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AccueilNuméros149Résumés des conférencesÉtudes ottomanes, XVe-XVIIIe siècles

Résumé

Programme de l’année 2016-2017 : I. Lecture et commentaires des Gazavât-i Hayre-d-dîn Pasa. — II. Lecture et commentaire de documents des archives du baile de Venise.

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Texte intégral

  • 1 Présentation du texte, de l’auteur et des manuscrits dans mon rapport pour l’année 2008-2009. Nous (...)
  • 2 C’est du moins la date indiquée par López de Gómara (Francisco), Crónica des los Barbarrojas, rééd. (...)
  • 3 Date fournie par Juan de Iribes, dans La Primaudaie (Hélie de), « Documents inédits sur l’histoire (...)

1On a continué durant le premier semestre la lecture et le commentaire des Ġazavât-ı Hayr ed-Dîn Paşa (Geste de Hayr ed-Dîn Paşa), biographie des frères Barberousse rédigée par Seyyîd Murâd1. L’année 2016-2017 a été consacrée aux folios 212v-235r, qui couvrent la période allant du 17 août 1533, date à laquelle Hayr ed-Dîn quitte Alger pour le bassin oriental de la Méditerranée2, au 17 août 1534 quand il se présente, à la tête de la flotte ottomane, devant La Goulette3, puis prend possession de Tunis. Entretemps il s’est rendu à Istanbul où il est entré au service du sultan, non plus comme roi vassal d’Alger, mais comme « esclave » (ul), non plus comme beg (qu’il faut prendre ici dans son sens prestigieux de « seigneur »), mais comme pacha.

2Quitter Alger exigeait de prendre quelques dispositions. Il s’agissait d’abord de garder le contrôle, par le choix d’un lieutenant chargé du gouvernement pendant son absence. Le sultan en l’invitant à le rejoindre avait laissé toute liberté de choix à Hayr ed-Dîn :

Or donc, si tu disposes d’une personne convenable pour garder et protéger les lieux que tu as conquis, laisse la à ta place comme lieutenant et en ce qui te concerne, viens à mon seuil de félicité. Si au contraire il n’y a personne en qui tu aies confiance et si tu n’as pas d’homme capable et apte à garder et protéger ces lieux, alors ne viens pas et reste sur place, prêt et équipé pour qu’à l’émission et l’arrivée de mon ordre sacré, quelles qu’en soient les dispositions, tu agisses en conformité avec sa teneur. (212r).

  • 4 Celālzāde Muṣṭafā gennant Ḳoca Nīşāncı, Geschichte Sultan Süleymān ānūnīs von 1520 bis 1557 oder (...)
  • 5 Gevay (Anton von), Urkunden und Aktenstücke zur Geschichte der Verhältniss zwischen Österreich, Ung (...)

3On n’est donc pas dans le cas d’un gouverneur rappelé et remplacé par décision de la capitale. Celâlzâde, qui était à l’époque re’îsül-küttâb (chef des scribes), considère dans sa chronique qu’Alger était le « vilâyet et le pays4 » de Hayr ed-Dîn et telle était bien la position officielle de la Porte, exprimée sans ambiguïté par Aloysius Gritti, le bras droit du grand vizir İbrâhîm Paşa, le 28 mai 1533 : Hayr ed-Dîn s’était emparé avec ses seules forces d’Alger, qu’il possédait comme sienne, tout « esclave » qu’il fût du Sultan5. Aussi le choix fait par Hayr ed-Dîn paraît-il significatif : il ne désigna ni un capitaine de corsaires, ni un notable local, mais un sien esclave, l’eunuque Ḥasan, manifestant ainsi que le pays était à lui. Au demeurant la prudence s’imposait, comme le montre le discours qu’il tint aux Algérois : « Je vous confie la personne que je laisse à ma place. Ne manquez pas d’avoir l’œil sur lui jusqu’à mon retour. » (213r). Le terme employé (gözleñ) est à double sens : il s’agit à la fois de protéger et de surveiller Ḥasan et en même temps, en donnant aux notables ce rôle de contre-pouvoir, d’assurer leur fidélité envers son lieutenant.

