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L’urbanisme de la prévention :documenter les inégalités environnementales et sanitaires à l’échelle métropolitaine et réinventer la nature en ville

Prevention urbanism: documenting sanitation and environmental inequalities at the metropolitan scale and reinventing nature in the city
Cynthia Ghorra-Gobin
p. 519-533

Résumés

L’année 2022 représente un moment propice pour discuter de l’avenir de la vie humaine sur la planète Terre et s’engager dans une politique de prévention pour faire face aux risques sanitaires (liés à toute forme de pandémie) et aux risques (associés au changement climatique). En France, les villes – responsables de 67 % de la production de gaz à effet de serre – sont également identifiées comme les sites privilégiés de la solution au problème. Mener une politique urbaine de la prévention dans le registre de la santé et opter pour la sobriété au niveau des modes de vie et de consommation exige de prendre en compte plusieurs paramètres, dont celui des inégalités. Il revient de documenter la dimension sociale et spatiale des inégalités environnementales, retravailler la question du logement et inventer un urbanisme de la nature dans la ville. Le dialogue entre géographie de la santé et géographie urbaine a pour ambition de souligner la pertinence de l’échelle urbaine pour préciser les contours d’une politique de prévention dans le but de contribuer à la résilience urbaine, parallèlement aux engagements de l’État.

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Texte intégral

Introduction

  • 1 Voir l’article de Carole Barthélémy dans The Conservation (4 octobre 2022), « A Marseille, les tran (...)
  • 2 Ce dossier de la revue BAGF fait suite à une journée d’études qui s’est déroulée en mars 2022 à l’i (...)

1À la suite des bouleversements planétaires de l’année 2022 qui se sont traduits un peu partout dans le monde et en France (compte tenu de la répétition d’épisodes caniculaires par de nombreuses journées de températures extrêmes, d’incendies de forêts difficilement maîtrisables, de stress hydrique, d’inondations spectaculaires (Pakistan) entraînant le déplacement de nombreuses populations, le changement climatique s’est imposé avec force dans le débat public. Ce moment politique s’avère propice pour discuter des différentes mesures à prendre pour décarboner la production économique, promouvoir la sobriété dans les modes de vie et de consommation, et s’engager dans une politique de la prévention de la santé à l’échelle urbaine. Pour les sciences sociales et notamment pour la géographie, cette ambition revient à prendre en compte plusieurs paramètres, dont celui des inégalités. Les quartiers pauvres sont plus impactés par la pollution de l’air que les quartiers aisés, un point de vue conforté par de nombreux travaux1. Faire dialoguer la géographie de la santé et la géographie urbaine en s’appuyant principalement sur le corpus francophone permet de documenter la dimension sociale et spatiale des inégalités environnementales, de revoir la question du logement et de réinventer la place de la nature dans l’urbanisme [Picheral 2011]. L’analyse conduit à souligner la pertinence de l’échelle urbaine pour s’engager dans une politique de prévention de la santé. Celle-ci revient à faire face aux risques sanitaires liés aux pandémies et aux conséquences du changement climatique. Ces enjeux urbains sont ici2 abordés par sept chercheurs œuvrant sur l’une ou l’autre des trois thématiques évoquées.

  • 3 Consulter la Note 112 de France Stratégie (2022) « Inégalités environnementales et sociales se supe (...)
  • 4 Cynthia Rosenzweig, chercheure à la NASA Goddard Institute for Space Studies et à l’Earth Institute (...)
  • 5 Dans son article, le chercheur Theys a indiqué avoir emprunté l’expression « subsidiarité active » (...)

2Documenter les inégalités sociales et spatiales liées aux dimensions environnementales et sanitaires3 s’avère un impératif pour une politique urbaine orientée vers un urbanisme de la prévention dans le champ de la santé. C’est l’hypothèse que partagent les articles de ce dossier qui confirment l’hypothèse de Cynthia Rosenzweig4 qui dans l’article du Scientific American [2011] intitulé « All Climate is Local » convoque les dirigeants de la planète entière. Si les villes représentent les sites privilégiés de la production de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, elles sont également perçues comme les lieux privilégiés de l’action politique pour initier une transition écologique et solidaire. Dès l’introduction dans la revue Scientific American, l’idée d’un futur urbain de l’humanité est dessinée : « Humankind‘s future is in the city ». En France, les chercheurs travaillant sur la dimension sociale du développement durable dans la perspective dessinée par Jacques Theys [2002], ont souligné l’impératif de la « subsidiarité active »5, soit une approche territoriale et locale. L’idée a été reprise par la revue Science & Vie qui, dans un numéro spécial publié à l’occasion du Sommet de Copenhague (2009) s’adressant à un large public met en évidence la vulnérabilité des villes. Ces dernières concentrent plus de 50 % de la population mondiale et leurs habitants devront faire face à de nombreux évènements extrêmes : îlots de chaleur, élévation du niveau de mer et de fleuves et évènements météorologiques violents (stress hydrique, approvisionnement en eau…).

