Navigation – Plan du site

AccueilNuméros99-4Le service de santé environnement...

Le service de santé environnementale parisien : continuité et renouvellement

The Paris environmental health unit: continuity and renewal
Lionel Charles et Isabelle Roussel
p. 593-606

Résumés

Les activités opérationnelles, les études, l’apport expert du Service parisien de santé environnementale mettent en lumière le caractère novateur des actions menées par la ville de Paris dans le domaine de la santé environnementale depuis quelques années, objets de cette présentation. Ils témoignent, dans la suite du Plan parisien de santé environnementale, de l’investissement de la mairie de Paris dans ce domaine, à travers la création d’une structure dédiée. La pluralité des acteurs concernés par ces actions transversales, relevant d’une vision écologique, en décalage par rapport à des fonctionnements classiques segmentés et étroitement structurés, renouvelle la question de la décision, voire de la gouvernance. Cette mise en œuvre témoigne de la longue évolution des enjeux sanitaires depuis l’hygiénisme. Replacé dans le contexte parisien et son long passé, l’exemple parisien apparait comme un laboratoire ouvrant une voie plus compréhensive et ouverte dans l’effort pour répondre aux aspirations des habitants et à leur désir d’habiter une ville plus inclusive, plus humaine et dans laquelle il fait bon vivre.

Haut de page

Texte intégral

  • 1 Le plan parisien de santé environnementale a été adopté fin 2015, après un long travail de préparat (...)
  • 2 Comme développé dans la contribution de Lionel Charles dans le présent numéro.
  • 3 Le C40 a été fondé par le maire de Londres Ken Livingstone en 2005 l’occasion d’une réunion de 18 m (...)

1En créant en septembre 2016, dans le cadre du Plan parisien de santé environnementale (PPSE)1, un Service parisien de santé environnementale (SPSE), la ville de Paris s’est engagée dans une démarche novatrice qui ne lui était imposée par aucune contrainte réglementaire. Les visées du plan comme de la création du service étaient multiples. Elles marquaient à la fois l’évolution des préoccupations dans le domaine des relations entre santé et environnement, dans lequel la France témoignait à la fois de difficultés et de retards2. Elles manifestaient aussi la volonté de la ville de Paris d’affirmer sa position et son rôle en tant que ville sur cette thématique, parallèlement mais en cohérence avec la mise en œuvre des plans santé-environnement nationaux et régionaux. Cet engagement avait la fonction de promouvoir un cadre opératoire articulé et adapté à cette échelle sur ce champ délicat, mais aussi de répondre au positionnement international de la ville en matière d’environnement et de sa participation au réseau international C403. La préoccupation affichée avait aussi une forte dimension sociale, marquée par la place donnée dans le PPSE à la question des inégalités qu’illustre l’article de Gabrielle Vernouillet (dans ce numéro) concernant les études réalisées dans le cadre du SPSE sur ce sujet.

  • 4 Pour bien situer cette spécificité, il faut souligner le statut administratif particulier de la vil (...)

2Cette innovation correspondait également à des attentes multiformes et croissantes des populations en matière de santé et de qualité de vie en contexte urbain face à la complexification des enjeux environnementaux et de leur croisement avec les enjeux sanitaires. De fait, ils concernent le climat, les pollutions, le bruit, l’alimentation, les conditions de vie en général, la mobilité, la forme et les conditions de l’habiter, les espaces intérieurs, la biodiversité, les contacts avec la nature, etc. Alors que l’environnement urbain est aujourd’hui partagé par 80 % de la population française, l’exemple parisien est, dans sa réalité urbaine hétérogène et contrastée, riche d’enseignements, indissociables de l’héritage historique de la ville de Paris en matière de politiques publiques4.

3Le SPSE s’inscrit lui-même dans la suite d’une longue histoire puisqu’une première structure en matière d’hygiène publique a été créée à Paris en 1802 sous le nom de Conseil de Salubrité de Paris, alors placé sous l’autorité de la préfecture de police. L’analyse de cette mise en œuvre urbaine illustre le renouvellement, les transformations, mais aussi les continuités, voire les pesanteurs liées à l’histoire, aux segmentations techniques, scientifiques ou administratives qui ont structuré l’action publique et peuvent faire obstacle à l’appréhension de configurations nouvelles et aux approches renouvelées qu’elles demandent.

