Pratiques médiévales de l’écrit documentaire
Résumé
Programme de l’année 2022-2023 : I. L’acte et ses rituels. — II. Enquêtes sur l’écrit diplomatique. — III. Atelier de diplomatique : questions et études de cas proposées par les participants.
Texte intégral
- 1 Benoît-Michel Tock, « La mise en scène des actes en France au Haut Moyen Age », Frühmittelalterlich (...)
- 2 Peter Worm, « Beobachtungen zum Privilegierungsakt am Beispiel einer Urkunde Pippins II. von Aquita (...)
- 3 Geoffrey Koziol, The Politics of Memory and Identity in Carolingian Royal Diplomas. The West Franki (...)
1Dans le prolongement (et l’élargissement) du thème de l’année précédente consacré au « lieu de passation de l’acte », il a paru utile de focaliser l’attention sur les circonstances concrètes qui entourent la vie de l’acte, surtout lors de sa genèse, le terme d’« acte » ayant été ici délibérément dénué d’épithète car s’appliquant aussi bien à l’acte écrit en forme qu’à l’acte juridique ayant donné lieu à simple trace écrite. Il ne nous a pas semblé nécessaire d’encombrer l’auditoire de réflexions trop ciselées sur la notion de rituel, passablement labourée il y a quelques lustres. En revanche, on a souligné l’apport de travaux plus descriptifs sur les gestes, paroles, objets, moments et autres précisions circonstancielles rapportées par les sources documentaires ou de nature historiographique, quand leurs auteurs s’emploient à narrer ou évoquent simplement la façon dont s’est nouée l’action juridique prolongée ordinairement d’un écrit ad hoc : en somme la succession des cérémonies « juridico-diplomatiques » concourant par étapes à la production de l’écrit tel qu’il nous est parvenu, ce qu’on a parfois appelé la « mise en scène » des actes1. Historiographiquement, cette approche procède d’un double courant : d’une part celui qui a insisté sur la « matérialité » des documents écrits ; dans cette perspective, les singularités formelles de l’acte présent devant nous peuvent valoir indices sur les circonstances qui l’ont vu naître, rédigé, validé et transmis ; d’autre part. le courant puissant et remontant plus haut encore dans le temps (on songe à Heinrich Fichtenau dans les années 1950) des recherches sur les fonctions extra-juridiques des actes. Dans le cas précis des diplômes de souverains, l’acte écrit est immergé dans des « événements », des « performances » où l’autorité se met en représentation. L’acte écrit est alors l’aboutissement de « liturgies politiques », depuis la petitio du solliciteur jusqu’à la promulgation publique de l’acte écrit2. Un ouvrage typique à cet égard est celui de Geoffrey Koziol sur le rôle et l’enjeu des diplômes royaux dans la communication des souverains de Francie occidentale avec les grands du royaume3.
- 4 Éd. Georges Chevrier et Maurice Chaume, Chartes et documents de Saint-Bénigne de Dijon, prieurés et (...)
2Pour illustrer d’un exemple éloquent la large palette d’éléments (gestes, objets, actions, moments et lieux) susceptibles de composer un rituel diplomatique, on a présenté une très belle notice bourguignonne de 1100, rapportant la donation faite par Milon de Vignory, lors de son départ en croisade, au prieur du lieu4. Dans cet acte dont l’eschatocole est passablement développé, avec une insistance, justifiée par les risques du voyage outre-mer, sur la présence et l’abondance des témoins, le rédacteur a jugé utile de prolonger les éléments attendus du protocole final de quelques lignes où sont décrits en détail les « moments diplomatiques » successifs de l’action : le donateur remet symboliquement les biens per lignum in manu prioris dona[tum] le samedi de l’octave de la Pentecôte, au château de Vignory, devant des seigneurs de haut parage, sa parentèle et de nombreux milites et matronae ; il fait alors procéder à l’écriture de la carta portant les noms des milites ayant assisté à la cérémonie ; le lendemain, un dimanche donc, Milon reçoit la besace du pèlerin et, après le repas, en présence d’une multitude, fait lire « et exposer en langue vulgaire » (et vulgaliter exponere) ladite charte devant l’autel de saint étienne, patron de l’église priorale ; enfin, il dépose la charte sur l’autel, sans contestation de quiconque, en signe de confirmation. Ainsi, l’action juridique globale se démultiplie en séquences accomplies sur deux jours et autant de lieux, et devant deux auditoires distincts. Le texte évoque un objet transactionnel (un « morceau de bois », lignum) par quoi le don est accompli au château, puis une carta par laquelle est confirmé le don, une carta qui semble d’abord trouver son utilité dans le fait qu’elle consigne les noms des témoins de l’action juridique ; la lecture publique de cet écrit est suivie d’une « exposition » (traduction ou résumé ?) en langue vernaculaire.
- 5 Original conservé : Bourges, Arch. dép. Cher, 13H 25, no 1.
- 6 Chronicon, III, 1, éd. Robert Holtzmann, Die Chronik des Bischofs Thietmar von Merseburg und ihre K (...)
- 7 Dans ce rapport, les diplômes de souverains sont cités par le numéro, précédé d’un sigle approprié (...)
