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AccueilNuméros150Résumés des conférencesÉtudes ottomanes, XVe-XVIIIe siècles

Résumé

Programme de l’année 2017-2018 : I. Lecture et commentaire des Ġazavât-ı Hayr ed-Dîn Paşa. — II. Lecture et commentaire de documents des archives du baile de Venise.

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Texte intégral

  • 1 Présentation du texte, de l’auteur et des manuscrits dans mon rapport pour l’année 2008-2009. Nous (...)
  • 2 Cf. mon rapport de l’année précédente et, pour plus de détails, mon article « Sur les objectifs de (...)

1On a continué durant le premier semestre la lecture et le commentaire des Ġazavât-ı Hayr ed-Dîn Paşa (Geste de Hayr ed-Dîn Paşa), biographie des frères Barberousse rédigée par Seyyîd Murâd1. Le séminaire a été consacré aux folios 235r-269v, qui couvrent la période allant du 18 août 1534 au 10 septembre 1535. Il s’agit d’un moment particulièrement délicat pour le héros, puisqu’il fut marqué par un échec retentissant : en effet, après s’être emparé de Tunis sans en avoir reçu le mandat du sultan ottoman2, il en fut chassé par une fameuse expédition de Charles Quint, défaite que ne pouvait compenser que partiellement la mise à sac de Mahon, à Minorque. Lüṭfî Paşa, qui ne l’aimait guère, a dans sa chronique des mots assez durs sur cet épisode. On est tenté de se demander si Hayr ed-Dîn ne risquait pas sa tête quand il rejoignit Soliman par la suite, alors que son protecteur le grand vizir İbrâhîm Paşa avait été éliminé. Il ne semble pourtant pas que tel ait été le cas. Dut-il se justifier ? Peut-être ses compétences suffisaient-elles à le rendre indispensable ? En tout cas sa biographie, dont on rappellera qu’elle fut largement dictée par lui, tout en fournissant un récit factuellement exact dans l’ensemble, est rédigée de manière à ne pas nuire à sa gloire.

  • 3 Dans La Primaudaie (Hélie de), « Documents inédits sur l’histoire de l’occupation espagnole en Afri (...)
  • 4 La violence décrite par les historiens espagnols est également condamnée par Lüṭfî Paşa qui lui rep (...)

2Les folios 235r-242r racontent d’abord l’entrée des troupes de Hayr ed-Dîn à Tunis, où il est appelé par les citadins eux-mêmes, tandis que le souverain hafside Mulay Hasan est en fuite. Or certains Tunisois attaquent ces hommes par surprise dans les rues et les marchés et il faut les retrancher dans la citadelle, tandis que le Hafside revenu en ville pousse au soulèvement par la persuasion et la menace. Le lendemain, le soulèvement est maté par la violence. Le récit de Juan de Iribes3 permet de nuancer cette vision : d’après ce témoin dont il n’y a pas de raison de mettre la sincérité en doute, c’est en apprenant que Hayr ed-Dîn leur avait menti en prétendant avoir à ses côtés un prétendant hafside légitime que les Tunisois avaient rappelé Mulay Hasan, présent en effet sur les lieux le 18 août. Bien plus, Juan de Iribes ne parle pas des attentats commis ce jour-là contre les soldats. Ainsi la révolte, suscitée par la colère d’avoir été trompés, n’apparaît plus dans les Ġazavât que comme le fait d’un parti minoritaire fidèle au roi déchu, qui les manipule de l’extérieur. Ce thème de la trahison, déjà mis en œuvre dans le récit du siège d’Alger par Ibn el-Ḳâẓî, permet de justifier une brutale répression4.

3Désormais maître du terrain, Hayr ed-Dîn peut s’afficher en souverain idéal, c’est-à-dire juste et de ce fait efficace, donc légitime :

Auparavant, Son Excellence Hayr ed-Dîn Beg avait conseillé à ses compagnons de ne pas faire souffrir de tort et de dommage aux gens de la ville. De fait, à personne parmi les gens de la ville, à personne absolument il ne permit qu’on infligeât tort et dommage : rien de tel ne se produisit. Quant à lui, il s’installa sur le siège du sultan et gouverna [beglik yapdı]. Il suffit qu’il eût fait grâce au peuple et l’eût caressé pour qu’aussitôt celui-ci comme avant rouvrît les boutiques et recommençât à pratiquer son commerce ou autre gagne-pain : chacun se consacra à son art et ses affaires et tous, dans la plus grande sûreté, s’occupèrent de ce qui les regardait. (237r-v)

  • 5 López de Gómara (Francisco), Crónica des los Barbarrojas, réédité sous le titre Los corsarions Barb (...)
  • 6 Rang (Sander) et Denis (Ferdinand), Fondation de la Régence d’Alger. Histoire des Barberousse, Pari (...)

4López de Gómara ou Marmol confirment que le succès obtenu amène les citadins et les habitants des environs à se soumettre5. En réalité, la suite du récit montre que le héros ne s’impose pas si facilement aux tribus, en général plutôt fidèles aux Hafsides et qui dans la suite se montreront attentistes. Du reste, le récit semble écrit dans un esprit de propagande pour convaincre des sujets ottomans au Levant. C’est en tout cas à un vocabulaire et à des réalités qui sont les leurs qu’il fait référence : Hayr ed-Dîn présente aux cheikhs comme une responsabilité collective l’obligation de lui remettre Mulay Hasan et promet à celui qui le fera, outre 30 000 pièces d’or, l’exemption des tekâlif-i ‘örfiyye et des ‘avâri-i dîvâniyye, désignation proprement ottomane de taxes théoriquement exceptionnelles. Il n’est pas surprenant que la version arabe du texte ignore ces détails6. À y regarder de plus près, il les traite en égaux en leur envoyant « des chevaux, de l’or, des robes d’honneur et à chacun deux faucons » (237v). La réponse des cheikhs montre qu’ils ne sont guère impressionnés :

Depuis les temps les plus anciens, c’est notre ânûn que le sultan régnant ici nous envoie tous les ans une certaine somme d’or. Ce même sultan qui vient de fuir en abandonnant Tunis nous la versait. Payez la nous vous aussi et nous ferons tout ce que vous voudrez : vous n’avez qu’à parler. (238r-v).

