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Transitions(s) en question. Quelles approches géographiques de la notion de transition ?

Transitions et développement en Afrique :un continent d’incertitude

Transitions and development in Africa: a continent of uncertainty
Géraud Magrin et Olivier Ninot
p. 395-411

Résumés

L’Afrique fournit un cas d’étude intéressant pour penser l’intérêt et les limites d’une des acceptions les plus courantes de la notion polysémique de transition (modélisant une trajectoire connue d’un état initial à un état final). En effet, la trajectoire du continent a été pensée depuis les années 1960 depuis des perspectives normatives qui relèvent d’un cadrage en termes de transition, comme le résume la vision rostowienne du développement. De plus, en 2020, le continent est engagé dans des transitions majeures, multiples (démographie, urbanisation, économie, politiques territoriales), dont les rythmes et l’ampleur sont inédits. Cependant, ces changements profonds renâclent dans bien des cas à entrer dans les schémas établis, au point de questionner l’universalité de certains d’entre eux. Cette contribution propose finalement de discuter la nature des changements en cours, en postulant la prééminence de l’incertitude sur la notion rassurante de transition.

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Texte intégral

Introduction

1Le continent africain fournit une perspective intéressante pour penser la notion de transition. En effet, l’émergence de l’Anthropocène au début du 21e siècle s’accompagne, comme en regard, de l’avènement de celle de transition. À l’Anthropocène caractérisé par l’accélération de changements climatiques, géochimiques, biologiques, selon une trajectoire marquée par une effrayante contingence [Bonneuil & Fressoz 2013] qui balaie les fausses certitudes et les compromis boiteux du développement durable [Chartier & Rodary 2016, Groupe Cynorhodon, 2020], répond la notion autrement rassurante de transition. Celle-ci met l’accent sur l’aspect prévisible d’évolutions dont la logique et la trajectoire, sinon le rythme, seraient connus. Comme le modèle durable, elle a le mérite d’être suffisamment floue pour permettre l’adhésion d’un grand nombre d’acteurs aux intérêts et points de vue différents, tout en balisant un horizon rassurant.

2Depuis les années 1960 et la vague des indépendances, la trajectoire des pays africains est pensée dans une perspective très normative [Rist 2007] dont le paradigme du développement est l’horizon dominant. Il structure très fortement la manière de penser les dynamiques africaines, mêlant étroitement les configurations économiques, politiques et sociales. Ce paradigme imprègne les grands acteurs internationaux (système des Nations Unies, Banque mondiale) qui produisent les normes d’analyse et d’action. Il est central aussi pour les acteurs politiques nationaux : le développement constitue le ciment commun de la construction des jeunes États, quel que soit le camp choisi en ces temps de polarisation politique de la Guerre froide. C’est également un paradigme dominant au sein de la communauté scientifique, dont les controverses font écho à celles des champs politiques et géopolitiques. Le concept de développement reste au cœur de nos grilles de lecture des trajectoires des pays du Sud, oriente nos analyses, calibre nos diagnostics et évaluations, quand bien même il est en soi un objet de recherche – la définition de ce qu’est le développement demeurant plus que jamais ouverte [Dubresson 2020].

3L’ouvrage de W. W. Rostow Les étapes de la croissance économique, paru en 1962, a eu, et conserve en dépit de toutes les critiques ultérieures de tel ou tel modèle et de la notion même de développement, une profonde influence, en Afrique comme dans les autres pays du monde en développement [Chaléard & Sanjuan 2017]. La trajectoire de développement économique et social des pays y est décrite selon 5 phases menant des sociétés traditionnelles à l’ère de la consommation de masse, en passant par le décollage. Dans un pays donné, l’enjeu majeur consisterait à réunir les conditions du décollage, puis à l’accélérer. Il s’agit bien d’une pensée de la transition, même si elle ne se nomme pas encore ainsi.

4Or tout ne se passe pas vraiment comme prévu en Afrique. Le décollage économique n’a pas eu lieu : après deux décennies à peu près favorables au plan macro-économique après les indépendances (1960-70), une crise sévère éclate dans les décennies 1980-1990, et l’Afrique demeure tributaire de l’exportation de matières premières brutes. La transition démographique est lente et irrégulière, l’urbanisation demeure inférieure à presque toutes les régions du monde – comparable seulement à l’Asie du Sud. Les régimes politiques présentent au mieux des formes hybrides en intégrant une part de démocratie dans des États de droit inachevés, qui démentent les espoirs des plus optimistes. Les écarts aux modèles semblent plus importants qu’ailleurs. Par certains aspects, les États africains ne semblent pas pouvoir suivre les modèles globaux. La question de leur capacité à sortir de trajectoires incompatibles avec le changement structurel [Lewis 1954] associé au développement – c’est-à-dire le passage de sociétés agricoles et rurales à faible productivité à des sociétés urbaines, industrielles et tertiaires, à forte productivité –, est posée [Magrin 2015].

