Histoire et archéologie des mondes musulmans
Résumé
Programme de l’année 2019-2020 : I. La période ayyoubide en Syrie et en Égypte (XIIe-XIIIe s.) : vie politique et société. — II. Étude de la collection des « Papiers de Damas » : requêtes et lettres.
Plan
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I. La période ayyoubide en Syrie et en Égypte (XIIe-XIIIe s.) : vie politique et société
1Le programme de cette année a été consacré à l’étude des techniques de siège au Proche-Orient à l’époque des croisades à la lumière des publications de Paul E. Chevedden sur les trébuchets et de la thèse de Michael S. Fulton, Artillery in the Era of the Crusades, Leyde, Brill, 2018. L’approche de ces auteurs a été confrontée avec les données des sources arabes afin de préciser le vocabulaire du siège et notamment celui relatif aux mangonneaux (manǧānīq). Cette approche a également été complétée par une étude des hommes maniant ces armes, des matériaux utilisés pour les construire, des moyens de transport pour aller d’un site fortifié à un autre. Plusieurs séances ont également été consacrées selon le même principe aux engins incendiaires utilisés comme armes offensives et défensives lors des sièges. En plus des données textuelles sur le vocabulaire des liquides utilisés et des récipients, une approche archéologique a été menée à partir des objets découverts dans les fouilles archéologiques depuis le milieu du xixe siècle.
2La campagne 2019 de la fouille de la forteresse d’Abū l-Ḥasan au Liban a également été présentée durant plusieurs séances du cours. Celles-ci ont été prolongées par l’étude de quelques thèmes liés aux découvertes effectuées sur ce chantier, notamment sur les tremblements de terre, très nombreux au xiie siècle en Syrie (1114, 1138, 1157, 1170 et 1202), qui ont notamment affecté la forteresse. Les textes médiévaux évoquant ces séismes, notamment ceux d’Ibn al-Qalānisī pour la première moitié du xiie siècle et de ‘Abd al-Laṭīf al-Baġdādī pour celui de 1202, ont été présentés ainsi que les études menées sur le sujet (Mustapha Taher, Nicholas Ambraseys). La forteresse d’Abū l-Hasan a été touchée par ces séismes qui ont provoqué l’effondrement de la tour porte II. L’enjeu de cette recherche était d’essayer d’attribuer à un séisme particulier les dégâts constatés sur le terrain, mais la tâche s’est avérée particulièrement compliquée. Des contacts ont été pris avec le sismologue Mathieu Daëron qui a écrit une thèse sur la faille de Yammoûneh qui traverse le Liban du nord au sud. Si le tremblement de terre de 1202 qui est la conséquence de l’activité de cette faille semblait être également à la lecture des textes, celui qui avait le plus touché la région, la consultation de ce spécialiste a bien mis en évidence le fait qu’il était difficile de lier l’effondrement d’une structure à un événement sismique précis. Les dommages sismiques varient fortement selon des effets de site (géologie locale à très petite échelle) et de construction (état de la tour juste avant le séisme, orientation des ondes sismiques arrivant sur le site). Il est parfaitement imaginable que les dommages observés soient dus à un important séisme antérieur à 1202 (1156-1157, 1170…) et plus lointain plutôt qu’à un séisme plus « local » sur la faille.
3La découverte d’une dent d’ours utilisée en pendentif sur le site d’Abū l-Ḥasan a également permis de reprendre la question des représentations de cet animal et de sa dimension symbolique tant en Orient qu’en Occident à l’époque des Croisades. Si l’origine de l’animal dont les restes ont été trouvés sur le site n’a pu être identifiée (on trouve des ours au Liban jusque dans les années 1930), il semble bien que cet objet ait été utilisé pour ses vertus prophylactiques sans doute par des guerriers francs. Ces amulettes étaient censées éloigner le mal voire guérir encore au xiie siècle dans le monde germain, scandinave, mais aussi en France. En revanche, l’ours, mal connu des auteurs arabes, ne jouissait pas dans le monde musulman d’une considération particulière.
II. Étude de la collection des « Papiers de Damas » : requêtes et lettres
4Comme les années précédentes, les documents arabes étudiés proviennent de la collection des « Papiers de Damas ». Ils ont été découverts lors de l’incendie de la Grande mosquée en 1893 et sont conservés depuis 1911 à Istanbul au Musée des arts turcs et islamiques. Une attention particulière a été portée cette année aux requêtes adressées aux élites politiques et militaires damascaines et notamment aux membres de la famille ayyoubide et aux vizirs.
Pour citer cet article
Référence papier
Jean-Michel Mouton, « Histoire et archéologie des mondes musulmans », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 152 | 2021, 73-74.
Référence électronique
Jean-Michel Mouton, « Histoire et archéologie des mondes musulmans », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [En ligne], 152 | 2021, mis en ligne le 14 juin 2021, consulté le 05 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ashp/4173 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ashp.4173
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