5Si Hayr ed-Dîn ne cède pas sur tout, il est néanmoins contraint de négocier et de reconnaître la validité des accords précédemment conclus par les Hafsides. Mais les lignes suivantes nous replongent dans une rassurante normalité : des hommes sont appelés d’Alger pour faire un recensement des troupeaux. Il s’agit évidemment d’assurer un rendement fiscal permettant la bonne gestion qui fonde le cercle de justice. Ceci n’empêche pas l’opposition des cheikhs de relever la tête au printemps. L’affaire est vite réglée grâce à la supériorité de l’artillerie des troupes de Hayr ed-Dîn : « Couvert de honte [Mulay Hasan] se retira et s’enfuit et c’est en s’échappant purement et simplement qu’il fit retraite en sauvant sa tête. Aucun des cheikhs ne prit son parti et ceux qui l’accompagnaient fuirent eux aussi chacun chez soi et une fois chez eux regrettèrent amèrement leur mauvaise action. » (241r). Il ne reste plus au magnanime héros qu’à accorder un généreux pardon aux factieux, non cependant sans exiger des otages.

  • 7 Correspondance de Charles Quint avec Lope de Soria, dans Fernández-Álvarez (Manuel), Corpus documen (...)

6La répétition de ces succès pouvait sans doute laisser dans l’esprit des auditeurs le sentiment d’une réussite. Considérée à froid, elle souligne surtout la fragilité de la position de Hayr ed-Dîn à Tunis. De fait, Charles Quint va l’en chasser. L’expédition de celui-ci est narrée aux folios 244v-253r. On a comparé la version des Ġazavât aux informations fournies notamment par la correspondance de Charles Quint7. Sans entrer dans les détails, on peut conclure que dans les grandes lignes, et souvent dans le détail des opérations, ces récits sont concordants, depuis le débarquement et le siège de la Goulette jusqu’à l’entrée de Charles Quint dans Tunis. Tous soulignent l’importance des bombardements et des tranchées dans la première phase, la violence des combats, les hésitations de Charles Quint sur l’utilité de poursuivre les opérations à Tunis, les souffrances causées aux troupes impériales par la chaleur et la soif, le rôle déterminant, dans une ville vidée de ses habitants, des captifs libérés qui en interdisent l’accès à Hayr ed-Dîn contraint de prendre la fuite à son tour. Une habile technique narrative, déjà évoquée plus haut, permet de mette en avant tous les succès tactiques des défenseurs et de minimiser ainsi la cruelle réalité : de victoire en victoire, Hayr ed-Dîn vole vers la défaite.

  • 8 Lüṭfî Paşa, op. cit., p. 356, prête à Mulay Hasan ce discours adressé à Charles Quint : « Le pays e (...)
  • 9 Il était sans doute difficile de refuser cette récompense aux soldats qui avaient beaucoup souffert (...)
  • 10 Tracy (James D.), Emperor Charles V, Impresario of War, Cambridge, Cambridge University Press, 2002 (...)
  • 11 Cf. Boubaker (Sadok), « L’empereur Charles Quint et le sultan hafside Mawlāy al-Ḥasan (1525-1550) » (...)
  • 12 La Primaudaie, art. cit., p. 337-339.
  • 13 Arıkan et Toledo, art. cit., p. 505-506, 509-510.

