Langue et littérature latines du Moyen Âge
Résumé
Programme 2018-2019 : Le Liber miraculorum sancti Maximini et l’œuvre de Létald de Micy : édition, traduction, analyse et publication collectives.
Plan
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- 1 On ne dispose à ce jour que de l’édition de Jean Mabillon, dans Luc d’Achery, Jean Mabillon, Acta s (...)
1Bien que les diverses responsabilités que j’assume aient un retentissement direct sur les séminaires, le groupe est resté très uni et s’est élargi grâce aux deux sujets traités, l’un avec Gisèle Besson et Charles Vulliez, l’autre par Frédéric Duplessis, chargé de conférences (voir le compte rendu de ses conférences dans ce volume). La conférence s’est transformée en 2018 en groupe de traduction et d’édition du Liber miraculorum sancti Maximini attribué à Létald de Micy (BHL 5820), sur lequel Charles Vulliez avait longuement travaillé, et que Gisèle Besson avait traduit avec ses étudiants de l’ENS Lyon, mais qu’il fallait reprendre en vue d’une publication1. À cette occasion, Hélène Caillaud et Claire Tignolet ont rejoint la conférence et y ont activement participé. À l’issue de cette première année, il a été décidé de publier collectivement les Opera omnia de Létald de Micy.
- 2 Marc Simon (OSB), « Létald de Micy : histoire ou fantaisie ? », dans Mélanges François Kerlouégan, (...)
- 3 Charles Vulliez, « Les Miracula sancti Maximini de Létald de Micy : prolégomènes à une nouvelle édi (...)
- 4 Publication collective prévue dans la collection « Auteurs latins du Moyen Âge » (ALMA) aux Belles (...)
2La première tâche a été de reprendre l’ensemble du dossier des œuvres de Létald et des œuvres qui lui ont été attribuées, en retraçant, à la suite de Marc Simon2 et de Charles Vulliez3 – qui sont les seuls à prendre vraiment en compte l’ensemble de la production littéraire de Létald –, la constitution progressive de cet ensemble, et en attirant l’attention sur les points solides et les points plus fragiles, qu’il s’agisse de critique d’attribution ou de tentatives de datation. Si l’on tente une présentation des œuvres attribuées ou attribuables dans l’ordre chronologique, on se heurte en effet tout de suite aux présupposés insuffisamment démontrés de datations pourtant reprises dans l’ensemble de la bibliographie. C’est donc l’ordre que nous avons adopté pour les premiers travaux du séminaire, afin d’entamer une lecture critique de cette bibliographie et d’en suggérer quelques limites : nous les présentons ici à très grands traits. Dans l’introduction du premier volume des Opera omnia, nous retracerons l’histoire de la découverte progressive de l’œuvre de Létald et les problèmes qu’elle soulève. Nous réserverons au troisième volume une synthèse sur les contours de son œuvre et la chronologie relative des textes conservés – dans la mesure du possible4.
- 5 Charles Vulliez, « Les Miracula sancti Maximini de Létald de Micy », p. 626.
- 6 La bibliographie fournit des données contradictoires ou n’en fournit pas du tout sur le début de l’ (...)
- 7 Datation entre décembre 1003 (mort de l’évêque Arnoul d’Orléans, la lettre mentionne l’évêque Foulq (...)
- 8 « Tu enim hujus conspirationis caput diceris; tu domni Rotberti abbatis tui officium, quod dictu ne (...)
- 9 PL 139, col. 469 : « Novi enim quam austerus in Letaldo Miciacensi monacho fuerit, quem oblitus rev (...)
3Comme l’a souligné Charles Vulliez, le nom Letaldus n’est pas rare5. Il a été porté en particulier par un abbé de Micy vers 940. Ce que l’on peut rapporter à « notre » Létald, simple moine, vient d’une charte de Micy datée de 973, où il apparaît dans un rôle de chancelier – s’il s’agit bien de lui ; des Miracula sancti Maximini et de prologues et lettres de dédicace de certains de ses textes hagiographiques ; de deux textes d’Abbon de Fleury ; et enfin des intitulés de certains manuscrits. Nous y reviendrons. Les données chronologiques fiables sont peu nombreuses. Létald indique au chapitre X, § 34 des Miracula de Mesmin qu’il était adhuc infantulus au temps de l’abbé Anno (vers 945 ?6-970), ce qui laisse une certaine marge d’erreur. Il serait en position de chancelier de l’abbaye en 973. Enfin, Létald a été à la tête d’une conspiration contre l’abbé de Micy Robert de Blois (997-1011), bien attestée par la lettre xi d’Abbon de Fleury adressée aux moines de Micy, aujourd’hui datée de 1004, qui admoneste directement Létald comme le meneur de l’affaire7. Thomas Head pense que Létald reprochait à son abbé de négliger Micy pour Saumur, qu’il dirigeait en même temps. D’après la lettre, Létald a voulu prendre la place de son abbé, ou du moins se donner autant d’importance que lui8. Thomas Head pense par ailleurs qu’en 994 (?), l’évêque d’Orléans aurait injustement privé Létald de l’abbatiat de Micy lors du départ de l’abbé Constantin pour Nouaillé : c’est à cela que ferait allusion Abbon, selon lui, dans l’Apologeticus9. L’épisode de 1004 serait-il la suite de cette déception éprouvée lors de la nomination de Robert de Blois ? Tels sont en tout cas les repères chronologiques utilisés pour dater les œuvres de Létald de Micy.
Les Miracula sancti Maximini
- 10 Chap. X § 34 : « Eiusdem pii abbatis temporibus, cum adhuc infantulus essem (neque enim audita sed (...)
- 11 Le texte dit : qui Fossatensi monasterio postea prefuit ; peut-on déduire de ce parfait que Maynard (...)
- 12 Charles Vulliez, « Les Miracula sancti Maximini de Létald de Micy », p. 634, se demande si cette me (...)
- 13 Thomas F. Head, Hagiography and the Cult of Saints in the Diocese of Orleans, 800-1200, Cambridge, (...)
- 14 Thomas F. Head, Hagiography and the Cult of Saints, p. 215.
- 15 Histoire littéraire de la France, t. VI, éd. Paris, 1867, p. 532 (désormais citée HLF). Thomas Head (...)
