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Palangkaraya : le destin contrarié d’une capitale

Palangkaraya: the thwarted destiny of a capital city
Olivier Sevin
p. 523-548

Résumés

Depuis près d’un demi-siècle, l’idée de déplacer la capitale indonésienne de Jakarta dans l’île de Java, à Palangkaraya dans le centre de Bornéo, revient périodiquement dans le débat politique. L’objet du présent article est, non seulement de retracer le destin singulier de cette ville nouvelle créée à la fin des années 1950, mais aussi de s’interroger sur les motivations d’un tel choix et de ses implications.

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Texte intégral

Introduction

1En 2010, l’idée a été émise par le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono de déplacer Jakarta, la capitale du Pays, jugée par trop congestionnée. L’alternative était la suivante : maintenir la capitale au sein de l’actuelle agglomération métropolitaine en développant le site de Jonggol près de Bogor, ou bien transférer la capitale dans une autre île, en l’occurrence Bornéo, en faisant de la ville de Palangkaraya, au cœur de la province de Kalimantan‑Centre, la nouvelle capitale du pays. Ce second choix pouvait à priori paraître surprenant dans la mesure où Palangkaraya, au cœur de la forêt dense, reste aujourd’hui encore assez mal reliée au monde extérieur. Et de nombreux observateurs de s’interroger sur les raisons d’un tel choix.

2À y regarder de près cependant, cette suggestion n’était pas si novatrice que cela. Il existait un précédent : à la fin des années 1950, dans un contexte politique radicalement différent il est vrai, la même idée avait déjà été avancée. Elle avait connu un début de réalisation : en 1957, les fondements d’une ville nouvelle avaient été jetés dans le centre de Bornéo. La ville s’était vue dotée d’infrastructures gigantesques qui laissaient présager un développement accéléré à grande échelle, puis le projet avait été abandonné.

Fig. 1 : Réseau routier et principales villes de Kalimantan

Fig. 1 : Réseau routier et principales villes de Kalimantan
  • 1 En 1930, on ne dénombrait que 4 562 Européens dans la résidence Zuider- en Oostrafdeeling van Borne (...)

3Bien évidemment, le choix de fonder une ville nouvelle dans le centre de Bornéo relève avant tout du politique. D’abord, parce que Palangkaraya est aujourd’hui l’unique ville du centre de l’île. Dans le reste du Kalimantan indonésien, dans le Sarawak et le Sabah malaisiens, et même au Brunei, la civilisation urbaine demeure exclusivement littorale (fig. 1). Ensuite, parce que la fondation de Palangkaraya n’a jamais été le fruit d’une quelconque nécessité économique. Et pour cause, Palangkaraya a été construite en pleine forêt, « au milieu de nulle part ». Jusqu’au début des années 2000, la ville n’était même pas reliée au monde extérieur par la route. Pour s’y rendre, il fallait soit, utiliser l’avion, soit remonter le fleuve Kahayan depuis Banjarmasin, la capitale de la province voisine de Kalimantan-Sud. Enfin, parce qu’alors que la présence européenne à Bornéo en général et dans le centre de l’île en particulier, a toujours été très limitée1, Palangkaraya est une ville qui a curieusement été construite selon des canons européens !

4L’objet du présent article est donc, non seulement de retracer le destin singulier de cette ville nouvelle, mais aussi de s’interroger sur les motivations récurrentes du gouvernement indonésien qui évoque périodiquement le déplacement de la capitale dans le centre de Bornéo, ainsi que sur les raisons qui ont présidé au choix d’un modèle urbanistique européen.

1. Une ville née d’une double volonté politique

5La ville de Palangkaraya a été fondée dans le centre de la partie indonésienne de Bornéo en 1957 sans aucune nécessité autre que politique. Sa création répond à un double désir : celui des populations dayak de s’affranchir de la tutelle de leurs voisins banjar et celui du Président Soekarno de satisfaire son ego et d’affirmer son pouvoir.

1.1. Une ville fondée « au milieu de nulle part »

  • 2 Indonésia, 1980, tabl. 7, p. 61

6En 1957, la fondation de Palangkaraya ne répondait à aucune nécessité économique. D’abord parce que le peuplement était extrêmement limité. La population dayak vivait au sein de villages de quelques centaines d’individus, qui s’égrenaient en position ripuaire tous les 4 à 5 km le long des cours d’eau majeurs, les interfluves étant totalement déserts. Aucune ressource naturelle minérale, pétrolière ou gazière n’avait été découverte et aucun front pionnier ne s’était alors encore développé que ce soit de manière spontanée ou bien avec l’aide d’une quelconque agence étatique. La nécessité de construire ne serait-ce qu’un petit centre administratif afin de fournir un encadrement minimal à des populations migrantes sur le modèle de la ville nouvelle de Metro fondée par le colonisateur néerlandais au début des années 1930, au Lampung, dans le sud de Sumatra, n’existait donc même pas. En 1960, la population du centre de l’île n’atteignait pas 500 000 habitants2, et la densité de population moyenne n’était que de 3,22 hab./km2 !

Photo 1 - Palangkaraya en 1980

Photo 1 - Palangkaraya en 1980

La ville est construite « au milieu de nulle part ». Les larges avenues ne sont reliées à aucun réseau routier

  • 3 Idem, tabl. 1, p. 1

7La région était par ailleurs quasiment inaccessible (photo 1). Il n’existait à l’époque de réseau routier que dans le sud-est de l’île autour de la ville de Banjarmasin qui, avec ses 213 000 habitants3 faisait figure de petite capitale régionale. Les routes ne desservaient que le nord du pays Banjar, en particulier l’Hulu Sungai, c’est-à-dire la région baignée par la rivière Negara, un affluent du Barito. Pour atteindre le centre-est de l’île, il fallait à l’époque emprunter les canaux creusés par les Néerlandais pour relier les fleuves Barito et Kapuas à la fin du xixe siècle, en particulier le canal Serapat, construit dans les années 1880‑1890, pour rejoindre Kuala Kapuas et, à partir de là, via le canal Basarang, remonter le fleuve Kahayan et rejoindre le pays Dayak. Le trajet était difficile dans la mesure où les taxis fluviaux ne pouvaient circuler que jusqu’à la confluence avec la rivière Rungan, et ce uniquement en période de hautes eaux. Pour rejoindre l’amont, notamment en période d’étiage, il fallait utiliser des pirogues motorisées de type long boats. Enfin, pour se rendre dans le centre-ouest de l’île, notamment le haut cours du Katingan, du Mentaya, du Seruyan et du Lamandau, il fallait obligatoirement passer par la mer et remonter les fleuves. Une fois sur place, il n’était de toute façon pas question de s’éloigner des berges des fleuves, aucune concession forestière n’ayant encore été accordée, aucune piste ne s’enfonçait en forêt, rendant les interfluves totalement inaccessibles sauf à avancer à la machette.

