Théoriser la morale à l’époque de Clausewitz : historicité ou transhistoricité ?
Résumés
Dans l’histoire de la pensée sur la guerre, une démarche transhistorique est apparue en se donnant pour règle de ne pas soumettre la théorie aux circonstances, en tant qu’elles sont notamment conditionnées par des facteurs techniques. Cette ambition s’est nettement exprimée dans la théorie de Clausewitz reposant sur la différence entre la dimension historique de la « guerre réelle » et la dimension transhistorique de la « guerre absolue ». Avant la théorie de Clausewitz, le caractère transhistorique s’était invité dans la pensée de la guerre à l’époque moderne, qui s’était beaucoup développée à propos de l’usage des armes à feu, nouveauté dont de nombreux théoriciens refusaient de tenir compte.
Au cours de la Première Guerre mondiale, l’armée française produisit de nouvelles armes, par exemple les chars d’assaut, et recourut au bombardement aérien. Ce fut la capacité à s’adapter aux circonstances historiques de cette guerre qui fut alors considérée comme la cause de la victoire, ainsi que le souligna par la suite l’historien Marc Bloch en définissant l’histoire comme une « science du changement ». Après la Seconde Guerre mondiale, les fortes transformations des guerres alimentèrent une tendance à se référer à la théorie transhistorique de Clausewitz pour pouvoir continuer à penser la guerre dans ces conditions. L’adoption d’une démarche transhistorique fut donc elle-même un phénomène historique.
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Mots-clés :
postulat transhistorique, théorie de la guerre, valeur historique, Clausewitz (Carl von)Texte intégral
1Dans la pensée de la guerre, on a vu une tendance transhistorique imprégner l’analyse du facteur moral, par opposition au niveau technique représenté par les grandes transformations telles que la naissance et le développement des armes à feu.
- 1 B. H. Liddell Hart, Stratégie [1941], L. Poirier trad., Paris, Perrin, 2015, p. 13.
2En 1941, l’ouvrage Stratégie de Basil H. Liddell Hart révéla cette opposition entre la dimension historique du facteur technique et la dimension transhistorique du facteur moral : « Dans la sphère des données physiques, le seul facteur constant est, précisément, que les moyens et les conditions varient constamment. Par contre, les réactions de la nature humaine ne varient que médiocrement devant le danger »1. Malgré son opposition au contenu de la théorie de Clausewitz, Liddell Hart approuvait sa méthode opposant le caractère historique de la « guerre réelle » à la « guerre absolue » transhistorique. L’opposition entre les facteurs historique et transhistorique dans la pensée de la guerre possède elle-même un caractère historique. Notamment la théorie de Clausewitz se développa dans le contexte de l’analyse des guerres révolutionnaires et impériales, auxquelles fut appliquée la notion de guerre absolue, dans un contexte historique particulier. Au-delà de la théorie de Clausewitz, l’opposition entre facteurs moraux transhistoriques et facteurs physiques historiques avait largement pénétré la pensée de la guerre. Toutefois, au-delà du caractère particulier des circonstances qui avaient alimenté cette problématique de l’art de la guerre, la théorisation du facteur moral comme un facteur transhistorique se prolongea historiquement, comme le révèlent la théorie de Liddell Hart et ensuite le prolongement de la référence à Clausewitz dans ce domaine. Donc, le fondement transhistorique de la morale de la guerre fut quand même déterminé par des facteurs historiques. Par exemple, avant la Première Guerre mondiale, le développement du facteur technique illustré par la notion de « guerre industrielle » troubla certains théoriciens de la guerre qui voulaient y appliquer des principes sans se soumettre aux circonstances dramatiques marquées par le développement considérable des armes à feu produites industriellement. Ce fut donc ce phénomène historique qui alimenta la référence au caractère transhistorique de la pensée de Clausewitz. La relation entre les dimensions historique et transhistorique, morale et physique, de la guerre joue un rôle déterminant dans la théorie. Comme l’avait révélé le traité De la guerre de Clausewitz, la combinaison entre l’historique (guerre réelle) et le transhistorique (guerre absolue) fut très difficile et même impossible à traiter, d’où son incapacité à achever la rédaction de cet ouvrage et à le publier de son vivant. Au-delà de la théorie de Clausewitz, l’articulation entre les démarches « historique » et « didactique » de la pensée de la guerre avait alimenté des controverses et suscité une grande diversité de fondements théoriques. Pour surmonter cette tension, certains théoriciens se concentrèrent notamment sur le caractère historique de la guerre tout en intégrant le facteur moral, alors défini comme un phénomène politique et social, ne possédant donc pas une valeur essentielle, universelle et éternelle.
- 2 Voir P. Brioist, Léonard de Vinci, l’homme de guerre, Paris, Alma, 2013.
