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Transitions(s) en question. Quelles approches géographiques de la notion de transition ?

Isolés et connectés.L’énergie dans les espaces protégés des Alpes françaises au défi de la transition environnementale

Isolated and connected. energy in French Alps’ protected spaces and the challenge of environmental transition
Marie Forget et Lionel Laslaz
p. 432-448

Résumés

Cet article aborde, dans différents types d’espaces protégés des Alpes françaises, la transition environnementale à travers la production, la consommation et les impacts potentiels de diverses énergies renouvelables (EnR). Il questionne également la sobriété énergétique à travers les initiatives « ciel étoilé » et l’extinction nocturne de l’éclairage public. Certains espaces protégés de montagne sont faiblement connectés au réseau électrique national, ce qui encourage la recherche de solutions énergétiques autonomes induisant des innovations techniques, sociales et législatives. Les acteurs ont ainsi inventé des dispositifs tels que les projets d’autoconsommation individuelle ou collective dans les sites isolés ou les Centrales Photovoltaïques Villageoises nées dans les parcs naturels régionaux de l’ancienne région Rhône-Alpes. Les espaces protégés apparaissent au final de manière très inégale comme des lieux d’expérimentation énergétique s’ouvrant à des modèles de transition environnementale.

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Texte intégral

1Si la transition énergétique est généralement définie comme le passage d’un modèle énergétique fondé sur les énergies de stocks vers un système utilisant principalement celles de flux, elle n’est pas une simple substitution des sources énergétiques fossiles et fissiles par des systèmes dits renouvelables. Elle invite à considérer la possibilité de ruptures majeures dans le système socio-technique actuel [Deshaies 2014] qui comprend aussi bien la composante technique, l’organisation et les pratiques sociales que les représentations du monde naturel, en passant par les modèles culturels. Kévin Duruisseau s’interroge néanmoins sur le potentiel de rupture de la transition énergétique [Duruisseau 2014], au regard des projets territoriaux, des mécanismes de soutien et des cadres législatifs, qui misent principalement sur le développement de lieux de production d’énergie renouvelable telles que les centrales solaires ou éoliennes. Ces derniers ont paradoxalement tendance à consolider les systèmes traditionnels, engendrant le renforcement des infrastructures de transmission et de distribution. Comme le rappelle Esther Bailleul, la transition énergétique ne peut être que territoriale, et elle combine « une répartition verticale - entre échelles -, horizontale - entre acteurs - et géographique des efforts collectifs » [Bailleul 2019, p. 108]. Elle n’est pas seulement un processus politique qui peut affecter les lieux. Gavin Bridge et al. [2013] l’envisagent comme un objet et un processus géographique quand Olivier Labussière considère qu’elle n’est ainsi « pas déterminée dans ses solutions, ni dans les modalités de sa mise en œuvre [et] invite à étudier ses processus concrets de déploiement au-delà des trajectoires abstraites imaginées par les scénarios » [Labussière 2020, p. 783].

2Cet article se focalisera sur les espaces protégés alpins français (fig. 1), l’espace protégé étant entendu [Laslaz coord. 2020] comme une étendue délimitée, socialement investie de valeurs, au sein duquel les pouvoirs publics décident de mesures de protection (réglementaires ou contractuelles, parfois par acquisition foncière) et de prescriptions, principal registre dans lequel s’inscrit la transition énergétique. En effet, l’espace protégé initie un mouvement de sensibilité à l’environnement et s’apparente fréquemment à un modèle. Mais son appropriation par les groupes sociaux reste inégale, les habitants et usagers étant plus ou moins actifs, réticents à la mise en œuvre des politiques en son sein, dont celles relatives à la transition énergétique.

Figure 1 – Carte des espaces protégés des Alpes françaises engagés dans la transition environnementale étudiés dans l’article

Figure 1 – Carte des espaces protégés des Alpes françaises engagés dans la transition environnementale étudiés dans l’article

Source : Réalisation M. Forget, 2020 avec les données de l’INP , IGN et data.gouv

  • 1 VErrous et DynamiquEs de la Transition énergétique en TErritoire de montagne, USMB, 2019.
  • 2 Trajectoires Energétiques dans les Alpes et les Andes, Regards croisés sur des territoires en trans (...)

3La méthode sur laquelle se base cet article est fondée sur un travail de terrain réalisé au fil des ans et plus particulièrement lors de l’été 2019 pour ce qui concerne la transition énergétique dans les sites isolés. Ce travail, conduit dans le cadre des projets VEDETTE1 et TESLA2, a permis de réaliser une cinquantaine d’entretiens semi-dirigés avec des élus et des acteurs institutionnels mais également avec des habitants et des pratiquants de ces espaces, complétée par des entretiens plus récents. Des méthodes d’analyse qualitative des données ont ensuite été appliquées.