1. Le plan de santé environnementale de la ville de Paris

4La démarche de la ville de Paris en matière de santé environnementale présente d’autant plus d’intérêt qu’elle ne répondait à aucune exigence institutionnelle ou administrative, mais relevait d’une décision de l’équipe municipale élue en 2014. La ville de Paris se caractérise par la très grande densité de sa population, par son insertion dans une des plus grandes agglomérations européennes mais aussi par l’éclatement administratif, les rivalités et les antagonismes qui marquent la région et l’agglomération dont elle est part. La création du Grand-Paris n’a guère su faire évoluer ces aspects qui n’ont cessé de faire obstacle au développement d’initiatives. C’est aussi dans le contexte des difficultés et des retards engendrés par cette situation, par un manque de pilotage et de gouvernance à l’échelle appropriée qu’il faut situer l’élaboration du plan parisien de santé environnementale. Il s’inscrivait dans la perspective de prendre en main et d’assurer à la fois plus de visibilité, de cohérence mais aussi de légitimité et de pertinence aux actions que mène la ville dans le domaine de l’environnement et de la santé en en élargissant le champ et l’assise, en l’ouvrant également très fortement au social. Le plan comportait un ensemble d’actions dont l’une était la mise en place d’un service de santé environnementale réunissant plusieurs structures antérieures, le Laboratoire d’Hygiène de la ville de Paris (LHVP), le laboratoire des particules inhalées et le Service municipal d’action de salubrité et d’hygiène (SMASH). La nouvelle structure assure une fonction à la fois opérationnelle et scientifique, constituant en quelque sorte le vecteur opératoire du plan. Dans la présentation de ce plan, la maire de Paris Anne Hidalgo souligne que « l’enjeu prioritaire consiste à renforcer l’autonomie des habitants et leur capacité d’action sur leur propre environnement de vie et sur leur santé ». Elle met ainsi bien en relief le sens précisément environnemental d’élargissement de l’agentivité de la démarche proposée.

2. L’antériorité de la ville de Paris en matière d’hygiène publique

  • 5 Sans ignorer les résistances en matière de tout à l’égout, dont l’usage ne devient obligatoire qu’e (...)
  • 6 Ces transformations sont aussi à associer au développement important que connait Paris tout au long (...)

5La ville de Paris possède une longue antériorité en matière d’hygiène publique qui remonte au début du XIXe siècle et au constat d’insalubrité dressé par Alexandre Parent-Duchâtelet [1824], renforcé par l’épidémie de choléra qui frappe Paris en 1832. Le bouleversement haussmannien, inspiré avec un certain retard du modèle londonien, voit le pavage des rues et la construction de trottoirs, le développement d’un système d’alimentation en eau potable, la réalisation d’un réseau d’égouts5, des restructurations urbaines massives. Paris cesse alors d’être le « cloaque » que dénonçaient, depuis le Moyen Âge, voyageurs et habitants6, mais cette remarquable rénovation urbaine a aussi tendu, dans son esthétisation, à figer l’image de la ville et par là à en limiter les évolutions.

  • 7 Á l’occasion du centenaire de la création du LHVP, en 2010, F. Squinazi a rédigé en collaboration a (...)

6En 1857 est créé le laboratoire de Montsouris avec pour finalité l’observation météorologique et l’analyse de la chimie de l’air, du sol et des eaux dans une perspective empreinte de néo hippocratisme, considérant l’environnement, y compris climatique, comme facteur de diffusion des maladies. En 19107, celui-ci est réorganisé donnant naissance à deux entités nouvelles : le Laboratoire d’Hygiène de la Ville de Paris (LHVP), et le Service de surveillance des eaux d’alimentation, chargé de l’étude et de la surveillance des eaux alimentaires. Au LHVP est attribué, dans une perspective bactériologique pasteurienne, le diagnostic et la prophylaxie des maladies contagieuses, les études et recherches relatives aux eaux usées, aux atmosphères libres et confinées, aux poussières de l’air et des habitations, l’hygiène générale, le contrôle de la désinfection privée et de la désinsectisation. Selon Fabien Squinazi [2010], l’activité du laboratoire se partage alors en deux champs : l’un, à caractère médical, relevant de l’hygiène sociale et concernant l’individu, l’autre, à caractère sanitaire, relevant de l’hygiène publique et touchant au collectif, assimilable à l’environnement au sens anglo-saxon du terme.

3. De l’hygiène à la mesure de la qualité de l’air

  • 8 On peut rappeler le retard important de la France par rapport à d’autres pays européens dans la lut (...)
  • 9 Avec des mesures du dioxyde de carbone, et un peu plus tard, d’acidité forte gazeuse (SO2) et de l’ (...)
  • 10 C’est aussi à ce moment que la presse commence à se faire de façon croissante l’écho de préoccupati (...)
  • 11 Un arrêté du 28 juillet 1964 du ministre des Travaux Publics et des Transports, pris en application (...)

7Dans les années 1920, avec le déclin des maladies infectieuses lié aux progrès médicaux et de l’hygiène, le LHVP oriente ses activités vers la recherche de virus, en particulier dans les eaux. Une véritable politique de santé publique émerge, avec pour premiers objectifs la lutte contre la syphilis et la tuberculose8. Entre le milieu des années trente et le début des années cinquante, le laboratoire, mobilisé par la gestion des pathologies infectieuses et de leurs agents, abandonne quasi complètement les investigations relatives à l’hygiène publique. Le contexte de l’après-guerre est marqué par la reconstruction, la reprise d’un développement industriel massif et de puissantes transformations urbaines liées en particulier à l’essor considérable du transport individuel. A la suite de l’accident de Londres, le LHVP reprend, à partir de 1954 la surveillance de la qualité de l’air9 interrompue lors de sa création en 1910, parallèlement aux mesures effectuées par le Laboratoire central de la préfecture de police (LCPP), point de départ d’un réseau de mesures qui s’étoffe progressivement. Il initie également en 1955, les mesures de radioactivité dans le cadre d’une section d’hygiène industrielle et générale, dotée rapidement de nouveaux équipements permettant une amélioration sensible des mesures pour les dosages des mono et dioxydes de carbone10. En 1965, le réseau de mesures comprend 70 sites, dont 30 fournissent des moyennes quotidiennes de pollution atmosphérique et 40 des moyennes hebdomadaires. La multiplication des sites de mesures permet la réalisation de cartes localisant les zones polluées, notamment à l’Ouest de Paris, sous le vent de la basse-Seine, lieu d’une forte activité industrielle. Le développement de la cartographie permet aussi la création, dans le cadre de la loi de 1961 relative à la lutte contre les pollutions atmosphériques et les odeurs, de deux zones de protection spéciale (ZPS) établies en août 1964 [Frioux 2021]. Comme le souligne Stéphane Frioux, la loi vise essentiellement les installations de chauffage domestique, le contrôle et la rénovation des chaudières, épargnant l’industrie et la circulation automobile, dont les émissions sont ignorées11.

