1La prospective se fonde sur l’étude de futurs possibles en élaborant différents scénarios parmi lesquels certains intègrent des ruptures par rapport aux évolutions en cours. Le premier scénario à envisager est celui correspondant à la poursuite des tendances actuelles. Il permet en effet, par une projection dans le temps long, de prendre la juste mesure des caractéristiques initiales et des mouvements qui animent les populations et les territoires : la projection dans le temps long des évolutions tendancielles constatées permet de mieux révéler la trajectoire sur laquelle se trouvent les populations, le peuplement et les territoires. Sur cette base, l’élaboration de scénarios alternatifs, reposant sur des ruptures possibles dans l’évolution de telle ou telle variable, est de nature à éclairer les changements structurels susceptibles d’intervenir en fonction d’événements conjoncturels. Toutes ces simulations sont très utiles pour l’analyse des résultats futurs par l’étude des écarts entre les scénarios et la réalité. Ainsi, avant même le terme de l’horizon de projection (2050 dans notre cas), les éventuels écarts constatés dans 5 ou 10 ans entre simulation et réalité seront porteurs d’information sur les ressorts des dynamiques géographiques.
2La réflexion de géographie prospective proposée ici porte sur la France métropolitaine. En effet, les régimes démographiques des populations des outre-mer français, leur géographie du peuplement ou leurs dynamiques territoriales, même en ne considérant que les cinq départements d’outre-mer [Dumont 2021], sont à la fois tous différents de ceux de la métropole et fort disparates entre eux.
3La prospective nécessite d’abord de préciser les variables retenues avant de décliner plusieurs scénarios possibles, soit le scénario tendanciel et deux scénarios résultant de ruptures, auxquels nous donnerons le nom d’une déesse égyptienne : Nephtys, Seth et Maât.
4Considérons six variables sur les questions de populations, de peuplement et de territoires en France et leurs évolutions possibles. Ces six variables sont toutes des déterminants, mais se classent en deux catégories : les déterminants dits « proches » sont ceux aisément quantifiables, et les déterminants dits « lointains », qui exercent des effets sur les déterminants proches, sont davantage de nature qualitative.
5Une première variable, le solde naturel des territoires français, donc la différence entre le nombre de naissances et celle des décès, s’inscrit dans un scénario tendanciel si elle évolue dans le sens constaté au début des années 2020. Mais des évolutions alternatives sont possibles, soit un solde naturel très positif sous le double effet d’une remontée de la fécondité et d’une hausse de l’espérance de vie ou, à l’inverse, en cas d’évolutions contraires, un solde naturel très négatif.
6Concernant le solde migratoire, il importe d’opérer une distinction en deux variables selon deux natures géographiques, d’autant que les deux types de flux migratoires qui concourent à ces soldes ne sont nullement homothétiques. Il convient donc de considérer, d’une part, le solde migratoire des natifs, donc des personnes nées en France métropolitaine. Ce solde mesure la différence entre les natifs de France métropolitaine émigrant à l’étranger et l’éventuelle immigration de retour de ces mêmes natifs.
7D’autre part, et c’est donc une troisième variable, le solde migratoire des immigrants mesure la différence entre les personnes nées dans un pays étranger d’une nationalité étrangère, pour se conformer à la définition de l’immigré utilisée en France, venues habiter en France métropolitaine et ceux de ces immigrés émigrant de France métropolitaine pour retourner dans leur pays de naissance ou pour partir résider dans un autre pays.
8Comme pour les déterminants proches, trois variables sont retenues comme déterminant lointain. La première, donc la quatrième variable des scénarios, concerne les évolutions climatiques en se référant aux projections du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat [GIEC 2022]. Ce rapport distingue principalement trois changements possibles : deux scénarios avec des émissions de gaz à effet de serre (GES) élevées et très élevées (SSP3-7.0 et SSP5-8.5) ; deux scénarios avec des émissions de GES très faibles et faibles (SSP1-1.9 et SSP1-2.6) ; et un scénario avec des émissions de GES intermédiaires (SSP2-4.5). Chacun de ces scénarios se traduit par un niveau de réchauffement climatique bien précis (tableau 1).
