Les scènes de médecine chez les dramaturges français contemporains de Molière
Résumés
L’étude présente le résultat d’une enquête sur les scènes de médecine produites sur la scène française entre 1639 et 1693 en dehors des comédies de Molière. Le corpus établi comporte 28 pièces. Les scènes sont classées ici selon les configurations dramaturgiques qu’elles proposent. L’article dégage les motifs récurrents au sein de ces scènes et souligne le lien entre l’évolution des scènes médicales comiques en France au milieu des années 1660 et les controverses d’actualité à la même époque entre médecine traditionnelle et médecine chimique.
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Mots-clés :
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- 1 Voir en particulier Irène Pilhström, Le Médecin et la médecine dans le théâtre comique français du (...)
1L’importance des scènes de médecine dans le théâtre de Molière occulte en partie l’existence de ce type de scènes chez d’autres auteurs dramatiques français de la même époque. Médecins et pratiques médicales, pourtant, apparaissent bien hors du corpus moliéresque dans la comédie des années 1640-1690. Les pages qui suivent présentent le résultat d’une exploration systématique menée sur toutes les pièces jouées ou publiées en France entre 1639 (soit vingt ans avant le premier succès parisien de Molière) et 1693 (vingt ans après sa mort), en quête de scènes présentant des consultations médicales ou des médecins évoquant explicitement leur art. On espère ainsi contribuer à mettre en lumière la singularité des choix effectués sur ce terrain, à la même époque, par la troupe du Palais-Royal. Si des études utiles ont déjà attiré l’attention sur certaines pièces comportant des scènes de médecine1, une recension systématique de ces scènes dans le théâtre français de cette période n’avait pas, à notre connaissance, été réalisée jusqu’ici. Le corpus que nous avons établi compte 28 pièces, dont nous donnons la liste en annexe. Ce nombre est relativement faible par rapport aux centaines de pièces de théâtre parues pendant ces décennies, mais il n’est pas négligeable. Pour des raisons liées à la nature même des extraits ainsi qu’à la question qui est ici la nôtre – non pas celle des sources de Molière, mais celle du paysage dramatique contemporain – le corpus de ces scènes sera présenté selon les configurations dramaturgiques mises en œuvre, les motifs transversaux qui le traversent et le rapport de ces scènes à l’actualité médicale de leur temps.
Configurations dramaturgiques des scènes de médecine
2Dans les bornes chronologiques explorées ici, aucune scène de médecine n’apparaît dans une pièce parue sous l’appellation de tragédie : le personnage du médecin est réservé à la comédie ou, dans de rares cas, à la tragi-comédie. Sur le plan dramaturgique, cinq types de scènes de médecine peuvent être dégagés.
- 2 Brosse, La Stratonice ou le Malade d’amour, tragi-comédie, Paris, A. de Sommaville et A. Courbé, 16 (...)
3Une première configuration est celle qui met en présence un authentique médecin et un vrai malade. Lorsque le médecin est compétent et de bonne foi, l’intérêt de ces scènes est de mettre en place un dénouement heureux. La maladie est psychique ou psychosomatique, et le remède consiste à combler le désir du malade. Dans la tragi-comédie La Stratonice ou le malade d’amour (1644) de Brosse et dans la comédie La Nouvelle Stratonice (1657) de Louis du Fayot, Antiochus se meurt littéralement d’amour pour la jeune épouse de son père. Seul le sage médecin parvient à poser le véritable diagnostic et à trouver le remède : il convainc le père, prêt à tout pour sauver son fils, de renoncer à sa propre épouse2. On peut noter que dès 1660, dans la tragi-comédie Stratonice de Quinault, ce rôle de personnage de bon sens n’est déjà plus attribué à un médecin. Sur un registre plus proprement humoristique, la comédie Les Opéras, de Saint-Évremond (1676), met quant à elle en scène le Docteur Guillaut confronté au cas de Crisotine, entichée d’opéra, que l’on s’apprête à déclarer folle au motif qu’elle chante au lieu de parler. Après avoir tenté en vain de la priver d’ouvrages d’opéra puis de lui promettre le mariage, Guillaut décide d’évacuer le mal plus simplement : la malade devra se rendre le plus souvent possible à l’opéra, jusqu’au point où – espère-t-on – elle finira par s’en lasser. Ce dénouement évoque ceux du Médecin volant, de L’Amour médecin ou du Médecin malgré lui de Molière, dans lesquels le remède préconisé pour la maladie d’amour se trouve dans l’accomplissement de la passion, mais il s’en distingue précisément par le fait que la dimension de ruse ou de déguisement y est absente, que ce soit chez le médecin ou chez la malade.
- 3 François Hédelin, abbé d’Aubignac, « Le Trio de la médecine », dans Poésies choisies de Messieurs C (...)
- 4 François de Boisrobert, Les Rivaux amis, Paris, A. Courbé, 1639, III, 1, p. 46-47.
4Nous n’avons pas rencontré, parmi les pièces qui mettent en scène de vrais médecins confrontés à de vrais malades, de scènes présentant des médecins malfaisants ou comiquement incompétents, comme on en trouve dans L’Amour médecin, Le Malade imaginaire ou, hors du corpus dramatique, dans « Le médecin pédant » de Furetière ou « Le trio de la médecine » de d’Aubignac3. Notons seulement que, dans Les Rivaux amis (1639) de Boisrobert, les médecins avouent leur impuissance à soigner le prince Iolas4, qui sera soigné grâce au pouvoir d’une herbe fournie par la guérisseuse Carinte. L’Embarras de Godard (1668) de Donneau de Visé, fait par ailleurs rire d’une praticienne scrupuleuse au point d’en être importune : une sage-femme, appelée pour un accouchement urgent, suscite l’impatience de ses interlocuteurs en demandant longuement tout le matériel dont elle aura besoin. Les deux autres pièces présentant de véritables médecins au chevet de véritables malades sont particulières : il s’agit de pièces de propagande à valeur explicitement métaphoriques. La Comtesse malade de Raymond Poisson, fut jouée à l’Hôtel de Bourgogne en 1672, date de l’invasion de la Hollande par la France. La pièce consiste en une série de diagnostics que posent successivement les médecins français, espagnol, allemand et anglais appelés au chevet de la Hollande. L’année suivante, Amsterdam hydropique (1673), d’Auguste Calotin, présente de longues scènes de médication au cours desquelles les médecins tentent de soigner Amsterdam, malade d’avoir trop vu le Soleil : la métaphore est ici encore parfaitement transparente.