4. La surveillance bio-médicale

  • 12 La restructuration administrative de 1964 a reconfiguré le découpage administratif de la région, do (...)

8À partir des années 1970, la technicité croissante des mesures et l’évolution des problématiques élargissent le champ d’investigation du laboratoire dans une perspective à la fois environnementale et sanitaire. La création d’Airparif et la constitution par cette nouvelle structure, à partir de 1979, d’un réseau de mesure de la pollution extérieure à l’échelle de la région Ile-de-France12 conduisent à l’intégration d’un certain nombre de stations du LHVP comme du LCPP dans ce nouveau réseau. De son côté, le LHVP dispose d’une gamme croissante d’instruments permettant l’appréhension de nombreux composants dangereux ou toxiques dans de multiples contextes et donc celle des risques sanitaires correspondants, avec par exemple, la caractérisation physico-chimique des particules ou la mesure de polluants spécifiques tel le benzène. Il poursuit de nombreuses activités en proximité des citadins : dératisation, études sur les intoxications au monoxyde de carbone, surveillance de l’air du métro, des piscines, investigations sur le tabagisme et la qualité des atmosphères intérieures des locaux. Les travaux portent également sur l’étude des bio-contaminants tels les microorganismes (bactéries, virus et moisissures), les acariens et, plus tard, les pollens. Ainsi, ce tournant environnemental du LHVP l’oriente vers la surveillance biomédicale et bio-toxicologique humaine, permettant le diagnostic ou le dépistage des affections, donc la prévention des pathologies transmissibles ou non transmissibles. À travers ces investigations sanitaires, l’environnement apparait comme une source de contaminants physiques ou biologiques et donc d’effets délétères sur l’homme, à préserver de ces risques comme le commente F. Squinazi : « l’action du LHVP contribue à mieux faire connaître les facteurs de risque de l’environnement physico-chimique et biologique urbain, à prévenir dans toute la mesure du possible leurs effets sur les êtres vivants et le milieu lui-même et, à défaut, à neutraliser les effets produits, qu’il s’agisse d’accident, de pollution ou de contamination à long terme. Cette dernière forme est particulièrement importante du fait de son caractère permanent, polymorphe et insidieux » [Squinazi 2010]. L’environnement ne désigne plus le complexe bioactif envisagé par le néo hippocratisme, mais un univers extérieur hostile, pollué et toxique dont il faut se prémunir autant que possible. Cette vision dualiste et centrée sur la préservation de la santé humaine considère les virus, les microbes, les animaux nuisibles ou les produits issus de la chimie comme des ennemis qu’il convient d’éradiquer.

5. Les crises sanitaires et la gestion du risque

9Les crises sanitaires des années 1990 (sang contaminé, vache folle, amiante) ont largement fait éclater ce cadre, mettant en lumière les complexités de la notion de risque [Beck 1986] et les difficultés auxquelles sont confrontées les sciences de l’environnement, loin du schéma dual de relation entre une cause et un effet. L’appréhension initialement difficile puis croissante de la dimension sanitaire de la qualité de l’air à la suite de l’étude Erpurs [Le Moulec & Medina 1992], le réchauffement climatique avec sa double composante de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation sont venus télescoper la question sanitaire à de multiples titres, élargissant le champ de l’alerte et de la prévention. La canicule de 2003, qui a fortement impacté la population parisienne, a constitué un brutal révélateur de vulnérabilités ignorées jusque-là : méfaits de l’îlot de chaleur urbain, fragilité de populations vieillissantes, conditions de logement, mauvais isolement d’une part de l’habitat, solitude, inégalités, etc. D’un autre côté, face à la montée de ces enjeux, on ne peut ignorer l’évolution des sensibilités, la prise de conscience, l’appropriation croissante par les individus de leur santé, depuis l’alimentation biologique jusqu’aux pratiques des médecines alternatives, les transformations par les citadins de leurs modes de vie de façon à se prémunir contre les expositions et les défaveurs induites par des expositions environnementales multiformes.

6. De la santé au bien-être, la santé environnementale s’élargit

  • 13 Évaluation d’impact sur la santé.

