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L’agriculture familiale et le portage féminin en Afrique centrale

Family farming and women back carrying in Central Africa
Roland Pourtier
p. 385-399

Résumés

L’Afrique centrale forestière se caractérise par une agriculture itinérante sur brûlis pratiquée dans un cadre familial. L’organisation sociotechnique du travail agricole, fondée sur une stricte séparation sexuelle, confère à la femme un rôle central dans le procès de production. Le transport des vivres, du champ au village ou au marché représente un effort physique considérable qui incombe à elle seule : le portage à dos de femme est la clé de voûte du système productif. Celui-ci a longtemps été caractérisé par la « sous-production » : faute de routes et de systèmes de commercialisation, les producteurs réglaient leur travail sur les besoins de l’autoconsommation. C’est la demande des marchés urbains qui a stimulé la production de surplus commercialisables. Les hommes participent désormais à une activité monétarisée. L’urbanisation, la densification des campagnes et une bonne articulation ville-campagne ont pour effet de réduire l’itinérance des cultures et de favoriser une évolution vers une plus grande fixité de l’agriculture familiale. A terme, le portage à dos de femme devrait céder la place à des moyens de transport motorisés de la production vivrière.

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Texte intégral

1Commençons par une représentation : voici une statuette en « pierre de Mbigou », du nom d’une bourgade du massif du Chaillu au centre du Gabon. Cette pierre tendre (stéatite ou « pierre à savon »), travaillée depuis les années 1930, est devenue très populaire et emblématique de la sculpture gabonaise contemporaine.

Figure 1 – Femme porteuse en pierre de Mbigou (Gabon)

Figure 1 – Femme porteuse en pierre de Mbigou (Gabon)

2La statuette représente une femme vêtue d’un pagne, un panier sur le dos. Un bandeau frontal l’aide à soutenir une charge qu’on devine lourde. Aujourd’hui, le vêtement européen a remplacé le pagne, mais le portage féminin est toujours de mise, comme immuable. Le portage dorsal est caractéristique des milieux forestiers : à la différence des pays de savanes, il est trop risqué de porter sur la tête, car les branchages auraient tôt fait de tout renverser. Le corps des femmes répercute ces différences. Porter sur la tête impose un port droit, un port altier dit-on souvent. Le cheminement des femmes se rendant au marché une cuvette de légumes ou une calebasse de lait sur la tête fait partie des scènes « typiques » du Sahel. Le portage sur le dos au contraire courbe la femme, déforme la colonne vertébrale. Le panier qui peut peser 50 kilos, voire davantage, repose sur le bas des reins, accentuant la cambrure. Le corps s’use prématurément.

3On pourrait croire que cette statuette représente une image d’un passé révolu. Il n’en est rien. Certes, le voyageur qui ne connaît que les quartiers centraux des grandes villes et leurs enclaves hôtelières ne voit jamais ces femmes. Mais il suffit, sans qu’il soit nécessaire d’aller très loin, de se rendre dans les villages pour être convaincu que le portage féminin, toujours d’actualité, reste le lot de la plupart des femmes actives dans l’agriculture. Chose remarquable, la confection des paniers et des hottes, tressés en lianes, stipes de palmiers, rotin ou autre matériel végétal, est le seul artisanat traditionnel qui ait survécu au « développement ». Il reproduit à l’identique les modèles observés au XIXe siècle par les premiers voyageurs européens. Ces modèles se transmettent de génération en génération avec d’autant plus de fidélité que chacun d’eux porte une signature ethnique. La permanence de l’objet souligne combien sa fonction est restée centrale dans le processus de production agro-alimentaire. Ce que disait Paul du Chaillu dans les années 1860 - « la femme est la bête de somme » de ces contrées africaines [Du Chaillu 1863, 1868] - vaut encore de nos jours dans une grande partie de l’Afrique centrale.

4Le portage féminin appelle une interrogation sur les conditions sociotechniques d’une production agricole familiale qui repose sur une rigoureuse différenciation sexuelle des tâches – sans qu’il soit nécessaire ici d’évoquer le « genre » pour faire mode : il y a belle lurette que le discriminant sexuel a pris place dans l’analyse des systèmes de production agricole africains et dans l’anthropologie économique [Meillassoux 1975].