7Un point qui attire l’attention est la présentation de la politique de Charles Quint. À en croire les Ġazavât, celui-ci aurait voulu profiter de l’absence de Soliman et de ses armées, occupés par la Campagne des deux Iraks, pour attaquer les territoires ottomans dans une ligue comportant également le Pape et le roi du Portugal. Une flotte et une armée imposantes étaient prêtes à l’action quand il reçut cet appel à l’aide de Mulay Hasan : « Venez donc me rendre ma couronne et mon trône et trouvez un remède à ma situation. Car en vérité ce royaume n’est pas mien, il est vôtre et quoi que je tienne ces territoires, ils sont comme à vous. » (243r). Convaincu dans sa vanité pichrocoline que, avec l’aide militaire promise par le Hafside, il éliminera aisément Hayr ed-Dîn et pourra ensuite prendre la direction du Levant, (« une fois cette affaire réglée, nous repartirons au plus vite et irons faire tout ce que nous avons à faire en pays de Roum. », 243v), Charles Quint prend en effet la direction de Tunis. Le ton de la missive attribuée à Mulay Hasan est remarquable : voilà un musulman qui se présente en vassal d’un souverain chrétien qu’il pousse à attaquer ses coreligionnaires. Ce simple fait justifie a posteriori la prise de Tunis par Hayr ed-Dîn, fidèle serviteur du sultan et défenseur de la foi, quoi qu’en dise un Lüṭfî Paşa, qui voit dans les actes de Mulay Hasan la conséquence de la conduite inadmissible de Hayr ed-Dîn à l’égard d’un coreligionnaire8. Le pillage de Tunis par les hommes de Charles Quint déconsidère un peu plus encore le fantoche rentré dans les fourgons de l’ennemi chrétien et les Tunisois qui ont choisi de trahir l’islam (c’est-à-dire Hayr ed-Dîn)9. En outre, on sait que si le pape Paul III poussait en effet à lancer une attaque en profitant de l’absence de Soliman (conformément d’ailleurs à une suggestion faite naguère par Aloysus Gritti à Cornelius Schepper), Charles Quint et Doria pour leur part jugeaient dangereux de mener une expédition à l’est en laissant Barberousse derrière eux10. Du reste, l’idée d’attaquer les rivages maghrébins et de frapper un grand coup contre les corsaires hantait depuis un certain temps l’esprit des responsables impériaux et des préparatifs sont attestés dès septembre 1534. La présence de Hayr ed-Dîn à Tunis rendait la question plus brûlante que jamais11. Enfin, en ce qui concerne l’entente entre Charles Quint et Mulay Hasan, les premiers pas furent faits par Charles : nous l’apprenons par un rapport que rédigea le 7 novembre 1534 un certain Luis Presendo, précisément chargé de proposer au Hafside l’appui de Charles Quint pour retrouver son trône12, et on a conservé le texte de lettres destinées à Mulay Hasan et à des cheikhs de tribus13. Ce ne sont donc pas les avances du Hafside détrôné qui empêchèrent Charles Quint de lancer une expédition au Levant. L’auteur des Ġazavât l’ignorait-il ? Ou n’est-ce pas plutôt là un autre élément d’un plaidoyer qui vise à minimiser la cuisante défaite de Tunis en faisant valoir implicitement que la vaillante défense de Hayr ed-Dîn a épargné de graves dommages aux territoires centraux de l’Empire et même à sa capitale ?

  • 14 Lettre de Charles Quint à Lope de Soria du 14 juillet 1535, dans Fernández-Álvarez, op. cit., p. 43 (...)

8Ne pouvant plus se retirer dans la citadelle tenue par les captifs, ni compter sur les tribus arabes, ayant abandonné à l’ennemi 80 bateaux au mouillage à La Goulette14 – détail d’autant plus embarrassant que ces bâtiments étaient pour beaucoup au sultan et que la chronique passe sous silence –, Hayr ed-Dîn n’a plus de salut que dans la fuite : la retraite, entamée le 21 juillet 1535, est évoquée aux folios 253r-257v. L’épisode n’est pas glorieux. Aussi le chroniqueur insiste-t-il d’abord sur la hauteur morale du héros qui, cherchant à rassembler ses troupes, est confronté à l’exode des Tunisois :

Il vit que c’était plus de 50 000 femmes et enfants et autres, petits et grands, qui dans leur fuite étaient partis tous ensemble (…). Quand il les rejoignit, il fut totalement pris par le deuil. Considérant leur lamentable situation, leurs misères, leur faiblesse, leurs malheurs et leurs souffrances, il fut saisi par un grand deuil, et dans la compassion et la pitié qu’il éprouvait pour eux, il se mit à pleurer, à pleurer au point que peu s’en fallût qu’il n’en pérît. (253r-v).

  • 15 Cf. Fernández-Álvarez, op. cit., p. 440 ; « Relation de la conquête de Tunis », art. cit., p. 60.
  • 16 À en croire López de Gómara, Crónica, op. cit., p. 101, l’escadre impériale ne comptait elle aussi (...)

9Admirable compassion, dont la peinture pourrait faire oublier qu’il était lui-même un fuyard, dans des conditions qui, d’après les renseignements récoltés par Charles Quint, étaient assez difficiles15 ! Les Ġazavât se bornent à souligner l’urgence, qui contraint à laisser ces malheureux à l’étape de Bajah, mais accordent toute leur attention à la ruse qui permit à Hayr ed-Dîn de trouver le salut, mettant en valeur à la fois la prévoyance du chef et l’ingéniosité du vieux marin : à Bône l’attendent une quinzaine de galères submergées pour échapper à l’ennemi. Il suffit de les ramener à la surface pour repartir, de nuit et sous la protection de canons habilement placés sur le rivage pour empêcher la flotte impériale, pourtant supérieure en nombre (à l’en croire16), de s’opposer à sa fuite vers Alger.

  • 17 On a consulté Aguiló (Estanislao K.), « Documentos relativos al sitio y saqueo de Mahón por Barbarr (...)

10De retour chez lui à Alger, Hayr ed-Dîn doit rebondir, pour redonner confiance aux siens et pour compenser le désastre de Tunis par un coup d’éclat de combattant de la foi. Il s’agit donc de lancer une ġaza contre l’ennemi espagnol, en profitant du reste de l’absence de sa flotte. Ce sera la célèbre expédition de Minorque, dont traitent les folios 257v-269v. La comparaison du récit des Ġazavât avec la documentation espagnole montre encore une fois combien la chronique ottomane, analysée avec soin, se révèle une source sûre17. On ne reviendra pas dans ce rapport sur le déroulement des événements, mais sur quelques points particuliers. Une flottille d’une trentaine de bâtiments est constituée, pour partie appartenant au sultan, mais aussi pour partie algérois : le pacha redevient corsaire. La conclusion du récit le rappelle sans ambiguïté : « Il rassembla le produit de ce butin. Ce qui devait être vendu le fut et tout fut rassemblé, puis il distribua le butin entre ceux à qui il revenait selon leur coutume canonique. » (264v). C’est aussi par une ruse de marin irrégulier qu’il entre déguisé dans le port de Mahon :

Sur ses instructions, tous retirèrent leurs turbans et se tinrent à leurs postes la calotte sur la tête, et nul n’émit un son en turc. Les mécréants alentour en voyant cette flotte, comme il ne s’y trouvait personne portant le turban, descendirent tous au rivage dans la joie, croyant que c’était Andrea Doria, pour demander des nouvelles de Tunis. Telle était bien l’intention de Son Excellence Hayr ed-Dîn Beg. Il jeta l’ancre dans le détroit à proximité du fort et prit position en cet endroit. Il débarqua à terre des hommes qui s’y étant rendus capturèrent et ramenèrent sans exception tous les mécréants qui étaient venus au rivage. (259v-260r).

