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Sans mémoire des lieux ni lieux de mémoire. La Palestine invisible sous les forêts israéliennes

Without memory of places or places of memory.Invisible Palestine under israeli forests
Elisa Aumoitte
p. 245-260

Résumés

Depuis la création de l’État d’Israël en 1948, près de 240 millions d’arbres ont été plantés sur l’ensemble du territoire israélien. Dans l’objectif de « faire fleurir le désert », les acteurs de l’afforestation en Israël se situent au cœur de nombreux enjeux du territoire, non seulement environnementaux mais également identitaires et culturels. La forêt en Israël représente en effet un espace de concurrence mémorielle, incarnant à la fois l’enracinement de l’identité israélienne mais également le rappel de l’exil et de l’impossible retour du peuple palestinien. Tandis que 86 villages palestiniens détruits en 1948 sont aujourd’hui recouverts par une forêt, les circuits touristiques et historiques officiels proposés dans les forêts israéliennes ne font jamais mention de cette présence palestinienne passée. Comment l’afforestation en Israël a-t-elle contribué à l’effacement du paysage et de la mémoire palestiniens ? Quelles initiatives existent en Israël et en Palestine pour lutter contre cet effacement spatial et mémoriel ?

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Mots-clés :

Israël, Palestine, mémoire, forêts
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Texte intégral

1La mémoire collective est une composante majeure de la construction des discours nationaux qui s’opposent en Israël-Palestine. L’instrumentalisation du passé et la mise en exergue des traumatismes vécus par les peuples israéliens et palestiniens participent à la légitimation des décisions politiques prises dans le passé, au présent et pour le futur des deux États. Les sociétés israéliennes et palestiniennes semblent ainsi s’être installées dans une concurrence mémorielle, où la surenchère victimaire cristallise les identités et engendre des formes de radicalisation individuelles et collectives. Depuis plus de 70 ans, ce territoire de conflit est façonné par des dynamiques d’opposition, où la place accordée à la mémoire collective de l’autre peuple fait apparaître des enjeux socio-politiques majeurs.

  • 1 Cette étude est issue d’un travail de recherche pour un mémoire de Master 1, rédigé en parallèle d’ (...)

2En Israël, les forêts représentent à cet égard un exemple remarquable de l’imbrication entre mémoire et espace. Le paysage israélien est caractérisé par une présence importante de forêts et de parcs nationaux, due à une large entreprise d’afforestation menée depuis les débuts du mouvement sioniste au 20ème siècle. Dans l’objectif de « faire fleurir le désert », selon l’expression consacrée en Israël, les dirigeants sionistes puis les autorités israéliennes ont cherché à s’approprier le territoire à travers la plantation de plus de 240 millions d’arbres, soit 930 km2 de forêts. Représentant aujourd’hui près de 8 % de la surface totale du territoire, les forêts confèrent à l’État d’Israël l’image d’un pays très « vert » et ancrent sa présence dans l’Histoire. Inévitablement imbriquées dans les enjeux territoriaux et politiques du conflit israélo-palestinien, les forêts israéliennes sont des espaces où les mémoires traumatiques des deux peuples entrent en concurrence. Si elles représentent pour le peuple juif le renouveau, l’enracinement et la résilience, les forêts israéliennes sont, pour les Palestiniens, un constant rappel de l’exil et de l’impossibilité du retour dans leurs villages d’origine, en partie recouverts par ces forêts. En quoi l’afforestation en Israël a-t-elle contribué à l’effacement du paysage palestinien et à l’invisibilisation de la mémoire collective palestinienne ? Comment les mémoires israélienne et palestinienne entrent-elles en concurrence dans les forêts en Israël ? Enfin, quelles initiatives existent en Israël pour rendre visible la mémoire collective palestinienne dans les forêts ?1

1. L’afforestation en Israël, entre enracinement de soi et effacement de l’autre

3Si la grande majorité des forêts israéliennes a été plantée après 1948, les débuts de l’afforestation en Israël sont antérieurs à la création de l’État. Dès le début du 20ème siècle, le Fonds National Juif (FNJ), institution au cœur du mouvement du sionisme politique, joue un rôle fondamental dans les politiques d’aménagement du territoire de la Palestine mandataire.