1. La femme, pivot de l’agriculture familiale

5L’agriculture en Afrique centrale forestière appartient à cette grande famille de « l’essartage tropical », pour citer Pierre Gourou. L’agriculture itinérante sur brûlis - les agronomes parlent plutôt d’abattis-brûlis, mais ce faisant ils minimisent la mobilité qui en est une composante essentielle – est pratiquée, comme on sait, dans l’ensemble du monde tropical forestier. Considérée comme archaïque, et dénigrée comme telle par les Européens depuis les débuts de la colonisation, elle n’en représente pas moins une réponse intelligente des sociétés forestières dans un contexte de faibles densités démographiques. Il n’est pas inutile d’en interroger à nouveau les tenants et les aboutissants, en un temps qui voit le retour agressif des grandes compagnies avides de terres : depuis quelques années le landgrabbing défraye l’actualité, les pays émergents rejoignant, voire dépassant, les investisseurs habituels du Nord dans l’accaparement de terres agricoles au Sud, en particulier en Afrique. Quelques dizaines de millions d’ha seraient concernés, faisant peser une lourde menace sur les agricultures familiales. Que peuvent des femmes accablées sous la charge de leurs paniers – ou ailleurs courbées à labourer la terre à la daba - face aux tracteurs, à l’épandage de pesticides, en un mot au « progrès » ? Il faut y regarder de près.

1.1. Les conditions sociotechniques de la production

6L’agriculture ne représente qu’un volet de la production des subsistances dans des milieux forestiers riches en compléments alimentaires. Les Pygmées ne vivent-ils pas d’un simple prélèvement de nourriture sur un écosystème qu’ils ne transforment en aucune façon ? Les Bantou quant à eux complètent leur activité agricole par la chasse, la pêche, la cueillette à finalité alimentaire ou pharmaceutique dans une appréhension globale de leur milieu de vie. Ils vivent « dans » et « de » la forêt, ce qui définit un « genre de vie », concept depuis longtemps évacué comme passéiste, mais qui mériterait d’être réhabilité.

7La répartition des rôles et des tâches entre les hommes et les femmes est très codifiée. Aux hommes reviennent les gros travaux (préparation des clairières de culture, construction de la maison) et la chasse, principal apport de protéines animales. Autrefois ils assuraient en outre la sécurité du groupe résidentiel élémentaire (un village composé de quelques lignages). Défricher, abattre les arbres et, deux ou trois mois plus tard quand ils seront à peu près secs, y mettre le feu représente l’essentiel de leur participation à la production agricole. Avec pour outil la machette et la hache. Ce travail requiert la force virile mais n’occupe les hommes que quelques semaines pas an : grosso modo un mois lorsqu’il n’y a qu’une saison sèche, le double là où deux saisons sèches sont suffisamment marquées pour permettre aux arbres abattus de sécher avant la mise à feu. Aujourd’hui, l’usage de plus en plus en plus répandu de la tronçonneuse réduit considérablement le temps requis pour l’abattage.

8Les femmes sont soumises à un tout autre rythme d’activité. Elles sèment et plantent dès que le brûlis est prêt, puis elles sarclent quand apparaissent les adventices, et enfin récoltent. Enfin ? Nullement, car il faut alors porter le produit récolté de la plantation au village, et cuisiner. Nourricières, elles sont doublement porteuses, de la progéniture et de la nourriture. Leur espace se construit entre ces deux pôles : le champ et la cuisine. A la différence du temps de travail des hommes, celui des femmes s’inscrit dans la quotidienneté car il faut, plusieurs fois par semaine, sinon chaque jour, effectuer ce trajet, sangler son panier. Pénibilité et quotidienneté du portage sont le lot des femmes qui vivent dans les villages forestiers. Pourquoi ce rythme répétitif les assujettissant ainsi à l’espace du quotidien ?

1.2. Une Afrique sans greniers

9La comparaison entre les villages d’Afrique sahélo-soudanienne et ceux de la forêt équatoriale est très éclairante. Les premiers se caractérisent par une multitude de greniers, chacun ayant une fonction bien précise dans l’économie domestique. Il s’agit ici de l’Afrique céréalière, celle des mils, partout, du riz, ici ou là, du maïs qui connaît une rapide expansion : les céréales, parce que les grains se conservent longtemps, et qu’il faut prélever la semence pour l’année suivante, appellent le grenier.