10Attitudes et comportements se modifient avec l’élargissement de la notion de santé en direction du bien-être et de la qualité de vie à travers une approche plus holistique, qui met l’accent sur les relations et les interactions des humains entre eux mais aussi avec les vivants non-humains et l’environnement au sens large. En relevant que ces perceptions ne sont pas partagées par tous de la même façon et que l’on constate la persistance massive d’inégalités. C’est aussi dans cette perspective que l’on peut situer la montée en puissance de l’approche One Health, au moment où la pandémie de covid est venue confirmer la menace des zoonoses et leurs origines environnementales. Cet élargissement, relevant des savoirs de l’écologie, est pris en compte dans l’activité thérapeutique, non pas à titre d’annexe, de complément plus ou moins facultatif, mais comme reconnaissance des bénéfices du contact avec la nature, de l’exercice personnel, voire de la méditation. L’aspect transversal et qualitatif de la santé se traduit dans les EIS13 qui mobilisent de nombreux acteurs, accompagnant les habitants dans leur souhait d’être partie-prenante dans l’élaboration des modalités de leur univers de vie.

7. La reconfiguration du champ d’action du service de santé environnementale

  • 14 Comme en témoigne l’évaluation d’impact sanitaire présentée dans l’article de Vernouillet et al. da (...)
  • 15 Dans la définition qu’en propose l’OMS en 1990, la santé environnementale recouvre « à la fois les (...)

11C’est dans cette filiation sanitaire et ce champ environnemental en forte transformation, que vient s’inscrire le plan santé environnemental parisien et la création du service de santé environnementale. L’objectif est celui d’une plus grande cohérence et transversalité des initiatives de la ville face à des domaines d’intervention qui n’ont cessé de se multiplier et de s’amplifier. Il s’agit d’en renforcer la consistance dans un contexte administratif historiquement marqué par la segmentation des compétences et des services et le déficit potentiel de contact entre eux, avec aussi la visée d’en élargir le champ à des politiques qui en étaient jusque-là éloignées14. En soulignant l’extension opératoire de l’environnement induit par la santé environnementale, insuffisamment reconnue en France15, à entendre non pas comme protection surplombante, mais, à la suite de la définition de la santé proposée par l’OMS d’« état complet de bien-être à la fois physique, mental et social », comme « non seulement libre d’influences nuisibles ou dangereuses, mais aussi procurant une base effective et harmonieuse pour une vie saine » ([Frumkin 2005, Frumkin & Fox, 2011, Alberti 2016]. Avec ce qu’une telle définition signifie en termes de reconnaissance, d’appropriation et de subjectivité, d’implications psychologiques, techniques, sociales et, de fait, éthiques.

12Il y a là beaucoup plus que la factualité objectivante accordée le plus souvent à l’environnement en France : on y retrouve l’empreinte de ce qui a constitué la matrice subjective de l’environnement dans le monde anglo-saxon, traduisant une forme d’engagement non pas volontariste dans le sens qu’on lui reconnait communément, mais plutôt existentiel et immanent de propriété du vivant en tant qu’agent intentionnel [Manceron 2022].

  • 16 Cf. Le rapport d’activité 2020 du SPSE, témoignant de l’impact de l’épidémie de covid sur l’action (...)

13Le plan parisien en reflète le sens, en particulier dans ce qu’il désigne comme promotion d’une culture de la santé environnementale, appel à en saisir et en expliciter les multiples facettes et l’extension des registres qui y sont associés. L’un de ces aspects est évidemment la démonstration de son efficacité, et donc la constitution et la diffusion régulière d’informations pour en faire connaître les éléments, avec l’analyse des conditions et des obstacles que rencontre sa mise en œuvre dans une perspective à la fois de court, mais aussi de plus long terme face à des enjeux qui ne cessent d’évoluer16. Avec la notion que l’action de terrain ne peut s’envisager indifféremment d’approches plus larges, cognitives et réflexives, indissociables d’une véritable philosophie de la problématique étayée d’enquêtes qui permettent de mieux en appréhender les diverses facettes et les obstacles de tous ordres, économiques, sociaux, culturels, politiques auxquels se heurtent les mises en œuvre.

8. Une activité multiforme en relation avec la population

  • 17 Le SPSE réunit aujourd’hui deux départements scientifiques et techniques, le Département Faune et A (...)
  • 18 Deux études ont été conduites, l’une concernant la résistance des punaises de lit aux pyréthrinoïde (...)

14C’est cette double visée que porte le SPSE et le regroupement des entités sur lequel il s’est fondé, associant interventions de terrain multiformes à expertise et veille scientifique17. Divers aspects illustrent cette démarche, mettant également en évidence les interrelations accrues d’initiatives nouvelles plus transversales. Avec la reconfiguration du SPSE, l’ancien service d’hygiène et de salubrité a été restructuré et orienté vers la lutte contre les animaux porteurs de risques pour la santé, rats, punaises de lit, moustiques, gale, dans une perspective de lutte intégrée pour ce qui concerne les deux premiers, à la suite d’études ayant montré les résistances croissantes des rongeurs et des insectes aux biocides18. Ce type d’approche implique la mise à jour des facteurs déterminants.

15Concernant les rats, la disponibilité de nourriture, en particulier dans les espaces verts, a été confirmée par la baisse des effectifs des populations à la suite des confinements liés à la pandémie. Elle a amené à revoir certains aspects du dispositif de gestion des déchets parisiens, avec l’installation dans les parcs et jardins d’abris-bacs et le remplacement des poubelles de rue par des bacs parallélépipédiques inaccessibles aux rongeurs. La mise en œuvre a signifié la sollicitation de nombreux acteurs et la mobilisation de différents services avec pilotage par le secrétariat général de la ville de Paris. Elle a aussi induit un travail important d’explications auprès des différentes mairies d’arrondissement, autonomes en matière de propreté, pour les convaincre de l’inadéquation de l’utilisation des biocides et du bien-fondé d’une autre approche.