4Les espaces protégés peuvent expérimenter l’autoconsommation à travers leur isolement relatif devenant, pour certains, pilotes d’innovations techniques, juridiques et institutionnelles. Ils permettent également d’interroger les impacts environnementaux et paysagers [Kropp 2018, Frolova & al. 2015] engendrés par le déploiement des énergies renouvelables (EnR) et les nécessaires sobriété et efficacité énergétiques liées à une disponibilité réduite. Ainsi, cet article questionne le rôle des espaces protégés dans la transition énergétique comme catalyseurs d’innovations ou comme espaces d’expérimentation envisageant une transition énergétique-rupture [Smil 2010] fondée sur un modèle énergétique, sobre, efficace et décentralisé [Forget & al. 2020].

5Ce texte répondra ainsi à ce fil directeur en deux temps : d’abord, l’idée d’espaces protégés, notamment en montagne, comme laboratoires de la transition énergétique sera déconstruite. Ensuite, en contrepoint, la deuxième partie étudiera plusieurs sites pilotes, de l’échelle du refuge à celle de la vallée, décryptant les modalités concrètes de sa mise en œuvre à grande échelle, soulignant toutefois des avancées au sein de ces territoires préservés.

1. Les espaces protégés de montagne, laboratoires de la sobriété énergétique ?

6Cette première partie propose d’interroger la transition énergétique « modèle » dans les espaces protégés de montagne. Le contexte de protection, la faible densité relative qui s’y déploie, les politiques vertueuses d’accompagnement offrent-ils pour autant des conditions favorables à la transition énergétique ? En se penchant sur la mise en place des Centrales Photovoltaïques Villageoises (CPV), sur la réduction de la pollution lumineuse et la labellisation du ciel étoilé, cette partie propose de nuancer une vision supposément idyllique de la transition énergétique dans les espaces protégés.

1.1. La transition vers les EnR dans les espaces protégés de montagne : probante réussite ou timide démarrage ?

7Les territoires de montagne sont particulièrement sensibles aux problématiques énergétiques du fait de leurs contraintes (densité de population, pente, altitude, accessibilité, conditions climatiques, etc.) qui ont engendré une configuration du réseau plus lâche que dans d’autres territoires ruraux. La rentabilité réduite au regard des investissements consentis et du nombre limité de consommateurs en a laissé certains en marge du réseau. Dans ce contexte les espaces protégés de montagne sont surreprésentés (carte 1) car ils cumulent tout autant des handicaps de desserte que des opportunités en termes d’alternatives permettant de les contourner.

1.1.1. La genèse des CPV en Rhône-Alpes

  • 3 Le terme est en effet déposé à l’INPI ; entretien avec Audrey Matt, chargée de mission Innovation e (...)

8Les responsables des PNR et Rhônalpénergie-Environnement (RAEE) ont initié une vision plus globale et généralisable au monde rural [Poize & Labie 2016]. S’appuyant sur un appel à projets de l’Union européenne, la région Rhône-Alpes s’inscrit dans une démarche innovante et expérimentale, non normative, qui s’appuie sur des politiques de tarif d’achat et participatives, celle des CPV, avec 8 sites pilotes lancés en 2010. Un débat s’engage sur les efforts à mener sur l’énergie et la façon de concevoir les projets publics et privés, en invitant les habitants à s’impliquer. Ces CPV sont pensées comme une alternative à une décentralisation extrême, permettant (1) une première centralisation des panneaux à l’échelle d’un territoire avant d’être connecté au réseau, (2) une contribution plus importante par la mutualisation des surfaces et des coûts et (3) le choix concerté des toitures à équiper, évitant ainsi les disséminations anarchiques de petits panneaux. Les Parcs Naturels Régionaux (PNR) ont été les premiers territoires à accueillir ces centrales, mettant en avant leur mission de territoires expérimentaux. Devenir CPV passe par un agrément attribué par l’association nationale en accord avec le respect d’une charte3.

  • 4 http://www.centralesvillageoises.fr/les-territoires-centrales-villageoises-chiffres-cles, juillet 2 (...)
  • 5 Territoires à Energie Positive.

9Le succès de la démarche CPV est assez rapide : en juillet 2020, 52 territoires sont engagés dans la démarche. Au total, 944 communes sont impliquées4. Seulement 26 sociétés produisent pour un total de 310 installations photovoltaïques d’une puissance installée de 3.5 MWc (soit une équivalence de 967 foyers) et une production annuelle de 3.9 GWh. Spatialement, leur foyer de naissance et de concentration reste le quart sud-est de la France métropolitaine, avec 74,4 % d’entre elles réparties en AURA (dont 26,8 % en Isère). Pour l’essentiel, elles concernent des territoires montagnards et des sous-ensembles de PNR, au sein desquels des TEPOS5 et d’autres outils de financement de la transition énergétique [Pierre 2015] sont à l’œuvre. Le système est assez proche des petites unités de gestion coopérative ou en société d’économie mixte décrites en Alsace par Guillaume Christen, « initiatives citoyennes, dont l’ambition est de donner une justification militante à l’essor des énergies renouvelables » [Christen 2016, p. 143].

1.1.2. Les CPV : implantation et stratégies de déploiement dans les Baronnies provençales

  • 6 Société par Actions Simplifiées.
  • 7 Au tout début, certains ont pu bénéficier d’un tarif de rachat de 80 cts€ / kWh garanti sur 20 ans.

