Livres et instruments de médecine au temps de Molière : Exposition à la Faculté de médecine de l’Université de Montpellier (28 mai 2022)
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1[Provenance : Fonds de la bibliothèque universitaire historique de médecine de Montpellier et du Musée de la pharmacie Albert Ciurana de Montpellier]
La « boutique pharmaceutique »
2* Jean de Renou, Les Œuvres pharmaceutiques du Sr Jean de Renou, Conseiller et Medecin du Roy à Paris : Augmentées d’un tiers en cette seconde Edition par l’Auteur. Puis traduittes, embellies de plusieurs Figures necessaires à la cognoissance de la Medecine et Pharmacie, et mises en lumière par M. Louys de Serres Dauphinois, Docteur en Medecine, et Aggregé à Lyon, Lyon, Nicolas Gay, 1637, gravure, p. 467bis.
3[Université de Montpellier, BU historique de médecine, Ed 5 in-fol]
- 1 Voir N. F. J. Eloy, Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, Mons, H. Hoyois, 17 (...)
4Traduite du latin par Louis de Serres en 1624, la pharmacopée de Jean de Renou (Institutionum pharmaceuticarum,1608), qui rassemble tous les remèdes définis par les Antidotaires précédents, est un bon exemple de cette polypharmacie galéno-chimique dénoncée par Guy Patin. La composition du livre donnant à connaître tout ce qui est nécessaire pour organiser une officine explique aussi son succès éditorial continu au XVIIe siècle1.
5Dans le livre V, traitant des « formules et ordonnances des médicaments desquels on se sert », se trouve évidemment un chapitre (V) sur les clystères, mais à côté d’une vingtaine de préparations diverses (suppositoires, pessaires, poudres, bolus, tablettes, condits...).
6* Collection de clystères [prêt du Musée de la pharmacie]
Le portrait d’un docteur de Montpellier
7* Lazare Rivière, Lazari Rivierii, consiliarii, medici ac professoris regii, Necnon Regiorum in Universitate Monspeliensi Medicinae Professorum Decani, Opera medica universa, Lyon, Antoine Cellier, 1672, page de titre et portrait de Lazare Rivière.
Dédié à André Falconet (1612-1691) – autre médecin formé à Montpellier – par Antoine Cellier.
8[Université de Montpellier, BU historique de médecine, Ec 9 in-fol]
- 2 Voir Louis Dulieu, La médecine à Montpellier, tome III L’époque classique 2e partie, Avignon, Les P (...)
- 3 Guy Patin, Correspondance complète et autres écrits, éd. Loïc Capron, Paris, Biu Santé (biusante.pa (...)
9Lazare Rivière (1589-1655), docteur et professeur de la Faculté de médecine de Montpellier2, est un ardent défenseur des médicaments chimiques. Son manque d’orthodoxie en matière de doctrine lui vaut les plus vives attaques. Guy Patin, qui ne manque jamais de dire tout le mal qu’il pense des œuvres du médecin de Montpellier, établit une biographie plus qu’insultante dans une lettre adressée à un médecin de Leyde, Johannes Antonides Vander Linden, en 16573.
10Le volumineux ouvrage de L. Rivière rencontra néanmoins un succès attesté par le nombre d’éditions et par les traductions, en anglais (Nicholas Culpeper en 1678) et en français (François Deboze en 1680).
Le Temple de la médecine
11* La Framboisière, Les Œuvres de N. Abraham de La Framboisiere, conseiller, et Medecin ordinaire du Roy, divisées en VII tomes où sont methodiquement descrites l’histoire du monde, la medecine, la chirurgie et la pharmacie, pour la conservation de la santé, et la guerison des maladies internes et externes. Avec les arts liberaux, par le moyen desquels on acquiert les graces d’entendre, de bien lire, et d’heureusement vivre, Paris, 1624, page de faux-titre.
12[Université de Montpellier, BU historique de médecine, Ef 6 in-fol]
Figure 1. Le Temple de la médecine
- 4 Voir Stephen Bamforth, « Médecine et philosophie dans l’œuvre de Nicolas Abraham de la Framboisière (...)
