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La traduction chinoise des Trois Mousquetaires par Wu Guangjian et son édition annotée par Mao Dun : le rôle des paratextes dans les traductions d’œuvres littéraires occidentales1

Les Trois Mousquetaires Translated by Wu Guangjian and Its Annotation by Mao Dun
Zou Zhenhuan
p. 67-93

Riassunti

La traduction des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas par Wu Guangjian fut publiée pour la première fois en 1907, à la Commercial Press de Shanghaï. Wu Guangjian adopta une méthode de traduction directe, tout en simplifiant les descriptions de paysages, les portraits psychologiques, ainsi que les références culturelles occidentales. Il parvint néanmoins à conserver le style de l’œuvre originale, ce qui lui valut les éloges unanimes du milieu académique. La version annotée de cette traduction, éditée par Shen Dehong (alias Mao Dun), est dotée d’une ponctuation modernisée et accompagnée de notes soigneusement rédigées regardant noms de personnages et de lieux, institutions, événements et objets notables du roman. Mao Dun ajouta à ce travail une « Biographie critique d’Alexandre Dumas », composée pour l’occasion. Cette édition fut incluse aux « Lectures complémentaires pour les cours de littérature au collège et au lycée », établies selon le Nouveau système scolaire mis en place par le ministère de l’Éducation en 1922. Jusqu’à présent, la question des paratextes attachés aux éditions annotées des traductions d’œuvres occidentales a suscité relativement peu d’intérêt chez les chercheurs. Or, le travail d’édition et d’annotation de Mao Dun a permis d’éliminer de nombreux obstacles à la compréhension, qui étaient apparus lorsque Wu Guangjian avait traduit Les Trois Mousquetaires près de vingt ans auparavant. Mao Dun redonna vie à la traduction originale et la rendit d’autant plus significative, contribuant ainsi à étendre le champ littéraire ouvert aux jeunes lecteurs chinois des années 1930 et 1940, durant l’ère républicaine.

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Testo integrale

  • 1 L’article a été traduit du chinois au français par Laetitia Chhiv, docteur en études chinoises à l’ (...)
  • 2 Sur la vie de Wu Guangjian, le lecteur pourra consulter la préface de Wu Lifu dans Wu Guangjian fan (...)

1Wu Guangjian (1867-1943) est l’un des pionniers de la traduction littéraire en langue vernaculaire chinoise de la fin de la dynastie des Qing. Originaire de Xinhui dans la province du Canton, il étudie à l’Académie navale de Beiyang à Tientsin, dans les années 1880. Il y reçoit une formation rigoureuse en chinois et en anglais sous la direction du célèbre traducteur Yan Fu, qui était alors instructeur en chef de l’Académie. Après avoir obtenu son diplôme, il est envoyé au Royal Naval College de Greenwich, au Royaume-Uni, pour poursuivre ses études. Pendant les cinq années qu’il y passe, il consacre son temps libre à explorer la littérature anglaise et l’histoire occidentale. De retour en Chine, guidé par son beau-père Lü Zengxiang, il s’adonne à la lecture des classiques de la littérature, de l’histoire et de la philosophie chinoises. Grâce à sa maîtrise des lettres anglaises et chinoises, il développe un talent de traducteur, caractérisé par un style vif et concis à la fois. Au cours de sa vie, il a traduit plus de 130 ouvrages en rapport principalement avec les sciences, la philosophie, l’histoire et la littérature occidentales, qui représentent au total environ une centaine de millions de caractères chinois. À l’heure actuelle, une centaine de ses traductions a fait l’objet d’une publication. La majorité d’entre elles concerne des œuvres européennes et américaines, parmi lesquelles Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, L’Histoire de la Vie de Feu M. Jonathan Wild le Grand et L’Histoire de Tom Jones, enfant retrouvé de Henry Fielding, Les Temps difficiles et Le Conte de deux cités de Charles Dickens, Jane Eyre de Charlotte Brontë, Les Misérables de Victor Hugo, Le Lys rouge d’Anatole France, L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche de Miguel de Cervantes. Wu Guangjian a également édité de nombreux ouvrages scolaires, tels que Gezhi duben [Manuel de sciences naturelles], Wulixue jiaokeshu [Manuel de physique], Xishi jiyao [Précis de l’histoire occidentale], Diguo yingwen duben [Manuel de l’anglais impérial], Yingwen fan gangyao [Guide de l’anglais de base] et Yingwen chengyu cidian [Dictionnaire des idiomes anglais], pour l’École publique de Nanyang ou à la Commercial Press2. Parmi toutes ses traductions, trois correspondent à des romans de l’éminent écrivain français Alexandre Dumas. Les plus remarquables, celles des Trois Mousquetaires et de Vingt ans après, toutes deux signées de son nom de plume « Junshuo », sont passées à la postérité.

  • 3 Zou Zhenhuan, Yingxiang Zhongguo jindai shehui de yibai zhong yizuo [Cent Traductions d’œuvres qui (...)

2Dans les années 1990, nous avons déjà proposé quelques réflexions préliminaires autour de la traduction de ces deux dernières œuvres, dans un article intitulé « Wu Guangjian, Les Trois Mousquetaires et Vingt ans après »3. Plus récemment, Shen Yanan, du département de lettres de l’université de Pékin, a mené une étude assez systématique du sujet dans le cadre d’un mémoire de master intitulé Wu Guangjian yi Xiayin ji yanjiu [Recherches sur la traduction des Trois Mousquetaires par Wu Guangjian]. Il y a principalement examiné la place de l’œuvre dans le processus de développement du roman historique en tant que nouveau genre littéraire, entre la fin de la dynastie des Qing et le début de l’ère républicaine. À partir de l’examen de la version chinoise des Trois Mousquetaires que nous resituerons dans le contexte de l’histoire des traductions de littérature occidentale et des paratextes qui les accompagnent, notre article propose d’analyser l’élaboration, la diffusion et l’influence du texte de Wu Guangjian et de son édition annotée par Shen Dehong, ainsi que la question plus générale du rôle des paratextes.

1. La traduction des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas par Wu Guangjian

  • 4 En 1898, le nom d’Alexandre Dumas fils fut initialement traduit Xiao Zhongma (« Petit Zhongma » soi (...)

3Alexandre Dumas (1802-1870), auteur des Trois Mousquetaires, de Vingt ans après et du Vicomte de Bragelonne, est un écrivain romantique français du XIXe siècle4. Après la mort de son père, fameux général du gouvernement républicain qui s’était distingué à de nombreuses reprises lors de la Révolution française, Alexandre Dumas mena une vie extrêmement difficile aux côtés de sa mère, dont les seules ressources provenaient de la petite épicerie qu’elle tenait. L’extraction familiale et les épreuves forgèrent le caractère rebelle d’Alexandre Dumas, dont le combat contre les inégalités illustrait sa quête de justice sociale. L’écrivain adhéra aux idées républicaines tout au long de sa vie, luttant constamment contre le royalisme. Il exécra la période de la Restauration, fut insatisfait par la monarchie de Juillet et s’opposa au Second Empire.

4Autodidacte doué d’un talent exceptionnel, Alexandre Dumas fut un écrivain extrêmement prolifique. Il est l’auteur de plus d’une centaine de romans qui prennent le plus souvent pour toile de fond des événements historiques, et se concentrent sur les protagonistes dont les aventures sont rythmées par toutes sortes de rebondissements. On pense notamment au Comte de Monte-Cristo et à son héros extraordinaire. Les développements soudains de l’intrigue, l’intensité des scènes de combat, associés à une structure d’ensemble limpide, une langue expressive et puissante, des dialogues subtils et pleins d’esprit, caractérisent les romans d’Alexandre Dumas. La majorité d’entre eux s’inspire de faits réels et chacun compte plusieurs centaines de pages, faisant figure de chefs-d’œuvre dans l’histoire de la littérature mondiale. La trilogie des Mousquetaires est son œuvre la plus célèbre. Le titre du premier volet, Les Trois Mousquetaires, fut traduit de différentes manières. Li Qingya (1886-1969) en fit une traduction littérale, tandis que Zeng Pu (1872-1935) proposa Les Trois armes affûtées. Wuwo (?-?), dans sa traduction publiée par la Librairie Taidong en 1917, rendit le titre par Caractère chevaleresque et esprit de loyauté, et Zhou Kexi opta quant à lui pour Les Trois Chevaliers. Wu Guangjian s’appuya pour sa part sur un passage de la préface des Trois Mousquetaires, dans lequel Alexandre Dumas affirme que c’est en cherchant des documents relatifs à l’histoire de Louis XIV, qu’il trouva par hasard les Mémoires de M. d’Artagnan :

« D’Artagnan raconte qu’à sa première visite à M. de Tréville, capitaine des mousquetaires du roi, il rencontra dans son antichambre trois jeunes gens servant dans l’illustre corps où il sollicitait l’honneur d’être reçu, et ayant noms Athos, Porthos et Aramis.

Nous l’avouons, ces trois noms étrangers nous frappèrent, et il nous vint aussitôt à l’esprit qu’ils n’étaient que des pseudonymes à l’aide desquels d’Artagnan avait déguisé des noms peut-être illustres, si toutefois les porteurs de ces noms d’emprunt ne les avaient pas choisis eux-mêmes le jour où, par caprice, par mécontentement ou par défaut de fortune, ils avaient endossé la simple casaque de mousquetaire ».

  • 5 Shi Kangqiang, « Cong Xiayin ji dao San jianke » [« De Xiayin ji à San jianke »], in Shi Kangqiang, (...)

5Wu Guangjian a ainsi rendu en chinois le titre Les Trois Mousquetaires par Xiayin ji (《俠隱記》), qui signifie « Mémoires des chevaliers de l’ombre ». Le caractère xia désigne un homme doté d’une vertu chevaleresque qui combat les injustices ; il renvoie à un archétype de morale individuelle dans la tradition culturelle chinoise. Wu Guangjian compare donc d’Artagnan et ses compagnons aux xia 俠, ces « chevaliers » ou « paladins » de la tradition chinoise. Ensuite, le caractère yin 隱 renvoie à l’idée de dissimuler sa véritable identité. Or, le mot chinois yanshi 掩飾 pourrait aussi traduire le français « dissimuler ». Mais si Wu Guangjian avait choisi le caractère yan 掩 plutôt que yin 隱 pour traduire le titre du roman, il serait passé à côté d’une référence culturelle importante. En effet, le caractère yin 隱 évoque la notion de yinshi 隱士, « ermite », qui représente un autre modèle de comportement individuel dans la tradition culturelle chinoise. Le xia 俠 est l’homme chevaleresque qui participe aux affaires du monde, alors que le yinshi 隱士 est l’ermite qui s’en éloigne. Ces deux modèles s’opposent en apparence, mais la contradiction se résout par le retrait de l’homme chevaleresque dans « les montagnes et les forêts », après avoir parcouru le monde. C’est le plus noble idéal pour les Chinois anciens. La traduction de Wu Guangjian est donc très esthétique mais aussi très appropriée : le caractère yin 隱 signifie « dissimuler sa véritable identité », tandis que l’expression xiayin 俠隱 signifie « se conduire comme un chevalier en dissimulant son identité »5. En juin de l’année 1939, une traduction de Vingt ans après par Zeng Mengpu (曾孟浦), parue dans la collection des « Chefs-d’œuvre de la littérature mondiale » aux Éditions Kaiming, portait le titre Xu xiayin ji (《續俠隱記》) [Suite des Mémoires des chevaliers de l’ombre]. Le traducteur avait donc repris l’expression de Wu Guangjian.