3Pour les auteurs de la Renaissance, l’Antiquité permettait d’alimenter une approche humaniste de la guerre. Selon Machiavel, dans son traité de L’Art de la guerre, le domaine militaire devait se référer à la République romaine fondée sur un régime de conscription. Pour justifier ce principe, Machiavel affirma qu’à son époque le développement de l’arme à feu individuelle et les transformations de l’artillerie ne possédaient pas de valeur déterminante et n’empêchaient donc pas d’appliquer à la Renaissance les principes des guerres de l’Antiquité romaine. Au-delà de la théorie de Machiavel, fonder la théorie de la guerre sur la seule puissance de feu équivalut souvent à s’opposer à l’humanisme. La guerre apparaissait alors pour certains théoriciens comme un domaine inhumain : la mort de Bayard, tué par une arme à feu, mettait à mal le fondement chevaleresque, aristocratique et héroïque de la guerre. Pour surmonter cette tendance, certains théoriciens se référèrent à Machiavel pour préserver le facteur moral, non soumis au caractère technique des armes à feu. Mais au-delà de cette opposition entre les facteurs physiques et moraux, certains théoriciens comme Léonard de Vinci présentèrent le phénomène technique comme une action humaine et morale2. Malgré cela, une opposition se développa entre le caractère inhumain, physique et historique de la guerre et la nécessité pour elle de rester « humaine » ou humaniste.
- 3 F.-J. de Mesnil-Durand, Projet d’un ordre français en tactique, ou la Phalange coupée et doublée, (...)
- 4 Mesnil-Durand, cité par J.-A. H. de Guibert, Défense du système de guerre moderne, Neuchâtel, 1779 (...)
4Au XVIIIe siècle, la théorie de la guerre se concentra beaucoup sur le développement de l’usage de l’arme à feu dans l’ordre mince fondé sur les fusils en ligne. En opposition à cette tendance, certains théoriciens français réclamaient un ordre profond. Notamment dans son ouvrage sur les Nouvelles découvertes de la guerre dans une dissertation sur Polybe publié en 1724, le chevalier de Folard élabora un système de guerre fondé sur les armes blanches en ordre profond, censé mieux correspondre au caractère national français. Selon lui, les Français avaient un tempérament courageux que troublait l’usage d’armes à feu, dépourvues de valeur individuelle et morale. Pour élaborer la nécessité pour les Français de se fonder sur l’usage des armes blanches, Folard se référa à la théorie antique de Polybe, ce qui lui permit de définir les Français du XVIIIe siècle comme les descendants des Gaulois. À la suite de la théorie de Folard, Mesnil-Durand se référa à son principe de « la valeur et la vivacité des Gaulois, leurs aïeux »3, alimentant l’idée d’un « ordre français » fondé sur une identité nationale à laquelle l’armée de son époque ne se soumettait plus. En évoquant la nécessité d’appliquer une telle essence nationale, Mesnil-Durand affirma que « par cet ordre les têtes s’électrisent, les courages s’allument, le vieux soldat, l’homme de recrue, le lâche même, sont également entraînés ; malheur aux flegmatiques bataillons qui tomberont sous la main des fanatiques plésions »4. En se soumettant à la puissance de l’arme à feu développée par l’armée prussienne durant la guerre de Sept Ans, la France risquait de perdre son identité nationale.
5Pour Guibert, au contraire, la « guerre moderne » se fondait sur le développement de l’arme à feu, dont la puissance avait été démontrée lors de cette guerre. Il fondait sa théorie sur la prise en compte de l’actualité et le facteur technique de l’arme à feu, rejetant l’approche transhistorique fondée sur le moral. Après l’œuvre de Guibert, le théoricien prussien Adam Heinrich Dietrich von Bülow publia L’Esprit du système de guerre moderne, traduit en français en 1801, qui intégra d’autres facteurs que l’arme à feu, car la guerre moderne ne se limitait pas au caractère tactique et possédait également une dimension opérative. Le système de guerre moderne intégrait donc les modalités de conduite des campagnes qui reposaient sur la prise en compte du facteur géographique et des circonstances historiques.
6En effet, comme le révéla le Gallois Henry Lloyd dans l’Histoire de la guerre d’Allemagne en 1756, traduite en français en 1784, la géographie importait aussi pour déterminer les circonstances d’une guerre. Henry Lloyd définit deux modalités pour penser la guerre : l’histoire et la didactique. Cette dernière reposait sur l’organisation de principes non soumis aux variations historiques. Cette méthode s’appuyait sur une démarche essentialiste fondée sur une approche philosophique, engagée dans la formulation de principes. L’application de cette méthode tendait à ne pas prendre en compte le caractère historique, au motif que celui-ci pouvait troubler les modalités d’application des principes. La démarche didactique s’associait donc au caractère transhistorique. En revanche, Guibert tenta d’associer ces deux démarches. Le caractère de la guerre moderne était un phénomène historique, mais Guibert lui attribua une logique didactique en lui donnant une valeur systémique. Il avait appliqué cette logique dans son Essai général de tactique, qui propose un système didactique fondé sur la nécessité d’appliquer les principes de la tactique aux circonstances particulières des batailles. Le but de sa théorie était donc de rendre transhistorique l’adaptation historique aux circonstances de la guerre.
- 5 Napoléon, Notes sur l’art de la guerre, dans Correspondance de Napoléon Ier, t. XXXI, Œuvres de Na (...)
- 6 Id., Ses opinions et jugements sur les hommes et sur les choses, Paris, Dufey, 1838, vol. I, p. 13 (...)
- 7 Id., Notes sur l’art de la guerre, op. cit., p. 331.
