Navigation – Plan du site

AccueilNuméros155Résumés des conférencesLangue et littératures néo-latines

Résumé

Programme de l’année 2022-2023 : I. Mythographie – Lilio Gregorio Giraldi, L’histoire des dieux païens (1548). La bibliothèque des mythographes, en partenariat avec les projets IPhiS / CIRIS et Mythologia. — II. Les poètes de François Ier – Théocrène, Poemata (1536) (en collaboration avec S. Laigneau-Fontaine, université de Bourgogne) ; Pietro Contarini, De regum amicitia Libellus (en collaboration avec J. Nassichuk, université d’Ontario). — III. Varia.

Haut de page

Texte intégral

I. Mythographie – Lilio Gregorio Giraldi, L’histoire des dieux païens (1548)

  • 1 Sur les annotations de Montaigne, voir A. Legros, « Le Giraldus de Montaigne et autres livres annot (...)
  • 2 Sur la notion de kairos, voir P. Guillamaud, « L’essence du kairos », Revue des études anciennes, 9 (...)
  • 3 Sur l’émulation mise en scène dans l’Anthologie de Cornarius, voir la thèse d’Aurélie Gay, Le regar (...)
  • 4 Adage 670 (1, 7, 70) Nosce tempus (« Reconnais le moment opportun »). Les Adages, J.-C. Saladin (di (...)
  • 5 Omnia Opera Angeli Politiani…, Venise, Alde Manuce, 1498, I, 49, f. Fr-v.
  • 6 Voir M. Pastore Stocchi, « Kairos, Occasio : appunti su una celebre ecfrasi », dans G. Venturi et M (...)