  • 1 Des tentatives de définition alternatives, comme celle de Mamadou Dia au Sénégal [Colin 2007] ou de (...)

5Cette situation n’est finalement pas très surprenante, dans la mesure où les paradigmes dominants, exogènes à l’Afrique, ne questionnent ni les finalités (toutes les sociétés souhaitent-elles de la même manière suivre ces voies du développement tracées ailleurs ?1), ni les implications d’être les derniers venus pour suivre la voie ouverte par les pays développés, comme le soulignera fortement le courant tiers-mondiste [Amin 1971]. Une telle manière de penser l’évolution des sociétés africaines à l’aune de chemins balisés ailleurs couvre de très nombreux champs. Sur le plan politique, elle se traduit par exemple, à la sortie du régime colonial, par l’alignement sur les régimes dominants du temps de la Guerre froide, puis sur une démocratisation suivant, au moins en apparence, les canons de la démocratie libérale occidentale.

6Parlant depuis les sciences de l’Homme (psychologie, sociologie, anthropologie, etc.), C. Tapia [2001] considère « qu’il n’existe pas, en dehors du marxisme, de théorie générale de la transition, présentant les caractères classiques de la scientificité ». Depuis, si de nombreux textes décrivent, exemples à l’appui, des transformations contemporaines comme des transitions en cours [Steck 2006, Canning & al. 2015, Rolland & al. 2017], alors que d’autres s’attèlent à définir les grandes étapes de chemins désirables vers « la » transition [Renouard & al. 2020], peu de propositions ont été formulées pour théoriser le concept [Elzen & al.,2004]. Parmi celles-ci, nous retenons, en tant que géographes, celles de Geels [2001] et Loorbach [2007], qui invitent à saisir, à différentes échelles ou niveaux, les processus qui déclenchent et orientent des transitions… ou au moins les changements. Nous souhaitons mettre ici l’accent sur les transitions à plus forte implication territoriale : celles-ci relèvent de la démographie et du peuplement, de l’économie, des politiques territoriales. Notre présentation a pour cadre la période 1960-2020, des indépendances à aujourd’hui. Enfin, nous assumons la difficulté de grossir le trait pour parler des transitions africaines à l’échelle d’un continent qui compte 54 pays et (au moins) autant de trajectoires différentes. Pour autant, les différentes théories du développement ont joué un rôle performatif dans l’essentialisation du continent, en inventant « l’Afrique » par le simple fait de reconnaitre à cet ensemble de pays une convergence de besoins et de destins. Notre perspective articule en somme critique des modèles explicatifs dominants et analyse des grandes dynamiques territoriales africaines.

1. L’Afrique des transitions majeures

7Le continent africain est traversé par de très profonds changements – aux plans démographique, du peuplement, de l’économie – qui semblent s’inscrire, dans une large mesure, dans le registre des transitions. Cette lecture tend à accréditer le constat selon lequel l’Afrique suivrait, avec retard, les cheminements déjà empruntés ailleurs.

1.1. Une dernière grande transition démographique vertigineuse

8Le plus spectaculaire des changements contemporains concerne la transition démographique. L’Afrique sub-saharienne est le dernier continent à s’y engager, participant à une dynamique mondiale de convergence des comportements démographiques indissociable de la modernité [Todd & Courbage 2007] – que l’on peut notamment caractériser par l’émergence de l’individu et le déclin (relatif et inégal) des structures familiales collectives [Marie 2010].

  • 2 Les chiffres cités ici sont ceux de United Nations [2019].

9La baisse de la mortalité ne commence véritablement que dans les années 19502. À l’échelle continentale, la mortalité infantile passe de 183‰ à 47‰ entre 1950-1955 et 2015-2020. La fécondité baisse également : le nombre moyen d’enfants par femme est de 6,57 en 1950-1955, de 4,44 en 2015-2020. L’Afrique globalement se situe ainsi dans la deuxième phase de la transition démographique : la mortalité a baissé nettement, mais la fécondité, qui décroît, demeure élevée. La croissance démographique est alors maximale, et d’autant plus que la baisse de la fécondité est lente.

10Ces dynamiques de transition ont été plus précocement entamées par les deux extrémités du continent : en Afrique du Nord, la mortalité infantile passe de 201‰ à 23‰ entre 1950-1955 et 2015-2020, le taux de fécondité de 6,8 à 3,25 enfants par femme. En Afrique australe, ces indicateurs passent de 134‰ à 29‰, et de 6,06 à 2,5. Ces deux ensembles ont presque achevé leur transition démographique. Or ce sont aussi les régions les plus développées, les plus urbanisées, aux économies les plus diversifiées d’Afrique, ce qui semble valider les modèles de la transition démographique et du changement structurel.