  • 6 Shen Dehong, « Da Zhongma pingzhuan » [« Biographie critique d’Alexandre Dumas »], in Da Zhongma (A (...)

6Les Trois Mousquetaires est le plus célèbre volet de la trilogie. Publié en 1844, le roman reçut un accueil sans précédent. Le second volet, intitulé Vingt ans après, parut l’année suivante et fut suivi du dernier, Le Vicomte de Bragelonne. Wu Guangjian, sous son nom de plume « Junshuo », traduisit la trilogie qui fut imprimée à la Commercial Press en 1907 et 1908. Les protagonistes des trois volets sont d’Artagnan et ses amis mousquetaires, Athos, Porthos et Aramis. Leur relation et leur statut respectif évoluent en fonction du contexte historique et du développement de l’intrigue. Dans de nombreuses œuvres littéraires, le nom « d’Artagnan » est devenu une sorte d’allusion familière non seulement aux Français, mais aussi aux Anglais. C’est à ce titre qu’Alexandre Dumas compte au nombre des grands écrivains de la littérature mondiale6.

7L’histoire des Trois Mousquetaires s’inspire d’un roman du XVIIe siècle intitulé Mémoires de Monsieur d’Artagnan, Capitaine Lieutenant de la première compagnie des Mousquetaires du roi, dont l’auteur avait rassemblé de nombreux documents historiques, afin d’offrir une description précise et authentique des mœurs et coutumes des années 1630, à l’époque du règne de Louis XIII. Le récit débute en 1625 ; cela fait un an que le cardinal de Richelieu est le principal ministre d’État. Il raconte les luttes de pouvoir entre l’Église et la couronne de France au cours du XVIIe siècle, notamment les manœuvres de Richelieu visant à révéler les amours secrètes de la reine, dans le but de semer la discorde et d’affaiblir le pouvoir royal. D’Artagnan et les trois mousquetaires, fidèles à la reine, s’efforcent alors de récupérer les ferrets de diamant offerts par la reine au duc de Buckingham, le premier ministre anglais. Après de multiples tribulations et avec beaucoup de sagacité, ils parviennent à déjouer le complot du cardinal. Les quatre personnages des Trois Mousquetaires possèdent beaucoup de relief, chacun ayant une personnalité propre. D’Artagnan est courageux, d’une élégance naturelle et de bonne compagnie, mais aussi ambitieux et rusé. Malgré une naïveté apparente, il est doué d’une grande finesse. Athos est un homme taciturne et pondéré. Très expérimenté et déterminé, il est prêt à se sacrifier pour ses idéaux. Porthos, d’un tempérament charmeur, aime être entretenu par les dames de la noblesse. Spontané et débonnaire, il n’a pas l’esprit calculateur. Aramis se présente comme un homme cultivé et discret. En cas de revers, il s’échappe dans son monde, mais revient de plus belle une fois satisfaction obtenue. Passant rapidement d’un état d’âme à un autre, il se soucie peu de morale, malgré sa vocation religieuse. Ces quatre serviteurs, dépeints avec beaucoup de verve, sont comme l’ombre de la reine. L’auteur décrit également avec beaucoup d’acuité la perfidie et les stratagèmes du cardinal Richelieu, ainsi que l’influence de Bonacieux. Ceci étant, le personnage le plus remarquable des Trois Mousquetaires est la sulfureuse Milady, l’une des figures féminines les plus mémorables de l’histoire de la littérature. Au reste, la première scène du roman est tout à fait saisissante : un jeune homme, un cheval maigre et un conflit mettent immédiatement le lecteur en appétit. La trilogie des Trois Mousquetaires, avec ses scènes grandioses, sa multitude de personnages et ses nombreuses péripéties, reflète de façon concrète les sociétés française et anglaise du XVIIe siècle, de même que les profonds antagonismes entre les membres de la cour, les représentants de l’Église, les nobles et les citadins. Le tempérament de chaque personnage ressort avec beaucoup de réalisme. En outre, le romancier introduit habilement des épisodes fictifs, sans aller à l’encontre des événements historiques majeurs de la période. La Trilogie est donc l’une des œuvres d’Alexandre Dumas les plus fidèles à la réalité historique.

  • 7 Alexandre Dumas, The Three Musketeers, Translated and with an introduction, T. and A. Constable Ltd (...)

8Wu Guangjian a traduit Les Trois Mousquetaires à partir d’une version anglaise du roman (The Three Musketeers), sans mentionner sa source. À son époque, la traduction d’Alfred Allison, parue en 1903 chez Methuen, était en vogue. Elle s’appuyait non seulement sur la version de William Robson publiée à Londres en 1853, mais aussi sur celle qu’avait révisée Baudry. Étant donné qu’il s’agissait alors de la traduction anglaise la plus complète7, Wu Guangjian l’a probablement utilisée comme base pour sa traduction. Chen Yugang soulignait à ce propos :

  • 8 Lin Shu (1852-1924), de son nom social Lin Qinnan, est un lettré chinois connu pour avoir adapté en (...)
  • 9 Chen Yugang, Zhongguo fanyi wenxue shi [Histoire de la littérature traduite en Chine], Pékin, Zhong (...)

« Lorsque Wu Guangjian a traduit Les Trois Mousquetaires, la version de Lin Shu8 prévalait. À cette époque, toutes les œuvres étaient traduites en langue classique ; personne ne traduisait en langue vernaculaire. En employant exclusivement le chinois vernaculaire, Wu Guangjian a donc créé un précédent dans l’histoire de la traduction dans la Chine moderne »9.

  • 10 Voir Da Zhongma, Xiayin ji [Les Trois Mousquetaires], trad. Wu Guangjian, Shen Dehong (ed.), Shangh (...)

9Cette affirmation n’est pas totalement exacte. Le premier exemple de traduction littéraire en chinois vernaculaire à la fin de la dynastie des Qing est celui du roman Margot la Balafrée, traduit en Dushe quan [Le Serpent venimeux lové] par Zhou Guisheng (1873-1936) en 1903. Toutefois, la traduction des Trois Mousquetaires, de Vingt ans après et du Vicomte de Bragelonne par Wu Guangjian entre 1907 et 1908 contribua assurément à l’essor de la traduction de romans en langue chinoise vernaculaire. De fait, la traduction des Trois Mousquetaires présentait des aspects novateurs. Wu Guangjian y avait adopté un style de prose vernaculaire qui répondait au goût des lecteurs de la fin de la dynastie des Qing. En témoigne sa traduction de la première scène où apparaît d’Artagnan10.

  • 11 Le Shuihu zhuan(《 水滸傳 》)est l’un des quatre grands romans de la littérature chinoise pré-moderne, s (...)
  • 12 Le Sanyan et le Erpai sont des recueils d’histoires composés durant la première moitié du XVIIe siè (...)
  • 13 Le Mouvement du 4 Mai 1919 est un événement majeur de l’histoire chinoise moderne. Il éclate concom (...)
  • 14 Mao Dun, « Wu yi de Xiayin ji he Fuhua shijie » [« La Traduction par Wu Guangjian des Trois Mousque (...)

10La méthode de traduction employée par Wu Guangjian, bien que directe, l’a amené à réduire les descriptions de paysages et les portraits psychologiques, tandis que les phrases, les éléments et les références culturelles occidentales sans rapport avec la structure du récit ou avec les personnages ont souvent été omis. Le traducteur a également décomposé et restructuré les phrases longues, tout en préservant le style de l’œuvre originale. Ses efforts de concision et de clarté ont conduit certains chercheurs à penser qu’il imitait l’écriture du roman chinois Shuihu zhuan [Au bord de l’eau]11. Dans de nombreux articles, Mao Dun a discuté des spécificités des traductions des Trois Mousquetaires et de Vingt ans après par Wu Guangjian. Premièrement, le choix des passages supprimés est mesuré, de façon à ne pas amoindrir la qualité de l’œuvre originale. Les personnalités de d’Artagnan et des trois mousquetaires restent très distinctes dans la traduction, où le style avec lequel chacun s’exprime est particularisé. Deuxièmement, l’écriture en langue vernaculaire de Wu Guangjian diffère non seulement des romans chinois anciens tels que Sanyan(《 三言 》)[Trois Propos], Erpai(《 二拍 》)[Deux Pai] ou Guanchang xianxing ji(《 官場現形記 》)[La Bureaucratie mise à nue]12, mais aussi des œuvres en prose relevant de la nouvelle littérature qui s’est développée à la faveur du Mouvement du 4 mai 191913. Le style de Wu Guangjian est à la fois singulier, simple et distrayant. Il est parfois plus concis et dynamique que l’original, les scènes de tension sont d’autant plus intenses, les scènes humoristiques d’autant plus amusantes. Tout ceci explique son succès auprès du public qui en trouve la lecture « vraiment captivante », pour reprendre une expression souvent employée par Wu Guangjian dans sa traduction, shizai miren en chinois. Si Les Trois Mousquetaires suscite un tel engouement de la part des jeunes d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années, ainsi que des enfants de douze ou treize ans, c’est non seulement parce qu’il s’agit d’un roman de cape et d’épée, mais aussi en raison de l’élégance de sa traduction14.

11En 1943, dans un article intitulé « Aidu de shu » [« Mes lectures favorites »], Mao Dun mentionne Les Trois Mousquetaires parmi ses œuvres préférées :

  • 15 Citation tirée de Gushu yi ye : Ershi shiji Zhongguo xuezhe zuojia tan dushu [Une page de livre anc (...)

« J’ai lu la traduction anglaise du roman ainsi que celle en chinois de Monsieur Wu Guangjian. Cette dernière est certes une version abrégée, mais je trouve qu’elle n’en est que d’autant plus remarquable. Le style descriptif d’Alexandre Dumas pour les personnages se reflète complètement dans la figure de d’Artagnan. D’ailleurs, pour étudier le développement de la personnalité de d’Artagnan, il faut lire Vingt ans après, le deuxième volet de la trilogie qui est la suite des Trois Mousquetaires. D’Artagnan possède une très forte individualité, mais également un don pour apprendre d’autrui. Il prend constamment modèle sur ses amis – les trois mousquetaires –, imitant les qualités de chacun et les faisant siennes. Il devient dès lors impossible de distinguer ce qu’il partage en commun avec ses amis : d’Artagnan reste toujours d’Artagnan, mais celui d’aujourd’hui n’est déjà plus celui d’hier. Or, un tel processus d’évolution du personnage repose entièrement sur le développement du récit, et non pas sur des descriptions ou des narrations abstraites portant sur sa psychologie »15.

  • 16 Hu Shi(胡適)(1891-1962) est l’une des principales figures de proue du Mouvement du 4 Mai (Note de la (...)