  • 6 Consulter le site de Réseau français des Villes-Santé de l’OMS. URL : https://www.villes-sante.com
  • 7 A l’occasion des doctorales de 2023, L’ASRDFL (Association de Science Régionale de Langue française (...)
  • 8 L’entretien de Valérie Masson-Delmotte est réalisé par Joséfa Lopez, dans Le Monde (4 octobre 2022) (...)

3Dans le but de clarifier le propos de ce dossier intitulé « Inégalités environnementales, risques sanitaires et prévention », il s’avère utile de préciser, à la suite des géographes de la santé, Jeanne-Marie Amat Roze [2011] et Julie Vallée et al. [2011], qu’il revient d’éviter de confondre « santé » et « médecine ». La médecine fait référence à l’offre de soins (médecine de ville, hôpitaux et accès aux soins) alors que la santé relève d’un champ multisectoriel et multifactoriel. Cette dernière renvoie à l’idée de « se nourrir, s’instruire, habiter, travailler et se déplacer ». La distinction est également soulignée par le Réseau français des Villes-Santé de l’OMS pour lequel « le soin n’est qu’un maillon » de la santé6 en faisant référence à la Charte d’Ottawa (1986). Dans cette Charte, l’OMS a défini l’intérêt d’une approche sociologique de la santé et de l’environnement en proposant le concept de « ville-santé »7. Dans un entretien au quotidien Le Monde, la co-présidente du groupe de travail 1 du GIEC (Groupe d’Experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), Valérie Masson-Delmote [2022], met en évidence le rôle des villes pour mener une politique d’adaptation au changement climatique incluant le volet santé8.

  • 9 Voir l’article de l’entretien de Céline Guivarch par Nabil Wakim, « On continue à trop investir dan (...)
  • 10 Delphine Roucaute « Les impacts du réchauffement climatique sur la santé humaine », Le Monde, 28 oc (...)

4Dans un contexte d’urbanisation généralisée associée à la mondialisation –que certains qualifient de métropolisation [Ghorra-Gobin 2015, 2018] -- et caractérisé par le changement climatique et la perte de la biodiversité, les risques pour la santé sont susceptibles de se multiplier [Dab 2020]. Ce propos est souligné par Céline Guivarch [2022], - co-auteur du Groupe de travail III du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et membre du Haut Conseil du Climat en France - dans l’entretien donné au journal Le Monde au sujet des énergies fossiles. Pour l’économiste il revient de réfléchir à réduire les émissions de gaz à effet de serre « en atteignant des objectifs d’amélioration de la santé pour tous ». La combustion du CO² donne lieu à l’émission de particules fines qui génèrent des maladies respiratoires, cardiovasculaires et certains cancers. Aussi précise-t-elle « réduire la combustion d’énergies fossiles, c’est aussi améliorer notre santé »9. En France, plus de 40.000 décès sont attribués tous les ans à la pollution atmosphérique. Et comme le rappelle la journaliste Delphine Roucaute [2022] en citant une récente publication de la revue scientifique The Lancet, la mortalité liée à la chaleur a augmenté de 68 % entre 2017 et 202110. Les répercussions sur la santé concernent l’aggravation des maladies cardio-vasculaires ou respiratoires, la détérioration du sommeil et de la santé mentale ainsi que l’augmentation des morts, à la suite de blessures.

5Le présent dossier de la revue BAGF souligne la pertinence de l’échelle territoriale de la ville et de son hinterland pour une politique de prévention de la santé. La première partie de l’introduction rappelle les caractéristiques d’un contexte planétaire marqué par la montée des risques sanitaires liés aussi bien aux pandémies qu’au changement climatique ; la deuxième partie reprend l’idée de la vulnérabilité croissante des populations urbaines ; et la troisième partie souligne les éléments de prévention étudiés par les chercheurs de ce dossier, pour montrer son intérêt dans un contexte de changement climatique et de prise de conscience de la survie des vivants sur la planète Terre.

1. Un contexte planétaire marqué par des bouleversements accentue les vulnérabilités sociales

  • 11 Le Dictionnaire critique de la mondialisation (Armand Colin, 2012) a mis en évidence les trois dime (...)
  • 12 Pour plus de précisions, consulter l’entrée « pandémie » du Dictionnaire critique de la mondialisat (...)