  • 18 Un des îlots qui servaient de repaire aux pirates ou corsaires aux abords des Baléares : cf. Vidal, (...)

11Un autre épisode a l’intérêt de nous faire entrer dans l’intimité du conseil des capitaines de la flottille. Dans un premier temps, elle s’est approchée de Majorque, jetant l’ancre apparemment devant l’îlot de Cabrera18, quand un bruit de canonnade provoque l’inquiétude. Les capitaines de la flottille se perdent en conjectures :

Les capitaines s’en inquiétèrent tous et s’en allèrent sur le bateau du pacha pour lui demander : « Mon sultan, qu’est-ce que cela peut bien être ? » Parmi eux, l’un disait : « C’est Andrea Doria, qui nous cherche ; il est arrivé à ce fort et on lui fait fête. » Un autre disait : « Pas du tout, ce n’est pas cela. Si cela se trouve, la nouvelle de la prise de Tunis vient de leur arriver. » Un autre encore : « les bateaux de ce fort étaient aussi devant Tunis et ils sont revenus cette nuit. Voilà ce que c’est. » Et un autre : « Ne savez-vous pas que 60 bateaux du Portugais ont aussi combattu à Tunis ? Ayant achevé ce qu’ils avaient à faire, les voilà en route et ce fort est sur leur chemin. Ils sont arrivés cette nuit. Ce sont eux. » Un autre enfin : « En aucune façon. Ils nous ont vus et c’est pour cela qu’ils ont tiré. » En fin de compte, Son Excellence le pacha leur dit : « Ô capitaines, ce n’est rien. Ceux qui parmi vous, si Dieu le veut, se portent bien, écoutez : ce ne sont là que des salves à blanc. Ce que vous imaginez-là est sans consistance. Voyez quelles sont les ruses des mécréants ! Levez-vous maintenant pour regagner vos bateaux et reprenons notre route. » Sur cette réponse, ils se levèrent, regagnèrent leurs bateaux, déployèrent leurs voiles, prirent position aux côtés de Son Excellence Hayr ed-Dîn Beg et se mirent en route. (258r-v).

12Chacun s’exprime donc librement et pour imposer son point de vue le commandant, qui n’est qu’un primus inter pares, doit convaincre. Au demeurant la flottille s’écarte de Majorque et prend la direction de Minorque, malgré le discours rassurant de Hayr ed-Dîn, soit que celui-ci soit plus prudent qu’il ne veut bien le laisser entendre, soit qu’il lui faille tenir compte des craintes de ses compagnons.

13Hayr ed-Dîn et ses compagnons avaient quitté le port d’Alger un vendredi, le 27 août 1535, après la prière et au cri de « Au nom de Dieu ! » (258r) ; ils étaient de retour un vendredi, le 10 septembre (264v). La valeur symbolique de ces précisions est évidente : le héros est avant toute chose un ġâzî combattant pour la foi. Mais il est bien plus encore. C’est ce qu’il dit pour réconforter ses proches qui l’accueillent en pleurs à son arrivée de Tunis : « L’ordre revient à Dieu. Celui que le Seigneur n’a pas tué, nul ne le tuera et celui que le Seigneur a tué, nul ne lui rendra la vie. Assurément, Son Excellence Dieu (qu’Il soit exalté) m’a créé, moi son esclave, pour une mission : comprenez que tant que celle-ci n’aura pas été accomplie et menée à son terme, je ne saurais mourir. » (257v).

14Sur la nature de cette mission, il ne dit rien, mais d’autres passages montrent qu’il est déjà presqu’un saint. C’est, malgré l’apparence, ce que disent ces marins portugais qui s’écrient :

Ah, mon âme ! Nous avons chassé Barberousse tout nu de Tunis. Nous n’avons pas eu le temps de rejoindre chacun notre pays, voilà bien des jours que nous sommes frustrés de nos familles et maisonnées. Sans perdre un instant ni une heure, sans tarder, nous partons avec un bon vent et arrivons ici non sans peine. Et voilà qu’avec ce nombre de fugitifs il a rassemblé une telle flotte et est parvenu jusqu’ici ! Il n’y a plus de doute pour nous, maintenant : c’est le Diable (c’est-à-dire Satan) : il passe par ici, il passe par là dans la même heure et fait tout ce qu’il veut. (260v-261r).

15On conçoit que, obscurcis par leur mécréance, ces malheureux prennent Hayr ed-Dîn pour un diable. Mais la description de ses miracles est claire pour l’auditeur : le personnage évoqué est bel et bien Hıẓır, ce génie bienfaisant qui survole les eaux dont le héros porte précisément le nom.

  • 19 Il s’agissait vraisemblablement de réjouissances publiques ordonnées le 27 août 1535 par le vice-ro (...)