10Le PNR des Baronnies provençales comporte quatre CPV labélisées, à Rosans (lancée en 2012), Buis-les-Baronnies (Sud-Baronnies), Dieulefit (La Lance) et dans la vallée de l’Eygues (Eygues énergies). Les trois premières sont des SAS6 à capital variable, constituées d’habitants, selon le principe de représentativité : un sociétaire vaut une voix. Celle de Rosans (468 habitants en 2017) a été créée en équipant uniquement des bâtiments communaux, avec l’appui de la Banque des Territoires (ex-Caisse des dépôts et des consignations). La tendance baissière au fil du temps du tarif de rachat de l’électricité l’épargne en raison d’une installation précoce permettant de récolter 26,96 cts €/kWh (contre 15.86 cts en 2015), sauf sur un bâtiment public équipé plus tard, avec un tarif de 25,78 cts €/kWh7. Ainsi, sa production annuelle constatée après un an d’exploitation s’élevait à 82 847 kWh, générant un revenu de 21 780 €. La vente d’électricité rapportait en moyenne 20 000 €/an sur 20 ans et la location de toitures des maisons individuelles 2,5 €/m²/an à leur propriétaire (plus proche de 1,5 aujourd’hui).

Figure 2 – Le complexe du Grand Pré (ancien village de vacances converti en logements meublés et sociaux) et ses toitures orientées au Sud sur 335 m²

Figure 2 – Le complexe du Grand Pré (ancien village de vacances converti en logements meublés et sociaux) et ses toitures orientées au Sud sur 335 m²

Rosans, PNR des Baronnies provençales

Source : Cliché L. Laslaz, juillet 2017

11Le terrain socio-politique est plus ou moins propice à ces CPV ; ainsi, les communes autour de Dieulefit accueillent une population plus aisée et plus concernée par la transition que celle du Sud-Baronnies, expliquant son essor rapide. Ce succès s’explique aussi par le fait que l’initiative provient de la base, et n’adhère que celui qui le souhaite, lui donnant une forte dimension citoyenne. Toutefois, Vincent Baggioni rappelle la nécessité de l’accompagnement institutionnel pour que perdurent ces initiatives [Baggioni 2015, p. 35].

  • 8 Entretien avec A. Matt, chargée de mission Innovation et transition énergétique, PNR des Baronnies (...)

12Le poids final de ces CPV doit cependant être relativisé, puisque la consommation d’énergie renouvelable sur le territoire du PNR plafonne à 13 % (comme en 2008), avec la part la plus élevée du bois énergie (61 %). Les deux centrales hydroélectriques de la vallée du Buëch occupent une place également significative8. Les énergies conventionnelles se taillent encore la part du lion, et les EnR sont sommées de rentrer dans un système énergétique très centralisé ; en outre, les mobilisations citoyennes ne font pas tout, même si leur effet d’entraînement symbolique est significatif. La revendication d’autonomie dans un registre local recoupe des revendications globales de lutte contre le changement climatique et de circuits énergétiques courts (rapprocher la source et l’usage, pour Laurence Raineau [Raineau 2011]). Des questions demeurent néanmoins vives, notamment celle de la visibilité des panneaux dans des villages à forte valeur patrimoniale parfois, et celle du raccordement au réseau HT.

1.1.3. La CPV du plateau de la Leysse, innovations institutionnelles et mobilisation citoyenne

  • 9 Entretien avec Nicolas Picou, chargé de mission énergie PNR Bauges, mai 2013.
  • 10 Entretien avec Gérard Battu, maire de la Thuile (2008-2014), mai 2013.

13La CPV du Plateau de la Leysse est une des initiatives pionnières (2010) mentionnées supra, avec l’objectif de traduire, dans le PNR du Massif des Bauges, les politiques publiques nationales de soutien de l’énergie solaire, en y ajoutant une forte dimension citoyenne [Forget 2013, Fontaine 2019]. Une dizaine de toitures sont équipées entre 2012 et 2018. La troisième tranche d’installation a été lancée en 2018 avec un total équipé de 100 kWc et plus de 600 m² de capteurs photovoltaïques d’ici l’automne 2020. Deux obstacles principaux ont conduit à un ajustement in fine des mécanismes, juridiques et techniques de mise en œuvre à l’échelle nationale. Dans un premier temps, les connexions au réseau basse tension ont été repensées : la centralisation des connexions vers un point d’entrée unique sur le système de basse tension est juridiquement impossible, car elle est admise uniquement si le « sous-réseau » est localisé sur une seule parcelle, sans franchissement d’une voie ou d’un espace public9. La simplification du système de connexion proposé au début du projet s’est alors révélée irréalisable malgré le choix de bâtiments situés dans un espace restreint. Le coût total des connexions est de fait augmenté par l’impossibilité de mutualiser les éléments techniques nécessaires au raccordement au réseau (onduleurs, transformateurs, matériel électrique etc.). L’accord passé avec ErDF autorise une demande de raccordement mutualisée pour toutes les installations pressenties10, mais entérine la facturation du renforcement des lignes au « consommateur-producteur », coût qui est normalement déjà intégré dans le TURPE (Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Electricité) que chaque usager paye sur sa facture.

