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Asie du Sud-Est : Emergence d'une région, mutations des territoires

L’aménagement sans cesse repoussé de la baie de Jakarta

Jakarta bay’s ever-delayed redevelopment
Olivier Sevin
p. 118-136

Résumés

Pour faire face aux inondations récurrentes dont est victime la capitale indonésienne, a été initié un vaste projet d’aménagement de la baie de Jakarta intitulé National Capital Integrated Coastal Development (NCICD). Les travaux ont commencé avant d’être brutalement interrompus. L’objectif de cet article est d’en comprendre les raisons.

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Texte intégral

1La ville de Jakarta, fondée au début du XVIIe siècle sous le nom de Batavia, a été bâtie au sein d’un milieu amphibie qui a rendu indispensable une série d’aménagements dès l’époque coloniale. Après l’indépendance, alors que l’agglomération connaissait une croissance très importante, la politique de grands travaux s’est perpétuée. Mais les travaux menés à cette époque ont été essentiellement ponctuels, ce qui explique que cette politique se soit révélée rapidement insuffisante, voire inadaptée.

2Depuis la fin de la décennie 1990, des inondations catastrophiques endeuillent périodiquement la capitale indonésienne. Les dernières en date remontent à la nuit du 31 décembre 2019. De fortes pluies se sont abattues ; elles ont provoqué des inondations spectaculaires qui ont entrainé la mort de 53 personnes. Pour régler ce problème, a été lancé au début des années 2000 un vaste projet appelé National Capital Integrated Coastal Development (NCICD), et des travaux d’aménagement de la baie de Jakarta ont été entrepris avant d’être brutalement interrompus. L’objectif de cet article est de comprendre les raisons de ce renoncement. Sont-elles essentiellement d’ordre technique, les études préalables étant incomplètes et les objectifs mal définis ? Ou bien sont-elles d’ordre politique et culturel ? Dans ce cas, il convient d’interroger les jeux d’acteurs, notamment l’ambiguïté des rapports entre l’Indonésie et l’ancienne puissance coloniale.

1. Le site a rendu les aménagements indispensables dès l’époque coloniale

3Au début du XVIIe siècle, les commerçants bataves ont bâti une ville amphibie sur un site qui est vite apparu comme peu favorable. En 1619, Jan Pieterzoon Coen, après avoir détruit la petite bourgade de Jayakarta, fonde une ville nouvelle sur le modèle des villes hollandaises à l’embouchure du Ciliwung. La ville est donc construite dans une plaine alluviale d’une quarantaine de kilomètres de large constituée de sédiments et de lahars charriés par un ensemble de 13 cours d’eau de direction grossièrement méridienne qui prennent leur source plus au sud dans un ensemble de massifs volcaniques, et auxquels s’ajoutent quelques sédiments d’origine marine [Van Bemmelen 1949, vol IA, p. 27].

4L’évacuation des eaux a toujours été difficile pour diverses raisons qui vont des altitudes très basses, à l’existence de cordons littoraux séparés par des dépressions parallèles traduisant ainsi diverses modifications du tracé de la côte. La ville est ainsi située en position dépressionnaire ce qui implique des débordements récurrents des fleuves, notamment lorsque se conjuguent fortes précipitations et marées de vives eaux. Le problème des inondations se pose donc dès le XVIIe siècle comme en témoigne Johan Nieuhof, un marchand originaire de la province d’Overijsel en 1662 : « When the winter season approaching it rains sometimes continually for three or four days without intermission, which sets all the low grounds under water » [Nieuhof 1988, p. 264]. Comme une partie de la ville est construite sous le niveau de la mer, plus loin il ajoute: « The ditch without the wall is very broad and deep, and sometimes rises as high, that some of the lower most streets without the city are laid under water (…) » [Nieuhof 1988, p. 266]. Au XIXe siècle, le choix du site apparaît comme peu judicieux selon les dires de John Crawfurd: « The Dutch, unmindful of a difference of some 45 degrees of latitude, determinated on having a town after the model of those of the Netherlands, within six degrees of the equator and on the level of the sea» [Crawfurd 1856-1971, p. 44].

5Dès l’origine, la ville a nécessité de gros travaux d’aménagement afin de faciliter l’écoulement des eaux. La ville, sur le modèle d’Amsterdam, est sillonnée de canaux (grachts). Dès 1632, le cours aval du Ciliwung est canalisé pour constituer le « Grand canal »: « the channel is edged and lined with stones from the bottom, over which are four stone bridges» [Nieuhof 1988, p. 267]. Deux ans plus tard, dans le prolongement, un canal en matériaux coralliens est construit en mer afin d’éviter l’ensablement de l’embouchure [Abeyasekere 1987, p. 39]. En 1648, la canalisation du fleuve se poursuit en direction du sud et donne naissance au canal Molenvliet. Les travaux sont effectués par le capitaine des Chinois Phoa Bing dont l’objectif est alors de faciliter le ravitaillement de la ville en bois de feu [Abeyasekere 1987, p. 41]. Dans les années 1750, une nouvelle embouchure est aménagée pour le Ciliwung (Muara Baru) et le port est déplacé afin de limiter l’envasement. En 1755, le canal Lio est creusé en direction de Senen et de Weltevreden, etc. [Heuken 2014, p. 87]. Au milieu du XVIIe siècle, il existe déjà une quinzaine de canaux: « beeing streets with water channels in them of these are no less than 15 among which the Tygers Gracht is the most flately and moste pleasant. » [Nieuhof 1988, p. 267]. Par ailleurs, le percement des cordons dunaires qui bloquent l’écoulement des eaux est très tôt perçu comme une priorité: « The only method of rending Batavia more healthy, would be to remove the banks which are at the mouths of the rivers of Antijol, Jacatra and Angka, and to make such a declivity in all the canals, that the water cannot stagnate. » [Stockdale 1811-1995, p. 282]. L’aménagement des marais côtiers débute dès la fin du XVIIIe siècle: « The marshes also should be drained and brought into cultivation. This work has indeed already been commenced. On the plain of Batavia is delineated on the left bank of the river of Jacatra, between the town and the coast, a large flat which they have been at work upon, but it is a slovenly performance; part only has been drained (…) » [Stockdale 1811-1995, p. 283].