10Il en va différemment dans les milieux forestiers. Les cultures de base, manioc, banane plantain, igname et taro n’ont qu’une durée limitée de conservation : le grenier n’est d’aucune utilité. Le manioc mérite une attention particulière. Il a la faculté de s’auto-entretenir dans la terre après maturation, sans perdre ses qualités nutritives, pendant une période pouvant atteindre, voire dépasser, une année. Les populations d’Afrique centrale, lorsqu’elles se sont appropriées cette plante originaire d’Amazonie, introduite par les Portugais, ont tiré parti de cette propriété. Elles ont fait du « champ-grenier » de manioc une des bases de leur système vivrier. Brazza put dire à ce propos que « le champ tient lieu de grenier ». S’il n’y a pas de grenier à manioc dans les villages c’est que la racine, tout comme d’autres racines ou tubercules, ne se conserve pas longtemps à l’air libre, du fait de la très forte hygrométrie équatoriale.

11Il existe certes des techniques de conservation du manioc, notamment sa transformation en farine, comme cela se pratique au Brésil. Au Gabon, quelques populations côtières savent produire la farinha (le mot portugais est resté), mais il ne s’agit que de petites quantités à usage festif. Partout le manioc est consommé sous forme de pâte (le « bâton » ou la « boule ») préparée par cuisson après quelques jours de rouissage pour éliminer l’oxyde cyanhydrique que contiennent les variétés dites « amères », oxyde soluble dans l’eau. Cette pâte ou chikwangue, nom commun dans les régions lingalaphones du bassin du Congo, ne se conserve que quelques jours. Au-delà d’une semaine le produit devient sûr, bientôt inconsommable.

12La question de la durée de conservation se pose tout autant pour la banane plantain : on ne connaît pas en Afrique centrale de technique de transformation, par séchage ou fumage par exemple, permettant une conservation de longue durée. Les productrices échelonnent leurs plantations de bananiers et jouent sur les variétés plus ou moins hâtives ou tardives pour étaler les récoltes dans le temps. Différence fondamentale avec l’Afrique céréalière des pays de savane, l’Afrique forestière ne connaît pas la moisson, ce moment fort du cycle agricole de la plupart des paysanneries du monde. On hésite d’ailleurs parfois à parler de « paysan » concernant ces agriculteurs qu’on qualifie plutôt de « planteurs ». La mobilité de champs itinérants n’induit pas le même attachement à la terre que dans les agricultures sédentaires. Le feu des brûlis éclaircit des clairières fugaces, les cendres ne donnent vie aux plantes cultivées que pour un cycle annuel : la terre elle-même n’a qu’une faible valeur économique ou mystique. Elle ne compte pas comme facteur de production au sens des économistes. Ce qui importe avant tout c’est moins la terre que la forêt, car c’est de la combustion de la biomasse forestière que dépend la fertilité du sol. Le principal facteur limitant n’est pas le foncier mais l’énergie humaine dépensée dans une agriculture exclusivement manuelle, sans aide animale, la trypanosomiase interdisant l’élevage du gros bétail dans des milieux équatoriaux où prospère la mouche tsé tsé.

1.3. Le portage féminin, socle de « l’Afrique des paniers »

13Le système de production agricole en Afrique centrale forestière – soit quelque 2 millions de km2 - repose sur deux piliers : la mobilité des champs et le portage féminin. L’agriculture itinérante sur brûlis permet à peu de frais la reconstitution de la fertilité des champs, défi permanent de toutes les agricultures. Les cendres riches en bases utiles aux plantes, en particulier en potasse (comme le dit l’anglais « potash », ou pot de cendre) compensent la pauvreté générale des sols tropicaux. Mais il faut chaque année changer de lieu en ouvrant une nouvelle clairière de culture, moins d’ailleurs parce que le champ se serait appauvri consécutivement à l’exportation des éléments nutritifs par les plantes cultivées que par suite de l’envahissement des adventices. Les défrichements constituent autant de clairières de lumière provoquant un extraordinaire foisonnement de vie végétale. Plutôt que de lutter avec des armes dérisoires (machette, houe, hache) contre la prolifération d’une végétation concurrente, mieux vaut changer de lieu et recréer par le feu les conditions favorables à la production agricole, en abandonnant le champ à la jachère forestière. C’est le système le plus économe en travail.

14Ce n’est pas par hasard si les droits fonciers des sociétés vivant en forêt accordent une grande importance à la jachère forestière [Jean 1975]. L’homme qui a défriché une parcelle de forêt, (ou ses ayant-droit), en conserve la jouissance exclusive tant que cette parcelle est identifiable. Ce droit reconnaît la valeur d’un travail passé dont le fruit est la jachère forestière, promesse de fertilité. Il existe donc une relation forte entre l’individu et un capital foncier qui n’a pas d’existence juridique au sens du droit « positif » de propriété, mais qui régule les pratiques foncières et fait fonction de cadastre mémoriel.

