Navigation – Plan du site

AccueilNuméros98-1Asie du Sud-Est : Emergence d'une...Trajectoires résidentielles dans ...

Asie du Sud-Est : Emergence d'une région, mutations des territoires

Trajectoires résidentielles dans la métropolisation de Jakarta.Étude des mobilités résidentielles contraintes dans un quartier en marge

Residential trajectories in Jakarta’s metropolization. A study of constrained residential mobilities in a marginal neighborhood
Judicaëlle Dietrich
p. 137-151

Résumés

Le quartier de Bintara (à Bekasi, à la frontière de la municipalité de Jakarta) bénéficie d’une situation stratégique. Bien que considéré comme vacant par les professionnels, cet espace est occupé par plusieurs groupes sociaux marqués par la précarité de leur installation, à différents degrés. L’objet de cet article est de montrer en quoi la trajectoire du lieu habité et les trajectoires des habitant.e.s permettent de faire apparaître les processus de « mise en vulnérabilité » de certains groupes sociaux face au projet urbain de l’agglomération, s’insérant aussi dans un processus de plus long terme de restructuration et de modernisation urbaines. Ainsi apparaissent les nouvelles normes de production de la ville et les formes de marginalisation qui y sont corrélées. Cette étude de cas, appuyée sur un travail de recherche empirique, permet de mener une réflexion sur la diversité des vulnérabilités résidentielles et sur ce qu’elles disent des modalités d’appropriation des espaces urbains, différenciées selon les statuts d’accès au sol, les parcours individuels et les sentiments d’appartenance à l’espace métropolitain.

Haut de page

Texte intégral

1Dans le contexte métropolitain de Jakarta, la multiplication des conflits d’usages témoigne des tensions pour un foncier sous pression. Dans un quartier situé à la frontière entre Jakarta et Bekasi, l’implantation de plusieurs groupes sociaux, dont l’installation s’échelonne entre la fin des années 1980 et 2013, est aujourd’hui contestée par un projet de complexe résidentiel de haut standing. Si cette menace touche a priori tous les occupants du lieu sans distinction, les réponses et mobilisations des habitants divergent et ne se coordonnent pas. Afin de comprendre la diversité des réactions à l’échelle locale face à une même opération d’aménagement, et surtout face au risque généralisé d’éviction de cet espace, je souhaite montrer en quoi les trajectoires résidentielles des habitants peuvent aider à saisir les modalités de production de vulnérabilité et par extension les formes possibles d’appropriation des territoires urbains. Si les niveaux socio-économiques et statuts fonciers des habitants diffèrent, le départ prochain de leur lieu de vie n’implique pas la même fragilisation de leur ancrage spatial. Au-delà, il s’agit de montrer en quoi le contexte de métropolisation actuel contribue à la fragilisation des positions d’une partie des citadins et à leur segmentation accrue.

2En effet, comme l’évoque l’ensemble du dossier, la région sud-est asiatique participe d’une situation de changement rapide, économique et sociale notamment, que l’on qualifie d’émergence [Fleury & Houssay–Holzschuch 2012]. Jakarta, capitale politique et plus grande ville de la région, est une métropole qui participe de ces dynamiques de transformation rapide, cumulant nombre de superlatifs et de records : une ville centre de dix millions d’habitants, une aire urbaine de 23 à 30 millions de personnes selon les communes inclues, soit le plus grand complexe urbain d’Asie du Sud-Est. Ces quelques chiffres de la dernière décennie doivent être complétés afin de lire les processus en cours, c’est-à-dire la croissance urbaine non plus de la ville centre mais des villes périphériques, comme pour Bekasi-kota qui a connu une croissance urbaine de presque 15 % entre 2000 et 20151 ce qui est très rare pour des villes déjà bi-millionnaires. Cette augmentation de la population s’appuie nécessairement sur une mutation des formes urbaines et des modes de vie, comme le montre aussi l’extension du bâti y compris dans les villes périphériques : en 1979, 2 % de l’espace de Bekasi était construit, soit 2 578 ha. En 1993, on passe à presque 20 % (27 000 ha) et 85 % à Jakarta, ce qui s’ajoute à l’augmentation rapide des prix dans la ville-centre, surtout autour du triangle d’or (triangle de zone commercial, multiplié par plus de 60 en vingt ans, en parité de pouvoir d’achat2). La transition urbaine [Dietrich 2015, Peyronnie & al. 2017] et l’internationalisation de la métropole [Goldblum & Franck 2007] sont des facteurs essentiels pour comprendre l’augmentation de la pression par le changement urbain [Berry-Chikhaoui & al. 2007].