11La transition démographique africaine a des implications majeures sur les changements globaux : car la population de l’Afrique devrait passer de 1,2 milliards d’habitants en 2020 à 2,5 milliards en 2050. Au-delà, les projections – abstraction faite des nombreuses incertitudes de l’Anthropocène (pandémies, conflits, famines, migrations) – envisagent une stabilisation démographique du continent à l’horizon 2100, avec une population comprise entre 3,3 et 4,4 milliards d’habitants, soit trois à quatre fois plus qu’aujourd’hui.

1.2. Une urbanisation à l’accélération récente

  • 3 https://population.un.org/wup/
  • 4 https://africapolis.org/home

12L’urbanisation constitue un autre champ de transition majeur en Afrique. En 1950, 13 % des Africains seulement vivaient en ville [CSAO 2020]. Entre 1950 et 1980, la vigoureuse poussée urbaine se déroule sur fond de forte croissance démographique : les taux de croissance urbaine annuelle moyens sont compris entre 6,4 et 8 % (hors Afrique du Nord et Afrique australe). Si les rythmes de l’urbanisation suivent globalement les cycles économiques – croissance rapide dans les décennies 1950 à 1970, fléchissement dans les décennies 1980-1990, puis reprise entre 2000 et 2015, particulièrement marquée en Afrique de l’Est – la transformation urbaine est spectaculaire. Les 28 millions de citadins kényans de 2018 sont plus nombreux que l’ensemble de la population urbaine sub-saharienne en 1960 [CSAO 2020]. En Afrique du Nord et en Afrique australe, on passe d’un tiers environ de citadins en 1960 à deux tiers en 2010. Ailleurs, de 10-20 % en 1960 à 20-40 % en 2010, parfois davantage. En 2020, 43,5 % des Africains vivent en ville selon l’ONU (World urbanization prospects3), 50 % selon Africapolis4. L’Afrique compte 567 millions de citadins, contre 27 millions en 1950 [CSAO 2020].

13La poussée urbaine s’est d’abord concentrée dans les plus grandes villes, souvent des capitales macrocéphales (les villes de plus d’un million d’habitants comptent 40 % de la population urbaine), ainsi que dans les petites villes de moins de 100 000 habitants (32 %) [CSAO 2020]. La tendance actuelle voit à la fois une tendance à la métropolisation (concentration des pouvoirs et des richesses dans les villes principales) et un ré-équilibrage des réseaux urbains en faveur des villes secondaires. Ces dynamiques urbaines s’inscrivent ainsi dans un double schéma de transition urbaine, avec le passage progressif à une population majoritairement citadine, et le passage de situations de macrocéphalie fréquentes à des armatures urbaines plus complexes marquées par l’émergence de villes secondaires et des configurations variées (villes moyennes devenant grandes grâce à la croissance démographique, nébuleuses urbaines formées par coalescence de fortes densités rurales, etc.) [Choplin 2019, CSAO 2020].

1.3. Des politiques de développement centrées sur l’exportation de produits primaires et l’industrialisation

14Les politiques de développement économique engagées dans les années 1960 ont essayé de financer l’industrialisation par l’exportation de matières premières agricoles et minières. Dans l’Afrique rurale des années 1960, la recherche du décollage a d’abord consisté à moderniser l’agriculture. L’essor des cultures de rente introduites à l’époque coloniale (café, cacao, arachide, coton, etc.) a permis un début de diffusion des acquis de la révolution verte et d’intensification des cultures. L’exploitation des ressources minérales (minerais, hydrocarbures) entamée en contexte colonial s’est poursuivie [Magrin 2013]. Les revenus ainsi dégagés, complétés par des emprunts, ont permis de suivre les modèles de l’industrialisation par substitution des importations (Afrique du Sud, Nigeria, Côte d’Ivoire, Sénégal…) ou par l’industrie lourde (Algérie), avec des résultats inégaux et dans l’ensemble décevants (cf. infra).

1.4. Des transformations territoriales au diapason des dynamiques mondiales

15Sur le plan territorial, l’Afrique connaît des évolutions qui reflètent les modèles mondiaux, selon des rythmes et des modalités variés. Les décentralisations sont approfondies depuis la fin des années 1990, dans un contexte de crise de l’État et de recherche de renouveau de l’action publique, consacrant, comme ailleurs, le « local » comme échelon de gouvernance à promouvoir. De même, le modèle européen influence fortement l’expérimentation et l’approfondissement d’expériences d’intégration régionale. Leur histoire est complexe. Malgré des progrès récents, l’intégration régionale – à l’échelle du continent ou de ses grandes parties - demeure une des plus faibles du monde [Magrin & al. 2018].