Tableau 1 – Niveaux de réchauffement moyen (en °C) dans le monde selon les scénarios du GIEC (rapport 2022)[6]
Émission de gaz à effet de serre
|
Scénario
|
Court terme : 2021-2040
(degrés Celsius)
|
Moyen terme :
|
Long terme : 2081-2100
(degrés Celsius)
|
2041-2060
(degrés Celsius)
|
Très faible
|
SSP1-1.9
|
1,5
|
1,6
|
1,4
|
Faible
|
SSP1-2.6
|
1,5
|
1,7
|
1,8
|
Intermédiaire
|
SSP2-4.5
|
1,5
|
2
|
2,7
|
élevée
|
SSP3-7.0
|
1,5
|
2,1
|
3,6
|
Très élevée
|
SSP5-8.5
|
1,6
|
2,4
|
4,4
|
9Cinquième variable, la politique nationale d’aménagement du territoire, dont l’un des piliers est désormais la loi climat et résilience du 22 août 2021 contenant le dispositif « zéro artificialisation nette » [Dumont 2022]. Ce dernier est énoncé ainsi dans l’article 191 du Chapitre IV de la loi intitulé « lutter contre l’artificialisation des sols en adaptant les règles d’urbanisme » : « Afin d’atteindre l’objectif national d’absence de toute artificialisation nette des sols en 2050, le rythme de l’artificialisation des sols dans les dix années suivant la promulgation de la présente loi doit être tel que, sur cette période, la consommation totale d’espace observée à l’échelle nationale soit inférieure à la moitié de celle observée sur les dix années précédant cette date. » Ce dispositif, qui suit la loi énergie-climat du 8 novembre 2019 et la réglementation thermique RT2012, signifie l’impossibilité, sauf renaturation d’autres espaces, de tout nouveau projet de construction sur des terrains non déjà bâtis pour parvenir, quasi-exclusivement, à la réhabilitation des friches et des locaux désaffectés ou à une augmentation du coefficient d’utilisation de sols déjà construits.
10Enfin, une sixième variable concerne l’importance donnée aux aménités des territoires dans les choix géographiques des citoyens, c’est-à-dire à ce qui est considéré comme l’attrait propre à chaque territoire. Ces aménités sont les éléments d’environnement, du paysage ou du milieu (climat…) d’un territoire, ses aménagements et la qualité de leur entretien perçus comme agréables pour y vivre et exerçant une attractivité résidentielle ou touristique. Toutefois, la perception des aménités relève le plus souvent de la subjectivité de chacun, selon ce qu’une personne considère comme appréciable ou non, tel ou tel territoire.
11Dans la mesure où nous retenons six variables, et que nous proposerons pour chacune de ces variables trois évolutions possibles, le nombre de scénarios possibles est 6 puissance 3, soit 216. Les présenter aurait pour effet de se perdre dans un maquis de scénarios. D’où la nécessité de se limiter à quelques scénarios de référence, précisément à trois scénarios dans ce texte.
12Le premier – le scénario tendanciel – est celui d’évolutions futures qui se révéleraient la simple continuation des dynamiques constatées au début des années 2020, à l’exclusion des effets de la pandémie Covid-19 sur la géographie de la population, précisément sur la mortalité. Ce scénario tendanciel prolonge donc les évolutions connues : il s’agit d’une projection.
13Les deuxième et troisième scénarios se fonderont sur de nettes ruptures dans l’évolution des six variables, ruptures qui par définition modifieraient les dynamiques des variables par rapport au scénario tendanciel. On parle dans ce cas de prospective.
14Comme la déesse égyptienne Nephtys veille sur ce qui dure, intitulons ainsi le scénario tendanciel selon lequel les dynamiques en cours au début des années 2020 perdureraient.
15Selon le scénario tendanciel, le solde naturel de la population de la France métropolitaine finirait par devenir négatif [Léger 2022]. Avec ce scénario, l’espérance de vie continuerait de progresser comme pendant les décennies et années antérieures à la pandémie Covid-19 grâce à de meilleurs comportements hygiéniques, de prévention sanitaire, alimentaires, à de nouveaux progrès techniques diminuant la pénibilité du travail ou à des transports suffisamment améliorés pour diminuer la fatigue de ceux qui effectuent des migrations pendulaires. Mais le nombre de décès continuerait malgré tout d’augmenter en conséquence de la gérontocroissance, donc de l’augmentation du nombre de personnes âgées, avec l’avancée en âge de générations plus nombreuses des années du renouveau démographique (de la fin des années 1940 à la fin des années 1960) qui ont en outre bénéficié de taux de mortalité par âge plus faibles que les générations précédentes. Le nombre de naissances diminuerait en raison de la baisse tendancielle de la fécondité, confirmée depuis 2014 et qui est d’ailleurs inférieure, en 2022, à 1,8 enfant par femme, précisément 1,76 enfant par femme pour la France métropolitaine [Dumont 2023].
16Concernant le solde migratoire total, il demeurerait positif en dépit de ses deux mouvements contraires. Le solde migratoire des natifs resterait négatif, notamment en raison de l’émigration de jeunes adultes diplômés de l’enseignement supérieur. Dans le cas de ce scénario tendanciel, qui prolonge les tendances récentes, le retour de Français ayant émigré à l’étranger demeurerait le même qu’aujourd’hui et ne compenserait pas l’importance de l’émigration des natifs. Précisons que les migrations entrepreneuriales sont les migrations liées aux décisions d’entreprises faisant migrer leurs collaborateurs pour répondre aux évolutions des marchés ou aux souhaits d’actifs voulant s’installer dans des territoires leur donnant davantage de satisfaction professionnelle.