15Dans la pratique, tout dépend des densités de population. L’agriculture itinérante sur brûlis, véritable nomadisme agricole, est particulièrement extensive du fait de la durée nécessaire pour reconstituer une biomasse forestière suffisamment importante pour que sa combustion fournisse assez de cendre pour un nouveau cycle de culture. Vingt à trente ans est souvent présenté comme idéal. En réalité une dizaine d’années suffit bien souvent à des essences à croissance rapide comme les parasoliers (Musanga cecropioides) pour obtenir une biomasse acceptable pour le brûlis. Tout dépend des contextes locaux, mais bien entendu il existe une limite au-delà de laquelle l’essartage ne remplit plus ses fonctions fertilisantes. Des densités supérieures à une dizaine d’habitants au km2, une vingtaine tout au plus, compromettent le système, contraignant les paysanneries à d’autres modes d’agriculture, plus intensifs, de plus en plus fixes. Mobilité versus permanence des champs, tel est le nœud gordien du portage féminin. En effet, la mobilité interdit les infrastructures durables de transport entre des lieux de production itinérants et des lieux de consommation fixes. Le portage sur des sentiers aux tracés perpétuellement changeants, est inhérent à la mobilité.

2. Les facteurs de transformation du système brûlis-itinérance-portage

16L’agriculture forestière ne constitue pas un système clos, hermétique au changement. A preuve l’aptitude que les agriculteurs ont montré à intégrer des plantes étrangères, principalement américaines, introduites par les Européens : manioc, maïs, arachide pour ne citer que les plus répandues. Les transformations des économies africaines, depuis la « mise en valeur » coloniale qui porta principalement sur les cultures d’exportation dites « de rente » (café-cacao en zone forestière) jusqu’aux politiques de « développement rural intégré » prioritairement tournées vers les cultures vivrières, ont des conséquences sociotechniques inégales selon les régions et leur degré de réception des facteurs de changement.

2.1. De l’autosubsistance au « vivrier marchand »

17L’Afrique centrale forestière précoloniale était une Afrique sans ville ni État. Les villages constituaient autant de micro-unités de vie aux relations sociales dominées par la « circulation des femmes » d’un groupe à l’autre, le principe général d’exogamie clanique définissant des espaces matrimoniaux. Dans ces sociétés acéphales, aucune autorité supérieure ne régulait les relations entre lignages et clans. L’échange, fondamentalement social, était dominé par les mariages et leur contrepartie, la « compensation matrimoniale », plus prosaïquement la dot. Celle-ci ne comprenait pas de nourriture, sauf au moment des cérémonies : les produits alimentaires fongibles ne peuvent fonder un échange durable. L’absence d’élevage ne permet pas d’estimer la valeur d’une épouse en nombre de têtes de bovins ou de chameaux comme dans l’Afrique sèche. Le bien durable par excellence était le fer, avec une destination masculine – hache, lance et sagaie, couteau - ou féminine – houe principalement. Le triptyque fer-feu-femme résumait dans ses « 3 F » le système productif [Pourtier 2003].

18L’échange de nourriture d’un groupe à l’autre était très limité car chacun d’eux produisait la même chose, y compris dans les activités extra-agricoles, à l’exception notable des forgerons qui occupaient une position stratégique qu’ils convertissaient en général en accumulant des femmes, donc du potentiel reproductif et de la main-d’œuvre agricole. Résultat : une autosubsistance généralisée à l’échelle du groupe lignager.

19Le changement est venu de l’extérieur. Ce fut d’abord la contrainte coloniale. Les administrateurs, sans comprendre les logiques anthropologiques sous-tendant un système de production jugé archaïque et peu productif en avaient du moins retenu que les hommes - qualifiés de « paresseux » - participaient peu à la production agricole. La colonisation eut pour objectif de les « mettre au travail » c’est-à-dire de valoriser le temps d’inactivité, réelle ou supposée, afin de produire des « surplus » commercialisables, produits vivriers et surtout production destinée à l’exportation. Tous les débats relatifs au développement de l’agriculture paysanne ont tourné autour de cette question de l’articulation complémentaire entre autoconsommation et production de surplus commercialisables.