16Un long et curieux épisode contribue à cette sanctification du héros (264v-269v). Revenant après coup sur ces salves d’artillerie qui avaient inquiété les compagnons de Hayr ed-Dîn à Majorque, la chronique en fournit une explication vraisemblablement fausse19 et à laquelle je n’ai trouvé aucune allusion dans d’autres sources. La crainte de Barberousse provoquant la terreur et la dispersion des populations, les autorités espagnoles font brûler un condamné en le faisant passer pour Hayr ed-Dîn. Et de crier aux captifs musulmans sur place :

Holà, chiens ! Est-ce là votre Barberousse ? Voyez ce qu’il est devenu à présent ! Pensiez-vous donc que les diables viendraient toujours à votre aide et tyranniser les malheureux chrétiens ? Voici que désormais notre temps est venu. À nous de nous préoccuper de votre sort, de nous emparer de vos pays et de les ruiner, de capturer tous vos fils et filles, bref de vous faire au quintuple ce que Barberousse nous a fait ! (267r).

17Les prisonniers perdent alors tout espoir :

Dès lors que tu étais en bonne santé en ce monde, que tu [étais vivant] par dessus la terre, nous ne nous considérions pas comme prisonniers. Dussions-nous rester ainsi deux cents ans encore aux mains des mécréants, que nous nous serions considérés comme étant dans le cercle de la délivrance. Nous voici aujourd’hui prisonniers. Eh quoi ! Puissions-nous ne t’avoir pas vu ainsi ! (267v).

18Bien entendu, la vérité ne tarde pas à éclater et les captifs de railler à leur tour : « Vous avez donc brûlé Barberousse, vous ! Mais le jour où selon vos calculs vous l’avez brûlé, au même moment il s’est emparé du fort [de Mahon]. Alors, qui a brûlé dans ce feu ? Ou bien, qui est allé s’emparer de ce fort ? » (269r-v). Les manipulateurs maladroits répondent avec embarras : « Barberousse est un diable. Est-ce qu’un diable brûle jamais au feu ? Nous l’avons fait brûler ici, mais il en est sorti et il est allé ce même jour s’emparer de ce fort et le mettre en ruine. » (269v). Et notre auteur de conclure : « En vérité il en fut bien ainsi : le jour même où ils le faisaient brûler, il s’empara du fort et repartit. »

19À nouveau, l’image satanique que les chrétiens se font de Hayr ed-Dîn n’est que le négatif de sa vraie nature de saint. Les réactions des captifs musulmans à Majorque le manifestent clairement : c’est sur lui et lui seul que repose la sûreté des croyants et tout particulièrement dans ces mers d’Occident où Charles Quint et Doria – son vrai rival – sont une menace permanente, comme vient de le rappeler la chute de Tunis. Telle est la mission revendiquée par le héros. Il faut prendre le message d’autant plus au sérieux que la chronique est rédigée de son vivant.

20Le second semestre a été consacré, comme lors des années précédentes, à la lecture, la traduction et le commentaire de documents inédits du fonds du baile de Venise, conservés aux Archives d’État de Venise. On s’est intéressé au registre portant la cote 126-II 127, qui rassemble plusieurs dizaines de copies de documents de toutes natures en rapport avec l’ambassade extraordinaire de Loranzo Soranzo de juillet 1699 à mars 1703, au lendemain de la conclusion de la paix de Karlowitz (26 janvier 1699). Cette collection tire son intérêt de ce qu’elle correspond à une période de reprise de relations pacifiques et normales entre Vénitiens et Ottomans, mais aussi du fait qu’elle offre un aperçu parlant de la pratique quotidienne de la diplomatie.

21L’ordre dans lequel les documents se suivent n’est pas toujours évident. On a donc entamé la lecture en tournant les pages et lu et commenté 25 documents, en leur attribuant un numéro provisoire. Il est probable que la majorité, si ce n’est l’intégralité des documents du registre a donné lieu à une traduction, mais nous ne disposions que du fac-similé des pages portant des textes en ottoman.

  • 20 Respectivement no 13, p. 31 ; no 14, p. 31 ; no 15, p. 33.
  • 21 Sur les activités et la personne de Zurzi Cumano, Grec sujet vénitien qui fut consul à Durrës de 16 (...)
  • 22 No 8, p. 21.
  • 23 Respectivement no 11, p. 27 ; no 9, p. 25 ; no 10, p. 25.
  • 24 No 18, p. 39.
  • 25 No 19, p. 39.
  • 26 No 4, p. 17.