  • 19 Les bailleurs sociaux ont la charge des investigations. Il revient aux non bénéficiaires d’aide soc (...)

16De même, la lutte contre les punaises de lit a amené, en amont du plan national, la mise en œuvre d’un dispositif reposant sur des visites à domicile accessibles aux parisiens bénéficiant d’aide sociale et logés par un bailleur privé19. Là aussi, le choix d’une approche intégrée s’est traduit par la recherche de traitements alternatifs aux produits chimiques, en l’occurrence, pour les crèches ou encore en cas de réemménagements après travaux de rénovation, l’utilisation de tentes chauffantes à 70° permettant l’élimination des insectes. La stratégie s’est aussi traduite par une vigilance à l’égard de la gestion des encombrants, constituant une avancée de l’économie circulaire mais potentiellement vecteurs de contamination, avec là aussi la nécessité de traitement par la chaleur ou par le froid. La démarche s’est accompagnée d’informations en ligne sur les indices permettant de repérer les punaises au domicile, la préparation des interventions, des conférences publiques, etc…

17Le traitement des moisissures, source récurrente du développement d’allergies, et éventuellement les expositions chimiques constituent d’autres champs d’intervention susceptibles de faire l’objet d’audits environnementaux dans les logements sur prescription médicale. Ces investigations sont conduites par des conseillers médicaux en environnement intérieur via la cellule santé habitat du service, en lien avec les laboratoires du SPSE qui peuvent réaliser des analyses de prélèvement identifiant les sources et proposer des conseils pour réduire les expositions.

18Sur un autre plan, mais dans une logique comparable, l’incendie de Notre-Dame en 2019 a suscité des interrogations quant à de possibles contaminations au plomb. A la suite de mesures réalisées par le SPSE ayant permis d’identifier un périmètre à risque potentiel, l’ARS Ile-de-France a sollicité Santé publique France pour une étude plus large sur plusieurs arrondissements du centre de la ville, qui a permis de mettre en évidence des cas de saturnisme sans nécessaire relation avec l’incendie et ignorés jusque-là, dans des zones qui avaient fait l’objet de peu de dépistage. Ceux-ci apparaissent dus à la présence de plomb dans l’habitat parisien ancien [Etchevers 2021], habitat de valeur mais dont les spécificités architecturales (utilisation du plomb laminé pour la protection des balcons notamment) sont susceptibles d’entraîner des surexpositions au plomb par les occupants, en particulier les enfants, en dehors même de toutes dégradation des logements.

19Comme nous l’avons indiqué indirectement à travers sa structure, le champ d’intervention du SPSE en interaction avec les Parisiens est très large, air intérieur au domicile, mais aussi dans les espaces recevant du public, en particulier les écoles, où la question de la contamination potentielle, de la qualité de l’air et de l’aération ont constitué un sujet important avec l’épidémie de Covid. D’autres sujets, très divers, sollicitent l’action du SPSE : repérage et prévention des perturbateurs endocriniens, légionellose, amiante dans les matériaux ou dans l’atmosphère des locaux, prise en compte de la pollution historique des sols, etc…

9. Études, expertise, croisement des compétences, expérimentation, décision

20Mais l’activité du service ne se limite pas au seul champ relevant de sa compétence directement opératoire, même si les exemples présentés illustrent le jeu des relations larges indispensables aux mises en œuvre. Ainsi récemment il a réalisé deux études [Barral 2021], également présentées dans le présent numéro. L’une s’est attachée à la réalisation d’une cartographie fine des défaveurs environnementales sur la ville de Paris, poursuivant des travaux antérieurs du même type [ORS & IAU 2016], mais avec une méthodologie beaucoup plus aboutie. L’autre concerne une évaluation d’impact sur la santé dans le cadre d’une future opération d’aménagement. En dehors de ses apports propres, cette étude a constitué un intéressant outil de concertation en permettant à la population consultée de faire part de ses préconisations et de ses souhaits concernant des aménagements envisagés, en même temps qu’elle a permis d’identifier des pathologies qui ont fait l’objet, avant même la fin de l’étude, d’une prise en charge et d’initiatives pour y remédier. Ces deux travaux ont pour objectif de construire des outils à la disposition des décideurs et ont été reçus avec beaucoup d’intérêt par les responsables parisiens, en particulier l’EIS, comme en témoigne le rapport La santé à Paris. Ils traduisent un effort pour disposer d’éléments objectivés pour orienter l’action, mais on peut aussi souligner qu’ils ne peuvent suffire à l’engager. On mesure aussi là la limite à tenter d’objectiver l’environnement, la difficulté à en appréhender pleinement les spécificités, en particulier urbaines, induisant une sous-estimation potentielle du champ, du jeu des acteurs et des dynamiques opératoires correspondantes. La cartographie apporte une image évidemment figée du contexte environnemental, tandis que les résultats des EIS peuvent paraître manquer de précision. Il est prématuré d’esquisser un bilan de ces travaux, mais ils témoignent néanmoins clairement de l’extension de l’appréhension des enjeux en matière de santé environnementale, y compris en matière d’aménagement urbain.