6Croiser les savoirs de différentes disciplines s’avère indispensable pour appréhender l’urbanisation et la mondialisation dont les processus sont qualifiés de multidimensionnels. Comme le précise le Dictionnaire critique de la mondialisation11, la mondialisation fait référence à trois catégories de processus. Elle ne se limite pas à la « globalisation » renvoyant à la sphère économique, c’est-à-dire la circulation de capitaux, marchandises, hommes et femmes d’affaires, touristes et à la politique d’attractivité suscitée par les métropoles. Pour ce qui concerne les échanges culturels [Appadurai 1996], artistiques et scientifiques ainsi que les risques liés à toute forme de pandémie12 inhérente au phénomène de la circulation [De Kervasdoué & Picheral 2004, Ghorra-Gobin 2012, 2020], le mot « mondialisation » s’avère approprié. Aussi, en prenant le parti de limiter la mondialisation à la seule sphère économique, la « mondialisation du confinement » [Charmes & Rousseau 2020] a surpris tous ceux qui ne la percevaient que comme une nouvelle étape de la modernité [Ghorra-Gobin 2020 a,b, 2021]. Le troisième processus inhérent à l’idée de mondialisation peut se qualifier de « planétarisation » : il s’agit d’une prise de conscience de la finitude de l’environnement et de la perspective d’un changement climatique associé à des facteurs anthropiques [Escourrou 1991, Diamond 2004].

  • 13 Cette idée de la gouvernance mondiale a été reprise lors de la COP 27 à Charm El-Cheikh (Egypte) lo (...)

7Le changement climatique relève certes d’une question géopolitique, comme ne cesse de l’affirmer l’expert du GIEC François Gemenne [2022], mais ce dossier privilégie les philosophes, chercheurs en sciences sociales et en sciences de la nature ainsi que les épidémiologistes qui ont associé les risques sanitaires avec le changement climatique et à la perte de la biodiversité. Bruno Latour [2015], Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz [2016], Pierre Charbonnier [2020], Bruno Villalba [2022] ainsi que d’autres se sont exprimés au sujet des dérèglements climatiques en insistant sur les vulnérabilités sociales. Suite à ces analyses certains, comme le géographe Michel Lussault [2022], ont plaidé pour l’urbanisme du care, une notion déjà étudiée par la philosophe Fabienne Brugère [2011, 2017] à partir de textes fondateurs relevant notamment de la tradition anglo-américaine. Quant aux spécialistes de la santé, ils ont mis l’accent sur les inégalités à l’échelle mondiale. Pour eux, la pandémie aura été un révélateur de la « crise de la gouvernance mondiale » de santé publique13. Après avoir fait le constat de la distribution limitée des vaccins dans les pays du Sud, ils ont noté combien la santé était loin d’être considérée comme un « bien commun » de l’humanité. Pour le président du Comité d’urgence Covid-19 de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), Didier Houssin [2021], mettre la santé au centre des politiques publiques de l’État est devenu impératif dans la perspective « One Health » de l’OMS. Il propose aux États d’inscrire dans la loi, la politique de prévention et de préparation aux pandémies sans pour autant indiquer l’échelle territoriale pertinente pour assurer sa mise en œuvre.

  • 14 En 2022, le chercheur Pierre Charbonnier suggère à l’État d’assumer la continuité entre économie de (...)

8Des politistes comme Olivier Borraz et son équipe [2020] ayant enquêté sur l’expérience française de la pandémie ont mis en évidence les failles structurelles et systémiques de sa gestion. Ils ont dénoncé le monopole d’État après avoir noté combien son rôle demeurait incontournable pour tout ce qui concerne les vaccins et la fermeture des frontières14. De nombreux chercheurs ont également indiqué l’intérêt pour l’État de s’associer aux collectivités locales, intercommunalités et acteurs de la société civile [Vigneron 2003, Perez 2010, Douillet 2020, Voisin 2020]. Ils estiment que les acteurs locaux disposent de connaissances liées à leur proximité avec l’évènement et à leurs expériences concernant les ressources disponibles dans leurs territoires respectifs. Autrement dit, élus locaux et habitants sont en mesure de prendre en charge une situation a priori déstabilisante. La pertinence de l’échelle territoriale urbaine voire métropolitaine se justifie dans la mesure où les exécutifs conjuguent les responsabilités de la planification territoriale et du développement économique et social. Ce point de vue est partagé par les chercheurs de ce dossier qui mettent en évidence la responsabilité des villes et des métropoles pour documenter les inégalités sociales et environnementales. Il leur revient d’assumer le volet de la prévention dans le domaine de la santé, face aux risques sanitaires liés au changement climatique et aux pandémies [Vernouillet, Barral, Beaubestre & Lefranc 2023].