6Les travaux d’aménagement se multiplient durant les siècles suivants. Dans les premières années du XIXe siècle, à 4 km au sud du vieux Batavia, Daendels développe une « ville haute » à 30 pieds au-dessus du niveau de la mer (le nouveau quartier de Weltevreden). En 1872, le Ciliwung est aménagé de Gunung Sahari à Muara Pekapuran. Au XXe siècle, des travaux de lutte contre les inondations sont entrepris par l’Ingénieur H. van Breen dès 1918, notamment la construction de canaux d’évacuation des crues dont le plus célèbre est le Bandjir Kanaal, l’actuel Kali Malang, creusé de 1919 à 1923 afin d’évacuer les eaux du Ciliwung en crue vers Muara Angke. [Abeyasekere 1987, pp. 88-90, Heuken 2014, p. 87]

2. Malgré cette succession de travaux, les inondations se multiplient et s’aggravent depuis la fin des années 1990

  • 1 Entre les quartiers actuels d’Harmoni, Kota, Pintu Air et Gunung Sahari
  • 2 Indonésie, Kementrian Koordinator Perekonomian, 2014, p. 14
  • 3 France Soir, 21 février 2017
  • 4 La Croix, 21 février 2017, France Soir, 21 février 2017
  • 5 Le Point, 6 février 2018
  • 6 Le Monde, 4 janvier 2020 ; Le Figaro, 2 janvier 2020
  • 7 Information personnelle

7Ces inondations ne sont pas les premières à revêtir un caractère dramatique. En 1872 déjà, les quartiers de Noordwijk, de Rijswijk et de Molenvliet1 s’étaient retrouvés sous l’eau. En 1883, le même scénario s’était reproduit [Heuken 2014, p. 89]. Il n’est pas lieu ici de faire l’historique de ces catastrophes : ce travail, ainsi que l’analyse de leurs causes, a déjà été effectué par Pauline Texier ainsi que par Restu Gunawan dans leurs thèses respectives [Texier 2009, Gunawan 2010]. Par contre, il convient de noter que depuis un siècle la fréquence de ces inondations augmente : tous les 10 ans de 1893 à 1918 ; tous les 5 ans de la fin de la Première Guerre mondiale aux années 1960 et tous les 2 ans depuis les années 1970 [Gunawan 2010, tabl. 20, p. 208]. Parmi les évènements les plus récents et les plus dramatiques, on mentionnera en novembre 2007, l’inondation des quartiers nord qui fait 76 morts et provoque l’évacuation de 590 000 habitants2 ; en janvier 2013, 20 décès et 30 000 personnes obligées de quitter leur maison3 ; en février 2017, des milliers d’habitations inondées et alors que le niveau de l’eau atteint 1,50 m dans certains quartiers, une noyade à Bekasi4 ; un an après, en février 2018, 6 500 personnes évacuées selon le gouverneur Anies Basdewan5. Enfin, l’année suivante, dans la nuit du 31 décembre 2019 au 1er janvier 2020, de fortes pluies entraînent des inondations qui font 53 morts dont un adolescent électrocuté et un garçon de 8 ans enseveli dans un glissement de terrain, auxquels s’ajoutent 175 000 déplacés6. L’inondation atteint dorénavant le quartier de Kemang, à plus de 10 km de la côte, qui reste inaccessible durant deux jours7.

Figure 1 – Quartiers inondés de Jakarta

Figure 1 – Quartiers inondés de Jakarta

Sources : National Capital Integrated Coastal Development, (Proteksi, Integrasi, Konservasi, dan Revitalisasi), July 2018
Réalisation V. Lahaye, Sorbonne Université

  • 8 Indonésie, Kementrian Koordinator Bidang Perekonomian, 2014, p. 14

Toutes ces inondations ne sont cependant pas de même nature. Très schématiquement, elles sont de trois sortes. Historiquement, les plus fréquentes sont des inondations d’eau douce dues à de simples débordements des cours d’eau en crue : c’est ainsi qu’en février 2007, selon différentes estimations, entre 30 % et 70 % de la superficie de Jakarta s’est trouvée submergée suite à des précipitations importantes [Bakker & al. 2017, p. 19]. Depuis quelques années cependant, se multiplient les inondations d’eau saumâtre dues à l’envahissement par les eaux marines de quartiers entiers, notamment dans le nord de la ville, à l’occasion de marées de vives eaux. C’est ce qui s’est produit, par exemple, en novembre 2007, lorsque durant plusieurs jours, le nord de la ville s’est retrouvé submergé sous 1,5 m d’eau salée8. Enfin, il existe également des inondations plus graves et plus complexes qui peuvent être qualifiées de « mixtes », car dues à l’envahissement de quartiers entiers à la fois par les eaux fluviales et les eaux marines, dès lors que se conjuguent grandes marées et précipitations abondantes.

