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Dossier

L’espace ouvert pour recomposer avec la matérialité de l’espace urbain

The open space to reconsider urban space materiality
Mayté Banzo

Abstracts

The open space is a term essentially used in urban planning, rather than in everyday life. It refers to the large diversity of unbuilt spaces, considered from the urban point of view. This article aims at better understanding the process that results in giving increasing importance to open spaces and their materiality in spatial and urbain planning. Looking back over the history of town-planning ideas allows us to identify the founding models that continue to guide the logics of public action on these spaces. The effective acknowledgement of nature spaces and agricultural spaces in urban policies prompts reconsideration of these models by giving a more prominent place to ground materiality.

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Full text

1L’espace ouvert nous place dans le champ de l’aménagement, de la planification urbaine, de l’urbanisme, du paysagisme. Il conduit à s’intéresser au non bâti, à privilégier le regard sur les espaces en creux plutôt qu’en plein de l’urbain. Espace ouvert comme paysage sont des termes flous qui englobent une grande diversité de processus, de situations, de mondes sociaux. L’évolution de la forme urbaine et des rapports de la société avec la nature amènent à en renouveler le récit (Banzo 2009 ; Matthey et Mager 2013). A l’interface de la compréhension et de l’action, ce sont des outils très utiles pour analyser la manière qu’ont les acteurs territorialisés de concevoir, de s’approprier, les espaces non bâtis. C’est sans doute ces différentes raisons qui expliquent la ré-affirmation de leur utilisation dans le discours de l’aménagement aujourd’hui. Alors que le paysage est un terme d’usage courant, l’espace ouvert reste un terme plus technique attaché essentiellement à la pratique de l’urbanisme et du paysagisme.

Zone – petite ou grande, permanente ou temporaire, publique ou privée- située à l’intérieur ou à la périphérie d’une région urbaine, où la nature prédomine soit en raison de l’état initial (agriculture, forêt) soit par une action d’aménagement (parcs), de protection (sites classés) ou d’abandon (carrières délaissées, infrastructures…) [qui] assure des fonctions variées et complémentaires, économiques, esthétiques et paysagères, récréatives, biologiques et même scientifiques et pédagogiques (Strong 1968 citée par Poulot 2013).

2En 1975, à Marly-le-Roi un colloque sur l’espace ouvert est organisé à l’initiative d’un groupe de réflexion du centre de recherche en urbanisme. L’espace ouvert y est défini de façon très similaire à celle d’Ana-Louise Strong sans que l’auteur ne soit directement cité:

Un espace ouvert correspond à une portion de territoire située à l’intérieur d’une région urbaine ou d’une agglomération où dominent les éléments naturels soit en raison de l’état initial (agriculture, lande, promenade,…). Par extension les espaces minéraux non bâtis tels que les rues piétonnières, cheminements, chemins de halage sont également pris en compte. L’espace ouvert est donc très diversifié, petit ou grand, urbain ou rural, permanent ou temporaire, affecté ou non affecté, public ou privé (Lapoix 1975 : 19).

3En France et en Europe, le terme espace public est d’avantage mobilisé dans ces années là. Il devient l’enjeu des revendications de requalification urbaine et un instrument privilégié des politiques urbaines (Decroly et al. 2003). En revanche en Amérique du Nord, l’open space est le garant de la qualité de vie urbaine:

What is expressed in open spaces is the essential quality of urban life, its casualness and variety, its ability to crystallize community feeling. People find in outdoor meeting places the chance to sense what is going on, to test the mood of the community, to mingle and communicate. Life deprived of these outdoor extensions would lack much of the vitality and savor we associate with city dwelling (Hechkscher et Robinson 1977 : 4).

4Aujourd’hui le terme est délaissé en Amérique du Nord, peu utilisé dans la littérature. Pour les urbanistes il fait référence aux interstices, à l’espace restant que l’on a du mal à qualifier « on lui donne une couleur dans les plans et on l’appelle open space » (entretien Robert Freedmann, Toronto city planning division, Toronto, 8 juin 2010). On lui préfère le terme de nature qui qualifie de façon jugée plus valorisante le non bâti. Pour les paysagistes l’open space garde un sens fort : il constitue l’espace dominant et stratégique des agglomérations urbaines ; un objet d’étude et de réflexion qui reste vivace (entretiens Peter Jacobs, Université de Montréal, Montréal, 10 juin 2010 ; Ron Williams, Université de Montréal, Montréal, 11 juin 2010). En France, l’espace ouvert est surtout remobilisé par la communauté des scientifiques s’intéressant aux transformations et aux processus de publicisation des campagnes (Le Caro 2007, Banos 2008, Banos et Candau 2006, Poulot 2013) ou des espaces non bâtis dans les aires urbanisées (Banzo 2009).