8L’économie de la région reposait à l’époque exclusivement sur l’essartage et quelques petites plantations paysannes. Chaque famille Dayak avait l’habitude d’ouvrir chaque année un essart (ladang), sorte de clairière ouverte en pleine forêt, et après avoir brûlé les abattis, de cultiver du riz pluvial complanté de quelques légumes. Après la récolte, le ladang était abandonné à la jachère forestière pour une trentaine d’années. Sur le cours moyen et relativement accessible des fleuves s’étaient développées depuis l’entre-deux-guerres des petites plantations villageoises articulées aux ladang. Sur les vallées relativement bien reliées à Banjarmasin et aux maisons de commerce par le réseau des canaux coloniaux (Barito, Kapuas et Kahayan) la culture de l’hévéa dominait, les Européens ayant diffusé des jeunes plants, tandis que sur les vallées plus difficiles d’accès dominait depuis la seconde guerre mondiale, celle du rotin, commercialisé par les commerçants chinois installés dans les ports de fond d’estuaires comme Sampit ou Kuala Pembuang [Sevin 1983].

1.2. Une revendication dayak

9La création de Palangkaraya répond, entre autres, à la volonté d’apaiser des tensions qui opposaient populations dayak de l’intérieur de l’île et populations malaises installées sur les côtes. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ces tensions prenaient une tournure dangereuse, susceptible de remettre en cause l’unité du pays.

1.2.1. Au niveau national, le risque sécessionniste était très présent

10Dans les premières années de l’indépendance, l’Indonésie a été secouée par une série de troubles dont le caractère sécessionniste était plus ou moins affirmé. Les fondements et les motifs de ces mouvements de rébellion étaient d’autant plus divers qu’un certain nombre de grandes questions concernant l’avenir du pays avaient été laissées en suspend : modèle politique (État fédéral ou État unitaire), nature des liens avec l’ancienne puissance coloniale, place à accorder aux grandes idéologies qu’elles soient de nature religieuse ou politique.

  • 4 Bruhat 1976, p. 91. Troubles fomentés par Kartosuwirdjo dans l’ouest de Java, insurrection de Daud (...)

11Plusieurs mouvements de nature politique avaient pris une tournure violente : troubles à caractère séparatiste à Garut, dans l’ouest de Java en 1947, insurrection communiste à Surabaya et à Madiun en septembre 1948, coup de force du capitaine Westerling à Bandung en janvier 1950… [Bruhat 1976 : 88-90, Devillers 1967-1968 : 245, Richer 1981 : 216-217]. Des troubles à caractère religieux avaient ensuite pris le relais : proclamation de la République des Moluques du Sud par les Chrétiens d’Ambon le 25 mai 1950, rébellions dans l’ouest de Java, à Sulawesi et à Sumatra (notamment au Lampung et en Aceh), plus ou moins étroitement liées au mouvement fondamentaliste musulman du Darul Islam.4

  • 5 Au plan politique, leur principal objectif consistait à affaiblir au maximum le mouvement indépenda (...)

12Cette instabilité permanente s’expliquait en grande partie par la politique menée par les autorités néerlandaises dans les dernières années de la période coloniale : sentant la fin approcher, afin de sauvegarder ceux de leurs intérêts qui pouvaient encore l’être, les Néerlandais s’étaient lancés dans une politique de « balkanisation » à outrance du pays, multipliant les promesses dans les îles5 et jouant des antagonismes ethniques et religieux réels ou supposés.

1.2.2. À Kalimantan, la situation était donc très confuse au début des années 1950

  • 6 Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, p. 94-103
  • 7 Dayak Besar, Kotawaringin, Daerah Banjar, Federasi Kalimantan Timur, Daerah Istimewa Kalimantan Bar (...)
  • 8 Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, p. 104-106

13À la suite de la proclamation de l’indépendance le 17 août 1945, un certain nombre de Dayak avaient rejoint la République indonésienne, et le drapeau rouge et blanc des indépendantistes avait été hissé sur la côte à Kumai le 1er septembre, et sur le haut Barito à, Puruk Cahu, le 9 octobre. Le retour des colonisateurs avait donné lieu à quelques combats, notamment à Tumbang Samba sur le moyen Katingan, et à Tumbang Manjul sur le haut Seruyan, en janvier et en septembre 1946. Dans l’ensemble cependant, en dépit de quelques échauffourées, le pays était resté calme et n’avait pas connu de troubles sanglants à la différence de Java et de certaines régions de Sumatra6. La partie néerlandaise de Bornéo avait été découpée en 5 régions autonomes en décembre 1946 (Grand Dayak, Kotawaringin, Région banjar, Fédération de Kalimantan Est, Région administrative spéciale de Kalimantan‑Ouest7) selon les vœux du gouvernement colonial et des élections aux différents conseils avaient eu lieu8.

  • 9 Sarikat Kaharingan Dayak Indonesia
  • 10 Ikatan Keluarga Dayak
  • 11 Avec des membres originaires, non seulement du Kahayan, mais aussi du Barito, du Kapuas, du Katinga (...)
  • 12 Gerakan Mandau Talawang Panca Sila
  • 13 Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, p. 116-122
  • 14 En septembre 1953, par exemple, suite au meurtre d’un entrepreneur chinois, des heurts violents ava (...)
  • 15 Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, p. 122-123
  • 16 Riwut Tjilik, 2003, p. 29-34 ; Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, p. 124-131

14C’est donc dans ce contexte très particulier, qu’une fois l’indépendance acquise, au début des années 1950, plusieurs associations dayak avaient vu le jour. Certaines modérées comme le SKDI9, bien implanté le long du Kahayan, et l’IKAD10 dont le recrutement était plus large11, d’autres plus revendicatives comme le GMTPS12, organisation « de lutte », fondée en août 1953 sur le Barito en pays Dusun. Toutes exigeaient la création d’une province de Kalimantan-Centre autonome et l’émancipation vis‑à‑vis des voisins banjar13, les deux premières pacifiquement, la troisième en recourant à la lutte armée14. Peu à peu, l’insécurité avait gagné l’ensemble des moyennes vallées, les échauffourées se diffusant du Barito (Bundar, Buntok, Madam, Muara Lahei) au Kahayan (Tewah), au Katingan (Kasongan), ainsi qu’au Mentaya (Saranau, Tehang) durant les années 1955‑195615. Il avait fallu attendre décembre 1956, pour que le calme revienne suite à la tenue à Banjarmasin d’un « congrès du peuple de Kalimantan ». Les 600 participants de ce congrès, en majorité des Dayak chrétiens, éduqués par les missionnaires européens, avaient réclamé de nouveau avec force, la création d’une province autonome dans le centre de l’île, ainsi que l’organisation d’élections en vue de la constitution d’une assemblée provinciale16. Leur souhait n’aurait cependant jamais été exaucé sans l’implication personnelle du Président Soekarno.

1.3. La ville de Soekarno

  • 17 Wijanarka, 2006, p. 4.
  • 18 Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, p. 135.
  • 19 Undang undang Nomor 21 Tahun 1958, Lembaran Negara Nomor 62

15Soekarno s’est rendu deux fois à Palangkaraya : la première en 1957, du 14 au 20 juillet, et la seconde en 1959, du 8 au 10 septembre17. Il a planté lui-même le « premier pieu » lors de sa première visite le 17 juillet 195718 et la ville a été officiellement fondée par décret publié au journal officiel sous sa présidence en 195819. Le contexte était alors très particulier : à peu près au même moment, des projets similaires voyaient le jour sous d’autres cieux. Au Brésil, le Président Kubitschek venait de lancer l’année précédente son célèbre « message d’Anápolis », dans lequel il proposait le nom de Brasilia pour la nouvelle capitale du pays dont il venait de décider la création. Au Pakistan, il était déjà question de la fondation d’Islamabad, ville qui sera élevée au rang de nouvelle capitale en 1959 [De Mello et al. 2004 : 30-37].