  • 15 Cynthia Ghorra-Gobin, « Un "tournant" dans la construction du récit métropolitain ? », Skyscraper, (...)

9Souligner la pertinence de l’échelle urbaine et métropolitaine pour une politique de la prévention exige de rappeler la vulnérabilité des urbains. Ce qui conduit à revisiter l’imaginaire métropolitain encore beaucoup trop centré sur la politique de l’attractivité et le principe de la concurrence urbaine pour attirer les flux de la globalisation [Ghorra-Gobin 2021]15.

2. Revisiter le récit métropolitain et souligner la fragilité de son territoire

  • 16 En France, le sentiment anti-métropolitain qui remonte aux lois Maptam (2014) et NOTRe (2015) est t (...)

10En France comme ailleurs dans le monde, les métropoles, c’est-à-dire les grandes villes, représentent depuis plusieurs décennies les locomotives du développement économique de leur pays [Davezies 2008]. L’analyse critique des sciences sociales16 les définit comme des incarnations du « capitalisme urbain » [Ernwein 2019, Adam & Comby 2020, Guironnet 2022] et de la politique néolibérale [Pinson & Morel Journel 2017, Pinson 2020]. Elle se justifie, compte tenu de la centralité qu’occupe la politique d’attractivité et d’inscription dans les flux de la globalisation par l’exécutif des métropoles. Mais elle présente également l’inconvénient d’ignorer la dimension de leurs fragilités et par voie de conséquence de la fragilité des habitants. Un récent ouvrage collectif [Faytre & Le Goff 2022] vient combler cette lacune en suggérant des pistes pour l’action publique urbaine. Plusieurs chapitres rédigés aussi bien par des chercheurs que des professionnels de l’urbanisme insistent sur l’impératif de l’inscription des risques sanitaires à l’amont. Ils revendiquent une prise en compte explicite de la prévention dans les pratiques de l’aménagement urbain et dans l’octroi des permis de construire, en s’appuyant notamment sur les études mettant en évidence les inégalités sociales et environnementales [Roussel & al. 2007].

  • 17 Consulter le site de l’Ecole des Hautes Etudes en santé publique. URL : <https://www.ehesp.fr/>
  • 18 La ville de Paris a inauguré une Maison Sport-Santé dans le 19e arrondissement, pour inciter les ha (...)

11La géographe Magali Reghezza-Zitt [2021] - spécialiste de l’impact urbain de risques climatiques et membre du Haut Conseil du Climat- a souligné à plusieurs reprises l’impératif d’une prise en compte des risques dans les politiques urbaines. Elle considère l’aménagement urbain comme le « premier levier de la résilience ». Ce point de vue est partagé par la géographe Anne Peggy Hellequin [2018] qui a documenté la prévention dans le registre de l’urbanisme en étudiant la transformation des villes, suite à la progressive introduction de règles d’hygiène dans l’habitat et dans la construction des infrastructures urbaines (assainissement, collecte et traitement des déchets). Pour les deux chercheures, seules des politiques urbaines transversales sont en mesure d’assurer la question de la prévention au niveau de la santé. Si la relation entre ville et santé a été travaillée, ce n’est que récemment que l’on parle d’« urbanisme favorable à la santé » suite à son invention par l’Ecole des Hautes Etudes en santé publique (EHESP). Les villes étant jugées fragiles, c’est à ce niveau que doit s’élaborer une politique de prévention17. L’EHESP a ainsi inauguré en 2022 la chaire « RÉsilience en Santé, Prévention, Environnement, Climat et Transition » (RESPECT) qui a pour mission de démontrer l’intérêt d’une politique urbaine centrée sur la prévention18.

  • 19 Les chercheures Nolwen Duclos et Florence Lerique ont étudié les « contrats locaux de santé » en le (...)