5L’hypothèse centrale que nous formulons dans cet article est que l’utilisation de ce terme est en lien avec le regain d’intérêt pour la matérialité de l’espace urbain. Cette matérialité intègre à la fois l’étendue, les propriétés et les processus physiques des espaces non bâtis mais également les fonctionnements sociaux et politiques de territoires qui bien que de plus faible densité n’en restent pas moins utilisés et appropriés. L’espace ouvert affirme un point de vue urbain. Les espaces qui nous intéressent sont situés en périphérie proche ou lointaine des agglomérations, mais leurs fonctionnalités de gestion et leur devenir à court et moyen terme dépendent des acteurs parties prenantes des dynamiques métropolitaines. Dans ce contexte, l’espace ouvert permet de s’affranchir des concepts de référence pour qualifier le non bâti, paysage, campagne ou nature, concepts qui continuent d’affirmer l’existence d’espaces ou de mondes du savoir distincts de ceux de l’urbain. L’objectif de cet article est de montrer comment l’espace ouvert se construit à la fois en tant qu’outil conceptuel et outil d’action publique facilitant le dépassement des catégories, donnant une dimension et une épaisseur accrue à la matérialité du sol.

6Dans la première partie nous rappelons surtout le contexte dans lequel s’affirme l’espace ouvert aujourd’hui, celui d’une urbanisation généralisée aux formes réticulaires. Dans la deuxième partie nous identifions les références qui nourrissent l’espace ouvert dans la pensée urbanistique et qui restent très présentes aujourd’hui. L’infrastructure verte fait à la fois partie de ces références mais constitue aussi un outil de planification qui permet une mise en visibilité de l’espace ouvert. Dans la troisième partie il s’agit d’identifier les enjeux du sol que révèle ce projet.

L’ouverture de l’urbain sur le territoire

7Le mouvement d’ouverture est celui qui caractérise les villes, comme les campagnes. Il se traduit par un abaissement des frontières entre ces deux réalités. La ville-campagne serait alors la figure résultant d’un double processus: l’urbanisation des campagnes et la ruralisation des villes (Chalas 2000). Bien que l’intégration d’espaces de faible densité dans les systèmes urbains ne puisse suffire à qualifier le mouvement de ruralisation, la formule a l’intérêt de mettre en évidence l’idée d’un mouvement venant de la ville conjointement à un mouvement venant des campagnes. L’oxymore et le trait d’union traduisent l’idée que la construction qui en résulte n’est plus le fruit d’une opposition mais plutôt d’une combinaison, d’une association. Dans la ville-campagne, l’idée reste néanmoins celle d’une campagne qualifiant la ville, terme maintenu par commodité (Bourdin 2009) mais encore bien souvent par conviction (Burgel 2006).

8La figure du cercle serait celle du repli sur soi alors que celle du réseau caractériserait l’utopie de la dispersion (Decleve 2008). L’évolution de la forme de la ville montre que la figure du réseau s’affirme aujourd’hui comme dominante : elle « renvoie aux configurations sociales et aux dispositifs techniques permettant l’appropriation de l’espace infiniment ouvert » (Decleve 2008 : 11). Le processus de métropolisation traduit cette ouverture. Les villes s’ouvrent sur le territoire, elles sont irriguées par les multiples réseaux qui les parcourent, qui les relient entre elles, qui les connectent au monde, qui induisent différentes formes de mobilité. Elles s’associent dans de vastes systèmes urbains aux échelles régionales. La ville contemporaine étendue et fragmentée donne une existence physique à l’espace ouvert. Il devient l’envers du décor, tout ce qui n’est pas bâti mais qui participe désormais au système urbain de la ville diffuse. L’espace ouvert résulte du regard porté par la ville sur la campagne, la nature et le paysage aux sens de plus en plus mêlés jusqu’à ne former plus qu’un. Cette étendue vient à constituer la matière dominante de l’espace métropolisé. Le renversement du regard permet alors de transformer ce qui était le vide en plein c’est-à-dire en matière susceptible d’alimenter le projet d’urbanisme (Cogato Lanza 2005). Cet autre regard offre un champ d’action immense et une matière peu explorée par l’action aménageuse, d’où l’idée de projet de sol entendu comme un projet foncier, comme le projet des espaces ouverts de la ville contemporaine (Secchi 2006 : 128). « Aujourd’hui, le recours au paysage comme levier de ménagement du territoire est une manière d’entériner la fin de l’opposition villes/campagnes, sans pour autant laisser à la ville la liberté d’occuper tout le sol. Les espaces ouverts, via les politiques vertes, sont des matériaux privilégiés de cette stratégie de ménagement » (Decleve 2008 : 16).