1.1. Le Fonds National Juif, un acteur majeur de l’afforestation en Israël

4Créé en 1901, le FNJ, en hébreu le Keren Kayemeth LeIsrael (KKL), a pour mission principale l’acquisition, la gestion et la mise en valeur de terres en Palestine mandataire, afin de soutenir l’implantation des immigrés juifs sur le territoire. Au fil des années, le FNJ facilite le rachat de terres aux Anglais et aux Arabes par des dirigeants sionistes, afin d’y installer des communautés juives. L’acquisition de ces terres s’accompagne de politiques d’aménagement visant le développement d’une vie sociale et économique pour les nouveaux arrivants. Parmi celles-ci, le premier projet d’afforestation est réalisé en 1908 : le FNJ achète un terrain de près de 220 hectares près de la ville arabe de Lod et y plante une oliveraie en l’honneur de Théodore Herzl, fondateur du sionisme politique. Mais l’embauche d’une main d’œuvre arabe pour cet ouvrage provoque la colère des communautés juives locales, qui déracinent peu après les plantations, afin que la forêt Herzl corresponde à leur vision de la terre d’Israël : le pin remplace alors l’olivier, considéré comme « l’arbre des Arabes »

5L’afforestation s’intensifie après la chute de l’Empire ottoman et l’instauration du mandat britannique en Palestine. Conformément à la déclaration Balfour de 1917, promettant la création d’un foyer national juif, la puissance occupante britannique décide de soutenir les projets de plantation du FNJ qui se concentrent alors en Galilée, sur les côtes et dans les alentours de Jérusalem. L’afforestation porte en elle, déjà, l’objectif des dirigeants sionistes : revendiquer la mainmise sur la terre de la Palestine mandataire et aménager le territoire à destination du peuple juif [Joffre & Ribuot 2017]. Le FNJ bénéficie à cet égard d’une loi ottomane mise en vigueur en 1858. Cette loi indique que la propriété d’un terrain peut être revendiquée après trois années consécutives de culture sur celui-ci. L’aménagement forestier du territoire permet ainsi de revendiquer la propriété des terrains, tout en créant un lien émotionnel et symbolique entre les nouveaux arrivants juifs et le paysage aménagé. Le FNJ mène ainsi un processus d’appropriation du territoire dès le début du 20ème siècle, mais c’est après la création d’Israël que les projets de plantation vont connaître leur réel essor.

1.2. Planter pour effacer : l’afforestation après la création d’Israël

6L’afforestation s’accélère considérablement après la première guerre israélo-arabe, au point que le FNJ devient dès 1949 une organisation environnementale, responsable des parcs naturels et des forêts. Selon l’historien israélien Ilan Pappé, seulement 10 % des zones forestières actuelles d’Israël datent d’avant 1948 : à la veille de la création de l’État israélien, les forêts occupent 80 km2. En l’espace de 70 ans, ce sont plus de 240 000 millions d’arbres qui sont plantés par le FNJ, représentant aujourd’hui 930 km2, soit 8 % du territoire israélien. Cette afforestation massive à partir de 1948 répond en premier lieu à un enjeu mémoriel fort : de nombreuses forêts sont plantées en mémoire des victimes de la Shoah. La forêt des Martyrs, près de Jérusalem, en est un exemple. Dès 1951, ce sont 6 millions d’arbres qui sont plantés, symbolisant les 6 millions de Juifs ayant péri dans les camps de concentration. Une relation profondément intime et douloureuse s’instaure entre le peuple juif et les forêts, et donc avec la terre d’une manière globale : le sentiment de retour au sein d’une nature florissante, symbole de leur renaissance, coexiste avec l’exaltation de leur résistance après l’expérience traumatique de la Shoah [Friedman 2013]. Permettant au peuple juif de se reconnecter avec sa terre originelle, l’afforestation est également un moyen pour les Juifs de s’approprier ce retour, en faisant d’eux des acteurs engagés dans ce reboisement. Ce sont ainsi près de 10 000 immigrés juifs qui sont embauchés par le FNJ pour planter des arbres, auxquels s’ajoutent 5 000 personnes pour le développement des forêts et des parcs nationaux. Cela répond également à une réalité démographique et économique fondamentale, en fournissant un emploi à une main d’œuvre immigrée de plus en plus nombreuse [Kadman 2015].