  • 20 Sans compter la question de l’évolution de la qualité de l’air au fil de l’impact des initiatives e (...)

21La dimension environnementale concerne de fait directement de nombreux secteurs de la ville de Paris. On touche là à un des intérêts, mais aussi une des difficultés majeures de l’environnement, sa transversalité, son absence de frontière, y compris sur le plan sanitaire. Dans ce contexte, l’apport du SPSE repose sur des accords, des liens tissés avec les différentes directions de la municipalité. En particulier la cohérence des projets concernant l’habitat et les espaces verts, thèmes majeurs pour la mise en œuvre des projets environnementaux20, passe par une gouvernance souple et transversale reposant sur la vigilance du secrétariat général. En raison de la fluidité et de l’extrême rapidité de l’évolution de la santé environnementale, l’enjeu est de dépasser le poids des structures, l’inertie administrative tout en respectant une cohérence des objectifs étayés par des analyses scientifiques que fondent l’expertise du SPSE.

22Par ailleurs, le domaine de la santé environnementale est aussi un domaine qui se caractérise par des inconnues multiples, par des questions d’échelles et d’importantes incertitudes. Cela se traduit par un jeu de sollicitations, de demandes d’avis, d’échanges sur des questions particulières, avec la possibilité pour le SPSE de mobiliser et de faire état d’une expertise ou de connaissances scientifiques susceptibles d’orienter les choix et les décisions ([Lefranc 2022], avec la reconnaissance d’un droit à l’expérimentation. Sans négliger la confrontation avec des positions ou des attitudes très tranchées, ancrées politiquement ou idéologiquement, requérant un important investissement en termes d’information et d’explications, comme cela a été le cas dans le cas de la lutte intégrée contre les rats.

23De façon à répondre à ces difficultés et à permettre la diffusion d’une culture de la santé environnementale à l’ensemble des agents de la ville, le SPSE a mis sur pied un service généraliste de formation à la santé environnementale via une plateforme de formation à distance, conçue et alimentée par la mission « Paris ville apprenante » (MPVA) du bureau de la formation de la direction des ressources humaines, accessible via l’intranet de la ville. La création, en avril 2022, d’une direction de la santé publique au sein de l’organigramme de la ville, regroupant l’ensemble des départements concernés par la problématique sanitaire, dont le SPSE, témoigne de la préoccupation de la municipalité pour la diversité des champs concernés par la thématique sanitaire, considérablement renforcée par la crise du covid et la façon dont celle-ci a brutalement impacté le système de santé parisien. Le rapport La santé à Paris, rendu public à l’automne 2022, dresse un large panorama de la question sanitaire dans le contexte de reflux amorcé de l’épidémie.

Conclusion

24Il est difficile, faute d’évaluations disponibles, de faire un bilan détaillé de ces mises en œuvre, des avancées qu’elles ont rendu possible, mais aussi des difficultés qu’elles ont vu émerger. On peut évidemment s’interroger sur les limites du dispositif parisien, restreint à la ville de Paris, dans le contexte de l’agglomération et de la région tel que nous les avons évoqués. Comme nous l’avons relevé, la fluidité, la transversalité des questions environnementales transgresse les périmètres institutionnels existants et pose de délicates questions de gouvernance aux différentes échelles concernées, en vue d’assurer à la fois hétérogénéité et cohérence. De par son caractère transversal, la santé environnementale ne peut se limiter à un service, aussi compétent soit-il mais sollicite de nombreux acteurs et différentes actions au-delà du périmètre institutionnel du SPSE. On ne peut cependant que souligner l’effort de la ville de Paris dans la promotion véritablement significative d’une démarche en matière de santé environnementale, permettant d’en mesurer plus que l’intérêt, le caractère incontournable à travers l’ampleur de ce qu’elle met au jour, non sans en saisir aussi les difficultés. Elle permet de mieux appréhender le chemin à parcourir pour que ce type de démarche puisse se développer, d’en mesurer l’agentivité nécessaire, d’identifier la diversité des ancrages et la multiplicité des éléments qu’elle associe, à la fois cognitifs et scientifiques, indissociables d’autres dimensions, tant psychologiques et morales que sociales dans la part qu’elle fait aux individus et à la reconnaissance de leur autonomie. Elle offre une illustration majeure de la pertinence de la démarche de santé environnementale en contexte urbain, en montrant combien celui-ci peut constituer un laboratoire d’un très grand intérêt permettant à la fois de tester des chemins d’action, des mises en œuvre, d’en mesurer les limites comme de concevoir leur extension possible. Il s’agit aussi ici de solliciter la créativité et l’imagination des habitants qu’il convient d’accompagner tout en offrant un cadre cognitif et institutionnel en perpétuelle évolution.

Haut de page

Bibliographie

Alberti, M. (2016) – Cities That Think like Planets. Complexity, Resilience, and Innovation in Hybrid Ecosystems, Seattle / Londres, University of Washington Press, 281 p.

Barral, S. & Vernouillet, G. (2021) – « Développement de deux outils pour prendre en compte la santé environnementale et les situations de multi-expositions à Paris », Environnement, Risques & Santé, vol. 20, n° 4, pp. 369-376, https://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-environnement-risques-et-sante-2021-4-page-369.htm

Beck, U. (1986/2001) – La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité, Paris, Aubier, 521 p.

