Navigation – Plan du site

AccueilNuméros154Résumés des conférencesPratiques et savoirs géographique...

Résumés des conférences

Pratiques et savoirs géographiques chinois, IIIe-Xe siècles

Alexis Lycas
p. 403-412

Résumé

Programme de l’année 2021-2022 : Le Livre des barbares (Manshu) de Fan Chuo (suite).

Haut de page

Texte intégral

  • 1 On y a retracé la tradition et les différentes éditions du texte, puis traduit le premier chapitre, (...)

1On a poursuivi au cours des conférences de l’année 2021-2022 la traduction du Livre des barbares (Manshu 蠻書) de Fan Chuo 樊綽 (fl. 863), auquel les dernières conférences de l’année précédente avaient été consacrées1. L’objectif principal de ce travail est de déterminer ce que le Manshu peut nous apprendre des liens entre ethnographie et bureaucratie à l’époque médiévale. Le texte de Fan Chuo a en effet été considéré selon les époques comme une ethnographie des confins ou comme une monographie locale – ce qui n’est pas la même chose –, et ces usages différents ont influé sur la fortune historiographique du texte. Les chapitres 2, 3 et 4 ont donc été présentés, traduits, commentés et annotés. Ils sont résumés dans les paragraphes qui suivent.

  • 2 L’édition de référence demeure Fan Chuo 樊綽, Manshu jiaozhu 蠻書校注, Xiang Da 向達 (éd.), Pékin, 1962.

2Le chapitre 2 a pour titre « Monts et plateaux, rivières et sources » (« Shanchuan jiangyuan » 山川江源)2. Il est d’une certaine manière le pendant du chapitre 1 avec lequel il pose le cadre spatial de l’enquête. L’auteur y décrit les oronymes et hydronymes les plus significatifs du royaume, tout en les inscrivant historiquement, socialement et économiquement dans l’espace politique du Nanzhao 南詔, le royaume qui contrôle une bonne partie de l’actuel Yunnan, du viiie au début du xe siècle. Le chapitre est organisé typologiquement comme le laisse supposer son titre.

  • 3 Il s’agit d’un lac (le suffixe hai désigne généralement une mer, ou comme ici, une mer intérieure).

3Les six premières entrées concernent les massifs montagneux principaux. À l’est, les monts Jinma 金馬 (cheval-d’or) et Biji 碧雞 (faisan-vert) entourent le lac Dian 滇, tandis qu’à l’ouest, les monts Diancang 玷蒼 (tâché-de-bleu) et Nangcong 囊葱 (couvert-de-vert) ceignent le Erhai 洱海3. Cette symétrie singulière entre les deux pôles principaux du royaume semble volontairement mise en avant, car aucun autre massif n’est ensuite évoqué, à deux exceptions près : ce sont les deux chaînes situées à l’ouest du cours supérieur de la Salouen ou fleuve Nu 怒 (impétueux), le long de la frontière avec l’empire tibétain, au nord-ouest du royaume. La présentation des monts Gaoligong 高黎共 et Daxue 大雪 (grandes-neiges) est surtout accompagnée, en raison de leur positionnement stratégique, d’informations relatives aux difficultés que les hommes peuvent y rencontrer (amplitudes thermiques, risques miasmatiques, tribus insoumises de Man). Quant aux quatre massifs proches des deux lacs, leurs descriptions reprennent les attendus de l’information géographique médiévale : explications étymologiques populaires ou savantes de leurs noms, dimensions, caractéristiques climatiques, et spécificités de l’environnement naturel (plantes) et anthropisé (relais, temples, routes).

4Fan Chuo décrit ensuite les cours d’eau. Il commence par le bassin versant du cours supérieur du fleuve Bleu, qui n’est pas nommé ainsi mais porte des noms différents selon les zones qu’il parcourt : l’actuelle Yarlong, désignée dans son cours inférieur Donglu 東瀘 (et antérieurement Nuoyi 諾矣 – l’auteur précise très justement qu’elle sourd en pays tibétain), et son affluent, la Xilu 西瀘, apparaissent en premier, jusqu’à leur confluence avec l’actuelle Jinsha 金沙. Aujourd’hui considérée comme le cours supérieur principal du fleuve Bleu, cette dernière correspond dans le Manshu aux deux tronçons suivants : en amont la Maoniu 犛牛 (aux-yaks), car les montagnes tibétaines d’où elle jaillit sont peuplées de yaks ; en aval la Mosuo 磨些, dès lors qu’elle traverse les zones de peuplement des tribus éponymes, au nord du Erhai. À partir de la confluence entre Jinsha et Yarlong, le fleuve reprend le nom de Donglu – car le tronçon de la Yarlong traverse davantage de zones sinisées que ceux de la Jinsha ? – avant de devenir la Mahu 馬湖 (lac-du-cheval) aux environs de l’actuelle ville de Yibin au Sichuan, et de se jeter enfin dans le « fleuve extérieur » (waijiang 外江), soit le fleuve Bleu à proprement parler.