- 5 Noël Le Breton de Hauteroche, Crispin médecin, Paris, Barbin, 1670, II, 4, p. 22-26 de l’éd. de 168 (...)
- 6 Jean de Rotrou, Clarice ou l’Amour constant, Paris, T. Quinet, 1643, I, 5 ; Montfleury, Le Mariage (...)
5Un deuxième ensemble de scènes confronte les vrais médecins à des malades supposés. Ce scénario est très rare hors du corpus de Molière. Nous n’en avons trouvé que deux occurrences, toutes deux chez Hauteroche : dans Crispin médecin (1673), Mirobolan se prononce sérieusement sur le cas d’un cadavre qui, en réalité, n’est autre que Crispin5 ; dans Les Nobles de province (1678), Florine a besoin de faire passer son amant Crispin pour hypocondre, afin de le sortir d’une situation délicate, et parvient à convaincre l’obstiné médecin Chiros de prononcer de bonne foi ce diagnostic imaginaire. On peut signaler par ailleurs que le médecin Hippocrasse dans la Clarice (1641) de Rotrou et le Médecin dans Le Mariage de rien (1660) de Montfleury imposent un jargon spécialisé à des jeunes filles qui ne sont pas malades6. Il ne s’agit toutefois pas à strictement parler de scènes de consultations : ces séquences s’inscrivent plus directement dans la tradition des scènes de pédants ou de barbons.
6La configuration la plus fréquente des scènes de médecine dans la comédie publiée en France pendant les années 1640-1690 est en réalité celle qui fait intervenir un personnage déguisé en médecin.
- 7 Gillet de la Tessonnerie, La Comédie de Francion, Paris, Quinet, 1642, III, 1, p. 57-67.
- 8 Hauteroche, Crispin médecin, II, 7-8, p. 29-35.
7Si l’on excepte Le Festin de pierre de Thomas Corneille (1677), directement calqué sur la pièce de Molière, la configuration (ce sera la troisième dans notre typologie) qui confronte le faux médecin à de faux malades, exploitée par exemple chez Molière dans Le Médecin malgré lui (III, 2) ou évoquée dans Le Festin de pierre (III, 1), n’apparaît hors du corpus moliéresque que dans une pièce. Il s’agit de La Comédie de Francion (1642) de Gillet de la Tessonnerie, dont les personnages sont ceux du Francion de Charles Sorel. Francion, amant de Laurette, se fait passer auprès du vieil époux Valentin pour un médecin empirique possédant pouvoirs et baumes miraculeux. Afin de passer la nuit dans la maison avec Laurette, il envoie l’époux dans la forêt, sous le prétexte de le guérir de son impuissance7. On peut ajouter que dans Crispin médecin de Hauteroche (1673), Crispin, déguisé, se trouve en situation de prescrire des remèdes à de véritables patients, mais les affections dont souffrent ces patients sont elles-mêmes saugrenues : une servante consulte le médecin au nom d’une jeune femme qui a perdu son chien, et un jeune homme pour savoir s’il est aimé de sa maîtresse8.
- 9 Guyon Guérin de Bouscal, Le Gouvernement de Sanche Pansa, Paris, A. de Sommaville et A. Courbé, 164 (...)
- 10 Chevalier (Jean Simonin dit), La Désolation des filous sur la défense des armes, ou les malades qui (...)
- 11 C’est aussi le modèle de La Mandragore de Machiavel (voir l’article de Patrizia de Capitani dans ce (...)
- 12 La configuration se trouve aussi dans Le Médecin volant, L’Amour médecin, ou Le Médecin malgré lui. (...)
- 13 La pièce est publiée en 1674 : voir annexe.
- 14 Publiée en 1739 : voir annexe.
- 15 Fatouville, Isabelle médecin [1685], dans Le Théâtre italien de Gherardi, ou le Recueil général de (...)
8Dans un quatrième ensemble de pièces, les médecins usurpateurs ont en face d’eux des patients qui ne souffrent pas – et ne pensent pas souffrir – de véritables affections. Dans deux cas, leur prétendue maladie leur est imposée par le faux médecin et la consultation s’apparente purement et simplement à un mauvais tour. Dans Le Gouvernement de Sanche Pansa (1642) de Guérin de Bouscal, le duc organise une plaisanterie pour se moquer de Sanche Pansa : à sa demande, Carizelle se fait passer pour médecin et avance des arguments sanitaires pour empêcher son interlocuteur de goûter à tous les mets délicieux qu’on lui sert – et qu’on remporte donc sans qu’il ait pu les toucher9. Dans La Désolation des Filous sur la défense des armes ou les Malades qui se portent bien (1662) de Chevalier, le comte de Plume-Seiche se déguise en médecin pour occuper le valet Guillot pendant que son complice s’enfuit avec le diamant qu’ils lui ont soutiré. À cette occasion, Plume-Seiche prescrit à son interlocuteur un lavement dans le nez – puis le déclare fou lorsqu’il réclame son argent10. Dans d’autres cas, les patients sont complices. À partir du milieu des années 1660, plusieurs pièces présentent le faux médecin aux prises avec un personnage qui feint la maladie, dupant un père ou un mari11. Cet infléchissement coïncide avec le succès des pièces de Molière sur ce modèle12. Le Médecin volant (1665) de Boursault, inspiré de la pièce de Molière, suit strictement ce schéma : Lucresse, qui aime Cléon, feint la maladie pour ne pas épouser l’homme que lui destine son père. Cléon demande à Crispin de se déguiser en médecin pour l’aider à s’enfuir avec elle. Situant son action dans un contexte d’actualité, la comédie de Samuel Chappuzeau Les Eaux de Pirmont, représentée à Pirmont en 166913, exploite également cette veine. Les deux filles de Géronte se rendent aux eaux de Pirmont pour y faire une cure, que le fameux Guy Patin leur a prescrite par complaisance. Elles veulent en réalité y rencontrer des jeunes gens. Alcandre, amoureux de l’une d’entre elles, demande à son ami le poète Polydas, qui se trouve être « un peu chimiste », de se déguiser en médecin pour s’introduire dans la maison où est logée sa maîtresse, fâcheusement surveillée par son père. Simultanément, Lycaste, amoureux de la seconde fille, fait la même demande à son valet Gringalet. La scène centrale (III, 4) présente les deux faux médecins écrivant en parallèle deux fausses ordonnances. L’année suivante, Crispin médecin de Hauteroche propose une variante de cette séquence : Lisidor demande à son valet Crispin de s’introduire chez le médecin Mirobolan dont il aime la fille, promise au vieux Lisidor, pour lui transmettre un billet. Après s’être fait passer pour le cadavre, Crispin parvient à enfiler une robe de médecin et cherche l’occasion de donner le billet à la jeune fille. Le succès de la scène du faux médecin au chevet d’une fausse malade se confirme après Molière dans des variantes féminines. Chez Montfleury, dans La Dame médecin, comédie représentée en 1678 au théâtre Guénégaud14, Angélique, fille d’un fameux médecin décédé, se déguise elle-même en médecin pour se rendre au chevet de Lucile, qui feint la maladie : la jeune fille est promise à Éraste alors qu’elle aime Cléante. Angélique, qui de son côté aime Éraste, parvient ainsi à modifier les termes du mariage prévu. Dans son recueil des scènes en français du théâtre italien, Gherardi recense également une comédie de Fatouville, Isabelle médecin, créée en 1685 sur la scène de l’Hôtel de Bourgogne, dans laquelle Isabelle se déguise en médecin pour empêcher Colombine d’épouser Cinthio qu’elle aime. Arlequin se déguise également en médecin pour aider Isabelle15.