12La traduction des Trois Mousquetaires, publiée pour la première fois en 1907, précédait de quelques années le Mouvement du 4 Mai, qui promut l’usage du chinois vernaculaire à l’écrit. C’était donc une œuvre pionnière, totalement inédite pour les lecteurs. Wu Guangjian, qui avait signé son travail de son nom de plume, « Junshuo », acquit ainsi, du jour au lendemain, une grande renommée dans le milieu des traducteurs. Sa version du roman fut réimprimée plusieurs fois par la suite. La troisième édition, parue en octobre 1915, fut intégrée au sein du deuxième volume de la « Shuobu congshu » [« Collection de romans »] éditée par la Commercial Press, aux côtés des romans traduits par Lin Shu. À la suite du Mouvement du 4 Mai, les romans en langue vernaculaire gagnèrent en popularité. Les Trois Mousquetaires rencontra un vif succès en librairie, faisant même l’objet d’éloges de la part de la revue avant-gardiste de l’époque Xin qingnian [La Jeunesse]. Hu Shi (1891-1962)16, dans ses « Lun duanpian xiaoshuo » [« Sur les nouvelles »] publiées en 1918 dans le cinquième numéro du quatrième volume de cette revue, écrivait :

« Je considère que, parmi toutes les traductions de romans occidentaux réalisées ces dernières années, celles de Junshuo figurent au premier rang. La langue vernaculaire employée par ce traducteur n’imite pas du tout celle des romans anciens, mais au contraire, c’est une langue spécialement élaborée pour l’occasion, qui cherche à transmettre au mieux l’esprit de l’œuvre originale. Ces traductions valent cent fois celles de Lin Shu ».

13Au moment où il écrivait, Hu Shi ignorait encore qui était ce dénommé « Junshuo ». Dans une lettre adressée à Zeng Pu en 1928, il évoqua de nouveau la traduction des Trois Mousquetaires, qu’il décrivait en ces termes :

  • 17 Hu Shi, Hu Shi yi duanpian xiaoshuo [Traductions de nouvelles par Hu Shi], Changsha, Yuelu shushe, (...)

« Au moyen d’une langue vernaculaire extrêmement fluide et claire, il (Wu Guangjian) s’est efforcé de rendre les passages les plus saisissants du texte original, dont il a affiné l’expression avec beaucoup de vigueur, d’une façon méticuleuse sans pour autant sacrifier la qualité littéraire de l’œuvre »17.

14Le 17 décembre 1928, Wu Guangjian et Hu Shi se rencontrèrent et discutèrent notamment de la question du nom de plume « Junshuo ». Hu Shi en témoigna :

« Lorsque nous avons évoqué la première traduction des Trois Mousquetaires publiée une vingtaine d’années auparavant (en 1906) sous le nom de plume “Junshuo”, Monsieur Zhang Jusheng l’avait encouragé à y apposer son vrai nom. Il refusa catégoriquement et s’exprima ainsi : “Je ne voulais pas que les gens lisent l’ouvrage uniquement parce que celui-ci portait le nom Wu Guangjian. Pour être honnête, je voulais voir si les gens le liraient ou non” ».

15Hu Shi ne partageait pas cet avis :

« Monsieur Zhaoyi (autre nom de Wu Guangjian), votre point de vue est tout à fait valable, mais il est également erroné. Si vous aviez signé vos traductions de votre nom, la tendance (en faveur de la traduction littéraire en langue vernaculaire) aurait peut-être émergé vingt ans plus tôt ».

16Wu Guangjian répondit :

  • 18 Cao Boyan (ed.), Hu Shi riji quanji (1928-1929) [Journal complet de Hu Shi], t. V, Taipei, Lianjing (...)

« C’est vrai, je n’y avais pas songé à l’époque. Wang Rangqing m’a dit un jour : “Zhaoyi, ta traduction des Trois Mousquetaires est vraiment bonne, mais je pense que la méthode de traduction en chinois classique employée par Lin Qinnan est la plus appropriée”. Ceci montre que la nouvelle tendance ne s’était pas encore dessinée »18.

  • 19 Wang Senran, Jindai ershi jia pingzhuan [Biographie critique de vingt auteurs modernes], Pékin, Shu (...)
  • 20 Han Guang, Lin Qinnan, Shanghaï, Zhonghua shuju, 1935, p. 28.
  • 21 Shi Zhecun (dir.), Zhongguo jindai wenxue daxi - Fanyi wenxue ji [Compendium de la littérature de l (...)
  • 22 Il s’agit ici d’une référence à Zuo Qiuming, un historiographe chinois qui aurait vécu aux alentour (...)
  • 23 Xia Jingguan, « Wu Guangjian zhuan » [« Biographie de Wu Guangjian »], Guoshiguan guankan. Guoshi n (...)

17À l’époque, Wu Guangjian ne s’attendait sûrement pas à ce que sa traduction des Trois Mousquetaires exerce une si forte influence sur la société et les cercles cultivés, ni à gagner une telle notoriété parmi les traducteurs de l’époque du 4 Mai. Wang Senran, dans sa « Yan Fu xiansheng pingzhuan » [« Biographie critique de Monsieur Yan Fu »], qualifia la traduction de Wu Guangjian d’« œuvre représentative des traductions en langue vernaculaire »19. Han Guang, dans son ouvrage Lin Qinnan, estimait que c’est « une œuvre éminemment raffinée, qui surpasse de très loin celle de Lin Shu »20. Shi Zhecun pensait quant à lui que « sa technique de traduction en langue vernaculaire (se distinguait par) son écriture fidèle (à l’original), expressive, élégante et claire ; (pouvant) faire office de norme pour les plus anciennes traductions en langue vernaculaire »21. En 1948, Xia Jingguan dans sa « Biographie de Wu Guangjian » publiée dans Guoshi guan guankan. Guoshi nizhuan [Revue du Musée de l’Histoire nationale. Biographies de l’Histoire nationale], compara le traducteur à Yan Fu et à Lin Shu : « Tout au long de sa vie, son art s’est exprimé à travers la traduction, à l’instar de son maître ». Il ajouta que « son écriture imitait celle de Zuo22, tout en inventant un style propre à traduire les œuvres françaises Les Trois Mousquetaires et Le Vicomte de Bragelonne, que les lecteurs rapprochaient du roman Shuihu zhuan de Shi Nai’an. (Wu Guangjian) publia de nombreuses traductions appréciées du public et contribua à populariser ce style littéraire. Alors que Yan Fu affirmait que la langue vulgaire moderne ne se prête pas à la traduction, Wu Guangjian a traduit plus d’une centaine de livres – soit des centaines de millions de mots – en employant le style qu’il avait forgé ; c’est en cela qu’il différait de Yan Fu. Les traductions de Wu Guangjian ont trait à la culture européenne et occidentale de manière générale, ou sinon à des domaines spécifiques tels que la langue, les sciences, la philosophie, l’histoire, la politique, l’économie ou la réalité sociale. Elles concernent tous les genres littéraires : traités, critiques, biographies historiques, romans, pièces de théâtre, contes pour enfants, ou encore essais. Les œuvres qu’il choisissait de traduire renfermaient toutes un sens profond et il veillait particulièrement à la qualité de la narration. Son but n’était pas uniquement de plaire aux lecteurs, à la différence de Lin Shu »23.

2. L’édition des Trois Mousquetaires annotée par Shen Dehong

  • 24 L’expression « incident du 28 janvier », également appelé « guerre de Shanghaï », désigne un confli (...)

18En 1923, Shen Dehong (alias Mao Dun) travaillait au service d’édition et de traduction de la Commercial Press. Il sélectionna alors les traductions des Trois Mousquetaires et de Vingt ans après par Wu Guangjian, qu’il entreprit de ponctuer et d’annoter. La première édition de la version annotée des Trois Mousquetaires par Mao Dun fut publiée en avril 1924. Wu Guangjian ne signant alors plus sous son nom de plume, l’ouvrage portait la mention « traduit par Wu Guangjian et annoté par Shen Dehong ». Cette édition annotée fut réimprimée à de nombreuses reprises : en novembre 1932, elle comptait déjà cinq éditions et faisait partie de la « Wanyou wenku » [« Bibliothèque complète »]. Compte tenu du contexte historique de l’époque, la réimpression parue après « l’incident du 28 janvier » de l’année 193224 porta le nom de « première édition après la crise nationale », et de même pour la suivante. En tête de la version annotée, on trouve une « Da Zhongma pingzhuan » [« Biographie critique d’Alexandre Dumas »] écrite par Shen Dehong, qui consiste en une étude poussée d’Alexandre Dumas et de sa trilogie des Trois Mousquetaires. La biographie se divise en trois parties : « Le dramaturge et le romancier », « Une courte biographie » et « La diversité des critiques ». Shen Dehong y présente synthétiquement la vie d’Alexandre Dumas, ainsi que la querelle qui opposait le romantisme au classicisme dans la France d’alors. Il porte un jugement laudatif sur l’œuvre de Dumas, qu’il défend vivement contre les accusations portant sur ses prétendues « descriptions obscènes », son recours à des « prête-plumes », son « style dépassé », ou encore « l’inexactitude historique » de ses romans. Le commentateur estime au contraire qu’Alexandre Dumas possède un « talent hors du commun », qui ne peut être mesuré au moyen des concepts propres à l’homme du commun. Il souligne également en quoi la trilogie dépeint « de manière extrêmement subtile comment d’Artagnan change progressivement d’attitude envers les gens et les choses, au fil d’une trentaine d’années passées dans un monde en évolution constante » et juge « cette œuvre [...] comparable aux meilleurs romans psychologiques des temps modernes ». Il déclare par ailleurs que « les romans historiques ne doivent pas nécessairement relater des faits réels, mais simplement éviter les descriptions anachroniques ». Dans la conclusion à sa biographie, Shen Dehong avance :

  • 25 Shen Dehong, « Da Zhongma pingzhuan », in Da Zhongma, Xiayin ji, trad. Wu Guangjian, Shen Dehong (e (...)

« En somme, il ne devrait y avoir aucun doute sur la valeur des romans d’Alexandre Dumas. C'était un génie exceptionnel et un immense romancier historique, qui parvenait à redonner vie à des personnages historiques morts, les rendant éternels dans la mémoire de chaque génération »25.

19L’appréciation objective et indépendante de Mao Dun, qui s’efforce de se prémunir contre l’étroitesse d’esprit et la sévérité du jugement à l’égard des procédés d’écriture d’un auteur étranger, fait de lui un modèle pour la critique littéraire actuelle.

  • 26 Édition annotée par Mao Dun, p. 11.
  • 27 Ibid., p. 177.

20Dans ses traductions des Trois Mousquetaires et de Vingt ans après, Wu Guangjian avait utilisé le système de ponctuation chinoise traditionnelle. Le travail d’édition de Mao Dun consista tout d’abord à reponctuer le texte, puis à rédiger des commentaires synthétiques relativement aux noms de personnages, toponymes et événements importants. Les notes relatives aux noms de personnages et de lieux sont assez nombreuses. Dans le texte original, celle accompagnant le nom « Milady » se présente ainsi : « Nous savons très bien que cette locution de milady n’est usitée qu’autant qu’elle est suivie du nom de famille. Mais nous la trouvons ainsi dans le manuscrit, et nous ne voulons point prendre sur nous de la changer ». Dans son commentaire, Mao Dun insiste sur le fait que « le nom milady signifie “madame” et devrait donc être précédé du patronyme du mari. Dans la préface, Alexandre Dumas prétend avoir adapté son œuvre à partir d’un manuscrit ancien intitulé Mémoires de M. le comte de La Fère. C’est pourquoi il indique dans sa note “nous la trouvons ainsi dans le manuscrit” »26. Au sujet des toponymes, la note attachée au nom « Windsor » est la suivante : « Une ville anglaise située à plus de dix miles de Londres, qui servait autrefois de terrain de chasse royal. Actuellement, on y trouve toujours de nombreux palais, construits sous les règnes d’Henri II, d’Henri III et d’Édouard III »27.