Figure 1 – Les forêts et parcs naturels en Israel en 2017

Figure 1 – Les forêts et parcs naturels en Israel en 2017

Source : Natural Earth Data

7Mais l’afforestation répond également à une autre nécessité après la première guerre israélo-arabe, celle d’aménager un territoire vidé de 80 % de sa population arabe entre 1947 et 1949. L’exil forcé de près de 800 000 Palestiniens lors de la Nakba, catastrophe en arabe, entraîne la désertion de nombreux villages et parcelles agricoles, que les réfugiés vont, après la guerre, chercher à regagner. Mais la destruction de plus de 400 villages palestiniens au cours de la guerre et les mesures politiques mises en place par les autorités israéliennes empêchent le retour des réfugiés. Depuis lors, le droit au retour constitue l’une des revendications majeures des Palestiniens. Dès 1948, les autorités israéliennes tirent profit du code ottoman et le renforcent par une ordonnance intitulée « Ordonnance sur les terres en friche », qui permet au Ministère de l’Agriculture de saisir des terres non cultivées et de les transférer à quelqu’un qui les exploitera. Entre 1948 et 1950, des centaines de milliers d’oliviers sont arrachés et les paysans palestiniens sont empêchés d’accéder à leurs terres cultivées, afin que les terrains soient rapidement considérés en jachère et ainsi transmis à des propriétaires juifs [Pirinoli 2005]. La promulgation de la « Loi sur la propriété des Absents de 1950 » achève ce processus d’appropriation du territoire par le transfert des biens et terrains des « Absents ». Les Palestiniens, pour la plupart exilés, sont dans l’impossibilité de réclamer la propriété sur les terres qu’ils exploitaient auparavant. Ces dernières sont transférées à l’État d’Israël, dont la majeure partie est transmise au Fonds National Juif. Celui-ci doit ainsi aménager rapidement le territoire, afin de couvrir les ruines des villages détruits d’une part, et de justifier l’usage de la terre d’autre part [Kadman 2015].

Figure 2 – Villages palestiniens détruits en 1948

Figure 2 – Villages palestiniens détruits en 1948

Source : rs21.com

8Le boisement fulgurant du territoire israélien permet aux communautés juives d’affirmer leur légitimité de s’installer sur ces terres, puisqu’elles les cultivent. Le paysage où les villages sont détruits deviennent de ce fait difficilement identifiables. Sur les 240 millions d’arbres plantés à partir de 1948, près de 25 % le sont au cours de la décennie 1948-1958. Aujourd’hui, ce sont 86 anciens villages palestiniens qui sont recouverts par une forêt. Selon l’historien israélien Ilan Pappé, « le FNJ « écologise » les crimes de 1948 pour qu’Israël puisse raconter un récit et en effacer un autre. » [Pappé 2006].

2. Les forêts israéliennes, espaces de concurrence mémorielle

9Les forêts israéliennes gardent en elles la trace des mémoires traumatiques de la Shoah et de la Nakba. Elles incarnent autant la renaissance du peuple juif à travers sa reconnexion à la terre que l’arrachement à la terre et l’exil du peuple palestinien. En cela, les forêts en Israël sont devenues des espaces de concurrence mémorielle, où des dynamiques d’affrontement historique, politique et social sont encore aujourd’hui à l’œuvre.

2.1. Symbolique de l’arbre en Israël-Palestine

10Si les forêts israéliennes sont devenues des objets-mémoire au fil du temps, c’est aussi parce que l’arbre lui-même constitue pour les peuples palestinien et israélien un objet mémoriel et symbolique important, dont les représentations s’opposent de façon permanente. Dès 1908, le refus des communautés juives de voir des oliviers être plantés en hommage à Théodore Herzl laissait présager de la volonté du mouvement sioniste de façonner le paysage forestier selon sa propre représentation de la terre d’Israël. De fait, la dimension religieuse va occuper une place importante dans le choix des espèces plantées, puisque le FNJ se donne l’objectif de recréer un paysage forestier fidèle aux descriptions bibliques d’Israël. Ensuite, l’afforestation va également émaner d’une volonté des nouveaux arrivants juifs de façonner un paysage moderne. Les projets de plantation vont illustrer le caractère diasporique du peuple juif en étant marqués par diverses influences, en grande majorité européennes. Enfin, la plantation de forêts en Israël constitue un moyen de rendre hommage aux victimes de la Shoah, notamment dans les années qui suivent ce traumatisme vécu par les juifs d’Europe.

11La symbolique religieuse occupe en premier lieu une place importante dans les projets d’afforestation menés par le FNJ : l’usage de citations bibliques est récurrent dans la légitimation des aménagements paysagers et forestiers de l’organisme. Par exemple, selon le FNJ-France, les projets de plantation du Fonds National Juif trouvent leur origine dans la prophétie d’Isaïe :

« Dans le désert je ferai croître le cèdre, l’acacia, le myrte et l’olivier ; dans la campagne stérile je planterai, avec le cyprès, l’orme et le buis. » (Isaïe 41, 18-19)2 

12Les travaux de l’anthropologue Sylvie Friedman montrent la manière dont le texte biblique a « nourri l’imaginaire juif de ses paysages » à la fin du XIXème siècle, moment où « des écrivains nationalistes et des botanistes (…) vont revitaliser le rapport à la nature en l’hébraïsant » [Friedman 2013]. Cette importance accordée à l’espace naturel dans sa symbolique religieuse est illustrée par la création d’un musée des plantes bibliques en 1912 à Neot Kedumim, aujourd’hui devenu un parc naturel considéré comme « la seule réserve paysagère biblique au monde »3.