1Nous avons poursuivi la traduction et l’annotation du premier livre de l’Histoire des dieux païens de Lilio Gregorio Giraldi, à partir de l’édition annotée par Montaigne, conservée à la BNF (De deis gentium varia et multiplex historia, in qua simul de eorum imaginibus et cognominibus agitur, ubi plurima etiam hactenus multis ignota explicantur, et pleraque clarius tractantur, Bâle, Oporin, 1548. Rés Z Payen 490)1 que nous avons confrontée aux deux éditions suivantes, parues en 1560, à Bâle, chez Oporin et en 1565, à Lyon, chez les héritiers de Jacques Giunta. Nous nous sommes intéressés cette année aux personnifications classées par Giraldi dans la section des Dei ex humanis actionibus en mettant l’accent sur les liens entre mythographie et philologie. Le paragraphe consacré à Kairos, par exemple, manifeste l’attention portée par Giraldi à l’exactitude de la traduction des sources grecques. Sanctionnant l’importance de la notion de kairos, moment dont il faut saisir l’opportunité, les Grecs en firent une divinité masculine qui s’incarna dans une statue, sculptée par Lysippe. L’original a été perdu, mais le modèle iconographique s’est largement diffusé : sur un sarcophage antique, conservé au musée de Turin, Kairos, nu, porte des ailettes aux chevilles et deux grandes ailes recourbées sur le dos. Il tient de la main gauche un rasoir sur lequel est posée une balance en équilibre dont il effleure un des plateaux de la main droite ; l’arrière de son crâne est chauve et de longues mèches ondulées tombent devant et derrière ses oreilles2. Posidippe a consacré à la statue de Lysippe une épigramme, conservée dans l’Anthologie de Planude (Planude, 4a16 = Anthologie palatine, 16, 274), dans laquelle il rend compte, par une série de questions et de réponses, de la symbolique des divers attributs prêtés au dieu. Giraldi propose une traduction personnelle de l’épigramme, rivalisant avec les traductions précédentes d’Érasme et de Thomas More, rassemblées dans l’Anthologie publiée par Soter (Epigrammata graeca veterum elegantissima […], Coloniae, J. Soter, 1528, p. 286-287) et reproduites dans l’Anthologie de Cornarius, qui les complète par sa propre traduction et celle d’André Alciat (Selecta Epigrammata Graeca latine uersa, ex septem Epigrammatum Graecorum libris, éd. J. Cornarius, Bâle, Johann Bebel, 1529, p. 371-376)3. Giraldi cite ensuite l’épigramme qu’Ausone a consacrée à la statue du dieu (ep. 12 Green), puis il mentionne l’ekphrasis de Callistrate (Ekphrasis 7, « Kairos à Sicyone ») et renvoie le lecteur aux Adages4 d’Érasme et aux Miscellanées5 de Politien. La confrontation des développements consacrés à Kairos par Politien, Érasme et Giraldi a mis en relief la façon dont chacun organise une matière semblable. Giraldi s’inscrit dans la lignée de Politien par son érudition, mais aussi par l’insertion dans le développement mythographique de remarques d’ordre philologique. Comme Politien, il reproche à Ausone d’avoir changé le nom du sculpteur et substitué Phidias à Lysippe et il signale des fautes de métrique. Érasme met l’accent sur l’adage Nosce tempus, qui traduit l’apophtegme γνῶθι καιρόν, cité parmi les apophthegmes des Sept Sages. Il s’attache à en identifier les sources (Hésiode, Théocrite, Isocrate, Ménandre, Pindare), puis justifie par l’importance de l’opportunité le fait que les Anciens lui aient conféré le titre de divinité. Sa description de la statue de Kairos, inspirée à la fois de Posidippe et d’Ausone, vise à expliquer l’expression « saisir une occasion » (occasionem arripere), rapportée à la chevelure du dieu, hirsute à l’avant, mais chauve à l’arrière. L’accent est donc mis, conformément à la vocation des adages, sur l’explicitation de formules proverbiales. Érasme se plaît cependant (libet) à citer l’épigramme de Posidippe, omise par Politien, ce dont il fait un sujet d’étonnement (quod quemobrem Politianus omittendum existimarit, admiror) et il donne alors sa traduction, qu‘il présente comme « grossière et passablement improvisée » et fait suivre du poème d’Ausone. Giraldi est le plus complet puisqu’il rajoute l’ekphrasis de Callistrate et il entend aussi fournir la traduction de Posidippe la plus précise et la plus fidèle à l’original. Cette fidélité se traduit par la volonté de restituer en latin le nombre exact de distiques grecs (Hoc est ergo Posidippi epigramma, quod post Th. Morum, et Erasmum, uiros summe doctos, ideo est a me ita conuersum, uel concinnatum potius, quod Erasmus quidem quatuor addiderat uersus, Thomas duos dempserat), mais aussi par une attention au genre du mot kairos. Comme l’a souligné Manlio Pastore Stocchi, le passage au latin effectué par Ausone a modifié le genre de Kairos, devenu Occasio6. Giraldi commente ce changement :

Les Latins ont créé la déesse Occasio [Occasion] de la même manière que les Grecs le dieu Kairos : de là vient qu'ils utilisent un nom d’homme et nous, un nom de femme. De même, nous avons créé Invidia [Envie] et eux Phtonos (p. 48).

  • 7 Voir M. Lucco (éd.), Mantegna a Mantova: 1460-1506, Milan, 2006, p. 116 et sur l’évolution de la re (...)
  • 8 R. Wittkower, « Patience and Chance: The Story of a Political Emblem », Journal of the Warburg Inst (...)