4Un autre point doit être réglé avant le départ, qui soulève des questions de principe : que faire des prisonniers chrétiens ? Le sujet est traité sur dix-huit pages (215r-223v), par le biais de deux récits : nous voyons d’abord Hayr ed-Dîn refuser de rendre contre rançon des prisonniers espagnols, puis punir par l’exécution de vingt d’entre eux des captifs qui avaient tenté de s’évader du bagne avec l’aide de la garnison espagnole de Bougie et la complicité d’un geôlier (en fait fidèle à Hayr ed-Dîn averti par un rêve témoignant une fois encore de sa sainteté). Certes, on pouvait mettre à la rame les captifs, ou s’ils n’y étaient pas aptes les affecter à d’autres tâches. Mais les rançonner était dans la logique de la pratique de la course, ce que les compagnons de Hayre-d-dîn ne manquent pas de lui rappeler. Ce gain à court terme peut cependant à moyen ou long terme être nuisible à l’Islam et l’on a vu précédemment le héros, qui est bien plus qu’un corsaire, s’y opposer, sollicitant même une fatwa pour justifier l’exécution de captifs (81r-v). Plusieurs questions se posent donc : 1o) si on libère les prisonniers, ils reprendront le combat et les musulmans en souffriront ; 2o) si on les maintient sur place, les musulmans en souffriront parce qu’Alger risque d’être attaquée à cause d’eux en l’absence du maître ; 3o) si celui-ci les emmène avec lui, ils pourront trouver des occasions d’évasion, ce qui ramène au point 1 ; 4o) s’ils sont massacrés, les musulmans en souffriront, car les chrétiens exerceront des représailles sur les musulmans captifs chez eux. Hayr ed-Dîn pourrait avoir recours à une solution classique en acceptant un petit mal individuel pour un plus grand bien collectif, mais sa hauteur morale le lui interdit. Nous sommes donc dans une impasse. Pourtant, la suite du texte contredit ce qui précède, puisqu’elle fait valoir que la fermeté du héros, qui applique le principe de dix yeux pour un œil, a amené les infidèles à mieux traiter leurs captifs. La contradiction est résolue par la rébellion des captifs qui ourdissent une tentative d’évasion par la violence, ce qui va justifier une brutale répression. « Si grande fut la crainte [des vils mécréants] qu’ils ne firent pas couler le sang du nez d’un seul captif » (223r-v). C’est donc par la terreur que Hayr ed-Dîn résout son dilemme. Mais le lecteur doit comprendre qu’il s’agit non d’un acte de sauvagerie, mais d’une décision entraînée par les actes des prisonniers chrétiens eux-mêmes, dictée par une réflexion morale et, plus encore, implicitement soutenue par Dieu, puisque la conduite du héros a été suscitée par un rêve.

  • 6 López de Gómara, Cronicá, op. cit., p. 90-92 ; idem, Guerras de mar del Emperador Carlos V, Bunes I (...)
  • 7 10 galères et 10 fustes selon Ochoa D’Ercilla ; 7 galères et 11 fustes selon López de Gómara, Croni (...)
  • 8 12 selon Ochoa d’Ercilla ; 1 galère et 15 fustes selon López de Gómara.
  • 9 Gevay (Anton von), Urkunden und Aktenstücke zur Geschichte der Verhältniss zwischen Österreich, Ung (...)
  • 10 Cf. Lüṭfî Paşa, Tevârîh-i âl-i ‘Osmân, Istanbul, Maṭba‘-ı ‘âmire, 1341/1925, rééd. Istanbul, Enderu (...)

5Ces dispositions prises, Hayr ed-Dîn prend la mer, suivant jusqu’à Coron un itinéraire qu’on peut établir plus précisément en confrontant notre chronique aux sources espagnoles6 : Sardaigne, Bouches de Bonifacio, Montecristo, canal de Piombino et île d’Elbe où Porto Ferraio est mis à sac, puis, après l’attaque d’une flottille génoise, détroit de Messine, Prévéza, Navarin, Coron. C’est un itinéraire normal, qui avait en outre l’avantage de fournir l’occasion de butin. Car c’est encore d’une flotte de corsaires qu’il s’agit, qui n’a pas pour unique mission de faire du tort à l’ennemi : de ce double souci témoigne la conclusion du combat mené contre ces dix huit barça génoises surprises entre Gênes et Messine : « Il les prit toutes, en captura les mécréants et laissa le pillage et la mise à sac de leurs cargaisons à ses compagnons. Ayant enrichi ces derniers, il mit le feu à ces dix huit barça en face de ce pays, inspirant la terreur à la population. » (224r). On sait d’ailleurs par les sources espagnoles que la flottille algéroise fut grossie en Sardaigne de celle de Yûsuf de Djerba. Nous avons donc affaire, selon un schéma déjà rencontré, à une coalition temporaire de corsaires unissant leurs forces le temps d’une campagne en mer. Ces indépendants pourraient avoir représenté une bonne moitié des effectifs. En effet, à en juger par les sources espagnoles, Hayr ed-Dîn avait quitté Alger avec une vingtaine de voiles7 ; Yûsuf, toujours selon eux, en commandait 12 à 168. On obtient ainsi un total d’environ 36 bâtiments. Mais les Ġazavât indiquent que Hayr ed-Dîn en avait 44 en Adriatique, dont il renvoya 25 en hâte vers l’ouest, à la poursuite d’Andrea Doria (224v-225r). Or ceci semble conforme au renseignement – le seul absolument sûr dont nous disposions – fourni par l’ambassadeur de Ferdinand de Habsbourg à la Porte, Vespasien von Zara, qui vit arriver Hayr ed-Dîn à Istanbul le 21 novembre avec 18 voiles9. Jusqu’à Prévéza, donc, même si l’inutile poursuite d’Andrea Doria – le seul rival du héros – donne à ce déplacement une valeur plus haute, c’est à une campagne corsaire classique qu’on assiste, menée avec une flotte où les bateaux de Hayr ed-Dîn ne représentent qu’un peu moins de la moitié des effectifs. L’atmosphère change alors un peu, avec le renvoi de 25 bateaux et la rencontre à Navarin de la flotte ottomane qui, forte de 80 à 100 voiles, avait précédemment échoué à empêcher l’arrivée de renforts dans la garnison de Coron tenue par les Espagnols10. Au demeurant, Hayr ed-Dîn ne se place pas sous le commandement du apûdân Kemânkeş Aḥmed Beg, mais poursuit sa route vers Coron où, en libérant des captifs « turcs » – sans d’ailleurs que la chronique nous explique comment il put faire – il rehausse sa stature et fait un premier pas vers son nouveau statut d’homme d’État.