16On ne dispose pas de texte ou de document signé de sa main dans lesquels Soekarno aurait fait part de son intérêt, mais un certain nombre d’éléments témoignent de son implication personnelle, même si cela est de manière indirecte. Il y a d’abord le fait que Soekarno s’était toujours intéressé aux questions d’urbanisme et d’architecture. Il était sorti diplômé en 1926 de la Technische Hogeschool de Bandung et dans les années qui avaient suivi, avait fondé plusieurs cabinets d’architectes, le premier, en 1928 avec l’Ingénieur Anwari et le second, en 1931, avec l’Ingénieur Rosseno. Dans les années 1950, il avait par ailleurs beaucoup voyagé de Berlin à Rome à Washington… et s’était intéressé à l’Art Déco20. Il y a ensuite le choix de l’urbaniste qui a conçu la ville. Soekarno a fait appel à un architecte néerlandais, né à Brakel aux Pays-Bas en 1901, Dirk Andries Willem van der Pijl. Au lendemain de l’indépendance, ce dernier, après avoir épousé en secondes noces une certaine Anna Gasper d’origine indo-ambonaise, avait opté pour la nationalité indonésienne et s’était installé à Banjarmasin. Il avait pris la tête du service des Travaux Publics de la province de Kalimatan-Sud et avait conçu la ville nouvelle de Banjarbaru. Selon le témoignage de sa fille Marijke, Soekarno lui aurait demandé de construire une nouvelle capitale pour l’Indonésie indépendante dans le centre de Kalimantan21.

  • 22 En venant de la province voisine de Kalimantan-Sud, Kuala Kapuas est la première bourgade de la pro (...)
  • 23 Riwut Tjilik, 1979, p. 139 ; Indonésie, Pemerintah Kota Palangkaraya, 2006, p. 7-15 ; Wijanarka, 20 (...)

17Il y a enfin le cérémonial de fondation de la ville emprunt de nombreuses références javanaises. La cérémonie a certes débuté par un emprunt aux rituels locaux, avec notamment, en guise de « première pierre », un pieu puissamment fiché dans le sol évoquant les habitations dayak à plancher surélevé, mais la mystique javanaise a rapidement pris le relais avec en particulier l’utilisation de tout un système de correspondances autour du chiffre 17 censé évoquer l’anniversaire de l’indépendance du pays. Kalimantan-Centre était ainsi la 17e province du pays, fondée par le 17e cabinet depuis l’indépendance, le village de Pahandut à l’emplacement duquel la ville venait d’être fondée, était réputé être le 17e depuis Kuala Kapuas22, et également le 17e depuis l’embouchure du Kahayan, le tugu, l’obélisque commémoratif supportant la flamme qui symbolise l’esprit d’indépendance, était entouré de 17 piliers, la clé de la ville pesait 170 grammes, l’agglomération était composée de 17 villages… Enfin, dernier symbole javanais, un monument de forme pentagonale évoquait les 5 principes du Panca Sila23.

  • 24 BAPPEDA Provinsi Kalimantan tengah.
  • 25 Dinas Penerangan Provinsi Kalimantan Tengah

18Il reste néanmoins à comprendre les motivations profondes d’un tel projet. En la matière, on en est réduit à des conjonctures. Fonder une nouvelle capitale, c’est évidemment créer une rupture nette avec la période coloniale, Jakarta demeurant aux yeux de tous l’héritière de Batavia fondée par les Néerlandais au début du xviie siècle. C’est également un bon moyen d’installer l’Indonésie nouvellement indépendante sur la scène internationale. C’est une manière également d’afficher un indiscutable volontarisme, tant en matière politique qu’économique. Mais il est possible également que Soekarno ait voulu échapper à l’emprise de Jakarta et au risque insurrectionnel que la ville faisait peser de manière récurrente sur le pouvoir politique. À l’appui de cette thèse, il y a les témoignages de Lukas Tingkes qui fut maire de Palangkaraya et chef du service de la Planification24, ainsi que celui de T. T. Suan, journaliste, et ancien responsable du service de l’Information25.

Photo 2 Dans l’esprit de Soekarno, l’avenue Yos Sudarso devait pouvoir servir de piste d’atterrissage d’urgence en cas de troubles graves à Java

Photo 2 – Dans l’esprit de Soekarno, l’avenue Yos Sudarso devait pouvoir servir de piste d’atterrissage d’urgence en cas de troubles graves à Java
  • 26 Wijanarka, 2006, p. 26-27

19Selon eux, dans l’esprit de Soekarno, en cas d’urgence, Palangkaraya devait pouvoir servir de capitale de repli. L’avenue Yos Sudarso (photo 2) était réputée pouvoir être utilisée comme piste d’atterrissage d’urgence pour l’avion du président et du vice‑président26.

2. Une ville européenne

20Dès l’arrivée en avion, au premier survol, la singularité de Palangkaraya saute aux yeux de l’observateur averti. Qu’il s’agisse du site retenu et de l’insertion de la cité dans l’espace, de sa démesure, du plan de la ville et de la structure de ses quartiers, ou bien de l’organisation des voies de circulation, le contraste est saisissant avec les autres villes de Bornéo.

2.1. Une ville très étendue qui « fuit le fleuve »

  • 27 Du 22 mai au 24 juin 1894, dans son entreprise de « pacification », le résident néerlandais a réuni (...)
  • 28 Wijanarka, 2006, p. 63
  • 29 Kereng, Petuk Ketimpun, Hampapak, Tumbang Rungan, Jekan, Marang et Tahai
  • 30 Indonesia, Pemerintah Kota Palangkaraya, 2003, p. 25 ; Wijanarka, 2006, p. 63-64

21Palangkaraya est une ville créée quasiment ex nihilo sans véritable agglomération préexistante. Seul existait préalablement un petit village en position ripuaire, sur la rive droite du Kahayan nommé Pahandut. Son histoire est obscure : tout ce que l’on sait avec certitude est que son existence est attestée à la fin du xixe siècle. En effet, lorsque la paix est signée entre factions dayak à Tumbang Anoi27 en 1894, la rencontre est réputée avoir été organisée, entre autres, par un certain Ngabe Sukah, qui était à l’époque l’un des personnages éminent du village28. L’implantation devait toutefois être de dimensions très réduites puisqu’en 1957, le village n’était toujours peuplé que de 500 à 600 habitants répartis en 7 hameaux29 alignés de part et d’autre du Rungan et du Kahayan, Pahandut, le principal hameau, ne comptant que 21 habitations, soit environ 250 personnes30.

  • 31 Indonesia, Pemerintah Kota Palangkaraya, 2003, p. 32 ; Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, (...)

22Le projet initial, doté d’un budget de 25 millions de roupies, prévoit d’allouer un espace de 10 x 10 km à la ville nouvelle. L’essentiel du projet est réalisé par l’Ingénieur van der Pijl. C’est lui qui dresse les plans de la ville, ainsi que ceux des principaux bâtiments officiels en concertation, avec le Président Soekarno, l’Ingénieur P. M. Noor, ministre des Travaux Publics et Tjilik Riwut, le résident chargé d’assister le gouverneur de la province de Kalimantan-Centre en cours de création, George Obus31.