13Les forêts plantées en Israël portent également la marque de la diversité des origines du peuple israélien. Ce sont principalement des juifs ashkénazes européens qui composent le FNJ au début du XXème siècle, et ces derniers ont évidemment conservé un imaginaire de la forêt qui leur est propre. À cet égard, Sylvie Friedman note que les membres du FNJ « connaissent peu le chêne et le pin local, et les espèces qui composent le maquis méditerranéen : térébinthe, arbousier, arbre de Judée, caroubier, lentisque, laurier » [Friedman 2013, p. 66].

14Dans un premier temps, les juifs sionistes plantent de nombreux eucalyptus pour assécher les marais alentours, puis le pin devient l’espèce majoritairement plantée en raison de son aspect symbolique et de ses avantages pratiques. Mais les espèces choisies par le FNJ ne sont pas toujours adaptées au climat et à la terre : de nombreuses espèces de pin non locales ne se sont pas développées ou sont tombées malades. À partir des années 1960, le FNJ décide de planter davantage d’espèces méditerranéennes, telles que des oliviers ou des caroubiers, influencé notamment par l’arrivée de juifs sépharades venus de pays arabes.

15Enfin, les millions d’arbres plantés à la mémoire des victimes de la Shoah ont conféré aux forêts israéliennes une dimension symbolique forte, contribuant à enraciner l’identité israélienne à travers la construction d’une mémoire collective. Les forêts deviennent des objets-mémoire en devenant des espaces où les descendants des juifs d’Europe morts dans les camps de concentration peuvent se recueillir. Les forêts israéliennes renferment donc des symboliques plurielles, à l’image des bouleversements historiques vécus par le peuple juif. À cet égard, Sylvie Friedman souligne :

« La plantation des arbres est donc une activité qui permet de réunir et de symboliser mémoire religieuse et mémoire historique, mémoire de la conquête et mémoire du désastre, tout en peuplant concrètement un paysage. L’activité de plantation d’arbres en forêt permet de réconcilier deux visions antagonistes, celle du désastre et de la conquête, celle de la victime et du héros» [Ibid., p 80]

16Les Juifs ne sont pas le seul peuple à investir symboliquement le paysage forestier en Israël. La tradition scripturaire musulmane accorde également une grande importance aux arbres, considérés dans le Coran comme des créations qui rappellent la grandeur de Dieu. À travers cette tradition religieuse, les Palestiniens ont aussi construit leurs propres représentations de la nature et de la forêt. Comme pour les Israéliens, cette dimension religieuse va être couplée à une symbolique mémorielle forte, ici liée au traumatisme collectif de l’exil et de la dépossession. Les arbres, et notamment les espèces qui abondaient au temps de la Palestine ottomane et mandataire, deviennent de véritables objets-mémoire. Elles incarnent la trace matérielle de la présence palestinienne passée. Les oliviers, les orangers, citronniers, amandiers et figuiers de barbarie constituent pour les Palestiniens la preuve tangible de leur existence sur le territoire. Ainsi, Ilan Pappé affirme :

« Partout où l’on trouve des amandiers et des figuiers, des oliveraies ou des buissons de cactus, il y avait autrefois un village palestinien : ces arbres, qui s’épanouissent à nouveau chaque année, sont tout ce qui en reste » [Pappé 2006, p. 293]

17Le figuier de barbarie est, par exemple, devenu au fil du temps un symbole majeur de la résistance palestinienne. Très difficiles à éradiquer, les figuiers de barbarie en Palestine ont continué à fleurir malgré les destructions israéliennes. Traditionnellement utilisés pour délimiter les parcelles de terrain dans les villages palestiniens, ils continuent d’indiquer leur présence plus de 70 ans plus tard. Par ailleurs, le terme arabe désignant le figuier de barbarie est sabr, qui signifie également patience. La littérature et la poésie palestiniennes abondent de descriptions d’arbres et de paysages perdus, regrettés et fantasmés, imprégnés dans la mémoire collective palestinienne.