  • 11 Sur ce qui suit, cf. Vatin (Nicolas), « Comment Hayr ed-Dîn Barberousse fut reçu à Istanbul en 1533 (...)
  • 12 Arrivé le 21 novembre, il fut reçu le 29 : cf. Gevay, op. cit., II, p. 119.
  • 13 Giovio (Paolo), Pauli Iovii Novocomensis espiscopis nucerini Historiarum sui temporis tomus primus, (...)
  • 14 Sanudo (Marino), Diarii, Venise, 1899, LVI 91, 105, 208, 229, 270, 271, 313, 401.
  • 15 Lettre datée à Ratisbone du 2 septembre 1532, dans Fernández-Álvarez (Manuel), Corpus documental de (...)

6Nous sommes en effet au moment où le destin de Hayr ed-Dîn bascule, puisqu’il prend la route d’Istanbul. Ce choix allait-il de soi ? Ce n’est pas certain11. On observe en effet que, arrivé aux Dardanelles, il dut arrêter sa course et envoyer demander à la capitale l’autorisation de pénétrer en mer de Marmara. Certes, celle-ci fut accordée, mais ceci prouve que le corsaire qui se présentait avec sa flotte privée n’était pas encore considéré comme un officier pareil à un autre. Bien plus, à son arrivée à Istanbul, il demeura trois jours à bord de sa galère, faute d’un lieu préparé à l’avance pour l’héberger, lui et sa suite. De même, bien que la chronique minimise ce fait, il dut attendre une semaine pour être reçu par Soliman, après audition d’un rapport le concernant (226v)12. Ainsi, tout donne à penser qu’il n’était pas attendu, et même qu’on s’interrogea sur les missions à lui confier, d’autant qu’il se heurtait à l’hostilité d’une partie des pachas, ce que rapporte Giovio13 et que confirment non seulement les rapports de l’ambassadeur à Istanbul de Ferdinand de Habsbourg, mais aussi les propos haineux tenus à son égard par Lüṭfî Paşa dans la chronique qu’il rédigea par la suite. En fait, il paraît clair que Soliman et son puissant grand vizir, İbrâhîm Paşa, avaient fait appel à Hayr ed-Dîn au lendemain de la campagne d’Allemagne et de la prise de Coron par les Espagnols en 1532. Il n’y a pas de raison de douter de la véracité du message que les Ġazavât attribuent à Soliman : « J’ai à présent de saints projets sur les pays d’Espagne. Viens et demeure auprès de moi, car de la racine aux branches tu connais les voies et les pistes de ces lieux. » (212r). Du reste, dès avant la campagne d’Allemagne, à partir de février 1532 et de façon croissante en avril et en mai, les informations recueillies à Venise se faisaient l’écho de l’appel lancé par le sultan à Hayr ed-Dîn pour rejoindre la flotte ottomane14. En septembre, Charles Quint se disait certain qu’il rejoindrait Istanbul à la saison suivante15. Cependant on a vu que Soliman n’envisageait pas pour autant qu’il abandonnât nécessairement Alger : il pouvait aussi bien s’y tenir prêt pour répondre à tout appel, en bon vassal. Mais puisqu’il était là, que faire de lui ?

  • 16 Cf. Bostan (İdris), « The Establishment of the Province of Cezayir-i Bahr-i Sefid », dans Zachariad (...)