4La bibliographie s’accorde à considérer les Miracula sancti Maximini (BHL 5820) comme l’œuvre la plus ancienne de Létald. On l’a dit, Létald était petit enfant sous l’abbatiat d’Anno, mais assez grand pour se rappeler plus tard les miracles qu’il avait vu accomplir : sans doute avait-il entre cinq et sept ans10. Au chapitre X, § 37, il évoque un Maynardus devenu ensuite abbé de Saint-Maur-des-Fossés, mais dont on ignore à partir de quelle date il l’a été (on sait seulement qu’il l’a été jusqu’en 98911). Au chapitre XII est racontée la mort d’Anno, en 970, ainsi qu’un événement survenu huit ou douze ans après selon la variante que l’on adopte (huit ans selon le manuscrit Reg. lat. 528, douze ans selon l’édition de Mabillon), soit en 878 ou en 882 (XII § 39). À la fin du chapitre XVIII, Létald annonce qu’il va raconter ce qui est arrivé nostris diebus ; suit, au chapitre XIX, le récit d’une épidémie de mal des ardents survenue à Orléans. Mais à quelle date ? Peut-il s’agir de la grande épidémie qui a fait des milliers de morts en Limousin en 994 ? Impossible de l’affirmer12. Pour Thomas Head, les Miracula de saint Mesmin seraient apparemment la première œuvre de Létald, vers 980, peut-être peu après 982, en tout cas dans cette décennie13 ; seuls trois miracles, remarque-t-il, sont postérieurs à l’accession à l’abbatiat d’Amalric, successeur d’Anno14. Pour Dom Rivet, l’œuvre serait antérieure à 987, car Hugues Capet y reçoit le titre de duc, alors qu’il devient roi en 987, et postérieure de douze ans à la mort d’Anno, qu’il situe en 973 : elle daterait donc de 98515, mais on l’a vu, la date de 973 est inexacte et les douze années qui la suivent bien incertaines.
- 16 Paris, BNF, Baluze 78, f. 91v ; éd. Marie-Marguerite Lemarignier, Études sur les anciennes chartes (...)
- 17 Comme le pensait spontanément Barthélemy Hauréau, Histoire littéraire du maine, t. II, Paris, 1844, (...)
- 18 HLF, VI, p. 528. Cette date, par suite, se retrouve dans quantité de bases de données et sites de v (...)
5Première œuvre, ou non ? La chronologie générale de Létald semble s’être bâtie sur une réponse positive à cette question. Les Miracula montrent un intellectuel au travail, remarquable lecteur et critique tant des chartes que des sources hagiographiques (ce dossier a été présenté au séminaire par Claire Tignolet, le 4 décembre 2018 : elle a fait le point sur Micy à l’époque carolingienne, sur les vies de Mesmin antérieures à celle de Létald, qui utilise essentiellement la vita anonyme, et sur le processus de rattachement de différents saints à Micy). Létald fait référence aux livres annotés de son abbaye – sans doute a-t-il fréquenté d’autres bibliothèques voisines –, et se montre parfait latiniste, capable de jouer avec subtilité des feuilletages sémantiques du latin de son temps. De tout cela ressort plutôt l’image d’un écrivain mûr, mais comment aller au-delà de l’impression ? On reviendra en 2019-2020 sur la charte de 973 : elle est écrite dans un latin qui tranche, lors d’une première lecture, avec la langue des chartes antérieures et postérieures ; or le Létald qui la signe écrit : Letaldus scripsit ad vicem Rotberti Presbyteri cappellani Episcopi16. Si ce Létald l’a rédigée et s’avère bien être notre écrivain17, nous avons là une œuvre datée, que l’on devrait considérer comme le premier point d’appui pour la datation des autres œuvres. Il faut réétudier cette charte, et examiner soigneusement tous les liens entre les Miracula et les chartes de Micy, dont celle-ci : Létald fait référence à son contenu au chapitre XII § 41 des Miracula. Il découle de tout cela qu’à l’époque des Miracula, Létald n’en était certainement pas à son premier coup d’essai. Selon Dom Rivet, Létald parle du règne d’Anno comme s’il l’avait longtemps connu, ce qui le pousse à situer sa naissance vers 94518. Si c’était vrai, Létald aurait environ 28 ans en 973, et s’il rédigeait les Miracula même vers 980, ce ne serait pas l’œuvre d’un tout jeune homme.
- 19 Marie-Marguerite Lemarignier, Études sur les anciennes chartes de l’abbaye, t. 1, p. cxiv-cxv.
- 20 Thomas F. Head, Hagiography and the Cult of Saints, p. 217.
6Les Miracula sont même peut-être sensiblement plus tardifs. On trouve en effet chez Marie-Marguerite Lemarignier une remarque dont personne ne semble avoir fait état par la suite : Létald prête au successeur d’Anno le fait d’avoir obtenu un privilège pontifical indiquant que nul de aliquo monasterio ne pourrait jamais devenir abbé de Micy sans l’accord des frères (In quo decreto addidit ut numquam de aliquo monasterio in eodem loco sine fratrum consensu abbas crearetur) : selon elle, cela serait dirigé contre Robert de Blois, déjà abbé de Saumur et que l’évêque d’Orléans imposa à Micy en 997 (994 dans la bibliographie ancienne)19. En fait, Amalric lui-même et Constantin aussi venaient d’ailleurs : de Fleury20, mais Létald ne le leur a jamais reproché – le consensus des frères n’avait pas dû faire problème –, on ne lui connaît de conflit qu’avec Robert. Les Miracula ne sauraient, si Marie-Marguerite Lemarignier a raison, être antérieurs à 994/997, ce qui nous ramènerait peut-être à la date de l’épidémie de mal des ardents.
7En somme, la question de la datation des Miracula est encore très ouverte.
La Delatio corporis sancti Iuniani
- 21 AASS OSB, t. IV-1, 1677, p. 434-435 ; PL 137, col. 823-826.
- 22 Sur Constantin, v. dernièrement Patrizia Stoppacci, « Costantino di Fleury e Gerberto d’Aurillac: p (...)
- 23 Identification de Constantin et chronologie précise par Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the (...)
8La Delatio corporis sancti Iuniani in synodum karrofensem (je reprends l’orthographe de Mabillon21 ; BHL 4565) est assurément de Létald, qui donne son nom dans la lettre de dédicace. L’événement raconté date de juin 989 – les moines de Nouaillé avaient porté la relique de leur saint patron au concile de Charroux, relique qui avait provoqué des miracles pendant le voyage. Létald adresse à l’abbé Constantin de Nouaillé, l’ami de Gerbert, ancien scolasticus de Fleury devenu abbé de Micy puis abbé de Nouaillé en 99422, ce récit d’événements advenus nostris temporibus (soit au moins cinq ans auparavant, soulignons cette expression déjà trouvée dans les Miracula de Mesmin) ; on peut supposer que la rédaction date du tout début de l’abbatiat de Constantin23. Le manuscrit de Saint-Cyprien de Poitiers (Ex ms. cod. Pictavensis Monasterii S. Cypriani nous dit Mabillon) ayant servi pour l’édition princeps n’est pas identifié à ce jour, nous n’avons pour le moment que l’édition de Mabillon ; il reste donc une recherche à faire.
Les Versus de eversione monasterii Glonnensis
- 24 Jean-Paul Bonnes, « Un lettré du xe siècle. Introduction au poème de Létald », Revue Mabillon, 33e (...)