16Un tel panorama, qui passe en revue la manière dont l’Afrique s’inscrit dans le modèle des grandes transitions engagées ailleurs, a le mérite de montrer que l’Afrique est comme n’importe quelle autre partie du monde. Réduire l’Afrique à l’essentialisation négative qui sous-tend des représentations tenaces (« continent maudit ») serait absurde. En même temps, il procède d’une analyse à l’aune de modèles globaux qui nient la possibilité de configurations spécifiques.

2. Des transitions incertaines

17Si on y regarde de près, en changeant d’échelle notamment, les modèles universels de transition s’appliquent mal. Quels que soient les indicateurs considérés, les trajectoires suivies par les pays africains, dans leurs modalités comme dans leurs rythmes, se calquent rarement sur les courbes modélisées à partir des expériences des autres pays, notamment du Nord.

2.1. L’insaisissable horizon des transitions démographiques

18Les projections démographiques pour le continent ne cessent d’évoluer, d’un rapport des Nations-Unies à l’autre [United Nations 2019], révisant à chaque fois l’échéance d’une stabilisation de la population totale et l’effectif atteint à ce moment-là. C’est qu’au-delà de la lenteur des évolutions (comme la baisse de la fécondité), les cheminements ne suivent pas toujours le modèle canonique de la transition démographique, ni ceux imaginés et revisités pour le continent. Le tableau 1 (ci-dessous) montre que des pays comme le Ghana, le Kenya ou le Sénégal ont vu leurs taux de fécondité passer sous la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne seulement au tournant des années 1990-2000, en dépit de politiques précoces d’éducation et de santé. L’adoption de politiques de planning familial suivie de l’adhésion assez large des populations (à partir des années 1990 au Sénégal) n’a qu’en partie accéléré un processus qui reste lent. Ailleurs, dans des pays du Sahel plus pauvres et relativement peu peuplés par rapport à leur taille comme le Niger, le Tchad ou le Mali, la baisse du nombre d’enfants par femme est si lente qu’elle est quasi-nulle.

Tableau 1 – Évolution de quelques taux de fécondité en Afrique

Source : Banque Mondiale

  • 5 Y. Courbage (2018), communication au Forum mondial du développement durable « La bombe démographiqu (...)

19D’autres trajectoires sont plus surprenantes, comme celles de l’Égypte et de l’Algérie, où les taux de fécondité remontent sensiblement après avoir fortement baissé, en lien avec les crises économiques et l’éloignement des femmes du marché du travail5 – sans égard pour le modèle de la transition démographique. Ainsi, pour tous les pays du continent, la période de croissance démographique s’étire, mettant à mal les prévisions et les schémas explicatifs sur lesquelles elles reposent, en lien avec les effets des politiques publiques.

2.2. Au-delà des taux d’urbanisation, quelle urbanité ?

20Si les taux d’urbanisation se sont à peu près partout élevés brusquement à partir des décennies 1970-1980, la crise de la fin du 20e siècle a provoqué un ralentissement de l’urbanisation voire sa stagnation dans certains pays où les crises économiques et politiques conjuguées affectent d’abord les villes (Côte d’Ivoire, Cameroun). Surtout, l’urbanisation adopte des formes originales et parfois inattendues [Pliez 2003], peu comparables à ce qui s’observe ailleurs. Par exemple, plusieurs très grandes villes ou mégapoles se forment sans que leur croissance s’accompagne d’un renforcement significatif de leurs fonctions métropolitaines et d’un rayonnement dépassant le cadre national ou celui plus restreint encore de régions urbaines. Kinshasa en est l’archétype, avec une population de plus de 10 millions d’habitants mais quasiment aucun poids à l’échelle mondiale et même en Afrique centrale. Le long du corridor Accra-Douala s’étend une nébuleuse sub-urbaine composée de villes capitales et portuaires assez faiblement équipées et réunissant peu d’attributs caractérisant les métropoles [Lorrain 2011]. Plus généralement, très peu de métropoles africaines sont réellement des villes « globales » au sens théorisé par Saskia Sassen [Sassen 1991] dans et pour des villes des Nords, ou selon les classements internationaux [Magrin & al. 2018]. En effet, peu d’entre elles s’inscrivent dans un processus de métropolisation marqué par un rayonnement global et par l’affirmation de gouvernements métropolitains, dépassant les limites des villes et porteurs de transformations structurelles et fonctionnelles. Quant aux petites et moyennes villes, elles se présentent le plus souvent sous la forme de concentrations démographiques et économiques aux caractères urbains peu marqués tant dans les architectures, les fonctions que les modes de vies [Losch & al. 2016].