7La démarche de Guibert s’opposait aussi à la définition du système de guerre français défini par Folard et Mesnil-Durand comme projection d’une essence transhistorique sur le caractère national. Selon Guibert, la nation ne se définissait pas comme une essence identitaire, mais comme un corps civique associé aux modalités d’application des principes de la guerre dans des circonstances politiques et sociales. Le caractère moral traité par Guibert ne possédait pas la valeur de fondement de la guerre, car depuis le développement de l’arme à feu, les principes de la tactique reposaient sur des fondements physiques et techniques, qui possédaient aussi une valeur stratégique et ne se soumettaient donc pas à une essence morale transhistorique. La démarche de Guibert exerça une certaine influence sous la Révolution et l’Empire. Napoléon se concentra beaucoup sur le caractère de l’adaptation aux circonstances, parce que « la manière d’occuper une position pour camper ou pour livrer bataille dépend de tant de circonstances différentes, qu’elle varie avec les circonstances »5. Il reprocha au général Rogniat de se soumettre au modèle de la « tactique des Romains », qui ne pouvait plus s’appliquer à cause de la fin de « l’ordre naturel de bataille chez les modernes »6 provoquée par le développement de l’arme à feu. Une bataille ne pouvait donc pas être remportée par l’application de principes car « il faut beaucoup plus d’expérience et de génie militaire pour diriger une armée moderne qu’il n’en fallait pour diriger une armée ancienne »7.
- 8 C. Guischard, Mémoires critiques et historiques sur plusieurs points d’antiquités militaires, Berl (...)
- 9 Loc. cit.
- 10 Id., Mémoires militaires sur les Grecs et les Romains, La Haye, Pierre de Hondt, 1758, p. V.
- 11 Loc. cit.
- 12 Id., Mémoires critiques, op. cit., t. IV, p. 2.
- 13 Ibid., p. 3.
8Au-delà de la querelle des ordres qui s’était appuyée au XVIIIe siècle sur la mobilisation ou le rejet de la référence antique, certains théoriciens se concentrèrent sur la critique épistémologique de l’usage transhistorique de l’Antiquité effectuée par d’autres auteurs. En 1758, dans son ouvrage Mémoires militaires sur les Grecs et les Romains, prolongé en 1774 par les Mémoires critiques et historiques sur plusieurs points d’antiquités militaires, Charles Guischard, officier de l’armée des Provinces-Unies, accusa la référence moderne à l’Antiquité de s’appuyer sur une mauvaise analyse historique des ouvrages écrits par les auteurs antiques. Il invitait à tenir compte des circonstances des batailles antiques comme modernes, « ces grandes opérations de guerre demandant pour être bien faites, qu’on rapproche une quantité prodigieuse d’incidents »8. Les normes des tactiques grecque et latine avaient subi de profondes évolutions niées par les théoriciens inspirés par Folard, qui avait tort de soutenir « que cet ordre de bataille en Quinconce subsista jusqu’au temps de Trajan »9. La non prise en compte de ce phénomène alimentait l’idée que « malgré les changements des armes et la découverte de la poudre, l’Art Militaire des anciens sera toujours l’École des bons officiers »10. La référence à l’Antiquité devait être traitée comme un phénomène historique et non comme une essence applicable à l’époque moderne : « Le Maréchal de Puységur et le Chevalier de Folard […] croient qu’ils y trouvent tout »11. Selon Guischard il fallait prendre en compte la nécessité « d’en approfondir les sources, et de faire usage d’une saine critique, pour mettre dans leur vrai jour les circonstances de ces événements »12. La littérature antique devait donc être traitée comme un phénomène historique en tenant compte du problème de la traduction, car « le défaut de savoir la langue originale réduit à de continuelles conjectures »13. Les textes antiques devaient donc être contextualisés et présentés comme l’expression d’une vérité relative et non éternelle.
- 14 Manuscrit de Léonard de Vinci cité par G. Séailles, Léonard de Vinci, l’artiste et le savant : 145 (...)
9Parallèlement à l’historicisation des références morales de l’Antiquité, la dimension technique de la guerre fut considérée elle-même comme un facteur moral provoquant des effets historiques. Cette façon de considérer la technique comme un phénomène moral était déjà apparue au XVIe siècle, notamment chez Léonard de Vinci. La définition de la technique comme phénomène humain s’opposait alors à la tendance à mobiliser l’essence humaniste de la guerre contre l’inhumanité des facteurs techniques. Ainsi, Léonard de Vinci définit la création du phénomène technique comme un phénomène humain prenant en compte les caractères essentiels, atemporels de la nature : « Le traité de la science mécanique doit précéder le traité des inventions utiles »14. Trois siècles plus tard, en 1784, dans son Éloge de M. le maréchal de Vauban, Lazare Carnot analysa (de manière critique) l’interactivité de la morale et des techniques de la guerre :
- 15 L. Carnot, Éloge de Vauban, Dijon-Paris, A. Jombert jeune, 1784, p. 11-12.
C’est la paisible philosophie qui découvre elle-même un nouveau moyen de ravager la terre : c’est elle qui met le salpêtre aux mains du Guerrier ; et le Guerrier armé de ce nouveau tonnerre, devient Philosophe ; il veut combiner ses opérations, il calcule les coups qu’il doit porter et bientôt exterminer est un Art qui a besoin de sang-froid ; mais de sang-froid l’homme sait recevoir la mort et ne sait point la donner : ainsi une généreuse bravoure prend la place du courage effréné, ainsi on pleure ses ennemis et l’humanité devient la première des vertus militaires.15
- 16 L. Carnot, Mémoire adressé au Roi en juillet 1814, Paris, Chaumerot, 1815, p. 41.
- 17 Ibid., p. 35.