- 25 Première éd. par Jean Mabillon, Annales Ordinis S. Benedicti, t. II, Paris, 1704, p. 753-754. Éd. E (...)
- 26 Ferdinand Lot, « Mélanges d’histoire bretonne (suite) », Annales de Bretagne, 22-2 (1906), p. 239-2 (...)
- 27 Ferdinand Lot, « Mélanges », p. 259.
- 28 Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles », p. 395. Thomas F. He (...)
9À la suite de Jean-Paul Bonnes24, Thomas Head voit dans les 39 distiques des Versus de eversione monasterii Glonnensis une œuvre écrite par Létald pour Saint-Florent de Saumur, dont les moines, entre 956 et 973, s’étaient installés à Saumur, l’ancien site du Mont-Glonne ayant été abandonné vers le milieu du ixe siècle. Le texte raconte les assauts des Bretons de Nominoé contre l’abbaye, vers 850, mais pas un incendie qui serait dû aux Normands en 853, aussi a-t-il été longtemps considéré comme une œuvre du milieu du ixe siècle25. Ferdinand Lot, en 1906, a montré que les versiculi ne pouvaient être antérieurs à la seconde moitié du xe siècle26 : il en souligne la fantaisie, ne relevant pas d’autre trace d’une destruction de l’abbaye par Nominoé, et il signale un anachronisme, le fait de situer l’abbaye de Saint-Gondon en Francia ; le texte n’a été utilisé par d’autres sources qu’à partir du milieu du xie siècle. Ferdinand Lot a supposé, comme on a envie de le faire assez naturellement, que la composition du poème était liée à la réinstallation des moines à Saumur autour de 950, après des décennies d’errance, et à la remise en état du Mont-Glonne dans la seconde moitié du xe siècle : il souligne à cet égard le présent de l’action de grâces par laquelle se termine le poème. Cette reconstruction de la fin du xe siècle s’est accompagnée d’une entreprise de recueil des archives et des livres dont le Livre Noir de Saint-Florent, où se lisent les Versus, conserve plus tard le résultat27. Tout cela situerait la composition des Versus dans la seconde moitié du xe siècle. Thomas Head, lui, veut voir dans le récit un peu fantaisiste de la résistance des moines face aux Bretons vers 850 une façon voilée d’exalter la résistance de Saumur face aux Angevins, et date le texte de l’abbatiat de Robert de Blois, à l’époque où il régnait à la fois sur Saint-Florent et sur Micy28.
- 29 Paul Marchegay, « Cartulaires français en Angleterre », Bibliothèque de l’École des chartes, 16 (18 (...)
10Il faut donc reprendre ce dossier. Il ne me semble pas exclu que cette poésie, si elle était de Létald, soit plutôt une œuvre de jeunesse, car le vers en est relativement facile. Le début de la pièce porte une notation musicale dans le livre noir de Saint-Florent (f. VI-VII)29, et il est vrai que Létald fait plusieurs fois allusion au chant et à la musique, qu’il semble bien connaître. Il faudrait comparer la pratique musicale de l’auteur anonyme avec celle de Létald, connue en particulier par son office de saint Julien du Mans (s’il est bien de lui) et les remarques qui émaillent ses textes hagiographiques, mais aussi refaire l’analyse de la versification et des sources. Pour le moment, l’attribution n’est pas assez étayée.
Le Within piscator
- 30 Barthélemy Hauréau, « Versus Lethaldi monachi de quodam piscatore quem ballena absorbuit », dans Bu (...)
- 31 André Wilmart, en ayant découvert un second témoin dans le florilège de Saint-Gatien (RB, 48, 1936, (...)
- 32 Jean-Paul Bonnes, « Un lettré du xe siècle », éd. p. 37-45.
- 33 V. en particulier Letaldo di Micy, Within piscator, a cura di Ferruccio Bertini, Florence, 1995. Ma (...)
- 34 Voir par ex. les rapprochements suggérés avec prudence (par ex. p. 177) par Marina Marino, « Letald (...)
- 35 Liste qui a été datée du ixe siècle, mais qui semble d’une main plus tardive : Becker no 45 ; Gottl (...)
11Pour cette tentative d’attribution des Versus de eversione, Jean-Paul Bonnes s’appuyait sur des parallèles textuels (sans doute un peu faibles, en tout cas à revoir) avec le Within piscator ou plutôt Versus Letaldi monachi de quodam piscatore quem ballena absorbuit, intitulé du texte dans le manuscrit Paris, BNF, lat. 5230A f. 156v-158v, provenant de Saint-Florent justement. La pièce était également transmise par le florilège de Saint-Gatien de Tours, † Tours, BM, 890, où elle portait le même intitulé f. 45 (mais f. 48v Explicit de Within). Ce texte brillant (et amusant) de plus de 200 hexamètres n’est pas datable précisément, même si la bibliographie avance parfois des dates. Longtemps ignoré des histoires littéraires, il a été édité pour la première fois par Barthélemy Hauréau en 184930, puis est sorti de l’oubli grâce à André Wilmart31, Jean-Paul Bonnes32, et depuis bien d’autres : c’est aujourd’hui l’œuvre la plus célèbre et la plus souvent éditée de Létald33. Il vaudrait cependant la peine d’en reprendre l’étude à la lumière des bases de données textuelles dont nous disposons désormais : Létald a-t-il vraiment connu des textes aussi rares que les Silves de Stace, le Contre Eutrope de Claudien, les tragédies de Sénèque34, ou la version B des Hisperica famina ? On ne peut s’empêcher de relever qu’au f. 79v du manuscrit Bern, BB, 433, qui porte une intéressante liste de livres jadis attribuée à Fleury35, le nom Letaldus figure dans une liste de noms masculins et féminins dont on ignore la nature et la fonction (où l’on trouve aussi un nom présent à Micy, Constantinus). Entre autres questions, se pose en effet celle des bibliothèques exploitées par Létald. L’œuvre poétique devrait donner des pistes, à croiser avec les réminiscences repérables dans les œuvres en prose. Nous avons commencé un inventaire des sources possibles de Létald, l’étude de la ou des bibliothèques qu’il a pu utiliser étant réservée à la synthèse finale de notre entreprise, dans la mesure où elle dépend de la critique d’attribution et d’une nouvelle étude des sources des textes létaldiens.
Autres textes : entre poésie, liturgie et grammaire
- 36 Éd. Edélestand du Méril, Poésies populaires latines antérieures au douzième siècle, Paris, 1843, p. (...)
- 37 Barthélemy Hauréau, Histoire littéraire du maine, t. II, Paris, 1844, « Lethald » p. 1-10 (p. 9) en (...)
- 38 David Hiley, « The Historia of St. Julian of Le Mans by Letald of Micy. Some Comments and Questions (...)