5L’actuel lac Dian, nommé Kun 昆, apparaît ensuite. Fan Chuo prend soin, comme pour les cours d’eau, d’identifier la source (fluviale) qui l’alimente, et les appellations qui lui furent attribuées. Il signale également les itinéraires terrestres et fluviaux le reliant au cours de la Jinsha. Sont enfin mentionnées incidemment deux autres étendues d’eau stagnantes situées au sud du lac Dian. La première dépend du plateau de Liangshui 量水 et correspond sans doute à l’actuel lac Fuxian 撫仙. La seconde, rattachée d’après Fan Chuo au plateau de Xinfeng 新豐, reste non identifiée : elle ne peut renvoyer aux autres petits lacs environnants le lac Fuxian, car le plateau de Xinfeng est attesté dans les environs de Shicheng 石城 (actuelle Qujing), c’est-à-dire à l’est et non au sud du lac Dian.

6L’auteur nous emmène ensuite à l’ouest, au-delà de Dali et du Erhai, sur les rives supérieures du Mékong (Lancang 瀾滄). Si Fan Chuo a raison d’attribuer au géant fluvial de la péninsule indochinoise une source tibétaine, il évoque une proximité exagérée avec les monts Daxue, qui se déploient environ 150 km à l’ouest du cours du Mékong. Le fleuve est décrit au travers de ses interactions avec les Man de Shun 順 (dociles), mais surtout pour les travaux d’ingénierie engendrés par son débit, littéralement « déferlant » (c’est l’étymologie de son nom chinois) : un pont construit au niveau de la préfecture de Yongchang 永昌 (actuelle Baoshan) par Zhuge Liang 諸葛亮 (181-234) est ainsi décrit minutieusement, autant pour ses caractéristiques que pour la référence historique à la campagne menée par le célèbre stratège et général au cours de l’année 225.

  • 4 Manshu jiaozhu, 2.52.

7Plus à l’ouest, l’Irrawaddy ou fleuve Li 麗 (beau) traverse les confins occidentaux du royaume et marque pour ainsi dire une frontière naturelle avec le royaume des Pyu / Piao 驃 (hardis), dans le Nord de la Birmanie. Dans son lit pullulent « dragons aquatiques, crocodiles, seiches, et des animaux aquatiles semblables à des bovins, dont la nage fait tourbillonner les flots qui prennent la forme de la houle » (蛟龍鰐魚烏鰂魚。又有水獸似牛遊泳則波濤沸湧狀如海潮)4. Fan Chuo estime que sa source se trouve dans les environs de Lhassa 邏些. Or, le cours supérieur de l’Irrawaddy ne remonte pas jusqu’à Lhassa, mais prend sa source 700 km à l’est de la capitale du Tibet. Il a peut-être confondu l’Irrawaddy avec le Brahmapoutre, qui passe à proximité de Lhassa même si sa source est plus à l’ouest, ou avec la Salouen, dont la source est sur la même longitude que Lhassa, bien que près de 400 km plus au nord.

8Il faut cependant être indulgent avec l’auteur qui ne rapporte pas toujours l’emplacement de certains sites avec exactitude. On rappellera que les espaces tibétains lui étaient inconnus et qu’il ne possédait pas forcément les compétences techniques d’arpentage pour mesurer les distances ou établir la position de certains sites. En outre, faire une histoire culturelle des pratiques administratives et ethnographiques suppose de ne pas mettre sur un même plan exactitude et précision ; les erreurs topographiques deviennent alors presque plus intéressantes pour l’historien que la reproduction fidèle de données connues. Il se trouve que cette liste en apparence complète comporte justement quelques angles morts que l’on se propose d’évoquer ci-dessous.

9Tout d’abord, le Erhai n’est pas évoqué, contrairement au lac Dian. Or, si l’on lit attentivement l’entrée apparemment consacrée au lac Dian, on remarque que ce paragraphe est en réalité dédié à la rivière qui le traverse. Le titre du chapitre confirme que l’auteur ne s’intéresse pas vraiment aux lacs, mais plutôt aux « cours d’eau et à leurs sources ». En suivant cette logique, le Erhai apparaît bien au sein des entrées portant sur les monts Diancang et Nangcong qui l’enserrent, mais en tant que cours d’eau (Erhe 洱河 et Xi’erhe 西洱河).

10Ensuite, on aura noté que la Salouen est le seul grand fleuve absent des entrées fluviales – si l’on accepte que le fleuve Rouge, abondamment évoqué comme voie de communication entre le Nanzhao et l’Annam dans le chapitre 1, ne touche qu’à la marge à l’espace du royaume. La Salouen est certes mentionnée dans l’entrée des monts Gaoligong mais seulement pour indiquer son positionnement. Était-elle politiquement et stratégiquement marginale, ou tout simplement méconnue car excentrée géographiquement, pour que Fan Chuo ne lui accorde pas plus d’importance ? On peut en douter, car il consacre plusieurs lignes à l’Irrawaddy, dont le cours est encore plus éloigné que celui de la Salouen. À reprendre les lignes décrivant le Mékong, on constate qu’elles font peu de cas du fleuve pour lui-même – Mékong et Salouen n’étant pas aussi frontaliers que le cours supérieur du fleuve Bleu à l’est et au nord et l’Irrawaddy à l’ouest ; il y a peut-être là une part d’explication à ce désintérêt apparent.

