L’Europe et le monde germanique (époque moderne et contemporaine)
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1Nous avons d’abord appliqué au cas du Viennois Karl Kraus les catégories d’analyse proposées par Antoine Compagnon dans Les Antimodernes, de Joseph de Maistre à Roland Barthes (2005). Ennemi de ce qu’on est convenu d’appeler la « modernité viennoise », Kraus place sa revue Die Fackel tantôt sous le signe des Lumières (ce que connote la traduction de Fackel par Flambeau ; l’autre traduction possible, La Torche, convient mieux au redoutable polémiste et pamphlétaire Kraus), tantôt sous celui d’une critique virulente de l’idée de progrès, du libéralisme et de la rationalité scientifique et technique. Passant d’un extrême à l’autre en politique (sympathisant social-démocrate au début, puis ultra-conversateur à la veille de la Première Guerre mondiale, proche de « Vienne la rouge » en 1920 et finalement partisan de Dollfuss, « moindre mal » face au nazisme), il critique la société contemporaine avec une « éloquence véhémente et apocalyptique » (formule de Brunetière à propos de Joseph de Maistre en 1906). Sa conversion au catholicisme, en 1911, manifeste son adhésion aux positions antimodernistes de Pie X. Dans « Bekenntnis » (F 443-444, mi-novembre 1916, p. 28), il identifie son combat contre Vienne la béotienne à l’expédition des Épigones repartant à l’assaut de Thèbes. C’est dans la critique de la presse contemporaine, qu’il considère comme l’ennemie la plus dangereuse de la culture, que l’antimodernisme de Kraus s’exprime le plus nettement. Cet antimodernisme permet aussi de comprendre pourquoi Kraus parle parfois des Juifs contemporains avec si peu d’aménité que ses propos pourraient être ceux d’un antisémite.
2La suite de la conférence a été consacrée à l’analyse du chef-d’œuvre de Karl Kraus consacré à la Première Guerre mondiale, Les Derniers jours de l’humanité. Ce texte consistant pour moitié en citations de documents contemporains (articles de journaux et de revues, discours et communiqués officiels, affiches, photographies et cartes postales, etc.), on s’est efforcé de confronter quelques scènes avec les sources documentaires de Karl Kraus.
3En dernière partie de la conférence, nous avons étudié le texte de Walter Benjamin sur Karl Kraus de 1931.
Pour citer cet article
Référence papier
Jacques Le Rider, « L’Europe et le monde germanique (époque moderne et contemporaine) », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 147 | 2016, 277.
Référence électronique
Jacques Le Rider, « L’Europe et le monde germanique (époque moderne et contemporaine) », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [En ligne], 147 | 2016, mis en ligne le 05 octobre 2016, consulté le 16 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ashp/1870 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ashp.1870
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