7Dans l’immédiat on ne lui confie pas le commandement de la flotte (exercé par Lüṭfî Paşa16), mais, sans titre bien précis, le soin de réorganiser l’arsenal, « d’y faire construire des bateaux à sa manière et d’en être responsable : il dirigerait le travail selon ses compétences et ses souhaits » (227r). C’est finalement au grand vizir, dont il est en quelque sorte le client, de trancher. Or il se trouve à Alep, à la veille d’une grande campagne contre les Safavides d’Iran. Sur sa demande, Hayr ed-Dîn lui est envoyé. L’intéressé accepte d’ailleurs volontiers ce voyage en plein hiver, « parce qu’il avait lui aussi grand désir de voir le défunt [İbrâhîm Paşa], dans l’idée que l’ordre [du Sultan] serait ainsi accompli, enfin parce qu’il souhaitait voir la région d’Alep en passant par l’intérieur des terres. En effet, il n’avait jamais vu l’intérieur des terres et avait grand désir de le voir » (227v). À Alep, le grand vizir met en scène la remise à Hayr ed-Dîn d’un berât accompagné de riches présents : alors que, la veille, il avait été placé au divan à un rang inférieur, « cette fois feu İbrâhîm Paşa le prit auprès de lui et lui désigna une place au dessus des autres beg » (229r). C’est un coup de théâtre, destiné à frapper les esprits et proclamer haut et fort, loin des intrigues et des ragots de la capitale, que la volonté du sultan et du grand vizir était claire et devait être respectée de tous. Hayr ed-Dîn était désormais un des personnages les plus considérables de l’État, jouissant de la confiance du souverain et de son tout puissant ministre. Le retour à Istanbul confirma cette faveur, le nouveau pacha affichant sa splendeur et sa fidélité à la dynastie en multipliant les aumônes et les pèlerinages aux lieux saints de l’Empire, notamment les tombes dynastiques de Bursa (229r-v).

  • 17 Art. cit. Une version turque est plus complète : « Cezâyir-i Bahr-ı Sefîd Eyaletinin Kuruluşu, 1534 (...)
  • 18 Gevay, op. cit., II, p. 34.

8L’épisode est de grande importance, pour Hayr ed-Dîn, mais aussi pour l’État ottoman, car Soliman et İbrâhîm Paşa créèrent pour le nouveau venu une institution qui allait tenir désormais une place essentielle dans la marine ottomane : le « gouvernorat des îles » (cezâyır beglerbegiligi), qui allait être l’apanage du apûdân paşa, titre qu’on a souvent traduit par « Grand Amiral ». En 1533, les choses étaient un peu plus compliquées, d’autant que l’homonymie totale entre « les îles » et Alger (Cezâyır) crée des confusions. L’analyse comparée des sources permet d’aller un peu au delà de l’important travail de défrichage d’İdris Bostan17. Manifestement, les pachas en général, mais aussi le grand vizir lui-même montraient de la réticence à confier le commandement en chef de la flotte au vieux corsaire. Dans un premier temps, on avait envisagé de l’entourer en mer de « quelques sancabegi qui eussent quelque autorité sur lui et pussent le révoquer de leur propre volonté », à en croire du moins – mais pourquoi non ? – Aloysus Gritti, bras droit du grand vizir18. En 1537, le beglerbegi des îles participa à la campagne de Corfou, mais sous le commandement de Lüṭfî Paşa. Du reste, les Ġazavât l’expriment clairement : de retour d’Alep, « il entreprit de se consacrer à son service et commença à accomplir à souhait les obligations qui lui incombaient. Dès que l’ordre de Son Excellence le pâdişâh refuge du monde avait été émis de mettre tous ses bateaux en état, il l’avait fait en conformité avec cet ordre. » (229v-230r). Ainsi, si son beglerbegilik des îles lui donnait d’abondants revenus tirés des territoires côtiers et insulaires de l’Empire sur la hiérarchie militaro-administrative desquels il avait désormais autorité, ces moyens considérables devaient avant tout lui permettre d’administrer la marine et faire fonctionner l’Arsenal, de remplir en somme les fonctions d’un « premier lord de l’Amirauté ottomane ».

  • 19 Sur ce qui suit, cf. Vatin (Nicolas), « Sur les objectifs de la première campagne navale menée par (...)
  • 20 Cf. Setton (Kenneth N.), The Papacy and the Levant, III, Philadelphie, The American Philosophical S (...)
  • 21 Lüṭfî Paşa, Tevârîh p. 344.
  • 22 Gökbilgin (M. Tayyip), « Venedik Devlet Arşivindeki Vesikalar Külliyatında Kanuni Sultan Süleyman D (...)