- 39 À l’exception de quelques extraits en prose rimée dans l’article cité à la note précédente ; éditio (...)
- 40 Ghislain Baury, « Le culte de saint Julien d’après les manuscrits de la messe et de l’office (xe-x (...)
12Il faudrait ainsi examiner ensemble toutes les œuvres poétiques et liturgiques attribuées ou attribuables à Létald, les Versus de eversione, le Within piscator, mais aussi le petit poème liturgique en l’honneur de saint Florent transmis à la fin d’un manuscrit de Micy, Paris, BNF, lat. 1866 f. 207v (inc. Auctor vite rex celestis36). Létald, comme il l’indique dans l’épître dédicatoire de sa vie de saint Julien du Mans, a aussi écrit un office en l’honneur de saint Julien. Déjà Barthélemy Hauréau signalait un office de saint Julien qu’il attribuait à Létald « dans toutes les éditions du bréviaire du Mans »37. En 2000, David Hiley, sans citer cette remarque d’Hauréau, a signalé l’un des plus anciens témoins manuscrits d’un office médiéval de saint Julien, l’évangéliaire du Mans Paris, BNF, lat. 261, où l’office est neumé, mais incomplet ; on peut éditer cet office, selon lui, essentiellement à partir de deux autres manuscrits neumés et d’un bréviaire du xiiie s. provenant de la Trinité de Vendôme, Vendôme BM 17E, f. 344-349. L’attribution à Létald ne fait l’objet d’aucune discussion dans cet article38. Depuis, David Hiley a étudié et édité cet office, que je n’ai malheureusement pas encore pu lire39. Nous avons réservé à une année ultérieure une étude sur ce texte, qui pourra tenir compte des travaux de Ghislain Baury, à paraître40.
- 41 Signalés par Charles Vulliez, « Les Miracula sancti Maximini de Létald de Micy », p. 626, n. 14.
- 42 Franck Cinato, « Accessus ad Priscianum. De Jean Scot Érigène à Létald de Micy », Archivum Latini (...)
- 43 Franck Cinato, « Accessus ad Priscianum », p. 66.
13On pourrait également rapprocher l’activité poétique, liturgique et musicale de Létald des deux distiques d’un Frater Letaldus41 servant de colophon à une Vita Prisciani récemment éditée par Franck Cinato (Bern, BB, AA90, fr. 29, colophon dans la marge inférieure des f. 5v-6)42, poésie et grammaire (et en particulier la lecture de Priscien) étant liées dans la formation des écrivains médiévaux. Dans cet accessus très développé à Priscien, comme le montre Franck Cinato, on voit Létald collecter et comparer les sources comme il le fait dans ses travaux hagiographiques consacrés à Mesmin et Julien. Quant à la datation de ce travail, Franck Cinato identifie un Giraldus cité par le colophon avec Giraud de Fleury, et propose de voir dans l’adresse à saint Benoît un clin d’œil à plusieurs pièces poétiques de Giraud datables avant 984. On peut se demander si l’activité poétique de Létald, dans certains cas (par exemple le Within piscator ou les Versus de eversione), ne peut pas être datée de ses débuts littéraires (comme c’est souvent le cas chez les auteurs médiévaux), et Franck Cinato est tenté de même de faire de l’accessus à Priscien une œuve de jeunesse43 ; mais dans ce dernier cas, on peut aussi considérer qu’il s’agit de l’œuvre d’un scolasticus et d’un écrivain très cultivé et aguerri.
La Vita sancti Iuliani
- 44 Le texte est édité en 1636 par François Bosquet, Ecclesiae Gallicanae historiarum tomus primus, Par (...)
- 45 L’ouvrage collectif qui en résultera, La fabrique d’une légende. Saint Julien du Mans et son culte (...)
- 46 Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles », p. 397.
14L’autre œuvre hagiographique qui a fait la célébrité de Létald est sa vita de saint Julien du Mans (BHL 4544, PL 137, col. 781-79644). Armelle Le Huërou, qui a préparé l’édition critique du texte dans le cadre du groupe travaillant sur les vies de saint Julien sous la direction de Florian Mazel, a présenté le dossier au séminaire du 27 novembre 201845. Le texte n’est datable à ce jour que dans une fourchette large correspondant aux dates de l’épiscopat d’Avesgaud du Mans, à qui il est adressé : 997-1036. Selon Thomas Head, il serait datable à partir de 1004, mais cette datation dépend largement de la reconstruction générale de la vie de Létald, et de l’hypothèse selon laquelle Létald aurait fui au Mans après la conspiration contre l’abbé Robert de Micy. Thomas Head a souligné qu’Avesgaud du Mans, parent par alliance de l’abbé Anno de Micy, était du parti opposé aux comtes de Blois (et donc à Robert de Blois, abbé de Micy). Ce serait après la conspiration avortée contre Robert que Létald aurait répondu favorablement à sa demande d’écrire une nouvelle vie de Julien. On peut craindre la circularité d’un raisonnement qui s’appuierait sur le contexte politique pour une datation basse de la Vita Iuliani, mais utiliserait en fait cette datation basse pour interpréter le contexte politique. En tout cas, comme le reconnaît Thomas Head lui-même, il n’y a aucune raison de penser que Létald ait fini sa vie au Mans et non à Micy46. D’ailleurs, comme l’a fait remarquer Gisèle Besson lors du séminaire, si le plus ancien manuscrit conservé de l’épître dédicatoire de la nouvelle Vita Iuliani est celui de Micy et si cette épître n’est pas conservée dans les manuscrits manceaux, c’est peut-être le signe que Létald n’a pas fini sa vie au Mans.
15Que penser de cette reconstruction et de cette datation après 1004 ? Dans son épître dédicatoire, il est certain que Létald, dans sa critique des nouveautés du chant tel qu’il est pratiqué à l’époque, fait figure de vieillard mécontent – mais il faut savoir ce qu’est un vieillard au xe siècle, prouver que l’on ne peut être laudator temporis acti qu’à partir d’un certain âge, et savoir à quelle date est né Létald… Au début de cette même lettre, voici ce qu’il indique :
Cum desiderio afflatus tam spiritualis quam corporalis remedii, ad memoriam praecellentissimi praesulis Juliani accessissem, et dulci affamine vestrae dilectionis frui licuisset; eadem vis charitatis, quae vestrae sublimitatis animum meae pusillanimitati conciliabat, imposuit mihi onus si idoneus forem, amabile atque jucundum; quia impar, non tam jucundum, quam reverendum, scilicet ut ea quae ab antiquis de actibus gloriosi ejusdem patris inculto, ut vobis videbatur, sermone conscripta sunt, ipse planiori et luculentiori ordine texerem, et ad aedificationem audientium quadam dealbatura vestirem.