2Ausone a favorisé la confusion de cette déesse féminine avec Fortuna, en précisant qu’elle se tient sur une roue, et il l’a associée à une autre allégorie, Metanoia [Repentir]. Sur une grisaille mantouane, issue de l’atelier d’Andrea Mantegna, elle est représentée sur une boule7, attribut dont Mario Equicola, auteur d’un traité intitulé De opportunitate, fait un symbole de l’instabilité de l’occasion, lorsqu’il décrit dans une lettre datée du 12 juin 1503, adressée au marquis de Mantoue, Equicola, la figure féminine, forgée par les poètes, correspondant à l’expression italienne pigliar il Tempo (« saisir l’occasion »). Les deux traductions de Posidippe citées par Giraldi témoignent de l’hésitation des traducteurs : Érasme s’inscrit dans la lignée d’Ausone et traduit Kairos par occasio, tandis que Thomas More adopte le terme tempus. Giraldi translittère Kairos en Caerus afin de conserver le sexe masculin de la divinité, ce que fera aussi Alciat, en traduisant Kairos par une périphrase qui en précise le sens : capti temporis articulus (« moment précis du temps que l’on a saisi »). Les illustrations de l’épigramme qu’Alciat intègre dans les Emblèmes témoignent de la confusion introduite par le poème d’Ausone, puisque la figure représentée est tantôt masculine, tantôt féminine. C’est cette ambivalence que restitue le Kairos androgyne peint par Girolamo da Carpi, dont Wittkower a suggéré qu’il était inspiré par Giraldi, et qui doit probablement beaucoup à la place conférée au Kairos et à la fortune par Machiavel8.

3Dans le cadre d’un partenariat avec les membres du projet IPhiS (Centre Jean Pépin, équipe Information scientifique et technique, UMR 8230, CNRS, ENS-PSL) et le projet Mythologia, (dir. Céline Bohnert [université de Reims Champagne-Ardenne, IUF]), trois séances du séminaire ont été mutualisées sur le thème de « La bibliothèque des mythographes ». Benjamin Goldlust et Nicolas Cavuoto-Denis ont présenté les enjeux et transmission des Saturnales de Macrobe ; Laurent Capron a rendu compte de la transmission des anthologies de l’Antiquité à la Renaissance et j’ai préparé avec John Nassichuk une synthèse sur la transmission d’Horace et des poètes élégiaques augustéens. Enfin, Charles Delattre est venu parler de la fragmentation des pratiques mythologiques, à propos de la parution du Oxford Handbook of Greek and Roman Mythography, R. S. Smith et S. Trzaskoma, Oxford, 2022 et Rachel Darmon a traité des pratiques mythographiques à l’occasion de la parution de son ouvrage, Dieux futiles, dieux utiles. La mythographie comme forme de savoir dans l'Europe de la Renaissance, Genève, Droz, 2022 (Travaux d’Humanisme et Renaissance).

II. Les poètes de François Ier

  • 9 Voir les synthèses de J. Hutton, The Greek Anthology in Italy to the year 1800, Ithaca, New York, C (...)
  • 10 Voir V.-L. Bourrilly, Jacques Colin, abbé de Saint-Ambroise. Contribution à l'histoire de l'humanis (...)
  • 11 « Le poète et le roi : les Poemata de Benedetto Tagliacarne (ca 1480-1536), dit Théocrène », Renais (...)