3L’objectif de cet article vise alors à montrer les articulations qui s’opèrent entre le processus de métropolisation et le vécu des habitant(e)s ordinaires [Bayat 1997] à partir de l’analyse de leur trajectoire. Cette recherche qualitative appuyée sur des observations au long court, des entretiens et des récits de vie, l’étude des documents d’urbanisme et des projets d’aménagement, et l’analyse des discours des acteurs, permet ainsi de questionner la place des choix individuels et familiaux dans un contexte urbain sous pression en lien avec le processus de métropolisation. Dans une perspective méthodologique et théorique, il s’agit ici de pointer l’intérêt de travailler sur l’articulation des échelles en montrant l’importance du « micro » (individu, organisation d’un petit quartier) pour comprendre le « macro » (l’évolution d’une aire métropolitaine majeure) et réciproquement, la réponse des populations face ces transformations [Fawaz 2008], le tout en le resituant dans une dimension diachronique, prenant en compte la trajectoire du lieu au sein même du processus de métropolisation. Le suivi en continu, par des passages répétés, et rétrospectif (grâce à différentes sources de données) rend possible la reconstitution de trajectoires d’habitants et de lieux qui, mises en regard avec les évolutions du reste de la ville, permettent de mieux comprendre des stratégies résidentielles individuelles, des dynamiques de vulnérabilisation, de valorisation ou de dévalorisation des lieux, ainsi que des cycles urbains.

  • 3 JAkarta, BOgor, DEpok, TAnggerang, BEKasi

4L’article propose d’abord de revenir sur les modalités de la production de la ville telle qu’elles sont mises en œuvre dans la métropole de Jakarta, dite Jabodetabek3, dans une intentionnalité exprimée de modernisation des formes et des sociétés urbaines pour, ensuite, présenter les mobilités résidentielles contraintes qui y sont corrélées en s’appuyant notamment sur la notion de trajectoire, ce qui permettra enfin d’étayer le concept de vulnérabilité résidentielle [Fijalkow 2013, Bouillon & al. 2015] pour saisir les implications pour les habitant(e)s ordinaires de ces processus majeurs en cours de métropolisation et de modernisation.

1. Lire la modernisation urbaine par l’envers de la ville

1.1. La ville moderne et les ordinaires urbains

5Les espaces étudiés dans ce travail sont l’objet de tensions liées aux évolutions métropolitaines. La pression foncière à Jakarta se manifeste notamment par la densification du bâti et par la concentration de population dans la ville centre. Les images satellites de l’aire urbaine depuis 1970 montrent que les zones bâties se sont rapidement étendues et densifiées en une trentaine d’années, jusqu’à recouvrir quasiment toute la surface de la capitale. La réduction des espaces végétalisés et des espaces publics ne laisse plus que les rues et avenues jouer cette fonction. Par ailleurs, la recomposition des fonctions métropolitaines contribue à la mise sous tension des espaces urbains notamment du fait de l’internationalisation de Jakarta. Ainsi, l’évolution de l’occupation du sol, des formes résidentielles et des usages urbains sont autant de témoins des évolutions des rapports de forces et des tensions potentielles qui s’appliquent aux dépens des plus défavorisés sous couvert d’exigence de modernité.

6Il s’agit ici de comprendre comment se met en œuvre et en espace cette modernisation, en identifiant les principes et orientations suivies par les aménagements et projets en montrant donc les normes qui indiquent comment Jakarta est construite comme une « ville moderne » ou en modernisation. La réflexion s’inscrit donc ici en géographie sociale où l’espace est identifié comme un produit, produit des rapports de pouvoir en place, en questionnant les intentionnalités des acteurs en jeu, tant dans les réalisations concrètes des aménagements produits que dans les modalités de la mise en œuvre. Parallèlement, le positionnement adopté vise à observer les situations urbaines ordinaires, concernant les habitant(e)s dans leur trajectoire de vie et leur quotidien et la confrontation qui peut s’opérer plus ou moins violemment avec la mise en place de ces normes urbaines de la modernité.

  • 4 Fonctionnaires, aménageurs et acteurs privés cherchent à insérer la ville dans les dynamiques globa (...)

7L’articulation de la modernisation et de la métropolisation peut être mise en évidence dans le contexte sud-est asiatique par les nouvelles formes et échelles de la ville tendent à marquer son internationalisation – reprenant les modèles de verticalité, de gouvernance, ou encore de mode de développement (privé, vert, intelligent…) urbain4. Ainsi, un objet aussi complexe que la ville contemporaine ne peut qu’être marqué et façonné par des recompositions et des restructurations spatiales liées aux transformations très rapides de la société : l’évolution du bâti, des formes et configurations urbaines (souvent dans des temporalités multiples, plus longues ou décalées) interagit avec l’échelle des comportements individuels, et les articulations « entre la dynamique rapide de la conjoncture et la dynamique lente des structures » [Lepetit & Pumain 1993, p. 5] sont le nœud pour l’étude du changement urbain, dans ses dimensions physiques et sociales et les tensions qui en découlent.