- 47 Ghislain Baury, « Notes sur les allusions au culte de saint Julien dans les sources diplomatiques m (...)
16Il a donc visité le tombeau du saint, démarche que dom Rivet (HLF, VI, p. 531) a attribuée à son repentir d’avoir tenté de renverser son abbé : il s’agissait selon lui « de se renouveler dans la piété au tombeau de S. Julien », et c’est à lui semble-t-il que remonte ce critère de datation. Quoi qu’ait fait Létald, animé du désir tam spiritualis quam corporalis remedii (ce qui autorise bien des hypothèses sur ses péchés supposés et sur son état physique), il a rencontré l’évêque Avesgaud à cette occasion, discuté avec lui, et sa réputation d’hagiographe et de poète lui a valu la double demande de rédaction d’une nouvelle vita et d’un office (évoqué à la fin de l’épître dédicatoire). Armelle Le Huërou nous a rappelé que les premières mentions que nous ayons d’une liturgie autour de Julien sous Avesgaud ne sont pas antérieures au début du xie siècle. Selon Ghislain Baury, « la Saint-Julien fut mentionnée pour la première fois dans un acte épiscopal de 1004 »47. On a donc le sentiment que l’évêque, désireux d’organiser la publicité autour du culte de Julien, s’est adressé au meilleur hagiographe de ses relations.
- 48 Dom Rivet pensait que Létald avait simplement effectué un voyage au Mans vers 996, ce qui irait dan (...)
- 49 Armelle Le Huërou, dans La fabrique d’une légende. Saint Julien du Mans et son culte, n’exclut pas (...)
17Pour le moment, on peut donc imaginer que le dossier de Julien a été le dernier ou l’un des derniers traités par Létald, d’abord parce qu’il ne peut être antérieur à l’entrée en charge d’Avesgaud, en 997. Il est certainement datable des premières années du xie siècle. On peut imaginer qu’Avesgaud ait voulu relancer le culte de Julien et en démontrer l’apostolicité dès le début de son règne, mais on ne le sait pas48. Le lien avec la conspiration contre Robert de Micy peut être supposé, si Létald voulait se laver l’âme par un pélerinage ou faire alliance avec un éventuel ennemi de son abbé, mais il n’est pas prouvé. Enfin, rien ne permet de croire que Létald ait fini sa vie au Mans et non à Micy. Quant à savoir s’il a vécu très avant dans le xie siècle, c’est difficile faute d’éléments solides49. Tout au plus peut-on remarquer que les chartes de Micy du début du xie siècle n’ont pas le même niveau stylistique que celle de 973, mais c’est un élément fragile, car Létald pourrait ne pas les avoir rédigées sans être mort pour autant.
18Il reste enfin deux textes hagiographiques qui ont été attribués à Létald, avec des arguments de critique externe et interne.
La Vita et les Miracula Sancti Martini Vertavensis
- 50 SRM, 3, 1896, p. 564-567.
- 51 Bruno Krusch, SRM 4-2, 1902, p. 771.
- 52 Charles Vulliez, « Les Miracula sancti Maximini de Létald de Micy », p. 632.
- 53 C’est ce qu’a fait Marie-Céline Isaïa dans le cadre du séminaire de l’année 2019-2020 : elle a fait (...)
19La Vita et les Miracula Sancti Martini Vertavensis (Vita A du dossier : BHL 5667, et BHL 5668) ont d’abord été présentés par Bruno Krusch, dans les Scriptores rerum merovingicarum 3 de 1896, sans nom d’auteur50, mais dans les additions au volume 4-2, en 1902, l’éditeur signale que le grand légendier de Clairvaux attribue la Vita à Létald : Explicit vita sancti martini abbatis edita a Letaldo nomine monacho (Montpellier BISM H1 vol. 2, f. 238v). Cette attribution ne remonte qu’au xiie siècle, mais à une date et dans un lieu tels que personne n’aurait pu se souvenir de Létald ou trouver un quelconque intérêt à créer une fausse attribution : on a donc dû trouver cette attribution dans une source plus ancienne, ce qui la rend assez fiable. Bruno Krusch établit plusieurs rapprochements entre les « Martini miraculi » [sic !] et la Vita Iuliani51. Ils sont indéniables, de même qu’est évidente la parenté de la méthode décrite par l’hagiographe avec celle de Létald. Charles Vulliez a souligné enfin la présence de titres de chapitres dans les Miracula de Martin (la Vita aussi est précédée de capitula, Montpellier BISM H1/2 f. 235), fait assez peu courant pour être noté, d’autant qu’on l’observe aussi dans les Miracula sancti Maximini52. Il faudra réexaminer la relation entre les deux textes53. Dans le prologue des Miracula, l’auteur nous indique qu’il a été chargé de cette réécriture alors qu’il s’était rendu au monastère où repose le corps du saint, ce qui pourrait permettre d’établir un parallèle avec les circonstances de la rédaction de la Vita Iuliani :
- 54 Éd. des Miracula par Bruno Krusch, SRM 3, p. 567-575. Krusch omet la Vita A (BHL 5667), l’estimant (...)
Superfuit autem volumen exiguum, in quo varia continebantur carmina, inter quae ipsius sancti viri adbreviata invenitur vita, dulci et tinnulo rithmo depicta. Itaque cum venissem ego indignus soloque habitu monachus ad coenobium, quo nunc eiusdem sancti viri menbra quiescunt, compulsus sum a fratribus loci maximeque a venerabili viro Rainaldo, qui eodem in loco praepositurae fungitur officio, ut de eodem rithmo planae orationis texeretur conscriptio. Quod quia rennuere non potui, prout Deus concessit, cuncta quae libellus protulit, exceptis his quae poetice dicebantur, planiori oratione contexui et more interpretis non verbum e verbo, sed sensum ex sensu expressi et iuxta fratrum petitionem aliquantulo dilatavi54.
La Vita et les Miracula sancti Eusicii
- 55 La Vita anonyme BHL 2754 a été éditée par Philippe Labbe, Novae bibliothecae manuscriptorum libroru (...)
- 56 Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles ».
- 57 Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles », p. 406-407.
- 58 En tout cas autour de l’an mil : Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition (...)
- 59 Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles », p. 401.
- 60 On peut citer par exemple le cas de la Vita Mevenni, peut-être écrite à Saint-Florent de Saumur : A (...)
- 61 Thomas Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles », p. 405, en particulier (...)
- 62 Flavia Petitti (Università La Sapienza, Rome) va en faire, en 2020, le sujet d’un mémoire de master (...)
