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Comptes rendus

Murielle Gaude-Ferragu, Cécile Vincent-Cassy (éds.), « La dame de cœur ». Patronage et mécénat religieux des femmes de pouvoir dans l’Europe des xive-xviie siècles

Rennes, Presses universitaires de Rennes, collection « Histoire », 2016, 322 p.
Daniel-Odon Hurel
p. 291-292
Référence(s) :

Murielle Gaude-Ferragu, Cécile Vincent-Cassy (éds.), « La dame de cœur ». Patronage et mécénat religieux des femmes de pouvoir dans l’Europe des xive-xviie siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, collection « Histoire », 2016, 322 p.

Texte intégral

1Histoire des femmes de pouvoir, histoire du pouvoir et des élites européennes, histoire du mécénat, histoire des pratiques culturelles des élites : tels sont quelques-uns des thèmes abordés dans cet ouvrage collectif, thèmes qui s’inscrivent dans une chronologie particulière, la fin du Moyen Âge et la première modernité. La succession des études de cas qu’il serait trop long d’énumérer ici dessine une sorte de frise chronologique de l’histoire du pouvoir féminin et au-delà de l’histoire de l’évolution des pratiques et de la représentation du pouvoir politique dans cette Europe tardo-médiévale et moderne. Plus encore, ce volume dessine des liens précis entre pratiques du mécénat artistique, images et dévotions personnelles. Les souveraines envisagées sont à la fois les « consorts » dont le mécénat religieux et le patronage constituent des domaines d’exercice du pouvoir, quelle que soit la période. Certaines de ces femmes ont pu bénéficier de délégations ponctuelles de l’autorité en absence ou carence des régnants (Jeanne de Bourgogne, Isabeau de Bavière ou Isabelle de Portugal), d’autres connurent le pouvoir pendant la minorité royale (Marie de Médicis et Anne d’Autriche), quelques-unes furent des « monarques au féminin » comme Mahaut d’Artois, Isabelle la Catholique ou Marie et Elisabeth Tudor. Dans tous ces cas, le patronage artistique, littéraire et religieux de ces femmes est une des formes de l’exercice du pouvoir. La richesse de cet ouvrage est bien entendu aussi liée au refus d’isoler l’analyse d’une lecture contextualisée de ces pratiques qui sont multiples et plus ou moins spécifiques selon les lieux, les personnes et le temps. Ce volume vise donc à s’intéresser aux pouvoirs des femmes en terme de dévotions, fondations, promotions culturelles, commandes architecturales, artistiques et littéraires. Les questions abordées sont donc nombreuses comme celle de savoir quels sont les liens entre ce patronat religieux et des dévotions particulières, entre ces dévotions privées et une quelconque politique religieuse plus générale, entre les sphères privées et publiques d’une activité monarchique.

2Ce sont près d’une vingtaine de contributions qui, de façon équilibrée et cohérente, nourrissent quatre axes : la souveraine dans son palais avec en particulier l’histoire des chapelles des reines et autres duchesses (personnel, bâtiments, objets, influence et lieu de pouvoir), la souveraine dans ses lectures (de la commande d’ouvrages aux bibliothèques), la souveraine et ses dévotions (l’interaction permanente entre les pratiques dévotionnelles spécifiques, la représentation royale, l’identité dynastique et le développement de cultes spécifiques) et, enfin, la souveraine fondatrice à travers le mécénat architectural et artistique.

3En ambitionnant d’appréhender la spécificité féminine dans le domaine de la dévotion et de saisir l’inscription politique de cette activité exercée au sommet de l’État, ce livre, richement illustré, constitue en particulier le socle méthodologique et historique de toute étude concernant à la fois la construction et la diffusion des nouvelles familles religieuses de la fin du Moyen Âge et surtout du début de l’époque moderne. Comment en effet ne pas partir de ces exemples royaux pour suivre à des échelons de pouvoirs plus secondaires des processus comparables ? Ce mécénat féminin et plus largement familial peut alors s’inscrire dans une politique religieuse et une représentation du pouvoir, à l’image de ce que « les monarques au féminin » inspirent par leurs dévotions et leurs décisions propres.

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Pour citer cet article

Référence papier

Daniel-Odon Hurel, « Murielle Gaude-Ferragu, Cécile Vincent-Cassy (éds.), « La dame de cœur ». Patronage et mécénat religieux des femmes de pouvoir dans l’Europe des xive-xviie siècles », Archives de sciences sociales des religions, 184 | 2018, 291-292.

Référence électronique

Daniel-Odon Hurel, « Murielle Gaude-Ferragu, Cécile Vincent-Cassy (éds.), « La dame de cœur ». Patronage et mécénat religieux des femmes de pouvoir dans l’Europe des xive-xviie siècles », Archives de sciences sociales des religions [En ligne], 184 | octobre-décembre 2018, mis en ligne le 01 décembre 2018, consulté le 13 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/assr/44894 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/assr.44894

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Daniel-Odon Hurel

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