4Avec Sylvie Laigneau-Fontaine (université de Bourgogne) nous avons entrepris en 2019 d’éditer les poèmes de Benedetto Tagliacarne, dit Théocrène (1480-1536), qui furent rassemblés dans un recueil intitulé Poemata, quae juvenis admodum lusit, paru à Poitiers en 1536, chez les frères Marnef, dans un format in-quarto. Cette année nous nous sommes intéressés aux traductions de l’Anthologie grecque. C’est à Jean Lascaris que l’on doit la découverte de l’Anthologie que le moine érudit byzantin Maxime Planude acheva autour de 1300. Il en procura la première édition, à Florence, en 1494 (Anthologia epigrammatum Graecorum Planudis rhetoris, cura Io. Lascaris, Florence, Lorenzo d’Alopa, 1494). Le succès fut tel que l’œuvre fut rééditée à Venise en 1503, 1521, 1550, 1551 et suscita de nombreuses traductions et imitations, notamment latines, dont témoignent les anthologies bilingues de Soter et de Cornarius, précédemment citées9. De même que ces anthologies mettent en scène l’émulation des traducteurs, en juxtaposant plusieurs traductions d’une même épigramme grecque, les Poemata de Théocrène intègrent des traductions d’amis du poète. Certaines donnent lieu à deux traductions, comme l’épigramme d’Antipater de Macédoine consacrée à un platane régénéré par une vigne (Planude, 1, 6, 4 = Anthologie palatine, 9, 231), traduite par Jacques Colin (épigramme 3) et par Théo­crène (épigramme 4) ; d’autres à trois traductions, comme l’épigramme d’Antipater de Sidon consacrée à Mars qui exige des dépouilles sanglantes (Planude, 1, 3, 2 = Anthologie palatine 9, 323), traduite par Jacques Colin (épigramme 6), un certain Vuido Baldus (épigramme 7) et Théocrène (épigramme 8). Jacques Colin fut nommé valet de chambre ordinaire de François Ier en 1526, et chargé de plusieurs missions diplomatiques ; il s’occupa, à la demande du roi, de la publication des traductions françaises de plusieurs historiens antiques grecs et latins, réalisées par Claude de Seyssel, traduisit en français le Livre du courtisan de Baldassare Castiglione et composa notamment une « Epistre à une Dame », publiée dans l’Adolescence clémentine de Clément Marot10. Nous avions étudié l’an dernier la célébration par Théocrène de la traduction par François Ier d’une épigramme attribuée à Germanicus, consacrée à la douleur d’une mère thrace dont l’enfant s’est noyé dans l’Hèbre gelé. Cette épigramme qui figure dans l’Anthologie latine est elle-même une imitation de deux épigrammes de l’Anthologie grecque attribuées à Statyllius Flaccus (A.P. 7, 542) 25 et Philippe de Thessalonique (A.P. 9, 56)11. Les épigrammes traduites dans les Poemata traitent de la reconnaissance et d’héroïsme guerrier, des sujets susceptibles de plaire au roi et on peut imaginer que le recueil restitue le fruit de séances de traduction collective, qui ont pu se dérouler en sa présence.

5À l’initiative de John Nassichuk, professeur à l’université d’Ontario, nous avons entrepris l’an dernier la traduction et le commentaire d’un poème inédit d’environ 600 hexamètres conservé dans le manuscrit Lat. XII, 168 de la Biblioteca Marciana à Venise. Intitulé De Regum Amicitia Libellus, il est adressé par le poète vénitien Pietro Contarini (1477-1543) au roi de France et raconte la rencontre du Drap d’or qui se déroula du 7 au 24 juin 1520. Cette année, nous avons traduit la description de la tente de François Ier, l’évocation des dieux présents à la fête et la description de l’arrivée des deux reines.

III. Varia

  • 12 Voir notamment la mise au point de J.-L. Nardone et H. Lamarque, L’Histoire de Griselda, Une femme (...)

6À ces projets principaux se sont greffées, comme chaque année, des questions variées. Nous avons ainsi travaillé sur des traductions du vernaculaire en latin : après avoir examiné le cas des traductions latines des nouvelles du Decameron de Boccace et, en particulier, de la traduction de Griselde (X, 10) par Pétrarque12, nous avons analysé quelques traductions latines de poèmes de Ronsard, réalisées par Jean Dorat, Rémy Belleau et Tabourot des Accords afin de réfléchir aux statuts respectifs du latin et du français.

7Trois séances ont été consacrées à la traduction et au commentaire du chapitre 14 du De poetica de Joachim Vadian, un humaniste suisse que David Amherdt, porteur du projet Helvetica humanistica, est venu présenter. Le texte introduit et traduit en français par V. Leroux et M. Wuillot et en allemand par C. Schlip figure sur le site Helvetica humanistica : https://humanistica-helvetica.unifr.ch/​fr/​works/​180. Concernant ces questions de poétique, Guillaume Navaud a traité de la question du spectacle (opsis) dans les poétiques de la Renaissance, à laquelle il a consacré l’ouvrage Voir le théâtre. Théories aristotéliciennes et pratiques du spectacle (Sesto San Giovanni, Mimèsis, 2022 [L’esprit des signes]) et enfin, R. Gottschalck Rasmussen et F. Waquet ont présenté un panorama de la littérature néo-latine au Danemark en mettant l’accent sur le pouvoir royal et sur trois œuvres : les Gesta Danorum de Saxo Grammaticus, une épopée médiévale composée vers l’an 1200 ; la Loi royale de 1665, dont ils préparent actuellement la traduction française et le voyage souterrain de Niels Klim de Ludvig Holberg (1741). Enfin, S. Feddern (Apl. Prof. Dr. à l’université de Kiel, Petrarca-Institut, Köln), reçu au sein de l’équipe Saprat pour un séjour de recherche au printemps 2024, a présenté une communication sur ses travaux en cours, intitulée « La définition morale du poète par Coluccio Salutati (De laboribus Herculis 1,12) et la réception d’Aristote, Platon et Catulle ».