2.3. Sur le plan économique, des transformations hésitantes

21Les stratégies d’industrialisation mises en œuvre après les indépendances n’ont pas produit le rôle central attendu en matière de transformation des structures économiques et sociales. La part du secteur secondaire dans l’économie a globalement reculé, même si certains tissus industriels se sont stabilisés (Côte d’Ivoire, Sénégal, Kenya) après avoir été fortement fragilisés, notamment par la concurrence asiatique et par le coût de l’énergie. Les économies de rente, fondées sur l’exportation de matières premières brutes (agricoles, minérales ou forestières), demeurent donc au centre des systèmes productifs. Depuis l’an 2000, le contexte favorable à une augmentation des investissements a conduit à une multiplication des projets extractifs et agro-industriels, et donc à entretenir des économies de rente vulnérables à la baisse des cours [Magrin 2013]. Dans le secteur agricole, les systèmes rentiers n’ont pas réussi à diffuser autant qu’ailleurs des pratiques intensives. L’extensif demeure la logique dominante, ce qui pose des problèmes épineux (tensions foncières et impacts environnementaux).

22Dans le domaine industriel, un frémissement se fait néanmoins sentir depuis quelques années. Au Maroc, en Éthiopie, une dynamique d’investissement industriel est portée par des régimes autoritaires dont la stabilité « rassurante » a ouvert des champs relationnels porteurs (Europe ici, Chine là). En Éthiopie, où l’hydroélectricité et une main-d’œuvre abondante née de la transition démographique contribuent à contenir les coûts de production, un modèle de transition économique analogue à celui qu’ont connu les pays asiatiques semble se dessiner. L’Éthiopie deviendra-t-elle « la Chine de la Chine »6, c’est-à-dire un nouvel atelier à bas coût de main-d’œuvre de la production manufacturière globale, dans le cadre rassurant pour les investisseurs extérieurs d’un État stable car autoritaire ? Les fragilités multiples du pays, liées notamment à l’éthno-fédéralisme, et celles de son environnement régional, laissent la question ouverte.

23D’autres trajectoires moins lisibles se dessinent (Côte d’Ivoire, Ghana, Kenya, Ouganda, Sénégal, Tanzanie), avec des économies diversifiées et dynamiques (agriculture et secteur extractif, services), une urbanisation avancée, une redistribution effective et des indicateurs de développement humain (éducation, santé) en progression, sans inscription claire cependant dans un modèle de développement identifié.

2.4. L’énergie : plus qu’une transition, un impératif à n’importe quel prix

24La notion de transition énergétique en Afrique ne recouvre pas le même sens qu’ailleurs dans la mesure où l’origine de l’électricité (carbonée ou non, renouvelable ou non) est finalement secondaire dans la situation actuelle, emblématique du mal développement. Partout, la consommation énergétique par habitant reste très faible, la production ne parvient pas à répondre à la demande croissante, et elle reste dominée par les énergies traditionnelles tirées de la biomasse au prix de la dégradation des écosystèmes.

25Un « rattrapage » se fait parfois par des innovations dans le solaire (Maroc, Sénégal) ou la géothermie (Kenya). Mais l’échec de l’aménagement d’Inga, en République Démocratique du Congo (plus gros potentiel hydroélectrique du monde, où les projets de projet se succèdent depuis 1960 sans connaître une véritable montée en puissance), laisse l’impression qu’aucune stratégie structurante de long terme et d’envergure internationale n’est réalisable. Les gouvernements parent au plus pressé avec des stratégies opportunistes accueillant les programmes des différents bailleurs et partenaires privés, chacun avec leurs solutions (dont le charbon, rapide et peu coûteux, est loin d’être absent). En Afrique du Sud, la crise profonde de la compagnie électrique nationale Eskom [Jaglin & Dubresson 2015] enraye l’évolution économique et sociale et menace l’émergence du pays.

2.5. Des mutations territoriales peu tangibles

26Les intégrations régionales ont longtemps été présentées comme des intégrations de papier. Elles forment un entrelacs complexe d’institutions partiellement superposées et concurrentes et dont les réalisations tangibles sont peu nombreuses. En Afrique de l’Ouest, la CEDEAO a soutenu la construction de quelques corridors routiers internationaux et prévoit une libre circulation (inégalement appliquée) à l’intérieur de son espace ; le trafic de transit s’est développé mais le commerce intra régional stagne. L’inefficacité de nombreuses institutions à prendre en compte des dynamiques d’intégration « par le bas » qui expriment souvent le refoulé de territorialités anciennes ne facilite pas l’adhésion des acteurs économiques et des citoyens à leurs projets. À l’opposé scalaire, la décentralisation n’affiche pas de plus francs succès et se résume souvent à un transfert incomplet de compétences et de ressources depuis l’État central vers des collectivités locales, soit en réalité un simple désengagement.