  • 28 Ibid., p. 69.
  • 29 Ibid., p. 197.
  • 30 Ibid., p. 20.

21Les commentaires de Mao Dun concernent également les figures mythologiques et les références chrétiennes. À propos d’Achille, il écrit : « Achille est le héros de l’épopée de l’Iliade composée par Homère, grand poète de la Grèce antique. Réputé pour sa bravoure, son intégrité et sa bienveillance, il était roi des Myrmidons. Il mourut des suites de ses blessures après avoir conquis Troie et tué Hector, qui était le plus valeureux des princes troyens »28. Dalila est décrite ainsi : « D’après l’Ancien Testament, Dalila était la maîtresse du juge d’Israël Samson. En ce temps, les Philistins exerçaient leur domination sur le peuple israélien. Samson, touché par la grâce divine, possédait une force extraordinaire. Il s’opposait constamment aux Philistins, qui lui vouaient une haine sans borne. Ces derniers soudoyèrent Dalila, qui fut chargée de découvrir le secret de la force de Samson. Dalila tenta par trois fois de soutirer son secret au juge, en vain. Elle réussit au bout de la quatrième fois. Samson fut alors capturé par les Philistins, qui lui crevèrent les yeux et l’emprisonnèrent »29. Le roman fait également référence aux « Capuchins », ces frères mendiants de l’ordre franciscain. Le mot « capuchin » est dérivé de « capuche », qu’on retrouve dans l’expression la « bure capucine », mais également dans le nom du « singe capucin ». Mao Dun commente ainsi : « Gapuqing 伽普清 est une transcription phonétique de “capuchin”. Le terme “capuchin” vient de capuche, qui désignait à l’origine un type de coiffe. L’une des branches des ordres franciscains est composée de frères portant ce genre de coiffe. C’est pourquoi les fidèles leur attribuèrent cette appellation. Selon les archives de l’Église, la branche capucine fut établie en 1526 par Matteo di Bassi, un frère franciscain d’origine italienne. La capuche, caractérisée par un long sommet pointu et un large rebord, aurait été portée à l’origine par saint François d’Assise. Outre ce capuchon distinctif, l’habit des Capucins comprenait également une robe grise ou brune. Le poème de l’écrivain anglais Walter Scott, porte ainsi : “Les pieds nus, avec sa longue barbe : c’était un capucin qui approchait”. Les frères capucins marchaient donc souvent pieds nus et ne se rasaient pas la barbe – signe de leur vœu d’austérité »30.

  • 31 Ibid., pp. 10-11.
  • 32 Ibid., p. 216.
  • 33 Ibid., pp. 10-11.
  • 34 Ibid., p. 69.

22Les institutions, événements et objets importants sont aussi accompagnés de notes explicatives. On citera en exemple la note relative au « Louvre : un ancien palais situé à Paris, la capitale française, dont les premières fondations dateraient de l’an 628. Il fut agrandi sous les règnes successifs, la majorité des constructions datant de celui de Louis XIV. Ce palais est l’un des plus grands édifices architecturaux au monde, la plus longue enfilade de bâtiments mesure 1891 pieds. Il fut transformé en musée des beaux-arts »31. Le Palais-Royal est un magnifique palais situé en face du Louvre à Paris. Il est entouré de jardins et de cours paisibles, ornés de rosiers taillés avec soin, de fontaines et de rangées d’arbres verts. La note originale indique : « Avant que Richelieu n’en fasse don au roi, le palais s’appelait “Palais-Cardinal” ». Mao Dun, estimant que ce commentaire était insuffisant, le complète ainsi : « Ce palais fut construit sur ordre de Richelieu entre 1629 et 1636, puis offert à Louis XIII. En 1793, après la proclamation de la Première République, il devint un bien public. Le duc d’Orléans le racheta lorsque la royauté fut restaurée, mais à la suite de la révolution de 1848, il fut de nouveau confisqué. En 1871, le palais fut incendié pendant l’insurrection de la Commune de Paris, puis reconstruit à son emplacement d’origine par la suite. Une partie du palais abrite désormais la Comédie française »32. Certains objets dont les lecteurs chinois ne sont pas familiers sont aussi présentés en commentaires, tels que « Crown : la pièce de monnaie anglaise. La couronne est le nom de l’ancienne monnaie anglaise, d’une valeur équivalente à l’écu, l’ancienne monnaie française. Le français “écu” est souvent traduit kelang, transcription phonétique de “crown” en chinois. La traduction du roman étant basée sur une version anglaise, elle emploie ce même mot kelang, qui retranscrit l’anglais “crown”. Un écu vaut cinq francs »33. « Le “sou” est une pièce de cuivre française, qui vaut un peu plus qu’une pièce de cuivre chinoise »34.

  • 35 Ibid., p. 226.

23Par ailleurs, certains commentaires complètent le contenu omis par le traducteur. Par exemple, alors que Wu Guangjian a retiré un poème récité par Aramis, l’estimant trop lourd, Mao Dun considère que ce contenu est significatif. Le commentateur précise donc en note : « Un poème a été supprimé dans la traduction. Nous le rapportons ici et en donnons le sens global ». Il cite ensuite le texte original (« Vous qui pleurez un passé plein de charmes, Et qui traînez des jours infortunés, Tous vos malheurs se verront terminés, Quand à Dieu seul vous offrirez vos larmes, Vous qui pleurez »), pour lequel il propose une traduction en chinois35.

  • 36 Ibid., p. 289.
  • 37 Ibid., p. 267.
  • 38 Ibid., p. 29.

24Pour les scènes équivoques ou celles dont le lien logique avec d’autres n’est pas apparent, telle que l’épisode du duel à l’épée entre Athos et les hommes de Lord de Winter, au trente-quatrième chapitre, Mao Dun invite le lecteur à « se référer à la seconde section du chapitre 31 »36. Une note de ce trente et unième chapitre indique : « “Sœur” fait référence ici à Milady, qui est la belle-sœur de Lord de Winter »37. D’autre part, lorsque l’auteur exprime quelque chose de manière implicite, Mao Dun tâche de clarifier son intention. En l’occurrence, lorsque le mot « abbé » apparaît au troisième chapitre, il spécifie en note : « Dans le catholicisme, un homme du clergé qui mène une vie d’ascète est appelé “abbé” ; nous traduisons le mot par heshang »38, ce terme désignant les moines de la tradition bouddhiste.

  • 39 Ibid., p. 11.
  • 40 Ibid., p. 226.

25Les commentaires sont plus nombreux dans la première moitié du livre que dans la seconde. Les plus succincts d’entre eux ne mentionnent que le nom original des personnages, tels que « Date’an (d’Artagnan) », ou ajoutent de brèves explications. Ainsi, « Meung est le nom d’un marché, ce n’est pas une ville »39. Les plus longs peuvent en revanche compter plus de 300 caractères, comme « L’ordre des Jésuites ou Compagnie de Jésus, fut établi au XVIe siècle par Ignace de Loyola, et approuvé par le pape en 1540. Il se donnait pour mission de protéger le catholicisme et de s’opposer au protestantisme. Ses membres professent les vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, ainsi que celui de loyauté envers le pape. Lorsque les conflits entre catholiques et protestants débutèrent, les papes Paul III et Jules III, comprenant que les Jésuites constitueraient une arme efficace contre le protestantisme, leur accordèrent de nombreux privilèges. Tous ceux qui appartenaient à cet ordre n’étaient pas soumis à la loi royale, ils étaient exemptés d’impôts et obtenaient l’amnistie en cas de faute. Le supérieur général de la Compagnie de Jésus exerçait une autorité absolue sur ses subordonnés. Le premier supérieur général fut le fondateur Loyola, auquel succéda Layner ; la Compagnie gagna en puissance grâce aux efforts de ces deux personnages. L’objectif des Jésuites n’était pas uniquement de combattre les protestants, ils voulaient également restaurer le pouvoir de la papauté. À cette fin, ils se déployèrent en Europe, mais aussi dans les autres régions du monde. En 1541, ils installèrent des branches dans les possessions portugaises de l’Inde occidentale, puis se dirigèrent vers l’Amérique du Sud. Ils parvinrent aussi à s’établir à Paris comme ailleurs. En Europe, la majorité d’entre eux exercèrent comme enseignants pour les familles aristocratiques »40.

  • 41 Ibid., p. 76.
  • 42 Ibid., p. 382.
  • 43 Ibid., p. 261.
  • 44 Ibid., p. 19.