- 16 Les Aventures des Champs-Elysées [1693], dans Le Théâtre italien de Gherardi…, t. IV, I, 3 p. 524.
9Enfin, plusieurs pièces qui ne présentent pas de scènes de consultation à proprement parler construisent un enjeu comique autour des conséquences de ces pratiques médicales. Ce cinquième type de scénario évoque la punition ou la vengeance des patients ou des médecins. Dans L’Apothicaire dévalisé de Villiers (1660), un ancien médecin devenu apothicaire par intérêt financier est l’objet d’une vengeance de la part d’anciens patients : deux clients cherchent à l’éloigner de sa boutique afin de le dévaliser. Plusieurs contretemps surgissent, qui conduisent finalement l’un des « filous » à se déguiser en bailli et à prononcer la condamnation de l’apothicaire. Dans deux comédies dont l’action est située dans les Enfers, les médecins doivent rendre des comptes de ce qu’ils ont fait de leur vivant. L’Antimoine purifié sur la sellette (anonyme, 1668) présente le royaume souterrain accablé par l’arrivée d’un surplus de morts envoyés par Antimoine. La cause de ce dernier, emprisonné, est défendue par un médecin. Dans Les Aventures des Champs-Elysées, qui fut, d’après Gherardi, joué en 1693 sur la scène de l’Hôtel de Bourgogne16, un médecin envoyé aux Enfers cherche à ne pas se faire reconnaître de toutes les personnes qu’il a envoyées à la mort. Sa tentative de fuite l’amène finalement à être changé en capricorne. À l’inverse, Elomire hypocondre (1670) et L’Ombre de Molière (1674) de Brécourt mettent en scène les tentatives de vengeance des médecins contre Molière. Dans le premier cas, Élomire (Molière), qui se croit très malade, fait appel aux médecins qui lui demandent notamment de se déguiser en Turc, et lui livrent des diagnostics effrayants. Dans le second, les quatre médecins de la « comédie des médecins » (L’Amour médecin) viennent se plaindre à Pluton des offenses reçues de la part du dramaturge.
Lieux communs des scènes de consultation médicale
10Quelques motifs récurrents traversent les scènes de médecine dans le corpus identifié. En premier lieu, la scène de consultation médicale intègre, dès les années 1640, la prise du pouls des patients. C’est le cas y compris lorsque la scène fait l’objet d’un traitement sérieux, comme dans la Stratonice de Brosse, où c’est même le pouls du malade amoureux qui met le médecin Erasistrate sur la voie du diagnostic :
ANTIOCHUS
N’entends-je pas la reine ?
ERASISTRATE
Elle-même.
ANTIOCHUS
Ah, je pâme.
- 18 Respectivement dans Le Théâtre italien de Gherardi…,, t. I, Paris, G. de Luyne, 1694 et t. IV, Pari (...)
- 19 Edme Boursault, Le Médecin volant, Paris, N. Pépingué, 1665, scène XI.
- 20 La Désolation des filous, scène VI.
11Le motif donne lieu à plusieurs détournements comiques, notamment dans Arlequin chevalier du Soleil (1685) et Les Originaux ou l’Italien (1693)18, ainsi que dans Le Médecin volant de Boursault où, comme dans les scenarii italiens et dans Le Médecin volant de Molière, Crispin prend le pouls du père au lieu de celui de la fille19. Dans La Désolation des filoux ou les Malades qui se portent bien, le terme de « pouls » amène un jeu de mots, Guillot rétorquant à celui qui tente de prendre son pouls qu’il n’a « ni poux ni puce »20.
- 21 La Désolation des filous de Chevalier présente une scène de lavement dans le nez (scène VI). Signal (...)
- 22 E. Boursault, Le Médecin volant, scènes VIII-X.
12L’examen et la discussion autour des « matières » constituent un autre lieu commun comique de ces scènes. Si celles-ci ne montrent pas en elle-même la pratique des clystères et lavements21, les sujets scatologiques sont évoqués dans Le Médecin volant de Boursault où, ici encore comme chez Molière et les Italiens, le faux médecin, demande à voir l’urine de la malade, en boit copieusement et en demande encore22. De même, dans Les Eaux de Pirmont de Chappuzeau, Gringalet, déguisé en médecin, vante ses talents en des termes dénués d’ambiguïté :
- 24 Les Originaux, scène V, dans Le Théâtre italien de Gherardi…, t. IV, p. 406-407.