3Après commentaire de ce document, et pour rebondir sur le thème de la lecture publique, on a examiné une charte plus récente (1143) donnée par l’évêque de Bourges Pierre de la Châtre aux chanoines réguliers de Saint-Satur5 : comme à Vignory, l’eschatocole attendu est prolongé d’une précision (Et sciendum est quod…) où l’on signale qu’Ebrardus, le disposant laïc auteur de la libéralité confirmée par l’évêque, est venu à Saint-Satur, que la charte y a été lue et « exposée » en langue vernaculaire (lecta est hec carta et vulgaribus verbis exposita), puis que ledit Ebrardus s’est vu remettre la charte (accepit cartam) et de sa main l’a offerte sur l’autel (et manu sua obtulit eam super altare), que son fils a fait de même après lui (et filius ejus post eum), enfin qu’ils ont donné l’ordre de la munir du sceau de l’évêque. Pour diversifier les sources, on a analysé un passage célèbre de la chronique de Thietmar de Mersebourg6 relatif à la réception et à la lecture solennelle d’un diplôme donné en 979 (D Otton II 2077) par lequel Otton II conféra le privilège envié de libre élection de son prélat au clergé du siège archiépiscopal de Magdebourg.
- 8 Entre autres : Arnold Angenendt, « Cartam offerre super altare. Zur Liturgisierung von Rechtsvorgän (...)
- 9 Original opisthographe conservé : Reims, Arch. dép. Marne, 56H 535 ; Artem 57.
4Les deux actes pour Vignory et Saint-Satur signalent un dépôt de l’acte sur l’autel, une pratique banale et abondamment couverte par une bibliographie dont on a commenté plusieurs jalons éclairants8. Mais l’autel n’est pas le seul « objet » sacré où l’on place la carta. C’est parfois sur le tombeau ou la confessio du saint bénéficiaire qu’elle est déposée ; un exemple curieux, assez méconnu semble-t-il, est fourni par un acte, conservé en original, par lequel l’archevêque de Reims Renaud (1094) consigne l’abandon par le comte Hugues des coutumes injustes qu’il levait sur les domaines de l’abbaye Saint-Remi de Reims9. De façon exceptionnelle, quelques lignes portées au dos du parchemin le long de sa marge supérieure complètent l’acte qui, lui, occupe entièrement le recto. Ce court texte rend compte du rite qui a suivi la validation de la charte : le comte, nu-pieds, en compagnie de son fils et de ses homines, est allé auprès du corps de saint Remi, s’est agenouillé (les deux genoux à terre précise-t-on !), a mis la tête dans (ou sur) le sepuchrum du saint et posé la charte (litteras istas) de sa main sur le corps de celui-ci. Il y a tout lieu de penser que ces lignes sont contemporaines de la mise par écrit de l’acte.
- 10 Éd. Yves Chauvin, Premier et second livres des cartulaires de l’abbaye Saint-Serge et Saint-Bach d’ (...)
- 11 Voir la corroboration de l’acte du comte de Champagne Henri le Libéral pour Saint-Remi de Reims (11 (...)
5Dans les comptes rendus de rituels diplomatiques, on parle souvent d’un donum qu’on dépose sur l’autel. Le mot donum n’a pas une signification aussi claire qu’on pourrait le penser – ce n’est pas le « don » au sens banal – et il convient d’en contextualiser soigneusement les occurrences. Ainsi a-t-on cru pouvoir montrer que dans le premier cartulaire de l’abbaye Saint-Serge et Saint-Bach d’Angers10, il désigne l’objet transactionnel qui symbolise le « don » et le lecteur se gardera bien d’y voir a priori l’acte écrit consignant la donation. Dans ce même recueil, on rencontre, mais plus rarement, le mot carta dans le même contexte cérémoniel, mais aussi l’association donum et carta : chaque terme a sa valeur propre, donum pour l’objet transactionnel, carta pour l’écrit. Si la charte mise sur l’autel peut assurément être désignée par le mot donum11, voir un écrit en tout donum offert à l’autel serait un préconçu regrettable.
- 12 Voir le cas étrange des parchemins portant des croix de validation tracées le long de la marge supé (...)
- 13 Hypothèse émise par Louis Carolus-Barré, « Notice inédite d’une donation faite par le roi Philippe (...)
6Il est évident cependant qu’un acte écrit est souvent partie prenante du rituel. Mais une question toute simple se pose alors. Quand une carta déclare qu’elle a été lue, prise en main, posée sur l’autel, bref ! quand elle se raconte elle-même, doit-on en déduire qu’elle portait déjà ces mots lorsque les rites furent accomplis ? Avons-nous affaire à une anticipation narrative de la part d’un rédacteur déjà capable de raconter un scénario qui n’a pas encore été vécu ? Ou bien faut-il penser que l’acte parvenu jusqu’à nous a été rédigé une fois seulement la cérémonie accomplie, ou encore que l’acte écrit l’a été en plusieurs temps. Ici, les aspects matériels des parchemins originaux ou passant pour tels peuvent aider à déblayer le champ des hypothèses. Outre les actes rédigés en plusieurs temps (avec notamment un eschatocole qui paraît ajouté au texte), on connaît des parchemins où le texte pourrait bien avoir été inscrit sur un support déjà validé « en blanc »12. On peut même se demander parfois si c’est bien la charte sous examen qui a été portée sur l’autel et non une autre pièce, un objet de cérémonie ou accessoire de théâtre, remplacé après coup par son double formellement plus satisfaisant13.