14Le second obstacle réside dans la difficulté de motiver l’épargne citoyenne malgré une rémunération de l’ordre de 2 %, toutefois très conditionnée par les tarifs préférentiels de rachat. Elle peut paraître faible pour une contribution qui s’avère trop importante par rapport à une installation privée classique plus rentable. Le succès national du dispositif montre néanmoins que les PNR ont rempli leur rôle d’expérimentation.

1.2. Rêver la nuit noire : la nuit comme patrimoine et la lutte contre la pollution lumineuse comme affichage de sobriété

15De prime abord, la loi 14 avril 2006 relative aux parcs nationaux (PN), parcs naturels marins et parcs naturels régionaux ne dit que peu de choses de la transition énergétique. Même si la loi POPE (Programmation fixant les Orientations de la Politique Énergétique) de 2005 est opérationnelle, les lois Grenelle (2009 et 2010), qui proposent de « prévenir, supprimer, limiter les nuisances lumineuses », ne sont pas encore passées par là, pas plus que la loi relative à la TECV (Transition Energétique pour la Croissance Verte, 2015). Pourtant, le débat sur l’énergie est déjà vif, mais la loi de 2006 ne fait qu’une modeste référence à l’énergie mécanique du vent et à la géothermie et n’évoque pas la nuit. Le décret d’application des lois Grenelle I et II publié en 2011 place les espaces protégés au premier rang dans ce domaine, avec des mesures plus restrictives. L’initiative viendra surtout de Parcs nationaux de France (2012) qui, dans le cadre d’un partenariat avec l’ANPCEN (Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturne), appelle à prendre soin de la nuit dans une rubrique générale [Laslaz 2016]. Les chartes de PN demeurent pourtant timides en la matière. Si les évocations des animations autour du « patrimoine nuit » existent, la mise à l’agenda politique et la programmation de la patrimonialisation de la nuit sont absentes. En effet, les PN, à la différence des PNR, s’appuient sur une assise réglementaire, et les orientations des chartes sont plus incitatives que porteuses de réalisations. De surcroît, les PNR peuvent plus favorablement rejoindre ce mouvement dans la mesure où ils disposent de davantage d’ingénierie territoriale, sont plus habitués à porter des projets de développement local et à récolter les financements nécessaires à leur réalisation : ainsi, le PNR des Pyrénées ariégeoises sensibilise ses interlocuteurs à la question dès 2014 et poursuit cette dynamique depuis [Rastout 2020].

16La transition énergétique passe par la sobriété, et ce cercle vertueux se nourrit de l’extinction de l’éclairage et de la renaissance du ciel nocturne, opérateur de transitions [Challéat & al. 2018] et « salles d’incubation » [Lapostolle & Challéat 2021]. En ce sens, l’ANPCEN officie depuis plus de 15 ans et a labellisé 574 communes françaises « villes et villages étoilés » depuis 2009. Ces lauréats sont distribués inégalement avec un fort ancrage dans les PNR et, dans une moindre mesure, dans les PN. Dans les Baronnies provençales en 2020, 50 communes pratiquent l’extinction nocturne (totale ou partielle) sur les 98 que compte le PNR. Il comporte par ailleurs 10 communes labellisées « villes et villages étoilés ». Cet essor considérable est commun avec d’autres territoires, comme les Pays de Savoie [Boury 2017]. Différentes animations ponctuent l’année dans les Baronnies, telles que le jour de la nuit, la ferme sous les étoiles, les balades sous les étoiles, les yeux de la nuit, etc. [Lapostolle & al. 2015, p. 355], valorisant la trame sombre et la trame noire et relevant de ce que Dany Lapostolle et Samuel Challéat nomment l’« approche socioécosystémique intégrée », « troisième logique de spécification de la ressource obscurité » qu’ils identifient [Lapostolle & Challéat 2019].

  • 11 http://ricemm.org/reserve-de-ciel-etoile/quest-ce-quune-rice/.

17L’ANCEPN coopère aussi avec l’association IDA (International Dark sky Association) qui labellise depuis 2001 des territoires RICE (Réserve Internationale de Ciel Etoilé)11, comportant une zone centrale où la noirceur est préservée et une zone tampon au sein de laquelle les administrateurs publics, individus et entreprises reconnaissent l’importance du ciel étoilé et s’engagent à le protéger [Charlier & Bourgeois 2013]. Cela passe notamment par la valorisation d’un ciel de qualité et son suivi, la mise en place d’un éclairage public durable et non polluant, des animations sur le thème « éclairer juste » et une offre touristique spécifique. Outre la RICE du pic du Midi de Bigorre (2013) [Charlier & Bourgeois 2013], cogérée par le PN des Pyrénées et première d’Europe, celle des Cévennes est depuis août 2018 la 13e au Monde, la plus grande d’Europe (3560 km², dont 938 km² en cœur). La charte de ce PN ne fait toutefois pas référence à la question de la pollution lumineuse. Ces différentes formes de labellisation sont avant tout touristiques et constituent des opportunités de marché (tourisme astronomique), mais recoupent aussi la qualité du cadre de vie (et sanitaire) et une certaine éthique de la moindre consommation qui est centrale dans les espaces protégés.