« Ni patrie ni exil que les mots,
Mais passion du blanc
Pour la description des fleurs d’amandier.
Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc
Dans leur dédain des choses et des noms ?
Si quelqu’un parvenait à une brève description des fleurs d’amandier,
La brume se rétracterait des collines
Et un peuple dirait à l’unisson :
Les voici,
Les paroles de notre hymne national ! » [Darwich 2007, p. 38]

2.2. Les enjeux politiques de l’afforestation et de la déforestation

18Les espaces forestiers sont pleinement intégrés dans les enjeux territoriaux du conflit israélo-palestinien. Lors de la Première Intifada, en 1987, des Palestiniens incendient de nombreuses forêts israéliennes. Le Fonds National Juif lance très rapidement une campagne intitulée « arbre pour arbre », incitant les juifs à planter un arbre pour chaque arbre brûlé par les Palestiniens. Il entreprend également de déraciner en Cisjordanie près de 160 000 arbres, notamment des oliviers, entre décembre 1987 et 1993 [Pirinoli 2005]. Ainsi, le fait de déraciner, d’incendier et reboiser répond à une « tentative de s’inscrire à la place de l’autre dans l’espace » [Pirinoli 2005]. Les autorités israéliennes, et particulièrement le FNJ, nourrissent l’idée qu’en incendiant les forêts, les Palestiniens détruisent la terre, de la même manière qu’ils l’ont méprisée avant la création d’Israël [Zerubavel 1995]. L’aménagement et la gestion de l’espace forestier devient pour le FNJ un moyen de se poser en garant de l’espace « naturel » israélien, tout en répondant à un objectif politique de discréditer les Palestiniens et leurs institutions, en particulier le Hamas.

Figure 3 – Bannière de présentation du site KKL-France

Figure 3 – Bannière de présentation du site KKL-France

Source : kkl.fr

19Pour nombre d’Israéliens, le travail du FNJ représente une avancée majeure dans le domaine de l’écologie et de la préservation de l’environnement, garantissant un paysage varié et offrant de nombreux « poumons verts » au sein du pays. La création de la Société pour la protection de la Nature en Israël (SPNI) en 1981 vient renforcer les actions menées par le FNJ, notamment dans la sensibilisation et l’éducation du public israélien au « respect, (à) l’amour et (à) la compréhension de la nature et de la terre »4. La défense de la nature et la défense de l’État ont été fortement associées en Israël : le travail de la SPNI est par exemple reconnu comme effort de guerre par le gouvernement israélien [Selwyn 1995]. Aujourd’hui, le FNJ et la SPNI travaillent notamment pour reboiser le désert du Néguev, où l’un des grands projets depuis le début des années 2000 est l’irrigation de vergers situés dans les « nouvelles zones vertes du Nord du Néguev ». À cette fin, le FNJ a notamment mis en place un système de purification des eaux usées de la région Tel-Aviv, ce qui permet de recycler l’eau et l’irriguer jusque dans ces vergers. Dans le Néguev, les villages de Bédouins n’ont aujourd’hui toujours pas d’accès à l’eau courante. De plus, les projets menés par le FNJ engendrent de nombreux déplacements forcés de populations, en Israël comme dans les Territoires palestiniens. C’est une réelle politique de greenwashing que le gouvernement israélien met en place en aménageant le territoire à pas forcés, au détriment des populations arabes locales.

20Aujourd’hui, le FNJ se présente comme « l’une des plus grandes organisations écologiques du monde », qui « dispose de connaissances professionnelles rares dans le domaine de l’agriculture et de l’écologie »5. Les axes de travail du FNJ se sont étendus à la recherche, à l’éducation, au tourisme, à la gestion de l’eau ainsi qu’au « développement de la communauté et sa sécurité ». À travers le travail du FNJ, les forêts israéliennes sont ainsi devenues de réels objets de patrimoine.

2.3. Patrimonialisation des forêts israéliennes

21Les forêts israéliennes ont été fortement patrimonialisées, en ce qu’elles « renvoient à l’idée d’héritage, légué par les générations précédentes, à transmettre intact aux générations futures » [Chevalier 2016]. Ainsi, les forêts en Israël sont devenues des lieux touristiques, en étant aménagées de manière à accueillir de nombreux visiteurs israéliens et étrangers. Les forêts du FNJ constituent d’abord des espaces de loisir, où de nombreuses installations et activités favorisent la récréation des visiteurs : tables de pique-nique, jeux pour enfants, randonnées, visites guidées... Elles sont également des lieux éducatifs, où les visiteurs peuvent consulter des informations liées à la sylviculture, à l’environnement, mais également à l’histoire d’Israël. On retrouve des panneaux explicatifs au sein de nombreux espaces forestiers israéliens, présentant l’histoire du territoire depuis plusieurs millénaires, permettant au visiteur d’en apprendre davantage sur les communautés qui y ont vécu.