13Nicolas Abraham, sieur de La Framboisière (1560-1636), médecin de Louis XIII, médecin en chef des armées et professeur de la faculté de médecine de Reims4, nourrit l’ambition de composer une Republique de toutes les connaissances qui concernent la médecine. Ce vaste corpus rédigé en français, afin qu’il puisse « servir à toutes sortes de personnes », compte cinq éditions, de 1613 à 1669. Celle de 1624 est la première de format in-folio. Sa page de faux-titre, qui représente Le Temple de Medecine Basti à la gloire de Dieu. Orné de Chappelles. dediées aux Roys, Roynes et Enfans de France. Par le sieur de La Framboisiere Medecin ordinaire de sa Majesté, par son aspect très « théâtral », montre où doit s’inscrire l’art d’Esculape, dans un ordre où le corporel ne se sépare pas de celui du politique et du spirituel. Comme le prince ordonne son royaume, le thérapeute structure sa pensée et son œuvre : Principauté qui est celle de l’homme sur toutes les créatures, Gouvernement qui traite d’hygiène, lois et ordonnances qui maintiennent ou rétablissent la santé.
Les nouveaux circulateurs
14* William Harvey, Guilielmi Harveii, Angli, Medici Regii, et in Londinensi medicorum collegio professoris anatomiae. De motu cordis et sanguinis in animalibus, Anatomica exercitatio. Cum refutationibus ÆMYLII PARISANI, Romani, philosophi, ac medici Veneti, et JACOBI PRIMIROSII, in Londinensi collegio doctoris medici, Lugduni Batavorum, Joannis Maire, 1639.
15[Université de Montpellier, BU historique de médecine, Eb 179 in-4]
- 5 Voir l’introduction et les notes de Charles Richet pour sa traduction de 1869 (William Harvey, De m (...)
16Médecin du roi Charles 1er, professeur d’anatomie au collège royal, William Harvey (1578-1657), publie pour la première fois à Francfort, en 1628, le De motu cordis qui remet en question tout ce que les Anciens croyaient savoir du cœur et de la sanguification5. L’ouvrage encore édité à Leyde, puis à Rotterdam (1649 et 1659) a vite un grand retentissement par les débats et réfutations qu’il provoque. L’édition de 1639 en porte trace en incluant les objections d’Émile Parisanus, médecin italien, formé à Padoue tout comme Harvey, et de Jacques Primerose, docteur de Montpellier, médecin agrégé au collège d’Oxford.
17* Jean Pecquet, Joannis Pecqueti diepæ, Experimenta Nova Anatomica, quibus Incognitum hactenus Chyli Receptaculum, et ab eo per Thoracem in ramos usque subclavios Vasa lactea deteguntur. Ejusdem Dissertation anatomica de Circulatione Sanguinis, et Chyli motu, Amstelædam, apud Ægidium Janssonium Valkenier, 1661.
18[Université de Montpellier, BU historique de médecine, Eb 240 in-8]
- 6 Sur Pecquet voir Jean-Pierre Dadoune, Jean Pecquet médecin et anatomiste du grand siècle. Un homme (...)
19Jean Pecquet, 1622-1674, docteur de Montpellier, médecin de Foucquet, puis médecin du roi, s’engage au côté des médecins de province au moment de la querelle avec la Faculté de médecine de Paris. Son goût pour l’expérimentation scientifique l’engage à pratiquer de nombreuses dissections privées ou publiques ; ses découvertes sur le canal thoracique et le réservoir du chyle, dont il publie les résultats une première fois en 1651, confortent les thèses d’Harvey sur la circulation du sang et lui valent aussi les mêmes détracteurs6.
Les querelles
20* [Jean Michault] Le barbier medecin, ou les fleurs d’Hypocrate. Dans lequel la Chirurgie repris la queuë du Serpent. Œuvre tres-utile pour facilement trouver le remede à toutes les maladies, par le seul secours de la main charitable. Par I. M. D. V. G.A.P. Paris, Jean Guignard, 1672.