8Les enquêtes sur le terrain révèlent que plusieurs quartiers se trouvent spécifiquement dans un « moment de changement » dont on peut chercher à comprendre la place dans ces processus en cours, notamment en fonction des normes qui apparaissent au prisme des projets et des transformations de la ville. De plus, cela contribue à identifier ce qui est progressivement perçu et produit comme à changer, à transformer voire à disparaître, car en dehors de ces nouvelles normes. Ainsi, en travaillant sur l’histoire de plusieurs zones résidentielles sont apparus plusieurs processus de marginalisation qui nous informent sur les modalités du changement urbain.

9Les quartiers et lieux évoqués, bien que situés à des endroits divers de la métropole ont en commun d’avoir produit des déplacements résidentiels contraints, dirigés vers la zone d’étude principale de ce travail. Ainsi ces espaces apparaissent en creux, par les récits des habitants, comme des lieux qui n’existent plus, d’où ils ont dû partir, ne correspondant plus aux usages et pratiques programmés.

1.2. Ce qui change et qui doit remplacer le « hors norme » dans la métropole

10En reconstituant la trajectoire de quartiers où ont pu résider auparavant plusieurs personnes enquêtées à Bintara - Bekasi, il apparaît que le changement urbain est déclencheur de leur mobilité d’une part, et que celui-ci est porté par le processus de modernisation d’autre part. Deux situations peuvent ici être évoquées, à deux échelles différentes mais qui témoignent, par le remplacement d’un bâti par un autre, de ce qui est marginalisé, afin de contribuer à la mise aux normes de la ville.

11Tout d’abord, il faut revenir sur l’éviction organisée lors du réaménagement de l’aéroport de Kemayoran. L’ancien aéroport, largement rattrapé par l’urbanisation et dès lors trop proche du centre-ville (à l’est) a été fermé pour ouvrir une structure plus importante, l’aéroport international Soekarno-Hatta, au-delà des limites de la province (au nord-ouest) en 1985. Un des objectifs de ce changement était de correspondre mieux à l’émergence de Jakarta dans la mondialisation et à l’augmentation prévue du trafic international aérien. En contrepoint, le périmètre de l’aéroport historique a été réaménagé : alors que les habitant(e)s de trois sous-districts (kelurahan) ont été déplacé(e)s, les anciennes pistes sont devenues des grandes avenues et les espaces alentour ont été aménagés d’abord avec un centre commercial et du résidentiel collectif « modernes » (aujourd’hui il y a plusieurs gratte-ciel mais aussi des logements sociaux, accaparés à l’époque par la classe moyenne émergente qui subissait une forte pénurie de logement ; ces constructions n’ont que partiellement profité aux populations les plus pauvres puisque ces appartements et charges associées coûtaient bien plus cher que leur précédent domicile). Le remplacement du bâti, des usages et des modes d’habiter participe d’une volonté de changement largement portée par les acteurs municipaux, nationaux et privés visant la modernisation de la ville, soutenue par le régime en place.

12Autre indice de marginalisation par le changement urbain : le remplacement d’un bidonville par un centre commercial « moderne ». En février 2012, la construction d’un centre commercial à Cipinang (Jakarta-Est) a provoqué l’éviction d’une centaine de familles dont une trentaine s’est installée à Bintara. Tout comme le cas précédent, la norme de commerces concentrés dans des bâtiments contemporains correspond à la circulation des modèles urbains dominants en lien avec les processus de métropolisation et de modernisation précédemment évoqués, bien plus légitime dans l’espace urbain que des constructions informelles.

13Une troisième situation mérite ici une attention, ne portant pas sur le bâti mais sur les pratiques, usages et comportements des urbains. Une réflexion de long terme porte sur l’accès à l’eau dans une métropole comme Jakarta qui connaît une pénurie de service de manière structurelle [Dietrich 2020]. Les dispositifs de diffusion des « bonnes pratiques » pour la gestion des eaux usées et l’hygiène visent à faire appliquer des normes certes importantes mais difficilement applicables dans le cas des personnes et ménages les plus précaires. En effet, avoir accès à des sanitaires avec fosse septique ou encore pouvoir se laver les mains plusieurs fois par jour avec une eau qualifiée de propre nécessite un point d’eau sécurisé et des installations de gestion des eaux usées qui ne sont pas généralisées à l’échelle de toute la population. En revanche, des ONG ont obtenu des financements afin de mettre en œuvre ces pratiques et installations, visant ainsi à diffuser via des projets de développement ces nouvelles normes qualifiées d’urbaines, ou de modernes. Le problème qu’il faut cependant soulever c’est que la réalisation de toilettes et points d’eau partagés par les pouvoirs publics ou des organisations internationales ne peuvent se mettre en place dans des espaces dits informels, c’est-à-dire en dehors des normes d’urbanismes prévus (zones d’occupation non identifiées comme résidentielles, à risque, ou encore des installations trop précaires et en dehors des normes urbanistiques de constructions, etc.). Ainsi s’opère une mise à l’écart de ces dispositifs des personnes considérées comme informelles, les empêchant notamment de sécuriser leurs pratiques au quotidien et accentuant alors leur marginalisation. Plus encore, à Bekasi, est mise en place une action d’identification des « foyers sains » (rumah sehat) en fonction des ménages qui parviennent à mettre en pratique ces bons comportements. Cette identification s’appuie sur des affichages sur les logements concernés au sein d’un même quartier ; nécessairement, seuls les ménages ayant une fosse septique et un point d’eau courant peuvent alors être reconnus comme tels. La justification de cette démarche par l’ONG est qu’en montrant des modèles de bons comportements, les autres entre contrepoint stigmatisés vont choisir volontairement de changer les leurs par imitation, ou sinon choisissent de perpétuer leur archaïsme. On observe ici une articulation entre équipements et pratiques qui contribue à mettre à l’écart, c’est à dire marginaliser, des populations identifiées comme en dehors des normes urbaines ; la production de cette altérité réitère une dichotomie récurrente à Jakarta entre formel et informel au nom de la modernisation de la ville et de la société métropolitaine.