Figure 4 – Panneau historique dans la forêt de Shoham, Israël

Figure 4 – Panneau historique dans la forêt de Shoham, Israël

Source : https://lisa-handmadeinisrael.blogspot.com/​

22Peut-on ainsi considérer le tourisme dans les forêts israéliennes comme un « tourisme de mémoire » [Hertzog 2012] ou bien comme un « tourisme éthique » ? Le FNJ semble être parvenu à mêler ces deux aspects en créant un lien indéfectible entre nature et culture, entre préservation du paysage et préservation de l’identité israélienne. Les visiteurs deviennent témoins et acteurs de ce tourisme mémoriel et environnemental. Le public occidental et plus spécifiquement chrétien, très en demande de ce type de lieu touristique historique, contribue grandement au développement des parcs forestiers israéliens, à travers des dons et des visites. Les touristes deviennent de réels entrepreneurs de mémoire [Chevalier 2015], en étant susceptibles de transmettre à leur tour les expériences vécues au sein des forêts israéliennes et les informations historiques qui s’y trouvent. Pourtant, au sein des forêts israéliennes, il n’est jamais fait mention de l’existence des villages palestiniens détruits en 1948-1949. Les forêts et parcs nationaux israéliens constituent ainsi des espaces où la visibilité des mémoires israéliennes et palestiniennes est inégale. Les visiteurs sont témoins et messagers d’une seule vision du passé, transmise par une institution au service du politique en Israël. Dans la lignée de la stratégie d’effacement du territoire palestinien par l’afforestation, le FNJ mène en parallèle une politique d’invisibilisation de la mémoire palestinienne en omettant consciemment d’évoquer l’existence des villages palestiniens enfouis sous ses forêts. Ilan Pappé souligne à ce sujet :

« Dans ces forêts, la négation de la Nakba est si omniprésente et a été si efficace qu’elles sont devenues un des grands terrains de lutte pour les réfugiés palestiniens qui souhaitent commémorer le souvenir des villages enterrés sous leurs arbres. Il se heurtent à une organisation – le FNJ – qui affirme qu’il n’y a que la terre nue sous les pins et les cyprès qu’elle a planté en ces lieux »
[Pappé 2006, p. 290]

23La forêt de Byria, située en Galilée, qui recouvre les villages de Biriyya, ‘Alma, Dishon, Qaddita, ‘Amqa et ‘Ayn Zaytun, tous détruits en 1948, illustre l’invisibilisation de la mémoire palestinienne menée par le FNJ. Cette forêt, d’une superficie de 2 000 hectares, se trouve à côté d’un moshav, une communauté agricole juive coopérative, érigé à l’endroit où se situait le village d’Ayn Zaytun, dont quelques ruines et bâtiments sont encore visibles. Avant 1948, Ayn Zaytun était peuplé d’environ 1000 habitants, qui cultivaient des olives et du raisin. Les vergers du village, en arabe boustans, étaient organisés en terrasses pour délimiter les parcelles. Aujourd’hui, la trace de ces terrasses est encore visible dans la forêt de Byria : on y trouve désormais une aire de pique-nique et de jeux pour enfants (cf. fig. 5).

24Sur le site du KKL-JNF, l’histoire d’Ayn Zaytun est détaillée et accompagnée d’un parcours virtuel dans la forêt. Le village est présenté comme étant juif depuis le Moyen-Âge, et il n’est fait aucune mention de la présence palestinienne au fil des siècles. La visite de la forêt de Byria et d’Ayn Zaytun « ramène le lecteur à la ville talmudique du IIIème siècle alléguée par le Fonds [National Juif], puis saute un millénaire entier de village et de communautés palestiniennes » [Pappé 2006].

Figure 5 – Aire de pique-nique dans la forêt de Byria

Figure 5 – Aire de pique-nique dans la forêt de Byria

Source : KKL-JNF

25Le Fonds National Juif est devenu au fil du temps un réel entrepreneur de mémoire, à travers une politique d’appropriation du territoire et de transmission d’une vérité historique qui lui est propre. Ce processus est intégré au sein d’une politique d’invisibilisation de la mémoire palestinienne plus vaste menée par l’ensemble du corps politique israélien. À travers les systèmes éducatifs, touristiques et même juridiques, l’État d’Israël s’attache à ne pas faire de place à la mémoire de la Nakba palestinienne. La promulgation de la Nakba Law en 2011, interdit par exemple à toute organisation financée par l’État de commémorer la Nakba le 15 mai, jour de fête nationale et de célébration de l’Indépendance en Israël. La mémoire de la Nakba en Israël se construit donc nécessairement comme une contre-mémoire. Mais certaines associations militantes, en Israël comme en Palestine, s’attachent à la rendre visible. À cet égard, le travail de l’ONG Zochrot s’oriente depuis plusieurs années vers la reconnaissance de la Nakba par les Israéliens, afin que cela conduise à la reconnaissance des droits individuels et collectifs des Palestiniens.