11Enfin, il convient d’évoquer les plateaux (chuan 川 – le terme est surtout connu pour son sens commun de « cours d’eau », mais il désigne ici une étendue terrestre plane qui peut être une plaine, ou un plateau dans le cas du Yunnan). Bien qu’apparaissant dans le titre du chapitre, les plateaux ne possèdent pas d’entrée propre contrairement aux montagnes, aux cours d’eau et à leurs sources. Ils sont évoqués pourtant tout au long du chapitre, mais à l’intérieur de paragraphes explicatifs concernant d’autres entités. Est-ce en raison de l’importance originelle des monts et des eaux, tout à la fois marqueurs spatiaux et linéaments primordiaux de l’écoumène chinois depuis la haute Antiquité ? Les plateaux réapparaissent en tout cas ailleurs dans le Manshu, et notamment au chapitre 6, qui leur laisse la part belle.

12Après deux premiers chapitres topographiques, le troisième, intitulé « Six royaumes » (« Liuzhao » 六詔), forme avec le suivant un nouveau diptyque qui relève d’une géographie humaine. Il s’agit d’une histoire politique de la constitution des six (ou huit) royaumes jusqu’à leur unification au courant du viiie siècle – on verra que la date de 732 généralement mise en avant n’a rien d’évident – sous l’égide du royaume le plus méridional de Mengshe 蒙舍, nommé Nanzhao (royaume-du-Sud). Les six royaumes principaux sont, dans l’ordre de présentation : Mengxi 蒙巂, Yuexi 越析, Langqiong 浪穹, Tengtan 邆賧, Shilang 施浪, et Mengshe. Tous sont établis dans l’orbite du Erhai.

  • 5 Manshu jiaozhu, 3.55.

13Les deux royaumes supplémentaires sont ceux « des descendants de deux rois, Shibang de la ville de Baiya et Yiluoshi de [la ville de] Jianchuan » (白巖[崖]城時傍及劍川矣羅識二詔之後)5. Les raisons pour lesquelles les régimes de Shibang 時傍 et Yiluoshi 矣羅識 sont mis de côté ne sont pas parfaitement explicites à la lecture des paragraphes qui leur sont consacrés. Il est cependant clair qu’ils sont considérés comme des comploteurs n’ayant pas régné (Yiluoshi), ou en tout cas insuffisamment longtemps (Shibang), pour établir de véritables régimes.

  • 6 Xin Tang shu, 222b.6293.

14Le premier des six royaumes à être décrit est le Mengxi, à l’origine le plus grand. Situé au sud du lac Erhai, il ne semble mentionné que pour l’évocation de sa chute inéluctable aux mains du Mengshe. Contrairement aux autres entrées, les informations sont ici laconiques. Elles consistent en de maigres détails expliquant la machination ourdie par Piluoge 皮羅閣 (r. 738-748), le maître du Mengshe, pour annexer le Mengxi. Afin de connaître la généalogie complète du clan de Mengxi et les tenants et aboutissants de l’intrigue, il faut se référer au chapitre consacré au Nanzhao dans la Nouvelle histoire des Tang (Xin Tang shu 新唐書)6.

15Le royaume oriental de Yuexi bénéficie d’une entrée plus conséquente, même si elle a de nouveau pour but principal d’expliciter les conditions de la conquête de ce royaume par le Mengshe. Suite à un adultère impliquant l’épouse de Bochong 波衝, le maître du royaume, et un membre d’une grande famille du nom de Zhang Xunqiu 張尋求, ce dernier tue Bochong avant d’être lui-même mis à mort par le commissaire militaire de Jiannan 劍南 qui patrouillait dans les parages. Menée par Yuzeng 于贈, neveu de Bochong, la tribu se déplace à 150 km au nord-est, dans les environs de la Yarlong. Cet éloignement ne dissipe pas la menace qu’incarne le Yuexi aux yeux de Piluoge. Celui-ci mène plusieurs raids infructueux, si bien que son fils Geluofeng 閣羅鳳 (r. 748-779) doit prendre son relais pour mener à bien la conquête politique du royaume de Yuexi. On notera que la prise du royaume ne s’accomplit qu’en d’autres terres que celles où fut fondé le Yuexi.