14Dans l’ensemble, qu’il s’agisse des quartiers, du bâti, des modes d’équipements ou des pratiques, il s’agit ici de constater une dynamique générale mise en œuvre à différentes échelles de la ville et de la production de l’espace conduisant à la production de marges. Cette marginalisation se traduit dans l’espace par une modification de la ville, des changements urbains d’une part, mais aussi par des mobilités urbaines, résidentielles d’autre part, participant à comprendre les formes de vulnérabilités résidentielles et à saisir ce qu’elles disent des modalités d’appropriation des espaces urbains, différenciées selon les statuts d’accès au sol, les parcours individuels et les sentiments d’appartenance à l’espace métropolitain.

2. Production de mobilités résidentielles contraintes

2.1. Trajectoires résidentielles comme indicateur d’une mise à l’écart métropolitaine

  • 5 L’analyse transversale se concentre sur un moment déterminé afin de décrire une situation résidenti (...)

15Appréhender les dynamiques urbaines de la ville ordinaire implique de partir des individus et de leur trajectoire afin de regarder le processus potentiel de vulnérabilisation. La notion de trajectoire peut s’appliquer tant pour qualifier le parcours biographique des individus que pour appréhender la situation de lieux habités dans le contexte métropolitain. L’intérêt est ainsi de pouvoir articuler les approches transversales5 et longitudinales afin de saisir les évolutions de certains quartiers et conjointement la situation de leurs habitants : la trajectoire peut qualifier un « tracé de vie » (individuel, familial ou collectif) marqué par des volontés et des éléments conjoncturels, politiques et économiques, parfois subjectif, relaté dans les entretiens. Cela « permet de mettre en exergue l’aspect tout à la fois spatial et social de la migration sans oublier le référentiel dans lequel le mouvement s’effectue c’est-à-dire les cadres politiques. » [Jolivet 2007, p. 1]. L’approche par le lieu en parallèle fait apparaître les populations restées dans la place dont il s’agira de comprendre le rôle et celles condamnées à partir ou souhaitant s’en aller. C’est bien le croisement entre les deux types de trajectoires qui illustre les parcours sociaux de progression ou de régression : il s’agit de prendre la mesure de l’importance de l’échelle micro, des choix de vie individuels et d’organisation d’un petit quartier pour comprendre l’échelle macro c’est-à-dire les recompositions urbaines, et réciproquement, la réponse des populations face aux transformations en cours dans la métropole.

16Méthodologiquement, le travail d’enquête repose sur des entretiens qualitatifs avec des personnes ou des ménages occupant le quartier d’étude au cours duquel un des objectifs était de reconstituer leur parcours résidentiel, en mettant en évidence les moments de déplacements et les facteurs ou raisons que les individus identifient. Le récit des enquêté.e.s permet de retracer la vie d’un individu dans ses rapports avec les autres membres de sa famille et les choix ou contraintes imposées par son environnement social et résidentiel. Les différentes étapes du cycle de vie de toute personne peuvent correspondre au temps individuel (arrivée à la ville, union, enfant, …), à la vie professionnelle mais aussi au parcours personnel des individus et leur rapport à la mobilité plus ou moins contrainte tout au cours de leur vie [Courgeau & Lelièvre 1996]. Si la trajectoire sociale des individus peut être en partie déterminée par leur trajectoire spatiale, la seconde témoigne au moins de l’évolution de la première et dévoile les cadres de pouvoir dans une métropole sous tension.

17Apparaît dans ces différentes situations l’éloignement progressif de populations défavorisées, voire même des « citadins ordinaires » des espaces centraux et de la capitale au profit de la création d’espaces urbains modernes. C’est bien au croisement des trajectoires, de la métropole, des quartiers et des habitants que peut apparaître cette conséquence de l’augmentation des tensions métropolitaines.