  • 9 NCICD, Kemenko Bidang Perekonominan, 2014 dans Indonésie, National Capital Integrated Coastal Devel (...)

8Les causes de toutes ces inondations sont connues. Les unes relèvent de facteurs naturels, les autres du mal développement. Parmi les premières, il y a tout d’abord les précipitations abondantes. Certes, la moyenne annuelle n’a rien d’excessif : elle oscille entre 1755 mm et 1836 mm selon les sources utilisées [Fontanel & Chantefort 1978, fig. 4, p. 29]. Mais des précipitations extrêmes de l’ordre de 265 mm en 24 heures ont été enregistrées [Van der Hoek & al. 2017, p. 16]. Il y a ensuite les altitudes très basses : à 4 km du rivage, la « ville haute » a été construite à une altitude d’environ 9 m, mais en bordure de la baie, les altitudes sont beaucoup plus basses, voire inférieures au niveau de la mer. On enregistre en outre une forte subsidence qui ne cesse de s’aggraver. Jakarta s’enfonce au rythme moyen de 7,5 cm par an, avec en certains endroits, près la côte, des extrêmes qui peuvent atteindre 15 à 17 cm, notamment vers Muara Baru ! [Bakker & al. 2017, p. 20]. En 1990 déjà, 1. 600 ha se trouvaient sous le niveau de la mer, principalement dans le nord de la ville, mais au rythme où la ville s’enfonce, ce sont 12 500 ha qui seront dans cette situation en 20309, l’ouest de la ville étant particulièrement concerné (fig. 2). Il y a enfin, l’élévation du niveau de la mer estimé à environ 8 mm par an [Van der Hoek & al. 2017, p. 8].

Figure 2 – La subsidence de la plaine de Jakarta

Figure 2 – La subsidence de la plaine de Jakarta

Sources : Heri Andreas (Geodesi ITB) – Perpustakaan Nasional – Kementerian PPN/BAPPENAS, Pembangunan Berkelanjutan Megapolitan Banten – DKI Jakarta-Jawa Barat, Deputi Sarana dan Prasarana, July 2018.
Réalisation V. Lahaye, Sorbonne Université

9Le mal développement aggrave une situation au départ peu favorable. Jakarta n’a jamais disposé d’un réseau d’adduction d’eau digne de ce nom. Certes, au début du XXe siècle, un embryon de réseau a été développé par les autorités coloniales, mais à la fin de la présence néerlandaise il se limitait à la ville réputée moderne, c’est-à-dire aux quartiers européens les plus récents comme Gondangdia. Dans les années qui ont suivi l’indépendance, plusieurs mesures ont été prises pour étendre la distribution d’eau « propre », mais toutes se sont soldées par des échecs. Sous la présidence de Sœkarno, des usines de traitement de l’eau ont bien été construites, en particulier à Pejompongan en 1957, mais leur capacité de production est toujours demeurée limitée. Durant l’Ordre nouveau du Général Suharto, en 1968, une entreprise d’État chargée de la distribution d’eau réputée « propre » (PT. PAM Jaya) a été fondée. Des accords de coopération ont été passés avec des firmes étrangères en 1997 et le réseau mis en concession au début du 3e millénaire, mais sans résultat tangible quant à la qualité de la distribution. Faute de retour sur investissement suffisant, les deux sociétés, Aetra (Thames-Singapore) et Palyja (PAM-Jaya Suez-Lyonnaise), n’ont pas réalisé les investissements nécessaires et ont fini par abandonner [Dietrich 2006 p. 24, Heuken 2014 pp. 90-91]. La conséquence est qu’aujourd’hui, la majeure partie de l’eau consommée par les ménages provient de pompages sauvages dans les nappes phréatiques, chaque habitation disposant d’une pompe

Figure 3a – Zones d’expansion des crues à la fin des années 1930

Figure 3a – Zones d’expansion des crues à la fin des années 1930

Source : Plattegrond van Batavia, Schaal 1 ;20 000, carte reproduite en 2015 par Herdruk Topografische Dienste Netherland en Koninjklijk Institut voor de Tropen.
Réalisation : V. Lahaye, Sorbonne Université

Figure 3b – Espaces bâtis à la fin des années 2010

Figure 3b – Espaces bâtis à la fin des années 2010

Source : Jakarta, City Map, Periplus, 1 : 30 000, 6ème édition.
Réalisation V. Lahaye, Sorbonne Université

10électrique et d’un puits tubé. Suite à l’extraordinaire croissance de la ville, l’exploitation des eaux souterraines est ainsi passée d’environ 500 000 m3 en 1940 à plus de 4 000 000 m3 en 2000. La nappe phréatique s’abaisse continuellement conduisant à des intrusions d’eau saumâtre dans la partie septentrionale de la ville, et même en centre ville à Menteng, ainsi qu’à un affaissement généralisé du sol, la pression exercée par les constructions de grande hauteur faisant le reste [Anggrahita 2014, pp. 68-85].

  • 10 Plattegrond van Batavia, 1 :20 000, reproduite en 2015 par Herdruk Topografische Dienst Netherland (...)