17Mais le solde migratoire négatif des natifs serait plus que compensé par le solde migratoire nettement positif des personnes originaires de pays du Sud. Ces dernières seraient pour partie liées à l’attractivité de la France (par exemple des jeunes adultes venant suivre des études supérieures en France), à des motifs familiaux ou à un exil contraint du pays d’origine (gouvernance ne facilitant guère le développement, conflits civils, guerres, etc.). Certes, il existe également une émigration d’immigrés à partir de la France métropolitaine vers leurs pays d’origine ou vers d’autres pays, à l’instar d’immigrés vivant en France et considérant que d’autres pays, le Canada par exemple, leur offrent de meilleures opportunités. Mais cette émigration à partir de l’Hexagone d’immigrés continuerait d’être largement compensée par l’immigration.
18La quatrième variable du scénario tendanciel retient les deux scénarios du GIEC avec des émissions de GES très faibles et faibles : SSP1-1.9 et SSP1-2.6. Le choix de ces ceux évolutions possibles dans les variables du scénario tendanciel, choix évidemment discutable, tient à une information livrée début 2023 : le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), Petteri Taalas, a déclaré le 9 janvier 2023, en commentant le communiqué du même jour de l’OMM : « La reconstitution de la couche d’ozone est en bonne voie » grâce à la mise en application par les pays du Protocole de Montréal, qui a organisé l’interdiction progressive des CFC (chlorofluorocarbures ou fréon), utilisés durant des décennies pour la réfrigération et la climatisation. En conséquence, à l’horizon 2050, les variétés géographiques et saisonnières de climat existant dans la France du début du XXIe siècle ne seraient pas fondamentalement modifiées : la diversité des sept principaux milieux géographiques (soit, rappelons-le, les plaines de grande culture, les ensembles de forêts de plaine, les plateaux et collines situés entre ces plaines de grande culture et les montagnes, les moyennes montagnes méditerranéennes, les montagnes, les littoraux et les milieux urbains hors des zones littorales) de la France métropolitaine perdurerait. Autrement dit, les principaux milieux géographiques connaîtraient certes en moyenne une élévation des températures, mais sans changements significatifs en termes de géographie des aménités. En même temps, l’éventuelle montée des eaux marines serait faible, soit 43 cm, la fourchette du scénario du GIEC étant entre 29 et 59 cm, en dépit de déplacements variables du trait de côte selon les littoraux, reculant ou avançant selon les lieux et les périodes.
19En matière d’aménagement du territoire, soit la cinquième variable, l’évolution tendancielle est à une politique nationale asymétrique. En effet, l’État accorde des dotations financières nettement plus élevées aux territoires à statut de métropoles, leur permettant parfois des investissements massifs en infrastructures et en transports urbains, à l’exemple du Grand Paris Express (GPE) – aux alentours de 40 milliards d’euros d’investissements - dont, en outre, le déficit de fonctionnement sera certainement assumé, au moins partiellement, par l’ensemble des Français [Dumont & Paponnaud 2021] via les prélèvements fiscaux. Autre exemple, les Jeux olympiques de Paris 2024 vont très probablement représenter environ 10 milliards d’euros de déversements pour l’agglomération de Paris et fort peu pour le reste du territoire.
20Certes, l’État ne manque pas de communiquer sur des actions en faveur des autres territoires, comme les programmes « Action cœur de ville » ou « Petites villes de demain », mais ceux-ci ne représentent que des financements très faibles par rapport aux chiffres ci-dessus, résultant en outre souvent d’une recomposition de financements étatiques existants et non de nouveaux financements, tandis que les transports publics restent très inégalitaires [Woessner 2022]. Toutes choses étant égales par ailleurs, on pourrait considérer que cette asymétrie dans la politique nationale d’aménagement du territoire pourrait être compensée dans la mesure où les collectivités territoriales disposeraient de budgets importants et de marges d’action significative au titre de la décentralisation et des libertés locales. Or, les budgets des collectivités territoriales sont faibles en France. La part des dépenses locales et régionales dans les dépenses publiques totales atteint 20,6 % en France contre 52,6 % en Espagne, 45,3 % en Allemagne et même 27,4 % au Royaume-Uni, pays pourtant plutôt centralisé [Callois 2017]. Ainsi, même lorsque l’on pense que la France a une « organisation décentralisée », comme cela est inscrit dans l’article 1 de la constitution depuis le 28 mars 2003, le seul regard sur les données montre que la France est, parmi les pays d’Europe à la plus vaste superficie, le pays le plus centralisé. Ensuite, objectivement, l’autonomie des collectivités territoriales s’est réduite sous l’effet des diverses réglementations et de recettes fiscales locales directes réduites à la portion congrue, pour les régions, pour les départements et même pour les communes depuis la nationalisation de différents impôts dont la taxe d’habitation. D’ailleurs, pour nombre des impôts et taxes perçus par les collectivités territoriales, ces dernières ne disposent pas de pouvoir de fixation des taux. Une des importantes taxes juridiquement directes est celle sur les droits de mutation à titre onéreux (DMTO). Mais, en pratique, son taux maximum est presque partout atteint, ce qui revient à un taux quasi-national.