20Le texte sur Martin de Vertou a été rédigé pour les moines de Saint-Jouin de Marnes (Poitou). Le dernier dossier identifié par la bibliographie est celui de saint Eusice (BHL 2754 et 2756)55, rédigé pour les moines de Selles-sur-Cher en Berry56. Ce sont deux maisons qui, selon Thomas Head, s’opposaient aux comtes d’Anjou et étaient favorables aux comtes de Blois ; les miracles de saint Eusice font allusion à un comte Foulques ennemi de l’abbaye, qui ne peut être identifié qu’avec Foulques Nerra57. Thomas Head note, vers l’an mil, la coalition entre les comtes de Blois, l’abbé de Micy Robert de Blois, et les abbayes voisines, Saint-Jouin de Marnes, Selles-sur-Cher, Saint-Florent de Saumur, et en fait la clef de lecture qui, pour lui, permet d’éclairer l’ensemble de ces œuvres hagiographiques, leur datation et leur attribution. Elle expliquerait pourquoi Létald aurait pris la plume pour rédiger à nouveaux frais ces deux dossiers, dans une fourchette chronologique située entre 994 et 1004 pour Martin, 1002 et 1004 pour Eusice58. Dans le cas du dossier d’Eusice, l’attribution à Létald est renforcée par d’abondants parallèles textuels littéraux avec les Miracula de Mesmin, la Vita Iuliani, le dossier de Martin de Vertou, relevés par Thomas Head. La structure du dossier d’Eusice est la même que celle du dossier de Martin : un prologue suivi d’une Vita assez conventionnelle, puis un prologue méthodologique introduisant un recueil de Miracula59. Conscient qu’il pourrait ne s’agir là que de reprises par un autre que Létald60, Thomas Head attire enfin l’attention sur le fait que le dossier d’Eusice est transmis par un manuscrit de Micy, le Reg. lat. 621 : deux des feuillets palimpsestes utilisés dans la même unité codicologique transmettaient initialement des chartes de Micy, or il n’y aurait pas eu de culte d’Eusice à Micy : la présence de ce texte à Micy ne s’expliquerait donc que par sa paternité61. Cependant, contrairement aux autres œuvres, ce dossier de saint Eusice ne comporte aucun élément externe d’attribution à Létald. Il doit être entièrement réévalué62.
21Ces deux dossiers posent donc le problème de la définition de critères d’attribution affinés et solides. L’auto-citation ne suffit pas, et l’argument majeur en faveur d’une attribution à Létald réside peut-être plus dans sa méthode de travail que dans la reprise ou non de formules. Les arguments historiques sont souvent convaincants mais reposent malgré tout sur des échafaudages d’hypothèses. Il faudra retravailler les aspects stylistiques, y compris pour l’étude des chartes, la technique musicale, avec toute la prudence que cela requiert, ainsi que les techniques de versification (y compris le problème des vers et presque-vers insérés dans la prose) et la question des sources et de leur usage.
Notes
1 On ne dispose à ce jour que de l’édition de Jean Mabillon, dans Luc d’Achery, Jean Mabillon, Acta sanctorum ordinis S. Benedicti (désormais AASS OSB), t. I, Paris, 1668, p. 598-613, reprise dans PL 137, Paris, 1853, col. 795-824. Gisèle Besson en a préparé une nouvelle édition. Je profite de l’occasion qui m’est offerte pour remercier profondément Gisèle Besson de la part très importante qu’elle a prise à l’organisation et à la coordination de nos travaux, et pour avoir pris en charge plusieurs séances de notre séminaire quand les réunions et les tâches administratives m’empêchaient de le faire.
2 Marc Simon (OSB), « Létald de Micy : histoire ou fantaisie ? », dans Mélanges François Kerlouégan, éd. Danièle Conso, Nicole Fick, Bruno Poulle, Besançon, Paris, 1994, p. 569-577.
3 Charles Vulliez, « Les Miracula sancti Maximini de Létald de Micy : prolégomènes à une nouvelle édition », dans Rerum gestarum scriptor. Histoire et historiographie au Moyen Âge. Mélanges Michel Sot, éd. Magali Coumert, Marie-Céline Isaïa, Klaus Krönert, Sumi Shimahara, Paris, PUPS, 2012 (Cultures et civilisations médiévales), p. 623-636. Je me limite ici à la bibliographie utile.
4 Publication collective prévue dans la collection « Auteurs latins du Moyen Âge » (ALMA) aux Belles Lettres ; t. I : Introduction générale. Le dossier de Mesmin de Micy ; t. II : Les autres œuvres hagiographiques ; t. III : les œuvres poétiques et grammaticales. Synthèse finale.
5 Charles Vulliez, « Les Miracula sancti Maximini de Létald de Micy », p. 626.
6 La bibliographie fournit des données contradictoires ou n’en fournit pas du tout sur le début de l’abbatiat d’Anno ; la question est importante pour la chronologie de Létald.
7 Datation entre décembre 1003 (mort de l’évêque Arnoul d’Orléans, la lettre mentionne l’évêque Foulques d’Orléans, son successeur) et décembre 1004 (mort d’Abbon de Fleury) : Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles-sur-Cher », Analecta Bollandiana, 107 (1989), p. 393-414 (p. 397) ; Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic traditions of the abbey of Nouaillé. The Context of the Delatio corporis S. Juniani », Analecta Bollandiana, 115 (1997), p. 253-267 (p. 263). La bibliographie ancienne situait la conspiration plutôt au début de l’abbatiat de Robert souvent daté de 994, mais la datation de la lettre d’Abbon s’y oppose.
8 « Tu enim hujus conspirationis caput diceris; tu domni Rotberti abbatis tui officium, quod dictu nefas est, praesumpsisti » (Abbon de Fleury, Epist. XI Ad monachos Miciacenses, PL 139, col. 436-438 [col. 438]).
9 PL 139, col. 469 : « Novi enim quam austerus in Letaldo Miciacensi monacho fuerit, quem oblitus reverentiae sacerdotalis injuriose et sine ullis legibus tractavit; qui si epistolam Gregorii ad Lupum abbatem legisset, profecto nunquam tantum facinus perpetrasset: “Quoniam multae, inquit, occasiones in deceptatione religiosarum personarum a pravis illic, ut dicitur, hominibus exquiruntur, presbyterum praedictae Ecclesiae nullomodo privandum deponendumque censemus, nisi causa specialiter criminis exigente; unde necesse est ut, si qua contra eum hujusmodi querela surrexerit, non solus episcopus civitatis causam examinet, sed adhibitis sibi coepiscopis suis subtili investigatione perquirat, quatenus, cunctis concorditer judicantibus, canonicae districtionis censura aut reum ferire aut innocentem possit absolvere” ». Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic traditions of the abbey of Nouaillé », p. 265.
10 Chap. X § 34 : « Eiusdem pii abbatis temporibus, cum adhuc infantulus essem (neque enim audita sed quae uidi narraturus sum) […] ».
11 Le texte dit : qui Fossatensi monasterio postea prefuit ; peut-on déduire de ce parfait que Maynard est mort au moment où Létald écrit ?