Charles L. (2023) – « Santé environnementale en France : la difficile inscription d’une notion et d’un champ d’action publique », Bulletin de l’Association de Géographes Français/Géographies, ce numéro.

Dannenberg, A. L. et al. (ed.) (2011) – Making Healthy Places. Designing and Building for Health, Well-being, and Sustainability, Washington, Covelo, London, Island Press, 417 p.

Etchevers, A. (2021) – Surveillance des plombémies infantiles réalisées à la suite de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris en 2019, Saint-Maurice, Santé publique France, 29 p.

Frioux, S. (2021) – » Genèse et application de la loi de 1961 sur la pollution atmosphérique », Histoire@Politique, n° 43, pp. 1-15, https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/histoirepolitique/494.

Frumkin, H. (2005) – » Nature contact: A Health Benefit? », in H. Frumkin (ed.), Environmental Health. From Global to Local, San Francisco, John Wiley & Sons Inc., pp. 781-804.

Frumkin H. & Fox, J. (2011) – » Contact with Nature », in A. Dannenberg et al. (ed.), Making Healthy Places. Designing and Building for Health, Well-being, and Sustainability, Washington, Covelo, London, Island Press, pp. 229-243.

Lefranc, A. (2022) – « Entre connaissance scientifique et prise de décision en santé environnementale. Quelques pistes de réflexion sur la base de l’exemple d’un service technique en collectivité territoriale », Environnement, Risques & Santé, vol. 21, n° 4, pp. 295-298.

LMoullec, Y. & Medina, S. (1992) – Évaluation des risques de la pollution urbaine sur la santé, analyse des études épidémiologiques publiés entre 1980 et 1991, Rapport d’étude ORS Île-de-France, Paris, 300 p.

Manceron, V. (2022) – Les veilleurs du vivant, Paris, Les Empêcheurs de Penser en Rond, 320 p.

Mie (Mission d’information et d’évaluation) (2022) – La santé à Paris. Le rapport, Ville de Paris, 224 p. http://affairesjuridiques.aphp.fr/textes/mission-dinformation-et-devaluation-la-sante-paris-6-octobre-2022/

Murard, L. & Zylberman, P. (1996) – L’hygiène dans la République. La santé publique en France ou l’utopie contrariée 1870-1918, Paris, Fayard, 805 p.

Ors (Observatoire régional de santé) & IAU (Institut d’aménagement et d’urbanisme) (2016) – Inégalités environnementales. Identification de points noirs environnementaux en région Ile-de-France, Paris, Institut d’aménagement et d’urbanisme Ile-de-France, 36 p.

Parent-Duchâtelet, A. (1824) – Essai sur les cloaques ou égouts de la ville de Paris, envisagés sous le rapport de l’hygiène publique et de la topographie médicale de cette ville, Paris, Chez Crevot, 240 p., https://iiif.wellcomecollection.org/pdf/b2107138x

Spse (Service parisien de santé environnementale) (2021) – Rapport d’activité 2020, Mairie de Paris, Direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé, 34 p.

Squinazi, F., et al. (2010) – Le laboratoire d’hygiène de la ville de Paris (1910-2010). De l’hygiène publique à la santé environnementale, Mairie de Paris, Direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé, 128 p.

Vernouillet, G. et al. (2023) – » Améliorer la santé des Parisiens et réduire les inégalités par les politiques de la Ville : deux outils pour comprendre et agir », Bulletin de l’Association de Géographes Français/Géographies, ce numéro.

Haut de page

Notes

1 Le plan parisien de santé environnementale a été adopté fin 2015, après un long travail de préparation et de concertation, orchestré par le médecin Bernard Jomier, alors adjoint à la santé. Il est accessible en ligne à l’adresse : https://cdn.paris.fr/paris/2020/02/26/2da4e4c5066d8d475fdc3f26c69a367e.ai

2 Comme développé dans la contribution de Lionel Charles dans le présent numéro.

3 Le C40 a été fondé par le maire de Londres Ken Livingstone en 2005 l’occasion d’une réunion de 18 maires de mégacités, dont le maire de Paris, Bertrand Delanoë, visant l’élaboration d’un accord pour réduire de façon coopérative entre ces villes la pollution liée au climat. Celui-ci a d’abord pris le nom de C20. L’année suivante, ces premières villes ont été rejointes par vingt-deux autres, d’où le nom de C40. Cf. https://www.c40.org/

4 Pour bien situer cette spécificité, il faut souligner le statut administratif particulier de la ville de Paris, pendant longtemps sous la tutelle de l’État : en 1800, jusqu’à l’éclatement du département de la Seine en 1964, la ville est reconnue comme commune unique, administrée par le préfet de la Seine assisté d’un Conseil général de la Seine. Les fonctions de police sont assurées par le préfet de police. Et ce n’est qu’avec la loi de 1975 qu’est institué un maire de Paris, faisant de la ville à la fois une commune et un département. Le maire est président du Conseil de Paris qui assure aussi la fonction de Conseil général, mais les pouvoirs de police restent dévolus au préfet de police, dispositions précisées et affinées par les lois de 1982 et de 2002. La loi de 2017 simplifie l’organisation duale de la ville en département et commune pour créer une entité unique nommée Ville de Paris, qui récupère des compétences supplémentaires en matière de police. Si la ville a ainsi pu reprendre une partie de la compétence en matière de circulation, elle reste, souligne le site de la municipalité, « la seule ville de France où les attributions de police municipale (circulation, tranquillité et salubrité publiques) ne sont pas entièrement exercées par un maire élu, mais par un fonctionnaire de l’État, le préfet de Police et dans une moindre mesure le préfet de la région Île-de-France. »

