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3. La comédie médicale chez Molière et ses contemporains

L’aventure éditoriale du Malade imaginaire

Georges Forestier

Résumés

La mort brutale de Molière en février 1673 a empêché le dramaturge de superviser non seulement l’édition de sa dernière pièce mais également le travail de polissage d’un texte resté partiellement à l’état brut au moment de sa création. Pour répondre aux attentes des lecteurs, impatients de lire la dernière comédie de Molière, deux éditions pirates parurent en 1674, suivies d’une édition autorisée par Armande Béjart en 1675. Mais en 1682, c’est un texte en partie modifié et augmenté qui fut publié dans le tome 8 des Œuvres complètes de Molière. Plusieurs passages, dont la grande scène entre Argan et Béralde, y avaient été réécrits. C’est cette édition, due à l’intervention d’une main extérieure à Molière, qui a été considérée jusqu’en 2010 comme l’édition de référence de la pièce et qui a fait le lit d’une interprétation biographique en grande partie fantasmée faisant du Malade imaginaire l’œuvre-testament d’un homme qui se sait condamné.

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Texte intégral

1Molière est mort le 17 février 1673, au tout début de l’exploitation scénique du Malade imaginaire, ce qui – en un temps où l’on ne publiait les pièces de théâtre qu’après leur création sur la scène – l’a empêché de procéder lui-même à l’édition de sa comédie. De là l’incroyable histoire de l’édition de ce Malade imaginaire : publication illégale d’un faux Malade imaginaire proposant une version (très mal) reconstituée de mémoire (1674) ; publication illégale d’un vrai Malade imaginaire présenté comme « capté » durant les reprises de 1674 ; publication légale du même texte par les éditeurs officiels de Molière (1675) ; et, pour finir, publication chez les mêmes éditeurs d’un Malade imaginaire très retouché en plusieurs endroits, prétendument « sur l’original de l’auteur » (1682), et constamment repris durant trois siècles et demi. C’est une enquête sur cette étonnante aventure textuelle que j’essaie de retracer ici.

2Avant de retentir sur l’interprétation du Malade imaginaire, vite reçu comme le testament d’un Molière rongé par une longue maladie – alors qu’il fut emporté par une infection pulmonaire en même temps que des dizaines d’autres Parisiens –, sa mort brutale au soir du 17 février 1673 a affecté le texte même de sa comédie, qu’il n’avait pas eu le temps de préparer pour l’impression.

  • 1 Et notamment Racine, comme le révèle un manuscrit contenant l’ébauche du premier acte de l’Iphigéni (...)
  • 2 L’Impromptu de Versailles, scène première (dans Molière, Œuvres complètes, édition dirigée par Geor (...)

3Les deux pièces dont il n’avait pu achever la versification, La Princesse d’Élide (1664) et Psyché (1671) nous confirment que, comme tous les auteurs de théâtre du XVIIe siècle1, il commençait par rédiger un canevas en prose découpé en actes et en scènes, qui détaillait toutes les répliques du dialogue entre les personnages, ainsi que toutes les saillies et autres bons mots destinés à donner le relief comique. Pour une « grande comédie » en cinq actes et en vers, il se consacrait ensuite à la versification, ce qui impliquait de retravailler la langue, le style et le rythme. Il en allait de même pour les passages en prose rythmée de certaines pièces, comme Le Festin de Pierre (Don Juan) ou L’Avare. Quant aux grands spectacles destinés à rester en prose simple comme les comédies-ballets burlesques des dernières années (Monsieur de Pourceaugnac, Le Bourgeois gentilhomme, notamment), Molière cherchait autant que possible à améliorer la prose de sa rédaction initiale – à moins que, justement, pressé par les circonstances, il ne disposât pas d’assez de temps pour aller au bout de ce travail de polissage, et c’est par là que nous nous rapprochons du Malade imaginaire. Je vais y revenir. Lorsque le temps manquait, il travaillait en priorité les passages qu’il jugeait les plus importants, soignant chaque échange et chaque réplique, et il en laissait d’autres dans leur forme initiale, moins aboutie. Certes il n’avait pas le choix, face à l’urgence, mais il ne craignait pas grand-chose pour une comédie en prose, puisque, pour les passages les moins aboutis, il savait pouvoir compter sur les capacités d’improvisation de ses meilleurs acteurs. Il l’avait souligné presque dix ans plus tôt dans un passage de L’Impromptu de Versailles : « quand même vous ne […] sauriez pas tout à fait [vos rôles], pouvez-vous pas y suppléer de votre esprit, puisque c’est de la Prose, et que vous savez votre sujet2 ? ». Et pendant que Molière et ses comédiens « suppléaient de leur esprit » à certains endroits, Molière améliorait la version écrite de sa pièce de jour en jour pour offrir à la publication la meilleure version possible de l’ensemble.

  • 3 Ce livret de 36 pages a été publié par Christophe Ballard, « seul Imprimeur du Roi pour la musique  (...)