12 Charles Vulliez, « Les Miracula sancti Maximini de Létald de Micy », p. 634, se demande si cette mention d’une épidémie de mal des ardents ne devrait pas pousser à une datation plus tardive que celle que propose Thomas Head.
13 Thomas F. Head, Hagiography and the Cult of Saints in the Diocese of Orleans, 800-1200, Cambridge, Cambridge UP, 1990, p. 58 n. 1. La datation proposée varie légèrement selon les contributions de Thomas Head.
14 Thomas F. Head, Hagiography and the Cult of Saints, p. 215.
15 Histoire littéraire de la France, t. VI, éd. Paris, 1867, p. 532 (désormais citée HLF). Thomas Head lui-même (Thomas F. Head, Hagiography and the Cult of Saints, p. 58 n. 1) souligne la faiblesse de l’argument, Hugues ayant encore été appelé dux par certains auteurs même après 987.
16 Paris, BNF, Baluze 78, f. 91v ; éd. Marie-Marguerite Lemarignier, Études sur les anciennes chartes de l’abbaye Saint-Mesmin de Micy et essai de restitution des cartulaires, thèse de l’École des chartes (dact.), 1937, t. Ibis, p. 67. Sur cette charte, Thomas F. Head, Hagiography and the Cult of Saints, p. 185 (allusion à la possibilité que Létald l’ait non seulement copiée mais aussi composée), p. 211 (Létald chancelier en 973), p. 216 (sur l’attribution possible à Létald de certains faux, question que nous n’avons pas abordée).
17 Comme le pensait spontanément Barthélemy Hauréau, Histoire littéraire du maine, t. II, Paris, 1844, « Lethald » p. 1-10 (p. 5).
18 HLF, VI, p. 528. Cette date, par suite, se retrouve dans quantité de bases de données et sites de vulgarisation.
19 Marie-Marguerite Lemarignier, Études sur les anciennes chartes de l’abbaye, t. 1, p. cxiv-cxv.
20 Thomas F. Head, Hagiography and the Cult of Saints, p. 217.
21 AASS OSB, t. IV-1, 1677, p. 434-435 ; PL 137, col. 823-826.
22 Sur Constantin, v. dernièrement Patrizia Stoppacci, « Costantino di Fleury e Gerberto d’Aurillac: problematiche compositive e trasmissive del dossier Leiden VLQ 54 », dans Collezioni d’autore nel Medioevo. Problematiche intellettuali, letterarie ed ecdotiche, éd. P. Stoppacci, Florence, 2018 (mediEVI, 20), p. 61-106 (p. 62-65).
23 Identification de Constantin et chronologie précise par Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic traditions of the abbey of Nouaillé », p. 265 (datation dès 994).
24 Jean-Paul Bonnes, « Un lettré du xe siècle. Introduction au poème de Létald », Revue Mabillon, 33e année (1943), p. 23-47 (p. 32-33).
25 Première éd. par Jean Mabillon, Annales Ordinis S. Benedicti, t. II, Paris, 1704, p. 753-754. Éd. Ernst Dümmler, MGH Poetae, 2, p. 146-149. À la suite de la bibliographie antérieure, Ernst Dümmler considérait que, comme le texte ne parlait pas de l’incendie par les Normands, il était antérieur à 853, et datable par conséquent de 848-850.
26 Ferdinand Lot, « Mélanges d’histoire bretonne (suite) », Annales de Bretagne, 22-2 (1906), p. 239-263, IV. Nominoé et le monastère de Saint-Florent-le-Vieil, p. 247-263 (en particulier p. 255 sqq).
27 Ferdinand Lot, « Mélanges », p. 259.
28 Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles », p. 395. Thomas F. Head, Hagiography and the Cult of Saints, p. 218.
29 Paul Marchegay, « Cartulaires français en Angleterre », Bibliothèque de l’École des chartes, 16 (1855), p. 97-138 (p. 127-131). Le manuscrit est maintenant conservé à Paris : Paris, BNF, n.a.l. 1930 f. vi-viii (début de l’intitulé au f. Vv).
30 Barthélemy Hauréau, « Versus Lethaldi monachi de quodam piscatore quem ballena absorbuit », dans Bulletin du Comité historique des monuments écrits de l’histoire de France. Histoire, sciences, lettres, 1 (1849), p. 178-183.
31 André Wilmart, en ayant découvert un second témoin dans le florilège de Saint-Gatien (RB, 48, 1936, p. 3-40 [p. 15, p. 35]), en a donné une nouvelle édition la même année, et soutenu l’identité de son auteur et de l’auteur des Miracula de Mesmin : « Le poème héroïque de Létald sur Within le pêcheur », Studi medievali, n. s. 9 (1936), p. 188-203 (éd. p. 195-200).
32 Jean-Paul Bonnes, « Un lettré du xe siècle », éd. p. 37-45.
33 V. en particulier Letaldo di Micy, Within piscator, a cura di Ferruccio Bertini, Florence, 1995. Marc Simon en a proposé une première traduction française dans Chronique de Landévennec, 73 (janvier 1993), p. 26-32 (non vidi).
34 Voir par ex. les rapprochements suggérés avec prudence (par ex. p. 177) par Marina Marino, « Letaldo di Micy e Seneca tragico: un’insolita frequentazione », Bollettino di studi latini, 49, 1 (2019), p. 173-181 (qui date le poème entre 942 et 972).
35 Liste qui a été datée du ixe siècle, mais qui semble d’une main plus tardive : Becker no 45 ; Gottlieb no 296 ; BMMF no 1681 ; anciennement attribuée à Fleury par C. Cuissard, dans CGM, t. 12, p. v-vi ; historique des attributions : † A. Vidier, L’historiographie à Saint-Benoît-sur-Loire et les Miracles de saint Benoît, Paris, 1965, n. 107 p. 41 ; nouvelle éd. : ibid., Appendice 2, p. 216.
36 Éd. Edélestand du Méril, Poésies populaires latines antérieures au douzième siècle, Paris, 1843, p. 259 n. 5 (et non 3 comme l’indique toujours Thomas Head), en marge de son édition des Versus de eversione.
37 Barthélemy Hauréau, Histoire littéraire du maine, t. II, Paris, 1844, « Lethald » p. 1-10 (p. 9) en dit davantage : « Or, cet office ayant été admis dans le Bréviaire du Mans, on n’a pas modifié, depuis le xe siècle, dans les diverses éditions de ce Bréviaire, les Répons et les Antiennes de Léthald : on peut, en effet, comparer certains passages de la Vie de saint Julien et l’office de cet évêque dans le Bréviaire usuel, et l’on en appréciera la conformité » ; Bulletin du Comité historique, 1849, p. 179.