12Les chercheurs Nicolas Duvoux et Nadège Vezinat [2022] utilisent l’expression « santé sociale » pour mettre en évidence le poids des inégalités sociales, suite à leurs travaux sur les taux de mortalité liés à la pandémie du Covid-19. A l’échelle de la commune, les chiffres étaient bien plus élevés dans les quartiers défavorisés en raison de logements exigus et peu favorables à la santé [Roussel 2023], des métiers auxquels la population active était exposée et de leurs habitants davantage sujets à des comorbidités. Les deux sociologues proposent une ouverture de la santé « hors du soin » : ils relatent des expérimentations urbaines où les municipalités gèrent des centres de santé mêlant consultations de médecine générale « couplées à un travail social » comme mode de prévention. Dans un des chapitres de l’ouvrage intitulé « La santé est-elle l’affaire des municipalités ? », Igor Martinache et Nadège Vezinat affirment que si l’État est certes incontournable pour la politique du soin, les municipalités représentent des acteurs majeurs de la prévention pour la santé. Ces dernières détiennent un pouvoir réglementaire et budgétaire19 et certaines d’entre elles se révèlent pionnières dans la prise en charge d’enjeux sanitaires émergents, comme la prescription médicale d’activité physique ou la réintroduction de la nature et du végétal dans la ville [Bourdeau-Lepage 2023]. D’autres entreprennent des démarches pour étudier, surveiller et agir sur les déterminants de la santé relevant du cadre de vie, comme la pollution de l’air reconnue pour sa large contribution à la mortalité. D’où l’idée d’un échange de pratiques et d’expériences dans le cadre du Réseau français des Villes-Santé regroupant en 2022, 90 villes.

13L’historien Charles-François Mathis [2022], après avoir cité les travaux de la géographe Nathalie Blanc [1998] et ceux de l’historienne des sciences Valérie Chansigaud [2017], partage l’hypothèse d’un avenir écologique de la planète reposant sur les villes et leurs habitants. La ville devient progressivement un milieu de vie où l’homme et la nature interagissent [Blanc 1998], une perspective émise par le programme de l’Unesco « Man and Biosphere » dès 1971. Ce point de vue est partagé par Philippe Clergeau et son équipe [2022], qui proposent de réinventer la ville avec l’écologie. Mais pour Blanc et Mathis, le rôle écologique dévolu à la ville a des conséquences urbanistiques qui n’ont rien d’évident. En effet, assurer la présence du végétal au sein du bâti est susceptible de remettre en cause l’idée d’une architecture urbaine dominante, comme le proposaient les architectes issus de la tradition remontant au siècle des Lumières. Autrement dit, conduire une politique de prévention de la santé en raison de la vulnérabilité des habitants consiste à maintenir et conserver son « artificialité » et à s’insérer dans un écosystème. La géographe-anthropologue Marion Ernwein [2019] dont les travaux relèvent de l’Urban Political Ecology (Ecologie politique urbaine) analyse les transformations du métier de jardinier municipal quand il s’agit d’affirmer la diversité du vivant et de l’écologie. Elle identifie les changements d’attitude récents et en cours dans la conception, l’entretien et l’usage des « espaces verts urbains » et reconnaît l’émergence d’une « gestion différenciée ».

  • 20 Voir le site du Ministère de la Cohésion des Territoires. URL : <https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/adoption-definitive-de-la-loi-3ds-relative-la-differenciation-la-decentralisation-la>
  • 21 Consulter l’article de Laurence Chavane, « Des milliers de maires vont mettre leur ville au vert », (...)

14Après avoir analysé les articles de la presse nationale rédigés par des élus locaux au moment de la pandémie, la politiste Douillet [2020] a noté combien ils insistaient sur la rhétorique de la « proximité » pour évoquer le champ de la prévention. Elle en a déduit que la pandémie avait alimenté la cause décentralisatrice dans l’espace politique national et qu’elle avait réussi à revaloriser l’action locale. La pandémie et la crise sanitaire auraient favorisé le vote en faveur de la loi 3D « décentralisation, différenciation et déconcentration »20, suite à une mise en visibilité des villes. Douillet va jusqu’à conclure combien les élus locaux jouent un rôle moteur au sein de la réforme de l’administration française. Cette idée conforte l’hypothèse de ce dossier soulignant la pertinence de l’échelle urbaine et métropolitaine pour une politique de prévention de la santé en vue de contribuer à la résilience urbaine. En 2007, le président de l’Association des maires de France (AMF), déclarait à la suite du Grenelle de l’environnement, « les maires sont les fantassins du développement durable ». Nicole Notat, présidente du groupe du « Grenelle de l’environnement » et directrice de l’agence de notation environnementale et sociale (Vigeo) n’a pas manqué de préciser combien les élus locaux sont les acteurs décisifs du développement durable depuis leur mobilisation pour l’Agenda 21 suite à la Conférence de Rio en 1992. A l’occasion du 90e Congrès des maires (2007), le président de l’AMF proposa diverses mesures dont la protection de la biodiversité, de la santé et de la conduite de politiques municipales responsables sur le plan de l’écologie21.

3. Pour une stratégie de prévention dans le registre de la santé à l’échelle urbaine et/ou métropolitaine : le fil conducteur des articles

15En évoquant la santé et plus précisément le volet prévention de la santé, ce dossier BAGF propose de contribuer au débat sur la résilience des populations urbaines, compte tenu des risques associés au changement climatique et à la pandémie. Repenser le système de soins (hôpitaux et médecine de ville) relève d’un autre niveau de l’organisation territoriale mais c’est aux villes et aux métropoles de s’approprier l’idée de la prévention dans le registre de la santé.