10Ce type de fusion entre la dimension transhistorique de la morale humaine et la dimension historique de la technique contribua à la définition d’une identité nationale qui ne soit pas soumise à une essence permanente. Ainsi, au cours des guerres de la Révolution française, le sentiment national s’imposa comme un phénomène interindividuel étayé par la psychologie, que Philippe Pinel introduisit dans le domaine médical à partir de 1799. Dans le secteur militaire, cette approche psychologique se développa beaucoup et anima un grand nombre de thèses de doctorat de médecine militaire, notamment sur la notion de « nostalgie » révélée en 1806 par les Considérations sur la nostalgie, présentées et soutenues à l’École de Médecine de Paris. L’insertion de la psychologie dans la prise en compte du phénomène militaire contribua à une façon de définir l’esprit national qui, selon ce point de vue, ne formait pas une identité uniforme, mais reposait sur l’engagement politique du corps civique composé d’individus. En 1815, selon Carnot dans son Mémoire adressé au Roi en juillet 1814, « il faut donc faire naître cet amour, il faut créer un esprit national ; c’est là ce qui nous manque […]. [P]ersonne, pour ainsi dire, ne comprend chez nous comment on peut sacrifier son intérêt propre à l’intérêt général, s’oublier soi-même pour le salut et la gloire de son pays »16. La France de la Restauration se présentait ainsi comme lieu d’effondrement d’une essence nationale affectée par l’individualisme : « il y a plus d’isolement en France, plus d’égoïsme, peu ou point d’esprit national »17. La récusation individualiste du sentiment national marqua la transformation du système de conscription et de son fondement civique.
- 18 F. Nasse, Zeitschrift für die Anthropologie, Leipzig, Carl Clobnoch, 1823.
- 19 « […] zwei Beobachtungen organischer Fehler des Gehirns bei Personen, die an der Nostalgie gestorb (...)
- 20 J. Millingen, Curiosities of Medical Experience, Londres, Richard Bentley, 1837, vol. I, p. 305 : (...)
11Le caractère national relevait ainsi de la psychologie et pouvait être modifié par elle : une telle analyse ne se limitait pas à la France. En Allemagne, dans son Journal de l’anthropologie18, le psychiatre Friedrich Nasse se référait au Journal de médecine, chirurgie et pharmacie militaire publié en France pour étudier « deux observations de malformations cérébrales organiques chez des personnes décédées de nostalgie »19. Au Royaume-Uni, dans ses Curiosities of Medical Experience, le chirurgien militaire John Millingen prit en compte le facteur social de la psychologie en considérant que « diverses professions sont censées exercer une grande influence sur les facultés intellectuelles »20.
- 21 A. de Vigny, Servitude et grandeur militaires [1835], Paris, Victor Magen, 1836, p. 93.
- 22 A. Monteil, Les Français pour la première fois dans l’histoire de France ou Poétique de l’histoire (...)
12La prise en compte du caractère moral du fondement social de la nation alimenta la publication en 1835 par Alfred de Vigny de Servitude et grandeur militaires, qui s’appuya sur sa perspective romantique contribuant à la révélation de la psychologie des soldats. La morale de ces individus se présentait comme un phénomène relatif, illustré, notamment, par le cas particulier d’un officier influencé par une femme prénommée Laurette, qui l’incita à considérer les mythologies de la vertu militaire comme des fictions : « […] il faut montrer à ses inférieurs le mépris du danger, le mépris des hommes, le mépris de la vie, le mépris de la mort et le mépris de soi-même ; et tout cela cache, sous une dure enveloppe, presque toujours une sensibilité profonde. La dureté de l’homme de guerre est comme un masque de fer sur un noble visage »21. L’analyse de la variété des sentiments militaires se concentra sur le facteur social analysé par Alexis Monteil, qui critiquait « l’histoire-bataille » fondée sur le caractère événementiel ou essentiel. Selon Alexis Monteil, « c’est dans l’histoire des divers états, ce n’est pas dans l’histoire-bataille que vous trouverez l’histoire de la guerre »22. Les « divers états » évoquaient la diversité des corps sociaux dans lesquels s’inscrivaient les individus, soumis à une combinaison de facteurs politiques, professionnels, familiaux, géographiques, financiers, etc. Cette nouvelle tendance à traiter le caractère moral de la guerre comme un fait social et non comme une essence transhistorique a alimenté la réflexion sur la relation entre ces deux dimensions.
- 23 L.-M.-P. Tranchant de Laverne, L’art militaire chez les nations les plus célèbres de l’antiquité e (...)
13La relation entre les deux démarches marque ainsi la réflexion de Léger-Marie-Philippe Tranchant de Laverne dans L’art militaire chez les nations les plus célèbres de l’Antiquité et des temps modernes publié en 1805. Cet ouvrage évoquait l’influence de « l’essence de l’esprit humain »23, qui s’appliquait diversement dans les époques antique et moderne. Ainsi, la religion, essentielle à l’homme, s’exprimait de façon variée dans les différents domaines nationaux. Par exemple,
- 24 Loc. cit.
[…] la liaison de l’institution militaire à la religion […] n’a point existé chez les Grecs de la même manière qu’elle existait chez les Égyptiens, où la conservation du culte du pays était l’objet principal de toutes les institutions ; ni même telle qu’elle a existé chez les Arabes et les Chrétiens d’Occident, qui ont, pendant bien des siècles, employé la guerre à la propagation de leur culte.24
- 25 Ibid., p. 144.