16Après le sud et l’est, la description se poursuit au nord du lac, avec les trois royaumes parents de Langqiong, Tengtan et Shilang. Au début du viiie siècle, deux frères, Fengmie 豐哶 et Fengshi 豐時, sont à la tête du Langqiong. Fengmie attaque ensuite le Tengtan et s’y installe. Au Langqiong, ce n’est que sous le règne de Yiluojun 矣羅君, le descendant à la cinquième génération de Fengshi, que se produit un événement notable, à savoir la chute du royaume. En 795, la capture de Yiluojun et son exil à Yongchang ne sont pas l’œuvre de Piluoge ou de Geluofeng, mais de leur successeur à la tête du Mengshe, Yimouxun 異牟尋 (r. 779-808) : l’annexion définitive du Langqiong ne se réalise donc qu’à la fin du viiie siècle.

17À Tengtan, Fengmie ne survit pas à sa prise de pouvoir : il est mis à mort par un fonctionnaire du nom de Li Zhigu 李知古, passé à la postérité pour sa cruauté. Il se signale par un massacre perpétré contre des Man s’étant pourtant rendus et par la mise en servitude de leurs enfants, deux exemples parmi d’autres qui aboutissent à son assassinat en 710. Mieluopi 哶羅皮, fils de Fengmie, s’allie par la suite à Piluoge pour attaquer des tribus de Man au sud du Erhai. En remontant le long des rives occidentales du lac, Piluoge profite de la crédulité de Mieluopi pour lui fausser compagnie et s’emparer de Dali 大釐. Mieluopi obtient les renforts de deux royaumes de Langqiong et Shilang avec les troupes desquels il s’attaque à Piluoge, mais leur défaite est sans appel et Mieluopi meurt en exil. Mais il faut attendre la génération de son arrière-petit-fils pour que le Nanzhao s’empare définitivement du Tengtan.

18Le destin du royaume de Shilang épouse en partie celui du Tengtan dans la mesure où son maître Shiwangqian 施望欠 est aussi défait par Piluoge, et doit ainsi s’enfuir à Yongchang. Le récit de son abdication sert à insister sur l’implacable réussite militaire de Piluoge, qui ne laisse d’autre choix à Shiwangqian que d’offrir sa fille, dont la beauté était célèbre, en mariage à Piluoge. Ce dernier y consent, et l’ancien souverain du Shilang peut paisiblement finir ses jours au Mengshe. Neveu de Shiwangqian, Wangqian 望千 se rallie aux Tibétains. Il maintient cependant une menace au nord du Nanzhao jusqu’aux temps de Yimouxun. S’il convient de lier le lignage de Wangqian au Shilang qu’il suit dans l’ordre de présentation du texte de Fan Chuo, il est considéré comme une excroissance illégitime et non comme un royaume de plein droit en raison de son développement en exil auprès des Tibétains.

19Fan Chuo conclut sa présentation sur le Mengshe, amené en huitième position. Le point de départ du récit tourne autour de la déclaration tardive de Yimouxun relative aux origines de son clan. Il est suivi d’une liste des patriarches sur huit générations, d’une évocation de leur vassalisation originelle aux Tang jusqu’à l’époque de Wu Zetian, et de la liste des titres honorifiques conférés à Piluoge et à ses fils. Lorsque Piluoge meurt en 748, Geluofeng hérite de ses titres, tandis que son fils Fengqieyi 鳳伽異, déjà présent à la cour des Tang, y voit sa position renforcée.

  • 7 É. Chavannes, « Une inscription du royaume de Nan-tchao », Journal Asiatique, vol. 9, no 16 (1900).

20C’est le moment que choisit Geluofeng pour entamer une expansion sans précédent : il conquiert le reste du Yunnan aux dépens des émissaires militaires des Tang, et prend l’ouest et le nord de l’actuelle Birmanie. On trouve en passant une référence à la stèle gravée en 766 par son conseiller chinois Zheng Hui 鄭回, et étudiée en son temps par Chavannes7. L’objectif politique derrière cette inscription consiste en quelque sorte pour Geluofeng à ménager la chèvre tibétaine et le chou chinois : il justifie son rattachement au Tibet par l’inconséquence non des Tang, mais de certains de leurs agents gouvernementaux, qu’il juge incompétents ou vénaux.

21Yimouxun, petit-fils de Geluofeng, accède au pouvoir en 779. Il est présenté, avec force mise en scène historiographique, comme souhaitant se rapprocher des Tang au détriment du Tibet. Il s’agit d’une simplification, car l’objectif de Yimouxun était davantage de s’autonomiser par rapport à l’emprise tibétaine qui était à cette époque devenu un joug inutile. Il n’empêche que Fan Chuo insiste allègrement sur la charge symbolique du nouveau serment d’allégeance du Nanzhao envers les Tang, rendu possible par le travail de plusieurs envoyés spéciaux de l’empire ; apparaît alors Yuan Zi 袁滋 (749-818), dont on sait qu’il composa un Yunnan ji 雲南記 (Récit du Yunnan), et dont on peut imaginer que Fan Chuo en avait la connaissance au moment d’écrire le Manshu. Pourtant, aucune indication intertextuelle n’apparaît explicitement dans l’œuvre de Fan Chuo. Enfin, un dernier saut temporel nous emmène au temps de Fan Chuo lui-même, qui relie l’agression subie en Annam à l’infraction par le Nanzhao de l’accord passé du temps de Yimouxun. Ce faisant, il met en scène et justifie l’initiative de son enquête yunnanaise, dont l’objectif est d’informer le pouvoir Tang, et dont le résultat est bien évidemment le Manshu.