2. Les logiques multiscalaires de la transition au sein de sites pilotes dans les espaces protégés

18L’échelle spatiale et le statut de protection sont cruciaux dans ces territoires isolés, puisque la mise en place de solutions alternatives déconnectées en dépend. Les logiques multiscalaires de la transition s’inscrivent de l’échelle du bâtiment (chalets d’alpage, refuges), à celle des hameaux d’altitude (e.g. Dormillouse, PN des Ecrins) jusqu’à l’intégration de vallées entières (e.g. la Vallée Étroite, Névache).

2.1. Des stratégies variées de transition énergétique dans les refuges

  • 12 Certains des entretiens appuyant le propos ont été réalisés par Kilian Ayroles (2020).
  • 13 Gestionnaire du réseau de distribution.

19La transition énergétique dans les refuges de montagne, souvent présentée comme nécessaire pour la réduction de leurs impacts au sein des espaces protégés, est portée par des motivations multiples. Une des raisons principales est de réduire la précarité énergétique des travailleurs du refuge et de diminuer le temps passé à faire fonctionner les groupes électrogènes. Les EnR, principalement l’hydroélectricité, sont en effet perçues comme plus fiables et mécaniquement plus simples12. Elles sont également moins coûteuses et de logistique plus facile, permettant d’éviter des héliportages supplémentaires. Les entretiens réalisés montrent que les préoccupations environnementales n’apparaissent qu’après. Les contraintes liées à la protection de la nature s’ajoutent aux autres (techniques, juridiques, administratives), et il est souvent plus facile d’obtenir une autorisation pour l’utilisation d’un groupe électrogène au gasoil que pour la mise en place d’une pico-centrale électrique. Pourtant, par leur localisation et la pratique de la montagne associée, les refuges sont particuliers en matière de transition énergétique. Le passage vers un service énergétique renouvelable peut être le support de la croissance touristique par l’amélioration de l’offre permettant de « vivre comme en bas », voire de proposer de nouveaux services comme la recharge de vélos électriques. Ce modèle nécessite donc de surdimensionner les dispositifs énergétiques sans objectifs sur la réduction de la demande. Le passage aux énergies renouvelables peut également relever d’un vrai choix énergétique comme au refuge du Plan du Lac (2380 m, commune de Val Cenis, PN de la Vanoise) qui a été connecté au réseau dans les années 1960 avec l’ouverture de la route et la création de la prise d’eau d’Entre-Deux Eaux [Jail 1973] pour les barrages de Plan d’Amont et Plan d’Aval (Aussois). Sa situation en cœur de parc est exceptionnelle contrairement à d’autres refuges connectés souvent situés à sa limite (« refuges portes »). L’Établissement public propriétaire, en concertation avec les gardiens qu’il emploie, EDF et Enedis13 ont fait le choix d’une autonomisation énergétique du refuge. Chaque acteur est porté par un intérêt différent : le parc et le gardien y voient une opportunité pour limiter les externalités environnementales et améliorer l’image du refuge, Enedis celle d’une réduction des coûts de maintenance et d’opération et EDF accompagne ce projet de suppression de « point noir paysager » en autonomisant également le système informatique de la prise d’eau. Ce refuge a ainsi été déconnecté du réseau en juillet 2019 en s’équipant de panneaux solaires pour la lumière, les appareils électriques et une partie de l’eau chaude et d’une chaudière à granulés de bois pour le chauffage et le complément d’eau chaude. Le gaz reste utilisé pour les appareils de cuisine et un groupe électrogène de secours complète le dispositif.

20La transition vers le renouvelable peut également être envisagée comme un service limité en site isolé, statut spécifique pour le gestionnaire du réseau de distribution Enedis. Les refuges concernés, comme celui du Glacier blanc (2542 m) dans les Écrins, ont signé un contrat de service public en site isolé. Les dispositifs électriques sont installés par Enedis, mais la gestion du système se fait directement par les gardiens en temps normal. Enedis a néanmoins toujours une obligation puisqu’il s’agit d’un service public. En contrepartie, les refuges s’engagent à ne pas dépasser la consommation fixée dans le contrat et calibrée sur l’équipement du refuge.

  • 14 Refuges du Goléon (Romanche, 2446 m), des Souffles (Valgaudemar, 1969 m), du Chardonnet (2250 m), d (...)

21Les gardiens des refuges, à l’image de ceux du Viso (Queyras, 2460 m) et de Ricou (Clarée, 2118 m), s’engagent dans la sobriété volontaire, demandent un droit à la différenciation et ont constitué une association pour assouplir les dossiers administratifs (qui requièrent deux ans minimum d’instruction et engendrent des coûts qu’ils ne peuvent supporter seuls). Les contraintes réglementaires et environnementales ne sont pas identiques sur tout le territoire national, mais la localisation dans un espace protégé augmente ces exigences. Un réseau de cinq refuges pilotes14 pour la transition environnementale a ainsi vu le jour dans les Hautes-Alpes pour construire des retours d’expériences sur l’installation de chauffe-eau solaires et de turbinage hydroélectrique.