20Une chose est claire : il existe une réelle capacité des agricultures familiales à produire des surplus sans même devoir changer les techniques de production. La contrainte coloniale, le travail forcé n’ont évidemment pas donné de résultats probants. En revanche, lorsque le marché libre a commencé à se développer sous l’effet de l’urbanisation le volume des surplus est devenu significatif. Il existe en effet dans les villages forestiers une « production dormante » qui ne demande qu’à se réveiller si les conditions de commercialisation sont satisfaisantes, c’est-à-dire régulières et rémunératrices. L’approvisionnement des chantiers forestiers par exemple, a révélé toutes les capacités productives des villageois dès lors qu’un système de collecte régulier et garanti est mis en place. Pour les hommes, produire pour vendre, pour « gagner l’argent », c’est-à-dire pour les jeunes « gagner la dot », n’est plus considéré depuis longtemps comme une dérogation à leur statut. L’argent a ouvert une brèche dans l’antique contrat social fondé sur le partage des tâches entre hommes et femmes. Il reste cependant un point d’achoppement : le portage. Les hommes s’y refusent toujours, sauf rares exceptions. S’ils portent, ce n’est pas avec un panier comparable à celui des femmes, mais avec un attirail en forme de berceau fixé sur le dos (l’otaitai déjà décrit par Du Chaillu) permettant d’arrimer le gibier, le bois ou quelques charges occasionnelles.

21Les femmes elles-mêmes ont commencé à produire hors du domaine de l’autoconsommation et à se lancer dans la production commerciale. L’urbanisation extrêmement rapide en Afrique centrale a créé des conditions de marché favorables à l’agriculture commerciale, à ce « vivrier-marchand » étudié par Jean-Louis Chaléard en Côte d’Ivoire [Chaléard 1996]. S’il connaît moins de réussite en Afrique centrale ce n’est pas parce que les exploitations familiales seraient intrinsèquement moins performantes, mais parce que les conditions extra-agricoles sont souvent médiocres, principalement la desserte des marchés urbains. En outre, les politiques mondiales pesant sur les prix des denrées alimentaires pénalisent souvent les producteurs nationaux.

2.2. Agriculture familiale, marché, aménagement de l’espace

22L’agriculture familiale n’a jamais fait l’objet d’une grande sollicitude de la part des responsables politiques en Afrique centrale. Le peu d’implication virile dans la production « traditionnelle » y est pour quelque chose, de même que le dédain de la classe dirigeante envers une activité dévaluée du fait de son archaïsme. Parler tracteur peut susciter quelque intérêt, bien que les rares qui furent introduits dans le cadre de projets de développement, publics ou privés, aient dans la plupart des cas terminé leur courte vie sous forme de ferraille. Avant l’éveil d’un nouvel intérêt pour les terres africaines, les Chinois, qu’ils fussent de Taïwan ou de Pékin, ont connu pendant quelques décennies (des indépendances à la fin des années 2000) bien des déconvenues dans leurs fermes expérimentales. Le modèle intensif n’a pas suscité d’adeptes. Les pays d’Afrique centrale, prisonniers d’économies rentières fondées sur l’exportation de produits bruts (bois, minerais, pétrole) ont relégué l’agriculture dans une fonction subalterne. Seuls les discours étaient au rendez-vous du développement rural. Depuis les années 1970, le Gabon ne cesse de proclamer la nécessité de préparer l’« après-pétrole » en valorisant les ressources renouvelables, forêt et agriculture. Le Congo-Brazzaville n’est pas en reste sur ce registre de la parole.

23Mais des paroles aux actes la distance est énorme. Les initiatives gouvernementales privilégient en outre l’agro-business. Ignorant ses échecs successifs, le Gabon continue à miser sur les grandes entreprises agro-industrielles. SIAT qui a repris Agrogabon connaît déjà des difficultés financières. Que donnera l’aventure chinoise ? Olam, nouvelle coqueluche du pouvoir, appuyé sur le puissant fonds souverain singapourien Temasek, a certes du répondant pour soutenir ses projets gabonais, notamment dans la nouvelle Zone économique spéciale de Nkok. Mais quels que soient les résultats, ce ne sont ni les plantations de palmier à huile, ni celles d’hévéa qui résoudront les problèmes quotidiens d’approvisionnement vivrier de la population librevilloise. Les choix destinés à hisser le Gabon au rang de pays « émergent » continuent à faire peu de cas de l’agriculture familiale, toujours considérée, au mieux, avec condescendance.