5 Sans ignorer les résistances en matière de tout à l’égout, dont l’usage ne devient obligatoire qu’en 1894.

6 Ces transformations sont aussi à associer au développement important que connait Paris tout au long du siècle avec une croissance démographique forte et un élargissement progressif de son périmètre. La population, qui compte 550.000 habitants en 1800, atteint un million en 1840 et s’accroit encore de 500.000 habitants avec l’extension de la ville en 1860, où elle annexe plusieurs communes voisines, passant de douze à vingt arrondissements.

7 Á l’occasion du centenaire de la création du LHVP, en 2010, F. Squinazi a rédigé en collaboration avec les personnels du LHVP, un mémoire intitulé Le laboratoire d’hygiène de la ville de Paris (1910-2010), retraçant les phases successives de son activité en relation avec l’évolution des préoccupations institutionnelles et, dans une certaine mesure, sociales, auquel nous empruntons une large part des informations suivantes.

8 On peut rappeler le retard important de la France par rapport à d’autres pays européens dans la lutte contre la tuberculose, souligné par Murard et Zylberman [1996].

9 Avec des mesures du dioxyde de carbone, et un peu plus tard, d’acidité forte gazeuse (SO2) et de l’indice de fumée noire.

10 C’est aussi à ce moment que la presse commence à se faire de façon croissante l’écho de préoccupations en matière de qualité de l’air.

11 Un arrêté du 28 juillet 1964 du ministre des Travaux Publics et des Transports, pris en application du code de la route, limite la quantité totale d’hydrocarbures que les gaz de carter peuvent contenir sans viser les émissions à l’échappement et notamment la réduction ou la suppression de l’oxyde de carbone contenu dans ces émissions.

12 La restructuration administrative de 1964 a reconfiguré le découpage administratif de la région, dominée jusque-là par le département de la Seine. Celle-ci passe de trois à huit départements, modifiant substantiellement le champ d’intervention des instances qui y sont attachées.

13 Évaluation d’impact sur la santé.

14 Comme en témoigne l’évaluation d’impact sanitaire présentée dans l’article de Vernouillet et al. dans ce numéro, également résumée rapidement plus loin.

15 Dans la définition qu’en propose l’OMS en 1990, la santé environnementale recouvre « à la fois les effets pathologiques directs des composés chimiques, des radiations et d’agents biologiques et les effets (souvent indirects) sur la santé et le bien-être de l’environnement physique, psychologique, social et esthétique au sens large, incluant le logement, le développement urbain, l’utilisation du sol et le transport ».

16 Cf. Le rapport d’activité 2020 du SPSE, témoignant de l’impact de l’épidémie de covid sur l’action du service.

17 Le SPSE réunit aujourd’hui deux départements scientifiques et techniques, le Département Faune et Action contre l'Insalubrité (DFAS) et le Département des Activités Scientifiques Transversales (DAST) et trois laboratoires, le laboratoire amiante fibres et particules (LAFP), le laboratoire micro-organismes et allergènes (LMA) et le laboratoire des polluants chimiques (LPC). Le service dispose de capacités d’expertises et d’études permettant d’apporter appui et conseil fondés scientifiquement aux directions de la ville dans la mise en œuvre de politiques publiques dans de multiples domaines, urbanisme, biodiversité, construction, action sociale, etc…

18 Deux études ont été conduites, l’une concernant la résistance des punaises de lit aux pyréthrinoïdes, réalisée dans le cadre d’une thèse, l’autre celle des rats aux rodenticides antivitaminiques K.

19 Les bailleurs sociaux ont la charge des investigations. Il revient aux non bénéficiaires d’aide sociale d’assumer les frais de la désinsectisation en faisant appel à une entreprise privée. Le service est aussi accessible aux travailleurs sociaux exposés après intervention.

20 Sans compter la question de l’évolution de la qualité de l’air au fil de l’impact des initiatives et des aménagements, ou celle du climat.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Lionel Charles et Isabelle Roussel, « Le service de santé environnementale parisien : continuité et renouvellement »Bulletin de l’association de géographes français, 99-4 | 2023, 593-606.

Référence électronique

Lionel Charles et Isabelle Roussel, « Le service de santé environnementale parisien : continuité et renouvellement »Bulletin de l’association de géographes français [En ligne], 99-4 | 2023, mis en ligne le 27 mars 2023, consulté le 15 mai 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/10335 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/bagf.10335

Haut de page

Auteurs

Lionel Charles

Chercheur en sciences sociales, Fractal, 5 rue Guillaumot, 75012 Paris – Courriel : lionelcharles75[at]gmail.com

Articles du même auteur

Isabelle Roussel

Professeur émérite de géographie, Université de Lille – Courriel : appa.irou[at]gmail.com

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search