11L’urbanisation anarchique explique par ailleurs que de vastes zones humides qui servaient de zones d’épandage des crues durant la période coloniale ont été asphaltées, voire bâties. Sur la dernière carte topographique dressée par les Néerlandais à la fin des années 193010, toute la zone comprise entre le rivage et le canal d’Ancol est soit aménagée en bassins piscicoles (tambak), soit couverte de marécages (moeras). À l’est, de part et d’autre du Kali Soenter, du canal d’Ancol à Meester Cornelis (Jatinegara), ainsi qu’à l’ouest, de part et d’autre du Bandjir Kanaal, toutes les terres sont cultivées en rizières. Enfin, à l’est de Kebun Duri, s’étendent des terrains « boueux » (drassig terrein) sans plus de précisions. Aujourd’hui, toutes ces zones amphibies ont été urbanisées et les sols imperméabilisés rendant impossible la rétention des eaux en cas de crue (figures 3a et 3b).

12Par ailleurs, de nombreux canaux ont été comblés au fil des années. Dès les années 1870, dans le sud de la vieille ville (Kota), un premier canal est remblayé pour donner naissance aux actuelles avenues Jembatan Batu et Asemba. Dans les années 1920, les petites rivières Menting et Prapatan sont comblées, ainsi que le Molenvliet dont le cours est détourné à la hauteur de Mangga Besar [Heuken 2014, p. 87].

13La mauvaise gouvernance n’a pas arrangé la situation. On ne dispose pas de chiffres précis et récents concernant la production d’ordures, mais une étude de la gestion des déchets à Jakarta de 2010 avance le chiffre de 9000 t par jour pour l’agglomération dont 6000 t pour la seule ville de Jakarta (DKI Jakarta) [Gasco & Huê 2010]. L’étude montre que si le taux officiel de collecte est de 96 %, dans la réalité il ne dépasse pas 80 %, la collecte directe par camion benne comptant pour très peu, l’essentiel relevant de formes de collecte indirectes (poubelles communautaires et collectes communautaires). Dans les faits, cette collecte s’organise à l’échelon de comités de quartiers (rukun warga et rukun tetanga) sur un mode associatif, les habitants s’organisant entre eux avec plus ou moins de bonheur pour confier la collecte à un homme de peine. C’est ce qui explique que seuls environ les deux-tiers de ces déchets sont directement acheminés vers des décharges, tandis que le reste transite par des points de stockage temporaires, quitte à terminer dans les canaux au risque de les obstruer.

  • 11 Kampung Improvement Program, Programme d’amélioration des kampung

14Certes, des mesures ont été prises, notamment dans le cadre du « Commando de lutte contre les crues » (Komando Proyek Penangulanggan Banjir ou Kopro Banjir) mis sur pieds en 1965 [Gunawan 2010, p. 280]. Sous le gouvernorat d’Ali Sadikin, d’importants travaux d’infrastructure ont ainsi été entrepris que ce soit à l’échelle de la ville avec notamment la construction de réservoirs, de vannes et d’écluses, ou à l’échelle des quartiers, dans le cadre du KIP11, avec le creusement ou la réhabilitation de 140 km de petits canaux de drainage durant les années 1970 [Silver 2008, pp. 34/85]. Au tournant du millénaire, entre 1992 et 2012, cette politique a été poursuivie avec le creusement entre 1992 et 2012 d’un second canal d’évacuation des crues (Kali Banjir Timur) pour protéger l’est de la ville et, en 2013, le curage et l’agrandissement du réservoir de Pluit [Heuken 2014, p. 89]. Il n’en demeure pas moins qu’en dépit de tous ces efforts, les résultats probants se font attendre.

3. Échecs et atermoiements

15Depuis la fin des années 1990, plusieurs projets ont été lancés puis abandonnés ou mis en suspens les uns après les autres. Un premier projet est mort-né à la fin de l’ère Suharto. En 1995, un programme portant sur 2 700 ha a été lancé. Il prévoyait la construction d’immeubles de grande hauteur, la réalisation d’espaces récréatifs, ainsi que la rénovation du « vieux Batavia ». Ce projet a été d’autant plus critiqué en son temps que la famille Suharto et ses proches y étaient particulièrement impliqués, sans oublier ses conséquences sur l’environnement [Silver 2008, pp. 42-44/81]. La chute du régime de l’Ordre Nouveau y a mis fin.

16En 2011, après une longue bataille juridique, des promoteurs ont obtenu de la province de Jakarta une série de permis de construire, pour la réalisation de 17 îles artificielles à proximité du rivage numérotées de A à Q. Le chantier a débuté l’année suivante par la construction de deux premières îles (C et D), suivie deux ans plus tard par la construction d’une 3e île (G), puis de la fusion des deux premières. L’objectif était alors essentiellement résidentiel : le projet prévoyait la construction de centres commerciaux, de complexes de bureaux, de parcs de loisirs et d’immeubles de luxe sécurisés à la façon des « gated communities », sur le modèle de Dubai. Il n’était alors pas question de contrôle des inondations [Bakker & al. 2017, p. 16].