24Inexistante sur la scène agricole mondiale, l’Afrique centrale, ne manque pourtant pas d’atouts. La terre est abondante - ce qui explique l’engouement d’investisseurs internationaux pour l’acquisition de terres dans des pays à faible densité démographique. L’immense RDC n’a rien perdu de ses potentialités en dépit de la régression économique et sociale des années de crise et de guerre qui ont marqué la fin du XXe siècle et le début du XXIe. Le retour à une forte croissance y est de bon augure. L’attraction foncière du continent africain s’est formidablement renforcée après les émeutes urbaines de 2008 qui ont réveillé le spectre de la faim dans le monde et incité de nombreux pays, asiatiques notamment, à externaliser leur production alimentaire. Mais si l’Afrique s’est révélée si attractive, c’est dans l’intérêt de groupes étrangers, agroindustriels ou financiers (les fonds de pension américains trouvent sur le continent africain de nouvelles opportunités de placement), en aucune façon en faveur d’un développement rural fondé sur l’agriculture familiale.

25L’augmentation de la production agricole familiale est entravée principalement par une mauvaise articulation ville-campagne, véritable goulet d’étrangement entre l’offre (potentielle) et la demande. Son défi majeur se situe moins au stade de la production qu’à celui du transport et de la commercialisation. Le « laisser passer » des physiocrates - la libre circulation des grains en particulier – présupposait l’existence de moyens physiques de « passer », c’est-à-dire des infrastructures de transport. Là est le nœud du développement de l’agriculture familiale : l’accès au marché à des conditions rémunératrices. En ce sens, le progrès est moins lié aux apports de l’agronomie qu’aux aménagements de l’espace. La route est la clé de la réussite de l’agriculture familiale, la condition sine qua non de l’approvisionnement des marchés en « vivrier-marchand ». La garantie d’écoulement des produits conditionne la production de surplus, ouvrant la possibilité de sortir d’un système de « sous-production ».

26Le déficit d’entretien des routes agricoles conduit partout à une régression de la production. La RDC en fournit la malheureuse illustration. Le délitement de l’État s’est accompagné d’un délabrement des infrastructures de transport, provoquant un repli des communautés rurales sur elles-mêmes. Le retour à des situations locales de quasi autosubsistance de survie a gravement nui à la nutrition et à la santé de populations isolées. Les années de chaos ont ainsi vu la recrudescence du kwashiorkor dans les campagnes et du marasme dans les villes. L’insécurité généralisée en République centrafricaine aura probablement des conséquences comparables. Dans des conditions moins dramatiques, la paralysie des échanges consécutive à l’entretien défectueux du réseau routier conduit à une contraction de la production sur les seuls besoins de la consommation domestique. Il suffit d’avoir vu des amoncellements de bâtons de manioc pourrir en bordure de piste parce que le véhicule attendu est tombé en panne ou n’a pu franchir un obstacle (bourbier, pont cassé…) pour comprendre que l’agriculture familiale est sous la dépendance des infrastructures de transport : la sous-production est en proportion inverse de l’accessibilité au marché.

27Dans la traversée du massif du Mayombe, le Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) reliant Brazzaville à Pointe-Noire a joué un rôle décisif dans l’augmentation de la production vivrière familiale, celle notamment de banane plantain. Les gares sont devenues des lieux de grande activité commerciale, les femmes apportant quotidiennement leur chargement de régimes à destination des deux grandes villes congolaises. Le village Les Saras, au cœur du Mayombe, a ainsi été baptisé « capitale de la banane ». Doublant le chemin de fer, la route nationale 1, longtemps dans un état déplorable, vient d’être réhabilitée et pour la première fois goudronnée : elle contribuera, plus encore que le chemin de fer, à relier villes et campagnes sur l’axe économique le plus important du pays. Déjà les véhicules automobiles de toutes sortes, camions, camionnettes, taxis, sillonnent la route pour collecter manioc, banane, maïs.

28La réhabilitation des routes en RDC produit les mêmes effets. Les axes Matadi-Kinshasa et Kikwit-Kinshasa retrouvent leur rôle dans l’approvisionnement de la capitale congolaise. Les femmes exercent toujours leur fonction de porteuses, mais les hommes participent de plus en plus au transport, grâce notamment à la bicyclette : les « pédaleurs » peuvent parcourir de plus grandes distances que les femmes porteuses. Autour de Goma, à la frontière orientale du pays, les hommes transportent les vivres sur de rustiques trottinettes de fabrication artisanale, les tchukudu, capables de supporter de lourdes charges (100 à 200 kilos) de bananes, manioc, choux. La route multiplie les acteurs, étend le rayon d’approvisionnement vivrier des villes sans pour autant supprimer le portage féminin à l’échelle fine des lieux de production, entre le champ et la route.