4Dans le cas du Malade imaginaire, prévu pour le carnaval de 1673, il n’était pas possible de repousser la création au-delà de la mi-février : il fallait profiter au mieux de la fin de la saison théâtrale qui cette année-là s’achevait la semaine du 20 mars. Tout porte à croire que lorsque ce grand spectacle put être créé, le 10 février, Molière n’avait pas fini de polir la totalité de son texte. Car il avait dû, bien des semaines en amont, préparer les intermèdes chantés et dansés avec le compositeur Marc-Antoine Charpentier, et pour cela écrire toutes « les paroles qui se chantent » que Charpentier attendait pour les mettre en musique puis le plus tôt possible en répétition avec les chanteurs. Or les passages chantés sont très nombreux et amples dans Le Malade imaginaire, en particulier dans l’immense prologue originel et dans le long intermède terminal, entièrement en vrai et faux latin. Nous ignorons combien de temps avant la création les ultimes ajouts et retouches des derniers passages chantés devaient être définitivement au point afin que tout soit prêt aussi bien pour les dernières répétitions que pour l’impression de l’ensemble des paroles dans le livret proposé aux spectateurs, selon un usage transposé des ballets de cour, à la création du spectacle3. Quoi qu’il en soit, Molière avait dû ensuite donner tout le reste de son temps aux passages susceptibles de supporter le plus mal une part d’improvisation : les premières scènes de l’acte I et l’ensemble de l’acte II organisé autour des Diafoirus, du petit « opéra impromptu » et de la scène de la petite Louison. Mais il dut laisser dans leur état premier de rédaction la fin du premier acte et de nombreux passages de l’acte III. Toutes ces portions de texte restées à l’état « brut » auraient dû être améliorées par Molière au fil des semaines, mais sa mort au soir de la quatrième représentation l’a empêché de le faire.

  • 4 Le mot est de La Grange dans le récit des événements qui ont suivi la mort de Molière (Extraict des (...)

5La semaine qui suivit son décès fut une semaine de battement durant laquelle la troupe reprit Le Misanthrope, profitant du fait qu’à l’automne précédent (fin octobre-début novembre 1672), accaparé par la composition des « paroles qui se chantent » du Malade, Molière avait cédé le rôle d’Alceste au jeune Baron pour une reprise du Misanthrope et qu’on pouvait donc désormais jouer cette comédie sans lui. Pendant ce temps, La Thorillière apprenait le rôle d’Argan, afin que les comédiens pussent reprendre Le Malade imaginaire avant la fin de la saison théâtrale. La troupe réussit ainsi à enchaîner neuf représentations consécutives ainsi du vendredi 3 mars jusqu’au mardi 21 mars. Et ce fut tout : le premier mardi d’après Pâques, date habituelle de réouverture des théâtres, la salle du Palais-Royal ne rouvrit pas. Quatre membres de la troupe, La Thorillière, Baron, Jeanne Beauval et son mari étaient passés dans la « Troupe Royale » de l’Hôtel de Bourgogne durant le relâche, laissant la « Troupe du Roi », ainsi privée de cinq acteurs sur douze (Molière et les quatre transfuges), dans l’incapacité de jouer. La Troupe du Roi paraissant ainsi « rompue4 » et un projet de fusion des compagnies parisiennes de théâtre français ayant germé dans son entourage, Louis XIV accorda la salle du Palais-Royal à Lully, qui réclamait depuis longtemps la mise à disposition à titre gracieux d’une salle dans un bâtiment royal pour créer ses opéras. De ce fait, lorsque quelques semaines plus tard la Troupe du Roi parvint à se reconstituer grâce à l’apport des meilleurs acteurs de la troupe du Marais, dissoute sur ordre de Colbert, elle dut louer très cher un nouveau théâtre, au carrefour de la rue Mazarine et de la rue Guénégaud, qu’elle ne put ouvrir au public que le 9 juillet 1673. Cette très onéreuse reprise d’une salle superbement équipée ayant épuisé sa trésorerie et l’ayant fortement endettée, elle n’avait plus les moyens financiers de remonter le spectacle du Malade imaginaire, très coûteux du fait de ses trois décors, de ses musiciens, de ses chanteurs, de ses danseurs et même de ses acrobates. D’autant plus que cette ouverture tardive du 9 juillet avait écourté la saison théâtrale 1673-1674, faisant perdre près de trois mois de recettes.

6On se doute que « l’orateur », qui faisait le boniment à l’issue de chaque représentation, devait faire attendre la reprise du Le Malade imaginaire pour « très bientôt » – alors que la troupe avait dû d’emblée décider de reporter cette reprise à la saison théâtrale suivante (1674-1675). De là une impatience grandissante de la part du public parisien, frustré du dernier chef-d’œuvre de Molière. Il réclamait des représentations du Malade imaginaire et tout le monde, à Paris comme en province, voulait lire le texte. Mais il était impossible de satisfaire cette double attente, d’un côté pour des raisons financières concernant la mise à l’affiche de la comédie, et de l’autre pour des raisons légales concernant la publication. Suivant la coutume, qui avait force de loi, la troupe qui avait créé la pièce en détenait l’exclusivité jusqu’à ce que le détenteur du texte – en l’occurrence Armande Béjart, veuve de Molière et membre de la troupe – le fasse publier, ce qui autorisait tous les autres comédiens à le reprendre. Donc pas question de publier le texte aussi longtemps que la pièce n’avait pas été rejouée, et, même après cette reprise, Armande Béjart n’avait aucune raison de se hâter à le faire paraître.