Fig. 2 : Les étapes de la croissance urbaine

Fig. 2 : Les étapes de la croissance urbaine
  • 32 Indonesia, Kota Palangkaraya, 2012, tabl. 1.11, p. 17

23Le plan retenu est celui d’une ville européenne planifiée, en toile d’araignée. C’est donc un plan radicalement différent de celui des villes qui existent à Kalimantan à cette époque. En effet, les villes malaises se sont toujours développées à partir des bourrelets de berges, en épousant les rives d’un estuaire comme Pontianak ou bien les digitations d’un delta comme Banjarmasin ou Samarinda, la croissance urbaine se calquant sur les axes fluviaux. Le projet de van der Pijl est novateur dans la mesure où il prévoit de simplement « adosser » Palangkaraya au fleuve, sans que la ville n’ait vocation à se développer le long du Kahayan, et donc sans que celui‑ci ne soit utilisé pour servir de lien entre les différents quartiers. Ce sont les rues qui partent du fleuve qui doivent canaliser et orienter le développement urbain. Palangkaraya a vocation à s’éloigner progressivement du Kahayan et à s’étaler sur l’arrière-berge, dans le lit majeur, à une altitude très faible de l’ordre d’une vingtaine de mètres32.

24Par voie de conséquence, le « front de Kahayan » est très limité. Il n’est véritablement développé que sur la rive droite, sur une longueur d’environ 2,5 km, la rive gauche n’étant pas véritablement intégrée à l’espace urbain. La rive gauche conserve une tonalité plus rurale avec des habitations à « plancher haut », relativement espacées les unes des autres, toujours entourées de jardins, qui ourlent le bourrelet de berge. L’espace bâti ne s’est étendu que sur la rive droite, dans trois directions (fig. 2).

25Vers le sud-est, en direction de la piste de l’aéroport, l’urbanisation qui n’était continue que sur environ 2 km à partir des berges du fleuve en 1980, s’étend aujourd’hui sur un peu plus de 4 km. Vers le sud, en direction de Banjarmasin, l’urbanisation a progressé de manière plus vigoureuse encore, puisque l’espace bâti continu dépasse aujourd’hui les 5 km, contre seulement 2 km au début des années 1980. Vers le nord‑ouest, c’est là que l’espace urbain s’est le plus étendu : la ville se prolonge aujourd’hui sur près de 10 km en direction de Tangkiling.

2.2. Une ville conçue pour l’automobile dans un pays sans routes

  • 33 Plus exactement, à la carrière de pierres dominée par un inselberg dont l’unique fonction a toujour (...)

26Ce n’est pas le moindre paradoxe. Alors que durant les quatre premières décennies de son existence, seul le fleuve permettait d’accéder à la ville, et qu’il n’existait qu’une unique route qui reliait la ville à Tangkiling, sur le Rungan33, le réseau viaire a toujours extrêmement développé (fig. 3).

  • 34 Indonesia, Kota Palangkaraya, 2012, tabl. 8.1.1, p. 187
  • 35 Idem, tabl. 8.1.3, p. 189

27L’agglomération qui comptait presque 600 km de routes en 2001, en compte plus de 900 km dix ans plus tard, dont 483 km asphaltés34. Le nombre de véhicules immatriculés a toujours été impressionnant : 25 675 voitures de tourisme, 14 427 camionnettes et camions, 353 minibus et près de 374 000 motos en 201135.

  • 36 Pulang Pisau, Mintin, Tangkiling, Kasongan, Sampit, Pangkalanbun, Sukamara, Kuala Kurun, Tewah, Mua (...)

28À la différence de Banjarmasin, la capitale provinciale voisine qui, jusqu’au début des années 1980, fonctionnait comme une sorte de petite « Venise asiatique » l’essentiel du transport des hommes et des marchandises s’opérant par voie d’eau le long de canaux ou de quantité de petits arroyos, le choix du « tout automobile » a été fait dès l’origine à Palangkaraya. Le projet prévoyait en effet, à partir d’un plan en toile d’araignée, d’organiser les différents quartiers autour d’un rond‑point central de 45 m de rayon. De là devaient partir 8 grandes artères censées placer Palangkaraya au centre d’un vaste réseau routier permettant de rejoindre l’ensemble des bourgades de la province appelées à se développer36. Ces artères étaient conçues comme autant de grandes avenues rectilignes, bordées de trottoirs, à double chaussée et à terre-plein central.

Fig. 3 : Le réseau viaire

Fig. 3 : Le réseau viaire
  • 37 Bundaran besar

29Ce plan originel a certes été modifié à plusieurs reprises au fil des ans, et toutes les avenues prévues n’ont pas été construites (sur les 8 prévues, seules 6 convergent aujourd’hui vers le grand rond‑point37, dont 3 avec double chaussée et terre-plein central), mais le choix du « tout automobile » n’a jamais été remis en question. Pour preuve, trois nouveaux ronds-points ont vu le jour, permettant de rejoindre un pont qui enjambe le Kahayan ainsi qu’un embryon de « périphérique » à une distance de 4,5 km du fleuve. Enfin, dès 1980, la ville s’est trouvée dotée de la première pompe à essence et du premier feu rouge du centre de Bornéo !

2.3. Un grand éclectisme

  • 38 Wijanarka, 2006, p. 89-93
  • 39 Idem, p. 96.

30Qu’il s’agisse de l’architecture ou du fonctionnement même de la cité, nombre d’emprunts européens sont clairement perceptibles. Certains sont assez évidents, mais d’autres peuvent sembler plus surprenants. Au premier groupe se rattache le Pelataran Agung, la vaste esplanade face au fleuve, d’une superficie de 10 ha, autour de laquelle auraient dû être construits les bâtiments emblématiques de la cité, qui n’a jamais vu le jour, mais que Soekarno avait projeté de réaliser à l’imitation des grandes places des villes européennes38. D’autres emprunts sont plus curieux. C’est le cas, par exemple, des influences soviétiques. Par certains aspects, Palangkaraya n’est pas sans rappeler certaines villes des anciens pays de l’Est, avec leur statuaire si spécifique marquée par le « réalisme soviétique » (photo 3), leurs avenues démesurées, leur plan de circulation qui contraint les automobilistes à se dérouter sur plusieurs kilomètres lorsqu’ils désirent changer de direction faute de pouvoir franchir aisément le terre-plein central. Il est probable que Soekarno a été marqué par l’urbanisme soviétique. On sait notamment qu’il a effectué de nombreux voyages à l’étranger dans les années 1950, notamment en URSS où il a visité la ville de Swerdlowsk, l’actuelle Ekaterinenbourg39.

Photo 3 Au centre du rond-point, la statuaire dayak a été fortement influencée par le « réalisme soviétique »

Photo 3 – Au centre du rond-point, la statuaire dayak a été fortement influencée par le « réalisme soviétique »
  • 40 Indonesia, Kota Palangkaraya, 2012, tabl. 1.10, p. 16

31Palangkaraya est, par ailleurs, une ville construite « en dur ». Hormis le long des berges du Kahayan, où un quartier malais s’est développé, il n’existe pas d’habitations en bois, à plancher haut et à toitures végétales à Palangkaraya. Toutes les constructions sont en briques recouvertes d’un crépi. Sur 12 504 permis de construire délivrés de 2001 à 2011, 12 467, soit 99,70 % d’entre eux, concernent des bâtiments dits « permanents », ce qui dans la terminologie officielle indonésienne, signifie construits « en dur »40.