Haut de page

Notes

1 Sur les annotations de Montaigne, voir A. Legros, « Le Giraldus de Montaigne et autres livres annotés de sa main », Journal de la Renaissance, 1 (2000), p. 13-88 et Montaigne manuscrit, Paris, Garnier, 2010, p. 209-214, et R. Menini, « Rabelais et Montaigne, lecteurs jumeaux ? (dans les marges du “Giraldus”) », Bulletin de la Société internationale des amis de Montaigne. Saveur du savoir. Mélanges Alain Legros, 72, 2 (2020), p. 109-115.

2 Sur la notion de kairos, voir P. Guillamaud, « L’essence du kairos », Revue des études anciennes, 90, 3-4 (1988), p. 359-371 ; M. Trédé, Kairos, L’à-propos et l’occasion. Le mot et la notion, d’Homère à la fin du IVe siècle avant J.-C., Paris, Klincksieck, 1992 ; I. Châtelet, « À point nommé. De quelques vertus de kairos pour l’analyse », Essaim, 24, 1 (2010), p. 63-72. Sur la statue et les copies conservées, voir notamment http://www.limc-france.fr/objet/14519.

3 Sur l’émulation mise en scène dans l’Anthologie de Cornarius, voir la thèse d’Aurélie Gay, Le regard, vecteur épigrammatique et anthologique dans les Selecta epigrammata graeca latine versa de Janus Cornarius, préparée sous la direction de Sylvie Laigneau-Fontaine et soutenue à Dijon, le 6 juillet 2022.

4 Adage 670 (1, 7, 70) Nosce tempus (« Reconnais le moment opportun »). Les Adages, J.-C. Saladin (dir.), vol. 1, Paris, Les Belles Lettres, 2011, p. 523-526.

5 Omnia Opera Angeli Politiani…, Venise, Alde Manuce, 1498, I, 49, f. Fr-v.

6 Voir M. Pastore Stocchi, « Kairos, Occasio : appunti su una celebre ecfrasi », dans G. Venturi et M. Farnetti (dir.), Ecfrasi. Modelli ed esempi fra Medioevo e Rinascimento, Rome, Bulzoni, 2004, I, p. 139-164 et F. Garambois-Vasquez, « La figure du Kairos traduction invention, re-création, de l’Anthologie grecque à l’épigramme latine. La traduction comme source de création », 2018 (hal-01706148). C’est la version d’Ausone que Machiavel traduit en italien (N. Machiavelli, Capitoli, éd. G. Inglese, Rome, Bulzoni, 1981, p. 157-158 et M. Martelli, « Da Poliziano a Machiavelli sull’epigramma Dell’Occasione e sull’occasione », Interpres, 2 [1978], p. 230-254) et Rabelais convoque aussi l’iconographie de la déesse antique pour rappeler le caractère irrévocable de l’occasion à laquelle Ausone associe comme compagne Metanoia : « L’occasion a tous les cheveulx au front : quand elle est oultrepassée, vous ne la pouvez plus révocquer ; elle est chauve par le derrière de la tête et jamais plus ne se retourne. », Rabelais, Gargantua, I, 37.