13Dans Les Originaux, tandis que le médecin tâte le pouls de Colombine, La Gamme lui enjoint de tâter plutôt son ventre et de « mettre le nez dans ses matières », ordonnant aussi qu’on aille chercher le bassin de Mlle Senecasse24.
14Une autre caractéristique de ces scènes, associée aussi bien au personnage du vrai que du faux praticien, est l’usage du latin macaronique. Monsieur Robert, dans L’Apothicaire dévalisé de Villiers (1660) demande à son valet de chercher dans la boutique « potionem factam pour ce mélancolique qui mourut l’autre jour » et ajoute :
- 25 L’Apothicaire dévalisé, Paris, Sercy, 1660, scène IV, p. 10-11.
Broyez-la quelque peu dans le petit mortier
Et fiat mixtio, vite, on le peut sans crainte25.
15Gringalet, déguisé en médecin dans Les Eaux de Pirmont, fait mine d’écrire une ordonnance en murmurant :
- 26 Samuel Chappuzeau, Les Eaux de Pirmont, III, 4, p. 57.
Syrupi violarum uncias decem.
Cremoris tartari drachmas quatuor
Satyrion scrupulos quinque pro viro
Quatuor feminum frigidorum libram pro femina
Pulviserentur et colentur, et fiat potio26.
16Corrélativement, ces médecins véritables ou supposés allèguent des autorités savantes dont certaines sont fantaisistes. Pour faire croire à Fernand qu’il est médecin, Crispin, dans Le Médecin volant de Boursault, marmonne à haute voix des noms d’autorités, auxquels il mêle plaisamment quelques intrus :
CRISPIN en soutane.
[…] Pythagore, Platon,
Mâche-à-vide, Pancrace, Hésiode, Caton...
FERNAND, bas.
Quel serait ce Docteur ? écoutons.
CRISPIN
Caligule,
Polyeucte, Virgile, Anaxandre, Lucule...
FERNAND, bas.
O Dieux !
CRISPIN
Robert Vinot, Scipion l’Africain,
Jodelet, Mascarille, Aristote, Lucain,
Médecins de César, Assassins d’Alexandre,
Vous voyez un Phoenix qu’a produit votre cendre.
- 27 E. Boursault, Le Médecin volant, scène VII, p. 9-10.
FERNAND, bas.
Serait-ce un Médecin ? il en parle27.
17Les scènes de consultation mettant en scène médecins imbus de leur autorité ou imposteurs en situation d’improvisation sont au même titre prétextes à des théories fantaisistes sur le fonctionnement du corps humain et à des diagnostics incongrus. La délibération entre médecins prend une tournure particulièrement comique dans ce contexte, comme dans Crispin médecin de Hauteroche, où Mirobolan demande, sur des sujets d’une grande complexité, l’avis de celui qu’il prend pour son confrère : Crispin ne sait que répondre, sinon que le malade doit prendre des pilules. Comme chez Molière, le comique repose surtout sur l’exhibition de termes issus de la médecine traditionnelle d’Hippocrate et de Galien (humeurs peccantes, vapeurs, etc.) et de diagnostics standards de fluxion ou d’hydropisie, prononcés au terme de raisonnements particulièrement confus. Ainsi, dans Le Gouvernement de Sanche Pansa (1642), Carizale disserte longuement sur le danger qu’il y aurait à s’alimenter : après les pommes, la fricassée, les perdrix et les lapins malfaisants, la bécasse est proscrite par risque de contamination :
- 28 Guyon Guérin de Bouscal, Le Gouvernement de Sanche Pansa, V, 2, p. 80-81.
[Elle est] un oiseau grossier rempli d’humeur peccante,
Qui l’attache à la terre, et ne lui permet pas,
Comme vous savez bien, de voler que fort bas.
C’est de tous les oiseaux le plus mélancolique,
L’excès de la froideur le rend paralytique28.
18À Sanche qui craint de mourir par privation de nourriture, le médecin supposé répond doctement :
- 29 Ibid., p. 82
Ces acres fluxions qui causent la migraine,
Ces abcès importuns qui donnent tant de peine,
La colique, la goutte et toutes les douleurs
Que causent en nos corps les mauvaises humeurs
N’auraient jamais troublé le repos de la vie
Si jamais de manger nous n’eussions eu l’envie29.
19Crispin, dans Le Médecin volant de Boursault, assène de même des raisonnements tautologiques :
- 30 E. Boursault, Le Médecin volant, scène VII, p. 10-11.
Que voulez-vous ? Ego sum Medicus,
Médecin passé Maître, Apprenti d’Hippocrate,
Je compose le baume, et le grand Mithridate,
Je sais, par le moyen du plus noble des Arts,
Que qui meurt en Février n’est plus malade en Mars,
Que de quatre saisons une année est pourvue,
Et que le mal des yeux est contraire à la vue30.
20Aux liens de cause à effet parfaitement fantaisistes, inspirés de la théorie des humeurs froides et chaudes, se mêle un raisonnement sur les vapeurs se dégageant des maux :
- 31 Ibid., p. 11-12. « à l’égard » : sic. Il s’agit peut-être d’une coquille pour « à l’égal ».
La vapeur de la terre opposée à ce mal,
Dans l’humaine vessie établit un canal,
Le Cancer froidureux rend l’humeur taciturne,
Le vaillant Zodiaque envisage Saturne,
Et s’il faut qu’avec eux j’en demeure d’accord,
Rien n’abrège la vie à l’égard de la mort31.
21Le comique repose également sur l’énoncé de longues listes de maladies et de remèdes qui évoquent les discours d’opérateurs et les tirades de Bruscambille et Tabarin. Dans Le Mariage de rien (1660) de Montfleury, le docteur annonce ainsi à la cantonade :
- 32 Montfleury, Le Mariage de rien, scène IX, p. 39-40.
Je sais guérir l’épilepsie,
La colique, la cacquectie,
L’hydropisie, les abcès,
Les fièvres et tous leurs accès.
La migraine, la plurésie,
Le pourpre, la paralysie,
L’accidentelle surdité,
Les douleurs de dents, de côté,
Le cancer ainsi que l’ulcère,
Le mal de cœur, le mal de mère,
De tête, de jambes, de dos,
Nec non morbos Venereos.