2.2. Les EnR, une alternative à la déconnexion subie : l’exemple de Dormillouse (PN Ecrins)

  • 15 L’inventaire du « patrimoine bâti de la zone centrale du Parc National des Ecrins » (1996) propose (...)

22À plus petite échelle, l’isolement énergétique peut concerner non plus seulement des bâtiments isolés, mais des hameaux comme celui de Dormillouse, en cœur du PN des Ecrins (Vallouise). Bastion de la résistance des Vaudois qui s’y réfugièrent, il fut le sujet d’âpres discussions sur son intégration à la zone centrale du parc entre la fin des années 1960 et sa création en 197315 et alimenta vigoureusement les débats et les rancœurs des élus dans les années qui suivirent [Laslaz 2005]. Ce hameau n’est plus habité à l’année et compte une quinzaine de chalets souvent utilisés pour la villégiature et des gîtes et chambres d’hôtes. Depuis une trentaine d’années, une partie des résidents du hameau demande leur raccordement, mais le projet, non soutenu par la commune de Freyssinières, est compliqué par sa localisation en cœur, l’Éstablissement public refusant l’éventualité de connexion aérienne. Actuellement, un accès partiel et individuel à l’énergie, la plupart du temps bricolé, existe. Les héritiers des chalets dont les parents ont habité le hameau demandent sa reconnexion à la vallée par une route et le raccordement au réseau électrique, pour retrouver la situation d’avant-guerre. Pour ces habitants, le PN est perçu comme l’obstacle principal, cristallisant 30 ans de démarches infructueuses pour faire reconnaître leur droit, notamment pour les plus âgés pour qui l’absence de route signifie l’impossibilité de monter au hameau (45 minutes de marche, 300 m de dénivelé).

23Les néo-arrivants en villégiature sont prêts à accepter une plus grande sobriété énergétique et à s’auto-alimenter individuellement avec des EnR ou des groupes électrogènes. Ils n’ont pas de rancœur envers le PN considéré plutôt comme le garant d’un environnement de qualité. Parmi eux, les gestionnaires des gîtes ou des chambres d’hôtes porteurs de développement économique du hameau pilotent un projet d’équipement énergétique collectif autour de l’école. Certains se sont déjà équipés seuls (Ecrins de la Violette par exemple).

Figure 3 – Groupe électrogène chez Serge, prise d’eau sauvage et série de batteries pour stocker l’énergie solaire (hameau de Dormillouse, PN Ecrins)

Figure 3 – Groupe électrogène chez Serge, prise d’eau sauvage et série de batteries pour stocker l’énergie solaire (hameau de Dormillouse, PN Ecrins)

Source : Clichés K. Ayroles, juillet 2019

24La dernière catégorie de population, qui est venue habiter le village dans les années 1970, celle du mouvement néo-rural, a une conception assez ouverte mais souhaite préserver l’isolement du village et s’oppose à un éclairage public par exemple. Le projet de raccordement collectif en site isolé est donc affaibli par les conceptions différentes du service énergétique, le manque de pilotage par la commune et la nécessaire mise aux normes des installations électriques des chalets engendrant des coûts que certains propriétaires ne sont pas prêts à supporter.

2.3. Le recours au service public : l’électrification de la Vallée étroite

  • 16 Entretien avec Riccardo Novo, propriétaire du refuge Terzo Alpini et unique habitant à l’année de l (...)
  • 17 Entretien avec Marion Douarche, SyMe05, juillet 2019.
  • 18 Les acteurs s’étant engagés en 2000 dans une Opération Grand Site, mais celle-ci est en dormance de (...)

25La Vallée étroite (commune de Névache, Hautes-Alpes, à la frontière italienne), est aussi isolée énergétiquement. Ancien territoire italien, devenue française après-guerre (1947), elle n’a pas été électrifiée malgré des résidents à l’année. Touristique été comme hiver pour la randonnée pédestre et à ski, elle compte deux refuges et une trentaine de chalets. Depuis une dizaine d’années, les habitants et commerçants de cette vallée - quasi-exclusivement italiens - demandent à la commune l’électrification des hameaux. Les contraintes sont importantes, car la vallée est coupée du reste du territoire communal durant les quatre mois d’hiver en raison de la fermeture du Col de l’Échelle16. L’électrification de la vallée est « bricolée » et se fait par des prises d’eau sauvages, alimentant à la fois quatre centrales hydroélectriques et l’eau potable. Quelques alimentations d’appoint avec des panneaux photovoltaïques et des groupes électrogènes individuels existent. Le coût de raccordement a été estimé par Enedis à environ 1,2 million €17. Le projet d’approvisionnement prend la forme d’un « micro grid » alimenté par une centrale hydroélectrique collective. Son couplage avec une centrale photovoltaïque a été abandonné et les ombrières proposées sur un parking ont été refusées par les habitants qui les jugeaient trop « urbaines ». Les Architectes des Bâtiments de France ont refusé l’équipement des toits du hameau, car le site est classé depuis 1992 [Laslaz 2005]18.