  • 5 Voir la citation suivante.

7Or cette exclusivité était menacée, car des copies du manuscrit de la pièce avaient circulé, soit par le fait d’indiscrétion – une lettre de cachet de Louis XIV dira bientôt que des comédiens « ont surpris après le décès du Sieur Molière une copie de sa comédie5 » –, soit, plus vraisemblablement grâce aux interprètes des trois principaux rôles de la pièce qui étaient passés dans le théâtre concurrent avec leur texte sous le bras (La Thorillière-Argan, Mlle Beauval-Toinette, Baron-Cléante). Devant la menace, les deux animateurs de la Troupe du Roi, La Grange et Armande Béjart, obtinrent la promulgation le 7 janvier 1674 d’une lettre de cachet visant à empêcher tout autre troupe que l’ancienne troupe de Molière de reprendre le spectacle :

  • 6 Cité dans Molière, Œuvres complètes, t. II, p. 1559.

Sa Majesté ayant été informée que quelques comédiens de campagne ont surpris après le décès du Sieur Molière une copie de la comédie du Malade imaginaire, qu’ils se préparent de donner au public, contre l’usage de tous temps observé entre tous les comédiens du royaume de n’entreprendre de jouer au préjudice les uns des autres les pièces qu’ils ont fait accommoder au théâtre à leurs frais particuliers, pour se récompenser de leurs avances, et en tirer les premiers avantages, Sadite Majesté fait très expresses inhibitions et défenses à tous comédiens autres que ceux de la Troupe établie à Paris rue Mazarine au faubourg Saint-Germain, de jouer et représenter ladite comédie du Malade imaginaire en quelque manière que ce soit, qu’après qu’elle aura été rendue publique par l’impression qui en sera faite, à peine de 3 000 livres d’amende6.

8La menace (environ 35 000 euros d’amende) fit son effet. Plusieurs compagnies qui s’apprêtaient à représenter la pièce dans diverses villes de province ne purent mettre leur projet à exécution, comme en rendirent compte les officiers de justice qui leur délivrèrent la lettre de cachet la veille du spectacle. Et l’Hôtel de Bourgogne qui, avec les transfuges de la troupe de Molière, devait se tenir prêt à monter Le Malade imaginaire, se le tint pour dit.

  • 7 À Amsterdam, chez Daniel Elzevir [sic], 1674.

9Ce qui ne fit qu’accroître encore l’impatience. Du coup, un libraire ou un imprimeur français eut l’idée de commander un Malade imaginaire « de mémoire » à des personnes qui avaient vu les représentations de février-mars 1673 et prétendaient en avoir des souvenirs assez précis. Ainsi parut à Paris de manière clandestine, mais avec une fausse adresse hollandaise7, un petit livre intitulé Le Malade imaginaire, Comédie en trois actes. Mélez de Danses et de Musique. L’histoire était globalement préservée, mais tout y était déformé, des scènes omises, d’autres inventées, et les noms des personnages étaient presque tous transformés à l’exception des Diafoirus père et fils : on lisait « Orgon » pour Argan, « Oronte » pour Béralde, « Cato » pour Toinette, « Turbon » pour Purgon, etc. Le succès de cette supercherie vendue comme la véritable création de Molière paraît avoir été très grand : plusieurs éditions se succédèrent en quelques mois à Paris et à Lyon.

  • 8 Registre de La Grange, indication marginale en face du vendredi 4 mai 1674 (Registre de La Grange ( (...)

10Enfin « la Troupe du Roi au Théâtre Guénégaud » fut en mesure de remonter le spectacle. À compter du 4 mai 1674 et jusqu’au 31 juillet s’enchaînèrent trente-huit représentations du Malade imaginaire, le « Registre de La Grange » spécifiant que cette reprise s’était faite « avec parts d’auteur pour Mlle de Molière8 » : la pièce bénéficiant toujours du régime d’exclusivité, deux parts de la recette revenaient à l’auteur – donc à sa veuve, Armande Béjart, dite Mlle de Molière.

  • 9 Cette adresse avait été quelquefois utilisée par les Elzevier de Hollande.
  • 10 Sur Jean Ribou, voir l’ouvrage d’Alain Riffaud, Le Libraire de Molière, Arles, éditions Portaparole (...)
  • 11 Elle se présentait comme publiée chez le libraire Étienne Loyson à Paris.