- 26 Ibid., p. 147.
14Cette diversité s’appliquait aussi aux variétés des séquences chronologiques : « Lorsque de l’antiquité je passe aux temps modernes, j’aperçois d’abord une période effrayante de dix siècles, pendant laquelle l’art militaire est englouti, avec toute civilisation, dans les gouffres ténébreux de l’ignorance »25. Ces variations des relations entre les circonstances et « l’essence de l’esprit humain » conduisent Laverne à cette conclusion : « Je ne m’amuserai pas à détailler ici le système militaire de l’Europe dans ses moindres parties, ainsi que tout ce qui est relatif à l’art de la guerre, comme je l’ai fait en traitant des systèmes militaires des anciens »26.
15La combinaison entre des essences morales et des circonstances historiques se prolongea dans l’ouvrage Mémoires tirés des papiers d’un homme d’État sur les causes secrètes qui ont déterminé la politique des cabinets dans la guerre de la Révolution, depuis 1792 jusqu’en 1815, publié en 1828 par Armand d’Allonville. Au moment de la Révolution, celui-ci croyait à l’idée d’une essence nationale liée à la religion, laquelle avait déterminé son émigration et son opposition à la République. Après avoir constaté les victoires révolutionnaires, Allonville analysa la capacité des pouvoirs exécutifs à mener la guerre de façon efficace et en déduit :
- 27 F. d’Allonville, Mémoires tirés des papiers d’un homme d’État sur les causes secrètes qui ont déte (...)
Les nations, considérées comme corps politiques, se meuvent d’après des règles constantes : c’est la marche de la nature ; les mœurs et les coutumes seules varient selon le climat et le mode de gouvernement. C’est dans les sentiments religieux et patriotiques que les sociétés puisent les forces morales qui les animent ; leur vigueur matérielle dérive des avantages de la propriété et de l’industrie, des nécessités de la guerre et des bienfaits de la paix.27
- 28 Ibid., p. XIV.
- 29 C. von Clausewitz, De la guerre, D. Naville trad., Paris, Minuit, 1955, p. 67.
- 30 Ibid., p. 190.
- 31 Ibid., p. 687.
- 32 Ibid., p. 192.
- 33 F.-A.-A. Pluquet, Mémoires pour servir à l’histoire des égarements de l’esprit humain par rapport (...)
- 34 C. von Clausewitz, op. cit., p. 51.
16Cette analyse soutint la formule de « la guerre n’est rien sans la politique »28. Le livre d’Allonville intégrant cette formule fut retrouvé dans la bibliothèque de l’épouse de Clausewitz. La très célèbre définition de la guerre comme « continuation de la politique »29 fut peut-être inspirée par Allonville, mais elle s’appliqua de façon très différente à la guerre réelle et à la guerre absolue. Au-delà du caractère politique de ces deux types de guerre, Clausewitz ne parvint pas à penser l’association entre ces deux caractères réel et absolu. Il affirma qu’une guerre réelle lancée par des causes profondément politiques se développait de façon très intense et elle perdait sa valeur politique car alors cette guerre devenue absolue imposait ses normes au domaine politique. Par exemple, il s’appuya sur le constat que les guerres de la Révolution et de l’Empire avaient possédé une valeur absolue du fait de leurs origines politiques. En attribuant un caractère absolu à ces guerres, il ne parvint pas à en faire l’histoire : il était difficile de lier une approche historique avec l’application d’une essence absolue. En plus de son traité De la guerre, Clausewitz rédigea des ouvrages historiques sur l’époque napoléonienne limitée à des périodes ne possédant pas de caractère absolu. Il étudia donc les campagnes d’Italie de 1796-1797 et 1799-1801, puis la fin de l’Empire lors des campagnes de 1812, 1813, 1814 et de 1815. Donc, au-delà du cas particulier des campagnes d’Italie, le caractère général de la période révolutionnaire et, ensuite, le rôle déterminant de la stratégie impériale victorieuse des guerres napoléoniennes de 1805 à 1811 n’acquirent pas dans l’œuvre de Clausewitz un véritable caractère historique. Dans son traité théorique, il se concentra sur le fondement moral de la guerre, possédant donc un caractère essentiel et philosophique, mais non pas historique : « […] c’est l’esprit qui imprègne la guerre tout entière. […] Il se soustrait malheureusement à toute connaissance livresque, car il ne se mesure pas en nombres et n’entre dans aucune catégorie ; il demande à être aperçu ou senti »30. Clausewitz définit ainsi la Révolution et l’Empire comme des périodes de réalisation d’une essence nationale fondée sur des facteurs moraux. Par exemple, quand il évoque le décret du 23 août 1793 de la levée en masse, il y projette l’application d’une essence nationale liée à l’engagement du peuple : « La participation du peuple à la guerre, à la place d’un Cabinet ou d’une armée, faisait entrer une nation entière dans le jeu avec son poids naturel. Dès lors, les moyens disponibles – les efforts qui pouvaient les mettre en œuvre – n’avaient plus de limites définies »31. Cette analyse de la levée en masse ne repose pas sur une étude historique car, contrairement à ce qu’il affirme, l’engagement du peuple ne se réalisa pas « à la place d’un Cabinet ou d’une armée ». Par exemple, le décret de la levée en masse avait imposé que les Français soumis à la réquisition devaient être au « service des armées ». Par ailleurs, après l’application de ce décret, le « cabinet » du Comité de salut public exerça une grande influence sur la pratique de la guerre. La référence de Clausewitz à des séquences d’histoire non étudiées de façon véritablement historique contribua à sa concentration sur le caractère essentialiste d’une morale nationale possédant une valeur transhistorique associée au caractère absolu de la guerre. Il définit une nation en guerre comme une trinité composant « les talents du chef de guerre, les vertus guerrières de l’armée et le sentiment national »32. Toutefois, comme le suggère la définition religieuse de la « trinité », ces trois composantes ne possédaient pas un caractère interactif, car elles fusionnaient dans une monade. Cette définition de la trinité avait été évoquée en 1762 par François-André-Adrien Pluquet dans ses Mémoires pour servir à l’histoire des égarements de l’esprit humain par rapport à la religion chrétienne réédités en 1815 : « Socrate rapporte qu’Alexandre disait qu’il y avait unité dans la Trinité, et qu’il se servait pour cela d’un mot qui signifie non seulement unité, mais encore simplicité : il disait qu’il y avait monade dans la Trinité, ou que la Trinité était une monade »33. Selon Clausewitz, la monade de la trinité alimenta la définition de la guerre comme « un duel à une plus vaste échelle »34, car un duel engageait deux individus. L’idée d’un corps national défini comme un individu possédant un caractère moral contribua donc à la projection d’un fondement essentialiste sur la nation.