21En outre, la politique d’aménagement du territoire se traduirait par une mise en œuvre littérale du ZAN, ce qui aurait pour conséquence de figer les inégalités territoriales de peuplement puisque limiter de la même manière les espaces dits artificialisés dans toutes les grandes villes, les villes moyennes, les bourgs et les villages entérine le déséquilibre territorial [Barrier & Dumont 2023].
22Quant à la sixième variable du scénario tendanciel, soit la priorité donnée par les Français aux aménités dans leur choix de domicile, elle continuerait de s’exprimer de façon semblable à l’exemple des dynamiques littorales ou rurales des premières décennies du XXIe siècle.
23Au total, les évolutions tendancielles du scénario Nephtys montreraient une décélération de la croissance démographique due exclusivement à la réduction du solde naturel, devenant ensuite négatif. Quant à la géographie du peuplement, elle continuerait d’évoluer selon les tendances constatées dans les deux premières décennies du XXIe siècle. D’une part, certaines métropoles, dont les deux plus peuplées, soit Paris et Lyon, verraient leur population augmenter sous le double effet de la poursuite de l’accueil de populations majoritairement nées à l’étranger et d’une composition par âge jeune de la population engendrant un solde naturel positif. D’autres métropoles, comme Rennes, Nantes ou Bordeaux, bénéficieraient du fait que les Français y voient des aménités, liés par exemple à une relative proximité de littoraux.
24Ces métropoles pourraient aisément enregistrer une croissance démographique, car leurs possibilités de développer leur offre de logements ou de locaux d’activité s’avèrent peu affectées par la loi climat et résilience. En effet, leur vaste territoire déjà urbanisé leur donne d’importantes possibilités de recomposition urbaine. Ainsi, en dépit des contraintes du ZAN, les grandes villes pourraient augmenter leur offre d’habitation en utilisant plusieurs leviers : le premier, sans doute le plus simple, tient à l’existence d’espaces industriels et commerciaux désaffectés, donc considérés comme déjà « artificialisés », aisément utilisables pour y construire des habitations ou des bâtiments nécessaires à une population accrue (écoles, équipements sportifs, culturels, déchetterie…). Un deuxième tient à la possibilité, lorsque cela est techniquement possible, d’ajouter un ou plusieurs étages à des logements existants, ce qui évidemment respecte totalement le ZAN. Enfin, compte tenu du recours accru au télétravail, les bureaux désormais sous-utilisés pourraient être transformés en logements, pour optimiser le foncier existant en faveur de l’habitat.
25À l’inverse, nombre de territoires ruraux verraient leur éventuel développement fort limité, voire bloqué par le principe ZAN. Les friches présentes sur leur territoire sont généralement faibles ou nulles ; la possibilité d’élévation des logements existe, mais se trouve probablement limitée par un faible pourcentage de logements où cela semble le plus aisé à mettre en œuvre, soit les logements collectifs. Et l’immobilier de bureaux est peu présent dans le monde rural puisque toute l’histoire du développement de l’économie tertiaire depuis les années 1970 montre sa localisation préférentielle dans les grandes villes.
26En France métropolitaine, l’évolution selon le scénario Nephtys serait donc doublement duale. D’une part, des métropoles au peuplement accru même si deux types peuvent se distinguer. Selon un premier type, une dynamique plus positive au profit des métropoles les mieux dotées par l’État en termes d’investissements et de financements contribuant au coût de fonctionnement des investissements réalisés (par exemple en matière de transport), plus attractives pour l’immigration internationale, à la composition par âge plus jeune et à la localisation dans l’hexagone les favorisant en termes d’aménités. Selon un second type, des métropoles moins attractives en termes d’aménités, pour l’immigration internationale, et avec un taux d’accroissement naturel amoindri par une pyramide des âges moins jeune, et en dehors des dotations s’appliquant à tous les territoires à statut de métropoles, moins choyés par l’État en termes de dotations spécifiques.
27D’autre part, la plupart des territoires en dehors des métropoles n’auraient guère de possibilité d’attractivité migratoire et le taux moyen d’accroissement de leur population serait inférieur à la moyenne nationale. Leur peuplement serait en effet dépendant de l’offre de logements, géographiquement contrainte par une interprétation littérale du ZAN.