- 14 Jacques Le Goff, « Le rituel symbolique de la vassalité », rééd. dans Pour un autre Moyen Âge. Temp (...)
- 15 Marcel Thévenin, Textes relatifs aux institutions privées et publiques aux époques mérovingienne et (...)
- 16 Anne Lunven, « la donation d’Anouuareth à l’abbaye Saint-Maur de Glanfeuil : retour sur un corpus d (...)
7Les mentions de donation sur l’autel, mais plus généralement l’ensemble des récits de cérémonies juridico-diplomatiques, attestent la grande diversité des objets transactionnels qui y sont impliqués et qui symbolisent à la fois le bien ou droit transmis (ou abandonné) et la transmission elle-même. Durant plusieurs séances, on a traité de cette question en faisant référence à la littérature des objets symboliques. L’occasion fut donc donnée de rendre hommage à un mémoire célèbre de Jacques le Goff14, lui-même largement tributaire du répertoire d’objets symboliques dressé par Du Cange (1678) en l’entrée « Investitura » de son Glossarium mediae et infimae latinitatis, sans oublier l’apport discret mais pratique de Marcel Thévenin (1887)15. Plusieurs questions se posent : variété des objets utilisés, préférences régionales pour tel ou tel objet, destination de l’objet après son usage circonstanciel (est-il conservé à titre de souvenir de la transaction, délaissé ou rendu à son usage primitif ?), rapport (de similitude ou autre) entre l’objet d’une part, et le bien ou l’acteur du transfert de l’autre. On a mentionné des récits où le choix de l’objet semble le fait du hasard : le couteau d’un moine présent, un codex opportunément entre les mains d’un religieux, etc. L’objet codex offre a priori un avantage non négligeable s’il est judicieusement choisi, puisqu’on peut y inscrire le souvenir de la transaction à laquelle il a pris part. On a signalé à cet égard la donation faite par le Breton Anouwareth au monastère Saint-Maur de Glanfeuil (847), dont le récit est copié, à une date difficile à déterminer, à la fin de la célèbre bible tourangelle de Saint-Maur (Bibl. nat. de France, lat. 3, f. 408v). Dans ce récit, on lit la phrase suivante : Donum autem huius rei est hec biblioteca Veteris ac Noui Testamenti, phrase qu’on peut traduire ainsi : « le don de ce bien (ce qui précède dans l'acte) est cette bible contenant l'Ancien et le Nouveau testaments », ce qui veut tout simplement dire que le rite de donation a été accompli par l’intermédiaire de la bible qui porte le récit ; cette bible a servi de donum, c’est-à-dire d’objet transactionnel. L’objet a incorporé le texte et même si l’événement est une invention du rédacteur, il fallait bien que la pratique fût vraisemblable pour être rapportée16.
- 17 Éd. Yves Chauvin, Premier et second livres des cartulaires de l’abbaye Saint-Serge et Saint-Bach d’ (...)
- 18 Hubet Guillotel, Les actes des ducs de Bretagne (944-1148), Rennes, 2014, no 113.
8On a pisté les objets transactionnels à travers des exemples en provenance notamment des pays de la Loire et du nord de la France. L’édition des cartulaires de l’abbaye Saint-Serge et Saint-Bach d’Angers a fourni quelques beaux cas d’étude, qu’on a lus, traduits et commentés en détail, au besoin en proposant des améliorations textuelles17. Ainsi en va-t-il de la notice rapportant la donation de Pierre Rubescalli (1104) et la chaîne d’actions juridiques qui s’ensuivit. Dans ce texte, l’objet symbolisant le consentement donné par Geoffroy IV, fils du comte d’Anjou Foulques IV le Réchin, à cette donation est quodam fructum archonelli selle, objet non identifié par l’éditeur mais qui n’est probabement qu’un « morceau (fru[s]tum) d’arçon de selle », un objet désigné dans la suite de la notice comme simple lignulum. Ce bout de bois semble avoir été arbitrairement choisi, mais il se charge d’une valeur spécifique après accomplissement du rite : le comte ordonne en effet qu’il soit apporté par les moines depuis la maison où eut lieu la transaction jusqu’au monastère d’Angers, pour garder le souvenir de celle-ci (pro concessionis memoria). Le même document fourmille de détails concrets. Ainsi y apprend-on que la concession comtale eut lieu dans la demeure d’un certain Hugues de Saint-Laud, ad caput tabulae, à la place d’honneur « en tête de table » – en son haut bout. Cette précision est une rareté, mais on la trouve curieusement à la même époque dans une notice relatant un chapelet de donations faites ca 1110-1112 par le comte de Nantes Alain, par son épouse Ermengarde et par leur fils Conan en faveur de l’abbaye de Marmoutier18. On a pris le temps, là aussi de regarder de près cette notice et de la mettre en son contexte documentaire.
- 19 Steven Vanderputten, « Monachos hujus ecclesie ad venire fecit : attitudes laïques comme reflets de (...)
- 20 Éd. Robert Fossier, Cartulaire-chronique du prieuré Saint-Georges d’Hesdin, Paris, 1988, nos 139 et (...)
- 21 Patrick Geary, « L’humiliation des saints », Annales ESC, 34-1 (1979), p. 27-42. Voir aussi Lester (...)
- 22 Charte de l’abbé de Saint-Amand Hugues Ier (1085-1107) relatant les mesures judiciaires et religieu (...)