11À compter du mois d’août, Le Malade imaginaire fut retiré de l’affiche, et un libraire-éditeur décida de lancer sans autorisation, donc clandestinement, une édition de la comédie. Il était temps de casser le succès du faux texte du Malade imaginaire en publiant le vrai texte, fût-ce de manière illégale ; et les spectateurs parisiens qui avaient assisté aux représentations des trois mois précédents allaient pouvoir apprécier la différence entre la supercherie et l’authentique. Ainsi parut sous le titre Le Malade imaginaire, Comedie, Meslée de Musique et de Dance par Mr de Molière la première édition du vrai texte à la fin de l’été ou au début de l’automne 1674 à l’adresse du libraire Jean Sambix à Cologne. Cette adresse fictive, qui visait à faire croire qu’il s’agissait d’une contrefaçon étrangère9, masquait en fait, comme l’a montré récemment Alain Riffaud, le libraire parisien Jean Ribou, éditeur attitré de Molière depuis le milieu des années 166010. Comme il publiait nombre de pièces de théâtre, il avait dû profiter de ses liens avec le monde du théâtre pour se procurer une des copies du manuscrit qui avaient circulé parmi les troupes. Pour faire diversion, il avait placé à l’ouverture du livre une préface anonyme affirmant que, pour satisfaire le public, frustré d’avoir été trompé par le faux texte du Malade imaginaire, on avait imprimé le vrai texte de la pièce appris de mémoire au fil de plusieurs représentations. Affirmation crédible, puisque la comédie était restée trois mois à l’affiche et qu’il suffisait d’un seul sténographe aguerri – et Paris en regorgeait – pour réaliser à la perfection ce type de saisie en quelques séances. Et l’on s’arracha cette édition dite « Sambix » : en quelques mois Ribou en lança trois éditions successives, et une contrefaçon hollandaise (avec une fausse adresse parisienne11) tenta bientôt de profiter de l’aubaine.

  • 12 Molière, Œuvres complètes, t. II, p. 629-718.

12Ne restait plus aux éditeurs officiels de Molière qu’à entrer à leur tour dans la danse. Les libraires Denis Thierry et Claude Barbin – associés en sous-main à Jean Ribou qui n’avait plus le droit d’exercer – venaient de publier courant 1674 Les Œuvres de Monsieur de Molière en six volumes. Ils ajoutèrent au commencement de 1675 un septième volume composé du Malade imaginaire et d’une petite comédie d’hommage à Molière écrite par Brécourt, un ancien acteur de sa troupe, L’Ombre de Molière. Savaient-ils que leur associé Ribou était le responsable de l’édition Sambix ? Difficile de l’ignorer : il suffisait de quelques heures à Thierry et Barbin pour mener à bien l’enquête à laquelle s’est livré de nos jours Alain Riffaud, trois siècles après la disparition des librairies et des ateliers d’imprimerie du quartier latin. Peut-être Ribou les avait-il convaincus que l’édition pirate qu’il avait lancée était le meilleur moyen de forcer la main d’Armande Béjart, qui avait résisté jusqu’alors à leur demande de publier officiellement Le Malade imaginaire, afin d’en garder l’exclusivité ? Quoi qu’il en soit, cette parution du Malade imaginaire dans un tome VII des Œuvres de Monsieur de Molière n’a pu se faire qu’en achetant officiellement le texte à Armande Béjart : elle en avait fait tirer une nouvelle copie à partir du manuscrit originel de Molière, et on l’avait agrémenté ici et là de quelques indications scéniques. Mis à part ces didascalies ajoutées, ce Malade imaginaire de 1675 offrait, au mot près, le même texte que celui de l’édition « Sambix » de 1674. C’est-à-dire le texte que Molière n’avait pas eu le temps de polir entièrement, que nous avons repris, pour la première fois depuis le XVIIe siècle, dans notre édition des Œuvres complètes en 201012 et que la troupe du Théâtre Molière Sorbonne présente depuis 2022 dans une mise en scène historiquement informée.

13Mais ce n’est pas ici que prend fin l’aventure textuelle du Malade imaginaire.

  • 13 Entretemps, le libraire Pierre Trabouillet avait racheté les parts détenues en sous-main par Ribou (...)
  • 14 De Don Garcie de Navarre à La Comtesse d’Escarbagnas en passant par Le Festin de Pierre, censuré et (...)

14En 1682, la même association de trois éditeurs13 publia une nouvelle édition des Œuvres de Monsieur de Molière : six volumes suivis de deux volumes d’œuvres posthumes, numérotés VII et VIII. Le « Privilège du Roi » spécifiait qu’Armande Béjart avait vendu aux éditeurs, outre les six pièces que Molière n’avait pas publiées de son vivant14, « le Malade Imaginaire, revu, corrigé et augmenté ».

15Une préface placée au tome premier avertissait le lecteur que cette comédie « avait été si mal imprimée dans les Éditions précédentes, qu’outre plusieurs Scènes, tout le troisième Acte n’était point de M. de Molière », et qu’ils la donnaient « corrigée sur l’Original de l’Auteur ». Quelques mois plus tard, lorsque parut le tome VIII qui contenait la pièce, elle était présentée comme « Corrigée sur l’original de l’Auteur, de toutes les fausses additions et suppositions de Scènes entières, faites dans les Éditions précédentes ». Et pour finir, en tête des scènes 7 et 8 de l’acte I et au commencement de l’acte III, était répétée la mention suivante : « Cette scène entière [cet acte entier] n’est point dans les Éditions précédentes de la Prose de Monsieur Molière, la voici rétablie [le voici rétabli] sur l’original de l’Auteur ».