28Le second caractère dual viendrait de la poursuite de la France inverse [Uhrich 1987], en additionnant les effets des différences de composition par âge des populations avec des migrations internes favorables à un peuplement relativement plus dense dans la moitié sud-ouest de la France au détriment de la moitié nord-est. En effet, le ressenti d’aménités continuerait de profiter à la moitié sud-ouest de la France, en deçà d’une diagonale allant de la Seine-Maritime à Genève.
Aussi, l’ensemble composé du Centre-Val-de-Loire, de la Bourgogne-Franche-Comté, de la Normandie, des Hauts-de-France et du Grand-Est pourrait, selon les hypothèses moyennes, voir son nombre d’habitants diminuer. À l’inverse, dans l’ensemble composé des régions Île-de-France, Pays de la Loire, Bretagne, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, la population pourrait progresser en additionnant, selon les territoires, des effets d’attraction internationale, des compositions par âge moins vieillies ayant des effets positifs sur le mouvement naturel et des migrations internes d’aménités.
Selon ce scénario tendanciel, la géographie du peuplement de la France ne serait, par nature, que la translation des dynamiques démographiques (et migratoires), des premières décennies du XXIe siècle [Cazaubiel & El Guendouz 2022] (période Covid-19 exceptée).
Toutefois, de façon générale, la prospective invite à être prudent avec des évolutions futures prolongeant les tendances déjà constatées, donc avec les scénarios tendanciels, car il est rare que le futur soit seulement la continuation des dynamiques déjà connues. Il importe donc de proposer d’autres scénarios prenant en compte les six variables modifiées par des ruptures.
29Le deuxième scénario peut être intitulé Seth, du nom du dieu égyptien de la confusion, du désordre et de la perturbation. En effet les changements majeurs qui se produiraient perturberaient profondément les populations, le peuplement et les territoires en France.
30Selon le deuxième scénario Seth, la combinaison de l’abaissement de la fécondité de la France au niveau de la moyenne de l’Union européenne avec une espérance de vie qui cesserait de progresser, voir qui régresserait sous l’effet d’un système sanitaire moins efficace, serait particulièrement défavorable pour les territoires à la composition par âge la plus vieillie, dont le solde naturel se trouverait encore plus négatif que la moyenne de l’Hexagone. Certes, l’abaissement de la fécondité moyenne en France métropolitaine n’est pas une donnée permettant a priori de préciser les variétés infranationales puisqu’il existe des différences significatives de fécondité ou d’espérance de vie selon les territoires français [Dumont 2022]. Toutefois, en se plaçant en dynamique, les évolutions de ces soldes sont souvent assez homothétiques, ce qui signifie que l’évolution de la fécondité de l’Hexagone se traduit le plus souvent par des évolutions assez semblables à la hausse ou à la baisse dans l’ensemble des territoires.
31Concernant le solde migratoire des natifs, le scénario Seth table sur une rupture avec un niveau plus négatif que dans les années 2020 [Le Penven 2021] dans un France qui connaîtrait un déclassement sous l’effet de résultats insatisfaisants (faible croissance économique, chômage élevé, déficit accru du commerce extérieur…). L’importance de ce solde migratoire négatif des natifs serait tel qu’il ne serait pas compensé par le solde migratoire positif des personnes nées à l’étranger. En conséquence, le solde migratoire total de l’Hexagone serait nul, voire négatif, et cela serait défavorable au nombre de naissances puisque l’émigration des natifs concernerait, comme précédemment, principalement de personnes en âge de procréer. Ce solde migratoire très négatif des natifs serait surtout dommageable aux métropoles, puisque c’est de là que partent les jeunes diplômés allant chercher de meilleures opportunités à l’étranger et là qu’arrivaient en priorité les immigrants, aux flux d’arrivées moindres sous l’effet d’une France moins attractive, qu’il s’agisse de migrations entrepreneuriales ou non.
32En termes climatiques, l’évolution serait conforme aux deux scénarios du GIEC projetant des émissions de GES élevées et très élevées, soit SSP3-7.0 et SSP5-8.5, entraînant une hausse élevée de la température moyenne (au moins 2 degrés de plus à l’horizon 2050), une élévation notable du niveau des eaux (84 cm en moyenne par rapport à 2005, la fourchette du GIEC étant entre 61 à 110 cm) avec des risques accrus de submersion marine plus fréquente, d’où une nouvelle géographie des aménités.