9D’autres séances nous ont menés en France septentrionale. Les notices dites de « tradition » (transmission de biens) composant le liber traditionum du prieuré Saint-Georges d’Hesdin (dioc. Thérouanne), sanctuaire donné en 1094 à l’abbaye d’Anchin (dioc. Arras), attestent la pratique récurrente de transferts de droits accomplis par « le rameau et la motte de terre » (per ramum et cespitem). Au sein de ce recueil, un récit récemment commenté19 articule la donation d’une mourante vers 1111, sa confirmation lors d’un rituel finalement inabouti, puis les déprédations perpétrées par un parent contestataire, enfin les ripostes monastiques associant recours aux autorités régionales (évêque de Thérouanne, comte de Flandre) et liturgie propre aux moines. Sa lecture nous a fait opérer un pas de côté dans notre enquête20. Le récit mentionne en effet l’accomplissement d’un rituel que, depuis un article célèbre de Patrick Geary21, on a coutume de désigner (non sans quelque méprise ou abus) sous le nom d’« humiliation de reliques » – le terme de depositio semble préférable à celui d’humiliation pour diverses raisons. Les religieux posent à terre, sur le sol nu, les reliques et / ou des imagines (au premier chef le crucifix), éventuellement cessent les offices, en réaction à des graves méfaits commis, par des laïcs le plus souvent, à l’encontre des possessions de l’établissement. Le cas d’Hesdin a été confronté à d’autres exemples de la même région, en particulier à ceux de l’abbaye de Saint-Amand (dioc. Tournai)22. On a été sensible à la diversité des circonstances entourant le recours à ce rituel, et l’on a pu montrer que ce dernier n’est pas dirigé contre un saint qui aurait été jugé incapable de protéger les moines assurant son culte et de préserver l’intégrité des possessions qui leur donnent les moyens de le faire. La depositio signifie et représente concrètement le dénuement des saints et de ses serviteurs ; par la « grève » du culte qui s’y associe souvent, elle entend contraindre le délinquant à venir à résipiscence, et inciter la communauté locale des fidèles à se désolidariser du fautif. Ce rite n’est pas non plus la manifestation d’un quelconque désarroi ou découragement éprouvé par les moines devant l’inertie ou l’inefficacité des autorités en place. Les textes non hagiographiques qui les rapportent indiquent au contraire que la depositio est une riposte articulée à d’autres recours (qu’on avoue même parfois plus efficaces), ceux faits auprès d’un comte et d’un évêque. On reviendra sur cette question dans un autre cycle de séances.
- 23 Éd. Jacques Boussard, « Actes royaux et pontificaux des xe et xie siècles, du chartrier de Saint-Ma (...)
10La dissolution des contrats écrits peut également passer par des rites où prennent place les chartes, devenues quelque peu périmées. Pour illustrer ce cas de figure, on a commenté un diplôme du roi Robert le Pieux de 1029 issu des archives de Saint-Maur des Fossés23. Cet acte royal traite d’une charte de concession foncière temporaire à trois vies (une charte de précaire), restituée aux moines par un dénommé Alrannus, l’un des héritiers du concessionnaire primitif, au moment où il choisit de résilier le contrat pour lui préférer un gain en argent. Pour signifier cet abandon, Alrannus vient à Saint-Maur rendre la charte en question en la déposant sur l’autel de la Vierge et des saints Pierre et Paul. Toutefois, le parchemin n’est pas détruit, peut-être parce qu’il continue d’être un titre pour la communauté monastique : celle-ci obtient effet que les biens qui y sont décrits lui soient confirmés par le diplôme royal. Ce diplôme aux dispositions complexes densément rédigées a fait l’objet d’une analyse précise et donné l’occasion de quelques mises au point sur la diplomatique des premiers Capétiens.
- 24 Éd. Dominique Rouet, Le cartulaire de l’abbaye bénédictine de Saint-Pierre-de-Préaux (1034-1227), P (...)
11Enfin, une séance de fin d’année a fait droit à ces gestes insolites que l’on aime parfois à relever pour dauber les mœurs étranges des « gens du Moyen Âge ». On a ainsi présenté et commenté une notice assez fameuse relatant la donation par le duc normand Robert le Magnifique (1027-1035) de la villa de Toutainville à l’abbaye Saint-Pierre de Préaux : lors de la cérémonie, on frappa plusieurs témoins d’un colaphus (coup de poing, gifle ?) ob causam memorie, et l’un d’eux, qui s’en offusquait, se vit répondre qu’en raison de son jeune âge, il pourrait ainsi témoigner plus longtemps de la ratio (les modalités) de l’affaire24. À l’occasion de cette lecture, on a également signalé la richesse du cartulaire de l’abbaye de Préaux pour le sujet des objets transactionnels. Une autre pratique coutumière concernant les témoins des actions juridiques a été évoquée, celle, dite « bavaroise », des témoins « tirés par l’oreille » (testes per aures tracti), bien attestée du xe au xiiie siècle dans des chartes de Styrie, et qui a fait couler beaucoup d’encre depuis le xixe siècle.