22La piraterie était une question particulièrement sensible. Une première affaire, typique des difficultés soulevées par le retour à la paix, est celle de Maḥmûd d’Athènes, qui avait porté plainte pour la prise de ses biens par un corsaire vénitien alors qu’il se rendait de Chio à Athènes sur un bâtiment français. Le débat portait sur la date de la prise : les Vénitiens ne contestaient pas celle-ci, mais affirmaient, arguant du témoignage d’officiers ottomans, qu’elle était antérieure à la conclusion de la paix, dont une clause prévoyait la prescription des faits survenus durant le conflit et une autre – classique – qu’un ambassadeur n’était pas comptable des dettes de ses ressortissants. Pour faire valoir cette argumentation, l’ambassadeur Soranzo écrivit à la fois au bras droit du grand-vizir (son kethüdâ), prié de faire valoir à son patron les termes du traité, au re’îsü-l-küttâb (autrement dit, à cette époque, ministre des Affaires étrangères) Râmî Meḥmed Efendi, dans le même sens mais en insistant sur son rôle dans la conclusion du traité dont l’application littérale était demandée, et enfin au grand vizir lui-même20. Les agissements du pirate Marco Stuchanovich de Perast mirent les autorités vénitiennes dans une situation plus embarrassante, car des éléments de la population accusaient le consul vénitien à Durrës Zorzi Cumano d’avoir (dans l’idée de pousser les marchands à utiliser des bateaux vénitiens plutôt qu’ottomans) incité Stuchanovich à attaquer et piller un bâtiment à l’ancre dans le port de Durrës21. Nous voyons dans un premier temps le aṣṣâb başı (responsable du transfert des moutons perçus par le fisc) menacer l’ambassadeur, si Cumano n’était pas démis, d’avertir la Porte. Celle-ci fut vite au courant et demanda à Soranzo d’agir22. Aussi écrivit-il au grand-vizir : le gouvernement vénitien, affirmait-il, n’avait pas attendu son message pour se saisir de l’affaire. C’était un point essentiel, Venise devant affirmer sans ambiguïté sa volonté de lutter contre la piraterie en Adriatique et sa capacité à le faire. À nouveau, un message au kethüdâ du grand-vizir sollicitait son intermédiaire pour que le drogman en chef pût remettre cette lettre dans les meilleures conditions, et le re’îsü-l-küttâb était lui aussi informé et prié de faire valoir à la Porte la bonne volonté vénitienne23 : il avait fallu faire pression sur les autorités espagnoles du royaume de Naples – car Stuchanovich avait cherché refuge à Otrante – pour récupérer le bateau, les marchandises et les captifs. Mais si certains marins avaient été arrêtés, leur capitaine avait fui et demeurait activement recherché. Au demeurant, les Vénitiens pouvaient aussi être les victimes, comme Giovan Marsigli, capturé par un pirate tripolitain alors qu’il se rendait de Ténédos à Nauplie sur le bateau d’Arnavud Süleymân, et envoyé à Chio pour y être vendu avec la cargaison. Cette fois c’est l'ambassadeur qui porta plainte devant le divan, par un placet24 auquel le sultan répondit par un firman de la décade du 23 septembre au 2 octobre 1702, qui rappelait la clause du traité sur la répression de la piraterie et exigeait qu’on agît en conséquence25. On sait par un troisième document26 que ce firman était adressé au apûdân paşa et que, entretemps, Marsigli était devenu esclave à Hanya, en Crète.

  • 27 Respectivement no 23, p. 43 et no 20, p. 41. Le document 8b, p. 23, évoque le même problème à Salon (...)
  • 28 Respectivement no 21, p. 41 et no 17, p. 37.

23La paix rétablie permet également le retour de la présence commerciale vénitienne à Smyrne. Un premier placet de Soranzo demande la mise à pied de Ḥâccî Ca‘fer, employé du percepteur de la capitation, qui extorque aux marchands par la violence des sommes indues. Un firman de la décade du 15 au 24 août 1702, qui nous apprend incidemment que les autres ambassadeurs ont également protesté, ordonne en effet qu’il soit mis fin aux fonctions de Ca‘fer27. Ceci ne résout cependant pas une autre difficulté rencontrée par les sujets vénitiens à l’échelle de Smyrne. Un placet de l’ambassadeur proteste contre les taxes injustifiées exigées, en sus des droits de douane normaux, sur les marchandises à l’import et l’export, notamment la vallonnée chargée à Smyrne : en exigeant trois pièce d’or en sus des 2,5 uruş normalement dus, les agents font passer les droits de 5 % à plus de 20 %. En réponse, un firman de la décade du 23 septembre au 3 octobre 1702 exige la fin de ces abus contraires au ânûn et au traité dans l’ensemble des places fréquentées par les marchands vénitiens28.

  • 29 Respectivement no 16, p. 35 et no 5, p. 18.
  • 30 N° 7, p. 19.
  • 31 N° 26, p. 45.
  • 32 Respectivement no 27, p. 47 et no 22, p. 43.
  • 33 No 25, p. 45. Le berât de Bernardo Macola fut émis le 1er octobre 1703 : cf. I libri commemoriali d (...)

24Les autres documents analysés concernent le train-train des bonnes relations soigneusement entretenues par les deux parties. L’ambassadeur félicite Dalṭaban Muṣṭafà Paşa pour son accession au grand vizirat (septembre 1702), en faisant le souhait qu’il favorise le respect de la paix et la bonne marche du commerce ; le pacha lui répond courtoisement le 13 octobre29. De même, l’ambassadeur félicite Sefer Paşa de sa désignation comme gouverneur (beglerbegi) de Bosnie, province frontalière des territoires vénitiens, en insistant sur la nécessité de préserver la paix, la prospérité et le commerce30. Enfin, mécontent de ‘Alî, janissaire affecté à sa garde (yasacı), le consul de Durrës Cumano obtient, sur requête de l’ambassadeur31, son remplacement par Receb. Nous apprenons à cette occasion que les diplomates pouvaient désigner le janissaire ayant leur préférence. Comme l’en sollicite l’ambassadeur, l’agha des janissaires informe Receb de ses devoirs par une lettre d’août-septembre 170232. Enfin on voit l’ambassadeur solliciter un berât de nomination pour le consul désigné à Lépante par Venise, Bernardo Macola33.

  • 34 Cf. no 6, p. 18 ; no 24, p. 45.