33Dans le même temps, la politique nationale d’aménagement du territoire se traduirait par des décisions encore plus inégalitaires selon les territoires. Certes, les territoires à statut de métropole verraient probablement leurs moyens relativement réduits pour plusieurs raisons : d’une part, l’État ayant des recettes limitées par un faible dynamisme économique engendrant moins de rentrées fiscales et ayant moins d’opportunités d’emprunter à de très faibles taux d’intérêt compte tenu d’une moindre confiance en l’avenir économique de la France, ne pourrait plus abonder autant les recettes de fonctionnement de métropoles et, probablement, encore moins leurs recettes d’investissement. En deuxième lieu, des métropoles dont la population diminuerait devraient percevoir, ceteris paribus, une dotation globale de fonctionnement moins élevée du budget de l’État puisque le nombre d’habitants est un des critères du montant de cette dotation. Mais, face à la réduction de ses possibilités budgétaires, l’État diminuerait davantage les financements aux territoires non métropolitains. Un des aspects de la politique nationale d’aménagement du territoire serait que le respect du principe ZAN serait grandement facilité dans un contexte de baisse de la population de la quasi-totalité des territoires. La règle ZAN aurait donc un effet neutre, ce qui ne serait pas le cas des forts changements climatiques. Or, face à ce dernier, la France appauvrie n’aurait pas pu mettre une œuvre une politique d’aménagement du territoire capable d’anticiper les effets territoriaux des changements climatiques, contrairement aux Pays-Bas avec son nouveau plan delta mis en œuvre depuis les années 2010.
34D’abord, sous l’effet d’un solde naturel devenu souvent négatif et du solde migratoire devenu souvent nul voire négatif, la plupart des territoires français connaîtraient une diminution de leur population. Il y aurait donc un nombre accru de villes décroissantes et à population davantage vieillie. En termes de peuplement, la densité moyenne des territoires de l’Hexagone diminuerait.
35Un changement majeur dans la géographie du peuplement interviendrait sous l’effet de l’évolution très haussière des températures et de l’élévation notable du niveau des mers liée à la dilatation thermique des océans et à la fonte des réservoirs terrestres de glace (glaciers, calottes polaires…). D’une part, on assisterait donc à un phénomène de dé-litturbanisation ; la litturbanisation serait devenue un processus du passé d’abord dans les territoires littoraux et sublittoraux caractérisés par de basses terres, donc inférieurs, au début des années 2020, à quelques mètres d’élévation par rapport au niveau des mers. Des plaines littorales auparavant situées en deçà du trait de côte seraient abandonnées en termes d’habitation pour laisser place au niveau plus élevé des mers engendrant des nouveaux traits de côte. La montée des mers signifierait aussi la disparition des nombreux hectares d’écoumène dans les deltas de nombre de fleuves. Le souci d’un patrimoine foncier préservé de la montée du niveau des mers conduirait à valoriser des territoires les plus éloignés des traits de côte, et donc des territoires continentaux.
36Les hautes terres littorales seraient encore préservées de la montée des mers, mais leur habitat serait moins attractif car nombre de leurs plages auraient disparu, ce qui ne serait pas apprécié en termes d’aménité.
37Un autre changement majeur serait la fin de l’héliotropisme positif de cette période historique où des migrations internes privilégiaient le sud de la France considéré comme bénéficiant de meilleures aménités. Face au renouvellement annuel de périodes étouffantes, voire de canicules dans la moitié sud de la France, face à la complexité et au temps nécessaire d’adapter les logements comme les activités économiques à un climat beaucoup plus chaud, des réponses plus rapides seraient apportées avec des migrations internes vers les régions souffrant le moins du réchauffement climatique. Il en résulterait un héliotropisme négatif, d’où le choix d’habiter dans des régions à moindre ensoleillement, donc dans la moitié nord de l’Hexagone. Le dépeuplement serait donc particulièrement intense dans les métropoles méridionales au profit de métropoles ou de territoires septentrionaux.
38Considérons un troisième scénario fondé sur des ruptures inverses au scénario précédent appelé Maât du nom de cette déesse de la mythologie égyptienne qui symbolise l’harmonie cosmique, la rectitude (ou conduite morale), l’ordre et l’équilibre du monde.
39Selon ce scénario Maât, le solde naturel de la France métropolitaine demeurerait positif sous deux effets. D’une part, la fécondité aurait remonté, dès la seconde moitié des années 2020, vers le seuil de simple remplacement des générations, donc vers 2,1 enfants par femme. Cela se traduirait par une pyramide des âges plus équilibrée, c’est-à-dire plus en forme de pyramide que de tonneau en position debout ou de toupie, et engendrerait à l’horizon 2050 une population active plus nombreuse et donc un potentiel plus important de création de richesses. D’autre part, l’espérance de vie aurait nettement augmenté grâce à une meilleure prévention sanitaire, à une alimentation mieux équilibrée – diminution de l’obésité -, à la baisse des consommations défavorables à une longue espérance de vie – diminution du tabagisme, de l’alcoolisme et de la consommation de drogue ou, mieux, de la combinaison de ces trois puisque c’est elle qui démultiplie les risques de morbidité et de mortalité - et à des progrès médicaux et pharmaceutiques concernant les morbidités les plus mortelles, soit les accidents cardiovasculaires et les cancers.