17Le National Capital Integrated Coastal Development (NCICD) a été élaboré en 2013 sur une base très différente. Cette fois, il s’agit d’un projet de développement intégré qui ne concerne pas uniquement la province de Jakarta mais également les provinces voisines de Banten et de Java-Ouest, et dont les objectifs sont diversifiés, priorité étant toutefois donnée à la lutte contre les eaux. Au titre des objectifs secondaires figurent ainsi de lourds travaux d’urbanisme avec la construction d’ensembles résidentiels luxueux, de complexes de bureaux et de centres commerciaux, la construction d’un réseau de voies rapides, sans oublier, pour faire bonne figure, la protection de l’environnement dans la zone côtière. L’objectif final est de parvenir à la réalisation d’un front de mer iconique sur le modèle de Dubai en intégrant les îles déjà construites, mais à la différence de The World ou de Palm Jumeirah, le graphisme s’inspire cette fois de l’oiseau mythique Garuda, symbole de l’Indonésie (fig. 4) [Pays-Bas 2016 p. 6, Van Dijk 2016].

18NCICD est le fruit d’une longue coopération avec les Pays-Bas dans le domaine de l’hydraulique. En 1973 déjà, un premier plan de lutte contre les inondations d’origine fluviale avait été élaboré par la Netherlands Development Company (NEDECO). Il prévoyait le détournement partiel et la canalisation de plusieurs fleuves, ainsi que la construction d’une série de polders de vallées [Widodo 2017, p. 60]. En 2011, un plan de protection contre les inondations d’origine marine (Jakarta Coastal Defense Strategy ou JCDS) avait également été élaboré. Il concluait à l’insuffisance à long terme de la digue côtière construite en 2008, compte tenu de l’aggravation de la subsidence et à la difficulté, sauf à déplacer des foules immenses, de construire de vastes bassins de rétention.

19NCICD tranche avec les précédents projets dans la mesure où, tout en intégrant les réalisations précédentes, il se veut beaucoup plus ambitieux. Il s’inspire très largement des travaux réalisés aux Pays-Bas au début du XXe siècle dans le cadre du plan Lely. À l’image de la fermeture du Zuiderzee, la solution retenue repose sur la construction au large, à 2,5 km du rivage, d’une digue de 35 km de long, parcourue par une voie rapide sur le modèle de l’Afsluitdijk. L’objectif est de créer un vaste réservoir d’eau douce du même type que l’Ijsselmeer dont le niveau serait régulé par un réseau de stations de pompage suffisamment puissantes pour abaisser le niveau de la surface du plan d’eau afin de permettre l’écoulement des fleuves.

  • 12 Indonésie, Kementrian Koordinator Bidang Perekonomian, 2014, p. 14-15 et 35-38
  • 13 Indonésie, Kementrian Koordinator Bidang Perekonomian, 2014, p. 69-73 ; Widodo 2017, p. 61-62

20En complément, il est prévu de construire une série de polders de rivières grâce à la canalisation des cours d’eau qui traversent la ville, ainsi que des réservoirs pour protéger les différents quartiers12. Les travaux sont censés être réalisés en trois phases : une phase A de consolidation des digues existantes, de construction de six digues littorales supplémentaires et de sept polders ; une phase B plus ambitieuse avec la construction de la digue au large et la bonification de 1 250 ha de terrains constructibles ; une phase C, à l’horizon des années 2040, dont les principaux objectifs (construction éventuelle d’une seconde digue au large, notamment) ont vocation à être définis une fois les premiers résultats évalués13.

Figure 4 – Le projet Garuda

Figure 4 – Le projet Garuda

Source : National Capital Integrated Coastal Development Project, Master Plan, Final 1 December 2014, pp. 50, 52,102.
Réalisation V. Lahaye, Sorbonne Université

  • 14 Indonésie, Kementrian Koordinator Bidang Perekonomian, 2014 p. 48-50

21Ces travaux doivent s’accompagner d’un vaste plan de réaménagement de l’espace urbain en grande partie financé par la vente des terrains bonifiés et la concession au secteur privé des grandes infrastructures comme les autoroutes urbaines. Le moindre espace conquis sur la mer est donc conçu pour être constructible à commencer par les digues. L’objectif est de créer autour d’avenues dégagées, une véritable « Waterfront City » avec des commerces, des immeubles de luxe et des espaces de loisir sécurisés dont des plages artificielles tournées vers le large, sans oublier quelques forêts de mangrove afin d’assurer l’indispensable « verdissement » du projet. Cette « ville nouvelle » est par ailleurs conçue pour être très accessible via les voies rapides construites sur les digues agencées de manière à constituer à terme un nouveau boulevard périphérique extérieur. Bien évidemment, ce nouveau quartier est destiné à satisfaire prioritairement les besoins des couches aisées, voire très aisées, de la société (fig. 5). Enfin, « pour générer le maximum de profit et renforcer l’attrait pour les investisseurs », les auteurs du projet insistent sur la nécessaire relocation des principaux services publics et des diverses instances gouvernementales14.

Figure 5 – Des digues « multi-usages »

Figure 5 – Des digues « multi-usages »

Source : Nationam Capital Integrated Coastal Development, juillet 2018. Réalisation V. Lahaye, Sorbonne Université

22Ce projet a fait l’objet d’une profonde contestation. Les principales critiques sont de quatre ordres : environnemental, social, technique et financier. Sur le plan environnemental, compte tenu de l’extrême pollution des fleuves, le risque est grand de voir le grand lac d’eau douce se transformer en véritable « fosse septique ». Sauf à envisager la construction en urgence d’un gigantesque réseau d’égouts à l’échelle de l’agglomération, il devrait être impossible d’utiliser cette eau pour satisfaire les besoins urbains. La liste des polluants véhiculés par les fleuves est impressionnante. Un article du Marine Pollution Bulletin qui passe en revue la littérature disponible [Breckwoldt & al 2016] en dresse la liste : 71 composants d’origine organique issus des rejets des ménages identifiés à l’embouchure des fleuves auxquels s’ajoutent les polluants d’origine industrielle (zinc, plomb, nitrates principalement), sans oublier, dans la baie, les rejets de toutes les embarcations.