Enfin…32
22Molière s’en souviendra pour son Malade imaginaire. Traité de fou par un autre personnage, le médecin renchérit :
- 33 Ibid., p. 41-42.
[Apprends] Que sans l’aide des médecines
Des herbes, des fleurs, des racines,
Sirops, bolus, émulsions,
Trochiques, miels, décoctions,
Poudres diatris, vomitoires,
Colloquinte, masticatoires,
Camphre, cassonade, agaric,
Scammonnée, séné, mastic,
Juiubes, manes, capilaires,
Turbith, rhubarbe, electuaire,
Casse, ialap, et tamaris,
Totus succumberet orbis33.
Des plaisanteries revivifiées par l’actualité
23Dans le corpus considéré ici, une évolution se fait sentir à partir du milieu des années 1660 : les scènes de médecine articulent de façon de plus en plus précise les plaisanteries topiques à des questions d’actualité.
- 34 La ville thermale de Bad Pyrmont est située dans l’actuel Land de Basse-Saxe, en Allemagne.
- 35 Samuel Chappuzeau, Les Eaux de Pirmont, I, 6, p. 16.
- 36 Ibid., III, 4, p. 54.
- 37 Raymond Poisson, La Comtesse malade, Paris, P. Promé, 1673, rééd. sous le titre La Hollande malade (...)
24Des références explicites à des noms ou à des lieux surgissent parfois. Dans Les Eaux de Pirmont, qui fut joué à Pirmont34 même, est évoquée la figure du « vieux Monsieur Patin », qui incarne pour les contemporains la médecine à l’ancienne35. Dans la même pièce, les deux faux médecins raisonnent sur les propriétés respectives des eaux « de Forges, de Bourbon » par rapport à celles « de Pirmont, de Spa, d’Aix et de Pougues36 ». Dans La Comtesse malade et Amsterdam hydropique, les médecins au chevet de la Hollande citent des noms de confrères qui sont aussi de véritables médecins du temps37.
- 38 « [N]ous faisons maintenant la médecine d’une méthode toute nouvelle » (Le Médecin malgré lui, II, (...)
25L’évolution est également sensible dans les allusions aux débats contemporains. De même que, dans Le Médecin malgré lui, Sganarelle affirmait malicieusement à Géronte, pour couvrir son ignorance, que la place du cœur avait récemment changé de côté dans le corps humain38, de même Mirobolan, dans Crispin médecin de Hauteroche (1673), s’apprêtant à disséquer un cadavre, se positionne en moderne défenseur de la circulation sanguine en s’exclamant devant le corps – qu’il croit mort – de Crispin :
- 39 Noël Le Breton de Hauteroche, Crispin médecin, 1670, scène XIII, p. 25-26 de l’édition de 1682.
Ah quel plaisir je vais prendre à faire sur son corps une incision cruciale, et à lui ouvrir le ventre depuis le cartilage xiphoïde jusqu’au pubis. Le cœur lui bat encore ! Ah, s’il y avait ici de mes confrères, particulièrement de ceux qui sont dans l’erreur, je leur ferais bien voir, par sa systole et diastole, le mouvement de la circulation du sang39.
- 40 Et donc dans Le Festin de pierre de Thomas Corneille, III, 1.
26Dans les années 1660-1670, les violents débats autour du vin émétique trouvent également un écho dans ce corpus comique. Comme chez Molière dans Le Festin de pierre40, L’Amour médecin ou Le Médecin malgré lui, mais avec une virulence bien plus marquée liée à une visée directement polémique, la comédie anonyme L’Antimoine purifié sur la sellette s’en prend directement à ce remède, officiellement ré-autorisé en 1668, et à ceux qui le prescrivent. Caron, aux Enfers, se plaint et s’étonne d’une arrivée massive de milliers d’ombres en provenance de Paris. L’une d’entre elles lui fournit l’explication :
UNE OMBRE
Un remède approuvé depuis deux ou trois mois
Triomphe chaque jour, culbutant pêle-mêle
Jeunes, vieux, grands, petits aussi drus que la grêle […]
Mon médecin fameux qui me traitait d’ami
Autrefois de ce suc l’implacable ennemi,
Me vint dire chez moi, qu’ayant changé la dose
Ce remède aujourd’hui n’était plus même chose
Qu’on en pouvait user suivant le [rè]glement
D’un arrêt solennel en Cour de Parlement.
[…]
27Les médecins prescripteurs de l’antimoine font ici figure de véritables assassins. Une dame de 90 ans, jusqu’ici soignée au lait d’ânesse, raconte en ces termes les conséquences de l’ordonnance des médecins, qui voulurent soigner son mal de poitrine avec de l’antimoine :
- 42 Ibid., p. 12.
Je pris ce Stibion, gros comme trois grains d’orge,
Et de ma propre main je me coupai la gorge42.
28Les débats entre médecine empirique et médecine officielle se référant à Hippocrate et Galien sont aussi exploités en version comique. Le fait n’est pas neuf dans les années 1660, mais la figure du médecin empirique évolue. Dans La Comédie de Francion, en 1642, le modèle est encore celui du guérisseur-opérateur, que Francion incarne pour tromper le vieux Valentin. Il évoque l’enseignement qu’il aurait reçu d’un vieillard allemand, véritable figure de thaumaturge, près du Danube :
- 43 Gillet de la Tessonnerie, La Comédie de Francion, II, 2, p. 38-39.
Il savait mieux qu’aucun quelle herbe est abstersive
Quelle ouvre les conduits, quelle est dissicative
Quelle par sa chaleur mûrit les crudités
Quelle dissout le flegme et les viscosités.
Quelle purge le sang, quelle chasse la bile
Quelle abstreint ou digère, et quelle désopile.
Et sans rien observer que l’urine et le pouls
Découvrait tous les maux qui s’attachent à nous.
Il guérissait la fièvre intermittente hectique
Ainsi que l’éphémère, et la symptomatique,
Par le moyen d’une eau très agréable au goût
Bégnine en ses effets et de fort peu de coût.
Il soulageait bientôt la prompte apoplexie
L’incube dangereux, la triste épilepsie
Mais surtout il avait des secrets de haut prix
Pour combattre le mal que l’on prend chez Cypris43.