26Dans ses commentaires, Mao Dun fait preuve de neutralité : il se limite à des descriptions factuelles pour la plupart des personnages et des événements, sans porter de jugements de valeur. Néanmoins, certaines notes reflètent son orientation politique, comme par exemple celle concernant la Bastille : « Un ancien fort à l’intérieur de la ville de Paris, dont la construction remonterait à l’an 1370, sous le règne de Charles Quint. Plus tard, ce château servit de prison pour les prisonniers politiques. Il était réputé pour la sévérité des traitements qui y étaient infligés. Le peuple de Paris honnissait tellement la Bastille qu’il la rasa : ce fut le début de l’exploit de la Révolution française »41. Ou encore : « Sixte V fut l’un des papes les plus habiles des quatre-cents dernières années. Né en 1521 et mort en 1590, il passa sa vie à consolider la puissance du catholicisme pourtant destiné au déclin et à nuire au protestantisme alors naissant »42. Ce commentaire reflète l’appréciation positive de Mao Dun à l’égard du protestantisme. La note relative à Louis XIV est très élogieuse : « Né le 16 septembre 1638 de l’union de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, il monta sur le trône en 1643. En raison de son jeune âge, sa mère assura la régence, accordant sa confiance au cardinal Mazarin. En tant que souverain, il se montra beaucoup plus clairvoyant et déterminé que son père. La Fronde éclata peu de temps après son accession au trône, la stabilité du pays était alors menacée. Mais après la mort de Mazarin en 1661, il prit les rênes du gouvernement, confia à Colbert la gestion des finances, à Louvois celle des armées. Le royaume gagnait en puissance jour après jour. Du fait de ses prétentions sur les Pays-Bas espagnols, il entra en guerre contre la Triple-Alliance formée par l’Angleterre, les Provinces-Unies et la Suède. Demeurant invaincu pendant six mois, il imposa son hégémonie en Europe et son despotisme en France. Mais plus tard, la vacance du trône en Espagne entraîna la perte de colonies. Louis XIV mourut le 1er septembre 1715. Son règne, durant lequel vécurent de grands écrivains tels que Corneille, Racine et Molière, représente un âge d’or de la littérature française »43. Richelieu (1585-1642), le premier ministre du roi Louis XIII, est souvent dépeint négativement dans les manuels d’histoire révolutionnaires, en raison de sa répression menée contre les huguenots. Mais sous la plume de Mao Dun, il devient un personnage très complexe : « Richelieu, de son nom complet Armand Jean du Plessis de Richelieu, est une figure célèbre de l’histoire de France. Nommé cardinal en 1622 puis principal ministre d’État du roi Louis XIII en 1624, il dirigea le gouvernement et s’illustra par ses qualités de stratège politique sur la scène européenne. Parmi ses réussites les plus notables, la première fut le mariage organisé entre la sœur cadette de Louis XIII et le roi d’Angleterre Charles Ier, qui permit de sceller une alliance visant à contenir la puissance espagnole. La seconde fut le siège de la Rochelle et l’élimination de la dernière base des huguenots. La date d’apparition de ce terme “huguenot” est inconnue ; on sait seulement qu’il s’agit du nom utilisé par les catholiques pour désigner les protestants, pendant les guerres de Religion des XVIe et XVIIe siècles. La troisième fut l’expédition d’Italie, en vue d’unir les princes italiens, la papauté et les protestants d’Europe du Nord contre l’Autriche. Outre ses talents de tacticien politique, Richelieu était aussi un excellent général. Après 1635, lorsqu’il entra en guerre contre l’Espagne, Piccolomini, le général des forces alliées d’Autriche et d’Espagne, mena ses troupes jusqu’en Picardie et s’approcha de Paris. Richelieu prit par surprise l’ennemi et, à la tête d’une armée composée de 30.000 fantassins et 12.000 cavaliers, lui infligea une sévère défaite en Picardie, mettant ainsi fin au conflit. Par ailleurs, Richelieu était aussi très érudit. En fondant l’Académie française, il posa les bases de la plus éminente société savante du pays. Il fut également l’auteur de nombreuses pièces de théâtre, dont on se souvient peu aujourd’hui, tandis que ses Mémoires sont passées à la postérité »44. On peut considérer que dans cette édition annotée des Trois Mousquetaires, Mao Dun présente au lecteur ses propres interprétations et observations politiques.

  • 45 Shen Yanan, « Wu Guangjian yi Xiayin ji yanjiu » [« Recherches sur la traduction des Trois Mousquet (...)

27Outre ses commentaires, Mao Dun a organisé le texte en paragraphes, utilisé de nouveaux signes de ponctuation et indiqué clairement les citations au moyen de crochets, afin d’améliorer la structure de la narration. Il a aussi intégré des points d’exclamation et d’interrogation, qui contribuent à mieux véhiculer l’intonation et les émotions des personnages. Shen Yanan considère que le travail d’édition réalisé par Mao Dun permet au style de prose vernaculaire de Wu Guangjian de dépasser les contraintes liées aux habitudes de lecture traditionnelles. Lorsqu’on compare la première publication et l’édition annotée de la traduction, on constate que, même si la mise en page de la seconde suit toujours l’ordre de lecture traditionnel allant de droite à gauche, la richesse de la ponctuation et la hiérarchisation des paragraphes met en valeur le charme du chinois moderne. Bien que Mao Dun n’ait rien modifié à l’écriture de Wu Guangjian, la mise en page et les nouvelles normes qu’ils a adoptées ont renouvelé dans une certaine mesure la structure du texte traduit. L’ouvrage fut ainsi mis en valeur, au point qu’une large part du succès de la traduction des Trois Mousquetaires par Wu Guangjian lui est parfois attribuée45. En effet, cette version annotée a exercé une profonde influence sur les jeunes lecteurs de l’ère républicaine chinoise, en particulier entre les années 1920 et 1940. Elle fut également accueillie avec enthousiasme dans le milieu éducatif, lui valant d’être intégrée au sein des « Lectures complémentaires pour les cours de littérature au collège et au lycée », établies selon le Nouveau système scolaire mis en place par le ministère de l’Éducation en 1922. Par la suite, elle fut incluse dans « Wanyou wenku » de la Commercial Press. Après sa réédition en 1950, la traduction des Trois Mousquetaires annotée par Shen Dehong fut réimprimée par les Éditions du peuple de la province du Hunan entre 1982 et 1984, avec un tirage atteignant 328.301 exemplaires. En août 2014, les Éditions de l’université de Shanghaï la publièrent dans la « Collection des grandes traductions de la littérature moderne » dirigée par Wang Peijun et Ding Taoqi, avec un tirage de 3.100 exemplaires. Ces quelques chiffres suffisent à illustrer la renommée dont bénéficie jusqu’à nos jours cette édition annotée de la traduction des Trois Mousquetaires par Wu Guangjian.

  • 46 Zhao Ruihong, Liluan xiange yi jiuyou [Des cordes mélodieuses pour accompagner la séparation : souv (...)

28Dans un texte intitulé « Zhouyuan, wo shenzhi meihao de sinian » [« Mes tendres et précieux souvenirs de Zhouyuan »], le poète et traducteur Zhao Ruihong (1915-1999) raconte qu’à l’époque où il était élève du secondaire, il avait lu la traduction des Trois Mousquetaires par Wu Guangjian et d’autres œuvres de littérature étrangère dans la Bibliothèque Zhouyuan située au bord du lac Luoxia dans la ville de Wenzhou46. La grande traductrice Yang Yi (1919-2023) a également été marquée par le roman des Trois Mousquetaires dans sa jeunesse :

  • 47 Li Huaiyu, « Huxiao shanzhuang fanyijia Yang Yi » [« Yang Yi, traductrice des Hauts de Hurlevent »] (...)

« Mon frère et ma sœur aînés s’intéressaient aux œuvres occidentales. Un jour, alors qu’ils lisaient la traduction de Wu Guangjian, mes deux cousins et mon frère aîné se surnommèrent Athos, Aramis et d’Artagnan. Ils demandèrent : “Qui est Milady ?” Ils se moquèrent de moi pendant un long moment, mais comme je savais que Milady était une belle femme, je criai : “Je suis Milady !”. Mais en réalité, c’était une femme vicieuse et méchante »47.

  • 48 À l’instar du Shuihu zhuan, le Sanguo yanyi est l’un des quatre grands romans de la littérature chi (...)

29La traduction de Wu Guangjian a également influencé l’œuvre du grand auteur de romans d’arts martiaux Jin Yong (1924-2018), dont les livres préférés de jeunesse étaient le Shuihu zhuan, le Sanguo yanyi [Les Trois Royaumes]48, ainsi que Les Trois Mousquetaires et Vingt ans après traduits par Wu Guangjian. Discutant d’Alexandre Dumas, Jin Yong considère que « beaucoup de ses écrits sont de qualité médiocre ». Même si « ses grandes œuvres sont relativement rares et les mauvaises – souvent produites par des prête-plumes – trop nombreuses, des romans comme la trilogie des Trois Mousquetaires, Le Comte de Monte-Cristo, La Tulipe noire, La Reine Margot, sont tous excellents », « le meilleur étant probablement Les Trois Mousquetaires ». Jin Yong disait aussi que, parmi tous les écrivains chinois et étrangers, son préféré était sans aucun doute Alexandre Dumas, qu’il apprécie toujours autant depuis l’âge de douze ou treize ans.

« Les Trois Mousquetaires, un autre chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas, a été remarquablement traduit en chinois par Wu Guangjian, qui lui donna le titre Xiayin ji. Aujourd’hui encore, je trouve cette version excellente. Je me dis parfois que si je devais retraduire le roman, je ne pourrais pas surpasser Monsieur Wu... Néanmoins, il me semble que la traduction de Vingt ans après, la suite du roman, ne vaut pas celle du premier volet. Il se peut que Monsieur Wu ait été très affairé lorsqu’il s’en est chargé, ou peut-être que l’immense succès de sa traduction du premier volet l’a conduit à ne pas mettre autant de soin dans celle du second ».

30Jin Yong affirme par ailleurs :

« Les Trois Mousquetaires a considérablement influencé ma vie. Si j’ai décidé d’écrire des romans d’arts martiaux, on peut dire que c’est parce que cette œuvre m’a inspiré. Lorsque le gouvernement français m’a nommé chevalier de la Légion d’honneur, le Consul Général de France à Hong Kong, Gilles Chouraqui, m’a appelé “l’Alexandre Dumas de Chine” dans son discours d’éloges. Même si je ne le méritais pas, j’en étais ravi, car en effet, je m’étais nourri de l’écriture d’Alexandre Dumas ».

31Il dit à propos des Trois Mousquetaires que :

  • 49 Le Qixia wuyi publié en 1889 est la version révisée d’un roman écrit une vingtaine d’années auparav (...)
  • 50 À l’exception de Zhi Hua qui apparaît dans le Qixia wuyi, tous les personnages comparés par Jin Yon (...)
  • 51 Jin Yong et Daisaku Ikeda, Tanqiu yige canlan de shijie : Jin Yong Chitian Dazuo duihua lu [À la re (...)

« Le style de l’œuvre ne ressemble pas à celui des romans occidentaux, il se rapproche davantage de celui du roman chinois traditionnel. D’Artagnan est ingénieux, intrépide et fougueux, tout comme Zhao Zilong de Changshan dans Les Trois Royaumes. Le gros et fort Porthos manque de vivacité d’esprit et ressemble en cela à Zhang Fei ou Li Kui. Athos possède un caractère noble et élégant, il combine les qualités de Zhou Yu et de Hua Rong dit “Petit Li Guang” ; c’est le personnage le plus admirable. Aramis se montre mystérieux et intrigant, un peu comme Zhi Hua, surnommé le “démon-renard noir” dans le Qixia wuyi [Les Sept Héros et les cinq galants](《 七俠五義 》)49. Mon préféré, celui que j’estime le plus, est Athos, qui apparaît même plus authentique et plus chevaleresque que Guan Yu50. Dans Le Vicomte de Bragelonne, la suite de Vingt ans après, son attitude face au roi Louis XIV force le respect. Ces quatre héros se réunissent, chantent en chœur, montent à cheval et dégainent leur épée. À cela s’ajoute Milady, une femme à la beauté exquise, mais plus venimeuse que les serpents et les scorpions, qui va et vient à la cour du roi de France. Comment ne pas trouver cela passionnant ? Même si je n’ai pas appris à inventer des personnages avec les Trois Mousquetaires, ce roman m’a enseigné comment employer des anecdotes historiques pour élaborer des récits »51.

  • 52 Zou Zhenhuan, « Wu yi Xiayin ji de chuban, jiaozhuban he pujiban », Dongfang fanyi, no 2, 2012, pp. (...)

32À en juger par les âges de Zhao Ruihong, de Yang Yi et de Jin Yong, ils ont probablement dû lire la traduction de Wu Guangjian éditée et annotée par Mao Dun, qui avait été publiée à la Commercial Press à l’époque. Après 1949, Hu Qiaomu (1912-1992), qui exerça un temps en tant que responsable de la campagne de propagande du Parti communiste chinois, fut également un lecteur de cette traduction annotée des Trois Mousquetaires, qui le marqua positivement dans sa jeunesse. C’est pourquoi plus tard, il promut activement la publication et la diffusion de l’œuvre à grande échelle52.