9C’est néanmoins comme seul maître à bord que Hayr ed-Dîn Paşa quitta Istanbul le 28 mai 1534, à la tête d’une flotte qui ravagea les côtes occidentales de l’Italie, de Reggio de Calabre à Ostie, avant de prendre la direction de l’Afrique du Nord19. Le simple fait que, pour la première fois, une flotte officielle ottomane pénétrait dans le bassin occidental de la Méditerranée constituait un événement historique. De plus, la campagne s’acheva par la prise de Tunis. Aussi les historiens ont-ils généralement considéré que cette conquête (d’ailleurs provisoire) était le but de l’expédition. À l’appui de cette opinion, ils développent des considérations géostratégiques convaincantes. De plus, on sait que certains observateurs occidentaux de l’époque ont eux aussi envisagé une menace sur Tunis20. Pourtant on n’a pas conservé de texte ottoman contemporain donnant cette indication. Bien plus, les instructions reçues par Hayr ed-Dîn semblent avoir été autres. Nous sommes dans le contexte d’un départ en campagne du sultan et du grand vizir vers l’Iran et d’un accord avec François Ier, à un moment où le principal souci de la Porte était sans doute d’assurer ses arrières. Aussi peut-on supposer qu’étaient toujours d’actualité les objectifs définis un peu plus haut dans les Ġazavât : « C’était, en attendant de s’abattre sur les territoires de ce roi d’Espagne, de lancer des expéditions, d’envoyer des flottes, de causer pertes et dommages, de leur infliger des désastres répétés, bref de ne pas cesser de tourmenter de toutes les manières les ennemis sans religion jusqu’à ce que Son Excellence Dieu (qu’Il soit exalté) fournît l’occasion et la victoire et que [lui-même, le sultan] allât libérer ces pays de l’obscurité de la mécréance et les peupler de musulmans. » (211v). Lüṭfî Paşa, hostile à Hayr ed-Dîn et non dénué de mauvaise foi (puisque la flotte effectua bel et bien des descentes contre l’ennemi), mais parfaitement au courant des faits, affirme que Tunis n’était pas l’objectif fixé : « En l’an 941/1534-1535, Hayre-d-dîn Paşa avait été envoyé en mer pour tirer vengeance des crimes que la flotte des mécréants avait commis dans les territoires musulmans. Cependant il ne se rendit pas dans les pays des mécréants, mais dans le pays de Tunis qui est sur le rivage du Maghreb21. » Enfin T. Gökbilgin a publié un ordre22, daté de la décade du 23 juillet au 1er août 1534 au camp de Hôy en Azerbaïdjan iranien, par lequel Soliman ordonnait à Hayr ed-Dîn de régler des affaires de piraterie entre Coron et Modon, attendu que « l’ordre lui avait été donné de s’occuper de cette zone. » On voit que, dans l’esprit du sultan, la flotte ottomane ne devait pas se trouver bien loin des eaux grecques. S’il avait chargé Hayr ed-Dîn d’aller conquérir Tunis, pouvait-il penser qu’à l’arrivée de cet ordre la flotte se trouverait encore à distance raisonnable de la Morée ? Cela paraît douteux.

  • 23 Affaire célèbre : Giulia Gonzaga ne dut son salut qu’à une fuite éperdue en tenue de nuit : cf. A.  (...)
  • 24 Guerras de mar, op. cit., p. 156.
  • 25 C’est l’hypothèse de Garnier (Édith), L’alliance impie. François Ier et Soliman le Magnifique contr (...)

10Or la lecture des Ġazavât nous conforte dans notre impression. À partir de son arrivée sur les rives occidentales de l’Italie, la chronique décrit des opérations contre l’ennemi, dont les escadres sont détruites, le pays mis à sac et les populations capturées. Des environs de Messine à l’îlot de Procida, ce sont des places appartenant au royaume de Naples, donc à Charles Quint, qui sont visées. L’expédition se poursuit par Sperlonga – d’où un détachement s’enfonce jusqu’à Fondi23 – et Terracina. Nous sommes cette fois sur les territoires du Pape, autre ennemi des Ottomans. L’étape suivante est connue des sources occidentales : il s’agit des bouches du Tibre, ce qui provoque une panique à Rome, mais Barberousse se borne à faire de l’eau. Les Ġazavât n’en parlent pas, peut-être par ce qu’il eût été difficile d’expliquer pourquoi le héros renonça à une si belle occasion de ravager, voire de conquérir, la capitale de la chrétienté catholique. Jusqu’à ce point, les sources concordent sur des opérations apparemment conformes aux instructions reçues. Ensuite, elles divergent : selon López de Gómara24, qui semble faire des confusions de dates, Hayr ed-Dîn remonta le long des côtes génoises, mais toute la documentation, ottomane ou italienne, nous montre la flotte prenant directement la direction de l’Afrique du Nord. La décision d’épargner les côtes génoises avait-elle été prise à Istanbul ? Les accusations de Lüṭfî Paşa laissent entendre le contraire. Hayr ed-Dîn y renonça-t-il parce que les forces françaises attendues n’étaient pas à pied d’œuvre ? Agit-il en corsaire soucieux de préserver un butin peut-être devenu trop encombrant ? Ou bien encore les opérations de 1534 n’avaient-elles pour but que de préparer une opération franco-ottomane l’année suivante25 ? La flotte ottomane serait alors partie pour hiverner à Alger et y préparer une grande opération en 1535.