27Dans le champ des politiques environnementales, l’Afrique s’inscrit dans la dynamique globale de mise en protection des espaces (la part des espaces protégés y est passée de 10 à près de 17 % de la superficie entre 2000 et 2020), mais là encore dominent les Paper parks – parcs de papier – qui n’existent que sur les cartes à petite échelle, tandis que dans la réalité ces espaces sont menacés par les riverains, ou par des acteurs urbains couverts par la corruption, voire par des réseaux criminels, dans un contexte de faible capacité institutionnelle des États.

2.6. Dynamiques nationales et logiques régionales : des trajectoires incertaines

28Les grands programmes d’équipement à vocation internationale comme celui du Nepad [Nepad et al. 2012] ou le barrage de la Grande renaissance éthiopienne se heurtent à des tensions géopolitiques et sont fragilisés par la divergence des trajectoires socio-politiques des différents pays (entre émergences et anomies profondes). Car les 54 trajectoires nationales ne sont évidemment pas étanches et l’effondrement d’un maillon faible menace ses voisins moins mal lotis, voire tout un ensemble régional s’il s’agit de grands pays. Au Nigeria, le poids du nombre (200 millions d’habitants aujourd’hui, 400 millions en 2050) décuple aussi bien le potentiel d’émergence (un marché intérieur virtuellement considérable) que la vulnérabilité. Dans nombre de pays qui cumulent des handicaps géographiques (aridité, enclavement au Sahel) et politiques (les trappes à conflit dont parle Ph. Hugon – Somalie, RCA, Soudan du Sud), voire dans les cas d’école de la « malédiction des ressources », comme la RDC ou la Guinée, les trajectoires politico-économiques, erratiques et peu lisibles, ne semblent pas solubles dans les modèles connus de transition vertueuse.

  • 7 Source: World Population Prospects 2012.

29En résumé, la faiblesse des États, la stagnation de l’industrialisation, la pérennité des économies de rente, la forte croissance de la population et l’arrivée sur le marché du travail de cohortes très nombreuses (22 millions d’entrants annuels en 2015 ; 400 millions entre 2015 et 20307), créent un contexte socio-politique tendu et souvent explosif peu favorable à suivre simultanément les chemins de transitions simples.

3. Comment alors qualifier les changements en cours en Afrique ?

30Les questions qui se posent à l’issue du panorama ainsi dressé renvoient à la qualification des dynamiques à l’œuvre (conformité au modèle ou contingence) et de leur synchronisation à l’échelle de l’Afrique et du monde. Si l’analyse des trajectoires africaines au prisme d’un appareillage conceptuel normatif importé des Nords condamne au constat d’échec, des dynamiques alternatives s’esquissent, confortant des appels à penser des futurs contingents.

3.1. « Tout est affaire de décor »8

  • 8 D’après le poème d’Aragon et Ferré intitulé « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? ».

31Il importe de bien prendre en compte les éléments contextuels internes (propres aux économies et sociétés du continent) et externes (liés au contexte mondial) pour comprendre les décalages observés entre les transformations contemporaines et les modèles connus s’inscrivant dans le registre des transitions.

32Dans bien des cas, les conditions préalables aux transitions (les configurations en place dans les étapes initiales), ou celles nécessaires à leur déclenchement, ne sont pas réunies dans les contextes africains qui se révèlent en quelque sorte inadaptés face aux modèles connus et suivis ailleurs. Par exemple, dans le domaine économique, plusieurs facteurs expliquent l’étape « ratée » de l’industrialisation à l’aune des grilles de lecture dominantes : un manque (quantitatif et qualitatif) abyssal d’infrastructures [Foster & Briceno-Garmendia 2010], une énergie rare et très coûteuse, des marchés étroits, des capitaux insuffisants du fait notamment d’une faible capacité d’accumulation (obérée par des mécanismes redistributifs très puissants) et des contextes politiques peu favorables aux IDE, etc. On pourrait multiplier les exemples pour chaque grande transition : dès lors que les situations initiales sont nettement différentes, les trajectoires suivies ne peuvent que difficilement converger. Par ailleurs, aucun modèle global ne prend en compte des spécificités historiques africaines comme l’impact de l’esclavage sur la démographie ou les effets de la durée et de la violence de la colonisation.

33Si les 54 États suivent des trajectoires peu reconnaissables, c’est aussi parce que les conjonctures économiques et environnementales globales (et donc les systèmes de contraintes qu’elles définissent) sont radicalement différentes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient il y a ne serait-ce que 30 ans, quand se dessinaient dans d’autres Suds des trajectoires d’émergence. Par exemple, les développements technologiques ont radicalement changé les conditions de la production industrielle, et l’émergence de la Chine suivant la sortie d’un monde bipolarisé a bouleversé la géopolitique mondiale. Surtout, l’urgence environnementale globale et l’impératif d’un changement de la matrice énergétique à l’échelle planétaire s’imposent, au travers de normes et de conditions associés aux prêts ou aux investissements, à tous les pays, quelles que soient leurs situations politiques et économiques.