9L’ouverture des campagnes se traduit par un mouvement de publicisation. Pour B. Hervieu et J. Viard (2005), la publicisation marque le troisième temps du statut de la terre. Le premier temps est celui de la IIIe République qui « a privatisé le territoire agricole pour enraciner la République dans la civilisation paysanne » (p. 113). En favorisant la propriété du paysan, elle l’a aussi mise en position « d’élu et en défenseur des frontières du corps spatial de la nation » (p. 114). Le deuxième temps est celui de la Ve République qui a promu la transformation de la valeur patrimoniale de la propriété en outil de production (exploitation) et déplacé « la légitimité des campagnes des conseils municipaux vers les syndicats professionnels et les coopératives » (p. 114). La troisième étape amorcée est donc celle de la publicisation de l’espace des campagnes : « paysages plus que lieux de production, celles-ci sont ressaisies par la cité comme espaces d’usage » (p. 114). La logique de publicisation implique que le point de vue de la société dominante suscite un consensus, ce point de vue est celui d’une société urbaine : « Il n’y a plus d’urbains ou de ruraux, il y a des Français qui habitent en ville ou qui habitent l’espace rural » (Hervieu et Viard 2005 : 43). Au-delà du droit de regard de l’action publique, la publicisation signifie aussi une ouverture, une accessibilité des campagnes, donc des espaces privés, aux pratiques publiques (Mermet et Moquay 2002 ; Clément 2012). La dynamique de publicisation qui touche les campagnes favorise l’assimilation de la campagne à un espace ouvert destiné au bien-être des populations citadines, qu’elles habitent la ville ou l’espace rural. L’agriculture, du moins dans les pays développés, justifie son existence à travers ce projet et à travers la recherche de qualité (alimentaire, paysagère, environnementale). L’entretien d’une campagne sans paysans pose les mêmes problèmes, que l’on soit dans la banlieue d’une grande ville ou dans une campagne isolée. Toutefois l’enfrichement est sans doute moins acceptable en ville que dans une zone moins peuplée.

10La ville-campagne qui résulte de ce double mouvement serait, selon A. Berque, l’expression d’une désurbanité (Berque et al. 2006). Nous préférons la vision plus optimiste de B. Secchi pour qui il s’agit plutôt d’une urbanité en mal de projet. « L’hétérogénéité des fragments [de la ville contemporaine] n’empêche pas la construction d’un horizon de sens compréhensible et d’une forme unitaire » (Secchi 2006 : 129). L’espace ouvert constitue la matière première de ce projet aussi bien en superficie que dans le matériau qu’il propose.

11La pensée urbanistique nourrit depuis déjà longtemps une réflexion sur la place de l’espace ouvert dans la conception de l’urbain (Hechkscher et Robinson 1977 ; Thiberge 2002 ; Versteegh 2005) ; ce qui se dessine aujourd’hui ne se fait pas indépendamment de cet héritage.

L’espace ouvert : une approche urbaine de la matérialité

12L’espace ouvert émane de la pensée urbanistique et se construit à travers les principales conceptions du rapport de la ville à la nature qui s’affirment à partir du XVIIIe siècle. Dans ces conceptions on oppose de façon binaire deux mouvements : un mouvement prônant la domination de la civilisation urbaine, un mouvement antiurbain souhaitant plutôt en limiter les méfaits (Kaika 2005). Deux visions théoriques de la ville illustrent ces mouvements : la cité jardin telle que pensée par Ebenezer Howard, la ville fonctionnaliste théorisée par Le Corbusier et les Congrès internationaux d’architecture moderne (CIAM) (Salomon-Cavin 2007). Il est coutume d’opposer ces deux modèles. Ceux-ci ont fortement influencé l’urbanisme du XXe siècle, sans doute bien moins divergents dans la pratique qu’ils ne peuvent apparaître dans le discours et dans la traduction qui en a été faite. Qu’apportent-ils à la conception de l’espace ouvert? Comment l’approche écologique de la ville qui se dessine à partir des années 1960 modifie-t-elle cette conception?

Espace ouvert et modèles urbanistiques de référence : la cité jardin, la ville fonctionnaliste

13Le modèle de la cité jardin proposé par E. Howard cherche à offrir une alternative à la ville industrielle, nocive pour l’humanité, en promouvant l’union entre la « mère » nourricière (campagne, nature, matérialité de la terre) et le « père » protecteur et éducateur (la ville). « La ville et la campagne doivent être mariés, et de cette joyeuse union jaillira un nouvel espoir, une nouvelle vie, une nouvelle civilisation (Howard 1902 dans Choay 1965 : 279). Plus qu’une opposition au progrès et une pensée nostalgique, l’approche d’E. Howard propose les fondements pour une révolution sociale. Ce changement se conçoit à partir d’une organisation spatiale de la ville qui délimite clairement le bâti du non-bâti. Un zonage répartit les activités dans l’espace : le cœur est constitué d’un jardin ornemental, le commerce et les bâtiments publics sont situés autour et forment le centre, les résidences disposées en auréole autour du centre, les activités industrielles à la périphérie à distance des habitations, le tout enserré par la ceinture agricole qui fait écran à la dispersion et à l’expansion urbaine.

14Distincte de cette ville compacte, la ville fonctionnaliste cherche à dédensifier le bâti pour optimiser la circulation de l’air, l’accès au soleil et installer les édifices sur un support de nature, une étendue verdoyante.