25On est frappé, à la lecture de ce petit corpus, de la façon dont l’ambassadeur s’adresse de façon systématique aux différents échelons du pouvoir central. Il ne suffit pas d’écrire au grand vizir : il faut s’assurer que la lettre sera remise dans de bonnes conditions pas le drogman de l’ambassade et que l’argumentation vénitienne sera bien prise en compte. Les lettres au grand vizir sont donc doublées de courriers à son kethüdâ et au chef de la diplomatie ottomane, le re’îsü-l-küttâb, voire selon les circonstances à l’agha des janissaires, rédigés avec une courtoisie qui tient néanmoins compte des différents niveaux hiérarchiques de ces personnages. Chacun répond également à son niveau, ne serait-ce que pour confirmer que le courrier est bien parvenu au grand vizir et qu’il va répondre de son côté34.

  • 35 Cf. no 14, p. 31 : « Mon sultan, vous n’ignorez ni ne méconnaissez les articles de l’‘ahdnâme augus (...)
  • 36 En pratique, les formes traditionnelles avaient été respectées. Le texte du traité avait fait l’obj (...)

26On signalera également la façon dont est considéré le traité de Karlowitz, qui régit désormais les rapports entre Venise et la Porte. Il s’agit d’un texte technique, auquel on fait référence en citant les numéros des chapitres et dont il est dit au re’îsü-l-küttâb Râmî Meḥmed Efendi qu’il l’a conclu35. Certes, c’est un argument pour l’engager à en respecter les clauses, mais c’est aussi donner plus d’importance aux capitulations conclues par les diplomates qu’à leur ratification postérieure par le sultan sous la forme d’un ‘ahdnâme unilatéral36.

  • 37 Ibidem.

27Il est un autre domaine pour lequel Loranzo Soranzo estime utile de mettre les choses au point. Il s’agit de la fonction du drogman en chef de l’ambassade, qui n’a aucune responsabilité à assumer et donc plus aucun rôle de négociateur ou d’intermédiaire : « Votre ul le drogman en question n’est qu’un drogman. Il n’a pas d’autre fonction que de traduire d’une langue dans l’autre les déclarations émises par les représentants37. »

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Notes

1 Présentation du texte, de l’auteur et des manuscrits dans mon rapport pour l’année 2008-2009. Nous travaillons sur le fac-similé reproduit, avec un apparat critique, par Gallotta (Aldo), « Il Ġazavât-ı Hayreddîn Paşa di Seyyîd Murâd », Studi Magrebini, 13 (1981).

2 Cf. mon rapport de l’année précédente et, pour plus de détails, mon article « Sur les objectifs de la première campagne navale menée par Hayre-d-dîn Barberousse pour le compte de Soliman le Magnifique (1534) », Archivum Ottomanicum, 35 (2018), p. 173-191.

3 Dans La Primaudaie (Hélie de), « Documents inédits sur l’histoire de l’occupation espagnole en Afrique (1506-1574) », Revue africaine, 19 (1875), p. 344-349.

4 La violence décrite par les historiens espagnols est également condamnée par Lüṭfî Paşa qui lui reproche d’avoir tué de nombreux musulmans pour s’installer à Tunis : Lüṭfî Paşa, Tevârîh-i âl-i ‘Osmân, Istanbul, Maṭba‘-ı ‘âmire, 1341/1925, rééd. Istanbul, Enderun, 1990, p. 344.

5 López de Gómara (Francisco), Crónica des los Barbarrojas, réédité sous le titre Los corsarions Barbarroja, Madrid, Ediciones Polifemo, 1989, p. 97 ; Marmol, L’Afrique de Marmol, Nicolas Perrot (trad.), Paris, 1567, p. 460.

6 Rang (Sander) et Denis (Ferdinand), Fondation de la Régence d’Alger. Histoire des Barberousse, Paris, J. Angé, 1837, t. I, p. 319.

7 Correspondance de Charles Quint avec Lope de Soria, dans Fernández-Álvarez (Manuel), Corpus documental de Carlos V, I (1516-1539), Salamanque, 1973, p. 427-440 ; « Relation de la conquête de Tunis, écrite par Charles Quint à Marie, sa sœur, reine douairière de Hongrie, gouvernante des Pays Bas », publiée par M. Dinaux, Archives du Nord de la France et du Midi de la Belgique, 4 (1834), p. 54-60 ; La Primaudaie, art. cit., p. 356-358.

8 Lüṭfî Paşa, op. cit., p. 356, prête à Mulay Hasan ce discours adressé à Charles Quint : « Le pays est à toi et moi aussi, je suis à toi. Voilà que les Rûmî [les Ottomans] sont venus et se sont emparés du pays par la ruse, et qu’ils sont devenus vos voisins. Ce qu’ils nous ont fait aujourd’hui, ils vous le feront demain. »

9 Il était sans doute difficile de refuser cette récompense aux soldats qui avaient beaucoup souffert, mais les justifications de Charles Quint, qui compromettent Mulay Hasan au passage, paraissent bien empruntées : « Et entrai en ce dit lieu, qui a été saccagé et pillé par les soldats de ma dite armée, assez du consentement du dit roi de Tunis, voyant que les habitants du dit lieu ne s’étaient mis en nul devoir envers moi ni lui. » (« Relation de la conquête de Tunis », art. cit., p. 59).

10 Tracy (James D.), Emperor Charles V, Impresario of War, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. 146.

11 Cf. Boubaker (Sadok), « L’empereur Charles Quint et le sultan hafside Mawlāy al-Ḥasan (1525-1550) », dans Sadok Boubaker et Clara İlham Álvaro Dopico (éd.), Empreintes espagnoles dans l’histoire tunisienne, Gijon, Ediciones Trea, 2011, p. 13-82 (p. 19) ; Arıkan (Muzaffer) et Toledo (Paulino), « Türk Deniz Tarihi ile İlgili Belgeler IV. II İspanya, Kuzey Afrika ve Barbaros Hayrettin Paşa », Ankara Üniversitesi Osmanlı Tarihi Araştırma ve Uygulama Merkezi Dergisi (OTAM), 5 (1994), p. 491-527 (p. 500-501, 503) ; Setton (Kenneth N.), The Papacy and the Levant, III, Philadelphie, The American Philosophical Society, 1984 p. 394, 396 n. 8.