  • 41 Somalyo Yulianto, 1998, p. 122
  • 42 Wijanarka, 2006, p. 66

32Sur le plan architectural, une grande diversité est de mise. Les bâtiments emblématiques de la cité, tels que le palais du gouverneur relèvent de ce qu’il est convenu d’appeler le style « austronésien » ou « nousantarien ». Dans la lignée des œuvres réalisées par le Néerlandais Henri Maclaine Pont, l’architecte s’est inspiré des traditions architecturales locales : toitures à doubles pans et frontons triangulaires qui évoquent les emprunts faits par certains Dayak eux-mêmes, notamment les Ngaju, à l’architecture malaise dans leurs habitations des moyennes vallées du Kahayan, du Katingan et du Mentaya ; ailes de bâtiments très allongées soulignées de longues colonnades qui ne sont pas sans rappeler les longues-maisons dayak (betang) juchées sur de hauts pilotis. Les différents immeubles de bureaux, qu’il s’agisse des bureaux du gouverneur ou bien de ceux des représentations des différents ministères, sont eux plutôt marqués par le style « art déco ». Il faut sans doute y voir l’influence de Soekarno formé à Bandung, ville où les bâtiments « art déco » se sont multipliés durant l’entre-deux-guerres sous l’influence Thomas Karsten. Ce dernier y a notamment enseigné l’aménagement à la Technische Hogeschool, l’actuel ITB41, et a eu une profonde influence sur toute une génération d’architectes indonésiens. Les logements des fonctionnaires relèvent d’un dernier type, plus simple, plus fonctionnel, appelé style jengki42, très fortement inspiré toutefois des villas coloniales destinées aux classes moyennes européennes dans les années 1920‑1930.

3. Une capitale imparfaite

33Palangkaraya est une ville en mutation dont le dynamisme démographique ne se dément pas depuis plusieurs décennies. Pour autant, la ville ne fonctionne pas véritablement comme un creuset dans lequel viendraient se fondre les différents peuples. Bien que la ville soit en voie de recomposition en fonction de critères socio-économiques, chaque groupe ethnique conserve toujours son individualité propre et continue à s’inscrire de manière spécifique dans l’espace. Par ailleurs, les activités de la ville sont toujours assez peu diversifiées et son pouvoir de commandement demeure modeste. En ce sens, Palangkaraya demeure une capitale imparfaite.

3.1. Un indéniable dynamisme démographique

34Sur le demi‑siècle, la croissance démographique de la capitale provinciale est assez spectaculaire. La ville dont la population n’atteint pas 7000 habitants en 1961, atteint près de 100 000 habitants trente ans plus tard, et dépasse 220 000 habitants en 2010. Sur la période 1961-2010, le taux de croissance annuel de la population dépasse 7,3 %, ce qui représente un taux près de 3,5 fois plus élevé que celui de la capitale provinciale voisine et rivale, Banjarmasin. Cet accroissement est particulièrement rapide dans les années 1970 et 1980 où il atteint respectivement 9,31 et 5,13 % par an.

  • 43 Le programme de transmigration est un programme de déplacement de populations des îles très peuplée (...)

35Les raisons de ce dynamisme sont à rechercher dans le vaste front pionnier qui s’est développé dans le centre de Kalimantan à partir des années 1970. Dans un premier temps, le gouvernement indonésien a distribué des concessions forestières dans la province de Kalimantan-Centre. Les loggers ont multiplié les pistes qui, pour la première fois, ont permis de pénétrer les interfluves jusque-là inaccessibles et, surtout, de contourner les rapides qui hachent le cours amont des fleuves. Dans la foulée des forestiers, quantités de migrants se sont engouffrés le long des pistes pour débiter jusqu’à la moindre bille de bois négligée par les grandes compagnies (banjir kap). Dans les années 1980, la province a été ouverte à la transmigration43. Au cours du 3e plan quinquennal (1979-1984), 175 000 familles ont été déplacées depuis Java dans une province peuplée à l’époque de seulement 954 000 habitants [Sevin 2001, T.1, p. 490]. Certes, pour l’essentiel ces transmigrants sont demeurés dans les villages où ils avaient reçu une exploitation, mais au fil des ans, les familles se sont scindées, et une partie des enfants a rejoint la ville. Par ailleurs, la promotion économique et sociale de certains transmigrants a suscité des vocations. Nombre de migrants spontanés ont ainsi été attirés dans le centre de Bornéo dans l’espoir d’une vie meilleure, et certains sont allés chercher fortune en ville. Ensuite, à partir de la fin des années 1990 et surtout depuis les années 2000, après qu’à la transmigration et à l’exploitation du bois aient succédé de gigantesques incendies (en 1997 notamment), la culture du palmier à huile a pris le relais : en 2005, près de 245 000 ha étaient ainsi convertis [Sevin 2008 : 448-450]. Enfin, plus récemment, la découverte de filons aurifères sur l’interfluve Katingan-Cempaga, a apporté la touche finale au tableau de ce gigantesque front pionnier. À une dizaine de kilomètres à l’ouest de Kasongan, en direction de Pundu, une véritable boom town est apparue. En quelques années, le petit bourg de Kereng Panji s’est développé sur la trans-Kalimantan, à mi-chemin entre les deux villes les plus importantes de la province, Sampit, le port de fond d’estuaire, sur le Mentaya et Palangkaraya, la capitale provinciale.

3.2. Une ville toujours marquée par l’ethnicité en dépit d’un début de recomposition socio-spatiale

  • 44 Indonesia, Badan Pusat Statistik Palangkaraya, 2007

36Ce dynamisme démographique explique que depuis le début du 3e millénaire, les populations d’origine dayak soient devenues minoritaires à Palangkaraya. Au recensement de 2000, les Dayak qui, dans les années 1950, avaient tant réclamé la création d’une province spécifique dotée d’une nouvelle capitale, ne représentent plus, tous groupes ethniques confondus, que moins de 39 % de la population. Ils sont talonnés de près par les populations malaises (d’origine banjar pour l’essentiel), dont ils avaient voulu s’émanciper, et par les Javanais qui représentent d’ores et déjà respectivement 30 % et 24 % de la population totale de la ville44.

  • 45 Kahayan et Katingan, pour l’essentiel

37Au plan spatial, les grands principes qui guident la répartition de la population à Bornéo se retrouvent transposés au sein de l’agglomération. Chaque groupe ethnique s’inscrit de manière très spécifique dans l’espace, contribuant à donner une tonalité bien particulière à chaque quartier. Les Dayak, essentiellement des Ngaju45, demeurent largement majoritaires dans les kelurahan qui s’égrènent le long du fleuve. En dépit de leur rattachement administratif à la ville de Palangkaraya, ils ont conservé leur aspect rural ; petits villages traditionnels avec leurs habitations à plancher haut juchées sur le bourrelet de berge (Mungku Baru, Petuk Berunai, Petuk Bukit, etc). Les Malais, pour l’essentiel des Banjar, se regroupent autour du port, notamment dans le kelurahan Pahandut où ils représentent plus de 61 % de la population (photo 4).

  • 46 D’une manière générale, plus les kelurahan sont petits et plus la proportion de Dayak est important (...)