29Le motif des guérisons miraculeuses, qui sera repris par Molière au début du Médecin malgré lui (I, 4), surgit dans ce contexte à propos du grand vizir du roi de Perse :
- 44 Ibid., p. 42.
Chacun le croyait mort, on voyait ses entrailles
Et on lui préparait de belles funérailles
Lorsque je le frottai de mon baume excellent
Tout à l’heure son mal devint moins violent
Le quatrième jour il visita l’armée
Qui fut par ce spectacle au dernier point charmée
Et confessa tout haut que mon médicament
Opérait sur les corps miraculeusement44.
- 45 Nous nous permettons de renvoyer sur cette question à notre « Présentation » du Médecin malgré lui, (...)
- 46 Voir Lawrence M. Principe, « Cercles et intersections : les réseaux de chimistes autour de l’Académ (...)
- 47 S. Chappuzeau, Les Eaux de Pirmont, II, 5, p. 33.
- 48 Monfleury, La Dame médecin, III, 5, dans Théâtre de MM de Monfleury père et fils, La Cie des Librai (...)
- 49 Ibid., I, 3, p. 233.
- 50 Ibid., III, 4, p. 267-268.
- 51 L’Antimoine purifié sur la sellette, Acte II [pas de scène], p. 30.
- 52 Ibid., II, p. 34-36.
- 53 L’accent attribué au personnage contribue à le discréditer : « Moi l’être ein Empyric, Hollantois T (...)
30À partir du milieu des années 1660 – c’est précisément, selon nous, le tournant que marque Le Médecin malgré lui45 – se dessine dans les comédies produites en France une opposition plus précise entre chimistes – que leurs détracteurs assimilent aux alchimistes – et médecins galéniques se référant aux thèses de la Faculté de Paris. Dans les faits, le débat fait rage au milieu des années 1660, dans un contexte où les chimistes sont appelés à la cour, et où deux postes de la future Académie des sciences sont en passe d’être confiés à des hommes qui font partie des réseaux de chimistes46. Dans Les Eaux de Pirmont (1669), Polydas, comme on l’a évoqué plus haut, rassure son ami, qui lui confie la tâche délicate de se déguiser en médecin, en assurant être « un peu chimiste47 ». Le comique de La Dame médecin de Montfleury, se fonde quant à lui en grande partie sur une caricature des deux positions. Angélique, déguisée en médecin, demande ainsi à Lucile de quelle « espèce » était le médecin qui l’a visitée : « Était-il dogmatique ? Était-il méthodique ? Était-ce un empirique ?48 » Lucile refusant catégoriquement la saignée, son père accepte de faire venir un médecin de Montpellier « Que contre la saignée on voit se récrier49 ». Mais la jeune fille refuse de le voir. Le médecin de Montpellier affirme alors qu’il peut soigner la malade sans la voir, n’ayant besoin que « De ses ongles rognés, ou bien de son urine / Ou même si l’on veut, de ses cheveux » : ensuite, prétend-il, « Par l’occulte vertu d’un mixte que je fais / Je prétends la guérir, fût-elle en Amérique.50 » C’est ici une caricature du principe de sympathie que défendent certains médecins alchimistes. Dans L’Antimoine purifié sur la sellette, la querelle de l’antimoine est elle-même envisagée comme opposition entre médecins empiriques et traditionnalistes : « On me fait sans raison passer pour Empirique, quand je prends le parti du divin émétique », affirme le médecin criminel51 en se revendiquant des thèses d’Hippocrate et Galien. Hippocrate lui-même, convoqué, se défend d’avoir utilisé cet ingrédient à base d’arsenic52. L’opposition figure encore explicitement en 1686 dans La Femme têtue ou le Médecin hollandais de Jacques Robbe où Isabelle doit épouser un médecin empirique hollandais qui pratique sans ménagement les poudres violentes au lieu de la saignée53.
- 54 Voir en regard de cette étude l’article de Bénédicte Louvat sur les scènes de médecine chez Molière (...)
31Le bref panorama présenté ici permet de dessiner certains points de convergence entre la production de Molière et celle de ses contemporains54. Cette convergence est sensible en particulier dans les scènes qui mettent aux prises un faux médecin et un faux (ou une fausse) malade, et dans les consultations fantaisistes faisant intervenir diagnostics et remèdes saugrenus, prise du pouls, références à des autorités ou latin macaronique. La coïncidence est aussi remarquable, au milieu des années 1660, dans l’insertion soudaine, dans la comédie, des débats liés à l’actualité médicale. Mais ce parcours montre aussi, a contrario, l’originalité de Molière dans la reprise ou l’élaboration de certaines séquences, comme celles qui présentent de vrais médecins confrontés à de faux malades - rares, à la même époque, chez les contemporains français. Il révèle aussi que certains modèles comiques contemporains ne furent pas directement exploités par Molière, qu’il s’agisse de scènes médicales explicitement métaphoriques sur le plan politique, de scènes à valeur ouvertement pamphlétaires ou, plus généralement, des scènes explicitement référentielles ou au contraire symboliques, alors même que ces scènes continuèrent à être produites par d’autres dramaturges comiques pendant toute la seconde moitié du siècle.
Annexe
Corpus des pièces de théâtre créées en France entre 1639 et 1693 contenant des scènes de médecine, à l’exclusion des pièces de Molière (ordre chronologique de publication)55
François de Boisrobert, Les Rivaux amis, Paris, A. Courbé, 1639.
Gillet de la Tessonnerie, La Comédie de Francion, Paris, T. Quinet, 1642.
Guyon Guérin de Bouscal, Le Gouvernement de Sanche Pansa, Paris, A. de Sommaville et A. Courbé, 1642.
Jean de Rotrou, Clarice ou l’Amour constant, Paris, T. Quinet, 1643.
Brosse, La Stratonice ou le Malade d’amour, tragi-comédie, Paris, A. de Sommaville et A. Courbé, 1644.
Louis du Fayot, La Nouvelle Stratonice, comédie, Paris, Sercy, 1657.
Montfleury, Le Mariage de rien, Paris, Luyne, 1660.
