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31 | 2024
L’esprit de corps

Solidarité, loyauté et construction du social
Esprit de corps. Solidarity, loyalty and construction of the social
Sous la direction de Céline Hervet et Jacques-Louis Lantoine

Aborder la question de l’esprit de corps conduit à envisager les rapports de solidarité interindividuels et l’unité du corps politique à l’aune d’une approche génétique qui, s’affranchissant des questions de droit et de fondement, peut mettre en évidence les mécanismes qui, de fait, président à leur constitution. L’esprit de corps jouit en effet d’une réputation ambivalente : source de corporatisme et d’intérêt particulier venant, parfois de l’intérieur même de l’appareil d’État, fourvoyer l’esprit qui devrait à la fois animer les grands corps de l’État et garantir leur loyauté, il apparaît aussi comme condition de permanence, de stabilité, d’unité, de puissance et de cohésion des groupes sociaux. Cette ambivalence, si elle est constatée, autorise d’aborder la question politique sans présupposé axiologique, et d’interroger, en matière politique, non pas tant « ce qui doit être » que « comment cela fonctionne », en constatant que cela ne fonctionne jamais tout à fait. Relire certains moments de l’histoire moderne des idées politiques à cette aune implique dès lors une tout autre compréhension du rapport des individus à l’État et aux institutions : loin d’être fondé sur une rationalité morale ou juridique, ce qui fait la loyauté des membres d’un groupe repose surtout sur les affects et l’imagination, ce qui explique non seulement le potentiel séditieux ou factieux des corps constitués, mais aussi leur précarité.

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