12En cours d’année, selon une habitude prise de longue date, on a consacré quelques séances, partiellement ou en totalité, à la présentation détaillée de publications récentes intéressant la diplomatique, en privilégiant celles qui, parce qu’elles touchent cette matière de façon latérale, ou qu’elles sont rédigées en allemand ou encore diffusées de façon confidentielle, risquaient d’échapper à la vigilance de l’auditoire. Les membres du séminaire ont également été conviés à cet exercice, pour le commun profit… et le leur propre quand l’exposé devait être sanctionné d’une note pour des raisons de « scolarité ».
13Comme les années précédentes, les séances de l’atelier diplomatique ont donné aux auditeurs l’occasion d’exposer leurs recherches et de soumettre à la discussion les problèmes rencontrés et les résultats engrangés.
- 25 Die Urkunden Ludwigs des Frommen, éd. Theo Kölzer et alii, 3 vol., Wiesbaden, 2016.
- 26 Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-877), éd. Arthur Giry, Maurice Prou, (...)
- 27 Die Urkunden der Merowinger, éd. Carlrichard Brühl et Theo Kölzer, coll. Martina Hartmann et Andrea (...)
- 28 M. Fauroux, Recueil des actes des ducs de Normandie de 911 à 1066, Caen, 1961 (Mémoires de la Socié (...)
14Sous le titre « Faire du vieux avec du neuf ? Faux, interpolations et imitations dans les plus anciens actes de l’abbaye de Saint-Wandrille », Thomas Roche (16 décembre 2022) a rouvert plusieurs dossiers diplomatiques épineux de la célèbre abbaye normande, en soulignant les difficultés liées aux aléas d’une tradition chaotique et à la réactivation par les moines, sous forme de faux, d’un beau portefeuille de références à des concessions royales mérovingiennes signalées par les textes historiographiques et hagiographiques produits au monastère depuis le haut Moyen Âge. Sur une page (xiie s. ?) insérée dans la compilation désignée sous le nom de Chronicon majus (Le Havre, Bibl. mun., ms. 332, p. 275), on lit la fin du diplôme de Louis le Pieux de 81525 (D Louis le P. 73) et un passage constituant une interpolation précédée signe de renvoi à une page de manuscrit qui manque au codex. Quant au diplôme de Charles Chauve de 85426 (D Charles le Ch. 160), à côté d’une version fiable, il existe une tradition interpolée représentée par un vidimus obtenu lors d’une campagne de « vidimation » (1319) dont les fruits ont été collectés dans le modeste cartulaire de l’abbaye dit « cartulaire de Paris » (Bibl. nat. de Fr., lat. 17132). Un autre cartulaire tardif (Rouen, Bibl. mun., ms. 1228) mentionne un deperditum royal mérovingien au nom de Thierry III relatif à la donation de Donzère sur le Rhône27 (D Mer. dep. †291), et le même recueil livre la copie d’un faux précepte de Childebert III (D Mer. †154) qui a servi à l’obtention d’un diplôme de Louis VII de 1177. La date de confection d’un autre faux mis sous le nom de Thierry III (D Mer. †115), celui relatif à l’île de la Seine nommée Belcinnaca, a été rediscutée. Enfin, reprenant la tradition complexe des différentes versions de la confirmation générale donnée par le duc Richard II en 1025-102628, il adhère au point de vue de l’éditrice Marie Fauroux en faveur de la version qu’elle désigne sous la lettre « A », qu’il juge prudemment « la moins fausse » des quatre versions existantes ; ce parchemin a donné lieu à plusieurs observations inédites qui soulèvent maintes questions quant à sa conservation matérielle.
- 29 Bibl. nat. de Fr., Bourgogne 82, nos 380-383.
15Dans son exposé intitulé « Des chartes en textualis dans le fonds de Cluny au début du xive siècle : formaliser l’écrit pour terminer un conflit » (13 janvier 2023), Marlène Helias Baron a interrogé les aspects formels de quatre actes passés en 1309 devant le clerc juré du bailli de Mâcon (et scellés du garde du sceau royal)29 ; trois de ces actes, datés des dimanches 27 avril et 4 mai, et du samedi 10 mai 1309, referment l’épisode de révolte des Clunisois qui a secoué la ville monastique en 1307. Les deux premiers documents, formellement très impressionnants, consignent les prestations de serment de fidélité effectuées respectivement par 130 et 371 habitants dûment nommés dans l’acte ; quant au troisième, il consigne la comparution de 11 bourgeois de Cluny sollicitant en leur nom propre et en nom des Clunisois le pardon des autorités ecclésiales pour leur péché de sédition. Il se pourrait que le choix inattendu d’une textualis formata pour la graphie de ces pièces ne soit pas indifférent à la solennité des dispositions consignées (et à la fonction dévolue à ces pièces d’archives), même si d’autres facteurs doivent être pris en considération.
- 30 Cette communication a été reprise et développée lors d’une séance du séminaire d’histoire médiévale (...)
16Claire Lamy (3 février 2023) nous a entretenus des possibilités et difficultés d’une recherche sur le profil, la carrière voire les compétences spéciales des membres de la communauté tourangelle de Marmoutier. Cette enquête, fondée sur le matériel diplomatique des décennies 1050-1130, a mis en relief les étapes de carrières conduisant à l’abbatiat, mais aussi la silhouette de plusieurs religieux (par exemple Ébrard du Puiset, Bernard Flagellum, André de Gometz / Neauphle) dont les déplacements et les missions à eux confiées autorisent des hypothèses sur les délégations de responsabilité ou de compétence, au sein d’une communauté monastique tentaculaire, et les relations entre maison-mère et prieurés30.