16Cette édition « définitive » des Œuvres complètes de Molière parue en 1682 et reprise sans changement au fil des décennies suivantes vint ainsi contester l’authenticité d’une partie du texte du Malade imaginaire paru quelques années plus tôt (1675) chez les mêmes libraires. Pourtant sa fiabilité n’avait été mise en cause par personne : chacun avait pu juger qu’elle présentait le texte qu’avait joué la troupe de Molière, si ce n’est en février-mars 1673 (le souvenir en était trop lointain pour pouvoir s’appuyer sur lui), du moins lors de la grande reprise de mai à juillet 1674, et qu’elle rejouait désormais de loin en loin.

  • 15 Voir au tome I de l’édition citée des Œuvres complètes de Molière la note générale sur le texte, p. (...)

17Longtemps les spécialistes ont accordé une confiance absolue à cette édition de 1682 sur la foi d’un écrit de la fin du XVIIe siècle attribuant au comédien La Grange une part active dans son élaboration. Mais nous avons montré avec Claude Bourqui que cette confiance est imméritée et que plusieurs des renseignements fournis par La Grange sont trompeurs, en particulier à propos de Tartuffe et de Dom Juan15, et il convient de réfléchir sur ces mises en cause des « éditions précédentes » du Malade imaginaire ainsi que sur ces renvois à « l’original de l’auteur ».

18En fait, parmi les éditions rejetées, une seule, la grossière contrefaçon « de mémoire » publiée au commencement de 1674 et plusieurs fois réimprimée, présente des « fausses additions et suppositions de scènes entières ». Il n’empêche : les deux éditions parues en 1674 et 1675 – l’édition « Sambix » et l’édition officielle – se voyaient explicitement enveloppées elles aussi dans la condamnation. Or on y cherche en vain des « fausses additions et suppositions de scènes entières » par rapport à la référence qu’est censée représenter la nouvelle version publiée en 1682. Tout au plus présentent-elles aux scènes 7 et 8 de l’acte I et tout au long de l’acte III de nombreux passages rédigés de manière différente – avec des suppressions et des ajouts – que dans l’édition dite définitive.

19Examinons rapidement la scène du notaire (I, 7). On découvre que la première réplique où Argan annonce au notaire – un peu brutalement dans la version originelle de 1674-1675 – sa volonté de déshériter ses enfants au profit de sa femme a été « augmentée » (et, ce faisant, adoucie) de quelques mots de civilités et d’une réplique hypocrite de Béline, et qu’ensuite la tirade dans laquelle le notaire défend sa profession contre celle d’avocat puis donne ses conseils a été coupée par l’ajout d’une courte réplique d’Argan ce qui a permis d’augmenter chacune des deux parties. De même, le regret d’Argan de ne pas avoir eu d’enfant de Béline avant de mourir, initialement exprimé à l’extrême fin de cette même scène, a été déplacé au début du dernier tiers, ce qui a permis d’amplifier la séquence des pleurs de Béline. On peut certes estimer que la rédaction a gagné en élégance et en fluidité ; mais comment juger la perte de rythme que subit l’arrivée de M. Fleurant à la scène 4 de l’acte III ? Sa réplique initiale : « C'est un petit clystère que je vous apporte ; prenez vite, Monsieur, prenez vite, il est comme il faut, il est comme il faut » a été purement et simplement supprimée, Fleurant ne prenant la parole qu’au milieu de la scène pour protester contre l’intervention de Béralde. A été ainsi perdue la dimension véritablement « dansante » de l’entrée en scène de l’apothicaire, permise par la répétition (en apparence inutile) du « prenez vite » et du « il est comme il faut ».

20Et je reviendrai en conclusion sur la manière dont un ajout à la fin de la grande discussion entre Argan et Béralde sur la médecine (III, 3) a orienté l’interprétation de l’ensemble du Malade imaginaire par la postérité.

21Si donc l’édition de 1682 n’a point ôté de la version originelle parue dans les éditions de 1674-1675 de « fausses additions et suppositions de scènes entières », les différences se ramenant à des corrections stylistiques, des ajouts et des suppressions de mots, de phrases et de répliques, on doit se demander sur quoi se fondent les éditeurs de 1682 pour prétendre que les scènes 7 et 8 de l’acte I et l’acte III entier « ne sont pas de la prose de M. de Molière » dans les deux éditions antérieures. Puisque, comme on a vu, rien ne permet de mettre en doute que « Sambix 1674 » et le tome VII de 1675 aient reproduit « la prose de Molière », il reste à déterminer la nature et la provenance de cet « original » invoqué par les libraires Thierry, Barbin et Trabouillet pour légitimer leur nouveau texte. Comment pourrait-il être différent aussi bien de la « copie surprise » après la mort de Molière que du texte joué par les comédiens en 1674 et du même texte cédé par Armande Béjart aux libraires parisiens en 1675 ?