18L’aménagement d’un quartier lié à la construction du nouvel aéroport et à la destruction de l’ancien, ou pour la construction d’un centre commercial participe de la modernisation de la ville. Les trajectoires résidentielles individuelles des populations du quartier de Bintara sont profondément liées au changement urbain et à ses justifications. La cartographie des parcours résidentiels croisée avec leur temporalité démontre l’éviction progressive de Jakarta d’une partie de la population et/ou la limitation d’un accès durable à la métropole. La combinaison de ces cartes permet de montrer le cumul de trajectoires individuelles et le difficile ancrage à l’intérieur de la ville centre. En effet, malgré des présences de longue durée à Jakarta, les épisodes de vie ne permettent pas un maintien dans la ville et la mobilité s’accompagne, dans ces cas précis, d’un franchissement de frontière administrative.

Figure 1 – Trajectoires résidentielles de quelques résidents de Bintara, entre réception des mobilités métropolitaines contraintes et refoulement depuis la ville centre

Figure 1 – Trajectoires résidentielles de quelques résidents de Bintara, entre réception des mobilités métropolitaines contraintes et refoulement depuis la ville centre

Source : Judicaëlle Dietrich, 2015

2.2. Émergence d’un quartier réceptacle de mobilités résidentielles contraintes

19En contrepoint, le quartier de Bintara apparaît ainsi comme un lieu construit par une multiplicité de mobilités métropolitaines, dont une partie est contrainte, en lien avec différentes opérations urbaines inscrites au cœur du processus de métropolisation.

Figure 2 – Trajectoires du lieu et trajectoires d’habitants : parcours croisés

Figure 2 – Trajectoires du lieu et trajectoires d’habitants : parcours croisés

20La figure 2 vise à compiler les modalités des mobilités résidentielles de quelques habitant(e)s du quartier de Bintara dans une dimension plus chronologique, mettant notamment en évidence la densification récemment accélérée de ce quartier resté longtemps périphérique. L’articulation de cette figure avec la carte correspondante (figure 1) permet de mieux saisir le parcours individuel et ses explications, comme le montre cet extrait de retranscription d’entretien ; quelques informations complémentaires sont indiquées entre crochets :

21La femme est née à Semarang, en 1962, une grande ville javanaise où elle s’est mariée à 17 ans [mariage organisé par ses parents : elle ne s’entendait pas avec son mari donc trois mois après elle le quitte et s’enfuit à Jakarta]. Elle arrive à Jatinegara où elle va rencontrer son second mari [un Betawi de Tangerang, elle aura six enfants avec lui]. Elle s’installe alors avec lui dans son quartier d’origine à Tangerang (à l’ouest de Jakarta). Il est décédé lorsqu’elle avait 31 ans. Elle est donc rentrée à Jakarta, à Mangga dua qu’elle connaissait déjà bien. Elle y rencontre son troisième mari, onze ans plus jeune qu’elle [elle aura deux enfants avec lui]. Ils y avaient un logement, mais pas assez d’argent pour payer régulièrement [« à la chute de Suharto, beaucoup d’entreprises ont fermé et tout était au ralenti, donc on n’avait plus les moyens »]. Le propriétaire les a donc obligés à partir, et ils sont ainsi arrivés à Bintara [« c’est plus sécurisé ici, car en Jakarta il y a des razzias »]. [Elle vit dans une maison faite avec des nattes de bambou tressé. À 21 heures, son mari (conducteur de taxi moto – ojek – ) l’emmène au marché pour ses courses. Elle se lève à trois heures du matin afin de préparer à manger. Elle vend ensuite ses préparations pour le petit déjeuner (tofu, bananes frites, …). Elle a choisi de monter son warung car elle se dit fatiguée des « razzia » : « à Jakarta, le revenu est plus régulier mais c’est trop risqué, il faut avoir assez d’argent pour investir et s’il y a une razzia, on perd tout ! »]. L’exposition aux razzias sur laquelle elle insiste témoigne du statut informel de son activité économique.

22Par ailleurs, à partir de la figure, on peut noter l’accélération et le cumul de départs contraints et violents pour les personnes occupant informellement des quartiers, comme le traduit l’expérience des habitant(e)s arrivé(e)s depuis le quartier Cipinang, réaménagé en centre commercial.