38Les grands traits de la « ville malaise » s’y retrouvent : constructions en bois avec toitures en zinc ; habitations sur pilotis, toujours en position ripuaire, alignées le long d’allées ou de plateformes surélevées elles aussi construites en bois et réservées à la circulation des piétons et des cycles ; entrepôts construits sur radeaux permettant de suivre les variations du plan d’eau. Les populations javanaises se rencontrent pour leur part, soit le long des axes routiers, dans les kelurahan de Kalampangan et de Tumbang Tahai, par exemple, où elles représentent respectivement 83 % et 58 % de la population, soit au cœur même de l’agglomération, loin du fleuve, dans les kelurahan de Bukit Tunggal, de Panarung, voire de Menteng où elles représentent respectivement 37 %, 25 % et 21 % de la population46.

Fig. 4 : Les groupes ethniques

Fig. 4 : Les groupes ethniques

Photo 4 Le quartier du port, majoritairement peuplé de Banjar, a conservé un aspect malais qui tranche avec le reste de la ville

Photo 4 – Le quartier du port, majoritairement peuplé de Banjar, a conservé un aspect malais qui tranche avec le reste de la ville

Photo 5 Villa cossue qui témoigne de l’aisance d’une partie de la population de la ville

Photo 5 – Villa cossue qui témoigne de l’aisance d’une partie de la population de la ville

Fig.5 : les paysages urbains

Fig.5 : les paysages urbains

39Depuis le début des années 2000, la ville commence néanmoins à se recomposer au-delà des simples critères ethniques (fig. 5). Si, d’une manière générale, la ville donne le sentiment d’une relative aisance, avec son absence de bidonvilles, sa voirie de qualité et ses avenues bordées de trottoirs, on commence toutefois à distinguer trois grands types de quartiers nettement hiérarchisés en fonction de critères socio-économiques. Se différencie ainsi un premier quartier, véritablement résidentiel, « huppé » pourrait-on dire, de part et d’autre du principal rond-point de la ville, non loin du palais du gouverneur. Dans ce quartier fait de villas de belle facture (photo 5), certaines possédant même un étage, et toutes entourées de vastes jardins paysagés, le réseau viaire est de qualité : outre quelques véritables avenues, toutes les rues sont goudronnées et possèdent des trottoirs, toutes étant par ailleurs dotées de l’éclairage public.

40À proximité de ce quartier, au sud-ouest et à l’est, un second type de quartier, toujours résidentiel mais plus modeste, s’individualise également nettement. Entre les avenues Yos Sudarso et G. Obos ainsi qu’au sud de l’avenue Diponegoro, entre les rues RTA Milono et Set Adji, voire même autour de l’aéroport, quantité de petits pavillons ont été construits, cette fois encore avec des matériaux de qualité. Ici cependant, les habitations ne possèdent pas d’étage et ont été édifiées au milieu de parcelles de dimensions plus modestes, témoignant ainsi de l’émergence d’une véritable classe moyenne qui apprécie de vivre dans un quartier propre et bien tenu. À ces deux premiers types de quartiers s’oppose enfin un troisième ensemble fait de maisons plus simples, serrées les unes contre les autres parce qu’entourées de jardins minuscules, construites pour partie en matériaux végétaux, en zinc et en brique. Ces quartiers plus modestes que l’on trouve essentiellement, à l’est de la ville, de part et d’autre de la rue A. Yani, dans le centre, au nord de l’université, ainsi qu’à la sortie de la ville en direction de Tangkiling, ne sont pas pour autant insalubres. Ce ne sont pas non plus les plus étendus, ce qui témoigne par conséquent de la relative prospérité des habitants de la ville.

3.3. Une « capitale » en devenir

41Par rapport à ses homologues indonésiennes, Palangkaraya est une capitale provinciale « imparfaite ». L’espace y demeure très hétérogène, les fonctions peu diversifiées et le pouvoir de commandement modeste.

42En dépit de son statut de « ville », la Kota Palangkaraya, est de fait une agglomération. Elle est composée de 30 kelurahan ou « villages », regroupés en kecamatan ou « districts », d’abord au nombre de 2 au recensement de 2000, puis de 5 à celui de 2010. Parmi ces 30 « villages », seuls 10, ceux qui relèvent des kecamatan Pahandut et Jekan Raya, sont véritablement urbains et sont en fait des « arrondissements », les 20 autres conservant un aspect rural prononcé et demeurant des villages au sens strict. La « ville » de Palangkaraya est donc une construction qui, en 2014, demeure très hétérogène. Elle est composée d’un véritable centre urbain qui rassemble environ 195 000 habitants (soit un peu moins de 87 % de la population totale) entouré d’une nébuleuse de villages administrativement rattachés à la « ville », mais sans solution de continuité au plan spatial. Au sein de cette agglomération très étendue qui couvre 2678,51 km2, l’espace urbain proprement dit est donc modeste et ne compte que pour environ 17,5 % de la superficie totale, soit un peu moins de 470 km2 (photo 6).

Photo 6 L’avenue A. Yani constitue la principale artère commerciale de la ville

Photo 6 – L’avenue A. Yani constitue la principale artère commerciale de la ville
  • 47 Indonesia, Kota Palangkaraya, 2012, tabl. 3.1.1, p. 45-46

43Au niveau global, les densités de population sont donc très faibles. Calculée sur l’ensemble de l’ « agglomération », la densité moyenne n’atteint pas 84 hab./km2. À titre de comparaison, dans certaines régions rurales du centre de Java, elles dépassent parfois allègrement 2 500 hab./km2 ! Les densités ne dépassent 1 000 hab./km2 que dans les 4 arrondissements du centre ville, les plus élevées se rencontrant à Pahandut (2 636 hab./km2)47.

  • 48 Idem, tabl. 11.1, p. 223-225 et tabl. 6.1.1, p. 167
  • 49 Idem, tabl. 3.2.4, p. 59 et 11.1, p. 223-225.

44Palangkaraya a été fondée pour des motifs politiques, sans réelle nécessité économique. Par voie de conséquence, l’économie demeure encore peu diversifiée. Globalement, dominent les activités tertiaires, notamment celles qui relèvent du secteur public. Le secteur tertiaire intervient à hauteur de 79,18 % dans la constitution du PRB et fournit du travail à près de 69 % de la population. La part de la Fonction Publique y est écrasante : tous services publics confondus, elle compte pour 35,56 % du PRB. Inversement, l’industrie ne contribue à la constitution du PRB qu’à hauteur de 4,52 % et fournit un emploi à un peu moins de 3 200 personnes48. Pour l’essentiel, il s’agit de très petites entreprises, la moyenne s’établissant à 3,3 salariés par entreprise. Les entreprises les plus nombreuses sont à la limite de l’artisanat (tuileries, briqueteries, rizeries, travail du bois). Il existe cependant quelques entreprises plus importantes, notamment dans le secteur agro-industriel (usines de traitement des fruits du palmier à huile, par exemple). Comme, par ailleurs, nombre de villages ont été intégrés à la Kota Palangkaraya, les espaces agricoles demeurent étendus. Les activités agricoles fournissent toujours des emplois à près de 11 % de la population active, et contribuent toujours pour près de 6 % à la constitution du PRB49.

  • 50 Idem, tabl. 4.1.15, 4.1.16 et 4.1.17, p. 95-104.
  • 51 Premier cycle ou S1, réalisé en 4 ans.
  • 52 Indonesia, Kota Palangkaraya, 2012, tabl. 4.1.17, p. 104.