2.3. De l’itinérance à la fixité de l’agriculture familiale

29L’évolution des systèmes de production va dans le sens d’une diminution de la mobilité des champs. La tendance est à un rapprochement des lieux de production et d’échange, réduisant d’autant la contrainte du portage, un des principaux facteurs limitants de l’agriculture familiale. Cette évolution s’inscrit dans un contexte d’accroissement des densités rurales conduisant inéluctablement à un glissement de l’extensif vers l’intensif et à une stabilité croissante des espaces cultivés autorisant l’aménagement de routes ou de pistes sommaires accessibles ne serait-ce qu’aux deux-roues. Cette transformation illustre les thèses d’Ester Boserup selon laquelle l’augmentation des densités constitue un vecteur de progrès agricole [Boserup, 1970]. Mais il y a plus que ce facteur démographique : les femmes acceptent de moins en moins le fardeau du portage. La scolarisation contribue pour beaucoup à ce refus. Jadis, les petites filles étaient habituées très tôt à porter, accompagnant leurs mères à la plantation. La rupture scolaire s’adresse au corps autant qu’à l’esprit. Des mouvements féministes s’insurgent contre une tâche pénible qui a fait de la femme la « bête de somme » dont parlait Du Chaillu. C’est in fine l’urbanisation, matrice des changements de mentalité, qui, couplée à la démographie, constitue le puissant moteur des changements travaillant l’Afrique en profondeur. Le mythe révolutionnaire du « grand jour » trouve ici un sens : c’est le jour où la femme, jetant son panier, privera le système de production de sa clé de voûte.

30Le passage à une agriculture fixe, condition de la disparition du portage, soulève naturellement la question cruciale de la reconstitution de la fertilité, jusqu’alors assurée par les brûlis périodiques. Des solutions autres que le recours à des engrais chimiques, souvent hors de portée financière des agriculteurs et de surcroît néfastes à l’environnement existent. Elles ont fait l’objet de nombreuses recherches, notamment celles de l’Institut international d’agriculture tropicale (IIAT) d’Ibadan – ou, en Afrique centrale, celles de la station de recherche de Yangambi en RDC, qui a malheureusement beaucoup souffert des conflits.

31Des expérimentations d’agroforesterie et de modèles culturaux intégrant des légumineuses pour tirer parti de leur capacité à fixer l’azote atmosphérique ont été conduites avec succès. Au Gabon et au Congo, Agricongo et Agrogabon tentent de vulgariser des méthodes de cultures en bandes alternées avec des haies de flamboyants. Emondés, ceux-ci constituent un paillage qui enrichit le sol en azote tout en le protégeant du ruissellement. Des essais d’assolements avec la culture d’une légumineuse fourragère, le stylosanthes (Stylosanthes guianensis) - ou luzerne tropicale – ont donné de bons résultats en termes agronomiques, mais leur généralisation semble difficile. La valorisation du stylosanthes par l’élevage bovin se heurte à la présence de la trypanosomiase et à l’ignorance des populations forestières en matière d’élevage. Quelques réussites ponctuelles, ici une mission catholique, là un notable conscient des enjeux agricoles du développement peuvent servir d’exemple. Le processus de diffusion de ce cercle vertueux comparable à ce que fut la première révolution agricole en Europe n’en est toutefois qu’à ses tout débuts. On peut sans trop de risque parier que la fixité croissante des champs conduira à généraliser ces formes d’intensification culturale allant de pair avec de nouvelles techniques de reconstitution de la fertilité.