3. Vers la production de la vulnérabilité résidentielle

3.1. La notion de vulnérabilité pour appréhender la pauvreté dans un contexte en mutations rapides

23L’emploi de cette notion est inspiré des travaux, échanges et réflexions menés au sein de l’atelier du ReHaL (Réseau Habitat Logement) du même nom. L’emploi de celle-ci vise à dépasser la question au-delà du « mal-logement » afin d’en faire un concept opératoire pour saisir des formes de précarité en lien avec les trajectoires urbaines métropolitaines d’un espace sous tension car disposant d’une offre insuffisante et des trajectoires d’habitants dans leur diversité. La vulnérabilité résidentielle désigne un mécanisme de fragilisation intimement associé aux risques économiques, sociaux et environnementaux dont certains ont été identifiés par l’analyse statistique. Agnès Deboulet propose une synthèse de cette notion : son objectif est de chercher à dépasser une unique approche par les bidonvilles en prenant en compte la qualité ou le statut de l’habitat [Deboulet 2012]. En effet, cela permet aussi d’appréhender une diversité de situations questionnant le marché du logement (fonctionnement, prix fonciers, accessibilité) et les divers facteurs pénalisants produits par cette vulnérabilité. De plus, la notion permet d’introduire une plus grande nuance intégrant le fait que les quartiers auto-produits ne sont pas homogènes socialement. Enfin, il faut interroger les « trajectoires de quartier » accompagnant les mobilités sociales et résidentielles très contrastées. Ainsi, la notion de vulnérabilité résidentielle permet d’aborder les conséquences des croisements de plusieurs trajectoires : des trajectoires de lieux et d’habitants dans un contexte urbain tendu qu’est la métropole de Jakarta. Il s’agit alors d’identifier les éléments de précarisation qui touchent ces espaces de la pauvreté : la question foncière joue évidemment, mais aussi les facteurs de dangerosité des logements (en particulier leur insalubrité) : ainsi, il n’y a pas que la fragilité matérielle qui est à prendre en compte (l’habitat) mais aussi la fragilité des populations observable à partir de leurs parcours.

24L’insécurité de l’accès au sol et à la tenure est source de multiples possibilités de fragilités, que ce soit le sous-équipement, voire la privation de services de base du fait de l’absence de reconnaissance par l’État. Ainsi, l’habitat précaire est marqué par diverses formes d’insécurités résidentielles liées au statut foncier, mais aussi à la fragilité du bâti et aux assimilations à de l’illégalisme ou de l’illégalité (quel niveau de risque juridique, social, politique ou encore sanitaire est identifiable ?) : il faut donc croiser les situations locales et personnelles avec le contexte macro-économique et les politiques du logement mises en œuvre (répression, sanction, ou alors ressources et opportunités). La combinaison d’éléments tels que la tenure foncière, la production du sol à bâtir, les niveaux de légalité, d’urbanité et de reconnaissance, permet de pointer une diversité des formes de vulnérabilité touchant les lieux de résidence [Deboulet 2012]. À cela s’ajoutent les probabilités de « délogement » plus ou moins violent, liées à une large gamme de facteurs, depuis les risques « naturels » comme les inondations aux pratiques de violences légitimées par l’État : la création d’une « politique du risque » justifie un recours croissant à la normalisation et à l’éviction.

3.2. La nouvelle mise en vulnérabilité d’un quartier

25Le quartier de Bintara comme espace résidentiel s’est ainsi progressivement constitué, depuis les années 1980, en lien avec plusieurs restructurations urbaines et des besoins associés au fonctionnement métropolitain. En plus des deux moments de déplacements contraints identifiés, s’ajoute localement la mise en place d’une organisation socio-économique de gestion de déchets qui s’appuie sur des migrations de proximité avec le district rural voisin à l’est de l’aire urbaine (patron et collecteurs de déchets, en rotation). Presque trois cents ménages participent de cette organisation informelle qui pourtant est intégrée à la filière de tri et de recyclage de la métropole. Par ailleurs, bien que les installations datent de plusieurs années voire dizaines d’années, les modalités d’implantation gardent des éléments d’informalité. Les collecteurs de déchets s’insèrent en effet dans une filière très informelle, depuis leur activité économique, jusqu’à leur logement, sur un espace considéré par la municipalité comme vacant et à aménager, dans des logements précaires de tôle et de cartons. Les ménages venus de Cipinang ont négocié leur installation avec un intermédiaire local informel et ont construit leur maison (sol et partie basse des murs en béton et parpaings, partie haute des murs et toiture en bambou tressé) sans autorisation officielle tout en louant leur parcelle. Enfin, même les quelques familles installées depuis les années 1980 voient leur régime foncier vulnérabilisé, car, hérité du système dit coutumier, ils sont reconnus comme propriétaire grâce à leur acte de vente mais ne bénéficient pas d’une reconnaissance d’une propriété de plein droit, notamment du fait du changement d’usage passé de terrain non loti à une construction résidentielle.

  • 6 Risa Permanadeli et Jérôme Tadié ont souligné la multiplication de ces complexes immobiliers comme (...)

26Dans ce contexte de diversité des occupations, tout le périmètre est identifié par une entreprise (partiellement propriétaire du terrain) pour faire l’objet d’un projet résidentiel. Signe supplémentaire de l’intégration de ce lieu au fonctionnement métropolitain, c’est un nouveau « real estate »6 de haut standing qui doit prendre place dans ce lieu très bien connecté au reste de la métropole. Pour tous ces groupes, même si les facteurs sont divers et les trajectoires individuelles complexes, il s’agit de comprendre les implications d’une éviction prochaine présentée comme inéluctable par le promoteur.