Villiers (Claude Deschamps), L’Apothicaire dévalisé, Paris, Sercy, 1660.
Chevalier (Jean Simonin dit), La Désolation des filous sur la défense des armes, ou les malades qui se portent bien. Comédie, Paris, P. Bienfait, 1662.
Donneau de Visé, L’Embarras de Godard, Paris, J. Ribou, 1663.
Edme Boursault, Le Médecin volant, Paris, N. Pépingué, 1665.
Anonyme, L’Antimoine purifié sur la sellette, Paris, N. Pépingué, 1668.
Hauteroche (Noël le Breton, sieur de), Crispin médecin, comédie en prose, Paris, Barbin, 1670.
Le Boulanger de Chalussay, Elomire hypocondre, Paris, Sercy, 1670.
Raymond Poisson, La Comtesse malade, P. Promé, 1673 [rééd. sous le titre La Hollande malade dans Les Œuvres de M. Poisson, Paris, Ribou, 1678].
MPVCH (pièce attribuée à Augustin Calotin), Amsterdam hydropique, Paris, Barbin, 1673.
Samuel Chappuzeau, Les Eaux de Pirmont, representée à Pirmont au mois de juin 1669, dans La Muse enjouée, ou Le théâtre comique du sieur Chappuzeau, Lyon, G. Girin et B. Rivière, 1674.
Brécourt, L’Ombre de Molière, Paris, C. Barbin, 1674.
Hauteroche, Les Nobles de province, Lyon, T. Amaulry, 1678.
Thomas Corneille, Le Festin de pierre [1677], Paris, Ribou, 1683.
Jacques Robbe, La Femme têtue ou le Médecin hollandais, Paris, G. de Luynes, 1686.
Dorimond (attribué à), Le médecin dérobé, Rouen, Lebrun, 169256.
Fatouville, Isabelle médecin [1685], dans Le Théâtre italien de Gherardi, ou le Recueil général de toutes les comédies et scènes françaises jouées par les comédiens italiens du Roi, Paris, G. de Luyne, t. I, 1694.
Arlequin chevalier du Soleil [1685], dans Le Théâtre italien de Gherardi, ou le Recueil général de toutes les comédies et scènes françaises jouées par les comédiens italiens du Roi, Paris, G. de Luyne, t. I, 1694.
Les Aventures des Champs-Elysées [1693], dans Le Théâtre italien de Gherardi, ou le Recueil général de toutes les comédies et scènes françaises jouées par les comédiens italiens du Roi, t. IV, 1700.
Les Originaux ou l’Italien [1693], dans Le Théâtre italien de Gherardi, ou le Recueil général de toutes les comédies et scènes françaises jouées par les comédiens italiens du Roi, t. IV, 1700.
Saint-Evremond Les Opéras [1676], dans Les Œuvres mêlées de Saint-Evremond, Londres, J. Tonson, 1714, vol. 3.
Montfleury, La Dame médecin [1678], dans Théâtre de MM. de Monfleury, père et fils, Paris, Compagnie des libraires, 1739.
Notes
1 Voir en particulier Irène Pilhström, Le Médecin et la médecine dans le théâtre comique français du XVIIe siècle, Uppsala, Presses universitaires d’Uppsala, 1991, et Gustave Joseph Witkowski, Les Médecins au théâtre de l’Antiquité au XVIIe siècle, Paris, Maloine, 1905.
2 Brosse, La Stratonice ou le Malade d’amour, tragi-comédie, Paris, A. de Sommaville et A. Courbé, 1644, III, 5-6, p. 57-65, et IV, 5, p. 86-99 ; Louis Du Fayot, La Nouvelle Stratonice, Paris, Sercy, 1657, IV, 4, p. 46-57.
3 François Hédelin, abbé d’Aubignac, « Le Trio de la médecine », dans Poésies choisies de Messieurs Corneille, Benserade, De Scudéry, Boisrobert et de plusieurs autres, Paris, Sercy, 1653, t. II, p. 222-236, transcription sur le site MOLIERE21, https://moliere21.cnrs.fr (consulté le 8 décembre 2023) ; Antoine Furetière, « Le médecin pédant » dans Poésies diverses, Paris, G. de Luynes, p. 3-9.
4 François de Boisrobert, Les Rivaux amis, Paris, A. Courbé, 1639, III, 1, p. 46-47.
5 Noël Le Breton de Hauteroche, Crispin médecin, Paris, Barbin, 1670, II, 4, p. 22-26 de l’éd. de 1682.
6 Jean de Rotrou, Clarice ou l’Amour constant, Paris, T. Quinet, 1643, I, 5 ; Montfleury, Le Mariage de rien, Paris, Luyne, 1660, scène IX.
7 Gillet de la Tessonnerie, La Comédie de Francion, Paris, Quinet, 1642, III, 1, p. 57-67.
8 Hauteroche, Crispin médecin, II, 7-8, p. 29-35.
9 Guyon Guérin de Bouscal, Le Gouvernement de Sanche Pansa, Paris, A. de Sommaville et A. Courbé, 1642, V, 2, p. 75-85. La pièce figurera au répertoire de la troupe de Molière.
10 Chevalier (Jean Simonin dit), La Désolation des filous sur la défense des armes, ou les malades qui se portent bien. Comédie, Paris, P. Bienfait, 1662, scène VI.
11 C’est aussi le modèle de La Mandragore de Machiavel (voir l’article de Patrizia de Capitani dans ce même numéro), pièce connue en France, qui sera adaptée notamment par J.-B. Rousseau.
12 La configuration se trouve aussi dans Le Médecin volant, L’Amour médecin, ou Le Médecin malgré lui. Voir l’article de Bénédicte Louvat dans le présent numéro. Pour les sources italiennes, voir Claude Bourqui, Les Sources de Molière, Paris, SEDES, 1999.
13 La pièce est publiée en 1674 : voir annexe.
14 Publiée en 1739 : voir annexe.
15 Fatouville, Isabelle médecin [1685], dans Le Théâtre italien de Gherardi, ou le Recueil général de toutes les comédies et scènes françaises jouées par les comédiens italiens du Roi, Paris, G. de Luyne, t. I, 1694, p. 273.