32La transition amorcée d’une agriculture itinérante vers une agriculture fixe, a entre autres bénéfices (peut-être le plus important), celui de soulager le travail des femmes puisque la fixité entraîne, à plus ou moins long terme, le rapprochement entre les champs et les voies carrossables. Dans les espaces peu peuplés d’Afrique équatoriale, les administrations avaient commencé à regrouper les populations des petits villages dispersés dans la forêt le long de quelques routes. A un espace finement maillé succéda un espace linéaire construit sur un petit nombre d’axes routiers, caractéristique en particulier du Gabon. La politique de regroupement de villages fut reprise à leur compte par les États indépendants, allant même au Congo Brazzaville pendant la période du pouvoir militaro-marxiste jusqu’à envisager la création d’« agrovilles », à l’instar de l’URSS. Le but de ces regroupements était initialement l’encadrement des populations afin de mieux les contrôler en les rendant accessibles ; les encadrements socio-économiques vinrent après, les gros villages étant susceptibles d’héberger des équipements scolaires, sanitaires et commerciaux, synonymes de progrès. Les encadrements agricoles ont rarement dépassé le stade de l’intentionnalité, si bien que les regroupements se heurtèrent souvent aux populations déplacées contre leur gré. Pour beaucoup d’entre elles le regroupement signifiait un surcroît d’éloignement entre leurs plantations et ces nouveaux villages, une surcharge de travail au détriment des femmes. Regroupement en gros villages et itinérance des cultures sont en effet incompatibles. Aujourd’hui, les villageois se rapprochent spontanément des voies de transport et adaptent leurs techniques de production pour cultiver sur des champs permanents. En RDC, des parties importantes de la « cuvette » reléguées dans un isolement que les années de crise ont accru échappent à cette évolution. Les pratiques immémoriales de l’agriculture sur brûlis s’y perpétuent mais seront à leur tour touchées par le changement sous l’effet d’une urbanisation partout en marche.

3. Conclusion : l’urbanisation annonciatrice de la fin du portage

33Les petites villes d’Afrique centrale ont ceci de particulier que l’agriculture reste le premier secteur d’activité, qu’elle soit intra- ou péri-urbaine. Le matin, des cohortes de femmes quittent la ville, panier léger sur le dos, et reviennent le soir chargées de vivres. Dans les grandes villes, la part de l’agriculture est moins importante, mais elle est toujours présente, notamment sous forme de maraîchage. Dans les périphéries l’agriculture et l’urbanisation s’interpénètrent, formant une auréole de transition entre espaces bâtis et ceintures vertes. Le portage cède la place à d’autres modes de transport rendus possibles par la densification des routes, pistes et chemins. Les élites urbaines, politiques et fonctionnaires en tête, investissent dans des domaines agricoles péri-urbains, moitié ferme, moitié résidence secondaire, toujours proches d’une route. L’accessibilité et le transport motorisé de la production réduisent le portage. Longtemps considérées comme « parasitaires », les villes se sont révélées en réalité comme les moteurs des transformations de l’agriculture familiale. Comme ailleurs dans le monde, les ferments du progrès agricoles se trouvent moins dans les campagnes que dans les villes. La demande crée le marché ; quand l’offre suit, le cercle vertueux du développement se met en place. Les paysanneries, du moins leur frange la plus dynamique, savent s’adapter. L’Afrique ne fait pas exception. L’image d’un monde rural englué dans ses traditions et l’archaïsme de ses pratiques a fait long feu.

34Dès lors que l’agriculture familiale est entrée dans l’économie monétaire, les conditions socio-culturelles du travail ont été bouleversées. Le développement des échanges ville-campagne, parce qu’il recourt à des moyens de transport de plus en plus performants, réduit la contrainte du portage à des parcours de proximité, voire la supprime. Un jour viendra où les paniers des femmes ne seront plus que des objets de collections ethnographiques. « L’émergence » dont les pays d’Afrique centrale annoncent l’arrivée à des horizons à optimisme variable, ne se mesurera pas seulement en croissance des données abstraites de PNB, mais aussi en régression du portage féminin. En proclamant 2014 « année internationale de l’agriculture familiale » le système des Nations unies en a fort opportunément reconnu l’importance à l’échelle mondiale. En Afrique centrale forestière, sa modernisation et sa pérennité passent par la fin de la corvée du portage à dos de femme.

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Table des illustrations

Titre Figure 1 – Femme porteuse en pierre de Mbigou (Gabon)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/740/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 278k
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Pour citer cet article

Référence papier

Roland Pourtier, « L’agriculture familiale et le portage féminin en Afrique centrale »Bulletin de l’association de géographes français, 92-3 | 2015, 385-399.

Référence électronique

Roland Pourtier, « L’agriculture familiale et le portage féminin en Afrique centrale »Bulletin de l’association de géographes français [En ligne], 92-3 | 2015, mis en ligne le 22 janvier 2018, consulté le 09 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/740 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/bagf.740

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Auteur

Roland Pourtier

Professeur émérite à l’université Paris I, 191 rue St Jacques, 75005 Paris – Courriel : nrpourtier[at]wanadoo.fr

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