22En somme, Fan Chuo livre au chapitre 3 le récit inéluctable de l’annexion méthodique des autres royaumes par le plus excentré, celui de Mengshe. Cependant, quelques points méritent attention avant d’évoquer le chapitre 4. Notons d’abord que les souverains légitimes des cinq autres royaumes principaux ne sont jamais mis à mort. C’est un aspect qui semble les différencier des autres souverains illégitimes qui finissent occis. On peut y voir la prise en compte des relations de proche parenté qui existent entre ces différents clans, même si l’histoire impériale chinoise montre que les proximités lignagères n’ont jamais empêché leurs membres de s’entretuer.

23Remarquons ensuite que le contexte géopolitique explique quelques silences et éclaire le choix par l’auteur de privilégier certaines appellations au détriment d’autres : l’unificateur Piluoge est ainsi affublé du titre gratifiant de Guiyi 歸義, qui exprime son « retour à l’allégeance [envers les Tang] » et a valeur de prénom. Son fils Geluofeng ne bénéficie par des mêmes égards alors même que son règne est plus long et glorieux que celui de son père ; c’est qu’il s’est entre-temps rapproché du Tibet. Fan Chuo se concentre principalement sur le ralliement aux Tang opéré en 794 par Yimouxun, le dernier homme fort du royaume digne d’intérêt à ses yeux.

24Alors que le chapitre 3 touche aux élites royales du Yunnan, le chapitre 4, « Noms et classifications » ou « Anthroponymie » (« Minglei » 名類), se penche sur le destin des populations tribales. Il est l’un des plus longs de l’ouvrage en raison de la profusion ethnique du Nanzhao, une caractéristique qui distingue encore aujourd’hui le Yunnan des autres provinces administratives de la République populaire de Chine.

25Le chapitre débute par la distinction originelle entre les deux clans Cuan 爨, du nom du principal lignage qui contrôle l’est du Yunnan et l’ouest du Guizhou au cours des Six Dynasties. Les Cuan semblent différenciés selon leur zone d’habitat : Les Cuan occidentaux sont répartis dans la région du lac Dian, tandis que les Cuan orientaux peuplent l’arc oriental entourant le lac. Toutefois, une divergence ethnoculturelle se superpose à cette distinction géographique : les Cuan occidentaux sont des Man dits blancs (bai Man 白蠻), et les Cuan orientaux des Man noirs (wu Man 烏蠻). Les premiers portent des vêtements de soie blanche (白繒為衣) et sont les plus sinisés des groupes du Yunnan. Les seconds se vêtissent de soie noire (黑繒為衣) et leur langage est moins intelligible pour les fonctionnaires de l’empire. Quels que soient leur zone ou leur type, les Cuan sont avant tout considérés comme des populations non chinoises, bien que leur degré d’étrangeté varie.

26Fan Chuo propose ensuite une généalogie des Cuan qui ne remonte qu’au temps des Tang. La lecture laisse ainsi l’impression d’un trou entre le iiie siècle de Zhuge Liang et la réunification impériale des vie-viie siècles. La période en question constitue pourtant l’apogée du contrôle Cuan sur la zone, et correspond par voie de conséquence à celle de la perte totale de la mainmise impériale. Au lieu de faire l’histoire des Cuan, Fan Chuo se concentre sur la réponse des Tang aux troubles tribaux causés par des Man incontrôlables au début du viiie siècle. L’originalité de la solution trouvée par l’empire pour y mettre fin tient à l’identité de l’agent mandaté pour l’occasion : il s’agit de Piluoge, souverain d’un royaume situé au-delà du théâtre des soulèvements mais impliqué dans l’élargissement de son propre territoire – l’empereur Xuanzong (r. 712-755) s’imaginait sans doute que Piluoge se contenterait de ramener le calme avant de retourner à ses affaires. Quoi qu’il en soit, les belligérants se rendent sans combattre et implorent le pardon impérial qui leur est accordé, mais l’accalmie est de courte durée et les combats reprennent. À nouveau, Piluoge puis son fils Geluofeng doivent intervenir, en nouant des alliances matrimoniales et en supprimant ou en déportant des leaders Cuan insoumis, afin de mettre fin à l’ère des Cuan.

  • 8 Ainsi nommée car la saison hivernale était considérée comme propice aux combats dans les zones fron (...)
  • 9 Manshu jiaozhu, 4.87.