11Toutes ces hypothèses sont envisageables, mais rien ne permet de trancher. En somme, il n’y a pas de raison de ne pas accepter la version de Hayr ed-Dîn lui-même, telle qu’elle est décrite dans ses Ġazavât : « Son projet était d’aller à Alger. Alors qu’il faisait route dans cette intention, un vent contraire se leva dont la violence poussa les bateaux sur la côte arabe et le mena devant le fort de Bizerte. » (233r). Dès lors les événements s’enchaînent : l’impopulaire sultan hafside prend la fuite et, invité par les notables, Hayr ed-Dïn s’empare de Tunis sans coup férir. La chronique préfère cependant taire le fait que le héros a mensongèrement laissé croire aux Tunisois qu’il était accompagné de Rashid, un prétendant hafside (233r-235r). Cette omission, qui évite au héros et au sultan d’être accusés de traîtrise envers des musulmans, souligne un point essentiel : puisque le sultan maintenait Rashid à Istanbul, il n’envisageait pas en 1534 d’intervenir à Tunis. C’est précisément ce que nous disent les Ġazavât : il n’avait pas été prévu de faire de nouvelles conquêtes au Maghreb. C’est le hasard – un vent contraire, la situation politique sur place – qui mit Tunis à portée de Hayre-d-dîn : il saisit l’occasion.

12On peut donc conclure comme Lüṭfî Paşa que Hayr ed-Dîn, en épargnant les territoires génois, négligea en partie ses instructions, mais aussi qu’il les outrepassa en s’emparant de Tunis. Il s’agit donc d’une action personnelle, ce que vient confirmer un curieux passage des Ġazavât : le héros, au lendemain du sac de Reggio, fait un rêve où le Prophète lui annonce que la conquête de Malte lui est réservée et, considérant en conséquence qu’il n’y a pas urgence, décide de poursuivre sa campagne vers le nord le long des côtes italiennes (230v-231v). Autrement dit, bien que mis à la tête de la flotte du sultan, Hayre-d-dîn donne l’impression d’agir pour son compte avant tout, ou pour le moins de sa propre initiative : tel est le cas à Tunis. Le pacha est encore, à bien des égards, un corsaire.

13Un dernier point mérite d’être souligné. La chronique désigne le grand vizir İbrâhîm Paşa comme « défunt » (merûm), ce qui implique que ces pages ont été rédigées après 1536. Mais d’autre part l’auteur prend la parole pour que Dieu accorde la prise de Malte à Hayr ed-Dîn (231r-v), ce qui implique qu’il rédigeait avant la mort de celui-ci en 1546. On peut être plus précis, car il évoque également la captivité de Ṭurġud, dont on sait qu’il fut pris par Gianettino Doria en 1540 et fut racheté par Hayr ed-Dîn en 1543. Nous disposons ainsi d’indications assez précises sur la date de rédaction de la chronique, ou tout au moins de cette partie de celle-ci.

14Le second semestre a été consacré, comme lors des années précédentes, à la lecture, la traduction et le commentaire de documents inédits du fonds du baile de Venise, conservés aux Archives d’État de Venise. Mme Elisabetta Borromeo a présenté des documents issus de la busta 108-I et de la busta 125. J’ai moi-même présenté plusieurs documents de la busta 126-II.

15Datés de la fin du xvie siècle, les trois documents de la busta 108-I portent sur les problèmes frontaliers entre l’Empire ottoman et la République de Venise en Dalmatie, notamment à la suite d’incursions des Uscoques. Le plus ancien, daté de 1585, est une lettre adressée au gouverneur vénitien de Spalato/Spilt par un certain Muṣṭafà [Paşa] qui se plaint de ce que des sujets ottomans venus commercer à Spalato ont été pris par des brigands sujets de Venise qui se faisaient passer pour des Uscoques ; il accuse le gouverneur de Spalato de les protéger. Le rapport de Meḥmed Paşa, sancabegi de Kilis, daté de la décade du 30 octobre au 9 novembre 1590, informe de la complicité entre des sujets chrétiens de Sek, des Uscoques et des Vénitiens contre les autorités ottomanes. Enfin le troisième document, non daté, est la copie d’une lettre du grand vizir informant le doge de Venise qu’en raison des dommages que le sancabegi de Krka Meḥmed Beg a fait subir aux ressortissants vénitiens, on l’a remplacé par İdris Beg. En échange, on attend du doge le respect entier des capitulations et qu’il fasse le nécessaire pour obtenir la libération d’un alâybegi et d’un cadi précédemment capturés.

16Les documents de la busta 125 (I et II), plus tardifs (fin xviie-début xviiie siècle) concernent les relations commerciales vénéto-ottomanes dans les îles de l’Égée, à Mytilène notamment. Trois documents (la copie d’un firman, une lettre et une note) traitent tous d’une même affaire : le zimmi de Chio Panos, capitaine des frégates d’Égypte, s’étant emparé, près de Nauplie où il commerçait, d’une frégate corsaire espagnole, avait fait 58 captifs remis aux Vénitiens. Le sultan approuve une procédure d’échange avec des captifs musulmans.