17De son côté, Catherine Marchal (17 février 2023) a commenté le parchemin aux allures d’original (Chartres, Arch. dép. Eure-et-Loir, H 999 ; Artem 3125) relatant la fondation du prieuré d’Auneau et son rattachement à l’abbaye de Bonneval (dioc. Chartres) : « L’acte de fondation du prieuré d’Auneau [ca 1100] : un objet diplomatique à identifier ? ». Il s’agit d’une charte, rédigée vraisemblablement vers 1100 et intitulée au nom du seigneur fondateur Hugues de Gallardon, qui agrège à la suite de la donation initiale quatre augments de donation opérés par le même seigneur, à différents moments précisés par le rédacteur : l’un est consécutif à un miracle de guérison parvenu à l’oreille d’Hugues, le dernier a lieu au moment de son départ pour Jérusalem (1096). Cette charte, écrite semble-t-il d’une seule main, tient de l’historia fundationis et de la pancarte récapitulative, du récit de miracle comme de la geste seigneuriale. En dépit de son caractère hybride, l’allure de rédaction est maintenue à la première personne tout au long du document, même quand sonne l’heure du récit de miracle puis de celui du départ pour Jérusalem, comme si le seigneur Hugues se faisait l’historiographe de sa relation au prieuré d’Auneau. Pour autant, à la manière de notices de tradition, le rédacteur veille à évoquer les rituels diplomatiques qui ponctuent les donations écrites (recitatio, apposition de croix de validation) et de donner les listes de témoins y afférents ; d’ailleurs une dernière action juridique relatée in fine est la confirmation, sanctionnée par des croix visibles au bas du parchemin, des libéralités d’Hugues par Gui, comte de Rochefort, le seigneur de qui Hugues tenait ces biens.
18Le 17 mars 2023, Bénédicte Tuza, étudiante de master à l’université Paris I, nous a entrouvert l’abondant dossier documentaire (44 pièces à partir de 1374) qu’elle explore concernant l’épineux projet de mariage entre Catherine, fille du roi (angevin) Louis Ier de Hongrie et Louis, fils de Charles V. Ce dossier, très compliqué à l’instar des enjeux diplomatiques du mariage projeté, comprend une grande variété de pièces, depuis les instructions et réponses adressées aux négociateurs jusqu’aux simples pièces de procédure comptable ; la compétence linguistique de B. Tuza lui a par ailleurs permis de plonger dans les travaux de l’historiographie en langue hongroise sur cette affaire diplomatique.
19Bruno Saint-Sorny (31 mars 2023) « Autour d’un parchemin du fonds de Saint-Loup de Troyes copié au cartulaire de Larrivour : les appétits du chanoine Gébouin et la définition des ressorts archidiaconaux » a exposé et commenté le cas insolite d’un acte de l’évêque de Troyes Hatton (1122-1145) donné en 1140 au bénéfice de l’abbaye Saint-Loup de Troyes et copié en ajout dans le cartulaire de l’abbaye cistercienne de Larrivour. Notre collègue s’est employé à expliquer pourquoi cette copie d’un acte exogène au chartrier cistercien, mais intéressant tout de même de façon indirecte la fondation de Larrivour, se trouve dans le cartulaire de cette abbaye ; d’autre part, il a montré que cette copie témoigne d’une version primitive de l’acte pour Saint-Loup dont une clause pourrait bien trahir les ambitions d’un archidiacre Gébuin à étendre son ressort, dans une période où se constituent les archidiaconés du diocèse.
20Pour sa dernière séance de l’année (27 juin 2023), l’atelier diplomatique a été reçu au domicile d’Annie Dufour, l’une de ses fidèles participantes. Lors d’une après-midi bien remplie, un petit groupe d’auditeurs a écouté plusieurs exposés. Annie Dufour, qui prépare l’édition des actes de l’évêque de Laon Gautier de Mortagne (1155-1173), a présenté deux actes de ce prélat délivrés la même année 1173, consignant la résolution de deux conflits distincts relatifs à de dîmes disputées à l’abbaye prémontrée Saint-Martin de Laon. L’un de ces actes est un chirographe, conservé pour une partie en original (Arch. nat. L 731, no 23), et pour l’autre dans le cartulaire de Saint-Martin de Laon du xiiie (Laon, Bibl. mun., ms. 532), qui met fin à un conflit entre le chapitre de Notre-Dame de Laon et l’abbaye de Saint-Martin de Laon à propos de la dîme de Parfondru. L’autre, contenu dans le cartulaire de Saint-Martin de Laon du xviiie siècle (Laon, Arch. dép. Aisne, H 873), règle un conflit opposant les abbayes de Fesmy et de Montreuil-en-Thiérache aux abbayes de Saint-Martin et de Saint-Vincent de Laon pour l’attribution de la dîme de Sermois. Ces actes constituent autant d’exemples des nombreux désaccords, provenant de l’enchevêtrement des possessions et de la difficulté d’en fixer les limites, que Gautier a traités spécialement dans les dix dernières années de son épiscopat. Ils consignent en détail la procédure suivie, notamment la constitution de « commissions