16Il leur revient de se doter d’outils pour étudier les inégalités environnementales et écologiques [Emelianoff 2008]. La géographe précise que l’« inégalité écologique » a une signification plus large que l’« inégalité environnementale » dans la mesure où elle autorise à faire référence à une distribution inégale des biens et de maux environnementaux, soit des inégalités au niveau de l’empreinte écologique. Elle constate combien les populations ayant une empreinte écologique réduite sont souvent les principales victimes de l’iniquité environnementale. Aux États-Unis, les chercheurs qui se sont mobilisés, dès les années 1970, sur les inégalités environnementales ont dénoncé l’articulation étroite entre ségrégation raciale et ségrégation environnementale [Bullard, 1990, Ghorra-Gobin, 2005]. Le rapport Brundtland (1987) avait déjà opéré un « couplage » entre la question sociale et environnementale.

  • 22 Pour plus de détails sur le colloque international de Nantes, voir l’article « la santé mentale, un (...)

17Dans cette perspective, il revient aux géographes de construire un pont entre les travaux de géographie urbaine, de géographie sociale et de géographie de la santé. La géographe Sophie Buhnik [2019] dénonce le peu d’intérêt de la géographie urbaine sur la question du vieillissement des populations urbaines et le manque de politique de prévention pour assurer leur bien-être. La ville de Nantes et la métropole de Nantes ont organisé un colloque international intitulé « la santé mentale, une urgence pour les villes », en décembre 202222. Pour l’OMS, la dimension psychique fait pleinement partie de la santé alors que la santé mentale figure peu dans les prérogatives des villes. L’urbanisme qualifiée de « relationnel » en mettant l’accent sur les rues piétonnes, la végétalisation des espaces partagés peut représenter un levier pour retisser le lien social. Dans son étude sur la canicule de Chicago lors de l’été 1995 qui a causé le décès de 739 personnes, le chercheur Klinenberg rappelle que les épisodes météorologiques exceptionnels (désormais associés au dérèglement climatique) ont tous un caractère anthropique. Il souligne combien l’« isolement social » participe des vulnérabilités des habitants. Dans le dernier chapitre, l’analyse met en évidence la production du discours officiel lors de cet épisode tragique : la canicule a été présentée comme une « catastrophe naturelle ». Klinenberg en déduit que cette annonce médiatique aurait eu pour conséquence d’empêcher les services municipaux d’activer des programmes d’urgence. Il précise que toute catastrophe intensifie les inégalités sociales préexistantes. La comparaison du taux de la mortalité de deux quartiers de la ville, présentant a priori des facteurs de risques similaires, a démontré combien la surmortalité a été plus forte dans des quartiers où les individus vivent dans l’isolement. Cet isolement s’explique en raison de la faible densité du tissu institutionnel et des réseaux d’entraide.

  • 23 Les travaux du « Centre des Politiques de la Terre » dirigés par Nathalie Blanc représentent une sé (...)

18Les chercheurs de ce dossier rappellent combien la prévention de la santé des sociétés urbaines confrontées au changement climatique et aux pandémies exige tout autant de réinventer un urbanisme associant artificialité et naturalité que de se doter d’outils pour donner toute sa visibilité aux inégalités environnementales. Réinventer les programmes d’urbanisme pour réduire les îlots de chaleur en introduisant le végétal ainsi que repenser l’aménagement des espaces publics en fonction de nouvelles pratiques sociales participe de l’adaptation au changement climatique [Voisin 2020, Klinenberg 2022]. Ces mesures s’appuieraient sur des données mettant en évidence les inégalités environnementales socio-spatiales23.

19L’article d’Isabelle Roussel introduit la question de l’habitat dans la perspective d’une politique de prévention dans le registre de la santé et souligne combien il représente un enjeu majeur face aux risques liés aux bouleversements environnementaux. Le logement participe de l’adaptation et de la mitigation du changement climatique. En tant qu’espace clos, il est favorable à la propagation virale. La densité de l’occupation d’un logement ainsi que les caractéristiques de l’aération peuvent varier en fonction des ménages et des catégories sociales. Aussi le bien-être individuel se trouverait trop inégalement réparti alors que l’habitat représente l’expression majeure de la santé environnementale.