3. La résistance mémorielle en Israël : l’exemple de Zochrot

26Signifiant « se souvenir » en hébreu, Zochrot est fondée en 2002 par Eitan Bronstein-Aparicio, israélien d’origine argentine. L’association se donne pour objectif de sensibiliser les Israéliens à la mémoire de la Nakba. C’est dans la forêt de Canada Park, située non loin de Jérusalem, que les militants de Zochrot mènent leur première action. Plantée au-dessus des ruines de trois villages palestiniens, Em Was, Yalu et Beit Nuba, détruits en 1967, Canada Park a la particularité d’être située au-delà de la « Ligne verte » : la majeure partie de la surface forestière se trouve en réalité en Cisjordanie, ce qu’une grande majorité des visiteurs ignore, selon un sondage réalisé par Zochrot. Des visites historiques sont proposées dans la forêt à travers des panneaux, renvoyant à l’histoire romaine, la mythologie juive, les histoires de Hanouka, à l’époque des Mamelouks et à celle des Ottomans. Les membres de Zochrot y constatent une absence totale de mention des villages palestiniens, dont certaines ruines sont pourtant encore bien visibles. Par conséquent, ils organisent dans un premier temps des visites orales, à destination du public israélien, afin de présenter l’histoire de ces villages, en faisant notamment témoigner des Palestiniens qui en étaient originaires. Documentant leurs actions, à travers des films et des photographies publiées sur leur site Internet, les militants de Zochrot décident ensuite de planter des panneaux au sein même du parc, signalant la présence des ruines des villages palestiniens.

Figure 6 – Panneau de Zochrot dans Canada Park, 2007

Figure 6 – Panneau de Zochrot dans Canada Park, 2007

Source : zochrot.org

27Si certains visiteurs accueillent ces panneaux alternatifs avec curiosité et bienveillance, le FNJ décide immédiatement de les retirer, les considérant comme illégaux. Les militants de Zochrot mènent alors une action en justice, fortement médiatisée en Israël, auprès de la Cour Suprême israélienne. Après plusieurs années de débats judiciaires, cette dernière donne raison à Zochrot et oblige le FNJ à conserver ces panneaux qui mentionnent l’existence des villages palestiniens à Canada Park. Il s’agit, encore aujourd’hui, de la seule forêt israélienne mentionnant la présence de villages palestiniens, après de nombreuses années de combats menés par l’association.

28Les militants de Zochrot continuent à proposer des visites alternatives au sein d’autres forêts israéliennes et fondent le New KKL ou Nouveau FNJ, un mouvement artistique militant et engagé pour la reconnaissance de la présence palestinienne dans les forêts du FNJ. Le « New KKL » propose par exemple une exposition au sein de laquelle est imaginée une reconnaissance officielle de la Nakba par le FNJ, un parcours historique au sein de ses forêts ou encore des cartes alternatives. Zochrot propose également des ateliers, des conférences, des visites, afin de créer des ponts entre les communautés israéliennes et palestiniennes qui s’engagent dans le processus de paix entre les deux pays.

Figure 7 – Des réfugiés dessinent leur village de Maluul

Figure 7 – Des réfugiés dessinent leur village de Maluul

Source : zochrot.org

Figure 8 – Certificat de reconnaissance de la Nakba par le New-KKL

Figure 8 – Certificat de reconnaissance de la Nakba par le New-KKL

Source : zochrot.org

29Le travail de Zochrot dans les forêts du FNJ témoigne de la force des enjeux mémoriels et sociaux au sein des forêts israéliennes. Les difficultés rencontrées par l’organisation pour rendre l’histoire palestinienne visible au sein de ces forêts illustrent les rapports de force politiques qui se sont cristallisés autour de la question mémorielle de la Nakba. Ces politiques mémorielles menées par l’État israélien façonnent non seulement l’espace forestier israélien mais également le reste du paysage. L’invisibilité de la mémoire de la Nakba conduit à une méconnaissance profonde de la diversité sociale et historique du pays au sein de la société israélienne, où 20 % de la population est pourtant d’origine palestinienne. Pour les Palestiniens, les actions menées par ces militants représentent une possibilité de se recueillir, dans un lieu de mémoire non-officiel mais tout de même empreint d’une symbolique forte, car il représente le point de départ de leur exil. Les « visites du retour » organisées par Zochrot ou par d’autres organisations, notamment lors de la commémoration de la Nakba, chaque 15 mai, sont l’occasion pour les Palestiniens de se retrouver dans ces lieux, autour du souvenir de leur village et de la vie qui était la leur.