Figure 4 – Bâtiment équipé de panneaux solaires, Pont de la fonderie, 1900 m. (site classé de la Vallée étroite, Névache).

Figure 4 – Bâtiment équipé de panneaux solaires, Pont de la fonderie, 1900 m. (site classé de la Vallée étroite, Névache).

Source : Cliché L. Laslaz, août 2016

26La solution d’un réseau électrique isolé du national n’est pas nouvelle en soi, mais sa particularité révèle le vide juridique dans ce cas, puisque ce statut est réservé aux territoires insulaires et directement géré par EDF. Sur le territoire métropolitain, notamment en montagne, le statut de site isolé existe, mais il ne correspond généralement qu’à un ou deux bâtiments, dont l’alimentation en électricité, bien que parfois installée par Enedis, est généralement maintenue par l’habitant ou l’exploitant du bâtiment. Dans le cadre de l’obligation de service et de la tarification régulée à l’échelle nationale, Enedis est également en charge de la production, du stockage, du pilotage intelligent et du transport d’énergie, quatre composantes habituellement non incluses dans les compétences du distributeur d’énergie.

  • 19 Le minimum est de 6kVa.

27Le projet inclut également une limitation de la demande énergétique de 3kVa par maison, contrat qui n’existe plus sur le reste du territoire national19. Il reste, de plus, plusieurs points administratifs à préciser quant à la liberté de choix du fournisseur pour les consommateurs, à l’équilibrage des coûts d’exploitation par la péréquation nationale et à l’engagement à ne pas solliciter davantage de fourniture d’électricité sur le moyen terme. Dans ces sites isolés, quelle que soit l’échelle, il existe donc de nombreuses pratiques informelles, de plus en plus interrogées en termes d’impacts environnementaux. La plupart du temps, la transition vers les EnR répond à des contraintes techniques qui rendent difficile la connexion au réseau. La transition est donc souvent motivée par des aspects économiques, parfois doublés d’une volonté de contribuer à la protection de la nature, mais qui est rendue difficile par les démarches administratives, les évaluations environnementales, le consensus et l’engagement collectif local, et les aspects juridiques et réglementaires.

Conclusion. Production d’énergie et espaces protégés : les difficultés réglementaires et sociales d’un consensus

28La typologie des espaces protégés est complexe et les opportunités ainsi que les contraintes de transition énergétique variées. Néanmoins, quel que soit leur statut, ils permettent de justifier des actions de sobriété, de transition vers les EnR de petite dimension. Si tous ne s’envisagent pas comme des territoires pilotes ou modèles, leurs gestionnaires ont généralement à cœur de contribuer, à leur échelle, aux impacts négatifs liés à une consommation énergétique irraisonnée et/ou productrice d’externalités négatives importantes.

29La transition énergétique dans les espaces protégés alpins interroge ainsi les difficultés techniques, économiques, juridiques et les impacts locaux des technologies dites vertes, principalement le paysage et sa qualité environnementale, malgré l’aura positive de ces dispositifs. L’usage et la mise en service des EnR dans les espaces protégés de montagne permettent également de repenser les pratiques actuelles dans lesquelles l’énergie est immatérielle. Elle interroge ainsi le rapport à la sobriété énergétique des pratiquants, des habitants de la montagne et, partant, leur déconnexion du « monde d’en bas ». La sobriété énergétique peut alors être choisie ou subie, car les solutions fondées sur les EnR délivrent un service moins performant à un coût plus élevé.

30En outre, l’acceptation sociale des EnR ne va de soi, l’éolien étant notamment fortement contesté en France, jusqu’à donner lieu à des Zones à Défendre. Ainsi, le projet de « poste électrique Sud Aveyron » situé à Saint-Victor-et-Melvieu est porté par RTE pour assurer le raccordement de lignes 225 000 V et 400 000 V. Il est révélateur des problèmes d’accès des territoires de faible densité à l’énergie avec un dispositif qui permet au réseau de stabiliser son intermittence. L’investissement de RTE s’élève à 75 Mil. € pour 10 Mil. € de retombées économiques. Mais en 2010, deux conseillères municipales de la commune prennent connaissance incidemment du projet et sont à l’origine de la mobilisation autour de l’association Plateau survolté, dont la filiation avec celle du plateau du Larzac (situé à 20 km) apparaît forte. Au-delà des effets paysagers et potentiellement sanitaires du transformateur, l’association fait part de sa crainte de constitution à proximité de futurs champs éoliens (800 à 1000 nouvelles éoliennes) alors que 54 éoliennes sont déjà présentes dans le PNR des Grands Causses. La contestation prend la forme d’une occupation du site, dénommée « pré-ZAD » de l’Amassada (assemblée en occitan). Cette dernière a été expulsée le 8 octobre 2019 par 150 gendarmes mobiles et suit ainsi la trajectoire de celles qui l’ont précédée. De ce point de vue, comme le rappelle Olivier Labussière, « la transition énergétique n’est donc pas qu’affaire de politique énergétique » [Labussière 2020]. L’idée d’une énergie renouvelable pacificatrice et qui mobilise du commun, idéalisée par les CPV, a encore du chemin à faire...