27Résolument intéressé par les moments de rupture davantage que par les périodes de continuité, Fan Chuo saute une centaine d’années et « vingt-deux trajets quotidiens » (二十二日程 ; soit près de 600 km à vol d’oiseau) pour relater en détail la manière dont les Man firent le siège de l’Annam au milieu du ixe siècle. Lui-même acteur de ce conflit, il fait preuve de discernement quant aux causes de l’embrasement. Il blâme d’abord Li Zhuo 李涿, protecteur-général (duhu 都護) d’Annam, qu’il estime coupable d’avoir « destitué les soldats des garnisons frontalières de la défense hivernale8 [affectés] à la plaine Linxi » (罷林西原防冬戍卒)9. L’abandon de cette zone, située pratiquement à équidistance entre les sièges du Nanzhao et de l’Annam, laisse la voie libre aux Man dits des « Sept grottes reliées » (七綰洞) et à différentes tribus de Man du Nanzhao qui fondent sur l’Annam en suivant le fleuve Rouge. Il tient ensuite pour responsables de la débâcle finale les successeurs de Li Zhuo, d’une part le protecteur-général Wang Kuan 王寬, et d’autre part le commissaire militaire (jiedu 節度) Cai Jing 蔡京. On rappellera que Fan Chuo fut blessé dans la bataille avant de parvenir à s’enfuir de manière rocambolesque. Il apparaît d’autant plus critique que son fils ainsi que son supérieur Cai Xi 蔡襲 y trouvèrent la mort.

28Sans transition, l’auteur consacre le gros du chapitre aux descriptions de l’ensemble des tribus de Man qui peuplent l’espace politique contrôlé par le Nanzhao. 22 entrées différentes dépeignent au total 31 tribus. L’ordre de présentation suit dans les grandes lignes une logique géographique excentrique dont la forme n’est pas sans rappeler la lemniscate de Bernoulli : on part ainsi de l’ouest du lac Dian pour remonter au nord-ouest des contreforts tibétains, avant de redescendre au sud, de contourner le Erhai par l’ouest et de repartir vers le nord-est jusqu’aux confins du Sichuan, pour enfin terminer au sud-est, en Annam.

29En règle générale, chaque entrée fournit le même type d’informations, pour autant que l’auteur en a connaissance : le rattachement de la tribu aux Man blancs ou aux Man noirs, leur aire de répartition originelle, leur mise au pas par les troupes royales du Nanzhao et les lieux où ils sont déplacés, la manière dont ils sont utilisés par le pouvoir politique (alliances maritales, assimilation, esclavage), ainsi que leurs pratiques coutumières ; ces dernières incluent principalement l’habillement, la coiffe, les modifications corporelles significatives, le folklore, l’habileté au maniement des armes, ou les pratiques culturales. Il en ressort que la sophistication ordonnée apportée chez certaines tribus à la mise des hommes et des femmes témoigne d’une maîtrise éprouvée de normes qui leur sont propres. Qu’elles divergent des pratiques rituelles du monde chinois et soient appelés « coutumes » n’est pas contradictoire avec l’observation de règles. On y trouve en tout cas les germes des particularismes de quelques minorités ethniques actuelles du Yunnan, comme la présence de sociétés matrilinéaires ou l’art du tatouage. Voyons l’exemple des Man de Xunchuan 尋傳, une tribu occidentale qui évolue au-delà de l’Irrawaddy, dans le nord de l’actuelle Birmanie :

  • 10 Désigne l’espace entre la rive nord du cours inférieur du fleuve Bleu et le bassin de la Huai.

Les Man de Xunchuan sont ceux qui ont été réprimés et pacifiés par Geluofeng. Ils n’ont pas pour habitude d’utiliser de la bourre de soie pour [fabriquer leurs] étoffes, ils se drapent de sarong en cotonnade. Pieds nus ils peuvent fouler en piétinant les broussailles. Arc à la main, ils encochent une flèche qu’ils décochent contre les porcs-épics, dont ils consomment la viande crue et dont ils extraient deux incisives qu’ils piquent [en un chignon] de chaque côté du sommet de la tête comme une parure ; ils font en outre des rubans avec leur peau pour confectionner des ceintures. À chaque bataille ils se rendent [la tête] ceinte d’une corbeille en bambou, dont la forme est semblable à un casque. Au vingt-septième jour du douzième mois de la troisième année de l’ère Xiantong (20 janvier 863) Cai Xi, le propre émissaire de Votre serviteur, obtint plus d’une centaine d’hommes à la pointe d’une javeline. Cai Xi, le propre émissaire de Votre serviteur, demanda à Liang Ke [s’il] avait connaissait [des Man à] la tête [cerclée] d’une corbeille de bambou et ceinturés de peaux de porc[-épic], alors [Liang Ke lui] dit que c’étaient des Man de Xunchuan, de la tête aux pieds. Les généraux et soldats de l’ouest du fleuve [Bleu]10 prennent la chair de ces Man qu’ils rôtissent [pour leurs festins].

  • 11 Manshu jiaozhu, 4.97.