7 Voir M. Lucco (éd.), Mantegna a Mantova: 1460-1506, Milan, 2006, p. 116 et sur l’évolution de la représentation de Kairos, E. Panofsky, « Vieillard Temps », dans E. Panofsky, Essais d’iconologie, Paris, 1967, p. 69-93 ; A. Sconza, « Le Kairos et l’occasion, une iconographie changeante aux xvie et xviie siècles en Italie », dans F. Crémoux, J.-L. Fournel, C. Lucas Fiorato et P. Civil (dir.), Le présent fabriqué (Espagne / Italie – XVIe-XVIIe siècles), Paris, Classiques Garnier, 2019, t. 1, p. 31-58 et B. Baert, « Kairos ou l’Occasion comme paradigme dans le médium visuel », Réseau ALEA / ALEA Network [en ligne], 2020.

8 R. Wittkower, « Patience and Chance: The Story of a Political Emblem », Journal of the Warburg Institute, 1 (1937-1938), p. 171-177. Selon Stefano Pierguidi, Giraldi aurait suggéré à Girolamo de représenter la Pénitence selon la description de Lucien, « L’Occasione e la Penitenza di Girolamo da Carpi », Schede Umanistiche, 2 (2001), p. 103-120. Voir sur ce tableau les fines analyses de S. Pierguidi, « L’Occasione e la Penitenza di Girolamo da Carpi e la “Stanza della patienza” di Ercole II d’Este », Schede umanistiche, 2 (2001), p. 103-120 ; d’Élisa de Halleux, « Le Kairos de Girolamo da Carpi ou la fusion imagée des traditions grecques et latines », Studiolo, 9 (2012), p. 256-270 et l’article précédemment cité de Barbara Baert qui s’appuie notamment sur J. Paul, « The Use of Kairos in Renaissance Political Philosophy », Renaissance Quarterly, 67,1 (2014), p. 43-78.

9 Voir les synthèses de J. Hutton, The Greek Anthology in Italy to the year 1800, Ithaca, New York, Cornell University Press, 1935 et The Greek Anthology in France and in the Latin Writers of the Netherlands to the Year 1800, Ithaca, New York, Cornell University Press, 1946.

10 Voir V.-L. Bourrilly, Jacques Colin, abbé de Saint-Ambroise. Contribution à l'histoire de l'humanisme sous le règne de François Ier, Paris, Société nouvelle de librairie et d’édition, 1905.

11 « Le poète et le roi : les Poemata de Benedetto Tagliacarne (ca 1480-1536), dit Théocrène », Renaissance and Reformation – Renaissance et Réforme, 45,3 (été 2022), numéro spécial : “Hi cursus fecere novos…”. Studies in Latin Humanism – Études sur l’humanisme latin, Myron McShane, John Nassichuk (éd.), 2023, p. 189-214.

12 Voir notamment la mise au point de J.-L. Nardone et H. Lamarque, L’Histoire de Griselda, Une femme exemplaire dans les littératures européennes, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2000 ; N. Viet, « Le Decameron et ses premiers traducteurs européens (1411-1620) : état des lieux d’un malentendu international », RHR, 87, 2 (2018), p. 147-170 et C. Revest, « Sur les traces de quelques pièces à succès du xve siècle : les traductions latines de Boccace dans les miscellanées humanistes », dans F. Fery-Hue et F. Zinelli (éd.), Habiller en latin La traduction de vernaculaire en latin entre Moyen Âge et Renaissance, Paris, École nationale des chartes, 2018 (Études et rencontres de l’École des chartes), 2018, p. 273-284.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Virginie Leroux, « Langue et littératures néo-latines »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 155 | 2024, 233-237.

Référence électronique

Virginie Leroux, « Langue et littératures néo-latines »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [En ligne], 155 | 2024, mis en ligne le 13 juin 2024, consulté le 08 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ashp/7450 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11t4w

Haut de page

Auteur

Virginie Leroux

Directrice d’études, École pratique des hautes études-PSL — section des Sciences historiques et philologiques

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search