Au lieu de tracer des villes en massifs quadrangulaires avec l’étroite rigole des rues cantonnées par les sept étages d’immeubles à pic sur la chaussée et encerclant des cours malsaines, sentines sans air et sans soleil, on tracerait, en des terrains de jeux et des plantations abondantes (Le Corbusier 1925 : 47).

15Dans ces deux modèles proposés, qui vont marquer profondément la pratique urbanistique du XXe siècle, des idées clés apparaissent quant à la conception du non bâti :

  • Les deux récits prônent avant tout une pensée de la ville. La ville est le point de référence pour améliorer l’existence des populations. Les populations concernées sont d’ailleurs avant tout citadines (Salomon-Cavin 2007).

  • Le non bâti est un élément essentiel dans la conception de la ville et de l’urbanité. Qu’il prenne la forme d’étendue verte, de nature ou de campagne, c’est bien un construit urbain. Il n’est pas extérieur à la ville, il en fait intrinsèquement partie. Il est associé à des valeurs positives de l’urbanité : équilibre bâti et non bâti, autonomie alimentaire, qualité de l’air, accès à l’horizon et aux rayons du soleil, etc.

  • Le non bâti rompt avec le statut intime et souvent privé du jardin. L’espace, sinon public, est accessible aux pratiques des citadins, offre des services qui leur sont destinés.

16Bien loin de diverger de cette conception, la pensée urbanistique a renforcé au cours du temps ce lien intégrateur entre le bâti et le non bâti. L’évolution relève plutôt des figures utilisées pour intégrer l’espace ouvert et prendre en compte sa matérialité. Nous considérons qu’il existe trois figures essentielles ; elles participent à divers titres à la construction de l’espace ouvert : le parc urbain, le panorama, l’infrastructure verte.

Le parc urbain

17Pendant très longtemps le jardin appartient au monde de l’intime. Clos, il est privé. C’est à partir du XVIIIe siècle que le jardin devient public. Un bout de nature paysagée, rencontre du divin et de l’esthétique, mis au service de la population citadine. Le jardin reste un espace clos bien qu’accessible. L’évolution vers le paysage, en tant que perspective ouverte, survient avec l’avènement des parcs au-delà des remparts, et des promenades plantées qui remplacent les remparts de la ville médiévale (Stefulesco 1993). Le paysage devient alors le lien entre l’art, la nature et l’espace public, l’art comme moyen de promotion du rôle de la nature dans la ville et du consensus public-privé (Rabreau 2006). L’architecture du paysage, discipline développée par F. L. Olmsted, tend à travers la figure du parc urbain à promouvoir ces objectifs dans le but d’améliorer la qualité de vie des citadins, de tous les citadins. Si F. L. Olmsted revient sur le devant de la scène aujourd’hui c’est sans doute que l’on prend la mesure du rôle qu’ont joué ses idées dans l’histoire de l’architecture paysagiste (Maumi 2008) et dans la conception contemporaine du rôle octroyé à l’espace non bâti dans la ville : un espace public destiné à l’amélioration de la qualité de vie des citadins.

The main object we set before us in planning a park is to establish conditions which will exert the most healthful, recreative action upon the people who are expected to resort to it (Olmsted 1868 : 160).

18Le parc urbain propose une nouvelle forme d’espace public destinée essentiellement à la récréation des citadins. L’architecte paysagiste se doit de répondre à une demande sociale, mais également de rendre possible de nouvelles pratiques et contraindre d’éventuelles transgressions par des formes de régulation (police de parc proposée pour Central Park). Pour Olmsted, la fonction hygiéniste du parc doit s’accompagner d’une fonction sociale jugée essentielle : les parcs humanisent la ville en y apportant la civilisation et la démocratisent en mélangeant les classes sociales (Harter 2002). Son propos n’est pas anti-urbain car Olmsted a su capter très tôt que la ville était l’avenir de la civilisation américaine et nécessaire à l’évolution des concepts de liberté (Maumi 1999). Le parc n’est pas une enclave dans la ville mais une partie de l’ensemble urbain, il s’ouvre sur celui-ci dans un lien qui se veut harmonieux entre le dedans et le dehors. L’ouverture est donc ici paysagère : donner des opportunités à la vue, une vue qui se veut attractive et plaisante, qui rappelle la nature du dehors.

The park should as far as possible compliment the town. Openness is the one thing you cannot get in buildings. […]. It should be the beauty of the fields, the meadows, the prairie, of the green pastures, and the still waters (Olmsted 1870 : 190).