40Le solde migratoire des natifs, auparavant négatif, deviendrait positif, car le dynamisme de l’économie française se traduirait par des offres d’emploi nombreuses et bien rémunérées. L’immigration internationale serait accrue par l’arrivée de personnes issues de pays du Nord ou de pays du Sud ayant un bon niveau éducatif, avec l’essor d’une immigration entrepreneuriale favorisée par une France économiquement attractive.
41La question climatique se traduirait par le scénario des émissions de GES intermédiaires (SSP2-4.5)
engendrant un réchauffement moyen des territoires français en dépit des efforts conduits dans l’Hexagone pour la décarbonation. Mais la dynamique de la population active, dont le taux d’emploi se serait amélioré, donnerait des moyens d’adaptation à ce réchauffement significatif. Ainsi les logements et les constructions, à l’exemple des bâtiments administratifs et scolaires, seraient tous réhabilités pour répondre aux normes de la transition écologique ; il n’y aurait plus de passoires thermiques.
42Une nouvelle politique nationale d’aménagement du territoire, traduisant l’abandon d’une sorte d’« idéologie de la métropolisation » [Dumont 2015] qui a inspiré, au moins de facto, trois lois des années 2010 et de nombreuses réglementations fondées sur l’idée que l’avenir de la France ne dépendait que de ses métropoles censées ruisseler [Guieysse & Rebour 2022]. C’est surtout cette nouvelle politique qui explique le choix de la dénomination Maât pour ce troisième scénario. Elle engendrerait une réduction des inégalités en termes de dotations financières de l’État aux territoires, des réglementations simplifiées notamment pour les communes rurales, de choix plus équilibrés de localisation des services de l’État et des transports publics moins inégalitaires, avec notamment la fin réelle du tout-TGV [Woessner 2022]. Par exemple, l’État transférerait les administrations centrales de certains ministères hors de la région capitale. De tels transferts seraient classés comme étant des opérations prioritaires, donc, comme le prévoit la loi climat et résilience de 2021, non soumises à la règle ZAN. S’ajouterait une déconcentration géographique de nombreux autres services de l’État, inverse de celle constatée des années 1990 aux années 2010 [Doré 2019]. Cela aurait bien entendu des effets induits puisque la littérature montre que l’emploi attire l’emploi [Holcombe 1998].
43D’une façon générale, en termes d’aménagement du territoire, les différents décrets d’application et circulaires de la loi climat et résilience auraient écarté une lecture littérale du texte, et la façon de la mettre en œuvre déboucherait sur une application pragmatique prenant en compte des enseignements du principe de subsidiarité. Les communes rurales, qui auraient été les plus défavorisées en cas de lecture littérale, bénéficieraient de marges de manœuvre, éventuellement actées par une révision de la loi climat et résilience, leur permettant d’avoir des gouvernances territoriales attractives enrayant leur éventuel dépeuplement.
44Enfin, la recherche d’aménités pousserait nombre de personnes, dont celles pouvant aisément pratiquer le télétravail, à choisir de ne plus vivre dans des métropoles, Les territoires urbains les plus pollués, subissant le plus les effets du réchauffement climatique en raison du phénomène des îlots de chaleur urbain impossibles à enrayer totalement et les mobilités les plus fatigantes, auraient un solde migratoire fortement négatif. Parallèlement, le développement de l’économie [Bourdin & Torre 2023] et des circuits courts se traduirait par une attractivité nouvelle pour des territoires offrant désormais un éventail élargi d’emplois.
45Selon ce troisième scénario Maât, les territoires français verraient dans leur ensemble une population dont la composition par âge serait plus équilibrée, ce qui faciliterait la solidarité entre les générations. Toutefois, les taux d’accroissement démographique des territoires et la géographie du peuplement seraient aussi dépendants des choix et de la qualité des gouvernances territoriales [Dumont 2018].
46Ce scénario Maât verrait évoluer le peuplement de la France avec des armatures urbaines renouvelées tant à l’échelle de l’Hexagone qu’à celles des régions. Les avantages donnés par l’État aux territoires à statut de métropole et discriminants pour les autres territoires ayant cessé, la politique des transports étant devenu moins inégalitaire, les autres territoires auraient des possibilités de meilleure attractivité.
47En conséquence, même si l’armature urbaine de l’Hexagone demeurait macrocéphale, du fait de l’héritage d’une longue histoire de centralisation, elle serait tempérée. Par exemple, les villes petites et moyennes, grâce à la nouvelle politique d’aménagement du territoire, disposeraient par rapport aux métropoles de moyens moins déséquilibrés et donc de possibilités d’attractivité significatives. En conséquence, le poids démographique relatif (et absolu) des villes petites et moyennes, sans parvenir à celui constaté en Allemagne [Dumont 2020], augmenterait de façon significative.