3. Le rôle des paratextes dans les traductions annotées des œuvres occidentales

  • 53 Gérard Genette, Renaite lunwen ji [Recueils d’articles de Gérard Genette], trad. Shi Zhongyi, Tient (...)

33D’après le théoricien de la littérature française Gérard Genette qui développa le concept de transtextualité, tout ce qui est périphérique au corps d’un texte, c’est-à-dire les préfaces, les images, les commentaires, les annotations, les annexes et autres parties auxiliaires, peuvent être considérés comme des « paratextes »53. En Chine, les commentaires relèvent d’une tradition très ancienne. À l’époque de la dynastie des Han (206 av. J. C.- 220), on distinguait déjà sept catégories de commentaires, dont celle des « commentaires des écrits anciens » qui pouvaient être désignés de différentes manières. De même que les livres anciens ont leurs commentaires, les traductions modernes font l’objet d’un travail d’édition et d’annotations. S’agissant de la relation entre une traduction et ses commentaires, on peut remonter en Chine aux « lun » (discussions)(論)relatives au Tripitaka bouddhiste, qui prennent la forme d’explications de la doctrine transmise dans les traductions de textes sacrés comme les sutras et les vinayas ou de grands traités philosophiques. Par comparaison, les commentaires des traductions d’œuvres occidentales ont moins intéressé les chercheurs. Dans de nombreux cas, la traduction ne peut pas être complètement équivalente à l’original. Elle requiert des adjonctions, des suppressions et des omissions, ainsi que de nombreuses annotations qui servent à faciliter la compréhension. Ainsi le traducteur, prenant le lecteur comme point de référence, entreprend d’éclairer la signification de certains aspects de la langue-source, en rapport avec la culture, les coutumes ou les objets matériels. Il inclut ses observations dans des notes de bas de page ou des annexes, afin d’aider le lecteur de la langue-cible à mieux comprendre la traduction et à acquérir des connaissances de base sur la culture de la langue-source.

34Le commentaire sert à expliquer et à interpréter en détail un texte original, et peut être divisé en deux sortes de paratextes. Les premiers, les commentaires ajoutés par le traducteur à l’œuvre originale, peuvent être appelés « commentaires originaux du traducteur ». Les seconds, qui émanent des éditeurs et des chercheurs, peuvent être appelés « commentaires académiques secondaires ». Dans un cas comme dans l’autre, il s’agira de notes critiques plus ou moins explicites qui, à travers la préface et les commentaires, véhiculent des idées et des opinions personnelles. À l’époque où Wu Guangjian a traduit Les Trois Mousquetaires, les spécificités individuelles du traducteur s’exprimaient non pas au moyen de la préface ou de « commentaires originaux », mais par l’intermédiaire des omissions et des sélections de contenus. En 1923, Shen Dehong (alias Mao Dun), en tant que chercheur et commentateur critique, enrichit la traduction de Wu Guangjian d’une série de « commentaires académiques secondaires » qui comportaient entre autres une « Biographie critique d’Alexandre Dumas ». Il s’agit d’une critique explicite de l’œuvre originale et de son auteur. À l’heure actuelle, les spécialistes se concentrent davantage sur les « commentaires originaux du traducteur », tandis que les « commentaires académiques secondaires » des éditeurs et des chercheurs sont rarement analysés, à l’exception de quelques exemples comme les recueils de traductions de Lu Xun (1881-1936). Lors du processus de production et de diffusion d’une traduction, les deux types de commentaires importent. Les « commentaires originaux du traducteur » aident le lecteur à bien comprendre les idées de l’auteur, tandis que les « commentaires académiques secondaires » l’amènent à mieux saisir les intentions de ce dernier. Ces commentaires secondaires orientent le lecteur vers un ensemble de références et de comparaisons qui permettent de révéler la portée réelle de l’œuvre du traducteur lorsqu’il passe d’une langue à l’autre. Les éditeurs et les chercheurs, qui répondent aux besoins des lecteurs de leur époque, déterminent ainsi la longueur et le degré de complexité des notes en fonction des circonstances du moment.

35L’édition des Trois mousquetaires annotée par Mao Dun, qui ressortit au champ des « commentaires académiques secondaires », peut être considérée comme un modèle de paratexte. Les commentaires adjoints à l’œuvre traduite proposent des explications concises de certains noms de personnages, de toponymes et d’événements importants du récit. Ils éclairent aussi les références à la mythologie, à la religion et aux institutions, les adages et idiomes culturels, ou encore les termes relatifs aux personnages, aux lieux, à la faune et à la flore. En outre, les scènes équivoques ou celles dont le lien logique avec d’autres n’est pas apparent, ainsi que les intentions de l’auteur original, font l’objet de commentaires visant à aider le lecteur à intégrer le contexte historique et culturel de la langue-source. Ces paratextes viennent étoffer le contenu de la traduction et servent de guide pour le lecteur. Les commentaires de Mao Dun, associés à la traduction de Wu Guangjian, forment ainsi un vaste champ d’interprétation du texte. L’édition annotée a permis de rendre la traduction plus accessible, en supprimant les obstacles à la compréhension causés par des facteurs tels que le temps et l’espace. Les « commentaires académiques secondaires » se sont intégrés de façon organique à la traduction, qu’ils ont contribué à renouveler par une mise en valeur de la structure et du contenu du texte. Le répertoire des lectures disponibles pour les jeunes des années 1920 aux années 1940 s’en trouva ainsi étendu.

  • 54 Les études récentes ont considérablement avancé au sujet de l’identification précise du texte origi (...)

36En Chine, le domaine des études occidentales couvre une longue période de plus de deux mille ans, qui débute avec l’antiquité gréco-romaine et englobe les cultures d’Europe et d’Amérique. Bien que les cultures européennes soient très diverses, les lecteurs chinois, pendant assez longtemps, envisagèrent la culture occidentale comme une vaste entité assez vague. Ainsi, les premières traductions chinoises de romans occidentaux omettaient souvent le nom de l’auteur original car, du point de vue des traducteurs chinois, leurs compatriotes n’avaient pas besoin de distinguer les auteurs par nationalité. On pense notamment au premier roman occidental traduit en chinois, Xinxi xiantan [Causerie du soir et du matin], qui fut alors uniquement qualifié ainsi : « écrit par un célèbre lettré des pays de l’ouest »54. Aujourd’hui encore, l’identification des auteurs originaux des romans traduits à la fin de la dynastie des Qing constitue une question importante dans les recherches sur l’histoire de la traduction chinoise moderne. Il a fallu attendre la génération d’intellectuels du Mouvement du 4 Mai pour commencer à différencier les civilisations britannique, française et allemande. Les traducteurs de cette époque, dont font partie des figures comme Lu Xun et Mao Dun, préconisaient le principe de la traduction littérale, en vue de transcrire fidèlement les caractéristiques propres aux différentes cultures de la civilisation occidentale. En 1908 et 1909, Sun Yuxiu (1871-1922), de la Commercial Press, publia une introduction aux romans européens et américains dans la rubrique « Wenyuan » [« Jardin littéraire »] de Dongfang zazhi [Revue de l’Orient]. En 1916, la Commercial Press édita Oumei xiaoshuo congtan [Discussions autour des romans européens et américains]. Puis, l’année suivante, parut Oumei mingjia duanpian xiaoshuo congkan [Collection de nouvelles des grands auteurs européens et américains] de Zhou Shoujuan (1895-1968), qui avait sélectionné et traduit une cinquantaine de nouvelles, dont les auteurs étaient présentés dans de courtes biographies. Ceci permettait de distinguer les différents écrivains et courants littéraires européens et américains choisis dans l’anthologie. C’est dans ce contexte culturel que Mao Dun composa sa biographie critique d’Alexandre Dumas qu’il intégra à sa version annotée des Trois Mousquetaires. Il y discuta de la place de l’écrivain dans l’histoire du roman occidental, illustrant ainsi la fonction des « commentaires académiques secondaires » dans la transmission de concepts culturels.

37Le fait qu’une traduction devienne classique repose évidemment sur la qualité de l’œuvre originale et sur la méthode employée pour la transcrire dans une autre langue, mais aussi sur les « commentaires originaux du traducteur » et sur les « commentaires académiques secondaires » qui s’accumulent à mesure que le texte traduit se diffuse. Le paratexte permet d’ouvrir les perspectives offertes par la traduction originale. Plus les traductions et leurs commentaires se multiplient, plus les chances d’accéder au rang de « classique » sont élevées. Si l’on considère la version des Trois Mousquetaires par Wu Guangjian comme un classique de la littérature française traduite, il faut donc reconnaître le rôle essentiel joué par Mao Dun dans ce processus de classicisation.

Conclusion

38Les étudiants chinois partis étudier en Europe à la fin du XIXe siècle et représentés par des figures telles que Yan Fu et Wu Guangjian sont le premier groupe de traducteurs dans la Chine moderne à avoir tenté de briser le monopole qui était détenu depuis des siècles par les missionnaires occidentaux. Ils assumèrent la responsabilité de « traduire par eux-mêmes », qui consistait à sélectionner une bibliographie puis à transcrire concrètement le contenu des chefs-d’œuvre de la littérature occidentale, afin de manifester pleinement les potentialités de la culture nationale. C’était la « mission sacrée » que cette génération de traducteurs s’était assignée.

  • 55 Qian Linsen, Faguo zuojia yu Zhongguo [Les Écrivains français et la Chine], Fuzhou, Fujian jiaoyu c (...)

39Alexandre Dumas est l’un des écrivains occidentaux les plus lus en Chine. Ses romans, qui s’inscrivent dans le courant romantique, sont particulièrement proches de la tradition littéraire chinoise. Jiang Xuemo (1918-2008), premier traducteur chinois du Comte de Monte-Cristo, soulignait les ressemblances entre les romans « de cape et d’épée » de Dumas et les romans légendaires chinois ; il créa ainsi un pont afin que son image de la France trouve un écho dans l’esprit des Chinois55. À la veille du Mouvement du 4 Mai, quasiment tous les grands romans historiques d’Alexandre Dumas possédaient une version traduite. En 1907, les lecteurs chinois découvrirent l’écrivain français grâce à la traduction des Trois Mousquetaires par Wu Guangjian, effectuée à partir d’une version anglaise. Ils purent alors apprécier une traduction en langue vernaculaire d’un roman d’Alexandre Dumas, qui se signalait par « une écriture fidèle (à l’original), expressive, élégante et claire ». Cet événement témoigne des premiers échanges entre les littératures chinoise et française. À cette époque, les traducteurs ne rendaient pas le texte original de manière authentique, mais ils s’appuyaient sur des versions anglaises qu’ils s’appliquaient à adapter aux habitudes du public chinois.