34La contribution de l’Afrique à la grande accélération [Rosa 2005, Steffen & al. 2015] s’inscrit dans un cadre asymétrique. À titre d’exemple, la place du coltan ou du cobalt dans les chaînes de valeur mondialisées de l’électronique relève davantage d’une domination économique subie que d’une inscription maitrisée dans l’économie mondiale. Si l’Afrique réussissait à suivre la voie de l’émergence – définie par les politiques comme nouvel horizon d’affirmation politique et économique dans la mondialisation, qui remplace un développement évanescent et un développement durable émoussé – au terme d’une longue période de forte croissance rostowienne, cela aggraverait dramatiquement les défis des transitions mondiales tant les besoins du continent en matériaux, en énergie, en ressources alimentaires, minières et forestières, et donc en émissions de carbone, seraient considérables à l’horizon 2050. Cette forme d’injustice historique met les pays du continent au défi de suivre d’autres trajectoires, d’inventer d’autres voies.

3.2. D’autres modèles ?

35Comme dans le concept de développement, le paradigme de transition recèle une idéologie concourant à entretenir les rapports de domination entre Nords et Suds, à travers notamment les canaux de l’aide publique au développement. Il laisse peu de place à la formulation de modèles interprétatifs ou prospectifs alternatifs à partir d’une analyse distanciée de configurations autres, comme celles des pays africains [Sarr 2016]. Tant par sa dimension normative que par l’étroitesse du schéma descriptif qu’il propose, le modèle de transition s’avère donc peu adapté à la lecture des trajectoires africaines. Pour autant, il est scientifiquement difficile de renoncer à trouver des lois générales ou des modèles (ne pas tomber dans « la haine des idées générales et des conceptions globales » selon E. Morin [Tapia 2001]), et tout aussi difficile de considérer que l’Afrique serait le creuset de toutes les exceptions.

36Sur le continent, les changements s’accompagnent parfois de ruptures (par exemple la fin de l’apartheid), ils s’inscrivent dans des trajectoires non lisses (cas des taux de fécondité qui remontent) et ne suivent pas forcément les étapes connues ailleurs (celle du développement industriel par exemple). Or les transitions se présentent comme des processus suivant des étapes et des rythmes connus, souvent représentés par des courbes à la forme reconnaissable. Peut-on faire entrer dans le registre des transitions des changements non linéaires, discontinus, inaboutis, plus radicaux, ou allant dans des directions incertaines voire inconnues (il ne s’agirait alors pas d’une transition vers une situation mais d’un changement depuis une situation) ? Les systèmes électriques des périphéries des grandes villes qui adoptent des formes d’hybridation des sources d’énergie et des infrastructures (réseau intermittent, générateurs individuels, panneaux solaires…), inconnues dans les Nords, ne correspondent-ils qu’à de longues étapes dans des transitions imparfaites, ou bien à des modes durables et alternatifs d’organisation [Rateau & Jaglin 2020] ? Faut-il sinon remobiliser et revisiter d’autres cadres interprétatifs, celui des bifurcations systémiques ou des révolutions par exemple [Capoccia et Kelemen 2007] ? Plus simplement, peut-il exister des transitions qui ne passent pas par des étapes intermédiaires ?

  • 9 Processus où un / des produits conçus dans des pays « pauvres » ou émergents sont exportés et adopt (...)

37Une réponse est apportée par l’hypothèse du développement en leapfrog, selon laquelle on postule que des pays pourraient sauter l’étape de l’industrialisation, grâce à un secteur tertiaire dopé par l’économie numérique. Le surgissement rapide et ample du numérique qui suit celui de la téléphonie mobile dans plusieurs pays africains (Kenya, Rwanda, Côte d’Ivoire, Sénégal, notamment) rend ce scenario vraisemblable [Peyroux & Ninot 2018] : l’étape de la téléphonie fixe a été brève ou inexistante, la croissance de la téléphonie mobile est inédite, des innovations apparaissent en matière d’usage (mobile money, formation et accompagnement professionnel, etc.), des adaptations spécifiques de services comme le commerce en ligne ou l’utilisation de Facebook sans smartphone sont développées, et des effets accélérateurs sont en gestation dans différents secteurs (santé, éducation, agriculture). Ce processus en cours s’appuie sur des solutions (par exemple l’adoption généralisé de la mobile money en alternative à une bancarisation demeurant faible) qui révèlent la possibilité d’une reverse innovation9, et de la diffusion, à partir du continent, de modèles techniques construits en contexte de « frugalité » (moins de technologie, moins de coûts, plus de longévité). S’il est trop tôt pour anticiper des changements d’échelle à ce processus, il ouvre, pour plusieurs pays d’Afrique, une voie alternative possible à ce que l’on conçoit ailleurs en termes de transition.