Le panorama

19La mise en application des principes fonctionnalistes ne va pas remettre fondamentalement en question la figure du parc urbain. La bifurcation relève surtout du gommage de la matérialité, de la dimension paysagère de l’espace non bâti : le fonctionnalisme réduit l’espace ouvert au panorama et au vide. « Gropius et Le Corbusier sont convaincus que l'espace urbain doit changer d'échelle et que la densification en hauteur va permettre une dé-densification du sol, donc le passage à l'espace ouvert » (Thiberge 2002 : 139). Dans cette verdure peuvent s’installer des équipements collectifs comme les terrains de jeux, mais la verdure est surtout celle qui est offerte à la vue depuis le logement. L’espace ouvert constitue ainsi un plan abstrait vert mais sans matérialité, sans aspérités. La construction en hauteur destinée à ouvrir le logement sur la nature, la lumière, l’air, transforme l’espace ouvert en panorama. « Finalement tout se passe comme si l'espace ouvert était un espace qui n'existe pas, sauf à l'état de panorama. Il est seulement le vide qui entoure les bâtiments » (Thiberge 2002 : 142). Il n’est donc plus besoin de le représenter, il devient le blanc dans les plans d’aménagement, le support sur lequel se construit la ville faite de réseaux et de bâtiments (Chiappero 2003). Ainsi réduire la matérialité de l’espace libre au panorama conduit à identifier l’espace ouvert en tant que vide opposé au plein.

20On se trouve devant une sorte de paradoxe. L’urbanisme fonctionnaliste a révélé l’espace ouvert comme une totalité dans laquelle s’inscrit la ville, rappelant quelque part la nature de Broadacre City (F. L. Wright) ou la matrice verte de L. Mumford. Parallèlement, à l’acte de naissance vient s’ajouter la destruction de la vie et du rapport au corps. Sans doute pour éviter l’influence des formes préexistantes de la ville traditionnelle comme la rue, le parc paysager, la pratique pédestre, le fonctionnalisme soustrait toute substance, toute matérialité, toute sensibilité de l’espace ouvert pour le transformer en vide urbain. C’est dans ce passage que naît explicitement l’espace ouvert comme catégorie de l’action aménageuse. Elle n’est plus brouillée par le paysage, la campagne ou l’espace public, elle est réduite à sa plus simple expression : un support neutre sur lequel peut s’inventer la ville.

L’infrastructure verte

21La figure de l’infrastructure verte est présentée comme une construction récente et innovante dans la conception de l’espace ouvert (Jorgensen 2005 ; Benedict et Mc Mahon 2002). Nous voudrions rapidement évoquer les références qui nourrissent ses principes et qui permettent de nuancer la force de la nouveauté.

22L’infrastructure verte trouve son origine dans la planification du paysage (landscape planning) qui utilise l’espace non bâti paysagé comme élément structurant de l’urbain. Le système de parc de F. L. Olmsted, repris par J.C.N. Forestier relève de cette démarche. Organiser la ville à venir autour des espaces publics (parcs) et des voies de circulation paysagées (parkways) ; favoriser la connexion, continuité de ce système aux différentes échelles de l’urbain (du square au parc urbain périphérique) sont les principes défendus par ces praticiens. Autre outil, la ceinture verte forme associée à l’idée de cité jardin, incorpore le vocabulaire de la planification. E. Howard, R. Unwin, P. Abercrombie et F. J. Osborn participent à la diffusion de leurs idées en Europe et en Amérique du Nord où elles trouvent un écho (Amati et Taylor 2010). Dans la perspective moderniste, le principe donne lieu à d’ambitieux plans régionaux favorisant la distinction entre ville et campagne (bâti et non bâti). La coulée verte, autre forme de coupure d’urbanisation, privilégie la forme linéaire ; elle constitue une sorte d’interfluve entre deux axes (principe du plan en doigt de gant). L’influence écologique intervient dans la planification du paysage en développant une approche systémique visant à mieux intégrer les éléments de l’ensemble urbain et à dépasser les clivages urbain/rural, bâti/non bâti, artificiel/naturel. L’infrastructure verte, envisagée comme l’ensemble des réseaux « verts » participe à cette recomposition (courant néerlandais du landscape planning). Le courant territorialiste italien privilégie la réarticulation de la ville et du paysage en prenant en compte les biorégions (régions géographiques), en utilisant la multipolarité, en promouvant la proximité (Decleve 2008).

23L’infrastructure verte se nourrit d’une certaine vision de l’écologie. De l’écologie urbaine, au sens de l’école de Chicago, est reprise l’idée dominante que la ville est une totalité écosociosystémique : un système vivant qui a des fonctionnements qui lui sont propres. Toutefois l’infrastructure verte ne s’appuie pas sur les travaux qui cherchent spécifiquement à comprendre le fonctionnement de cet écosystème en prenant en compte les flux physiques et les échanges (métabolisme urbain). Elle privilégie le lien entre la morphologie urbaine et le projet de conservation de la nature. Elle mobilise pour cela les principes de l’écologie du paysage :

L’écologie du paysage, en intégrant pleinement les activités humaines et en se plaçant délibérément à la même échelle d’espace, devient une discipline incontournable pour la gestion des espèces et des espaces qui doivent inclure des mosaïques d’habitats […]. Elle se définit comme une discipline de recherche-action, c'est-à-dire où les données en dynamique et biologie des populations, mais aussi les résultats en éco-géographie des communautés, sont mis à disposition d’un génie écologique. Un des exemples les plus importants de cette relation recherche-action est sans aucun doute l’évolution de la notion de corridor (Clergeau 2007 : 27).