40Les traductions en chinois vernaculaire de Wu Guangjian, à la différence de celles de Lin Shu, se distinguent par la simplicité et la fluidité de la langue, notamment lorsqu’il s’agit de dépeindre les personnages, dont les émotions sont retranscrites précisément, avec délicatesse et subtilité. Le traducteur cherchait à offrir un récit, des portraits et des descriptions accessibles à des lecteurs qui ne maîtrisaient pas le chinois classique. Bien que Les Trois Mousquetaires de Wu Guangjian ne soit pas la première traduction en langue vernaculaire à l’époque moderne, sa spécificité est d’avoir mêlé le chinois vernaculaire et le chinois classique, conservant de cette dernière une partie de son vocabulaire qui n’était pas encore devenu obsolète. Ainsi naquit un genre spécifique de traductions, qui consistaient en des versions abrégées rendues en langue écrite vernaculaire et qui répondaient au goût du public chinois pour la clarté et la concision. Ce nouveau style de langue littéraire donna aux lecteurs de la fin de la dynastie des Qing et du début de l’ère républicaine, un support linguistique efficace pour connaître, comprendre et étudier l’Occident, et pour appréhender les cultures européennes. En comparaison des traductions de romans étrangers en chinois classique de Lin Shu dont le style paraissait assez obscur, celles de Wu Guangjian insufflaient un vent nouveau.

41La première édition de la traduction des Trois Mousquetaires par Wu Guangjian rencontra un succès fulgurant. Elle influença grandement la génération de jeunes lecteurs de l’époque du Mouvement du 4 Mai, tandis qu’elle fut presque unanimement saluée dans les cercles intellectuels. Mao Dun, qui édita minutieusement ce texte traduit suivant les nouvelles normes de ponctuation et qui composa une « Biographie critique d’Alexandre Dumas », donna davantage de relief au travail de Wu Guangjian. En 1922, le ministère de l’Éducation, instaurant une série de réformes, intégra cette édition modernisée des Trois Mousquetaires traduit en chinois au sein du programme officiel pour les cours de littérature du secondaire. Cette édition fut depuis lors considérée comme un modèle de traduction en langue vernaculaire, de façon continue jusqu’à 1949 et au-delà, et ce en dépit de la publication, en 1936, aux Éditions Kaiming, de deux traductions du même titre par Zeng Mengpu. En 1978, les Éditions des Œuvres traduites de Shanghaï publièrent la traduction directe, à partir du français, des Trois Mousquetaires par Li Qingya. En 1982, une traduction de Vingt ans plus tard, réalisée sous la direction de Zhou Aiqi (?-?), parut aux Éditions Huacheng. Puis en 1984, les Éditions des Œuvres traduites de Shanghaï publièrent Le Vicomte de Bragelonne, traduit sous la direction de Chen Le (?-?). Ceci étant, jusqu’aux années 1980, aucune de ces traductions ne remplaça celle de Wu Guangjian. Inaugurée avec Margot la Balafrée, l’histoire de la traduction de la littérature étrangère en chinois vernaculaire remonte désormais à une centaine d’années, comme en témoignent de nombreux documents. Au reste, la langue chinoise vernaculaire moderne évoluant constamment, les traductions de Wu Guangjian se présentent nécessairement sous des aspects différents à chaque époque.

  • 56 Zou Zhenhuan, Yingxiang Zhongguo jindai shehui de yi bai zhong yizuo, op. cit., pp. 418-421.

42Si jusqu’à aujourd’hui, la traduction de Wu Guangjian n’a rien perdu de son charme si singulier, c’est parce que, outre son contenu à proprement parler, la nouvelle ponctuation et les commentaires apportés par Mao Dun permettent au lecteur de mieux l’apprécier. Les annotations ajoutées à la traduction constituent de fait une dimension importante du paratexte ; elles déterminent dans une large mesure la qualité d’une « traduction dense » (« thick translation »). Le rôle de ces commentaires est de situer le texte dans son contexte culturel et linguistique d’origine. Les spécificités de la langue-source sont ainsi préservées, tandis que les lecteurs de la langue-cible peuvent comprendre et estimer à sa juste valeur l’autre culture. L’un des objectifs des annotations très minutieuses de Mao Dun pour la traduction des Trois Mousquetaires était de faire découvrir la culture française aux jeunes lecteurs de l’ère républicaine en Chine, afin de revivifier leur socle de connaissances au moyen de nouveaux savoirs rendus plus clairs et plus précis. Des commentaires de qualité permettent non seulement d’aider le lecteur à saisir une traduction en profondeur, mais aussi d’élever celle-ci au rang de modèle de référence dans le domaine. On citera par exemple la traduction annotée de Xing xinlixue [Études de psychologie sexuelle] par Pan Guangdan (1899-1967) ou encore celle de Bolatu Bamannidesi pian [Écrits de Platon et de Parménide] par Chen Kang (1902-1992), dont la valeur sur le plan académique surpasserait même l’original56. Il en va de même pour l’édition ponctuée et annotée des Trois Mousquetaires par Mao Dun. L’étude de la diffusion et de l’influence de la première édition de la traduction par Wu Guangjian et de sa version annotée par Mao Dun, se révèle très précieuse pour analyser la réalité des premiers échanges littéraires sino-français et pour examiner les témoignages relatifs à plus d’un siècle de traductions d’œuvres occidentales en langue chinoise vernaculaire.

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Note

1 L’article a été traduit du chinois au français par Laetitia Chhiv, docteur en études chinoises à l’École Pratique des Hautes Études (EPHE-PSL).

2 Sur la vie de Wu Guangjian, le lecteur pourra consulter la préface de Wu Lifu dans Wu Guangjian fanyi yigao [Les Manuscrits traduits inédits de Wu Guangjian], Pékin, Renmin wenxue chubanshe, 1980, pp. 1-15 ; Wu Jizhen, « Huiyi qianbei fanyijia : xian fu Wu Guangjian » [« À la mémoire d’un traducteur de la génération passée : mon défunt père Wu Guangjian »], in Shanghai wenshi ziliao xuanji [Sélections de documents littéraires et historiques de Shanghaï], t. LXIX, Shanghaï, Shanghai renmin chubanshe, 1993, pp. 84-89 ; Zou Zhenhuan, « Zhongguo jindai fanyi shi shang de Yan Fu yu Wu Guangjian » [« Yan Fu et Wu Guangjian dans l’histoire de la traduction chinoise moderne »], in Geng Longming et He Yin (eds.), Zhongguo wenhua yu shijie [La Culture chinoise et le monde], t. III, Shanghaï, Shanghai waiyu jiaoyu chubanshe, 1995, pp. 295-314. À propos du dictionnaire anglais-chinois et des manuels en anglais édités et traduits par Wu Guangjian, voir Zou Zhenhuan, « Wu Guangjian yijiao de Yinghan shuangjie yingwen chengyu cidian yu Hanying xin cidian » [« Le Dictionnaire des idiomes anglais avec des explications en anglais et en chinois et le Nouveau dictionnaire anglais-chinois traduits et révisés par Wu Guangjian »], Dongfang fanyi [Traduction en Orient], no 4, 2013, pp. 31-39 ; Zou Zhenhuan, « Tigong yingwen zhi yao : Wu Guangjian ji qi bianzuan de yingyu duben » [« Dévoiler les clés de l’anglais. Wu Guangjian et ses compilations de manuels en anglais »], in Shanghai dang’anguan (Archives de Shanghaï) (ed.), Shanghai dang’an shiliao yanjiu [Recherches sur les documents historiques des archives de Shanghaï], t. XVI, Shanghaï, Shanghai Sanlian shudian, 2014, pp. 29-56.

3 Zou Zhenhuan, Yingxiang Zhongguo jindai shehui de yibai zhong yizuo [Cent Traductions d’œuvres qui ont influencé la société chinoise moderne], Pékin, Zhongguo duiwai fanyi chuban gongsi, 1996, pp. 220-224 ; Zou Zhenhuan, « Wu yi Xiayin ji de chuban, jiaozhuban he pujiban » [« La Première Publication, l’édition annotée et la popularisation de la traduction des Trois Mousquetaires par Wu Guangjian »], Dongfang fanyi, no 2, 2012, pp. 28-36.

4 En 1898, le nom d’Alexandre Dumas fils fut initialement traduit Xiao Zhongma (« Petit Zhongma » soit « Dumas fils ») par l’écrivain Lin Shu. Celui-ci avait transcrit phonétiquement et de façon approximative, le nom « Dumas » à partir de la prononciation des caractères chinois dans les dialectes chinois Min du Sud. Aujourd’hui, il faudrait plutôt transcrire Dima. Lin Shu a choisi de transcrire « Dumas » par les deux caractères Zhongma, car, dans les dialectes Min du sud (parlés dans la province du Fujian en Chine), le caractère zhong (en mandarin) se lit diong. La rime finale nasale de cette syllabe diong s’assimile à l’initiale nasale de la syllabe qui suit, c’est-à-dire ma. Voir Ren Rongrong, « Shiming yu fangyan » [« Traduction des noms et dialectes »], in Du Chengnan et Wen Jun (dir.), Zhongguo dangdai fanyi bailun [Cent essais sur la traduction chinoise contemporaine], Chongqing, Chongqing daxue chubanshe, 1994, pp. 664-666. En 1926, Yu Dafu, dans Xiaoshuo lun [Essai sur les romans] paru aux éditions de la Librairie Guanghua de Shanghaï, a transcrit « Dumas » par les syllabes Tiyouma. En 1933, Wei Yi a quant à lui transcrit Duma, dans son Suhou Mali canshi [Histoire tragique de Marie Stuart] publié à la Commercial Press. En raison de l’immense influence des traductions de Lin Shu, mais aussi parce que la traduction de Wu Guangjian employait également la transcription Da Zhongma pour nommer l’auteur des Trois Mousquetaires, les générations successives se sont contentées de perpétuer cet usage. De nos jours, « Alexandre Dumas père » et « Alexandre Dumas fils » sont toujours traduits respectivement Da Zhongma (« Grand Zhongma ») et Xiao Zhongma (« Petit Zhongma »).

5 Shi Kangqiang, « Cong Xiayin ji dao San jianke » [« De Xiayin ji à San jianke »], in Shi Kangqiang, Di er chahu, Shi Kangqiang shuhua [La Deuxième Théière. Essais de critique littéraire par Shi Kangqiang], Hangzhou, Zhejiang renmin chubanshe, 1997, pp. 122-124.

6 Shen Dehong, « Da Zhongma pingzhuan » [« Biographie critique d’Alexandre Dumas »], in Da Zhongma (Alexandre Dumas), Xiayin ji [Les Trois Mousquetaires], trad. Wu Guangjian, Shen Dehong (ed.), Shanghaï, Shangwu yinshuguan, 1924, pp. 1-18.

7 Alexandre Dumas, The Three Musketeers, Translated and with an introduction, T. and A. Constable Ltd, Edinburgh, 1852, pp. 21-22.

8 Lin Shu (1852-1924), de son nom social Lin Qinnan, est un lettré chinois connu pour avoir adapté en langue chinoise classique plus de 180 œuvres occidentales, alors qu’il n’avait aucune connaissance des langues étrangères. Il passait par l’intermédiaire d’amis qui lui exposaient la trame des romans qu’ils avaient lus en langue originale (Note de la traductrice).

9 Chen Yugang, Zhongguo fanyi wenxue shi [Histoire de la littérature traduite en Chine], Pékin, Zhongguo duiwai fanyi chuban gongsi, 1989, p. 83.