27Si cette situation ne peut être vue que comme un exemple supplémentaire des évictions dans la ville, c’est plus sa résonnance avec les autres qui permet d’en montrer la signification. Construction d’un centre commercial, réaménagement de l’aéroport et création de tours de logement, construction de nouveaux espaces résidentiels sont autant de facteurs de départ de personnes et de ménages qui pourtant peuvent faire preuve d’appropriations foncières (variées) tout en étant des signes de la métropolisation de la ville. Ainsi, la fragilisation de l’ancrage spatial de population pauvres et leur refoulement vers les périphéries est un des indicateurs des choix politiques réalisés par la Province de la capitale indonésienne. Au-delà des trajectoires, c’est bien la question de la vulnérabilisation qui se pose car les orientations des politiques urbaines imposent des mobilités contraintes récurrentes dans la métropole.

28C’est en ces termes alors que la ville métropolitaine peut être abordée comme un risque, un risque pour les populations qui ne correspondraient pas aux critères de la modernité néolibérale. La production de cette vulnérabilité peut s’appréhender en observant les limitations variées d’ancrages de ces populations.

Conclusion 

29La métropole de Jabodetabek connaît depuis plusieurs décennies maintenant de rapides restructurations, liées à l’évolution de l’organisation spatiale de l’aire urbaine dans son ensemble, notamment appuyée sur des (grands) projets urbains. Ces dynamiques portées par la modernisation urbaine participent à une fragilisation de l’ancrage spatial des citadin.e.s par le biais de mobilités résidentielles. Ces déplacements, outre le fait qu’ils soient contraints par les projets d’aménagements, sont aussi légitimés dans les discours par la non-confirmité des habitant.e.s et de leurs logements aux normes modernes de la ville. Plus encore, ces déplacements ne permettent pas une consolidation de l’ancrage spatial de ces habitant(e)s bien au contraire, et contribuent à leur fragilisation, par l’informalité de leurs nouvelles implantations (même si ce peut-être à différents degrés) qui peuvent alors elles-mêmes être de nouveau contestées. Ainsi, les mobilités résidentielles contraintes placent une partie des individus en situation de précarité, mais aussi peuvent renforcer la vulnérabilité de ménages déjà précaires.

30Ce travail d’analyse des trajectoires résidentielles articulées avec les trajectoires des lieux habités et de la trajectoire de la métropole permet alors de mettre en évidence une ville dissuasive [Terrolle 2004] qui maintient un sentiment de marginalisation limitant les formes d’appropriation et de légitimation de ces habitant(e)s.

Haut de page

Bibliographie

Bayat, A. (1997) – « Un-civil society: the politics of the ` informal people’« , Third World Quarterly, vol. 18, n° 1, pp. 53-72.

Berry-Chikhaoui I., Deboulet, A. & Roulleau-Berger, L. (dir.) (2007) – Villes internationales. Entre tensions et réactions des habitants, Paris, La Découverte, coll. « Recherches », 325 p.

Bouillon, F., Deboulet, A., Dietrich-Ragon, P., Fijalkow, Y. & Roudil, N. (2015) – « Les vulnérabilités résidentielles en questions », Métropolitiques, 17 juin 2015. https://www.metropolitiques.eu/Les-vulnerabilites-residentielles.html

Courgeau, D. & Lelièvre, E. (1996) – « Changement de paradigme en démographie », Population, n° 3, p. 645–654, https://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1996_num_51_3_6075

Deboulet, A. (2012) – « Villes convoitées et inégalités », Idées économiques et sociales, n° 167, mars 2012, pp. 37‑47.

Dietrich, J. (2015) – Une géographie de la pauvreté à Jakarta (Indonésie). Espaces de la pauvreté et places des pauvres dans une métropole contemporaine », Université Paris 4, thèse de doctorat sous la direction d’O. Sevin, 626 p.

Dietrich, J. (2020) – « Politiques de l’eau et lutte contre la pauvreté à Jakarta, un rendez-vous manqué », Géoconfluences, http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/asie-du-sud-est/articles-scientifiques/politiques-de-l-eau-et-pauvrete-a-jakarta

Fawaz, M. (2008) – « An Unusual Clique of City-Makers: Social Networks in the Production of a Neighborhood in Beirut (1950–75) », International Journal of Urban and Regional Research, vol. 32, n° 3, pp. 565–85.

Fijalkow, Y. (2013) – « Crises et mal-logement : réflexions sur la notion de “vulnérabilité résidentielle” », Politiques sociales et familiales, n° 114, pp. 31-38, https://www.persee.fr/doc/caf_2101-8081_2013_num_114_1_2950.