  • 16 Le Malade imaginaire, III, 3 (1674-1675à, t. 2, p. 696-697.
  • 17 Le Malade imaginaire, III, 3 (1682), t. 2, p. 727.

22La lecture de l’« Extrait du Privilège du Roi » imprimé au dernier tome de l’édition de 1682 permet d’apporter un peu de jour à cette énigme. Il y est dit que le libraire Denis Thierry avait traité avec la veuve du sieur Molière « d’un Manuscrit intitulé Recueil des Œuvres posthumes de J.P.B. de Molière » qui contenait, outre les six pièces que le comédien n’avait pas voulu publier de son vivant (de Don Garcie à La Comtesse d’Escarbagnas), « le Malade Imaginaire, revu, corrigé et augmenté ». Ainsi « l’original de l’auteur » invoqué par la préface du tome I de la même édition se trouve être un original « revu, corrigé et augmenté ». Revu et corrigé, ce n’est pas tout à fait faux : les premières copies établies à partir du manuscrit de Molière, et reproduites dans les éditions de 1674 et de 1675 révèlent quelques erreurs de déchiffrage, un saut de ligne ici, une mauvaise lecture de certains termes médicaux là. Sans compter qu’immédiatement après la mort de Molière les comédiens avaient opéré une pudique correction en se faisant adresser collectivement les menaces que dans la version de 1682 Argan profère à l’encontre du seul Molière (fin de la scène 3 de l’acte III). Ils avaient mis (ou avaient fait mettre) au pluriel, sous la forme « Ce sont de plaisants impertinents que vos Comédiens, avec leurs Comédies de Molière ; c’est bien à faire à eux à se moquer de la Médecine…16 » tout le passage dans lequel Molière s’était amusé à se mettre en cause lui-même et qui se présentait probablement de la manière suivante : « C’est un plaisant impertinent que votre Molière, avec ses Comédies ; c’est bien à faire à lui à se moquer de la Médecine… ». On discerne aisément que ce passage avait été modifié par les comédiens (ou à leur demande) pour pouvoir être joué sans heurter la bienséance dans les jours qui suivirent la disparition de Molière-Argan. L’édition de 1682 a rétabli le singulier, et c’est probablement le seul passage pour lequel on peut accorder quelque crédit à l’affirmation selon laquelle le texte de 1682 a été « rétabli sur l’original de l’auteur ». Mais le réviseur du texte ne s’est cependant pas privé de mettre son grain de sel en modifiant quelque peu le passage qui devient : « C’est un bon impertinent que votre Molière avec ses Comédies, et je le trouve bien plaisant d’aller jouer d’honnêtes gens comme les Médecins17… ».

23Reste à savoir ce qu’il faut entendre par « original augmenté ». On voit bien que la grande discussion sur la médecine entre Argan et Béralde (III, 3) a été fortement étendue. Il est très peu probable que les comédiens y soient pour quelque chose : outre que Molière devait avoir pris soin d’en soupeser chaque terme et qu’ils devaient estimer qu’il n’y avait rien à améliorer, ils ont trop peu souvent joué Le Malade imaginaire après 1675, pour créer les conditions favorables, au fil des représentations, à un travail de stabilisation et d’amplification des passages qu’ils pouvaient estimer un peu trop bruts – surtout en l’absence de l’auteur. Dès lors, un tel travail de réécriture et d’augmentation ne peut avoir été entrepris que par un professionnel des lettres, à la demande d’Armande Béjart.

  • 18 « Nous » désigne ici Claude Bourqui et moi, qui avons émis cette hypothèse en 2010 dans la Notice d (...)
  • 19 Sur Donneau de Visé, voir Christophe Schuwey, Un Entrepreneur des lettres au XVIIe siècle, Paris, (...)

24Sans information sur le rédacteur auquel Armande a pu s’adresser avant de vendre le nouveau manuscrit du Malade imaginaire aux éditeurs des Œuvres, on ne peut faire qu’une hypothèse. L’habileté avec laquelle ce rédacteur s’est immiscé dans la prose de Molière pour retoucher et augmenter sans heurt le texte initial, récrire avec bonheur les passages non lissés par Molière et ajouter l’émouvant échange sur la maladie de Molière sur lequel je reviens plus loin, tout cela témoigne d’une plasticité d’écriture qui nous18 fait pencher vers Jean Donneau de Visé, le polygraphe le plus célèbre de l’époque, depuis longtemps ami de la famille et très proche d’Armande depuis la mort de Molière19.