  • 15 « In the future, there is as well a possibility to utilise the lagoon for closed water fishing and (...)

23Les conséquences seraient également gigantesques au plan social. L’activité des 24 000 pêcheurs et des 50 000 ouvriers qui transforment les produits de la pêche installés le long de la baie, serait inévitablement remise en question [Bakker & al. 2017, p. 38]. Il en va de même pour les pisciculteurs, les crevetticulteurs, et les conchyliculteurs dont les produits sont d’ores et déjà durement touchés par la pollution. Pour ne prendre que quelques exemples : des concentrations importantes de radionucléides 137Cs ont été retrouvées dans des poissons-lait (Chanos chanos) sans doute issus de réacteurs, et transportés par le Cisadane [Prihatiningsih & al. 2016] ; des bactéries pathogènes ont été retrouvées dans plus de 96 % des crevettes (Vibrio alginolyticus et Photobacteriumdamselae) [Oetama & al 2016], etc. La fermeture de la baie, outre qu’elle condamnerait les pêcheurs, achèverait de rendre les produits d’élevage totalement impropres à la consommation. Présenter le grand lac d’eau douce comme une opportunité pour développer la pêche et la pisciculture d’eau douce comme le fait le Master Plan15, quitte à réinstaller les villages de pêcheurs en front de mer en périphérie du Grand Garuda, ne convainc pas.

  • 16 Ibidem.

24Se pose également le problème des squatters installés dans des habitations de fortune le long du littoral. Ce sont à la fois les populations les plus exposées et les plus vulnérables or rien n’a été prévu pour elles. Seules 11 lignes du Master Plan leur sont consacrées sans qu’aucune solution ne soit trouvée : « On the Garuda space will be reserved for social housing. Careful study is necessary to implement social housing in a proper manner (…) »16

25Au plan technique, les limites du projet sautent aux yeux. Un tel aménagement ne règle en rien le grave problème de subsidence auquel est confronté l’agglomération. Faute d’apporter une solution au problème de l’approvisionnement en eau, les pompages dans les nappes phréatiques devraient perdurer et la subsidence s’aggraver. Autrement dit, sauf à prendre le risque d’une catastrophe majeure en cas de rupture des digues, il est possible de prédire sans grand risque d’erreur que la question de leur consolidation et de leur surélévation risque de se poser rapidement. Une étude menée dans le quartier de Pluit en 2017 montre qu’au rythme d’enfoncement actuel de la ville, la construction d’une digue littorale d’une hauteur de 1 m serait sans efficacité au bout de 10 ans, et qu’une digue de 3 m de haut n’aurait plus aucune utilité à partir de 2040 [Takagi & al. 2017, pp. 7-15].

  • 17 1 €= environ 15 000 Rp
  • 18 Indonésie, National Capital Integrated Coastal Development , Proteksi, Integrasi, Konservasi, dans (...)
  • 19 Indonésie, Kementrian Koordinator Bidang Perekonomian, 2014, p. 118-121

26Le coût du projet et ses modalités de financement sont également l’objet de critiques. Le coût total du projet est estimé à 114638 milliards de roupies17. Il se décompose de la façon suivante : 905 milliards pour la digue, le bassin de rétention et les pompes ; 15 milliards pour les opérations de traitement des eaux usées ; 52 milliards pour l’approvisionnement en eau « propre » ; 25,38 milliards pour le contrôle de l’affaissement du sol ; 149 milliards pour les activités de soutien comme les travaux de recherche, de reconnaissance, la coordination etc.18 Pour le financer, cinq sources sont prévues : les fonds publics, les capitaux apportés par des investisseurs privés, les partenariats public-privé, les prêts bilatéraux et les prêts multilatéraux. Durant la phase A, les financements seraient pour l’essentiel d’origine publique : la construction des digues, des stations de pompage, des polders et la réinstallation des populations déplacées devraient être assurées par le budget de l’État et des prêts. En ce qui concerne les réalisations des phases B et C, le rapport recommande la création d’une compagnie publique qui serait à même de mobiliser des fonds publics et privés, d’engager des partenariats entre les secteurs public et privé, d’emprunter sur le marché des capitaux, d’émettre des obligations, et qui se refinancerait en vendant ou en concédant les terrains à construire et les infrastructures (réseau ferré, routes à péage)19. Autrement dit, l’essentiel des coûts serait supporté par le budget de l’État tandis que les bénéfices reviendraient au secteur privé.

27Les liens capitalistiques sont également dénoncés. Le gouvernement des Pays-Bas a financé le Master Plan et les entreprises néerlandaises entendent bénéficier des appels d’offres. De fait, le gouvernement de La Haye a fourni au titre de la coopération, 4 millions d’euros en 2011 pour lancer les premières études, puis 8 millions d’euros en 2016 pour finaliser le programme, sommes auxquelles s’ajoutent, selon certaines sources, 1,5 millions d’euros par an au titre du ministère chargé des Infrastructures et de l’Environnement. Par ailleurs, les entreprises néerlandaises du secteur hydraulique ont lancé, avec l’appui du gouvernement des Pays-Bas, un programme doté de 51 millions d’euros de financements publics sur la période 2016-2021, intitulé « Partners for Water », chargé d’initier des projets de développement à l’international [Bakker & al. 2017, pp. 30-34, Octavianti & Charles 2018, p. 406].