38 David Hiley, « The Historia of St. Julian of Le Mans by Letald of Micy. Some Comments and Questions about a North French Office of the Early Eleventh Century », dans The Divine Office in the Latin Middle Ages. Methodology and Source Studies, Regional Developments, Hagiography. Written in Honor of Professor Ruth Steiner, éd. Margot E. Fassler et Rebecca A. Baltzer, Oxford, 2000, p. 444-462 (p. 447 : « the office was presumably set out by Letald according to the secular cursus », mais dans la suite, Létald est indiqué comme l’auteur des pièces, sans l’expression du moindre doute).
39 À l’exception de quelques extraits en prose rimée dans l’article cité à la note précédente ; édition : The Office of Julian of Le Mans by Letald of Micy (circa 1000), introd. et éd. David Hiley, Lions Bay (B.C.), Institute of Mediæval Music, 2015 (Wissenschaftliche Abhandlungen – The Institute of Mediaeval Music, vol. 65, 25).
40 Ghislain Baury, « Le culte de saint Julien d’après les manuscrits de la messe et de l’office (xe-xiiie s.) », et « Notes sur les allusions au culte de saint Julien dans les sources diplomatiques mancelles (xe-xiiie siècles) », dans La fabrique d’une légende. Saint Julien du Mans et son culte au Moyen Âge (IXe-XIIIe siècle), dir. Florian Mazel, à paraître à Rennes en 2020 (v. infra, note 45).
41 Signalés par Charles Vulliez, « Les Miracula sancti Maximini de Létald de Micy », p. 626, n. 14.
42 Franck Cinato, « Accessus ad Priscianum. De Jean Scot Érigène à Létald de Micy », Archivum Latinitatis Medii Aevi, 70 (2012), p. 27-90 (éd. des vers p. 64 : « Hunc auctore Deo parvum scribendo libellum / frater Letaldus utile fecit opus / Ord<ine verborum> magni s<criptum> Prisciani / suasu Giraldi, o Benedicte tibi »).
43 Franck Cinato, « Accessus ad Priscianum », p. 66.
44 Le texte est édité en 1636 par François Bosquet, Ecclesiae Gallicanae historiarum tomus primus, Paris, 1636, p. 73-89.
45 L’ouvrage collectif qui en résultera, La fabrique d’une légende. Saint Julien du Mans et son culte au Moyen Âge (IXe-XIIIe siècle), dir. Florian Mazel, est à paraître à Rennes en 2020. Je remercie Armelle Le Huërou de m’avoir permis de le consulter avant sa publication.
46 Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles », p. 397.
47 Ghislain Baury, « Notes sur les allusions au culte de saint Julien dans les sources diplomatiques mancelles (xe-xiiie siècles) », dans La fabrique d’une légende. Saint Julien du Mans et son culte, n. 52, à paraître. Il signale un contrat entre l’évêque du Mans et l’abbaye de la Couture mentionnant la liturgie de Julien, mais datable soit en 1009, soit en 1028.
48 Dom Rivet pensait que Létald avait simplement effectué un voyage au Mans vers 996, ce qui irait dans ce sens (HLF, VI, p. 531).
49 Armelle Le Huërou, dans La fabrique d’une légende. Saint Julien du Mans et son culte, n’exclut pas une datation de BHL 4544 sous l’abbatiat d’Albert de Micy (1018-1036), dans la mesure où cet abbé était à la fois un parent d’Anno et d’Avesgaud, mais elle ne va pas plus loin ; Florian Mazel, dans le même ouvrage, est plus affirmatif, Ghislain Baury penche plus pour les alentours de 1004.
50 SRM, 3, 1896, p. 564-567.
51 Bruno Krusch, SRM 4-2, 1902, p. 771.
52 Charles Vulliez, « Les Miracula sancti Maximini de Létald de Micy », p. 632.
53 C’est ce qu’a fait Marie-Céline Isaïa dans le cadre du séminaire de l’année 2019-2020 : elle a fait part de nombreuses découvertes le 3 mars 2020.
54 Éd. des Miracula par Bruno Krusch, SRM 3, p. 567-575. Krusch omet la Vita A (BHL 5667), l’estimant sans intérêt (inc. [prol.] Locaturus fundamenta ecclesie sue sancte… inc. [vita] Fuit vir venerabilis vite Martinus nomine…) ; elle avait été éditée par Mabillon dans AASS OSB, t. I, p. 681-687, et reprise dans les AASS Oct. X, 805-810.
55 La Vita anonyme BHL 2754 a été éditée par Philippe Labbe, Novae bibliothecae manuscriptorum librorum tomus secundus, rerum Aquitanicarum … uberrima collectio…, Paris, 1657, p. 372-376 ; aux p. 463-466 du même volume, il édite les Miracula, BHL 2756, dont il indique qu’ils doivent être replacés à la suite de la Vita. Une version plus complète du prologue de BHL 2754 est éditée par Thomas Head en 1989 (« Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles », p. 412-414), d’après Paris, BNF, lat. 5340, f. 130-131v et Vaticano, BAV, Reg. lat. 621, f. 12-13.
56 Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles ».
57 Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles », p. 406-407.
58 En tout cas autour de l’an mil : Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles », p. 408-411 ; Thomas F. Head, Hagiography and the Cult of Saints, p. 218-222.
59 Thomas F. Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles », p. 401.
60 On peut citer par exemple le cas de la Vita Mevenni, peut-être écrite à Saint-Florent de Saumur : Armelle Le Huërou a démontré que son auteur réutilise largement dans son prologue celui de la Vita Iuliani de Létald, mais elle m’assure, ce dont je la remercie, qu’il est exclu que Létald en soit l’auteur. V. Armelle Le Huërou, « De quand date la Vita S. Meuenni (BHL 5944) ? », dans Mélanges offerts au professeur Bernard Merdrignac, éd. J.-C. Cassard, P.-Y. Lambert, J.-M. Picard, B. Yeurc’h, Britannia Monastica, 17 (2013), p. 53-74 (Annexe 1 : édition synoptique des deux prologues de BHL 5944 [Vita S. Meuenni] et BHL 4544 [Vita S. Iuliani]).
61 Thomas Head, « Letaldus of Micy and the hagiographic tradition of Selles », p. 405, en particulier note 32, avec la bibliographie.
62 Flavia Petitti (Università La Sapienza, Rome) va en faire, en 2020, le sujet d’un mémoire de master (dir. Paolo Garbini, Anne-Marie Turcan-Verkerk), dont les résultats sont destinés à une publication dans nos Opera omnia.
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Référence papier
Anne-Marie Turcan-Verkerk, « Langue et littérature latines du Moyen Âge », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 151 | 2020, 183-194.
Référence électronique
Anne-Marie Turcan-Verkerk, « Langue et littérature latines du Moyen Âge », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [En ligne], 151 | 2020, mis en ligne le 09 juillet 2020, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ashp/3768 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ashp.3768
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