17Ce caractère n’était pas transhistorique, car dans certains cas les nations se soumettaient davantage à l’autorité monarchique et ne projetaient pas leur essence morale dans la guerre des princes. Selon Clausewitz, avant la Révolution française, les guerres étaient purement monarchiques et n’engageaient pas le corps national :
- 35 Ibid., p. 684.
À mesure que le gouvernement se séparait du peuple et se considérait lui-même comme l’État, la guerre devint une pure affaire de gouvernement, conduite avec l’argent de ses coffres et les vagabonds oisifs qu’il ramassait chez lui et dans les pays voisins. La conséquence de cet état de choses, c’est que les moyens que le gouvernement pouvait déployer avaient des limites assez bien définies que l’on pouvait estimer pour les deux camps, à la fois pour leur étendue et leur durée ; cela privait la guerre de son élément le plus redoutable, à savoir l’effort vers l’extrême et les séries obscures de possibilités qui y sont liées.35
- 36 « Trois notes de Clausewitz sur De la guerre », dans C. von Clausewitz, op. cit., p. 41-45.
18Ce type de guerre, n’étant pas défini comme une relation entre l’autorité monarchique et son peuple, contribuait donc à la négation du corps national, qui ne pouvait y être conçu de façon absolue. Paradoxalement, ces guerres de la monarchie absolue n’étaient pas définies comme des guerres absolues. Ce sujet était très lié aux contextes de rédaction des œuvres de Clausewitz dans le domaine prussien. Les débats sur l’application de la conscription et des modalités d’engagement du peuple s’associaient beaucoup au pouvoir monarchique. Contre cette tendance théorique et politique, Clausewitz souhaitait appliquer le principe du Landsturm qui devait mobiliser directement le peuple sans le soumettre à l’autorité monarchique. Étant lui-même engagé dans le domaine militaire, Clausewitz ne souhaita pas publier toutes ses œuvres afin de ne pas être rejeté pour sa théorie populaire fondée sur l’essence nationale indépendante de l’autorité royale. Tenant compte de la difficulté de sa théorie à s’insérer dans le contexte historique et politique de son activité, il envisagea, comme l’atteste un commentaire manuscrit sur son traité De la guerre, de rendre son œuvre populaire seulement après sa mort : « Tel qu’il est, le manuscrit sur la conduite de la grande guerre qu’on trouvera après ma mort ne peut être considéré que comme un assemblage de fragments qui devraient servir à l’élaboration d’une théorie de la grande guerre »36. Sa théorie transhistorique de la guerre absolue s’inscrivit ainsi dans des circonstances historiques particulières.
- 37 Colonel Lewal, Études de guerre, Paris, Imprimerie et librairie militaires, 1873, p. 66.
- 38 Ibid., p. 133.
- 39 F. Foch, Des principes de la guerre. Conférences faites en 1900, Paris, Berger-Levrault, 1919, p. (...)
- 40 Ibid., p. 37.
- 41 Décret du 2 décembre 1913 portant règlement sur le service des armées en campagne, Paris, L. Fourn (...)
- 42 Ibid., p. 85.