24Le corridor écologique s’associe ainsi à la continuité verte promue dans la planification du paysage et dans le système de parc. Les justifications apportées sont alors d’ordre technique et scientifique : faciliter l’écoulement des eaux (éviter les risques d’inondations), faciliter la circulation des espèces vivantes et donc promouvoir la biodiversité (un des objectifs phares du développement durable). La nature à laquelle il est fait référence ici est avant tout celle du vivant ; elle n’intègre pas explicitement la morphologie physique, les sols, l’eau, le climat, etc. La prise en compte des processus naturels dans la conception du design et de la planification urbaine n’est pas innovante en soi. A la suite de l’architecte paysagiste Ian Mc Harg (1969, version française 1980), lui-même disciple de Mumford, un groupe de praticiens, parmi lesquels sont souvent cités Michael Hough (1984) et Anne Whiston Spirn (1984) (Greenberg 2009), contribue à une critique des conceptions de l’aménagement fonctionnaliste peu respectueux de l’environnement. La démarche innovante est de préconiser une écologie de l’aménagement et non de l’interdiction comme le suggèrent le plus souvent les politiques environnementales (Falque 1980).

25L’infrastructure verte fait également référence aux approches qui mettent en évidence la dimension publique et multifonctionnelle de l’espace ouvert. L’infrastructure verte associe une grande diversité d’espaces :

Green infrastructure is an interconnected network of waterways, wetlands, woodlands, wildlife habitats and other natural areas ; greenways, parks and other conservation lands ; working farms, ranches and forests ; and wilderness and other open spaces that support native species, maintain natural ecological processes, sustain air and water ressources and contribute to the health and quality of life for America’s communities and people (Benedict et McMahon 2002 : 12).

26Quelque soit la fonction de l’espace ouvert, il devient un bien commun destiné à la qualité de vie des habitants du territoire concerné. Le mouvement de publicisation est également associé à l’idée d’accessibilité et de possibilité d’usage :

free to be enterred or used […]. Open spaces in this sense are all those regions in the environment which are open to the freely chosen and spontaneous actions of people : public meadows and parks, but also unfenced vacant lots, and abandoned waterfronts (Lynch 1965 in Banerjee et Southworth 1990).

27Ces références montrent que l’espace ouvert renoue avec la matérialité de la ville. A la dimension paysagère remobilisée aujourd’hui vient s’adjoindre la prise en compte de processus naturels, la dimension physique et sociale du sol. La période fonctionnaliste n’est pas nécessairement à envisager comme une rupture mais comme une bifurcation qui a marqué la conception de l’espace ouvert. En même temps que l’idée d’ouverture se renforce, la construction du non bâti comme un vide marque profondément la pensée et la pratique urbanistique. Les discours prônent l’innovation en renversant le regard : considérer le non bâti comme un plein dont la matière doit inspirer le projet urbanistique.

Cette irruption du vide, qui est en réalité une prise de conscience, s’apparente à l’éruption de terres jeunes par la tectonique des plaques. J’envisage le vide comme une substance et non comme une absence. Il ne doit pas être considéré comme un espace à l’abandon et ou en déshérence. Prendre en compte cette « matière » ne signifie évidemment pas qu’il faille la combler. Il s’agit au contraire de révéler le vide, de lui attribuer du sens (Perrault 2011 : 115).

28Cette obstination à vouloir révéler le vide a déjà une histoire (Cogato Lanza 2005)  ; elle montre sans doute à quel point la pratique urbanistique a oublié de regarder la matière qui le constitue. La révélation de la matière de l’espace ouvert aujourd’hui représente une des voies privilégiée d’évolution des pratiques d’aménagement urbain.

Action publique et territorialisation de l’espace ouvert : les enjeux du sol

29L’infrastructure verte offre le discours et l’image d’une possible conciliation entre l’injonction à l’attractivité et à l’innovation qui pèse sur les grandes agglomérations et le modèle de la ville durable, qui viserait à en limiter la dynamique spatiale. La connexion des espaces ouverts de l’échelle intra-urbaine au territoire régional (aire métropolisée) donne à voir un système dont les parties sont interdépendantes : un système territorial qui se veut cohérent et équilibré entre bâti et non bâti, qui relie les espaces interstitiels de l’urbain aux terres périurbaines où dominent les espaces agricoles, forestiers et naturels. Cette vision idéalisée, aujourd’hui référence de la planification territoriale, constitue un véritable enjeu pour l’aménagement du territoire confronté à la difficulté de territorialiser l’infrastructure verte  ; les études de cas font généralement état de cette difficulté qu’elles traitent comme une actualité de la pratique d’aménagement (Clergeau et Blanc 2013). Toutefois, il est important de rappeler que les infrastructures vertes se structurent sur le temps long (Fabos 1996) et que leurs caractéristiques sont étroitement liées au contexte dans lequel elles voient le jour (Erickson 2006). L’espace ouvert qui les compose s’éloigne nécessairement de la figure du panorama pour s’inscrire dans le sol. Espaces naturels et agricoles y sont de plus en plus associés dans la vision unitaire d’un espace ouvert mis au service du projet urbain.