38Nous retiendrons que si l’Afrique rentre difficilement dans les grands modèles des transitions, les 54 pays qui la composent ne forment pas non plus un modèle spécifique. Il peut surgir de cette diversité des modèles qui invitent à penser les pays africains non pas hors des grandes transitions, mais comme étant susceptibles de les conduire différemment.

Conclusion

39La tentation de cadrer les changements africains par les transitions est forte. Or les trajectoires y semblent encore plus incertaines qu’ailleurs (où pourtant…), si bien que la notion de transition (définie ici comme un modèle – contestable – de passage d’un état d’équilibre à un autre) ressemble décidément à un schéma rassurant mais peu agile pour penser la complexité des ajustements et des dynamiques en cours.

40L’épidémie de Covid-19 bouleverse les perspectives pensées avant et révèle qu’elles ne tiendront sans doute pas. Si l’épidémie a contribué à renforcer la sensibilité générale aux atteintes environnementales et aux risques qu’elles font porter à l’Humanité toute entière, les plans de relance économiques visant à restaurer des croissances élevées pour amortir le choc social risquent d’affecter les projets de transitions et les processus amorcés jusque-là. L’avenir est plus que jamais imprévisible, mais la certitude reste qu’il ne se passera pas partout la même chose, ni sur le continent africain, ni ailleurs. La transition reste-t-elle, dans ce contexte, une simplification utile ? Ce modèle descriptif n’est-il finalement rien d’autre qu’un prétexte pour imposer un modèle prescriptif de capitalisme vert dont les nouveaux contours restent à préciser ? La transition serait la voie qu’il faut (ou qu’il fallait, avant l’épidémie) suivre, s’en écarter serait un être un mauvais élève. Dans cette perspective, les pays africains sont a priori mauvais élèves, comme ils l’ont été depuis quarante ans pour suivre la voie néo-libérale de l’émergence globalisée. Mais ils sont aussi porteurs de leurs propres voies, certaines sans issues, d’autres prometteuses. La contribution de l’Afrique à la Grande transformation (plutôt que transition) s’inventera là, dans des trajectoires inattendues, peu prévisibles, convergentes avec les objectifs globaux. Car frugalité, développement à faible croissance, résilience positive, s’inventent peut-être plus rapidement, plus librement et plus efficacement sur le continent qu’ailleurs.

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Notes

1 Des tentatives de définition alternatives, comme celle de Mamadou Dia au Sénégal [Colin 2007] ou de J. Nyerere en Tanzanie [Raison 1993], ont été balayées à des stades d’expérimentation divers.

2 Les chiffres cités ici sont ceux de United Nations [2019].

3 https://population.un.org/wup/

4 https://africapolis.org/home

5 Y. Courbage (2018), communication au Forum mondial du développement durable « La bombe démographique : démographie, développement durable et géopolitique », Paris, Passages, 12 mars 2018. Session 2, Le défi africain.

6 Bloomberg 2014. https://www.bloomberg.com/news/articles/2014-07-22/ethiopia-becomes-china-s-china-in-search-for-cheap-labor

7 Source: World Population Prospects 2012.

8 D’après le poème d’Aragon et Ferré intitulé « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? ».

9 Processus où un / des produits conçus dans des pays « pauvres » ou émergents sont exportés et adoptés dans les pays industrialisés [Govindarajan, Trimble, 2012].

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Pour citer cet article

Référence papier

Géraud Magrin et Olivier Ninot, « Transitions et développement en Afrique :un continent d’incertitude »Bulletin de l’association de géographes français, 97-4 | 2021, 395-411.

Référence électronique

Géraud Magrin et Olivier Ninot, « Transitions et développement en Afrique :un continent d’incertitude »Bulletin de l’association de géographes français [En ligne], 97-4 | 2020, mis en ligne le 31 décembre 2021, consulté le 10 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/7168 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/bagf.7168

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Auteurs

Géraud Magrin

Professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR 8586 Prodig, CNRS, IRD, AgroParisTech, 5, cours des Humanités, F-93 322 Aubervilliers Cedex – Courriel : geraud.magrin[at]univ-paris1.fr

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Olivier Ninot

Ingénieur de recherches CNRS, UMR 8586 Prodig, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, IRD, AgroParisTech, 5, cours des Humanités, F-93 322 Aubervilliers Cedex – Courriel : olivier.ninot[at]univ-paris1.fr

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