45Le pouvoir de commandement de Palangkaraya demeure également très modeste même si la ville dispose de quelques services de haut niveau. Dans le domaine universitaire, Palangkaraya abrite 19 établissements d’enseignement supérieur dont quatre universités, une université publique (UNPAR), trois universités privées dont deux religieuses, l’une musulmane (Universitas Muhammadiyah), l’autre protestante (Universitas Kristen) ; sept instituts techniques, ainsi que huit autres établissements. Durant l’année universitaire 2011‑2012, ces établissements ont accueilli un total de 12 280 étudiants, encadrés par 783 universitaires50. La réputation des universités demeure cependant limitée : les étudiants proviennent quasi exclusivement de la province et sont inscrits majoritairement en 1er cycle51 (96 %). La poursuite d’études se fait loin de Palangkaraya, à Banjarmasin, ou pour les étudiants les plus doués (et aussi les plus fortunés) dans les grandes universités de Java (Universitas Indonesia de Jakarta, ITB de Bandung, Universitas Gadjah Mada de Yogyakarta). Seuls 453 étudiants sont inscrits à Palangkaraya en 2e cycle (Master), et 30 seulement en thèse52.

  • 53 Indonesia, Kota Palangkaraya, 2012, tabl. 4.2.1, p. 110 ; Indonesia, Badan Pusat Statistik, 2012, t (...)
  • 54 BPS Provinsi Kalimantan Selatan, disponible sur le site (consulté en avril 2014) http://kalsel.bps. (...)
  • 55 Indonesia, Kota Palangkaraya, 2012, tabl. 4.2.2 et 4.2.3, p. 111-112

46Dans le domaine médical, Palangkaraya dispose de trois hôpitaux, 10 dispensaires ou centres de santé, et 47 petits centres de soins. C’est cependant relativement peu par rapport au reste de l’île. L’ensemble de la partie indonésienne de Bornéo, compte en effet 95 hôpitaux, et 836 dispensaires53, la seule capitale provinciale voisine, Banjarmasin comptant déjà 11 hôpitaux54. En outre, sur le plan du personnel médical, la ville ne compte que 31 médecins et 11 dentistes, et parmi les premiers, aucun spécialiste55.

  • 56 Daftar alamat dan N° Telp Bank di Banjarmasin, disponible sur le site http://beritalengkap.com/bisn (...)

47Dans les autres domaines aussi divers que le secteur bancaire, la presse, ou l’aire d’attraction des maisons de commerce, le poids de Palangkaraya demeure également très modeste. La ville compte certes 14 agences bancaires (ainsi que 56 distributeurs de billets), ce qui, dans le contexte de Bornéo n’est pas négligeable, mais la concurrente Banjarmasin en compte, elle, 2656. En matière de presse, le Banjarmasin Post édité à Banjarmasin, est largement aussi lu que le Palangkaraya Post ou le Kalteng Post. D’autre part, l’essentiel de l’approvisionnement de la ville provient toujours de Banjarmasin. Simplement, alors que dans les années 1980, les marchandises remontaient le Kahayan, elles empruntent aujourd’hui la route. De même, la commercialisation des produits de l’agriculture commerciale hormis, pour partie seulement, l’huile de palme, échappe à Palangkaraya. Le rotin est toujours exporté par les maisons de commerce chinoises installées en aval de Sampit sur le Mentaya, et le caoutchouc via Banjarmasin.

Conclusion - Palangkaraya a-t-elle une chance de devenir la nouvelle capitale de l’Indonésie ?

48On l’a compris, faire de Palangkaraya la nouvelle capitale de l’Indonésie est un pari risqué. En dépit de l’amélioration substantielle du réseau routier ces dernières années, la ville demeure toujours très isolée et dépendante de l’avion pour ses relations avec l’extérieur. Son potentiel de développement économique est par ailleurs, pour l’instant du moins, assez limité.

49Ce serait par contre effectuer un pas décisif en direction du parachèvement de l’unité nationale. Déplacer la capitale dans le centre de Kalimantan serait un moyen de poursuivre l’œuvre de consolidation territoriale entreprise avec l’ouverture de la province aux migrations spontanées puis organisées à la fin des années 1970 et au début des années 1980. De ce point de vue, quitter Jakarta, ne permettrait pas seulement de refermer la parenthèse coloniale ouverte avec la création de Batavia, ce serait également, sur un mode symbolique, une façon de signer la fin de la dichotomie instituée par le gouvernement néerlandais entre Java en Madoera d’un côté et les Buitengewesten de l’autre, entre Java et les provinces dites « extérieures », de manière à présenter au monde un pays unifié.

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Wijanarka (2006) – Sukarno dan Desain Rencana Ibu Kota RI di Palangkaraya, Yogyakarta, Ombak.

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Notes

1 En 1930, on ne dénombrait que 4 562 Européens dans la résidence Zuider- en Oostrafdeeling van Borneo, les trois-quarts résidant sur la côte dans les deux afdeeling de Bandjermasin et de Samarinda, l’afdeeling de Koealakapuas au centre de l’île, n’en comptant que 55 ! Indes Néerlandaises, 1936, tabl. 1, p. 120-121.

2 Indonésia, 1980, tabl. 7, p. 61

3 Idem, tabl. 1, p. 1

4 Bruhat 1976, p. 91. Troubles fomentés par Kartosuwirdjo dans l’ouest de Java, insurrection de Daud Beureu’eh en Aceh du 19 septembre 1953, terrorisme de Kahar Muzakkar dans le golfe de Bone et dans le sud de Sulawesi, proclamation du PRRI (Pemerintah Revolusioner Republik Indonesia) à Padang, sur la côte occidentale de Sumatra en février 1958. Le lecteur intéressé consultera avec intérêt à ce sujet : Ricklefs 1991-1993, p. 247 ; Richer 1981, p. 222.

5 Au plan politique, leur principal objectif consistait à affaiblir au maximum le mouvement indépendantiste bien implanté à Java et dans certaines régions de Sumatra. C’est la raison pour laquelle, suite à la conférence de Malino (Célèbes, 16-22 juillet 1946) durant laquelle, ils avaient discuté de l’avenir du pays avec des représentants soigneusement sélectionnés des populations des îles, ils avaient décidé, le 15 novembre 1946 à Linggadjati, dans l’ouest de Java, de créer un État de l’Indonésie orientale, ainsi qu’un État de Bornéo [Devillers 1967-1968, p. 240-242, Bruhat 1976, p. 87]. Trois ans plus tard, à la conférence de la Table Ronde organisée en vue du transfert de souveraineté, ce sont ces mêmes dispositions qui avaient été reprises (La Haye 23 août-2 novembre 1949). C’est donc un État fédéral, la République des États-Unis d’Indonésie qui avait accédé à l’indépendance au sein d’une confédération, l’Union hollando-indonésienne, le 27 décembre 1949 . Le pays avait donc été volontairement morcelé et fragilisé afin de préserver influence et intérêts européens européens [Devillers 1967-1968, p. 240-247, Bruhat 1976, p. 87-91].

6 Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, p. 94-103

7 Dayak Besar, Kotawaringin, Daerah Banjar, Federasi Kalimantan Timur, Daerah Istimewa Kalimantan Barat.

8 Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, p. 104-106

9 Sarikat Kaharingan Dayak Indonesia

10 Ikatan Keluarga Dayak

11 Avec des membres originaires, non seulement du Kahayan, mais aussi du Barito, du Kapuas, du Katingan, du Mentaya et même de Kotawaringin (Indonesia, Provinsi Kalimatan Tengah, 2006, p. 118)

12 Gerakan Mandau Talawang Panca Sila

13 Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, p. 116-122

14 En septembre 1953, par exemple, suite au meurtre d’un entrepreneur chinois, des heurts violents avaient opposé militants du GMTPS et forces de l’ordre à Buntok et quatre arrestations s’en étaient suivies

15 Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, p. 122-123

16 Riwut Tjilik, 2003, p. 29-34 ; Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, p. 124-131

17 Wijanarka, 2006, p. 4.

18 Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, p. 135.