Espace ouvert et nature

30L’infrastructure verte participe à la requalification des espaces ouverts. Friches urbaines ou agricoles, interstices produits par la construction des grandes infrastructures, espaces phagocytés par l’étalement urbain, zones humides oubliées, bords de rivières, talus abrupts sont de fait intégrés dans cette catégorie englobante. De délaissés, les espaces deviennent alors nature, certes ordinaire, mais la restauration écologique permet de les promouvoir éventuellement au statut de nature exceptionnelle. La renaturation des gravières, des décharges participent de ce mouvement. C’est ainsi une multitude de vastes ou micro espaces qui sont redécouverts et ouverts, dans certains cas, à la pratique des citadins. Cette nature constitue un formidable potentiel de reconfiguration des paysages urbains. C’est à ce titre qu’elle est convoquée dans les projets urbains. Cette requalification offre une ouverture à de nouvelles appropriations de la ville : redécouvrir les bords de rivière, parcourir les bois, jogger dans un fond de vallée peu accessible, pique-niquer sur une crête, voire bronzer sur une plage créée sur les quais d’un fleuve urbain, etc. deviennent des pratiques de nature à proximité du quotidien des citadins. La nature attendue par les citadins est une nature accessible, aimable, bienfaisante. Une nature qui améliore le cadre de vie (Boutefeu 2005). La matérialité de l’espace ouvert prend alors corps car elle s’inscrit dans l’expérience sensorielle des habitants.

31La matérialité de l’espace ouvert gagne en épaisseur avec l’intégration de la dimension productive au projet d’infrastructure verte.

Espace ouvert et agriculture

32Du point de vue des politiques urbaines, les espaces agricoles dans le contexte urbain contemporain doivent répondre à trois principaux enjeux :

  • permettre le contrôle de l’étalement urbain et la préservation des espaces productifs de bonne qualité agronomique menacés par l’expansion physique de la ville ;

  • participer à la lutte contre la perte de la biodiversité ;

  • promouvoir l’approvisionnement et la sécurité alimentaires des citadins.

33La question alimentaire revient sur le devant de la scène dans les pays du nord. Elle est réactivée par des préoccupations liées au réchauffement climatique et à la sécurité alimentaire ; il s’agit notamment d’assurer la suffisance alimentaire, en quantité et en qualité, des grandes agglomérations et de rapprocher les lieux de production des lieux de consommation. Les espaces agricoles sont convoqués à participer activement au projet de la ville durable (Bertrand 2013).

34Aborder l’espace ouvert par le biais de l’agriculture amène à mettre en avant la question foncière à travers notamment la préservation des terres agricoles et le statut du sol. En France le droit rural, le droit de l’urbanisme et le droit de l’environnement ont produit de nombreux outils pour préserver le foncier au titre de l’environnement et de l’agriculture. Deux ouvrages récents portant sur la trame verte et sur le foncier agricole périurbain cherchent à faire un état des lieux (Clergeau et Blanc 2013 ; Bertrand 2013). Ils montrent comment l’appropriation de ces outils est à la fois source d’innovation, notamment en termes de gouvernance, mais reste difficile et porteuse d’incompréhensions et de tensions. Afin de minimiser celles-ci, les projets territoriaux, comme les trames vertes et bleues issues des lois relatives à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, tendent à se concentrer sur les espaces de statut public qui facilitent l’action publique, sans pour autant la garantir (Cormier et al. 2013). La maîtrise foncière est plus problématique dans le cas des espaces agricoles où le statut privé domine.

35Sur le plan foncier, l’intégration des espaces agricoles aux politiques urbaines rencontre deux contraintes majeures :

  • Le manque d’information concernant le fonctionnement de l’agriculture dans des espaces considérés souvent comme marginaux à la fois par la ville et par la campagne est un problème (Guyot 2012 ; Guéringer 2013). Dans le cadre de la planification territoriale, les collectivités promeuvent de plus en plus systématiquement les diagnostics sur l’agriculture urbaine. Des collaborations se multiplient entre les services de l’agriculture (Chambres d’agriculture) et les collectivités (Banzo et Couderchet 2013). Les études buttent souvent sur des problèmes méthodologiques. Le développement de la recherche sur l’agriculture urbaine apporte de nouveaux éléments de compréhension et commence à construire un cadrage théorique à ce champ (Soulard 2014).

  • La séparation des champs de compétences entre les services de l’agriculture et les services de la ville perpétue l’ignorance des fonctionnements réciproques (Banzo et al. 2010).