mixtes paritaires » (si l’on ose dire) formées de douze homines legitimi choisis par les parties pour éclairer les médiateurs ou juges ; dans le premier cas cité, il leur faut montrer par déambulation (le verbe est ici proculcari) les limites du territoire de décimation en cause (Parfondru) ; dans l’autre cas, ils doivent dire de quelle paroisse relève le lieu de décimation (Semois) disputé – dans ce second cas, le rédacteur a précisé qu’un des hommes d’une des parties s’était rangé à l’avis des hommes de la partie adverse, faisant pencher ainsi la balance. La procédure ressortit à des méthodes d’enquête bien attestées au xiie siècle dans les régions septentrionales de la France et de Lotharingie. — Claire Lamy nous a donné la primeur d’une communication qu’elle préparait pour le Congrès international de Leeds. Elle a mis en évidence la fréquence nouvelle de dates de temps pourvues d’indications chronologiques diversifiées dans les actes produits à Marmoutier sous l’abbé Bernard, plus précisément durant les années 1091-1095 où l’on conserve 18 pièces originales présentant une forte parenté de mise en page (large espace blanc suivi de la date commençant par Actum anno au bas de la pièce). Cette nouvelle pratique est peut-être l’aboutissement d’une évolution déjà sensible sous l’abbé Barthélemy (1064-1084), dont les actes font apparaître l’année de l’abbatiat. Plusieurs influences extérieures (Saint-Florent de Saumur, évêché de Poitiers, actes pontificaux) ont pu infléchir les usages de l’abbaye tourangelle. — Geneviève Roumier, archiviste paléographe, a présenté le projet de recherches doctorales qu’elle a élaboré sur les ordres mendiants dans le Sud-Ouest de la France entre 1380 et 1520, une période assez délaissée par la recherche, en dépit de sources certes abondantes, mais éparses ; parmi les axes envisagés pour sa thèse, elle a mis en avant celui du rapport à la propriété, à l’écrit diplomatique et aux archives viendra naturellement en bonne place.
Notes
1 Benoît-Michel Tock, « La mise en scène des actes en France au Haut Moyen Age », Frühmittelalterliche Studien, 38 (2004), p. 287-296.
2 Peter Worm, « Beobachtungen zum Privilegierungsakt am Beispiel einer Urkunde Pippins II. von Aquitanien », Archiv für Diplomatik, 49 (2003), p. 15-48.
3 Geoffrey Koziol, The Politics of Memory and Identity in Carolingian Royal Diplomas. The West Frankish Kingdom (840–987), Turnhout, 2011.
4 Éd. Georges Chevrier et Maurice Chaume, Chartes et documents de Saint-Bénigne de Dijon, prieurés et dépendances des origines à 1300, t. II. 990-1124, Dijon, 1943, no 394.
5 Original conservé : Bourges, Arch. dép. Cher, 13H 25, no 1.
6 Chronicon, III, 1, éd. Robert Holtzmann, Die Chronik des Bischofs Thietmar von Merseburg und ihre Korveier Überarbeitung, Berlin, 1935 (MGH, Scriptores rerum germanicarum, 9), p. 96-99.
7 Dans ce rapport, les diplômes de souverains sont cités par le numéro, précédé d’un sigle approprié (dynastie ou souverain), qu’ils ont reçu dans le corpus de référence qui les accueille, à savoir les volumes de la série Diplomata des Monumenta Germaniae historica ou bien de celle des Chartes et diplômes de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (pour les rois carolingiens dits « français » et les Capétiens).
8 Entre autres : Arnold Angenendt, « Cartam offerre super altare. Zur Liturgisierung von Rechtsvorgängen », Frühmittelalterliche Studien, 36 (2002), p. 133-158 ; Eliana Magnani Soares-Christen, « Transforming Things and Persons. The Gift pro anima in the Eleventh and Twelfth Centuries », dans Gadi Algazi, Valentin Groebner et Bernhard Jussen (éd.), Negotiating the Gift. Pre-modern Figurations of Exchange, Göttingen, 2003, p. 274-280 ; Hartmut Beyer, « Urkundenübergabe am Altar. Zur liturgischen Dimension des Beurkundungsaktes bei Schenkungen der Ottonen und Salier an Kirchen, Frühmittelaterliche Studien, 38 (2004), p. 323-346 ; Charles Insley, « Rhetoric and Ritual in Late Anglo-Saxon Charters », dans Marco Mostert et P[aul] S. Barnwell (éd.), Medieval Legal Process: Physical, Spoken and Written Performance in the Middle Ages, Turnhout, 2011, p. 109-121 ; un bref aperçu : Martin Roland, « Illuminierte Urkunden. Bildmedium und Performanz », dans Andrea Stieldorf (éd.), Die Urkunde. Text – Bild – Objekt, Berlin, Boston, 2019, p. 259-327, aux p. 280-285.
9 Original opisthographe conservé : Reims, Arch. dép. Marne, 56H 535 ; Artem 57.
10 Éd. Yves Chauvin, Premier et second livres des cartulaires de l’abbaye Saint-Serge et Saint-Bach d’Angers (XIe et XIIe siècles), Angers, 1997.
11 Voir la corroboration de l’acte du comte de Champagne Henri le Libéral pour Saint-Remi de Reims (1152), éd. John Benton et Michel Bur, Recueil des actes d’Henri le Libéral, comte de Champagne (1152-1181), Paris, 2009, t. I, no 24.