25Armande Béjart et les libraires avaient tout intérêt à annoncer dans cette édition de 1682 un « nouveau » Malade imaginaire. Pour attirer les acheteurs vers un ultime volume des Œuvres de Monsieur de Molière composé de deux pièces de second plan – l’une jamais représentée ailleurs qu’à la Cour (Les Amants Magnifiques), l’autre brièvement jouée devant le public parisien (La Comtesse d’Escarbagnas) – et d’une comédie déjà disponible (Le Malade imaginaire), il fallait insister sur le fait qu’on présentait une version de celle-ci presque entièrement nouvelle et présentant partout les qualités reconnues à la prose de Molière. De plus, un Malade annoncé comme très différent des versions antérieures et couvert par un nouveau « privilège d’impression » ne risquerait plus de subir la concurrence des éditions présentées comme le résultat d’une captation scénique. Car certains avaient repris en province le texte de l’édition « Sambix », comme l’imprimeur rouennais Antoine Maurry, qui avait réalisé une édition en 1680 et la vendait partout librement. Désormais le monopole des trois libraires associés couvrait la totalité de l’œuvre de Molière.

26Ainsi allait bientôt s’effacer le texte joué par Molière en février 1673, « surpris après son décès », applaudi par Louis XIV dans les jardins de Versailles en juillet 1674, publié dans plusieurs éditions successives en 1674 et 1675 et réimprimé ici et là les années suivantes. Avec la grande édition de 1682, considérée comme définitive, ce premier Malade imaginaire avait cédé la place à un Malade imaginaire substantiellement modifié à la fin de l’acte I et à l’acte III, en particulier dans la scène 3 considérablement augmentée. Car, comme on vient de le voir, le correcteur ne s’est pas contenté de lisser et d’augmenter certains passages que Molière – pressé par le temps et mort au soir de la quatrième représentation – n’avait pas portés à leur perfection stylistique, et il ne s’est pas contenté non plus de rétablir au singulier un passage que les comédiens avaient modifié au pluriel par décence après la mort de Molière. Il s’est permis des transformations et des ajouts. Et c’est ce nouveau texte qui depuis 1682 a été reproduit d’édition en édition jusqu’aux Œuvres complètes parue en 2010 dans la Bibliothèque de la Pléiade.

  • 20 Le Malade imaginaire, III, 11 (1682), t. 2, p. 737.

27Or ces transformations ont eu des conséquences sur l’interprétation de la pièce. Si l’une d’elles a pu être heureuse, comme cet irrésistible rajout comique dans l’une des dernières scènes – « N’y a-t-il pas quelque danger à contrefaire le mort ?20 », s’écrie Argan depuis 1682 lorsque Toinette l’invite à simuler la mort pour éprouver les sentiments de sa femme Béline –, une autre vise à faire croire que Molière se sentait déjà condamné lorsqu’il écrivit la pièce. Ainsi à la scène 3 de l’acte III dans la séquence consacrée à Molière, aux comédies duquel Béralde voudrait entraîner Argan pour lui ôter son chagrin, les éditions de 1674 et 1675 proposaient les phrases suivantes :

  • 21 Le Malade imaginaire, III, 3 (1674-1675), t. 2, p. 697.

ARGAN : Par la mort non d’un diable je l’attraperais bien quand il serait malade, il aurait beau me prier, je prendrais plaisir à le voir souffrir, je ne voudrais pas le soulager en rien, je ne lui ordonnerais pas la moindre petite saignée, le moindre petit Lavement, je me vengerais bien de son insolence, et lui dirais ; Crève, crève, crève mon petit Monsieur, cela t’apprendra à te moquer une autre fois de la Faculté.
BÉRALDE : Il ne s’expose point à de pareilles épreuves, et il sait très bien se guérir lui-même lorsqu’il est malade21.

28Ce passage a été modifié et augmenté ainsi :

  • 22 Le Malade imaginaire, III, 3 (1682), t. 2, p. 727-728.

ARGAN : Par la mort non de diable, si j’étais que des Médecins je me vengerais de son impertinence, et quand il sera malade je le laisserais mourir sans secours. Il aurait beau faire et beau dire, je ne lui ordonnerais pas la moindre petite saignée, le moindre petit lavement ; et je lui dirais, crève, crève, cela t’apprendra une autre fois à te jouer à la Faculté.
BÉRALDE : Vous voilà bien en colère contre lui.
ARGAN : Oui, c’est un malavisé, et si les Médecins sont sages, ils feront ce que je dis.
BÉRALDE : Il sera encore plus sage que vos Médecins, car il ne leur demandera point de secours.
ARGAN : Tant pis pour lui, s’il n’a point recours aux remèdes.
BÉRALDE : Il a ses raisons pour n’en point vouloir, et il soutient que cela n’est permis qu’aux gens vigoureux et robustes, et qui ont des forces de reste pour porter les remèdes avec la maladie ; mais que pour lui il n’a justement de la force, que pour porter son mal22.

29Habile transformation, assurément : lecteurs et spectateurs se voyaient désormais invités à penser que Molière joua le rôle d’Argan épuisé par la maladie et n’ayant plus « de la force, que pour porter son mal ». Cherchant à introduire une touche de pathétique, le correcteur ignorait qu’il allait lancer la postérité dans une tout autre compréhension du Malade imaginaire, devenu la pièce-testament d’un homme qui se sentait près de mourir.

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Notes

1 Et notamment Racine, comme le révèle un manuscrit contenant l’ébauche du premier acte de l’Iphigénie en Tauride de Racine, un projet de tragédie abandonné au profit du sujet d’Iphigénie à Aulis, représenté et publié (1674-1675) sous le titre d’Iphigénie.