Conclusion

30Les forêts israéliennes sont devenues des lieux de mémoires qui entrent en concurrence, représentant soit un passé biblique ou un symbole mémoriel douloureux relatif à la Shoah pour les Israéliens, soit le lieu symbolique d’une vie regrettée et fantasmée pour les Palestiniens. Les politiques spatiales dans les forêts offrent aujourd’hui une place exclusive à la mémoire israélienne, mais sont fortement concurrencées par des acteurs mémoriels divers, allant des réfugiés palestiniens eux-mêmes à des organisations ou individus israéliens militant pour une égale reconnaissance des mémoires et des droits en Israël. La reconnaissance des mémoires traumatiques est au cœur des enjeux sociaux et culturels israéliens, en ce qu’elle permet aux groupes sociaux de se construire autour du souvenir du traumatisme sans en faire un objet mémoriel hystérisé [Robin 2003]. Le tourisme dans les forêts d’Israël participe à la négation de la Nakba, tout en conférant à l’État israélien une image de protecteur de la nature, l’identité et de la mémoire israélienne. L’invisibilisation de la mémoire palestinienne, autrement dit la négation la présence des Palestiniens dans le temps, complète la politique d’appropriation de l’espace palestinien menée par Israël depuis 1948. Aujourd’hui encore, les déplacements de populations et les restrictions de circulation des Palestiniens dans les Territoires occupés depuis 1967, la construction du mur de séparation autour de la Cisjordanie à partir de 2002 ou encore le blocus autour de la Bande de Gaza depuis 2007, témoignent de la volonté des autorités israéliennes de mettre à distance les populations palestiniennes de l’espace national israélien. La construction d’un vivre-ensemble en Israël-Palestine semble fortement compromise par ces perpétuelles réfutations de l’existence de l’autre dans le temps et dans l’espace.

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Bibliographie

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Zerubavel, Y. (1995) – Collective Memory and the Making of Israeli National Tradition, Chicago, University of Chicago Press, 340 p.

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Notes

1 Cette étude est issue d’un travail de recherche pour un mémoire de Master 1, rédigé en parallèle d’un stage de 4 mois au sein de l’ONG de développement CCFD-Terre Solidaire. Essentiellement basé sur des ressources bibliographiques, ce travail a également été nourri par les observations qui ont pu être faites au cours de stage, et les échanges avec des associations et des militants rendus possibles au cours d’une mission de terrain de 10 jours en Israël.

2 http://www.kkl.fr/plantations/

3 https://www.neot-kedumim.org.il/

4 https://natureisrael.org/

5 https://www.kkl-jnf.org/

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Table des illustrations

Titre Figure 1 – Les forêts et parcs naturels en Israel en 2017
Crédits Source : Natural Earth Data
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Fichier image/jpeg, 16k
Titre Figure 2 – Villages palestiniens détruits en 1948
Crédits Source : rs21.com
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/6779/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 12k
Titre Figure 3 – Bannière de présentation du site KKL-France
Crédits Source : kkl.fr
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/6779/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 20k
Titre Figure 4 – Panneau historique dans la forêt de Shoham, Israël
Crédits Source : https://lisa-handmadeinisrael.blogspot.com/​
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/6779/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 32k
Titre Figure 5 – Aire de pique-nique dans la forêt de Byria
Crédits Source : KKL-JNF
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/docannexe/image/6779/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 24k
Titre Figure 6 – Panneau de Zochrot dans Canada Park, 2007
Crédits Source : zochrot.org
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Titre Figure 7 – Des réfugiés dessinent leur village de Maluul
Crédits Source : zochrot.org
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Titre Figure 8 – Certificat de reconnaissance de la Nakba par le New-KKL
Crédits Source : zochrot.org
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Pour citer cet article

Référence papier

Elisa Aumoitte, « Sans mémoire des lieux ni lieux de mémoire. La Palestine invisible sous les forêts israéliennes »Bulletin de l’association de géographes français, 97-3 | 2021, 245-260.

Référence électronique

Elisa Aumoitte, « Sans mémoire des lieux ni lieux de mémoire. La Palestine invisible sous les forêts israéliennes »Bulletin de l’association de géographes français [En ligne], 97-3 | 2020, mis en ligne le 31 décembre 2021, consulté le 11 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/6779 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/bagf.6779

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Auteur

Elisa Aumoitte

Master 2 d’Études Moyen-Orientales, ENS de Lyon – Courriel : elisa.aumoitte[at]gmail.com

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Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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