19En France, après la guerre de 1870-1871 et la création de la Troisième République, le colonel Lewal publia entre 1873 et 1881 des Études de guerre. Élevé au grade de général de brigade en 1874, il fut l’initiateur de l’École supérieure de guerre : « […] l’enseignement dans les écoles sera scientifique, positif et pratique »37. Il appliqua à la théorie de la guerre une démarche historique inspirée par le positivisme scientifique, qui fondait sa notion de « tactique positive ». Il considérait la guerre comme un phénomène historique et non comme une essence théorique du facteur moral : « Il ne faut donc pas dire que les institutions militaires d’un peuple sont forcément conformes à son génie »38. Ce refus d’une essence nationale et la prise en compte du caractère historique reposaient sur la distinction entre la République et le Second Empire, dans les domaines politique et militaire. Dans la seconde moitié de la décennie 1880, après son départ de l’École supérieure de guerre, un autre type de démarche théorique s’y implanta. Contrairement à la méthode de Lewal, il s’agissait de projeter sur la théorie de la guerre une essence morale alimentée notamment par la théorie de Clausewitz. La référence au traité De la guerre de Clausewitz et l’invocation d’une essence nationale avaient le double objectif de ne pas associer la nation à la république et de ne pas soumettre la théorie de la guerre au développement considérable de la puissance technique et industrielle des armes à feu. Dans une séquence de combat, pour résister à la puissance de feu, certains théoriciens invitaient les soldats français à se soumettre à l’esprit national pour poursuivre leur action offensive afin de combattre les ennemis au corps à corps. Parmi ces théoriciens, Ferdinand Foch cita Clausewitz : « La victoire est le prix du sang. Il faut adopter le procédé ou ne pas faire la guerre. Toutes les raisons qu’on mettrait en avant ne vous exposeraient qu’à être battu par un adversaire moins sentimental »39. Selon Ferdinand Foch, la définition de l’essence morale de la nation par Clausewitz permettait, à la fin du XIXe siècle, d’appliquer le modèle de la guerre napoléonienne qui avait incarné cette essence. Il affirma que la guerre, « à la fin du dix-neuvième siècle, nous montre renforcés les caractères qu’elle présentait au commencement du siècle »40. Les batailles napoléoniennes acquirent ainsi une valeur d’application transhistorique. Le développement de cette approche théorique influença l’institution militaire et produisit des réformes concentrées sur l’application de la valeur morale transhistorique. Après un premier décret de 1895, en 1913, un règlement de l’infanterie affirma que « seul, le mouvement en avant, poussé jusqu’au corps à corps, est décisif et irrésistible, mais il faut généralement que le feu efficace, intense, lui ouvre la voie »41. Au-delà du développement de la puissance de feu, le combat au corps à corps reposait sur le fait que « c’est avec la baïonnette que l’infanterie brise la dernière résistance de l’ennemi. L’assaut, c’est-à-dire l’abordage à l’arme blanche, peut seul dénouer la crise »42. Un autre règlement appliqué à la cavalerie affirma aussi que les armes blanches y possédaient une valeur dominante. La référence aux armes blanches et à l’essence morale de l’esprit national appliquait les mêmes principes que l’élaboration du système de guerre national par Folard et Mesnil-Durand au XVIIIe siècle. Toutefois, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, la tendance transhistorique ne se référait pas au prolongement de l’Antiquité mais à celui de la période napoléonienne. Dans son ouvrage L’Armée nouvelle, publié en 1911, Jaurès critiqua les conséquences scientifiques, militaires et politiques de cette démarche transhistorique, qui niait les fondements de l’épistémologie de l’histoire ; dans sa critique de la stratégie, il se livre ainsi à une apologie pour l’histoire :
- 43 J. Jaurès, L’armée nouvelle, Paris, [s. n.], 1911, p. 83.
L’histoire est merveilleusement utile quand on l’étudie dans sa diversité, dans son perpétuel renouvellement et dans sa perpétuelle invention ; elle nourrit et stimule l’esprit par des exemples qu’il tente de résumer en lois, toujours provisoires d’ailleurs et conditionnelles ; mais elle l’avertit aussi que l’action ne peut jamais sans péril se réduire à une copie, et elle l’affranchit de toute imitation servile par son infinité même et par son mouvement.43
20Après la Première Guerre mondiale, qui avait imposé à l’armée française de se fonder sur la puissance de feu renforcée notamment par des chars d’assaut et des bombardements aériens, l’invocation de l’essence nationale fondée sur les armes blanches, dominante avant cette guerre, fut perçue comme une erreur dramatique. En 1937, au cours d’une conférence prononcée à Strasbourg sur le thème « À quoi sert l’histoire militaire ? », Marc Bloch expliqua que la référence à une ancienne période historique ne devait pas servir à élaborer des modèles, car les conditions dans lesquelles se forment une pratique ou une théorie sont affaire de contexte et non d’application d’une essence transhistorique. Marc Bloch définit l’histoire comme la science du changement, ce qui invite à ne pas projeter des modèles du passé sur le présent. Malgré cette définition de l’histoire, au cours du XXe siècle et jusqu’au XXIe siècle, le développement de guerres irrégulières inédites, telles que des guerres anticoloniales définies comme des guérillas, par exemple en Algérie (1954-1962), et aussi des conflits indéfinissables, comme la campagne d’Afghanistan, possédant un caractère national et ayant alimenté des engagements internationaux (2001-2021), ressuscita la référence à Clausewitz pour y projeter des analyses essentialistes présentant un caractère transhistorique afin de surmonter la difficulté de penser ces grands changements. La démarche transhistorique fut donc renforcée par certaines séquences historiques possédant des caractères particuliers liés à des transformations de la guerre. Au lieu de penser cette « science du changement », la révélation de postulats transhistoriques prétend pouvoir penser la guerre nouvelle en rapport avec des guerres anciennes. La prise en compte de ces guerres réelles manifeste un caractère absolu, attribuant à la théorie de Clausewitz une valeur déterminante, que lui-même n’avait pas osé revendiquer, parce qu’il percevait la difficulté d’insérer sa théorie dans le contexte de sa vie et de sa carrière. Malgré ses publications d’études historiques mais aussi sa théorie sur l’histoire des guerres révolutionnaires et impériales, la valeur théorique de l’œuvre de Clausewitz ne fut pas reconnue de son vivant et ne fut donc pas elle-même un phénomène historique. Après sa mort, elle acquit une valeur transhistorique.
