Bellan G. 2002 : « Archéologie préventive, trois décennies pour une mise en place », Regards sur l’archéologie préventive, Paris, Afan, p. 4-13, 57-60.
Construire la recherche à l’Inrap
Résumés
La création de l’Inrap en février 2002 s‘inscrit en droite ligne d’un combat mené depuis près de trente ans visant à doter la France d’une structure de recherche archéologique d’État. Héritier de l’Afan et jeune institut de recherche, l’Inrap a pour objectifs de conduire les opérations archéologiques, d’exploiter scientifiquement leurs résultats et les diffuser. Dans ce cadre, l’institut se doit d’améliorer et d’harmoniser ses méthodes et ses outils, tout en renforçant toujours plus les liens avec ses partenaires de la recherche.
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- 1 Mais le phénomène, lié à la modernisation de l’après-guerre, n’est pas neuf ; déjà, au xixe siècle, (...)
1Il a fallu près de trente ans pour que la France se dote d’une structure de recherche archéologique d’État répondant aux destructions que provoque l’aménagement accéléré du territoire,1 et cela dans un triple souci, patrimonial, scientifique et culturel.
2Résultat d’une succession de crises qui s’échelonnent sur près de quinze ans (Bellan 2002), l’adoption de la loi sur l’archéologie préventive en janvier 2001 prévoyait la création d’un établissement public de recherche : ce sera l’Institut national de recherches archéologiques préventives, l’Inrap, qui a été effectivement créé en février 2002 par la transformation du statut de l’Association pour les fouilles archéologiques nationales (Afan).
3D’une part héritier de l’Afan, d’autre part jeune institut de recherche, placé sous la double tutelle des ministères chargés de la culture et de la recherche, doté d’un conseil scientifique et d’une direction scientifique et technique (DST), l’Inrap, après six ans d’existence, construit patiemment et passionnément son identité scientifique. Cette construction se fonde sur deux missions complémentaires : la conduite d’opérations d’archéologie préventive et l’exploitation scientifique et la diffusion de leurs résultats.
4Il s’agit donc d’abord et prioritairement d’accomplir les missions opérationnelles, dans le respect des prescriptions de l’État ; autrement dit de mener à bien des projets de diagnostics et de fouilles archéologiques. Car cette activité de terrain, conduite sur l’ensemble du territoire national et sur de grandes surfaces, confère à l’Inrap des spécificités scientifiques : elle favorise les approches diachroniques et l’étude spatiale des sites, à l’aide du développement des approches pluridisciplinaires ; elle avantage les études comparatives et la définition des ensembles chrono-culturels, de leurs limites et de leurs marges ; elle ouvre sur une lecture spatiale des modes de peuplement et permet aussi d’appréhender leurs processus d’évolution.
5Cela doit s’ancrer dans une indispensable rigueur méthodologique, mettant l’Inrap en situation de référent en matière de conduite des opérations. C’est pourquoi l’un des axes majeurs de cette construction consiste en l’amélioration et l’harmonisation de la qualité scientifique, qui s’appuie sur l’inventaire et l’analyse des pratiques, des méthodes et des techniques scientifiques. Les séminaires méthodologiques organisés par la direction scientifique et technique, par exemple, sont l’occasion de clarifier les protocoles et procédures existants dans différents domaines – le diagnostic des ensembles funéraires, des sites paléolithiques et mésolithiques, ou encore la chaîne graphique, les inventaires archéologiques… –, d’en faire émerger de nouveaux, de recenser les ressources intellectuelles sur lesquelles peut se fonder l’institut, et de les valoriser en conduisant une réflexion sur les métiers de l’archéologie, leur situations actuelles et leurs évolutions.
6Le développement d’une vision de l’occupation des territoires, permise à l’Inrap, passe aussi par une connaissance raisonnée des acquis. Il est donc indispensable d’établir des bilans scientifiques et de doter l’institut d’outils pour y parvenir. Ce point a conduit à la définition d’une politique documentaire, dont l’objet est le recensement, la gestion et la mise à disposition des sources. Premier créateur de données en archéologie, l’Inrap se doit de les valoriser en les mettant à la disposition des différents publics, par le truchement notamment d’un portail scientifique. L’Inrap doit également accentuer sa mission de créateur de connaissances, devenir force de proposition en développant des axes de recherche propres à sa spécificité et renforcer les collaborations avec ses partenaires de la recherche au sein des unités mixtes de recherche.
Notes
1 Mais le phénomène, lié à la modernisation de l’après-guerre, n’est pas neuf ; déjà, au xixe siècle, l’urbanisation galopante et l’industrialisation avaient suscité le célèbre « Guerre aux démolisseurs ! » de Victor Hugo et ont largement contribué à l’émergence d’une archéologie qui fut d’abord celle des monuments. Rappelons, anecdotiquement, que Neandertal est mis au jour en 1856 à l’occasion de travaux d’extraction en carrière.
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Pascal Depaepe, « Construire la recherche à l’Inrap », Archéopages, Hors-série 1 | 2008, 111.
Référence électronique
Pascal Depaepe, « Construire la recherche à l’Inrap », Archéopages [En ligne], Hors-série 1 | 2008, mis en ligne le 01 février 2008, consulté le 18 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/archeopages/877 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/archeopages.877
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