36La distinction entre le foncier urbain et le foncier rural auquel sont rattachées les espaces agricoles constitue un obstacle au développement d’une politique urbaine de l’agriculture dans les espaces ouverts. Le sol s’avère de ce fait un point de départ pertinent pour l’élaboration de projets agri-urbains.

37L’agriculture telle que fantasmée par les citadins, voire ceux qui fabriquent l’urbain, se rapproche de la nature. Mais l’agriculture n’est pas la nature. C’est là une des premières leçons de la confrontation des projets urbains avec la réalité du sol. La lecture des tentatives de définition de l’agriculture urbaine produites récemment montre à quel point cette agriculture est multiple et se complexifie avec l’évolution des liens qui se développent entre ville et espace ouvert (Nahmias et Le Caro 2012, Soulard 2014). Sous le vaste chapeau d’agriculture urbaine se conçoivent des formes d’activité extrêmement différentes dont l’insertion dans les projets urbains ne peut s’envisager de manière systématique.

Conclusion

38L’intérêt fondamental de la vision promue par l’espace ouvert est d’obliger systématiquement à dépasser les catégories, les secteurs, les champs de compétences. En admettant dès le départ que la vision est urbaine et que l’objectif central est son intégration au système urbain, l’attention peut alors se porter sur la diversité des processus à l’œuvre. Dans cet article, l’accent a été mis sur la relation qui lie l’espace ouvert à l’aménagement et à la planification. Comment l’action publique construit l’espace ouvert ? Comment l’espace ouvert génère l’évolution de l’action publique ? La place de plus en plus affirmée donnée à la matérialité du sol renforce cette boucle rétroactive.

39Ce regain de matérialité s’appuie sur la sédimentation de trois logiques systémiques. Dans un premier temps, sous l’impulsion des processus de périurbanisation et de métropolisation, l’urbain est conçu comme un système territorial composé de multiples fragments, de nature et de forme différentes, reliés par des interactions plus ou moins fortes. Par la suite, cette vision territoriale est enrichie par celle de la ville comme système écologique. Les conceptions successives de l’écologie urbaine (Blanc et Glatron 2005) associées aux principes de l’écologie du paysage (Burel et Baudry 1999) donnent une autre conception du sol. Celui-ci est alors susceptible d’accueillir des processus dynamiques et vivants au sein même de la ville qui bien qu’influencés par l’action anthropique conservent une certaine indépendance dans leur fonctionnement. Aujourd’hui l’urbain est aussi de plus en plus envisagé comme partie prenante d’un système d’alimentation qui relie échelle planétaire et locale. Les villes et les régions urbaines s’imposent comme les échelles de référence pour la constitution de systèmes alimentaires durables. En même temps, le système alimentaire devient un outil pour promouvoir une ville durable. C’est pour débattre de ces questions qu’ont lieu les rencontres annuelles du réseau AESOP (Association of european school of planning) sur la planification alimentaire (Sustainable food planning conference). Elles accueillent depuis 2009 un public international de plus en plus nombreux et rassemblent des personnes provenant de différents horizons professionnels : chercheurs, aménageurs, urbanistes, décideurs, politiques, agriculteurs, associations, etc. L’alimentation semble être un outil plus performant que la nature pour créer des collaborations entre ceux qui pensent et font l’urbain et entre ceux qui pensent et agissent dans le rural.

40Dans cet article nous avons laissé volontairement à l’écart de cette réflexion les usagers et habitants. Les études relatant les pratiques de nature ou les pratiques productives dans la ville se multiplient ; elles témoignent du lien physique qui se tisse progressivement entre le citadin et la matérialité de l’espace ouvert. Ce lien participe sans nul doute à l’urbanité contemporaine (Banzo 2009, Poulot 2013). Là encore il convient d’être prudent. Les formes de nature et d’agriculture sollicitées sont-elles compatibles avec le projet d’infrastructure verte que soutient la planification ? Les projets territoriaux envisagés par l’action publique correspondent-ils à des usages effectifs de l’espace ouvert ? Dans quelle mesure l’action publique a-t-elle les moyens d’orienter les pratiques des citadins dans ces vastes espaces au statut majoritairement privé ? L’espace ouvert offre un champ de réflexion stimulant qui doit associer le monde des savoirs, de l’action, des usages et des représentations combinant à la fois les domaines de la campagne, de l’agriculture, de l’urbain, du paysage, de la nature, de l’environnement. Des mondes qui se sont construits séparément depuis si longtemps.

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Mayté Banzo, L’espace ouvert pour recomposer avec la matérialité de l’espace urbainArticulo - Journal of Urban Research [Online], Special issue 6 | 2015, Online since 15 May 2015, connection on 08 November 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/articulo/2708; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/articulo.2708

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Mayté Banzo

Professor of geography, UMR ADES, University of Bordeaux Montaigne (France). Contact : mayte.banzo@u-bordeaux-montaigne.fr

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