Notes
1 B. H. Liddell Hart, Stratégie [1941], L. Poirier trad., Paris, Perrin, 2015, p. 13.
2 Voir P. Brioist, Léonard de Vinci, l’homme de guerre, Paris, Alma, 2013.
3 F.-J. de Mesnil-Durand, Projet d’un ordre français en tactique, ou la Phalange coupée et doublée, soutenue par le mélange des armes, Paris, Antoine Boudet, 1755, p. 104.
4 Mesnil-Durand, cité par J.-A. H. de Guibert, Défense du système de guerre moderne, Neuchâtel, 1779, t. I, p. 212. Mesnil-Durand propose de substituer aux bataillons en ligne des « plésions », c’est-à-dire des corps d’infanterie en colonne, serrés sur une grande profondeur et peu de front.
5 Napoléon, Notes sur l’art de la guerre, dans Correspondance de Napoléon Ier, t. XXXI, Œuvres de Napoléon Ier à Sainte-Hélène, Paris, Plon-Dumaine, 1870, p. 413.
6 Id., Ses opinions et jugements sur les hommes et sur les choses, Paris, Dufey, 1838, vol. I, p. 134.
7 Id., Notes sur l’art de la guerre, op. cit., p. 331.
8 C. Guischard, Mémoires critiques et historiques sur plusieurs points d’antiquités militaires, Berlin, Haude et Spener, 1773, p. 13.
9 Loc. cit.
10 Id., Mémoires militaires sur les Grecs et les Romains, La Haye, Pierre de Hondt, 1758, p. V.
11 Loc. cit.
12 Id., Mémoires critiques, op. cit., t. IV, p. 2.
13 Ibid., p. 3.
14 Manuscrit de Léonard de Vinci cité par G. Séailles, Léonard de Vinci, l’artiste et le savant : 1452-1519. Essai de biographie psychologique, Paris, Perrin et Cie, 1892, p. 204.
15 L. Carnot, Éloge de Vauban, Dijon-Paris, A. Jombert jeune, 1784, p. 11-12.
16 L. Carnot, Mémoire adressé au Roi en juillet 1814, Paris, Chaumerot, 1815, p. 41.
17 Ibid., p. 35.
18 F. Nasse, Zeitschrift für die Anthropologie, Leipzig, Carl Clobnoch, 1823.
19 « […] zwei Beobachtungen organischer Fehler des Gehirns bei Personen, die an der Nostalgie gestorben » (ibid., p. 498). Notre traduction.
20 J. Millingen, Curiosities of Medical Experience, Londres, Richard Bentley, 1837, vol. I, p. 305 : « Various professions have been supposed to exercise much influence on the intellectual faculties ». Notre traduction.
21 A. de Vigny, Servitude et grandeur militaires [1835], Paris, Victor Magen, 1836, p. 93.
22 A. Monteil, Les Français pour la première fois dans l’histoire de France ou Poétique de l’histoire des divers états, Paris, W. Coquebert, 1841, p. 148.
23 L.-M.-P. Tranchant de Laverne, L’art militaire chez les nations les plus célèbres de l’antiquité et des temps modernes, Paris, Cordier et Legras, 1805, p. 141.
24 Loc. cit.
25 Ibid., p. 144.
26 Ibid., p. 147.
27 F. d’Allonville, Mémoires tirés des papiers d’un homme d’État sur les causes secrètes qui ont déterminé la politique des cabinets dans la guerre de la Révolution, depuis 1792 jusqu’en 1815, Paris, Ponthieu, 1828, t. I, p. 1.
28 Ibid., p. XIV.
29 C. von Clausewitz, De la guerre, D. Naville trad., Paris, Minuit, 1955, p. 67.
30 Ibid., p. 190.
31 Ibid., p. 687.
32 Ibid., p. 192.
33 F.-A.-A. Pluquet, Mémoires pour servir à l’histoire des égarements de l’esprit humain par rapport à la religion chrétienne, Besançon, Petit, 1817, t. I, p. 455.
34 C. von Clausewitz, op. cit., p. 51.
35 Ibid., p. 684.
36 « Trois notes de Clausewitz sur De la guerre », dans C. von Clausewitz, op. cit., p. 41-45.
37 Colonel Lewal, Études de guerre, Paris, Imprimerie et librairie militaires, 1873, p. 66.
38 Ibid., p. 133.
39 F. Foch, Des principes de la guerre. Conférences faites en 1900, Paris, Berger-Levrault, 1919, p. 33.
40 Ibid., p. 37.
41 Décret du 2 décembre 1913 portant règlement sur le service des armées en campagne, Paris, L. Fournier, 1915, p. 77.
42 Ibid., p. 85.
43 J. Jaurès, L’armée nouvelle, Paris, [s. n.], 1911, p. 83.
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Référence électronique
Hervé Drévillon, « Théoriser la morale à l’époque de Clausewitz : historicité ou transhistoricité ? », Astérion [En ligne], 30 | 2024, mis en ligne le 09 septembre 2024, consulté le 01 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/asterion/10579 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12b0p
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