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Résumé

Programme de l’année 2018-2019 : Jean Fouquet.

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Texte intégral

1Il a été question, cette année, de la première phase connue de la carrière de Jean Fouquet, qui se déroule à Rome, où le jeune artiste – on suppose qu’il est né vers 1420 – a peint le portrait du pape Eugène IV (1431-1447) entre 1443 et 1446. En dehors de Rome, le peintre tourangeau s’est-il rendu dans d’autres foyers de la péninsule (Florence, Naples, Venise) ? Les différentes hypothèses émises à ce sujet par les historiens depuis plusieurs décennies ont été passées en revue et discutées au cours des différents séminaires. Elles ont été évaluées à l’aune des œuvres peintes par Fouquet une fois revenu en France. La durée de son séjour en Italie après la mort d’Eugène IV († février 1447), dont il a exécuté l’effigie, a également donné lieu à des conjectures. Certains auteurs ont postulé un retour aussi tardif que vers 1450. L’étude des relations entre Charles VII et la curie pontificale à la fin des années 1440 peut apporter d’utiles éclairages à cette question.

  • 1 Claude Schaefer, « Fouquet “le jeune” en Italie », Gazette des Beaux-Arts, 70 (1967), p. 189-212.
  • 2 Claude Schaefer et Charles Sterling, Jean Fouquet. Les Heures d’Étienne Chevalier, Paris, 1971, not (...)
  • 3 Jean Fouquet, catalogue d’exposition, Paris, musée du Louvre, 1981 (Les dossiers du département des (...)
  • 4 Claude Schaefer, Fouquet. An der Schwelle der Renaissance, Dresde, Bâle, 1994, p. 345.
  • 5 « Image et texte dans les Heures d’Étienne Chevalier », dans François Avril (dir.), Jean Fouquet, p (...)

2Il a d’autre part semblé nécessaire de réexaminer la proposition avancée en 1967 par Claude Schaefer d’identifier avec l’artiste un certain Johannes Fouquet junior clericus Turonensis, fils d’un prêtre et d’une femme non mariée, qui obtient le 8 août 1449 une dispense pontificale lui permettant de se voir conférer un canonicat et une prébende à la cathédrale de Nantes, ainsi qu’un bénéfice ecclésiastique dans le diocèse de Rennes, malgré son défaut de naissance (Archivio Apostolico Vaticano, Reg. Vat. 410, f. 17-18)1. L’hypothèse ayant été rejetée par Charles Sterling2 et Nicole Reynaud3, son auteur y a lui-même renoncé par la suite4. Elle mérite pourtant d’être prise en considération. Ce Johannes Fouquet junior, fils de prêtre n’est pas prêtre lui-même. Rien ne permet d’exclure que le peintre Jean Fouquet ait été clerc pendant une période de son existence, peut-être poussé par un père prêtre, soucieux de lui assurer un avenir. N’ayant pas encore reçu les ordres majeurs, il a pu quitter cet état par la suite, ayant décidé de se marier. Les bénéfices mentionnés dans l’acte pontifical de 1449, des expectatives, ne sont pas encore vacants et ne lui ont vraisemblablement pas été attribués. À la fin du Moyen Âge, il faut, pour être clerc, avoir un certain niveau d’étude et connaître le latin. Ainsi s’expliquerait la pénétrante attention de Fouquet aux textes qu’il est chargé d’enluminer, sa capacité à traduire « la moindre intention du texte liturgique », que Nicole Reynaud a mise en évidence5. Comme Maître Francke, actif à Hambourg dans la première moitié du siècle, et Fra Angelico, qu’il a côtoyé à Rome et probablement à Florence dans les années précédant son arrivée dans la ville pontificale, Jean Fouquet fait partie des peintres éminents du xve siècle à avoir appartenu au clergé, même s’il est ensuite devenu laïc.

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Notes

1 Claude Schaefer, « Fouquet “le jeune” en Italie », Gazette des Beaux-Arts, 70 (1967), p. 189-212.

2 Claude Schaefer et Charles Sterling, Jean Fouquet. Les Heures d’Étienne Chevalier, Paris, 1971, note 5 de la préface.

3 Jean Fouquet, catalogue d’exposition, Paris, musée du Louvre, 1981 (Les dossiers du département des peintures, 22), p. 78, note 3.

4 Claude Schaefer, Fouquet. An der Schwelle der Renaissance, Dresde, Bâle, 1994, p. 345.

5 « Image et texte dans les Heures d’Étienne Chevalier », dans François Avril (dir.), Jean Fouquet, peintre et enlumineur du XVe siècle, Paris, 2003, p. 64-69.

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Pour citer cet article

Référence papier

Philippe Lorentz, « Histoire de l’art du Moyen Âge occidental »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 151 | 2020, 280-281.

Référence électronique

Philippe Lorentz, « Histoire de l’art du Moyen Âge occidental »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [En ligne], 151 | 2020, mis en ligne le 09 juillet 2020, consulté le 14 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ashp/3902 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ashp.3902

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Auteur

Philippe Lorentz

Directeur d'études, École pratique des hautes études — section des Sciences historiques et philologiques

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Droits d’auteur

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