尋傳蠻,閣羅鳳所討定也。俗無絲綿布帛,披波(娑)羅皮(籠)。跣足可以踐履榛棘。持弓挾矢,射豪猪,生食其肉,取其兩牙雙插髻(頂)傍為飾,又條猪(其)皮以繫腰。每戰鬭,即以籠子籠頭,如兜鍪狀。臣本使蔡襲咸通三年十二月二十七日以小槍鏢得一百餘人。臣本使蔡襲問梁軻見有竹籠頭猪皮繫腰,遂說尋傳蠻本末。江西將軍士取此蠻肉為炙。11

30Cette pittoresque ethnographie recèle de savoureuses images et quelques informations rares, comme la plus ancienne occurrence (à ma connaissance) d’une translittération chinoise du terme sarong (suoluolong 娑羅籠), du nom de l’habit pour homme et femme encore abondamment porté de nos jours dans toute l’Insulinde.

31À mesure que l’on s’éloigne du centre politique du Nanzhao – dont le système administratif se caractérise par un réseau de cités murées (en pierre ou terre damée) – de plus en plus de tribus apparaissent regroupées au sein d’une même entrée. Si l’on peut y voir la prise en compte de pratiques communes, de tels regroupements signalent tout autant une imprécision grandissante et des connaissances empiriques qui font parfois défaut à l’auteur. Le même constat peut être appliqué aux sites les plus lointains mentionnés par Fan Chuo : il se fait moins précis et propose des listes sèches de plateaux qui se suivent les uns les autres. Encore plus qu’ailleurs, il fait alors appel à l’analogie. Il s’agit là du mode de description fondamental de la pratique ethnographique, et Fan Chuo n’y déroge pas, a fortiori lorsqu’il s’aventure en pays inconnu.

32Derrière un exotisme de bon aloi, ces descriptions fournissent quantité de détails sur les modes d’administration du Nanzhao. Elles permettent de mesurer les strates sociales qui définissent la société du Yunnan au ixe siècle et les interactions qui y prennent place, qu’elles soient internes entre un régime politique structuré et ses populations tribales, ou externes en rapport avec les puissances impériales qui l’encadrent. Surtout, elles renseignent les deux formes d’exploitation principales que les tribus de Man subissent de la part du Nanzhao : l’esclavage et l’enrôlement militaire forcé. L’une comme l’autre impliquent des déplacements dans l’espace, parfois sur plusieurs centaines de kilomètres. La mobilité constitue de fait un facteur fondamental pour analyser les dynamiques politiques et économiques qui traversent le Nanzhao durant son existence. Ainsi des Man de Xunchuan évoqués plus haut, ou des Man de Mang 茫, originaires du sud-ouest du royaume et qui finissent par être envoyés pour combattre en Annam, à plus de 600 km de leur lieu d’origine ; Fan Chuo nous présente les particularismes de leurs pratiques agricoles (on notera l’usage comme engrais des déjections éléphantines) avant de passer brusquement au temps de leur soumission puis de leur utilisation militaire :

Les paons nidifient sur les arbres des foyers. Les éléphants sont grands comme les buffles d’eau. Les coutumes locales [consistent] à dresser les éléphants pour labourer les terres cultivables, puis à brûler leurs excréments. Durant la dixième année de [l’ère] Zhenyuan (794), Yimouxun du Nanzhao attaqua leurs congénères. Au vingt-et-unième jour du douzième mois de la troisième année de [l’ère] Xiantong (14 janvier 863), ces Man de Mang étaient encore amassés dans l’Annam au bord de la rivière Suli [formant] une troupe de deux à trois mille hommes.

  • 12 Manshu jiaozhu, 4.105.

孔雀巢人家樹上,象大如水牛。土俗養象以耕田,仍燒其糞。貞元十年南詔異牟尋攻其族類。咸通三年十二月二十一日,亦有此茫蠻,於安南蘇歷江岸聚二三千人隊。12

33Les chapitres 3 et 4 décrivent précisément l’organisation sociale des différents acteurs historiques. Une différenciation claire s’établit entre les structures politiques royales du chapitre 3 et les tribus du chapitre 4. Pourtant, les royaumes étaient considérés au départ comme des organisations tribales. Le Mengshe n’est-il pas situé « au sud de toutes les autres tribus » (在諸部落之南) comme nous le dit Fan Chuo ? S’il est forcé de reconnaître la stature du Nanzhao, il ne peut le considérer autrement que comme un régime inéluctablement voué à reconnaître la souveraineté de l’empire.

34Les considérations exprimées par l’auteur amènent à traiter la question ethnique, car l’évolution des groupes humains qui peuplent le Nanzhao est tout sauf univoque. Aux nombreux cas de sinisation de Man répondent en effet des situations de barbarisation. Le double exemple des Man de Fengba 豐巴 et des Man de Chang 裳 montre que des populations assimilées explicitement à des Han (本漢人也) ou plus généralement au petit peuple (baixing 百姓) ont pu être incorporées, de gré ou de force, dans le système du Nanzhao, avant d’être définitivement assimilées. S’opère donc un phénomène d’ethnicisation, mais qui ne concerne pas uniquement les Man. Fan Chuo multiplie dans le Manshu les références aux « Han », entendus non comme la population de la grande dynastie de l’Antiquité, mais comme le peuple chinois qui forme le cœur de l’empire Tang.