10 Voir Da Zhongma, Xiayin ji [Les Trois Mousquetaires], trad. Wu Guangjian, Shen Dehong (ed.), Shanghaï, Shangwu yinshuguan, 1924, pp. 1-2.

11 Le Shuihu zhuan(《 水滸傳 》)est l’un des quatre grands romans de la littérature chinoise pré-moderne, source de nombreuses allusions dans la culture chinoise. Attribué à Shi Nai’an (1296-1370), le roman s’inspire d’un lointain fond historique et relate les aventures de cent-huit bandits révoltés contre le gouvernement corrompu (Note de la traductrice).

12 Le Sanyan et le Erpai sont des recueils d’histoires composés durant la première moitié du XVIIe siècle. Les deux recueils regroupent respectivement trois et deux volumes, qui comportent chacun quarante récits aux thèmes variés : histoires d’amour, fictions judiciaires, tableau de mœurs, etc. Le Guanchang xianxing ji est un long roman de Li Baojia (1867-1906), qui y dépeint le déclin politique, social et moral de la Chine de cette époque (Note de la traductrice).

13 Le Mouvement du 4 Mai 1919 est un événement majeur de l’histoire chinoise moderne. Il éclate concomitamment à la conférence de la paix de Paris, au moment où les Alliés attribuent au Japon des territoires du nord-est chinois dont l’Allemagne avait pris le contrôle à la fin du XIXe siècle, plutôt que de les rendre à la Chine. Cette décision provoque une immense indignation au sein de la population chinoise, qui se sent trahie du fait que le pays s’était engagé auprès des Alliés en 1917. Une première manifestation étudiante est organisée à Pékin le 4 mai 1919, sous l’influence d’un groupe de jeunes intellectuels. La colère populaire gagne en ampleur et donne lieu à un ensemble de critiques plus globales, qui dénoncent la corruption du gouvernement et des fonctionnaires, mais aussi le poids de la culture traditionnelle, jugée responsable de la décadence chinoise. C’est dans ce contexte de grand bouleversement social que le chinois vernaculaire est adopté comme langue officielle et langue d’enseignement. Sur le plan international, l’ampleur du mouvement conduit le gouvernement chinois à refuser la signature du traité de Versailles, en juin de la même année (Note de la traductrice).

14 Mao Dun, « Wu yi de Xiayin ji he Fuhua shijie » [« La Traduction par Wu Guangjian des Trois Mousquetaires et de La Foire aux vanités »], in Ye Ziming (ed.), Mao Dun wenyi zalun ji (shang) [Recueil d’essais de Mao Dun sur la littérature et les arts (t. I)], Shanghaï, Shanghaï wenyi chubanshe, 1981, pp. 416-417.

15 Citation tirée de Gushu yi ye : Ershi shiji Zhongguo xuezhe zuojia tan dushu [Une page de livre ancien. Discussions des érudits et écrivains chinois du XXe siècle au sujet de la lecture], Zhong Jingwen et al. (dir.), Pékin, Zhongguo guangbo dianshi chubanshe, 1997, pp. 234-238.

16 Hu Shi(胡適)(1891-1962) est l’une des principales figures de proue du Mouvement du 4 Mai (Note de la traductrice).

17 Hu Shi, Hu Shi yi duanpian xiaoshuo [Traductions de nouvelles par Hu Shi], Changsha, Yuelu shushe, 1987, pp. 188, 196.

18 Cao Boyan (ed.), Hu Shi riji quanji (1928-1929) [Journal complet de Hu Shi], t. V, Taipei, Lianjing chuban gongsi, 2004, pp. 478-479.

19 Wang Senran, Jindai ershi jia pingzhuan [Biographie critique de vingt auteurs modernes], Pékin, Shumu wenxian chubanshe, 1987, p. 101.

20 Han Guang, Lin Qinnan, Shanghaï, Zhonghua shuju, 1935, p. 28.

21 Shi Zhecun (dir.), Zhongguo jindai wenxue daxi - Fanyi wenxue ji [Compendium de la littérature de la Chine moderne. Collection de traductions d’œuvres littéraires], t. I, Shanghaï, Shanghai shudian, 1990, p. 31.

22 Il s’agit ici d’une référence à Zuo Qiuming, un historiographe chinois qui aurait vécu aux alentours du Ve siècle avant notre ère. On lui attribue la composition de Chunqiu Zuoshi zhuan(《 春秋左氏傳 》)[Commentaire de Zuo à la Chronique des Printemps et Automnes], une œuvre historique et littéraire majeure de la Chine ancienne (Note de la traductrice).

23 Xia Jingguan, « Wu Guangjian zhuan » [« Biographie de Wu Guangjian »], Guoshiguan guankan. Guoshi nizhuan [Revue du Musée de l’Histoire nationale. Biographies de l’Histoire nationale], vol. I, n1, 1948, pp. 95-96.

24 L’expression « incident du 28 janvier », également appelé « guerre de Shanghaï », désigne un conflit armé qui opposa les forces impériales japonaises à la république chinoise, du 28 janvier au 5 mai 1932. Alors que le Japon avait envahi la Mandchourie peu de temps auparavant, cet incident de Shanghaï constitue l’un des préludes à la seconde guerre sino-japonaise (1937-1945) (Note de la traductrice).

25 Shen Dehong, « Da Zhongma pingzhuan », in Da Zhongma, Xiayin ji, trad. Wu Guangjian, Shen Dehong (ed.), Shanghaï, Shangwu yinshuguan, 1924, pp. 15-20 ; Mao Dun (ed.), Xiayin ji [Les Trois Mousquetaires], Changsha, Hunan renmin chubanshe, 1982, pp. 1-20. D’après notre analyse, en dehors de la ponctuation qui diffère en quelques endroits, les deux éditions sont semblables. Les numéros de pages auxquels renvoient les notes suivantes correspondent à l’édition de 1982, nommée ci-après « Édition annotée par Mao Dun ».

26 Édition annotée par Mao Dun, p. 11.

27 Ibid., p. 177.

28 Ibid., p. 69.

29 Ibid., p. 197.

30 Ibid., p. 20.

31 Ibid., pp. 10-11.

32 Ibid., p. 216.

33 Ibid., pp. 10-11.

34 Ibid., p. 69.

35 Ibid., p. 226.

36 Ibid., p. 289.

37 Ibid., p. 267.

38 Ibid., p. 29.

39 Ibid., p. 11.

40 Ibid., p. 226.

41 Ibid., p. 76.

42 Ibid., p. 382.

43 Ibid., p. 261.

44 Ibid., p. 19.

45 Shen Yanan, « Wu Guangjian yi Xiayin ji yanjiu » [« Recherches sur la traduction des Trois Mousquetaires par Wu Guangjian »], mémoire de master réalisé au département de lettres de l’université de Pékin, 2011, pp. 41-44.

46 Zhao Ruihong, Liluan xiange yi jiuyou [Des cordes mélodieuses pour accompagner la séparation : souvenirs d’anciens voyages], Shanghaï, Wenhui chubanshe, 2000, p. 324.

47 Li Huaiyu, « Huxiao shanzhuang fanyijia Yang Yi » [« Yang Yi, traductrice des Hauts de Hurlevent »], Canton, Nanfang dushi bao [Journal métropolitain du Sud], 31 janvier 2007 https://news.nankai.edu.cn/nkrw/system/2007/01/31/000004304.shtml

48 À l’instar du Shuihu zhuan, le Sanguo yanyi est l’un des quatre grands romans de la littérature chinoise pré-moderne. Écrit au XIVe siècle par Luo Guanzhong (1330 ? - 1400 ?), ce long roman épique s’inspire d’une chronique plus ancienne portant sur l’histoire de la Chine aux alentours du IIIe siècle de notre ère, qui représente une période très mouvementée sur le plan politique et social. Les épisodes et les personnages de ce roman font figure de références dans la culture populaire chinoise (Note de la traductrice).

49 Le Qixia wuyi publié en 1889 est la version révisée d’un roman écrit une vingtaine d’années auparavant. Le roman, qui se déroule au XIe siècle, raconte les aventures du juge Bao, célèbre personnage historique réputé pour son intégrité, qui s’associe à un groupe de chevaliers errants en vue de combattre les crimes, l’injustice et la corruption (Note de la traductrice).

50 À l’exception de Zhi Hua qui apparaît dans le Qixia wuyi, tous les personnages comparés par Jin Yong aux quatre mousquetaires, sont des héros des romans Shuihu zhuan et Sanguo yanyi, bien connus des amateurs de littérature chinoise (Note de la traductrice).

51 Jin Yong et Daisaku Ikeda, Tanqiu yige canlan de shijie : Jin Yong Chitian Dazuo duihua lu [À la recherche de la splendeur du siècle. Dialogue entre Jin Yong et Daisaku Ikeda], Taipei, Yuanliu chuban shiye gufen youxian gongsi, 1998, pp. 279-282, pp. 296-300.

52 Zou Zhenhuan, « Wu yi Xiayin ji de chuban, jiaozhuban he pujiban », Dongfang fanyi, no 2, 2012, pp. 28-36.

53 Gérard Genette, Renaite lunwen ji [Recueils d’articles de Gérard Genette], trad. Shi Zhongyi, Tientsin, Baihua wenyi chubanshe, 2001, pp. 71-72.

54 Les études récentes ont considérablement avancé au sujet de l’identification précise du texte original, de l’auteur et de la traduction de ce texte. Patrick Hanan, professeur à l’université de Harvard, dans un article intitulé « Lun diyi bu hanyi xiaoshuo » [« Discussions autour de la première traduction chinoise d’un roman étranger »], a montré qu’il s’agit de la traduction de la première moitié du roman Night and Morning d’Edward Bulwer Lytton (1803-1873), l’un des plus célèbres romanciers britanniques des années 1870, aux côtés de Charles Dickens. Le roman fut publié pour la première fois en 1841, mais son traducteur a utilisé une édition datant de 1851 au plus tôt, comme le signale une note de bas de page qui n’apparaît qu’à partir de l’édition de cette même année. Voir Patrick Hanan, Zhongguo jindai xiaoshuo de xingqi [L’Émergence du roman chinois moderne], trad. Xu Xia, Shanghaï, Shanghai jiaoyu chubanshe, 2004, pp. 102-130.

55 Qian Linsen, Faguo zuojia yu Zhongguo [Les Écrivains français et la Chine], Fuzhou, Fujian jiaoyu chubanshe, 1995, p. 177.

56 Zou Zhenhuan, Yingxiang Zhongguo jindai shehui de yi bai zhong yizuo, op. cit., pp. 418-421.

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Riferimento cartaceo

Zou Zhenhuan, «La traduction chinoise des Trois Mousquetaires par Wu Guangjian et son édition annotée par Mao Dun : le rôle des paratextes dans les traductions d’œuvres littéraires occidentales»Babel, 47 | 2023, 67-93.

Riferimento elettronico

Zou Zhenhuan, «La traduction chinoise des Trois Mousquetaires par Wu Guangjian et son édition annotée par Mao Dun : le rôle des paratextes dans les traductions d’œuvres littéraires occidentales»Babel [Online], 47 | 2023, Messo online il 30 juin 2023, consultato il 08 décembre 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/babel/14306; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/babel.14306

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Zou Zhenhuan

Université Fudan

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