17Les documents de la busta 126-II étudiés cette année (nos 128 à 133) sont de la première décennie du xviiie siècle, dans une période, au lendemain de la paix de Karlowitz de 1699, où se remettent en place des relations pacifiques, parfois non sans mal. Une lettre non datée (no 129) d’un certain Meḥmed Efendi à l’ambassadeur de Venise fait suite à la libération de captivité de l’intéressé, grâce semble-t-il à l’entremise (rémunérée ?) de l’ambassadeur. Trois copies de placets adressés par le baile à la Porte (nos 130 et 131) traitent, encore une fois, de la piraterie dont se rendent coupables des sujets ottomans du bassin oriental de la Méditerranée, en collaboration avec des corsaires maghrébins, contre des bateaux de commerce et des territoires vénitiens (Morée, Tinos, Suda en Crète). On notera que si le diplomate vénitien juge utile de se tourner vers le sultan, il souligne aussi la mauvaise volonté des autorités locales, dont un pacha de La Canée qu’on peut identifier à Ḳalaylıḳoz Aḥmed Paşa, ce qui permet de dater les documents copiés dans le no 130 d’une période allant d’avril 1705 à juillet 1706. Un sujet récurrent dans la documentation, qui réapparaît ici, est celui du statut des sujets vénitiens passant par le territoire ottoman : le baile Ascanio Giustinian doit intervenir à plusieurs reprises pour faire restituer par des collecteurs (cizyedâr) indélicats des sommes perçues de sujets vénitiens au titre de la capitation, alors que, de passage, ils ont le statut de résident temporaire (müste’min). Le rapport d’un nâ’ib à Rodosto/Tekirdağ, du 26 avril 1707, rend compte de l’exécution d’un firman de la décade précédente exigeant que justice soit rendue (n133) ; un firman daté de la décade du 4 au 13 mars 1708 (no 132), de même teneur, concerne le cizyedâr de Malkara, qui avait imposé à l’aller et au retour un messager vénitien en provenance de Morée. On signalera enfin un nişân-ı şerîf daté de la décade du 5 au 13 octobre 1700 renouvelant sur la demande du comte d’Oettingen, ambassadeur d’Autriche, et à l’évidence à la suite de la conclusion de la paix de Karlowitz, un document similaire qui rappelait les droits des jésuites sur le territoire ottoman et les protégeait non seulement des avanies des autorités locales, mais encore de l’hostilité des sujets orthodoxes du sultan.

18Le second semestre a été marqué par les interventions de trois collègues étrangers. On trouvera ci dessous le rapport de M. Marinos Sariyannis, maître de conférences invité par notre Section, qui a présenté quatre conférences sur les perceptions ottomanes du surnaturel. En outre, deux invités de l’École des hautes études en sciences sociales ont animé chacun une séance : M. Ali Yaycıoğlu (Stanford University) a fait le 16 mars 2017 un exposé intitulé « Une mort d’homme d’État ottoman en 1808 » et Mme Tijana Krstic (Central European University, Budapest), le 18 mai, sur un grand vizir catéchiste, Lüṭfî Paşa, et l’organisation d’une confession sunnite dans l’Empire ottoman du xvie siècle.

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Notes

1 Présentation du texte, de l’auteur et des manuscrits dans mon rapport pour l’année 2008-2009. Nous travaillons sur le fac-similé reproduit, avec un apparat critique, par Aldo Gallotta, « Il Ġazavât-ı Hayreddîn Paşa di Seyyîd Murâd », Studi Magrebini, 13 (1981).

2 C’est du moins la date indiquée par López de Gómara (Francisco), Crónica des los Barbarrojas, rééd. Los corsarios Barbarroja, Madrid, Ediciones Polifemo, 1989, p. 90.

3 Date fournie par Juan de Iribes, dans La Primaudaie (Hélie de), « Documents inédits sur l’histoire de l’occupation espagnole en Afrique (1506-1574) », Revue africaine, 19 (1875), p. 344-349.

4 Celālzāde Muṣṭafā gennant Ḳoca Nīşāncı, Geschichte Sultan Süleymān ānūnīs von 1520 bis 1557 oder abaāt ül-Memālik ve Derecāt ül-Mesālik, Kappert (Petra) éd., Wiesbaden, Franz Steiner Verlag, 1981, 245v.

5 Gevay (Anton von), Urkunden und Aktenstücke zur Geschichte der Verhältniss zwischen Österreich, Ungarn und der Pforte im XVI. und XVII Jahrhunderte aus Archiven und Bibliotheken, I. Gesandschaft König Ferdinands I. an Sultan Suleiman I. 1532-1533, Vienne, 1838, p. 16.