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Notes

1 VErrous et DynamiquEs de la Transition énergétique en TErritoire de montagne, USMB, 2019.

2 Trajectoires Energétiques dans les Alpes et les Andes, Regards croisés sur des territoires en transition, Labex ITEM 2018-2020.

3 Le terme est en effet déposé à l’INPI ; entretien avec Audrey Matt, chargée de mission Innovation et transition énergétique, PNR des Baronnies provençales, et membre du comité d’engagement des CPV, juillet 2020.

4 http://www.centralesvillageoises.fr/les-territoires-centrales-villageoises-chiffres-cles, juillet 2020.

5 Territoires à Energie Positive.

6 Société par Actions Simplifiées.

7 Au tout début, certains ont pu bénéficier d’un tarif de rachat de 80 cts€ / kWh garanti sur 20 ans.

8 Entretien avec A. Matt, chargée de mission Innovation et transition énergétique, PNR des Baronnies provençales, juillet 2020.

9 Entretien avec Nicolas Picou, chargé de mission énergie PNR Bauges, mai 2013.

10 Entretien avec Gérard Battu, maire de la Thuile (2008-2014), mai 2013.

11 http://ricemm.org/reserve-de-ciel-etoile/quest-ce-quune-rice/.

12 Certains des entretiens appuyant le propos ont été réalisés par Kilian Ayroles (2020).

13 Gestionnaire du réseau de distribution.

14 Refuges du Goléon (Romanche, 2446 m), des Souffles (Valgaudemar, 1969 m), du Chardonnet (2250 m), de Buffère (2050 m) et de Ricou précédemment cité, les trois derniers étant en Clarée.

15 L’inventaire du « patrimoine bâti de la zone centrale du Parc National des Ecrins » (1996) propose une description minutieuse des 175 constructions des deux hameaux d’habitat permanent en zone centrale, Dormillouse et Confolens (Le Périer, Valbonnais).

16 Entretien avec Riccardo Novo, propriétaire du refuge Terzo Alpini et unique habitant à l’année de la vallée, juillet 2019.

17 Entretien avec Marion Douarche, SyMe05, juillet 2019.

18 Les acteurs s’étant engagés en 2000 dans une Opération Grand Site, mais celle-ci est en dormance depuis 2018, n’aboutissant pas à une labellisation Grand Site de France.

19 Le minimum est de 6kVa.

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Table des illustrations

Titre Figure 1 – Carte des espaces protégés des Alpes françaises engagés dans la transition environnementale étudiés dans l’article
Crédits Source : Réalisation M. Forget, 2020 avec les données de l’INP , IGN et data.gouv
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/7270/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 276k
Titre Figure 2 – Le complexe du Grand Pré (ancien village de vacances converti en logements meublés et sociaux) et ses toitures orientées au Sud sur 335 m²
Légende Rosans, PNR des Baronnies provençales
Crédits Source : Cliché L. Laslaz, juillet 2017
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/7270/img-2.png
Fichier image/png, 724k
Titre Figure 3 – Groupe électrogène chez Serge, prise d’eau sauvage et série de batteries pour stocker l’énergie solaire (hameau de Dormillouse, PN Ecrins)
Crédits Source : Clichés K. Ayroles, juillet 2019
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/7270/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 436k
Titre Figure 4 – Bâtiment équipé de panneaux solaires, Pont de la fonderie, 1900 m. (site classé de la Vallée étroite, Névache).
Crédits Source : Cliché L. Laslaz, août 2016
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/7270/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 312k
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Pour citer cet article

Référence papier

Marie Forget et Lionel Laslaz, « Isolés et connectés.L’énergie dans les espaces protégés des Alpes françaises au défi de la transition environnementale »Bulletin de l’association de géographes français, 97-4 | 2021, 432-448.

Référence électronique

Marie Forget et Lionel Laslaz, « Isolés et connectés.L’énergie dans les espaces protégés des Alpes françaises au défi de la transition environnementale »Bulletin de l’association de géographes français [En ligne], 97-4 | 2020, mis en ligne le 31 décembre 2021, consulté le 09 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/7270 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/bagf.7270

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Auteurs

Marie Forget

Maître de Conférences en géographie, Université Savoie Mont Blanc, laboratoire EDYTEM, Pôle Montagne, Campus scientifique, 73376 Le Bourget-du-Lac Cedex – Courriel : marie.forget[at]univ-smb.fr 

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Lionel Laslaz

Maître de Conférences HDR en géographie, Université Savoie Mont Blanc, laboratoire EDYTEM, Pôle Montagne, Campus scientifique, 73376 Le Bourget-du-Lac Cedex – Courriel : lionel.laslaz[at]univ-smb.fr

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Droits d’auteur

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