21[Université de Montpellier, BU historique de médecine, Ee 249 in-8]
- 7 Voir N. F. J. Eloy, Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, op. cit., tome 3, p (...)
22Jean Michault, maître chirurgien juré et barbier de Paris7, se fait connaître d’abord par sa grande expérience de praticien sur laquelle il se fonde pour publier, sans l’autorisation de la Faculté, ses Fleurs d’Hippocrate comme un antidote à toutes les corruptions de la médecine et des médecins (« la médecine n’est qu’un hôpital malade » !), comme une défense offerte à la chirurgie persécutée. L’ouvrage, dont 200 exemplaires sont saisis en 1672, donne, par son style rabelaisant, une illustration curieuse des querelles et procès qui opposent les différents acteurs de l’institution médicale.
23* Seconde apologie de l’université en médecine de Montpellier : répondant aux curieuses recherches des Universitez de Paris et de Montpellier faites par un vieil Docteur médecin de Paris : envoyée à Monsieur Riolan, Professeur anatomique par un jeune Docteur en médecine de Montpellier, Paris, Jean Piot, 1653.
24[Université de Montpellier, BU historique de médecine, 230 107]
25Isaac Carquet, le « jeune docteur en médecine de Montpellier », ne se nomme pas sans doute parce qu’il n’est que la plume du doyen Simon Courtaud. Celui-ci avait présenté en 1645, pour le discours de rentrée de son École, une Apologie de la Faculté de Montpellier dont il faisait remonter l’origine à l’époque mérovingienne. Les docteurs parisiens réagirent et firent entendre une voix autorisée, celle de Jean Riolan. Ses Curieuses recherches sur les escholes en medecine de Paris et de Montpelier, publiées en 1651, appellent la réponse de Carquet qui ne fait encore que raviver une polémique de plus en plus violente, comme l’attestent la Responsio pro se ipso ad alteram Apologiam impudentissimi et importunissimi Curti Monspelcaniscellari de 1654, et la Defensio altera, adversus impias impuras et impudentes tum in se, tum in Principem Medicinae Scholam Parisiensem, Anonymi Copreae calimnias ac contumelias de 1655.
Notes
1 Voir N. F. J. Eloy, Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, Mons, H. Hoyois, 1778, tome 4, p. 54-55.
2 Voir Louis Dulieu, La médecine à Montpellier, tome III L’époque classique 2e partie, Avignon, Les Presses universelles, 1986, p. 791-792.
3 Guy Patin, Correspondance complète et autres écrits, éd. Loïc Capron, Paris, Biu Santé (biusante.parisdescartes.fr/patin/), L. latine 88, 31 août 1657 (consulté le 2 octobre 2023).
4 Voir Stephen Bamforth, « Médecine et philosophie dans l’œuvre de Nicolas Abraham de la Framboisière », Esculape et Dionysos. Mélanges en l’honneur de Jean Céard, Genève, Droz, 2008, p. 177-202.
5 Voir l’introduction et les notes de Charles Richet pour sa traduction de 1869 (William Harvey, De motu cordis (de la circulation du sang), Paris, Christian Bourgois éditeur, Collection « Epistémè Classiques », 1990).
6 Sur Pecquet voir Jean-Pierre Dadoune, Jean Pecquet médecin et anatomiste du grand siècle. Un homme de son temps, Paris, L’Harmattan, 2019.
7 Voir N. F. J. Eloy, Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, op. cit., tome 3, p. 293-294.
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Pour citer cet article
Référence électronique
Evelyne Berriot-Salvadore et Pascaline Todeschini, « Livres et instruments de médecine au temps de Molière : Exposition à la Faculté de médecine de l’Université de Montpellier (28 mai 2022) », Arrêt sur scène / Scene Focus [En ligne], 12 | 2023, mis en ligne le 22 mars 2024, consulté le 08 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/asf/6224 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/asf.6224
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