20L’article de Gabrielle Vernouillet, Sophie Barral, Claude Beaubestre et Agnès Lefranc se veut une présentation de deux outils pertinents de pilotage et d’aide à la décision du Service Parisien de Santé Environnementale : ils permettent de « prioriser, d’orienter et d’évaluer l’action publique » dans le domaine de la santé environnementale en tenant compte des inégalités sociales et environnementales. Le premier est un outil cartographique qui identifie les « zones de cumul des défaveurs » au moyen d’indicateurs relevant d’une échelle spatiale fine. Il concerne les nuisances environnementales, les vulnérabilités et la carence en aménités urbaines (espaces verts notamment). Le deuxième outil est une démarche d’évaluation d’impact sur la santé appliquée aux projets de l’aménagement urbain en faisant dialoguer les protagonistes. L’analyse souligne la pertinence de l’échelle urbaine pour assurer la santé environnementale tout en améliorant la transversalité au sein des services de la ville.

21L’article de Lise Bourdeau-Lepage étudie l’impact du changement climatique et de ses effets sur le bien-être et la santé des urbains. Il rappelle combien l’urbanisation et l’artificialisation des sols participent du changement climatique alors que la ville tend à représenter le « milieu de vie » d’une grande partie de la population mondiale. D’où l’idée de réintroduire la nature dans la ville parce qu’elle représente un élément constitutif du bien-être de ses habitants et parce qu’elle peut assurer une fonction sociale en facilitant la diversité sociale. L’analyse met en évidence les mesures contribuant à l’adaptation au changement climatique en soulignant par exemple l’intérêt d’études d’impact sanitaire de tout projet urbain. Bourdeau-Lepage différencie ainsi l’Eco Health, se rapprochant de l’idée de la biodiversité telle que la comprennent les écologues de la Planet Health, intégrant les facteurs économiques dans l’analyse de la santé globale. La conclusion précise toutefois que ces solutions exigent que s’opère un changement de paradigme chez les acteurs économiques et les élus engagés dans l’action publique territoriale.

22Le dossier s’achève avec deux articles, situant dans une perspective historique, le Service Parisien de Santé Environnementale (SPSE) ainsi que l’évolution de la notion de santé et de sa mise en œuvre en France et au Royaume-Uni.

23Le premier rédigé par Lionel Charles et Isabelle Roussel, met en évidence le rôle pionnier de la ville de Paris dans la stratégie de prévention. Il souligne la vision écologique du SPSE qui l’autorise à mener des actions transversales en décalage avec des fonctionnements segmentés. L’analyse témoigne de l’évolution des enjeux sanitaires depuis la période de l’Hygiénisme et présente l’exemple parisien comme un laboratoire attentif au désir des habitants pour une ville inclusive et, de ce fait, résiliente.

24Le second article rédigé par Lionel Charles retrace, dans une première partie, les conditions d’émergence de la relation entre la santé et l’environnement en s’appuyant sur l’expérience de l’Angleterre et en remontant au XVIIe siècle, soit avant la révolution industrielle. Dans la seconde partie le chercheur souligne le contraste avec la France où ce passage entre la notion de « santé » et celle de « santé environnementale » fut plus difficile à mettre en œuvre.

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Bibliographie

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Notes

1 Voir l’article de Carole Barthélémy dans The Conservation (4 octobre 2022), « A Marseille, les transports maritimes polluent les quartiers parmi les plus pauvres ? ». URL :

https://theconversation.com/a-marseille-les-transports-maritimes-polluent-les-quartiers-parmi-les-plus-pauvres-de-la-ville-189806?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%204%20octobre%202022%20-%202421324199&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%204%20octobre%202022%20-%202421324199+CID_01772400ea91bcf357a87d39bca59e13&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Marseille%20les%20transports%20maritimes%20polluent%20les%20quartiers%20parmi%20les%20plus%20pauvres%20de%20la%20ville

2 Ce dossier de la revue BAGF fait suite à une journée d’études qui s’est déroulée en mars 2022 à l’initiative de l’AGF dans les locaux de l’Institut de Géographie (Paris).

3 Consulter la Note 112 de France Stratégie (2022) « Inégalités environnementales et sociales se superposent-elles ? » https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2022-na-112-inegalites_environnementales-septembre_0.pdf

4 Cynthia Rosenzweig, chercheure à la NASA Goddard Institute for Space Studies et à l’Earth Institute de l’université de Columbia, a co-dirigé le rapport pour UN-Habitat sur l’avenir des villes en 2010.

5 Dans son article, le chercheur Theys a indiqué avoir emprunté l’expression « subsidiarité active » à Pierre Calame et André Talmont.

6 Consulter le site de Réseau français des Villes-Santé de l’OMS. URL : https://www.villes-sante.com

7 A l’occasion des doctorales de 2023, L’ASRDFL (Association de Science Régionale de Langue française) a choisi la thématique suivante : La nature au défi de la ville : Enjeux de bien-être et de cohésion sociales ».