Fleury, A. & Houssay-Holzsuch, M. (2012) – « Pour une géographie sociale des pays émergents », EchoGéo, n° 21, https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/echogeo/13167

Goldblum, Ch. & Franck, M. (2007) – « Réorganisations en Asie du Sud-Est. Position de recherche : Les villes aux marges de la métropolisation en Asie du Sud-Est », L’Espace géographique, vol. 36, n° 3, pp. 229-236, https://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-espace-geographique-2007-3-page-229.htm

Jolivet, V. (2007) – « La notion de trajectoire en géographie, une clé pour analyser les mobilités ? Regard croisé sur des trajectoires caribéennes », Echogéo, n° 2, https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/echogeo/1704

Lepetit, B. & Pumain, D. (1993) – Temporalités urbaines, Paris, Anthropos, 317 p.

Permanadeli, R. & Tadié, J. (2014) – « Understanding the Imaginaries of Modernity in Jakarta: A Social Representation of Urban Development in Private Housing Projects », Papers on Social Representations, vol. 23, pp. 22.1-22.33

Peyronnie, K., Goldblum, Ch. & Sisoulath, B. (dir.) (2017) – Transitions urbaines en Asie du Sud-Est. De la métropolisation émergente et de ses formes dérivées, Marseille, IRASEC et IRD Éditions, collection « Objectifs Suds. Les Défis du développement », 358 p.

Terrolle, D. (2004) – « La ville dissuasive : l’envers de la solidarité avec les sdf », Espaces et sociétés, n° 116-117 (2004-1), pp. 143-157, https://0-www-cairn--int-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-espaces-et-societes-2004-1-page-143.htm

Haut de page

Notes

1 https://bekasikota.bps.go.id/statictable/2016/12/20/47/jumlah-penduduk-dan-laju-pertumbuhan-penduduk-menurut-kecamatan-di-kota-bekasi-2010-2014-dan-2015-.html données pour les 5 années, sinon, annuellement, la croissance urbaine de la ville se situe entre 2,5 et 3% par an.

2 Les prix passent de 2 500 Rp à 700 000 entre 1970 et 1990 soit 7 à 438 USD en PPP.

3 JAkarta, BOgor, DEpok, TAnggerang, BEKasi

4 Fonctionnaires, aménageurs et acteurs privés cherchent à insérer la ville dans les dynamiques globales néolibérales, en suivant les mêmes processus que d’autres grandes villes liés à la métropolisation des territoires. On observe ainsi une concentration des fonctions et des activités, résultat du rôle conjoint de l’État et des intérêts privés. La métropole est dès lors imposée comme la vitrine de la réussite économique de l’Indonésie et le levier privilégié d’insertion dans la compétition métropolitaine internationale. La mise aux normes de la ville valorise les signes morphologiques de la transition urbaine ancrés dans les modes d’interventions urbanistiques des politiques publiques. La question de l’image de la ville est une composante essentielle permettant de comprendre le rôle de la globalisation capitaliste sur les formes urbaines ; Sont ainsi mises en valeur des formes urbaines (Tours icones) valorisant l’image de succès économique, prouvant sa capacité actuelle et future à tenir la comparaison avec les autres villes globales. Elles illustrent ce que Marcuse et Van Kempen appellent le « nouvel ordre spatial » lié à l’impact de la néolibéralisation mondialisée sur la structure interne de ces villes.

5 L’analyse transversale se concentre sur un moment déterminé afin de décrire une situation résidentielle (localisation, statut d’occupation du logement, etc.) par rapport aux structures dans lesquelles vivent les individus (évolution de l’immobilier, prix du foncier, …).

6 Risa Permanadeli et Jérôme Tadié ont souligné la multiplication de ces complexes immobiliers comme marqueurs de modernité et signe de la mondialisation de l’aire urbaine de Jakarta. [Permanadeli & Tadié 2014]

Haut de page

Table des illustrations

Titre Figure 1 – Trajectoires résidentielles de quelques résidents de Bintara, entre réception des mobilités métropolitaines contraintes et refoulement depuis la ville centre
Crédits Source : Judicaëlle Dietrich, 2015
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/8094/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 208k
Titre Figure 2 – Trajectoires du lieu et trajectoires d’habitants : parcours croisés
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/8094/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 164k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Judicaëlle Dietrich, « Trajectoires résidentielles dans la métropolisation de Jakarta.Étude des mobilités résidentielles contraintes dans un quartier en marge »Bulletin de l’association de géographes français, 98-1 | 2021, 137-151.

Référence électronique

Judicaëlle Dietrich, « Trajectoires résidentielles dans la métropolisation de Jakarta.Étude des mobilités résidentielles contraintes dans un quartier en marge »Bulletin de l’association de géographes français [En ligne], 98-1 | 2021, mis en ligne le 01 juillet 2022, consulté le 09 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/8094 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/bagf.8094

Haut de page

Auteur

Judicaëlle Dietrich

Maîtresse de conférences en géographie, Université Jean Moulin Lyon 3, 18 rue Chevreul, 69007 Lyon, UMR 5600 Environnement Ville Société – Courriel : judicaelle.dietrich[at]univ-lyon3.fr

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search