28Enfin, au plan politique, le projet est au cœur de multiples controverses qui opposent des acteurs dont les intérêts sont divergents. Le ministère indonésien de l’économie et les promoteurs immobiliers qui se sont d’ores et déjà lancés dans la construction des îles artificielles se montrent très favorables au projet, le premier pour ses effets d’entraînement sur l’ensemble de l’économie du pays et les seconds parce qu’ils en espèrent de gros bénéfices. Il en va de même du gouvernement des Pays-Bas pour qui la reconnaissance de l’expertise néerlandaise en matière de contrôle des eaux et le développement du commerce extérieur sont des priorités, ainsi que des entreprises néerlandaises qui visent de profitables marchés. Inversement, les communautés de pêcheurs et la commission d’éradication de la corruption s’élèvent contre ce projet, les premiers craignant pour la survie de leur activité, et les seconds dénonçant l’affairisme qui entoure les différents chantiers. Enfin, entre ces multiples groupes de pression, les hommes politiques temporisent comme en témoignent les exemples qui suivent [Yasmin 2019].

29En avril 2016, la commission anticorruption a accusé un homme politique jakartanais d’avoir bénéficié d’avantages de la part d’une société de travaux publics chargée de l’aménagement de l’île artificielle G. Quelques semaines plus tard, le ministère des Forêts et de l’Environnement a suspendu la construction des îles C, D et G suite aux protestations des communautés de pêcheurs. En mai de la même année, à la requête de ces mêmes communautés, la cour administrative de Jakarta a suspendu le permis de construire concernant l’île G délivré par la province, au double motif que les pêcheurs ont été exclus du processus décisionnel et que sa construction mettait en péril la ressource. Un mois plus tard, à la suite de manifestations de rue, le ministre coordinateur chargé des affaires maritimes et de la pêche a annulé de manière définitive, la construction de l’île G. Il a également indiqué que la réunion des îles C et D avait été réalisée sans aucune autorisation… Les pêcheurs ont cependant perdu en appel et l’affaire a été portée devant la cour suprême ; le gouvernement a été remanié et la construction des îles s’est poursuivie [Bakker 2017, p. 18, Yasmin 2019].

Conclusion

  • 20 The Guardian, 26 août 2019
  • 21 « Jakarta infrastructure : NCICD sea wall project delayed until 2022 », PWC Indonesia, disponible s (...)

30Fin 2019, le destin du projet NCICD paraît scellé. Le 26 août, le Président Joko Widodo a fait part à la presse de sa décision de déplacer la capitale indonésienne dans la province de Kalimantan-Est, entre les villes actuelles de Samarinda et de Balikpapan, Jakarta continuant cependant à demeurer le principal centre financier et commercial du pays20. Quelques semaines plus tard, en octobre, le gouverneur de Jakarta, Anies Basdewan a annulé l’ensemble des permis de construire des 13 îles artificielles en cours de construction à quelques encablures de la côte au motif que les promoteurs n’ont pas respecté leurs obligations. Conscient de la nécessité de protéger les quartiers nord de la capitale de l’envahissement par les eaux marines, il n’a toutefois pas remis en cause la nécessité de poursuivre l’achèvement de la digue côtière dont seuls 4,5 km ont été construits entre Muara Baru, Kamal Muara et le fleuve Baru, et 2,7 km entre Kamal Muara et Luar Batang. La phase A du projet NCICD devrait donc être menée à bien, l’achèvement des travaux prévu pour 2020 étant toutefois repoussé à 2022. Il en va cependant tout autrement des phases B et C. La construction de la digue au large et la réalisation de la ceinture autoroutière sont donc reportées en attente d’études complémentaires21.

31La question est maintenant de comprendre le pourquoi de cette situation, d’autant que ce n’est pas la première fois que de gigantesques projets d’aménagement soutenus par le gouvernement des Pays-Bas et des entreprises néerlandaises sont interrompus alors qu’ils sont en cours de réalisation. À la fin de la période coloniale et dans les premières années de l’indépendance, dans le sud-est de Bornéo, un ambitieux projet de construction de canaux et de poldérisation de la basse vallée du Barito et de ses affluents (Polder Plan) avait été lancé [Schophuys 1953]. De 1951 à 1963, trois canaux avaient été creusés afin de compléter le réseau colonial, un premier polder avait été réalisé dans l’Hulu Sungai, au sud d’Amuntai, à Alabio, puis les travaux avaient été interrompus. Faute de résultats probants, une tentative de relance menée par le promoteur du projet, l’Ingénieur H. J. Schophuys, au début des années 1980 avait également échoué. À l’époque, les études menées avaient souligné le faible intérêt montré par les populations locales pour un projet qu’elles ne parvenaient pas à s’approprier culturellement [Sevin 1989]. Il en va de même pour cet ambitieux projet d’aménagement de la baie de Jakarta. Les solutions proposées sur plan et sur maquettes font référence à une histoire et à un imaginaire qui n’est ancré, ni dans la culture des populations jakartanaises, ni dans celle des décideurs.