35Il ressort en outre des quatre premiers chapitres une intrication des temporalités, même si elles se limitent au temps des Tang. Fan Chuo alterne souvent, entre les représentations contemporaines qu’il propose des Man, et celles des débuts de l’histoire du Nanzhao (qu’il fait débuter avec les aïeux de Piluoge, car ce dernier n’est pas le fondateur du royaume, mais son unificateur). La propension qu’a l’auteur de relier de nombreuses anecdotes à sa propre expérience empirique peut étonner l’usager habitué à la sécheresse administrative des documents médiévaux de la pratique. Par-delà cet étonnement initial, le lecteur finit par ressentir une proximité inattendue avec un auteur dont le témoignage, parfois douloureux mais toujours honnête, renforce son objectif de véracité.

36En milieu et en fin d’année universitaire, la conférence a accueilli les interventions de deux collègues parisiens spécialistes de la Chine ancienne. Arnaud Bertrand (Institut catholique de Paris) est venu le 6 janvier 2022 présenter ses travaux actuels sur les documents d’époque Han de Xuanquan 懸泉. Il s’agissait de montrer ce qu’une approche combinant sources transmises par la tradition et documents de la pratique découverts en contexte archéologique pouvait apporter à nos connaissances relatives à la constitution de circonscriptions frontalières, en l’espèce Dunhuang. Cette présentation, élaborée autour de la lecture de documents inédits et d’images satellites des sites actuels, faisait écho au thème principal de notre conférence des années 2019-2021 sur les documents géographiques médiévaux de Dunhuang.

  • 13 L. Zhong, Les registres divinatoires et sacrificiels du royaume de Chu au IVe siècle avant notre èr (...)

37La conférence de clôture du 16 juin 2022 fut l’occasion d’entendre Zhong Liang (EPHE-PSL) exposer ses recherches sur les registres divinatoires et sacrificiels attestés dans les manuscrits du ive siècle av. J.-C. au royaume de Chu13. Elles sont fondées sur l’exploitation des rapports d’activité des devins et sacrificateurs, et visent à reconstituer les pratiques de ces experts. Par-delà les résultats scientifiques de ce travail, Zhong Liang a insisté sur les aspects méthodologiques d’une étude requérant des compétences techniques et disciplinaires variées (connaissance du contexte archéologique, paléographie, codicologie, histoire des techniques, histoire sociale de la médecine). Précisons que ces deux présentations ont été aussi pensées pour les étudiants et doctorantes qui assistaient à la conférence : les intervenants ont particulièrement insisté sur les différentes étapes de la construction d’un sujet de recherche.

Haut de page

Notes

1 On y a retracé la tradition et les différentes éditions du texte, puis traduit le premier chapitre, intitulé « Trajets propres au territoire du Yunnan » (« Yunnan jienei tucheng » 雲南界內途程). Voir A. Lycas, « Pratiques et savoirs géographiques chinois, iiie-xe siècles », Annuaire. Résumés des conférences et travaux, 153e année, 2020-2021, Paris, EPHE-PSL, SHP, 2022).

2 L’édition de référence demeure Fan Chuo 樊綽, Manshu jiaozhu 蠻書校注, Xiang Da 向達 (éd.), Pékin, 1962.

3 Il s’agit d’un lac (le suffixe hai désigne généralement une mer, ou comme ici, une mer intérieure).

4 Manshu jiaozhu, 2.52.

5 Manshu jiaozhu, 3.55.

6 Xin Tang shu, 222b.6293.

7 É. Chavannes, « Une inscription du royaume de Nan-tchao », Journal Asiatique, vol. 9, no 16 (1900).

8 Ainsi nommée car la saison hivernale était considérée comme propice aux combats dans les zones frontalières.

9 Manshu jiaozhu, 4.87.

10 Désigne l’espace entre la rive nord du cours inférieur du fleuve Bleu et le bassin de la Huai.

11 Manshu jiaozhu, 4.97.

12 Manshu jiaozhu, 4.105.

13 L. Zhong, Les registres divinatoires et sacrificiels du royaume de Chu au IVe siècle avant notre ère, École pratique des hautes études, Paris, 2022.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Alexis Lycas, « Pratiques et savoirs géographiques chinois, IIIe-Xe siècles »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 154 | 2023, 403-412.

Référence électronique

Alexis Lycas, « Pratiques et savoirs géographiques chinois, IIIe-Xe siècles »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [En ligne], 154 | 2023, mis en ligne le 22 juin 2023, consulté le 09 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ashp/6541 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ashp.6541

Haut de page

Auteur

Alexis Lycas

Maître de conférences, École pratique des hautes études-PSL — section des Sciences historiques et philologiques

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search