie, Reclus, 1992 ; Hypergéo) et surtout son investissement associatif. Lorsque fut créée en 1982 l’Association Française pour le Développement de la Géographie (AFDG), il en fut d’évidence le premier président. Une place particulière doit être faite à une fraternité géographique essentielle pour lui : le Groupe Dupont (BAGF n° 95-3 publié en 2018). Il participa pratiquement sans discontinuer aux cinq réunions annuelles à l’université d’Avignon de 1979 jusqu’à la fin d’activité du groupe en 2016. Ce constant travail en interaction a simultanément rendu moins lisible l’apport personnel de Durand-Dastès et démultiplié son influence. Cette empreinte discrète et profonde découle également de la diversité des domaines fortement influencés par Durand-Dastès. On peut en citer trois majeurs : les études indiennes, la climatologie et la systémique géographique.

4Ces marques sur de nombreuses générations au cours de sa longue carrière (agrégé en 1954, émérite en 1999, mais encore actif jusqu’à son décès) sont d’abord dues à ce qui pour lui était le cœur de sa vie professionnelle (et au-delà) : l’enseignement. Quiconque a suivi un cours de Durand-Dastès est resté profondément marqué, en particulier par l’apprentissage d’une réflexion en genèse permanente. L’usage de l’écriture graphique, notamment au tableau, permettait de rendre évidente une pensée faite d’interactions, de rétroactions, de bifurcations. Sa boucle de la riziculture inondée, déclinée de bien des façons, est logiquement restée célèbre. C’est donc avant tout comme professeur que se définissait Durand-Dastès, qui aimait rappeler qu’il n’avait connu que deux établissements : le lycée de Poitiers de 1954 à 1957, puis la Sorbonne, dont une partie devint Paris 7 en 1969 et à laquelle il fut fidèle jusqu’à la fin. Il eut la même constance pour son équipe de recherche, le groupe des modélisateurs de Paris 7 intégrant ce qui allait devenir l’UMR Géographie-cités dès les années 1970. La géographie française du XXIème siècle doit beaucoup à François Durand-Dastès.

5Le 18 juin 2022, une journée d’hommage à François Durand-Dastès, à la fois scientifique (climatologie, études indiennes, systémique) et amicale s’est tenue à l’institut de géographie de Paris. Les contributions scientifiques seront publiées par L’Espace géographique, revue à laquelle François Durand-Dastès était très attaché.

François Durand-Dastès

François Durand-Dastès

François Durand-Dastès, ici près de sa maison de famille du Canon, sur le bassin d’Arcachon, avait un attachement fort pour son Sud-Ouest natal. Lui qui s’accusait souvent de dilettantisme, petite coquetterie pour évoquer sa curiosité tout azimut, savait aussi profiter du climat et pas seulement l’étudier.

Source : Photo Vincent Durand-Dastès

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Table des illustrations

Titre François Durand-Dastès
Légende François Durand-Dastès, ici près de sa maison de famille du Canon, sur le bassin d’Arcachon, avait un attachement fort pour son Sud-Ouest natal. Lui qui s’accusait souvent de dilettantisme, petite coquetterie pour évoquer sa curiosité tout azimut, savait aussi profiter du climat et pas seulement l’étudier.
Crédits Source : Photo Vincent Durand-Dastès
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/9667/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 138k
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Pour citer cet article

Référence papier

Christian Grataloup, « François Durand-Dastès (1931-2021) »Bulletin de l’association de géographes français, 99-2 | 2022, 334-336.

Référence électronique

Christian Grataloup, « François Durand-Dastès (1931-2021) »Bulletin de l’association de géographes français [En ligne], 99-2 | 2022, mis en ligne le 11 juillet 2022, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/9667 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/bagf.9667

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Auteur

Christian Grataloup

Professeur émérite à l’Université Paris-Diderot, christian.grataloup[at]orange.fr

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