19 Undang undang Nomor 21 Tahun 1958, Lembaran Negara Nomor 62

20 Olly, 1985, dans Wijanarka, 2006, p. 14-22

21 http://hirangputihhabang.wordpress.com/2012/05/02 mengenang-van-der-pijl-seorang-belandapendiri- kota- kota-di-kalimantan-bagian-1, et idem, bagian-2, consultés le 24/01/1

22 En venant de la province voisine de Kalimantan-Sud, Kuala Kapuas est la première bourgade de la province de Kalimantan-Centre

23 Riwut Tjilik, 1979, p. 139 ; Indonésie, Pemerintah Kota Palangkaraya, 2006, p. 7-15 ; Wijanarka, 2006, p. 8 (reprenant des extraits du discours inaugural du Gouverneur Milono). Panca Sila : « Cinq principes » énoncés par Soekarno pour servir de base au développement du pays.

24 BAPPEDA Provinsi Kalimantan tengah.

25 Dinas Penerangan Provinsi Kalimantan Tengah

26 Wijanarka, 2006, p. 26-27

27 Du 22 mai au 24 juin 1894, dans son entreprise de « pacification », le résident néerlandais a réuni au village de Tumbang Anoi sur le haut Kahayan les chefs de tribus dayak. La réunion qui s’est tenue chez le Damang Ribu (également appelé Damang Batu) a permis de mettre fin aux conflits entre groupes dayak, ainsi qu’à la pratique de la chasse aux têtes, Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, p. 71-73.

28 Wijanarka, 2006, p. 63

29 Kereng, Petuk Ketimpun, Hampapak, Tumbang Rungan, Jekan, Marang et Tahai

30 Indonesia, Pemerintah Kota Palangkaraya, 2003, p. 25 ; Wijanarka, 2006, p. 63-64

31 Indonesia, Pemerintah Kota Palangkaraya, 2003, p. 32 ; Indonesia, Provinsi Kalimantan Tengah, 2006, p. 131

32 Indonesia, Kota Palangkaraya, 2012, tabl. 1.11, p. 17

33 Plus exactement, à la carrière de pierres dominée par un inselberg dont l’unique fonction a toujours été de fournir les roches indispensables à la construction de la chaussée qui y menait !

34 Indonesia, Kota Palangkaraya, 2012, tabl. 8.1.1, p. 187

35 Idem, tabl. 8.1.3, p. 189

36 Pulang Pisau, Mintin, Tangkiling, Kasongan, Sampit, Pangkalanbun, Sukamara, Kuala Kurun, Tewah, Muara Teweh, Puruk Cahu

37 Bundaran besar

38 Wijanarka, 2006, p. 89-93

39 Idem, p. 96.

40 Indonesia, Kota Palangkaraya, 2012, tabl. 1.10, p. 16

41 Somalyo Yulianto, 1998, p. 122

42 Wijanarka, 2006, p. 66

43 Le programme de transmigration est un programme de déplacement de populations des îles très peuplées de Java et de Bali, en direction des îles réputées sous-peuplées, organisé au plus haut sommet de l’État. Le lecteur intéressé se reportera à Sevin, 2001

44 Indonesia, Badan Pusat Statistik Palangkaraya, 2007

45 Kahayan et Katingan, pour l’essentiel

46 D’une manière générale, plus les kelurahan sont petits et plus la proportion de Dayak est importante et inversement : Petak Berunai (157 hab. et 100 % de Dayak), Kanarakan (414 hab. et 98 % de Dayak), Panjehang (580 hab. et 94 % de Dayak) ; a contrario, Menteng et Langkai, (22 000 et 20 000 habitants et 49 % de Dayak), Pahandut (22 500 habitants et seulement 13,5 % de Dayak), Panarung (16 000 habitants et 27 % de Dayak)

47 Indonesia, Kota Palangkaraya, 2012, tabl. 3.1.1, p. 45-46

48 Idem, tabl. 11.1, p. 223-225 et tabl. 6.1.1, p. 167

49 Idem, tabl. 3.2.4, p. 59 et 11.1, p. 223-225.

50 Idem, tabl. 4.1.15, 4.1.16 et 4.1.17, p. 95-104.

51 Premier cycle ou S1, réalisé en 4 ans.

52 Indonesia, Kota Palangkaraya, 2012, tabl. 4.1.17, p. 104.

53 Indonesia, Kota Palangkaraya, 2012, tabl. 4.2.1, p. 110 ; Indonesia, Badan Pusat Statistik, 2012, tabl. 4.2.8, p. 155

54 BPS Provinsi Kalimantan Selatan, disponible sur le site (consulté en avril 2014) http://kalsel.bps.go.id/?set=viewDataDetail2&flag_template2=1&id_sektor=34&id=1167,

55 Indonesia, Kota Palangkaraya, 2012, tabl. 4.2.2 et 4.2.3, p. 111-112

56 Daftar alamat dan N° Telp Bank di Banjarmasin, disponible sur le site http://beritalengkap.com/bisnis/324/daftar-alamat-dan-no-telp-bank-di-banjarmasin, consulté le 25 avril 2014

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 : Réseau routier et principales villes de Kalimantan
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Titre Photo 1 - Palangkaraya en 1980
Légende La ville est construite « au milieu de nulle part ». Les larges avenues ne sont reliées à aucun réseau routier
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Titre Photo 2 Dans l’esprit de Soekarno, l’avenue Yos Sudarso devait pouvoir servir de piste d’atterrissage d’urgence en cas de troubles graves à Java
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Titre Fig. 2 : Les étapes de la croissance urbaine
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Titre Fig. 3 : Le réseau viaire
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Titre Photo 3 Au centre du rond-point, la statuaire dayak a été fortement influencée par le « réalisme soviétique »
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Titre Fig. 4 : Les groupes ethniques
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Titre Photo 4 Le quartier du port, majoritairement peuplé de Banjar, a conservé un aspect malais qui tranche avec le reste de la ville
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Titre Photo 5 Villa cossue qui témoigne de l’aisance d’une partie de la population de la ville
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Titre Fig.5 : les paysages urbains
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Titre Photo 6 L’avenue A. Yani constitue la principale artère commerciale de la ville
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Pour citer cet article

Référence papier

Olivier Sevin, « Palangkaraya : le destin contrarié d’une capitale »Bulletin de l’association de géographes français, 91-4 | 2014, 523-548.

Référence électronique

Olivier Sevin, « Palangkaraya : le destin contrarié d’une capitale »Bulletin de l’association de géographes français [En ligne], 91-4 | 2014, mis en ligne le 22 janvier 2018, consulté le 03 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/1554 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/bagf.1554

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Auteur

Olivier Sevin

Professeur de géographie, Sorbonne-Université, Université Paris-Sorbonne, UMR 8185 ENeC, Espaces, Nature, Culture, 191 rue Saint-Jacques, 75005 Paris – Courriel : Olivier.Sevin[at]parissorbonne.fr

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