12 La Primaudaie, art. cit., p. 337-339.

13 Arıkan et Toledo, art. cit., p. 505-506, 509-510.

14 Lettre de Charles Quint à Lope de Soria du 14 juillet 1535, dans Fernández-Álvarez, op. cit., p. 435.

15 Cf. Fernández-Álvarez, op. cit., p. 440 ; « Relation de la conquête de Tunis », art. cit., p. 60.

16 À en croire López de Gómara, Crónica, op. cit., p. 101, l’escadre impériale ne comptait elle aussi qu’une quinzaine de voiles. C’est par la suite qu’une flotte plus importante fut envoyée à Bône : Cf. Fernández-Álvarez, op. cit., p. 441-442.

17 On a consulté Aguiló (Estanislao K.), « Documentos relativos al sitio y saqueo de Mahón por Barbarroja », Rivista de Menorca, 3 (1898), p. 137-156 ; Rosselló (Ramon), « Assalt i saqueig de Maó per Barba-rossa (1535) », Estudis Baleàrics, V/18 (1985), p. 9-55 ; Vidal (Josep Juan), « La defensa del reino de Mallorca en la epoca de Carlos V (1535-1558) », dans José Martínez Millán (éd.), Carlos V y la quiebra del humanismo politico en Europa, 1530-1558, Madrid, Sociedad Estatal para la comemoración de los centenarios de Felipe II y Carlos V, 2001, p. 541-589.

18 Un des îlots qui servaient de repaire aux pirates ou corsaires aux abords des Baléares : cf. Vidal, « La defensa », art. cit., p. 556.

19 Il s’agissait vraisemblablement de réjouissances publiques ordonnées le 27 août 1535 par le vice-roi de Majorque à l’occasion de la prise de Tunis : cf. Vidal, « La defensa », art. cit., p. 560.

20 Respectivement no 13, p. 31 ; no 14, p. 31 ; no 15, p. 33.

21 Sur les activités et la personne de Zurzi Cumano, Grec sujet vénitien qui fut consul à Durrës de 1699 à 1702, cf. Luca (Cristian), « The Dynamics of Commercial Activity in the Ottoman Port of Durazzo during the Consulate of Zorzi (Giorgio) Cumano (1699-1702) », dans Markus A. Denzel, Jan de Vries et Philip Robinson Rössner (éd.), Small is Beautiful? Interlopers and Smaller Trading Nations in the Pre-industrial Period, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2011, p. 177-200, et plus particulièrement p. 181-182 pour cette affaire.

22 No 8, p. 21.

23 Respectivement no 11, p. 27 ; no 9, p. 25 ; no 10, p. 25.

24 No 18, p. 39.

25 No 19, p. 39.

26 No 4, p. 17.

27 Respectivement no 23, p. 43 et no 20, p. 41. Le document 8b, p. 23, évoque le même problème à Salonique : il s’agit de savoir si certains individus sont des résidents temporaires exempts de la capitation (cizye), ou des sujets ottomans non musulmans (zimmî) qui y sont astreints. Nous avons déjà rencontré plus d’un document traitant de cette question dans les archives du baile.

28 Respectivement no 21, p. 41 et no 17, p. 37.

29 Respectivement no 16, p. 35 et no 5, p. 18.

30 N° 7, p. 19.

31 N° 26, p. 45.

32 Respectivement no 27, p. 47 et no 22, p. 43.

33 No 25, p. 45. Le berât de Bernardo Macola fut émis le 1er octobre 1703 : cf. I libri commemoriali della Republica di Venezia, P. Predelli (éd.), vol. 8, Cambridge, Cambridge University Press, 2012, no 146, p. 115.

34 Cf. no 6, p. 18 ; no 24, p. 45.

35 Cf. no 14, p. 31 : « Mon sultan, vous n’ignorez ni ne méconnaissez les articles de l’‘ahdnâme auguste que vous avez conclu à Karlowitz » (‘ad eyledügüñüz ‘ahdnâme-i hümâyûnuñ mevâddı sulânuma hâfî ve pûşîde degül-dür).

36 En pratique, les formes traditionnelles avaient été respectées. Le texte du traité avait fait l’objet d’une rédaction provisoire (temessük, littéralement attestation) échangée entre les négociateurs le 26 janvier 1699 ; l’‘ahdnâme fut émis en avril 1701 : cf. Kołodziejczyk (Dariusz), « Between the Splendor of Barocco and Political Pragmatism: the Form and Contents of the Polish-Ottoman Treaty Documents of 1699 », Oriente Moderno, XII/83 (2003), p. 671-679 (p. 672, n. 4).

37 Ibidem.

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Pour citer cet article

Référence papier

Nicolas Vatin, « Études ottomanes, XVe-XVIIIe siècles »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 150 | 2019, 59-69.

Référence électronique

Nicolas Vatin, « Études ottomanes, XVe-XVIIIe siècles »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [En ligne], 150 | 2019, mis en ligne le 07 juin 2019, consulté le 07 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ashp/2896 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ashp.2896

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Auteur

Nicolas Vatin

Directeur d’études, M., École pratique des hautes études — section des Sciences historiques et philologiques, membre de l’Institut

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