2 L’Impromptu de Versailles, scène première (dans Molière, Œuvres complètes, édition dirigée par George Forestier et Claude Bourqui, 2 t., Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2010, t. II, p. 823). Toutes nos citations sont empruntées à cette édition.

3 Ce livret de 36 pages a été publié par Christophe Ballard, « seul Imprimeur du Roi pour la musique » sous le titre Le Malade imaginaire, Comédie, Meslée de Musique et de Dance. Représentée sur le Théâtre du Palais-Royal.

4 Le mot est de La Grange dans le récit des événements qui ont suivi la mort de Molière (Extraict des Receptes et des affaires de la Comédie depuis Pasques de l’année 1659, dit « Registre de la Grange » (p. 145 de l’édition procurée en 1876 par Édouard Thierry ; t.  II, p. 1143 de l’édition Pléiade citée).

5 Voir la citation suivante.

6 Cité dans Molière, Œuvres complètes, t. II, p. 1559.

7 À Amsterdam, chez Daniel Elzevir [sic], 1674.

8 Registre de La Grange, indication marginale en face du vendredi 4 mai 1674 (Registre de La Grange (1658-1685) : précédé d’une notice biographique, Paris, J. Claye, 1876, p. 157).

9 Cette adresse avait été quelquefois utilisée par les Elzevier de Hollande.

10 Sur Jean Ribou, voir l’ouvrage d’Alain Riffaud, Le Libraire de Molière, Arles, éditions Portaparole, 2022.

11 Elle se présentait comme publiée chez le libraire Étienne Loyson à Paris.

12 Molière, Œuvres complètes, t. II, p. 629-718.

13 Entretemps, le libraire Pierre Trabouillet avait racheté les parts détenues en sous-main par Ribou (le tiers de l’ensemble), ainsi que son stock des pièces de Molière (là encore le tiers de l’ensemble).

14 De Don Garcie de Navarre à La Comtesse d’Escarbagnas en passant par Le Festin de Pierre, censuré et rebaptisé pour l’occasion Don Juan ou Le Festin de Pierre.

15 Voir au tome I de l’édition citée des Œuvres complètes de Molière la note générale sur le texte, p. CXIX-CXXV et au tome II les Notices de Tartuffe (p. 1363-1364) et du Festin de Pierre (Dom Juan), p. 1648.

16 Le Malade imaginaire, III, 3 (1674-1675à, t. 2, p. 696-697.

17 Le Malade imaginaire, III, 3 (1682), t. 2, p. 727.

18 « Nous » désigne ici Claude Bourqui et moi, qui avons émis cette hypothèse en 2010 dans la Notice du Malade imaginaire de notre édition des Œuvres complètes de Molière.

19 Sur Donneau de Visé, voir Christophe Schuwey, Un Entrepreneur des lettres au XVIIe siècle, Paris, Classiques Garnier, 2020 (notamment p. 456 pour ses liens avec les Molière). Voir aussi son étude « Relire Molière avec Donneau », dans Claude Bourqui, Georges Forestier, Bénédicte Louvat, Lise Michel, Agathe Sanjuan, Retours sur Molière, Paris Hermann, 2022, p. 59-71.

20 Le Malade imaginaire, III, 11 (1682), t. 2, p. 737.

21 Le Malade imaginaire, III, 3 (1674-1675), t. 2, p. 697.

22 Le Malade imaginaire, III, 3 (1682), t. 2, p. 727-728.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Georges Forestier, « L’aventure éditoriale du Malade imaginaire »Arrêt sur scène / Scene Focus [En ligne], 12 | 2023, mis en ligne le 22 mars 2024, consulté le 06 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/asf/5359 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/asf.5359

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Auteur

Georges Forestier

Professeur émérite à Sorbonne Université, Georges Forestier a publié des ouvrages sur Corneille, Racine et Molière, et dirigé les grandes éditions annotées de Racine (1999) et de Molière (2010) dans la « Bibliothèque de la Pléiade ». Sa biographie de Molière (Gallimard, 2018) a été couronnée par plusieurs prix. Il a fondé en 2017 le « Théâtre Molière Sorbonne », destiné à former de jeunes acteurs aux pratiques de jeu anciennes et à proposer des spectacles qui restituent les techniques en fonction desquelles Molière, Racine et leurs rivaux ont conçu leurs chefs-d’œuvre. Il a publié en 2023 Molière, le mystère et le complot (Hermann).
Emeritus Professor at Sorbonne University, Georges Forestier has published works on Corneille, Racine and Molière, and edited the major annotated editions of Racine (1999) and Molière (2010) in the Bibliothèque de la Pléiade. His biography of Molière (Gallimard, 2018) has won several awards. In 2017, he founded the Théâtre Molière Sorbonne, designed to train young actors in ancient acting practices and offer shows that restore the techniques by which Molière, Racine and their rivals conceived their masterpieces. In 2023, he published Molière, le mystère et le complot (Hermann).

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