6 López de Gómara, Cronicá, op. cit., p. 90-92 ; idem, Guerras de mar del Emperador Carlos V, Bunes Ibarra (Miguel Ángel de) et Jiménez (Nora Edith) éd., Madrid, Sociedad Estatal pero la conmemoración de los centenarios de Felipe II y Carlos V, [2002], p. 150-151 ; rapport du capitaine Ochoa d’Ercilla dans La Primaudaie, art. cit., p. 271-272.

7 10 galères et 10 fustes selon Ochoa D’Ercilla ; 7 galères et 11 fustes selon López de Gómara, Cronicá, p. 90.

8 12 selon Ochoa d’Ercilla ; 1 galère et 15 fustes selon López de Gómara.

9 Gevay (Anton von), Urkunden und Aktenstücke zur Geschichte der Verhältniss zwischen Österreich, Ungarn und der Pforte im XVI. Und XVII Jahrhunderte aus Archiven und Bibliotheken, II. Gesandtschaft König Ferdinands I. an Sultan Suleiman I. 1534, Vienne, 1839, p. 119.

10 Cf. Lüṭfî Paşa, Tevârîh-i âl-i ‘Osmân, Istanbul, Maṭba‘-ı ‘âmire, 1341/1925, rééd. Istanbul, Enderun, 1990, p. 343-344 ; Gevay, op. cit., I, p. 16, II, p. 80.

11 Sur ce qui suit, cf. Vatin (Nicolas), « Comment Hayr ed-Dîn Barberousse fut reçu à Istanbul en 1533 », Turcica, 49 (2018).

12 Arrivé le 21 novembre, il fut reçu le 29 : cf. Gevay, op. cit., II, p. 119.

13 Giovio (Paolo), Pauli Iovii Novocomensis espiscopis nucerini Historiarum sui temporis tomus primus, Paris, Michel Vescovanus, 1553, 135v-136r.

14 Sanudo (Marino), Diarii, Venise, 1899, LVI 91, 105, 208, 229, 270, 271, 313, 401.

15 Lettre datée à Ratisbone du 2 septembre 1532, dans Fernández-Álvarez (Manuel), Corpus documental de Carlos V, I (1516-1539), Salamanque, 1973, p. 396.

16 Cf. Bostan (İdris), « The Establishment of the Province of Cezayir-i Bahr-i Sefid », dans Zachariadou (Elizabeth) éd., The Kapudan Pasha, His Office and His Domain, Rethymno, Crete University Press, 2002, p. 241-251 (p. 244).

17 Art. cit. Une version turque est plus complète : « Cezâyir-i Bahr-ı Sefîd Eyaletinin Kuruluşu, 1534 », dans Id., Beylikten İmparatorluğa Osmanlı Denizciliği, Istanbul, Kitapyayınevi, 2006, rééd. 2011, p. 47-66.

18 Gevay, op. cit., II, p. 34.

19 Sur ce qui suit, cf. Vatin (Nicolas), « Sur les objectifs de la première campagne navale menée par Hayr ed-Dîn Barberousse pour le compte de Soliman le Magnifique (1534) », à paraître dans Archivum Ottomanicum. Cf. également Kumrular (Özlem), « İspanyol ve İtalyan Kaynakları Işığında Barbaros’un 1534 Seferi », dans Ead., Yeni Belgeler Işığında Osmanlı-Habsburg Düellosu, Istanbul, Kitap Yayınevi, 2011, p. 191-214.

20 Cf. Setton (Kenneth N.), The Papacy and the Levant, III, Philadelphie, The American Philosophical Society, 1984, p. 395 n. 4 ; Kumrular, art. cit., p. 197.

21 Lüṭfî Paşa, Tevârîh p. 344.

22 Gökbilgin (M. Tayyip), « Venedik Devlet Arşivindeki Vesikalar Külliyatında Kanuni Sultan Süleyman Devri Belgeleri », Belgeler, I-2 (1964), p. 119-220 (p. 188).

23 Affaire célèbre : Giulia Gonzaga ne dut son salut qu’à une fuite éperdue en tenue de nuit : cf. A. Guglielmotti, La guerra dei corsari e la marina pontificia, Florence, Le Monnier, 1876, p. 384-385.

24 Guerras de mar, op. cit., p. 156.

25 C’est l’hypothèse de Garnier (Édith), L’alliance impie. François Ier et Soliman le Magnifique contre Charles Quint, Paris, Le Félin, 2008, p. 80.

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Pour citer cet article

Référence papier

Nicolas Vatin, « Études ottomanes, XVe-XVIIIe siècles »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 149 | 2018, 56-64.

Référence électronique

Nicolas Vatin, « Études ottomanes, XVe-XVIIIe siècles »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [En ligne], 149 | 2018, mis en ligne le 11 juillet 2018, consulté le 07 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ashp/2239 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ashp.2239

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Auteur

Nicolas Vatin

Directeur d'études, M., École pratique des hautes études — Section des sciences historiques et philologiques

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