32Par ailleurs, la décision d’abandonner le projet et de transférer la capitale à Kalimantan, outre qu’elle s’inscrit dans une volonté politique de rééquilibrer le développement économique du pays en faveur des îles orientales, peut également être perçue comme un moyen de « rompre le cordon » et de prendre ses distances avec l’ancienne puissance coloniale. Abandonner la ville d’entrée des Néerlandais pour fonder une nouvelle capitale selon un modèle urbanistique qui ne doit plus rien à la Hollande, dans une île dont la mise en valeur n’a guère été privilégiée durant la période coloniale, est symbolique d’une volonté de rompre avec le passé et de dépasser la vieille opposition entre Java et les îles dites « extérieures ».

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Yasmin (2019) – « Tentang Kenapa dan Bagaimana; Integrated Coastal Development Project in Jakarta: A Decision-Making Process », https://yasminaruni.wordpress.com/2019/07/24

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Notes

1 Entre les quartiers actuels d’Harmoni, Kota, Pintu Air et Gunung Sahari

2 Indonésie, Kementrian Koordinator Perekonomian, 2014, p. 14

3 France Soir, 21 février 2017

4 La Croix, 21 février 2017, France Soir, 21 février 2017

5 Le Point, 6 février 2018

6 Le Monde, 4 janvier 2020 ; Le Figaro, 2 janvier 2020

7 Information personnelle

8 Indonésie, Kementrian Koordinator Bidang Perekonomian, 2014, p. 14

9 NCICD, Kemenko Bidang Perekonominan, 2014 dans Indonésie, National Capital Integrated Coastal Development, juillet 2018, p. 2

10 Plattegrond van Batavia, 1 :20 000, reproduite en 2015 par Herdruk Topografische Dienst Netherland en Koninklijk Instituut voor de Tropen

11 Kampung Improvement Program, Programme d’amélioration des kampung

12 Indonésie, Kementrian Koordinator Bidang Perekonomian, 2014, p. 14-15 et 35-38

13 Indonésie, Kementrian Koordinator Bidang Perekonomian, 2014, p. 69-73 ; Widodo 2017, p. 61-62

14 Indonésie, Kementrian Koordinator Bidang Perekonomian, 2014 p. 48-50

15 « In the future, there is as well a possibility to utilise the lagoon for closed water fishing and farming as to develop new fishing port facilities and associated community neighbourhoods on the outer wing tips of the Great Garuda. » Indonésie, Kementrian Koordinator Bidang Perekonomian (2014), p. 53

16 Ibidem.

17 1 €= environ 15 000 Rp

18 Indonésie, National Capital Integrated Coastal Development , Proteksi, Integrasi, Konservasi, dans Revitalisasi, juillet 2018, p. 67

19 Indonésie, Kementrian Koordinator Bidang Perekonomian, 2014, p. 118-121

20 The Guardian, 26 août 2019

21 « Jakarta infrastructure : NCICD sea wall project delayed until 2022 », PWC Indonesia, disponible sur le site : www.pwc.com/id/en/media-centre/infrastructure-news/october-2019, consulté le 02/04/2020

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Table des illustrations

Titre Figure 1 – Quartiers inondés de Jakarta
Crédits Sources : National Capital Integrated Coastal Development, (Proteksi, Integrasi, Konservasi, dan Revitalisasi), July 2018Réalisation V. Lahaye, Sorbonne Université
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/8072/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 296k
Titre Figure 2 – La subsidence de la plaine de Jakarta
Crédits Sources : Heri Andreas (Geodesi ITB) – Perpustakaan Nasional – Kementerian PPN/BAPPENAS, Pembangunan Berkelanjutan Megapolitan Banten – DKI Jakarta-Jawa Barat, Deputi Sarana dan Prasarana, July 2018.Réalisation V. Lahaye, Sorbonne Université
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/8072/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 224k
Titre Figure 3a – Zones d’expansion des crues à la fin des années 1930
Crédits Source : Plattegrond van Batavia, Schaal 1 ;20 000, carte reproduite en 2015 par Herdruk Topografische Dienste Netherland en Koninjklijk Institut voor de Tropen.Réalisation : V. Lahaye, Sorbonne Université
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/8072/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 644k
Titre Figure 3b – Espaces bâtis à la fin des années 2010
Crédits Source : Jakarta, City Map, Periplus, 1 : 30 000, 6ème édition.Réalisation V. Lahaye, Sorbonne Université
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/8072/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 388k
Titre Figure 4 – Le projet Garuda
Crédits Source : National Capital Integrated Coastal Development Project, Master Plan, Final 1 December 2014, pp. 50, 52,102.Réalisation V. Lahaye, Sorbonne Université
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/8072/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 448k
Titre Figure 5 – Des digues « multi-usages »
Crédits Source : Nationam Capital Integrated Coastal Development, juillet 2018. Réalisation V. Lahaye, Sorbonne Université
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/8072/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 131k
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Pour citer cet article

Référence papier

Olivier Sevin, « L’aménagement sans cesse repoussé de la baie de Jakarta »Bulletin de l’association de géographes français, 98-1 | 2021, 118-136.

Référence électronique

Olivier Sevin, « L’aménagement sans cesse repoussé de la baie de Jakarta »Bulletin de l’association de géographes français [En ligne], 98-1 | 2021, mis en ligne le 01 juillet 2022, consulté le 03 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/8072 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/bagf.8072

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Auteur

Olivier Sevin

Professeur de géographie Sorbonne Université, Laboratoire Médiations, 28 rue Serpente, 75006 Paris – Courriel : Olivier.Sevin[at]sorbonne-universite.fr

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