8 L’entretien de Valérie Masson-Delmotte est réalisé par Joséfa Lopez, dans Le Monde (4 octobre 2022). Il s’inscrit dans un dossier publié en vue du « Forum de la résilience » organisé par le quotidien et la Métropole Rouen-Normandie.

9 Voir l’article de l’entretien de Céline Guivarch par Nabil Wakim, « On continue à trop investir dans les énergies fossiles », Le Monde, 21 et 22 Août 2022, p. 22 et 23.

10 Delphine Roucaute « Les impacts du réchauffement climatique sur la santé humaine », Le Monde, 28 octobre 2022, p.17.

11 Le Dictionnaire critique de la mondialisation (Armand Colin, 2012) a mis en évidence les trois dimensions des processus de mondialisation.

12 Pour plus de précisions, consulter l’entrée « pandémie » du Dictionnaire critique de la mondialisation ainsi que l’entrée « médicament et vaccin ».

13 Cette idée de la gouvernance mondiale a été reprise lors de la COP 27 à Charm El-Cheikh (Egypte) lorsque le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a souligné combien la « justice climatique » exige un « pacte de solidarité active » pour éviter un « pacte de suicide collectif » ? Laure Stéphan, « L’enjeu de la justice climatique au cœur de la COP 27 », Le Monde, 9 Novembre 2022, p.8.

14 En 2022, le chercheur Pierre Charbonnier suggère à l’État d’assumer la continuité entre économie de guerre traditionnelle et écologie de guerre pour faire face à la guerre en Ukraine et opter pour une politique de la sobriété qui deviendrait en quelque sorte une politique sociale. URL : https://legrandcontinent.eu/fr/2022/03/18/la-naissance-de-lecologie-de-guerre/

15 Cynthia Ghorra-Gobin, « Un "tournant" dans la construction du récit métropolitain ? », Skyscraper, 2021, [URL] : http://skscraper.hypotheses.org.

16 En France, le sentiment anti-métropolitain qui remonte aux lois Maptam (2014) et NOTRe (2015) est très vivace. Il est largement médiatisé et depuis la pandémie, il s’est traduit par l’expression de l’« exode urbain ».

17 Consulter le site de l’Ecole des Hautes Etudes en santé publique. URL : <https://www.ehesp.fr/>

18 La ville de Paris a inauguré une Maison Sport-Santé dans le 19e arrondissement, pour inciter les habitants du quartier à pratique une activité physique (octobre 2022). URL : https://mairie19.paris.fr/pages/inauguration-maison-sport-sante-curial-22184

19 Les chercheures Nolwen Duclos et Florence Lerique ont étudié les « contrats locaux de santé » en les inscrivant dans la perspective de la décentralisation et de la métropolisation. Elles sont intervenues dans le Colloque « Communautés, métropoles et santé » qui s’est déroulé à Orléans en novembre 2022 dans le cadre du programme POPSU Métropoles du PUCA.

20 Voir le site du Ministère de la Cohésion des Territoires. URL : <https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/adoption-definitive-de-la-loi-3ds-relative-la-differenciation-la-decentralisation-la>

21 Consulter l’article de Laurence Chavane, « Des milliers de maires vont mettre leur ville au vert », Les Échos, lundi 19 novembre 2007, p.26.

22 Pour plus de détails sur le colloque international de Nantes, voir l’article « la santé mentale, une urgence pour les villes », d’Isabelle Hennebelle, dans le Monde, 1er décembre 2022, p. 30.

23 Les travaux du « Centre des Politiques de la Terre » dirigés par Nathalie Blanc représentent une sérieuse contribution pour mieux comprendre les liens étroits entre changements climatiques et domaines de la santé.

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Pour citer cet article

Référence papier

Cynthia Ghorra-Gobin, « L’urbanisme de la prévention :documenter les inégalités environnementales et sanitaires à l’échelle métropolitaine et réinventer la nature en ville »Bulletin de l’association de géographes français, 99-4 | 2023, 519-533.

Référence électronique

Cynthia Ghorra-Gobin, « L’urbanisme de la prévention :documenter les inégalités environnementales et sanitaires à l’échelle métropolitaine et réinventer la nature en ville »Bulletin de l’association de géographes français [En ligne], 99-4 | 2023, mis en ligne le 27 mars 2023, consulté le 04 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/bagf/10145 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/bagf.10145

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Auteur

Cynthia Ghorra-Gobin

Directrice de recherche émérite au CNRS, rédactrice en chef de L’Information Géographique Courriel : implementation[at]orange.fr

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