16 Les Aventures des Champs-Elysées [1693], dans Le Théâtre italien de Gherardi…, t. IV, I, 3 p. 524.
17 Brosse, La Stratonice ou le Malade d’amour, III, 6, p. 59-60. Nous modernisons systématiquement la graphie.
18 Respectivement dans Le Théâtre italien de Gherardi…,, t. I, Paris, G. de Luyne, 1694 et t. IV, Paris, Briasson, 1741, scène V, p. 406-407.
19 Edme Boursault, Le Médecin volant, Paris, N. Pépingué, 1665, scène XI.
20 La Désolation des filous, scène VI.
21 La Désolation des filous de Chevalier présente une scène de lavement dans le nez (scène VI). Signalons aussi, hors du strict corpus des scènes « médicales », une pièce de La Robbe, La Rapinière (1683), dans laquelle La Fleur déverse sur des gardes-frontières malhonnêtes le contenu du lavement qu’il transporte (IV, 9).
22 E. Boursault, Le Médecin volant, scènes VIII-X.
23 Samuel Chappuzeau, Les Eaux de Pirmont, representée à Pirmont au mois de juin 1669, dans La Muse enjouée, ou Le théâtre comique du sieur Chappuzeau, Lyon, G. Girin et B. Rivière, 1674, III, 2, p. 44.
24 Les Originaux, scène V, dans Le Théâtre italien de Gherardi…, t. IV, p. 406-407.
25 L’Apothicaire dévalisé, Paris, Sercy, 1660, scène IV, p. 10-11.
26 Samuel Chappuzeau, Les Eaux de Pirmont, III, 4, p. 57.
27 E. Boursault, Le Médecin volant, scène VII, p. 9-10.
28 Guyon Guérin de Bouscal, Le Gouvernement de Sanche Pansa, V, 2, p. 80-81.
29 Ibid., p. 82
30 E. Boursault, Le Médecin volant, scène VII, p. 10-11.
31 Ibid., p. 11-12. « à l’égard » : sic. Il s’agit peut-être d’une coquille pour « à l’égal ».
32 Montfleury, Le Mariage de rien, scène IX, p. 39-40.
33 Ibid., p. 41-42.
34 La ville thermale de Bad Pyrmont est située dans l’actuel Land de Basse-Saxe, en Allemagne.
35 Samuel Chappuzeau, Les Eaux de Pirmont, I, 6, p. 16.
36 Ibid., III, 4, p. 54.
37 Raymond Poisson, La Comtesse malade, Paris, P. Promé, 1673, rééd. sous le titre La Hollande malade dans Les Œuvres de M. Poisson, Paris, Ribou, 1678 ; MPVCH (pièce attribuée à Augustin Calotin), Amsterdam hydropique, Paris, Barbin, 1673.
38 « [N]ous faisons maintenant la médecine d’une méthode toute nouvelle » (Le Médecin malgré lui, II, 4, éd. L. Michel et C. Bourqui, dans Molière, Œuvres complètes, dir. G. Forestier et C. Bourqui, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2010, t. I, p. 752).
39 Noël Le Breton de Hauteroche, Crispin médecin, 1670, scène XIII, p. 25-26 de l’édition de 1682.
40 Et donc dans Le Festin de pierre de Thomas Corneille, III, 1.
41 [Anonyme], L’Antimoine purifié sur la sellette, acte I [pas de scènes], Paris, N. Pépingué, 1668, p. 5-6.
42 Ibid., p. 12.
43 Gillet de la Tessonnerie, La Comédie de Francion, II, 2, p. 38-39.
44 Ibid., p. 42.
45 Nous nous permettons de renvoyer sur cette question à notre « Présentation » du Médecin malgré lui, Paris, GF-Flammarion, 2022, p. 29-36.
46 Voir Lawrence M. Principe, « Cercles et intersections : les réseaux de chimistes autour de l’Académie royale des sciences », XVIIe siècle, n°292, 2001, p. 45-47.
47 S. Chappuzeau, Les Eaux de Pirmont, II, 5, p. 33.
48 Monfleury, La Dame médecin, III, 5, dans Théâtre de MM de Monfleury père et fils, La Cie des Libraires, t. III, 1739, p. 249.
49 Ibid., I, 3, p. 233.
50 Ibid., III, 4, p. 267-268.
51 L’Antimoine purifié sur la sellette, Acte II [pas de scène], p. 30.
52 Ibid., II, p. 34-36.
53 L’accent attribué au personnage contribue à le discréditer : « Moi l’être ein Empyric, Hollantois Tieu merci / […] Moi saigner point chamais. […] / Pour poufre [pouvoir] soutenir ma poudre fiolente [violente] / Ein homme avoir pesoin de son force pli grante [plus grande]. / J’en avre fait fenir une de mon pays / Qui doit faire bientôt ein grand bruit tans Paris. Il en tuera quelqu’un. » (Jacques Robbe, La Femme têtue ou le Médecin hollandais, Paris, G. de Luynes, 1686, sc. XIII, p. 26).
54 Voir en regard de cette étude l’article de Bénédicte Louvat sur les scènes de médecine chez Molière, dans le présent numéro.
55 Signalons ici que Le Grondeur (1691), de Brueys et Palaprat, se déroule chez le médecin Mr [sic] Grinchard. Nous n’avons pas inclus la pièce dans le corpus car aucune scène ne montre le médecin dans l’exercice de ses fonctions. Signalons également hors des bornes chronologiques retenues ici : Boisfrant, Les Bains de la Porte Saint-Bernard (1696) ; Dancourt, Les Eaux de Bourbon (1697) ; Dufresny, La Malade sans maladie (1699) et J.-B. Rousseau, La Mandragore (1730).
56 Nous n’avons pas pu consulter cette pièce. Nous la faisons figurer ici d’après le résumé qu’en donne Irène Philström (Le Médecin et la médecine …, p. 46l) : l’intrigue tourne autour du désir du médecin de porter la robe rouge.
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Référence électronique
Lise Michel, « Les scènes de médecine chez les dramaturges français contemporains de Molière », Arrêt sur scène / Scene Focus [En ligne], 12 | 2023, mis en ligne le 22 mars 2024, consulté le 08 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/asf/6982 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/asf.6982
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