Sources et méthodes de l’histoire des métiers artistiques en France, XVIe-XVIIe siècles
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1La peinture « d’étoffe » et la peinture de « pourtraiture » correspondent aux deux pans principaux de l’activité des peintres depuis le Moyen Âge. La première, qui consiste à appliquer polychromie et dorure sur plusieurs supports (bois, pierre, toile, terre cuite, cuir, etc.), qu’il s’agisse d’objets ou de décors monumentaux, reste cependant très peu documentée dans l’historiographie française sur le xvie siècle et le début du siècle suivant. Ainsi, dans l’objectif d’étudier les pratiques des peintres dans ce domaine, a été entreprise une collecte systématique de témoignages de différentes natures susceptibles d’évoquer les aspects matériels et techniques de la peinture. Il s’agit dans un premier temps de documents normatifs, des actes de la pratique et de textes de littérature artistique, qui sont destinés, à terme, à être mis en perspective avec les œuvres attribuées à des peintres de cette époque, ainsi qu’à des analyses physico-chimiques de tableaux, de sculptures et autres objets mis en couleurs et dorés, issus des mêmes milieux artistiques.
2Les séminaires ont donc été consacrés à l’analyse des diverses clauses techniques des statuts des peintres, des tailleurs d’images ou sculpteurs, des verriers, des enlumineurs et même des selliers (qui étaient à l’origine associés aux peintres pour le décor des harnois des chevaux et des hommes d’armes en cuir) que l’on connaît pour la France. Le cas de Paris a d’abord été traité, en commençant avec les règlements mis par écrit dans les années 1260 par le prévôt de Paris Étienne Boileau dans son Establissemens des mestiers de Paris (ou Livre des métiers). Éditée à deux reprises au xixe siècle (par Georges Depping en 1837 et René de Lespinasse et François Bonnardot en 1879), cette compilation a ensuite fait l’objet d’une succession de compléments et d’amendements par le pouvoir royal tout au long de l’Ancien Régime, également publiés par René de Lespinasse (en trois volumes, entre 1886 et 1897). Ont ensuite été étudiés les statuts des peintres et des verriers de Dijon, enregistrés en 1466 (A.-V. Chapuis, « Les anciennes corporations dijonnaises… », 1906 ; C. Chédeau, Les arts à Dijon…, 1999) ; des peintres, tailleurs d’images, verriers, brodeurs et enlumineurs d’Amiens de 1491 (S. D. Daussy, Sculpter à Amiens…, 2013) ; des peintres, tailleurs d’images et verriers de Lyon de 1496 (M. Audin M. et E. Vial, Dictionnaire des artistes et ouvriers d’art du Lyonnais…, 1918) ; des peintres et sculpteurs de Rouen de 1507 (C. Blondeau, Le vitrail à Rouen…, 2014) ; des peintres, sculpteurs, plombiers, verriers, brodeurs, tapissiers, enlumineurs d’Abbeville de 1509 (A. Thierry, Recueil de monuments inédits…, 1870) ; des peintres et verriers de Lille de 1510 (P. Charron, « Les peintres, peintres verriers et enlumineurs lillois… », 2000) ; et des peintres et vitriers de Nantes de 1574 (J.-M. Guillouët, « Les peintres et verriers de Nantes… », 2006).
3Ces documents donnent entre autres un état de la réglementation concernant les critères de qualité des ouvrages et les obligations ou interdictions techniques, notamment pour l’or, l’argent et les pigments. Leur comparaison avec les inventaires après décès de peintres, ainsi qu’avec des marchés de peinture pour les intérieurs de maison, pour la polychromie de sculptures ou pour le décor des bardes de chevaux, a permis de réaliser une étude lexicale et de mieux connaître les types d’outils, les pigments, les liants et moules de diverses sortes utilisés pour peindre et dorer au xvie siècle. Il a aussi été possible de préciser la chronologie de l’apparition et de la diffusion de certaines pratiques picturales, relatives par exemple aux couches de préparation des supports et à l’emploi de l’huile ou de la détrempe, mais également d’apprécier la récurrence et l’évolution des motifs décoratifs. Ces premiers résultats ont enfin été confrontés aux informations obtenues à partir de traités du début du xviie siècle, comme le manuscrit conservé à la Bibliothèque royale de Bruxelles, signé Pierre Le Brun et daté 1635 (édité en partie par M. P. Merrifield, Original Treatises…, 1849) et celui de la Bibliothèque nationale de France, attribué au peintre des rois Henri IV et Louis XIII Marin Le Bourgeois (Les Cinq Livres de Marin Le Bourgeois, édités par G.-M. Leproux, A. Nassieu Maupas, É. Pillet, 2020).
Pour citer cet article
Référence papier
Audrey Nassieu Maupas, « Sources et méthodes de l’histoire des métiers artistiques en France, XVIe-XVIIe siècles », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 151 | 2020, 286-287.
Référence électronique
Audrey Nassieu Maupas, « Sources et méthodes de l’histoire des métiers artistiques en France, XVIe-XVIIe siècles », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [En ligne], 151 | 2020, mis en ligne le 09 juillet 2020, consulté le 15 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ashp/3908 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ashp.3908
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