12 Voir le cas étrange des parchemins portant des croix de validation tracées le long de la marge supérieure de la pièce, avant l’acte lui-même ; par exemple l’acte de la donation de Simon de Neauphle à Savigny de la terre où doit s’élever la future abbaye des Vaux-de-Cernay (1118) : Arch. dép. Yvelines, 45H 8, no 1.
13 Hypothèse émise par Louis Carolus-Barré, « Notice inédite d’une donation faite par le roi Philippe Ier au prieuré de Saint-Arnoul de Crépy », Bibliothèque de l’École des chartes, 122 (1974), p. 95-96.
14 Jacques Le Goff, « Le rituel symbolique de la vassalité », rééd. dans Pour un autre Moyen Âge. Temps, travail et culture en Occident : 18 essais, Paris, 1977, p. 349-420.
15 Marcel Thévenin, Textes relatifs aux institutions privées et publiques aux époques mérovingienne et carolingienne, Paris, 1887, p. 263-264 (« Symboles juridiques employés dans la formation des contrats, dans la procédure, etc. »).
16 Anne Lunven, « la donation d’Anouuareth à l’abbaye Saint-Maur de Glanfeuil : retour sur un corpus d’actes (trop) célèbre », Bibliothèque de l’École des chartes, 170 (2012), p. 343-375.
17 Éd. Yves Chauvin, Premier et second livres des cartulaires de l’abbaye Saint-Serge et Saint-Bach d’Angers (XIe et XIIe siècles), Angers, 1997, t. I, no 335 (1104).
18 Hubet Guillotel, Les actes des ducs de Bretagne (944-1148), Rennes, 2014, no 113.
19 Steven Vanderputten, « Monachos hujus ecclesie ad venire fecit : attitudes laïques comme reflets des stratégies monastiques orales et rituelles dans les transferts patrimoniaux », dans S. Vanderputten (éd.), Understanding monastic practives of oral communication (Western Europe, tenth-thirteenth centuries), Turnhout, 2011, p. 49-64.
20 Éd. Robert Fossier, Cartulaire-chronique du prieuré Saint-Georges d’Hesdin, Paris, 1988, nos 139 et 140.
21 Patrick Geary, « L’humiliation des saints », Annales ESC, 34-1 (1979), p. 27-42. Voir aussi Lester K. Little, Benedictine Maledictions. Liturgical Cursing in Romanesque France, Ithaca, 1993, spéc. p. 131-142.
22 Charte de l’abbé de Saint-Amand Hugues Ier (1085-1107) relatant les mesures judiciaires et religieuses engagées pour mettre fin aux abus commis par Anselme de Ribémont, avoué du monastère : original, Bibl. mun. Valenciennes, ms. 33 (feuille de garde) ; éd. Henri Platelle, La justice seigneuriale de l’abbaye de Saint-Amand. Son organisation judiciaire, sa procédure et sa compétence du XIe au XVIe siècle, Louvain, Paris, 1965, appendice IV, p. 421-427 ; charte de l’évêque de Tournai Giraud confirmant le compromis, établi en sa présence, mettant fin à un conflit entre l’abbaye Saint-Amand, dirigée par l’abbé Hugues II (1150-1162), d’une part, et le prévôt laïque Étienne et sa mère Gisèle dite Trosels, veuve du prévôt Hermann II ; éd. Jacques Pycke et Cyriel Vleeschouwers, Les actes des évêques de Tournai (1146-1190). Episcopalis officii sollicitudo II, Louvain-la-Neuve, 2014, no 23, p. 45-48.
23 Éd. Jacques Boussard, « Actes royaux et pontificaux des xe et xie siècles, du chartrier de Saint-Maur des Fossés », Journal des Savants, 1972, p. 81-109, p. 101-103 ; Artem 2071.
24 Éd. Dominique Rouet, Le cartulaire de l’abbaye bénédictine de Saint-Pierre-de-Préaux (1034-1227), Paris, 2005, no 1, entrée [2] (cette notice est insérée dans une pancarte récapitulative). L’anecdote donne lieu à un passage de dialogue (Quia tu junior me es et forte multo vives tempore erisque testis hujus rationis cum res poposcerit).
25 Die Urkunden Ludwigs des Frommen, éd. Theo Kölzer et alii, 3 vol., Wiesbaden, 2016.
26 Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (840-877), éd. Arthur Giry, Maurice Prou, Georges Tessier, 3 vol., Paris, 1943-1955, no 160.
27 Die Urkunden der Merowinger, éd. Carlrichard Brühl et Theo Kölzer, coll. Martina Hartmann et Andrea Stieldorf, Hanovre, 2001.
28 M. Fauroux, Recueil des actes des ducs de Normandie de 911 à 1066, Caen, 1961 (Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, 36), no 52.
29 Bibl. nat. de Fr., Bourgogne 82, nos 380-383.
30 Cette communication a été reprise et développée lors d’une séance du séminaire d’histoire médiévale organisé conjointement par Rolf Große et Laurent Morelle à l’Institut historique allemand (juin 2023).
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Laurent Morelle, « Pratiques médiévales de l’écrit documentaire », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 155 | 2024, 238-247.
Référence électronique
Laurent Morelle, « Pratiques médiévales de l’écrit documentaire », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [En ligne], 155 | 2024, mis en ligne le 13 juin 2024, consulté le 08 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ashp/6930 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11t3p
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