48Toujours en matière d’aménagement du territoire, la prise de conscience que la fusion des régions intervenue au 1er janvier 2016, décidée pour des raisons électorales selon un ancien ministre socialiste [Eckert 2019], n’a produit aucun des avantages qui avaient été annoncés [Doré 2021], notamment en termes d’économies de gestion ou de dynamique régionale, conduirait à revenir aux délimitations précédentes des régions. La taille retrouvée des régions pénaliserait moins les territoires périphériques, fort loin en espace-temps de la capitale régionale des grandes régions, à l’exemple du Cantal pour Lyon, de la Creuse ou des Deux-Sèvres pour Bordeaux, ou des Ardennes pour Strasbourg. L’identité historique des régions serait valorisée. Il en résulterait une renaissance régionale de l’Alsace, de la Lorraine, de l’Auvergne ou du Limousin. Parce qu’il faut aimer un territoire pour s’y impliquer, les citoyens pouvant ressentir un attachement identitaire à des régions dont l’intitulé plonge dans une histoire pluriséculaire, seraient davantage prêts à s’investir, souvent bénévolement, dans la vie économique, sociale, associative ou culturelle de leur région.
49Ainsi, tous les territoires de ce qui est souvent dénommé la « diagonale du vide » au lieu de diagonale des faibles densités, cette vaste zone quasi-méridienne allant de la forêt des Ardennes aux landes de Gascogne [Bouron & Georges 2019], seraient moins distants de leur capitale régionale. Surtout, dans le contexte des hypothèses des variables du scénario Maât précisées ci-dessus, et bien que sa densité de population y demeure moindre que la moyenne de l’Hexagone, cette diagonale serait désormais désignée « la diagonale des renaissances territoriales ».
50Tous ces éléments liés à l’aménagement du territoire auraient pour effet une meilleure égalité des chances partagée entre tous les territoires et, en conséquence, une géographie du peuplement allant dans un sens opposé à la volonté de métropolisation des gouvernements des années 2010.
51Certes, les évolutions des populations formeraient un patchwork en fonction des choix et des décisions selon les gouvernances territoriales, mais ce serait la fin d’une sorte de fatalité territoriale subie par ceux des territoires auparavant largement délaissée par l’État au moins des années 1990 aux années 2010.
52La mise en évidence des effets de trois scénarios dénommés Nephtys (poursuite des tendances récentes), Seth (rupture négative par rapport au scénario tendanciel) et Maât (rupture positive par rapport au scénario tendanciel) sur l’avenir des populations, du peuplement et des territoires en France souligne combien l’avenir géographique de l’Hexagone n’est pas écrit. Il dépendra notamment des comportements démographiques de l’humanité dans son ensemble en termes climatiques, des effets migratoires dus à des crises géopolitiques, climatiques, environnementales ou à des réussites de développement dans les pays du Sud. Mais il dépendra surtout des comportements et actions menées en France dans le futur, qu’il s’agisse des comportements de fécondité, de prévention sanitaire, d’entrepreneuriat économique rendant la France plus ou moins attractive, de la gestion de l’environnement de l’Hexagone face aux évolutions climatiques, de la politique nationale d’aménagement du territoire, ou encore du ressenti des aménités selon les territoires.
53L’analyse prospective permet de mettre en évidence combien la géographie du peuplement de la France métropolitaine est faite de constances et de changements possibles liés à son héritage géographique, dont son armature urbaine. Ainsi, l’Hexagone est caractérisé par une forte diversité de milieux géographiques qui, même s’ils évoluaient, resteront très probablement divers car les changements climatiques, quels qu’ils soient, n’impliquent nullement une convergence vers un climat semblable de Dunkerque à Banyuls-sur-Mer et de Brest à Strasbourg. De même, on ne voit pas comment la France ne resterait pas un pays macrocéphale, même si des changements significatifs intervenaient dans la géographie du peuplement. D’autres constantes tiennent à ce que la majorité de la population souhaite vivre et travailler au pays, ce qui explique que, malgré l’émigration rurale de l’ère industrielle et de la période d’essor du tertiaire, d’intensité fort variable selon les territoires, la France ne soit pas devenue un pays à peuplement exclusivement urbain. Des territoires ruraux sont même demeurés relativement peuplés, voire se sont davantage peuplés, lorsqu’ils ont su créer des activités nouvelles pour compenser – et parfois au-delà – les pertes d’emploi dues à la phénoménale croissance de la productivité agricole surtout depuis le XXe siècle.
54Mais ces constances se combinent avec des changements. Ceux du passé sont bien renseignés et permettent de comprendre comme ont évolué les populations, le peuplement et les territoires en France. En revanche, aucune prédiction certaine ne peut être proposée pour les changements futurs. Mais l’analyse prospective a permis à la fois de mieux comprendre les tendances déjà constatées et de sonder les possibles changements géographiques futurs.